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PLK - 02/08/2024
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L’esprit de groupe Spécial

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Rogue Wave est une formation californienne (NDR : d’Oakland, très exactement) fondée en 2002, par Zach Schwartz. A l’origine, c’était même son projet personnel. Il avait ainsi enregistré son premier elpee, intitulé « Out of the Shadow », en solo. Mais se rendant compte rapidement que son entreprise allait droit à l’échec, il s’est alors entouré de trois collaborateurs : Pat Spurgeon (drums), Gram LeBron (guitariste, claviériste, ingénieur du son) et la bassiste Sonya Westcott. Elle cèdera ensuite le relais à Evan Farrell, en 2004 ; mais suite au décès de ce dernier, survenu en 2007, il a été remplacé par l’ex-Beulah, Patrick Abernethy. Des épreuves, le groupe en d’ailleurs traversées toute une série. Ainsi, Spurgeon a subi une transplantation rénale, l’an dernier ; Gram a perdu son père, Zach, sa mère (NDR : heureusement, il fêté la naissance de sa fille) et quinze jours après le début des sessions d’enregistrement du troisième opus (‘Asleep at heaven’s gate’), les bandes ont été malencontreusement endommagées. Ce qui ne les a pas découragés. Le quatuor semble même plus soudé que jamais. C’est Gram qui se charge de l’entretien…

« Effectivement, les bandes ont été abîmées, deux semaines après le début des sessions d’enregistrement. En fait, c’est la machine qui a cramé. On a donc décidé d’affronter les problèmes au jour le jour. De faire face aux événements. Tout en continuant à travailler. Afin de jouer notre musique. C’est aussi l’avantage d’appartenir à un groupe, de se soutenir mutuellement… »

‘Asleep at heaven’s gate’ est paru en Amérique, l’an dernier ; et il n’est sorti officiellement en Belgique que ce 22 février. Un disque pour lequel la formation a reçu le concours de Roger Moutenot à la production, un personnage responsable de la mise en forme d’albums de Yo La Tengo, Sleater Kinney et Elvis Costello, notamment. Sachant que Gram est également ingénieur du son, il était intéressant de savoir comment s’était déroulée leur collaboration. « Il s’est beaucoup investi pour notre projet. Il a même joué de la guitare sur certains morceaux. Et puis, nous avons énormément bossé sur les overdubs ensemble. J’ai servi, en quelque sorte, d’ingénieur du son pour lui. Il s’était déplacé de Nashville pour nous conseiller. Et nous avons travaillé en studio pendant deux mois. Il m’a révélé des techniques que je ne connaissais pas et m’a filé de nombreux tuyaux pour être plus performant. Ce serait un grand plaisir de faire à nouveau équipe avec lui… » Mais comment se déroule le processus de composition des chansons chez Rogue Wave ? A contrario des deux premiers elpees, Zach semble s’être davantage ouvert aux idées des autres membres du groupe. Pas pour les lyrics, on suppose…  « Zach a écrit la plupart des chansons. Par contre, tout le band a contribué aux arrangements et nous avons pu donner notre avis sur la construction des différents morceaux. Mais, c’est Zach qui est le principal songwriter. En fait, c’est un oiseau de nuit. C’est une période de la journée idéale pour lui, quand il veut créer. Et le lendemain matin, il nous invite à partager ses découvertes… »

Lors des sessions d’enregistrement, une panoplie d’instruments a été utilisée. Plus de 150 ! Partagée entre une multitude de guests. Une des plages implique même 30 musiciens différents, outre le combo. Ce qui méritait une explication : « Effectivement, beaucoup de monde a coopéré à la confection de notre disque. Je suis occupé de lire un bouquin consacré à Geoff Emerick (*). Il a été ingénieur du son pour les Beatles. Il tirait parti d’un maximum d’instruments. Et notamment acoustiques. Les musiciens jammaient ensemble. Et on les filmait pour analyser le résultat obtenu. » C’est ce qui explique sans doute que certaines compos d’‘Asleep at heaven’s gate’, et en particulier ‘Lullaby’ ainsi que ‘Cheaper than therapy’, réverbèrent des sonorités fort proches de celle des Fab Four. Manifestement puisées sur ‘Abbey road’ et ‘Sgt Peppers’. Gram précise : « Les chansons que tu viens de citer, certainement. Et font référence à ‘Sgt Pepper’s’. Tu sais pour nous, les albums des Beatles sont des encyclopédies. Elles nous aident à progresser. Et on y a recours quand c’est nécessaire ; parce qu’on y trouve toujours quelque chose à apprendre… » Le combo a également utilisé des tas de claviers. Parfois vintage, dans l’esprit de Todd Rundgren ou encore des eighties. On a même parfois l’impression que le groupe s’est aventuré dans le domaine de l’électronique. Gram confirme : « Nous avons employé des tas de claviers. En fait, lorsqu’on est arrivé en studio, il y avait un mellotron. Et comme on adore toucher à tout, on l’a testé. Et même intégré. Il y avait également un enregistreur 4 pistes. Ce n’était pas l’objectif de reproduire des sonorités eighties ; mais on s’est dit que ce serait un plus. On a beaucoup expérimenté. Quand on enregistre, on fourgue le max de trucs ; et puis on enlève ce qui ne nous plaît pas. Et là, on l’a conservé. Ce qui explique ta remarque. Très pertinente, mais j’avais totalement perdu de vue cet épisode… »

