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Nous sommes tombés amoureux de New York Spécial

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Le line up de The National est tout à fait singulier, puisqu'à l'instar des débuts du défunt Immaculate Fools, il implique une paire de frères (les frangins Dessner et Devendorf). Et un chanteur et lyriciste qui réponde au nom de Matt Berninger. Responsable de trois albums à ce jour - dont l'excellent " Alligator ", paru voici quelques semaines - le quintet est issu de Cincinnati, mais vit à New York. C'est d'ailleurs dans la métropole d'adoption que l'histoire de cette formation a commencé. Ce qui méritait une explication. A l'issue de leur set remarquable accordé dans le cadre du festival Pukkelpop ; Matt et Bryan Devendorf (NDR : le drummer) ont bien voulu éclaircir la situation…

Tout comme AfghanWhigs (NDR : que Greg Dulli vient de remonter), les membres de The National sont donc originaires de Cincinnati, dans l'Ohio. Mais si la bande à Dulli s'est installée à Los Angeles, celle de Berninger a plutôt opté pour la côte est des Etats-Unis. Matt s'explique : " Nous ne sommes pas partis à New York pour fonder un groupe. Ni pour aller à la rencontre du succès. L'idée de ce collectif est née plus tard. Maintenant, il est vrai que si nous étions demeurés à Cincinnati, j'ai du mal à imaginer qu'un tel projet aurait pu naître. Vivre à New York est extrêmement motivant. Il y a tant de choses à faire dans cette ville. On peut y réaliser ses rêves. Projeter de belles perspectives de carrière. Parce qu'il existe des tas de clubs qui permettent de se produire en concert… " Et Bryan d'ajouter : " Les gens y sont beaucoup plus ambitieux " Matt reprend le crachoir : " Cette métropole vous inspire. Dulli a émigré à L.A. Et je ne sais pas dans quelle mesure Cincinnati a pu lui apporter une quelconque créativité. D'ailleurs, je pense qu'il s'est barré de là assez rapidement. " Apparemment, ils ne sont pas près d'y revenir. Matt confirme : " Je doute que nous y remettions un jour les pieds. Nous sommes tombés amoureux de New York. Il est difficile de retourner dans ton bled, lorsque tu y as vécu. Si nous devions le quitter, ce serait pour une autre grande ville ; comme Paris, par exemple… " Il est vrai que la France est le premier pays européen à s'être enflammé pour The National. Sur le vieux continent, ils ont d'ailleurs d'abord été signés par le label indépendant bordelais Talitres, chez qui les deux premiers albums sont sortis (NDR : depuis, ils sont passés chez Beggars Banquet et distribués par V2 dans le Benelux !). Matt acquiesce : " Nous comptons beaucoup de fans en France. J'ai eu une petite amie française à New York. Nos premiers concerts en Europe ont été accordés à Paris… Nous avons, en quelque sorte, une french connection. On peut même dire que Bryce est francophile, puisque sa copine est issue de Paris. " Faut aussi croire que la sensibilité de leur musique plaît à ce public. Et Matt d'ajouter : " C'est peut être également la raison pour laquelle Paris nous plaît. En fait le public français est réceptif à la musique confessionnelle. A cette forme de sincérité. " Et d'élégance…

Hormis lors du premier album, le violoniste/claviériste Padma Newsome a participé aux sessions d'enregistrement de tous les autres disques. En outre, il lui arrive régulièrement (NDR : pas à l'occasion de ce Pukkelpop, cependant) de tourner en compagnie du groupe. Est-il pour autant considéré comme membre à part entière de la formation ou tout simplement collaborateur régulier ? Bryan éclaircit la situation : " Il nous accompagne généralement en tournée. Mais il vit en Australie. Chaque fois qu'il a la possibilité de nous rejoindre, il débarque. Disons que les ¾ du temps, il est présent. Mais parfois, ce n'est pas possible. Pourtant, tu peux le considérer comme un membre effectif de The National. Il est même devenu un des éléments majeurs du groupe Voire son pilier central… " Ce qui explique, sans doute pourquoi 'live' son absence oblige le combo à proposer un set totalement différent. " Oui, absolument !" confirme Matt. "Tu as pu t'en rendre compte aujourd'hui. Lorsqu'il est présent, il ajoute ses parties de violon et de claviers. La musique est alors plus atmosphérique. Sans lui, on essaie de produire des shows distincts. Plus intenses, plus électriques, pour maintenir l'intérêt. " Peter Katis (Interpol, Mercury Rev, etc.) a assuré la production d''Alligator'. Pas étonnant lorsqu'on sait qu'il vit également à New York. Et puis ils sont devenus des amis. Bryan en profite pour balancer une vanne : " On l'a choisi parce qu'il danse remarquablement bien (rires). Sérieusement, ce type a bien les pieds sur terre. Il est très calme. Il cherche avant tout à rendre le son cohérent. En fait, il joue le rôle de l'ingénieur du son. Et c'est ce dont nous avons besoin. " Parce que les musiciens du groupe sont d'éternels insatisfaits. Il leur arrive même de retravailler une chanson, parce qu'ils estiment qu'elle est trop accessible. Matt confirme : " Nous sommes dubitatifs lorsqu'une chanson nous plaît instantanément. En général on l'apprécie pendant quelques jours, puis on la trouve banale. Si elle est trop accessible, c'est parce qu'elle est trop familière. Et nous craignons cette réaction. Parce qu'elle suscite rapidement l'ennui. "

