L’impatience d’Emma Peters…

Tout de suite : plus qu’un mantra ou une profession de foi, trois mots qui résonnent comme l’affirmation d’un désir pur. Un appétit qui guide la vie d'Emma Peters chaque jour. Surtout depuis deux ans et la sortie de son premier album, « Dimanche », clin d’œil…

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La musique, c’est mathématique… Spécial

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C’est en visionnant un clip d’Anna Aaron que votre serviteur s’est décidé de se rendre à un de ses concerts, et puis de lui consacrer une interview. Une superbe vidéo (voir ici ) au cours de laquelle on est immédiatement scotchés par l’amplitude vocale de l’artiste. Qui oscille de Sinéad O’Connor à Kate Bush, en passant par Lene Lovitch. Elle a bien sûr inclus cette chanson, « Stellarling », sur son second elpee intitulé « Neuro », un album dont le titre s’inspire du « Neuromancer » de William Gibson (NDR : enfin c’est ce que raconte la bio), écrivain qui a lui-même influencé le fameux long métrage « Matrix ». Pour entamer cet entretien, il me semblait donc naturel d’aborder le thème de la science-fiction sous son aspect littéraire et cinématographique…

Ce ne sont pourtant pas des sujets qui la dévorent particulièrement. Elle s’explique : « J’ai lu des extraits du bouquin, car je souhaitais acquérir un certain vocabulaire pour mieux appréhender cette matière. Et j’ai entrepris des tas de recherches pour y parvenir… » Mais c’est surtout l’aspect cyberpunk (NDR : définition sur Wikipédia ici) de ces références qu’elle creuse. Elle précise : « Une thématique parfaitement développée dans ‘Ghost in the shell’ (NDR : un manga de Masamune Shirow qui remonte à 1989), au cours duquel il y a des machines qui ont une âme presque humaine et où la femme est presque moitié robot et moitié déesse. Une approche à la fois mystique, romantique et technologique que j’ai beaucoup appréciée… » Est-ce la raison pour laquelle elle a un jour déclaré que la musique était mathématique, qu’elle nécessitait une cohérence entre le rythme et les harmonies ? Réduire la musique à des maths, n’est-ce pas la traduire en équation scientifique ? Et la réduire au solfège ? N’est-ce pas contraire au véritable esprit rock’n’roll ? Elle argumente : « Oui, j’ai fait cette déclaration, car on parle toujours de l’inspiration sous sa forme émotionnelle. Mais il existe également un côté rationnel dans la musique. Car la musique, ce n’est pas n’importe quoi. Les Occidentaux utilisent certaines tonalités ; or, elles sont beaucoup plus nombreuses dans les autres cultures. Chez nous, on s’arrête aux demi-tons. Pour bien comprendre la musique, il faut la placer dans un certain contexte. Plus scientifique. Il y a des mesures derrière… » Manifestement, les cours de piano classique qu’elle a suivis au cours de son enfance l’on plus marqués que le rock. Elle ajoute : « Mais le rythme, c’est aussi structuré, même si c’est plus simple. C’est souvent 1-2-3-4. Du 4/4 quoi. C’est métronomique. C’est mathématique… »

