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Pas envie de devenir une diva… Spécial

Écrit par - Didier Deroissart et Malorie Moneaux -

Tout Va Bien, c’est le pseudo choisi par Jan Wouter Van Gestel, en 2013, lorsqu’il s'est lancé dans l'aventure ‘De Nieuwe Lichting’, une compétition destinée aux jeunes talents organisée par Studio Brussel. Et en accordant une brillante interprétation du classique de Jacques Brel, « Ne Me Quitte Pas », il est devenu lauréat de la première édition du concours musical de Stubru, aux côtés de Rhino’s Are People Too et Soldier’s Heart. Tout va donc très bien pour ce Malinois, puisque son single « This Fight » a squatté les charts belges pendant des semaines et son premier LP, « Kepler Star », est paru chez Warner Music. Produit par Arne Van Petegem (Styrofoam), il a été enregistré à Los Angeles. C’est juste avant son concert à l’AB, que l’artiste a bien voulu accorder une interview à Musiczine…

Un Néerlandophone qui choisit Tout Va Bien comme patronyme pour son projet… plutôt paradoxal, non ?

Je bossais devant mon ordinateur et il fallait que je me trouve un nom, car je devais envoyer une démo à Studio Brussel. A l’époque, tout n’allait pas si bien… Je traversais une période sombre. Faut dire que j’ai vécu des tas de mésaventures. Je passais mes journées au piano à écrire des textes ou composer des morceaux. Du soir au matin. J’étais encore aux études. C’est alors que j’ai eu l’idée de transmettre une démo à Studio Brussel. Juste avant de partir faire mon jogging en compagnie de mes potes. Je m’étais alors dit : ‘Pfff, tout va bien !’ C’était une réaction un peu sarcastique. Aujourd’hui tout va vraiment bien, donc ce n’est plus du tout un sarcasme ! Mais j’étais loin de m’imaginer que cette démo allait déboucher sur quelque chose de concret. Or, trois semaines plus tard, j’ai reçu un coup de fil de la part de Koen, animateur à Studio Brussel. C’était incroyable ! J’ai participé à la finale. Une liste de 100 morceaux avait été soumise aux concurrents, et il fallait en sélectionner pour en faire une reprise, sur deux jours. J’avais lu le nom de Jacques Brel dans ce catalogue, mais je n’osais pas m’y frotter. Il est intouchable ; et puis, on ne peut pas faire mieux que lui ! Mais mon esprit revenait sans cesse sur cette chanson dont le texte s’identifiait à une période de ma vie. Alors j’ai finalement décidé de me jeter à l’eau. Pas en français, comme Brel, mais en anglais. Car je ne pouvais pas rivaliser avec sa force…

Ton album « Kepler Star », tu l’as réalisé aux States ?

Je voulais me rendre à l’étranger pour l’enregistrer. Dans ma tête, je me voyais déjà à LA, car la famille de ma copine vit là-bas et on aurait pu rester chez elle. J’ai soumis la proposition à Warner, mais les responsables n’ont pas trouvé l’idée très bonne, car ce séjour était trop onéreux. J’ai donc acheté le billet d’avion moi-même. Et je leur ai signalé que je partais là-bas pendant trois mois et qu’ils avaient intérêt à me mettre en contact avec des membres de leur staff, car quoiqu’il advienne j’y allais. Avec ou sans eux. A cette époque, je commençais à composer. Seul, au piano. J’ai longtemps cherché les personnes idéales capables de donner la bonne couleur à l’album. Je trace les traits, j’exécute personnellement le dessin, mais il est très important de le colorer à l’aide des bonnes teintes. Puis j’ai rencontré Arne Van Petegem. Je voulais vraiment me charger de l’écriture, car c’est quelque chose de très subjectif ; et puis par chance, elle connaissait aussi du monde à LA. Donc nous y avons quand même séjourné. Pendant trois semaines. On y a beaucoup écrit et on a bien travaillé sur l’album. C’est là qu’on a trouvé le son et le sens de l’album. J’y ai aussi côtoyé Chris Thomson, qui m’a parfaitement guidé, surtout dans l’écrire des textes et la prononciation anglaise, car je ne suis pas anglophone.

