La Flemme tente de nous endormir…

La Flemme émerge comme un tourbillon coloré dans le paysage musical français, entraînant son public dans un univers où convergent des sonorités pop garage, des textures psychédéliques et une indéniable énergie nerveuse. Originaire de Marseille, ce groupe de…

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PLK - 02/08/2024
Sleaford Mods - Lowlands ...

Tu dois être riche si tu veux devenir musicien Spécial

Écrit par - Didier Deroissart -

Jane Doe & The Black Bourgeoises ! A la lecture du patronyme, on imagine être en présence d’une vocaliste à la tête d’un girl band un peu cul-cul. Ce n’est pas le cas. Oui, il y a une chanteuse : Julie Megank ; et deux choristes, Cookie G. et Cherry G. Mais pas seulement. La formation est également soutenue par quelques vieux briscards issus de la scène belge, dont les guitaristes Antoine Cannon (Super Like You) et Dave Kostman (NDR : il double également au synthé), le bassiste Dan Diaz (Driving Dead Girl) et enfin le batteur de Von Durden, Nicolas Scamardy.  Bref, en 2013, cette formation a publié un album très rock'n'roll intitulé « Angel Crash ». Le parcours du combo est antinomique : naissance, composition, studio, album et enfin concerts. C'est dans le bar du Bazanova à Houdeng, juste avant leur prestation, que le groupe nous a accordé une interview. On vous relate les réactions les plus intéressantes…   

Ben manifestement, ça rocke pas mal pour vous, les filles ?

Julie : effectivement, ça boume et ça rocke plutôt bien pour nous…

Quelques mots sur votre parcours et vos influences ?

Nicolas : j'ai rencontré Julie, il y a deux ans. Et alors que nous circulions en voiture, elle s’est mise à chanter ; et je me suis rendu compte qu’elle avait une superbe voix. Je l’ai donc invitée à participer à la confection de quelques maquettes. Puis nous sommes entrés en studio. Ce n’est qu’ensuite que nous avons fondé le groupe, puis nous avons commencé à nous produire en concert.
Julie : Et enfin on est allé manger un spaghetti. Nous avions faim.

De la table on peut donc passer aux goûts musicaux...

Dan : perso, j’épinglerai Machiavel et Slayer.
Julie : Skarbone 14, Jeanne Mas de l’époque « En rouge et noir ». Soit sa plus intéressante. Mylène Farmer pour l’aspect émotionnel qu’elle parvient inoculer à ses chansons… ( ?!?!?)
Nicolas : je vais quand même répondre un peu plus sérieusement à cette question. Je pense que tous les membres du groupe écoutent plus ou moins les mêmes artistes. De manière générale, nos goûts sont éclectiques, même si nous préférons le rock. Et si nos aversions sont souvent partagées, c’est ce partage des sensibilités qui nous permet paradoxalement de concocter une musique originale...

Remettre le passé au goût du jour, c’est un peu votre philosophie, non ?

Nicolas : wah, je comprends ce que tu veux dire !
Julie : oui, nous aimons bien le côté 'vintage' de la musique.
Cherry B. : suivant l’adage on pourrait affirmer que c'était mieux avant. Si on avait décidé de s’inspirer de One Direction ou d’autres trucs pareils, on ne ferait peut-être pas la même musique.

Quel est le dernier concert auquel vous avez assisté ?

Antoine et Julie : celui de Queens Of The Stone Age.
Dan : de Wooden Shjips.
Nicolas : Queens Of The Stone Age également, mais par téléphone ; en fait Julie y était en compagnie des autres membres du groupe. Je me suis montré sous un visage gentlemen. J’ai nettoyé la maison.
Cherry B. : je ne me souviens plus très bien, j’étais bourrée ? Je pense qu’il s’agissait d’Amine Bell.

Et le dernier album que vous avez écouté ?

Nicolas : celui de Stromae. Il a reçu beaucoup de critiques négatives. J’ai reçu ce disque en cadeau. Mais si on ne me l’avait pas offert, je l’aurais acheté. Au moins, par curiosité. J'assume ce choix. Pour l’instant, ce gars est vraiment incroyable.

Cherry B. : oui, et pourtant, il essuie de nombreuses critiques de la part de ceux qui ne supportent pas son succès.
Julie : le dernier disque acheté est celui d’Urban Voodoo Machine. Je me le suis procuré lorsqu’on s’est produit au Power festival. Leur set est à la foi complet et délirant.
Nicolas : sur scène, The Urban Voodoo Machine est une formation vraiment impressionnante. On dirait des saltimbanques qui réalisent un mélange parfait entre la musique manouche, néo-orléanaise et tzigane.
Antoine : le dernier album que je me suis payé, c’est celui de Daan.
Dan : et moi de The Black Angels.

Qui signe la musique et les paroles chez Jane Doe ?

Nicolas : je me charge des parties musicales. Les textes, ce n’est pas trop mon truc. C’est le chanteur de Von Durden et Julie qui s'en occupent. Cherry se consacre aux backing vocaux. Et elle est balaise dans le domaine des harmonies vocales. Dan et les autres amènent leurs propres idées au niveau des sonorités. Et puis finalement, chacun d’entre nous apporte sa teinte personnelle à l’ensemble. Moi, j’ébauche le canevas en noir et blanc et eux y mettent les couleurs.

