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Seul aux commandes… Spécial

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Son nom est inévitablement associé à celui d’Arid, groupe de rock indépendant belge, originaire de Gand, dont l’aventure a pris fin en 2012.

Après avoir monté divers projets, dont un consacré à un album de reprises intitulé « Songs of Innocence » (NDR : un disque par ailleurs salué par la critique) et entrepris une carrière éphémère de coach dans ‘The voice’, version néerlandophone, Jasper Steverlinck décide alors de se remettre à l’écriture, dans sa forme la plus pure et la plus directe. Il embrasse depuis, une carrière solo.

Celui dont le timbre vocal est souvent comparé à Jeff Buckley ou encore Freddie Mercury est venu se produire dans l’enceinte du Centre Culturel René Magritte à Lessines autrefois réputée pour avoir vu naître le célèbre peintre surréaliste, à la fin du XIXème siècle.

Après une heure trente d’une prestation qui restera dans les annales, Jasper accepte de se mettre à nu pour les lecteurs de Musiczine afin de nous conter la genèse de son poulain, « Night Prayer ».

Jasper, ton album a été enregistré en live (sans public), c'est-à-dire en ‘one take’, sauf en ce qui concerne les cordes, pour une question de budget. Ces conditions de travail ont-elles influencé le courant émotionnel des compositions qui s’en dégage ?

Généralement, les groupes contemporains préfèrent enregistrer les pistes séparément, et réalisent un gros travail de post-production ensuite. Je me suis tout simplement inspiré de la méthode utilisée au cours des années 70 ; une époque où les ordinateurs ne permettaient pas cette exigence technique. J’ai ainsi pu faire ressortir au plus juste toute l’émotion tant dans les instruments que dans la voix.

Si je suis ton raisonnement, lorsque les chansons apparaissent davantage en fonction des arrangements, le travail de production tue l’émotion…

Tout dépend de la nature de la chanson, évidemment. Si tu cherches à être dans l’air du temps, tu auras nécessairement besoin de toute une panoplie d’arrangements. Et les machines se chargeront du reste. Mais si tu as recours à de vrais musiciens, au sens noble du terme, l’approche musicale sera meilleure. J’en suis convaincu…

Tu as mis du temps pour réaliser cet album. Tu as ouvert une parenthèse de six années durant lesquelles tu n’as plus accordé de concert. Sachant que l’industrie du disque change énormément et en peu de temps, sans oublier que les chanteurs formatés sont légion, quel était ton état d’esprit lorsque tu as recommencé à composer ? As-tu ressenti de la pression ? Avais-tu une idée précise de la direction à prendre pour enregistrer ce disque ?

Oui, bien sûr, la pression était importante. J’ai d’abord commencé à travailler en compagnie de Jake Gosling un producteur, auteur, compositeur, interprète, remixeur, directeur et éditeur anglais notoire, qui bosse notamment pour Ed Sheeran. Je pensais qu’il fallait que je sois en phase avec la musique actuelle, après cette longue période d’interruption. Notre collaboration a été enrichissante et positive à plus d’un titre. Mais en rentrant à la maison, j’ai changé d’avis et pris la ferme décision de ne pas sortir l’album sous cette forme, car il y avait ce modernisme au sein duquel je ne me retrouvais pas nécessairement ; les sonorités me paraissaient se fondre totalement dans la masse. Finalement, j’ai pris la décision de tout recommencer en compagnie de Jean Blaute, un producteur belge. Les sessions se sont déroulées au studio bruxellois ICP. Et c’est le fruit de ce travail que tu as pu entendre ce soir…

Comment les gens de ton entourage professionnel ont-ils réagi ?

C’était un moment assez difficile, je ne te le cache pas. J’avais déjà perdu beaucoup d’argent en enregistrant ce disque en Angleterre. Je n’étais pas vraiment satisfait du résultat. Il manquait ce brin de vérité. Garder la maîtrise des compositions était l’élément essentiel. Il fallait que mon public se retrouve dans « Night Prayer ». Cette pression était d’autant plus importante qu’il y avait aussi quelques années que je ne m’étais plus produit sur scène. Lorsque j’écoute des artistes tels que Led Zeppelin, Jacques Brel ou encore Bob Marley, je suis transcendé. Je me suis toujours demandé pourquoi ces gens pouvaient émouvoir à ce point. J’en parlais l’autre jour à Jean. Selon lui, ces artistes-là sont authentiques. Ils veulent avant tout bien faire et n’existent que pour te faire frissonner.

