Dix-huit ans que Danko Jones nous balance son Rock explosif aux multiples influences. Il est peine perdue de tenter de les ranger dans tel ou tel style. Leur but : traduire en musique le feu intérieur qui ne cesse de les consumer. ‘Fire Music’, son onzième album studio, enregistré sous un nouveau line-up et marqué par un retour aux sources, sortira au début du mois de février 2015. Rencontre avec Danko Jones et John Calabrese, respectivement chanteur/guitariste et bassiste de la formation.
C’est à Bruxelles, dans un hôtel situé à côté de la Gare de Bruxelles Midi, que la rencontre s’est déroulée. La formation canadienne y était venue nous parler de leurs nouvelles compos. Le précédent elpee, ‘Rock and Roll is Black and Blue’, était paru il y a trois ans. Le groupe a depuis lors sillonné les routes et mis le feu à bon nombre de festivals. On se souviendra notamment du set endiablé accordé lors de leur dernier passage en Belgique, dans le cadre de l’édition 2013 du Festival de Dour.
Le temps d’avaler leur repas et ils me rejoignent, autour d’un verre, pour débattre de leur nouvelle production. « Il n’y a pas de concept au-delà des chansons elles-mêmes » explique Danko, chanteur de la formation. « On voulait tout simplement apporter de nouveaux morceaux au public. Comme à chaque fois, on a tenté de rassembler l’énergie qui était en nous et de la transposer en musique ». Ce qui explique d’ailleurs le choix du titre du nouveau CD, ‘Fire Music’, un brasier musical retranscrit en onze morceaux, certains plus calmes, d’autres carrément déchaînés. « On pourrait qualifier notre album de Fast and Furious », ajoute en rigolant le bassiste John Calabrese.
Ce nouvel opus célèbre également le retour du producteur de leurs débuts, Eric Ratz. C’est lui qui était derrière les manettes pour le premier opus intitulé ‘My Love is Bold’. Le groupe et lui s’étaient ensuite perdus de vue, chacun poursuivant son chemin. Et ce, jusqu’à ces dernières années où Danko et lui avaient fini par se recroiser de temps à autre. Se rendant compte que le courant passait toujours aussi bien, Danko n’a pas hésité à lui confier une nouvelle collaboration. « Eric a de suite accepté de devenir à nouveau notre producteur, en adoptant la même méthode de travail que celle qu’il avait appliquée en ’99. On avait beaucoup aimé ce qu’il avait réalisé à cette époque. C’était quelque chose d’important pour nous qu’il accepte à nouveau de collaborer. C’est comme si on revenait à cette phase initiale où tout a débuté pour nous. C’était un retour aux sources ».
‘Fire Music’ est également marqué par l’arrivée de Rich Knox, nouveau batteur au sein du trio. Un changement bénéfique pour le band, où chacun peut apparemment désormais se concentrer uniquement sur son instrument. « C’est le premier drummer à rejoindre le line up pour lequel je n’ai absolument rien à dire concernant son jeu. Ce n’était pas le cas de nos deux précédents, car je devais fréquemment vocaliser la batterie pour qu’ils comprennent. Rich est un peu comme Damon Richardson (NDR : derrière les fûts jusqu’en 2005). Aussi, je peux à nouveau me concentrer sur mes vocaux et ma guitare sans avoir à me soucier des drums. » Une osmose qui, selon le groupe, s’étend également au niveau relationnel. Après avoir sillonné bon nombre de routes l’année dernière, le nouveau trio n’hésite pas à parler de symbiose entre eux trois. Une ambiance qui facilite le quotidien, particulièrement lors du récent passage en studio. « Tout a immédiatement bien fonctionné. Rich est entré dans le studio et a géré totalement l’affaire. A un certain moment, lors de l’enregistrement, Eric (NDR : le producteur) s’est tourné vers nous et a déclaré ‘Vous l’avez trouvé où ce mec ?!’. Ses parties de batterie ont été magnifiquement exécutées, sans que nous en ayons particulièrement discuté auparavant. Le genre de détail qui facilite la vie… »
L’adage est bien connu : qui dit sortie d’album dit nouvelle tournée. Même si les dates n’ont pas encore été toutes dévoilées, les Canadiens ont d’ores et déjà confirmé leur présence en Belgique en juin prochain, au Graspop Metal Meeting. « C’est un peu bizarre pour nous de jouer au Graspop car c’est un festival de Metal, et on se demande si on est vraiment en phase pour jouer là, aux côtés de Slipknot ou encore d’In Flames. Une situation qui nous laisse un peu perplexes. Mais on verra bien ! », lance Danko. Le groupe est d’ailleurs un habitué de nos festivals. Outre celui de Dour en 2013, le band s’est déjà affiché à Werchter ainsi qu’au Pukkelpop. « Les festivals belges sont incroyables. Je me souviens que lorsqu’on s’y est produit, le Pukkelpop programmait en tête d’affiche Iron Maiden. On jouait évidemment sur la scène voisine et il n’y avait que quelques personnes pour nous regarder, mais c’était très intense. On ne pouvait s’empêcher de penser, pendant notre set, qu’Iron Maiden allait embrayer à côté de nous juste après… », raconte en souriant le bassiste John Calabrese.
L’occasion de revenir sur leur participation au ‘Motörhead’s Motörboat Cruise’ à la fin du mois de septembre 2014. Une expérience particulière de cinq jours, sur un bateau de croisière, où se sont succédés des groupes invités par Motörhead. « Cette invitation a vraiment été un honneur pour nous. Ce périple nous a permis de jouer parmi d’autres groupes comme Down, Anthrax ou encore Testament. Sans oublier les gars de Ministry, pour qui on avait déjà ouvert le show à Los Angeles. Ce sont des amis. On s’est vraiment bien amusés ! » Ce n’est pas non plus la première fois que Danko Jones figure sur la même affiche que Mötörhead. On se souviendra notamment de leur set en 2008, à l’Ancienne Belgique, où les Canadiens avaient ouvert pour la bande à Lemmy, avant de rejoindre ce dernier sur les planches, un peu plus tard, sur le morceau ‘Killed By Death’.
Danko se remémore : « Je pense qu’on a joué ensemble à une vingtaine de reprises. J’ai eu l’occasion de voir Lemmy deux fois sur le Motörboat, dont une fois où on a pu parler entre quatre yeux, ce qui n’était pas facile car il y avait toujours une vingtaine de personnes autour de lui. Je dois dire que c’était quand même intimidant de se retrouver face à lui. Il est ce qu’il est ! Il a une aura. Il dégage quelque chose de particulier. J’ai d’ailleurs une bonne anecdote… Lemmy savait que je ne buvais pas beaucoup d’alcool mais il a quand même tenu à m’offrir à boire un whisky coca. Mais je ne savais pas qu’un whisky coca à la Lemmy, c’était autant de coca et autant de whisky (NDR : il mime un dosage dans un verre où le whisky est largement dominant…) Et moi, évidemment, j’ai bu ça comme si c’était de la bière. J’ai bien failli m’étaler. Lemmy a rigolé et m’a rattrapé par le bras en me disant ‘Sit down man, take it easy…’ On a bien rigolé ! »
C’est d’ailleurs à l’occasion de cette croisière que le groupe a partiellement tourné le clip de ‘Gonna Be a Fight Tonight’ (pour le visionner, c’est ici), single du nouvel album, histoire de se mettre l’eau à la bouche avant la sortie officielle de ‘Fire Music’ le 6 février prochain. A bon entendeur : outre leur concert prévu au Graspop Metal Meering en juin, il est probable que Danko Jones revienne à l’Ancienne Belgique, après l’été.