De nombreux critiques rock comparent la musique de The National à celle de Tindersticks. Et puis le baryton de Matt à celui de Stuart A. Staples. Il est à supposer que depuis le temps que ce type d'articles se multiplie, les musiciens se sont décidés à écouter les disques du groupe britannique. Bryan donne son avis : " Stuart est un beau mec doué d'une belle voix. Mais je suis surtout sensible au talent du drummer (NDR : fallait s'en douter !) Il a un toucher, un feeling, exceptionnels. Pour ma part, c'est un des meilleurs au monde ! " Matt, de son côté confesse : " Nous n'étions pas spécialement des fans. Nous étions simplement au courant de leur production. Mais après avoir lu les critiques qui relevaient des similitudes entre les deux groupes, on s'est quand même décidés à les écouter. En fait, nous partageons les mêmes goûts. Et en particulier pour Nick Cave. Dont la façon d'écrire des chansons, des mélodies, m'a toujours impressionnée. En ce qui concerne la voix, j'essaie de faire du mieux que je peux. Il existe sans soute une influence quelque part, mais vous devez comprendre que ce timbre est inhérent à ma tessiture. Celle d'un baryton. C'est à la fois mental et physiologique… "

Dans les chansons de The National, on retrouve des contes mélancoliques alimentés par le sexe, l'alcoolisme, la rupture, la paranoïa et la solitude. De la tendresse aussi. Des observations finement détaillées de la vie et de l'amour, la comédie humaine peinte avec de l'humour noir ; et plus que probablement un exorcisme des propres angoisses de Berninger. Mais en utilisant la narration, Matt cherche-t-il à créer une distance entre lui et son sujet ? (NDR : silence), Matt semble médusé : " … Il y a des parties autobiographiques et d'autres narratives. De la fantaisie, aussi. De l'imaginaire et des choses toutes construites. Si les chansons reposaient uniquement sur la biographie de l'être humain, ce serait moins riche. Il faut donc romancer. Donc on imagine des gens face à certaines situations. On crée des personnages en partie autobiographiques et partiellement fictifs. Le but n'est pas de se cacher derrière un quelconque paravent, mais plutôt de construire une atmosphère, susciter de l'émotion… " Ce qui explique sans doute pourquoi le cinéma est également une source d'inspiration pour les chansons de The National. Matt confirme : " On aime beaucoup le cinéma. Almodovar notamment. Et en particulier les longs métrages 'Parle avec elle' et 'Tout sur ma mère'. On est allé voir récemment 'Eternal sunshine of the spotless mind', et ce film nous a beaucoup plu. Et puis, nous vouons un culte aux classiques comme 'Ghostbusters' ou 'The graduate'. Ce dernier met en scène des personnes maladroites plongées dans des situations inconfortables. Des individus faibles occupés de se dégrader. Nos chansons sont écrites comme des scénarios de films… "

Tout au long d''Alligator', on ressent une forme de désenchantement vis-à-vis de la vie et du monde contemporain. Seraient-ils fatalistes ? Bryan hoche la tête d'un air affirmatif. Matt réfute cette analyse : " On peut considérer qu'il existe, dans notre écriture, un mélange de cynisme, de mélancolie, de pessimisme, de désenchantement, de dégoût par rapport au monde. Mais aussi d'humour et d'optimisme. L'être humain veut être heureux, et c'est normal. Mais il doit se battre pour y parvenir. Je ne pense pas qu'on puisse considérer notre démarche comme négative ; simplement elle est le résultat d'une observation des gens dans leurs moments faibles et leurs moments forts… " Pourtant dans la chanson 'Looking for Astronauts', on ressent une volonté de fuir la société. Un type d'évasion qui pourrait conduire au suicide… Bryan et Matt ne semblent toujours pas sur la même longueur d'ondes. Mais ce dernier finit par trancher : " L'herbe est toujours plus verte chez ton voisin. C'est dans ce sens là que j'ai écrit cette chanson. En pensant aux gens qui sont disparus, qui disparaissent, qui sont perdus. Je n'imaginais pas qu'elle aurait pu prendre une signification aussi destructrice… "

 
Merci à Vincent Devos

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