Comment définir ta musique ?

C’est une question difficile qu’on me pose souvent. Elle est plutôt ‘dreamy’ et douce. Et pleine de sonorités. On y retrouve le bruit d’une étoile qui s’éteint. Il y a beaucoup de sons naturels et électro. En résumé, elle est à la fois visionnaire, organique et électronique.

Tu semble fasciné par l’exploration de l’univers ?

Oui. Extrêmement ! J’ai commencé très jeune à regarder National Geographic. La découverte, les voyages, l’aventure, tout ça m’intéresse. Mon grand-père était capitaine, tout comme mon arrière-grand-père, une fonction qui se perpétue depuis des générations. Je viens d’une famille de marins. J’ai toujours en moi cette envie d’aller vers l’inconnu, de découvrir... Si on me demandait de partir pour la planète Mars, je n’hésiterais pas une seconde. Je m’installerais dans la navette et je m’envolerais sans réfléchir!

Quelques mots sur les musiciens qui t’accompagnent en tournée ?

Je suis un adepte du positivisme. Je crois que si tu te concentres sur un événement, il va bien finir par se produire. Donc je me suis focalisé sur une catégorie bien précise de musiciens. Ils devaient être sympas, capables de faire abstraction de leurs égos et ne pas afficher un caractère trop bien trempé, afin que l’entente entre nous reste au beau fixe. Donc, j’ai cherché des collaborateurs en fonction de ces critères, mais en même temps disponibles pour partir en tournée. En utilisant le bouche-à-oreille. D’abord, dans mon entourage. Des connexions qui facilitent les relations. Car finalement tout le monde se connaît assez bien dans le milieu. Le recrutement s’est déroulé naturellement, calmement et dans la bonne humeur. Nous sommes d’ailleurs partis en week-end, il y a peu. On ne s’en rend pas forcément compte quand on est sur les planches, mais il règne une véritable cohésion dans l’équipe ; c’est important !

Tu t’es produit aux Nuits Botanique, aux Lokerse Feesten et à Rock Werchter. Belle progression quand même ?

Nous sommes rapidement montés sur scène. Le premier concert remonte à avril 2015. C’était dans l’Arenbergschouwburg. Le mois suivant nous étions programmés au Botanique, et deux mois plus tard à Werchter. En ce qui concerne l’ambiance, j’estime que le Botanique est l’un des endroits les plus magiques de Belgique. Surtout la Rotonde. C’est un honneur d’avoir pu y jouer. Et que dire de Werchter ? Pouvoir s’y produire, alors que je suis encore très jeune. Nous avions demandé cette faveur aux organisateurs, et ils ont accepté. Je craignais que le chapiteau ne soit rempli qu’au quart ou à moitié ; et finalement 6 000 personnes sont venues nous voir et nous écouter. Je n’osais pas regarder la foule. Je suis monté sur le podium et j’ai remarqué qu’il y avait du monde jusqu’au fond de la tente. Je me suis mis à pleurer. C’était une expérience très intense.

Au Pukkelpop, tu as chanté en compagnie de Geike. Comment t’es venue l’idée de former un tel duo ?

Je voulais réaliser un truc original au Pukkelpop. J’essaye toujours de tenter de nouveaux défis. Geike est une grande dame. Elle a une voix remarquable. J’ai grandi en écoutant ses chansons. Je cherchais une partenaire pour faire un duo. Pourquoi pas elle ? Nous nous sommes finalement rencontrés, grâce à l’un ou l’autre intermédiaire ; et le courant est bien passé entre nous. Elle et Arne Van Petegem, mon producteur à l’époque, travaillaient sur l’écriture de nouveaux morceaux. En fait, elle connaissait et appréciait déjà ma musique. C’était un honneur de pouvoir monter sur scène avec elle et le sentiment était partagé. Très chouette de voir deux générations réaliser un projet commun.

Ce soir, l’AB Club était sold out. Prochaine étape, la grande salle ?