Si le premier elpee, avait bénéficié du concours de Marcello Giulliani, bassiste d’Eric Truffaz (NDR : qui l’a par ailleurs invitée à participer à la confection d’un de ses elpees, et à assurer le supporting act d’une de ses tournées), à la production, ‘Neuro’ a été enregistré sous la houlette de David Koster, mieux connu pour avoir notamment mis en forme des albums de Bat For Lashes et de Guillemots. Mais comment se sont déroulées les sessions auprès d’un personnage qualifié d’aussi perfectionniste ? Anna commente : « Bien. D’abord, je me suis posé des tas de questions avant notre rencontre ; et il est clair que j’étais un peu angoissée de bosser en compagnie d’un grand nom auquel je voue beaucoup de respect ; et je ne parvenais pas imaginer qu’il avait envie de travailler avec moi. Mais sur le terrain, il était nécessaire de briser la glace et d’évacuer ses idées préconçues, parce que dès qu’on entre studio, il faut être présent d’esprit, être bien lucide, prendre les bonnes décisions, gérer, diriger le processus et je ne pouvais pas perdre de temps en manifestant trop de révérence à son égard ; ce qui aurait pu nuire à la collaboration. Et puis finalement, c’est quelqu’un de très rigolo. Il a énormément d’humour, parfois même puéril ; ce qui nous a finalement permis de se détendre et même de rire aux éclats. Et le rire casse toujours la glace, comme on dit en allemand… » David a également entraîné Ben Christophers et le drummer de Cure, Jason Cooper, dans l’aventure. Quel a été leur rôle lors des sessions ? Anna répond : « Ben Christopher est venu 2 ou 3 jours. Il a assumé les parties de guitares et joué de toute une série d’instruments bizarres comme le phono phaser ou le marxophone, mais également plus anciens. Jason Cooper n’y a consacré qu’une seule journée. Mais comme le studio était trop petit, on a dû déménager une journée complète… »

Tout au long de ‘Neuro’, on est frappé par la qualité des harmonies vocales. Des chœurs, si vous préférez. Un travail technologique opéré sur sa propre voix. Elle confirme : « Oui, oui, il s’agit bien de ma voix. On a utilisé des samplings, des plugs in, des delays et d’autres trucs. Mais ce n’est pas ma voix qui est retravaillée, ce sont surtout les chœurs qu’on a mis en couches… » Lene Lovitch ? Elle ne connaît pas. Quoique manifestant beaucoup de considération pour Sinéad, elle n’aime pas trop son timbre, qu’elle estime trop atmosphérique… 

Certaines compos de son long playing adoptent un tempo binaire, dance, presque disco, d’autres sont imprimées sur un rythme plus élaboré. Le choix est-il délibéré ? Elle nous répond : « Non, pour moi, c’est très intuitif. Je suis incapable de fournir une explication logique. » ‘Totemheart’ évolue ainsi à la croisée des chemins du Floyd circa ‘One of these days’ et de Donna Summer, un morceau qui s’achève par une prière, voire une incantation mystique. Notre interlocutrice confirme que la fin de la composition est abordée comme une prière. Par contre Donna Summer, et même son célèbre ‘I feel love’, ça ne lui dit rien. Là où nos réflexions vont converger, c’est au sujet de ‘Neurohunger’, la plage le plus électro-indus de l’opus. D’abord le titre me fait penser à Sophie Hunger, une autre Suissesse, mais la compo, surtout à Nine Inch Nails. Elle corrobore mon point de vue : « C’est exact. Pourtant, je n’ai pas pensé à N.I.N. quand je l’ai composée ; mais il est vrai que pas mal de monde me l’ont fait remarquer…. »

Anna apprécie beaucoup David Eugene Edwards. Mais préfère-t-elle feu 16th Horsepower ou Wovenhand ? « Pour moi cette question est difficile. Il est clair que Wovenhand est encore en pleine évolution. Ce n’est pas un produit fini comme 16th Horsepower. En plus, chez Wovenhand, la métamorphose est toujours en cours. Entre le premier disque et le dernier, il y a une fameuse différence. J’ai eu le bonheur d’écouter le nouvel album de Wovenhand que quelqu’un du label m’a filé secrètement ; et manifestement il y a une progression marquante vers l’univers du rock, alors qu’à l’origine, la musique baignait plutôt dans le folk… »

Lorsqu’elle se produit en concert, Anna souhaite que le public devienne témoin de son set, qu’il y ait un partage entre elle et cet auditoire. « Effectivement, car je ressens sa présence. C’est très important. Il constitue un énorme corps dans la salle. C’est de la force. Et c’est cette puissance qu’elle incarne, qui est très importante pour moi. Je m’appuie dessus et c’est réciproque, je crois… »

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