Quand vous débarquez en studio, vous emmenez des partitions préenregistrées ?

Nicolas : non, nous bossons plutôt en ‘live’. On dispose, en général de démos. C’est tout. On joue du rock et on ne cherche pas à dénicher des sonorités particulières. Ce n’est sans doute pas très original, mais c'est, en tout cas, immédiat.

Ce qui explique, sans doute, pourquoi la scène est essentielle pour vous ?

Nicolas : absolument ! C'est toute notre vie. Quand on ne produit pas en public pendant trois ou quatre mois, on a l'impression de régresser. Seul le studio et les répètes permettent de garder le moral au top.
Julie : il y a un mois que l'on n'a pas plus joué en concert ; c’est comme si on ne s'était plus vu depuis une éternité.

Quel regard portez-vous sur vos fans ?

Nicolas : je n'aime pas ce concept. Il est déjà très agréable de savoir que quelqu'un achète ton disque, car tu as passé beaucoup de temps pour le concevoir. Tu as ramé, tu as dû casser ta tirelire pour atteindre cet objectif. Et une personne te dit qu’en se levant le matin, elle a écouté ta musique ; alors tu es ravi et tu as la pêche pour la journée...

Vous participez au ProPulse, la semaine prochaine. Un tremplin ?

Nicolas : ce qu’on espère c’est qu’il nous permettra de décrocher des dates en septembre. On a donc besoin d’intermédiaires qui nous aident, sans trop nous plumer. Je m'explique. Un label ou tout au moins l'éditeur est susceptible d’effectuer cette tache, à travers des clips ou en ciblant les radios, sans pour autant exiger 75 % du cachet, après coup. C’est la raison pour laquelle il existe des contrats-type. Ils nous aident et en retour ils retrouvent un peu les billes qu'ils ont investies. D’autres semblent se préoccuper de notre avenir ; mais c’est surtout leur portefeuille qui les intéresse. Et ils nous demandent des sommes indécentes. Et là, va te faire voir.

Déjà qu’il est difficile de vivre de sa musique en Belgique…

Nicolas : à qui le dis-tu ?
Cherry B. : sauf si l'on s'appelle Daan. Pas notre Dan, hein ! En fait, un musicien peut survivre en Belgique, mais il doit diversifier ses activités. Bosser également comme musicien de studio, par exemple. C’est mon cas. J’y assure ce rôle, et puis j’exécute des dj sets. M’enfin, ces rentrées me permettent de payer le loyer ; pas de nourrir son homme…
Nicolas : il ne faut pas oublier que l'on réinvestit tout ce qu’on gagne. Une chouette image circule sur le net : celle d’un iceberg. La partie visible, c’est le show ; en dessous, celle qui est immergée représente les heures de travail et d'investissement. Dan a cassé ses cordes. Tarif : 50 euros. En plus, se produire en concert implique des coûts de déplacements.
Cherry B. : des contrats, on n’en manque pas, mais tout est réinvesti dans les frais de fonctionnement du groupe.
Nico : nous nous déplaçons en train ou en voiture pour participer aux répètes, deux à trois fois par semaine. Ce sont encore des dépenses, même si elles sont personnelles.
Dan : oui, participer à l’aventure d’un groupe coûte très cher. Il faut acquérir et entretenir le matériel. Tu dois être riche si tu veux devenir musicien. Le public imagine que parce que tu te produis sur de grosses scènes, tu encaisses des cachets importants. En réalité, tout passe dans les frais. On n'a jamais eu de marge bénéficiaire suffisamment conséquente pour dire de partir en vacances.

Evidemment, s’exporter, ce ne sont pas des vacances…

Nicolas : on est allé jouer en France. Et on a adoré l’expérience. Peut-être que le ‘Pro Pulse’ nous permettra d’y retourner. Je crois que c'est une envie que nous partageons tous : partir loin tous ensemble.
Cherry B. : tout à fait ! Mais le booking doit le permette ; et surtout, encore une fois, il faut de l'argent. Pour voyager. Pour être logé. Et là on fait un appel aux âmes charitables…
Nicolas : je suis même partant pour assurer une première partie lors d’un ‘tour bus’. Des amis ont vécu ce périple en Europe, comme supporting act d’un groupe de metal. Et finalement, heureusement qu’ils se sont retrouvés en merchandising ; car finalement, si l’expérience est enrichissante, elle engendre des débours auxquels tu ne penserais même pas, au départ.

Le système Aka Starter, vous y avez pensé ? Pour organiser sa tournée, Sarah Carlier a eu recours à cette manière de recueillir des fonds via Internet…

Cherry B. : oui, je connais. Mais que ce soit Akamusic ou Akastarter, une personne sur dix-huit va tirer parti de ce système. Sans vouloir casser ou critiquer la méthode, c’est cette société qui va encaisser les bénéfices. En outre, la formule ne permet pratiquement aucune liberté de création et de production. C’est une structure intéressante pour tout artiste qui accepte le formatage et la dépendance. Vu notre souci d’indépendance, ce n’est pas la bonne formule à adopter.

 

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