Yuksek revisite Laurent Voulzy…

Le musicien, compositeur, réalisateur et producteur de musique électronique Yuksek revisite « Cocktail chez mademoiselle », le titre de Laurent Voulzy paru en 1979 sur son album « Le cœur grenadine ». Il en propose une relecture retro futuriste, groovy et…

logo_musiczine

Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

Langues

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Nothing But Thieves 03-02...
DAF - Bimfest 2023

Amour et simulation… Spécial

Écrit par - Oliver ‘Grosbul’ De Mul -

Blonde Redhead est un trio new-yorkais réunissant les frères jumeaux Amadeo (guitariste/chant) et Simone (batterie/chant) Pace, ainsi que Kazu Makino (chant/guitare rythmique). Fondée en 1993, la formation a longtemps été comparée à Sonic Youth, avant d’emprunter, progressivement, un style plus personnel. Ce sont les frangins qui se sont prêtés à l’exercice de l’interview, en particulier pour nous parler de leur dernier album en date, « Fake can be just as Good », un disque épanoui et enfin affranchi.

Amadeo : Quand nous écrivons ou jouons ensemble, nous explorons énormément d’idées consciemment et inconsciemment. A nous trois, dans Blonde Redhead, nous partageons une sorte de conscience commune qui ne se développe pas seulement quand nous nous produisons, aussi quand nous sortons ensemble que ce soit chez des amis, au cinéma ou au théâtre...

Blonde Redhead appartient-t-il à une scène musicale précise ou bien vous considérez-vous plutôt comme hors de tout mouvement ?

Simone : On se considère plutôt comme des indépendants. En tout cas par rapport à la scène de New-York. Nous nous sentons bien plus proches de ce qui se passe à Chicago, point de chute de notre label Touch and Go. Et plus à Washington DC.
A :
Nous entretenons une véritable relation d’amitié avec Fugazi (Guy Picciotto a notamment travaillé pour eux, lors de l’enregistrement d’un single). Il existe une sorte de communauté, on s'invite les uns les autres soit pour un repas, pour une fête ou pour simplement boire un verre. L’esprit est très différent de celui de NY, où les gens sont frileux, ont peur d'approfondir les rapports humains, comme s'ils craignaient toujours d'y perdre quelque chose.

De la Sicile A New York

La tension constamment présente dans votre musique reflète-t-elle cette difficulté de rencontrer les New-yorkais ou l'expression du choc que vous avez dû ressentir quand à 13 ans vous avez débarqué aux USA?

A : Le moins qu'on puisse dire est que New- York et la Sicile sont vraiment deux endroits différents ou vivent deux sociétés très distinctes. Au niveau des valeurs, il n'existe aucune similitude. Les Américains ne sont pas aussi chaleureux, la famille n'existe quasi plus aux USA, les parents ‘s'en foutent’ et laissent leurs enfants seuls. La chose est inimaginable en Italie.
S :
Plus généralement, les Européens manifestent plus d'excitation à vivre, ils n'ont pas peur d'exprimer leurs sentiments, leurs émotions... Mais on ne peut contester l'énorme sentiment de liberté qu'on respire aux States, dès qu'on y débarque. C'est pourquoi, entre autres, que Kazu (elle nous le confirmera plus tard dans la journée), qui est arrivée aux States il y a 9 ans, s'y sent tellement bien. Elle aspirait à cette liberté après avoir souffert du sexisme japonais. Aux States, elle se sent l'égale à tous, acceptée par tous. Au Japon, la société est déjà très dure pour les femmes en général, alors pour celles qui tentent de jouer du punk rock, c'est presque invivable!

De qui est la phrase reprise dans le livret du CD : ‘I love exactly everyone the same amount’ ?

A : Elle est de Vern, le bassiste d’Unwound, qui a enregistré l'album avec nous. Il est très modeste et très honnête. Si on y réfléchit, on peut voir cette phrase comme très positive mais le contraire est vrai également, puisqu'il est impossible d'aimer exactement tout le monde de la même manière, à moins justement de simuler (‘fake’).
S :
Grandir, c'est un peu ça, c'est apprendre à faire semblant, à simuler. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce sont les enfants qui sont les plus honnêtes. Pour en revenir au titre « Fake can be just as Good », c’est un extrait du morceau « Bipolar », écrit par Kazu. Elle y exprime la sensation que si on aime réellement un être, on peut accepter que celui-ci puisse seulement faire semblant en retour.
A :
Dans un certain sens, nous aussi sommes occupés de simuler aux Etats-Unis, car nous n’appartenons pas réellement à la société US. Nous ne sommes pas des Américains dans l'âme. C'est comme si nous commencions à jouer du jazz. Nous aimons beaucoup ce style, mais nous ne pourrions jamais que faire semblant d'en jouer. Notre musique, ce n'est pas du jazz, c'est du punk rock.

Deux titres de l'album, « Pier Paolo » et « Futurism vs Passeism » se réfèrent à deux grands noms de la culture italienne du XXème siècle.

A : Nous avons lu les livres de Marinetti (auteur du manifeste pour une littérature futuriste en 1909). Il y a de bonnes idées. En ce qui concerne Pasolini, nous avons vu presque tous ses films. C'est quelqu'un que nous respectons. Sa démarche est honnête, très réaliste aussi ; c'est un professeur pour nous.
S :
Son génie réside dans la manière de concilier les extrêmes : l'amour et la haine, la beauté et la laideur, le silence et le son... Nous aussi, nous essayons de définir les extrêmes, en passant du bruit à la mélodie, de la mélodie au bruit.

(Article paru dans le n°57 du magazine Mofo d’octobre 1997)

 

Informations supplémentaires

Lu 998 fois