C’est toujours le but, bien sûr. Alors oui, si j’en ai l’occasion. Mais je ne me suis pas encore rôdé à l’idée que des gens payent et se déplacent pour venir me voir. Pour moi, c’est un rêve. Mais qui sait ? Peut-être après la sortie du deuxième album… On ne sait jamais ce qui peut se passer…

Tu as été sélectionné pour participer à l'Eurosonic de Groningen. As-tu déjà prévu ta set list pour cet événement ?

Je n’ai pas encore pensé à l’Eurosonic. Au sein du groupe, on est surtout occupé à écrire. On va voir ce qu’on va en retenir. Je suis quelqu’un qui marche au feeling. Je suis capable de me concentrer deux semaines sur la setlist. C’est, en général, ma méthode de travail. 

Ta nouvelle tournée, tu y penses ?

On va écrire de nouveaux morceaux et les jouer lors des concerts. Quand je pense à cette tournée à l’étranger, je vois cet énorme bus dans lequel on voyagera tous les jours pour rejoindre les salles de concerts.

Antony and The Johnsons, Patrick Watson, Radiohead, des références pour toi ?

Patrick Watson et Radiohead ont eu une emprise énorme sur moi. La musique d’Antony and The Johnsons est superbe, mais j’essaye de ne pas trop l’écouter, car elle est trop proche de la mienne. Je ne souhaite pas être contaminé. Mais mon influence majeure, c’est le songwriter Matt Corby. Autant pour son talent que pour le personnage. Je me suis parfois demandé pourquoi je persistais dans telle ou telle voie. Après avoir eu un gros coup de mou, j’ai lu certaines de ses interviews. Elles m’ont rendu la force pour recommencer à écrire. C’est pourquoi Matt Corby est ma plus grande muse. Un exemple pour moi !

Tout Va bien est également le titre d’un long métrage de Jean-Luc Godard. Branché sur le cinéma ?

Pour être honnête, je ne l’ai pas vu. Mais j’aime le cinéma. Les bons films. Comme ceux de Wes Anderson. ‘The Grand Budapest Hotel’, par exemple. Les histoires sont absurdes, mais riches en couleurs. Elles sont très intéressantes d’un point de vue humain. J’ai toujours aimé les musiques de films. Et je pense en écrire un jour. C’est un de mes objectifs.

Comptes-tu te produire en francophonie ?

Non. C’est étrange. C’est très difficile pour les groupes flamands de se produire en Wallonie. Musicalement, il faut la concevoir comme un autre pays ! J’ai un jour assuré le supporting act au Reflektor. C’était sympa. Mais pour moi, la Wallonie se résume au Botanique. Cette salle est fantastique. J’aimerais me produire dans le Sud du pays, mais je dois d’abord améliorer mon français.

Cette soirée au Reflektor constituait une inauguration officielle pour cette salle, tu t’en souviens ?

J’ouvrais pour Oscar & The Wolf. C’était une soirée sympa. J’assure souvent la première partie pour d’autres artistes. Je n’avais plus joué seul depuis un bon bout de temps. Le public était chouette. A propos de cette soirée, j’ai une anecdote à raconter. Après mon set, j’ai assisté à celui d’Oscar & The Wolf. Et dans le public, certaines personnes me disaient que ma prestation était ‘terrible’. Un Néerlandophone traduit cette réflexion par ‘horrible’. Tu imagines ? Je suis allé voir le programmateur de la salle qui m’a rassuré. En fait, en français, c’est un compliment, pas un reproche !  

Lorsque tu t’es produit aux Lokerse Feesten, un journaliste à écrit que tu avais une voix de diva. Ce qui apparemment ne t’as pas trop plu. Tu as quand même conscience qu’elle est très particulière ? Elle me fait même parfois penser à Jimmy Somerville voire Asaf Avidan. Alors voix de diva ou pas ?

La voix d’une diva… je veux bien l’accepter ; mais moi-même, je ne suis pas une diva et je n’ai certainement pas l’intention d’en devenir une…

 

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