Pour en revenir aux invités, Matthew Caws (NDR : le chanteur/compositeur/guitariste de Nada Surf) et John Vanderslice (NDR : ex-mk Ultra, ce musicien a fondé un groupe sous son propre patronyme) ont apporté leur concours aux vocaux. Apparemment de bons amis. Gram confirme : « A cette époque, Matthew bossait sur leur nouvel album, à New York. On lui a envoyé les bandes. C’est un type qui compte beaucoup pour nous. On tourne d’ailleurs en leur compagnie. Il a donc donné son avis sur certaines harmonies vocales. Et en a ajoutées. John était à San Francisco, près de chez nous. On l’a invité à participer aux sessions ; et il a débarqué en quatrième vitesse. » On comprend mieux ainsi pourquoi, les harmonies vocales de leur troisième opus sont aussi soignées. Parfois, elles me rappellent même Simon & Gardfunkel (‘Like I needed’) voire Crosby Stills & Nash (‘Lake Michigan’, ‘Missed’). C’est dire ! Encore que parfois le timbre de Zach semble fort proche de Robert Pollard (NDR : leader du défunt Guided By Voices). Rogue Wave serait-il ‘Guided By Voices’ ? (NDR : traduisez littéralement ‘guidé par les voix’). Gram semble surpris et ravi en même tempsde ma remarque : « (rires) Guided By voices ? On les connaît très bien. Nous avons fréquenté la même université ; et nous y avons parfois partagé la même scène… Pour le reste, on ne peut nier ces influences. Tu peux même y ajouter Neil Young. Nous en sommes des fans. Non, ces comparaisons ne me vexent pas et je les prends pour un compliment. »

Rogue Wave avait sorti ses deux premiers opus chez Sub Pop. ‘Asleep at heaven’s gate’ est paru chez Brushfire et bénéficie d’une distribution via Universal. Pourquoi ce changement de label ? Gram s’explique : « Nous avions signé un contrat pour réaliser deux albums pour Sup Pop. Nous avions d’autres offres. Or, Sub Pop n’a jamais cherché à garder le contact. En fait, des tas d’amis de Zach nous ont ouvert des portes pour gravir les échelons. Progressivement. Ce qui nous a permis de décrocher ce deal. »

Une des chansons de l’album résume bien l’esprit de groupe des musiciens : ‘Cheaper than therapy’ (NDR : ‘la musique est meilleur marché que la thérapie’). Et Gram confirme : « Cette chanson a été écrite, un peu sous la forme d’une boutade. Nous avons tous perdu des parents proches au cours des dernières années. Et le fait de jouer au sein d’un groupe, d’être ensemble, nous permet de surmonter ces épreuves. Cette chanson a été inspirée par le décès de la mère de Zach. »

Merci à Vincent Devos

 

 

(*)Né en 1946, Geoff Emerick est un ingénieur du son particulièrement connu pour son travail accompli en compagnie des Beatles sur les elpees ‘Revolver’, ‘Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band’, ‘The Beatles’ et ‘Abbey Road’.’Revolver’ a été le premier album sur lequel il a travaillé, et ‘Tomorrow Never Knows’ la première chanson. A l’instar de George Martin, le producteur des Beatles, Geoff Emerick a pris une part de risques et d'expérimentations dans sa profession. En plus de son travail de fond auprès les Beatles, il a également mis en forme des albums de Paul McCartney et les Wings (‘Band on the Run’), des Zombies (‘Odessey & Oracle’), Badfinger (‘No Dice’), Elvis Costello (‘Imperial Bedroom’, ‘All This Useless Beauty’), et Nellie McKay (‘Get Away From Me’) – source Wikipédia)

 

 

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