Je sais que tu aimes t’isoler dans ton studio pour écrire des chansons. Souvent, la solitude est perçue comme négative. Est-ce aussi un besoin qui sort du contexte musical ?

A titre personnel, je ne considère pas la solitude comme un comportement négatif dans l’absolu. Elle reste utile lorsque tu souhaites te retrouver pour atteindre une forme de vérité. Sinon, elle est contre-productive. Elle a souvent été expérimentée dans différentes formes d’art. Je pense aux grands peintres, par exemple. Ça leur a plutôt réussi ! Il m’est difficile de m’entourer de personnes qui possèdent des opinions différentes de la mienne lorsque j’écris des chansons, tout simplement…

« Night Prayer » risque-t-il de devenir intemporel selon toi ?

Effectivement, je le pense. Mon public est constitué de personnes issues de générations différentes qui continuent d’assister à mes concerts… Adèle est, à mon avis, une artiste dont les compositions resteront intemporelles…

Ton travail s’est exclusivement concentré sur l'écriture, dans sa forme la plus pure et la plus directe. C’est une démarche paradoxale sachant qu’aujourd’hui, la musique est souvent juste un produit de consommation marketing qui n’existe que pour satisfaire un besoin immédiat…

Lors du processus créatif, jamais je ne me projette commercialement. C’est peut-être là que réside la clé du succès. Je compose avant tout pour créer de l’émotion, jamais dans un but unilatéral de lucre. Je crois que dans ce métier, il faut bien faire le tri. On est dans une époque au cours de laquelle les ondes radiophoniques font la part belle aux produits parfaitement formatés. Pourquoi pas ? Certains sont même de bonne facture. Ce n’est pas un problème. Mais en ce qui me concerne, j’ai juste envie de proposer du contenu avec mon cœur pour toucher davantage la sensibilité de celles et ceux qui m’écoutent.

Ton nom est inévitablement associé à celui d’Arid, dont l’histoire a pris fin en 2012. S’agit-il d’une page définitivement tournée ou peut-on s’attendre à une reformation éventuelle ?

Non, je pense que je vais continuer ma carrière en solo. Chacun des membres d’Arid a pris une direction différente. Nous restons toutefois en bons termes. Pour la petite histoire, l’Ancienne Belgique a eu la brillante idée de faire rejouer les albums mythiques de certains groupes sous un concept qui porte le nom de ‘Rewind’. Nous avons accepté cette proposition pour deux ou trois jours seulement. Nous allons donc nous reformer momentanément pour interpréter « Little Things Of Venom ».

Être seul aux commandes te permet-il d’avoir plus de pouvoir et de disposer de davantage d’alternatives pour ton projet ? Arid était-il, finalement, un groupe véritablement participatif et démocratique où chacun avait la liberté de s’exprimer ?

Chez Arid, je travaillais essentiellement avec le guitariste David Du Pré. C’est ensemble qu’on a créé ce projet. Je ne pouvais pas faire ce que je voulais. Lui non plus ! La collaboration était inévitable. Mais plus globalement, chacun pouvait formuler son avis, des suggestions ou opinions. Oui, je dirais qu’il y existait une démocratie participative. Aujourd’hui, je mène seul ma barque.  Est-ce mieux pour autant ? Je n’en sais rien. Mais, c’est mon choix, je l’assume et j’en suis satisfait…

« Songs Of Innocence » est un elpee de reprises qui a récolté pas mal de succès, notamment grâce à la cover du « Life on Mars » de Bowie. Pourtant, j’ai l’impression que tu n’as pas vraiment surfé sur cette vague favorable...

C’est une étrange histoire en fait. Il s’agit d’un pur concours de circonstances. On m’a demandé un jour de composer une chanson pour la bande originale d’un film. Je venais de terminer la tournée d’Arid et je ressentais le besoin de tenter un autre challenge, le temps d’une parenthèse bien méritée. Je me suis testé au piano-voix. Il y a eu ensuite un passage radio qui a propulsé le titre. L’idée de travailler auprès de musiciens classiques m’exaltait, c’est vrai. C’était nouveau et l’expérience était intéressante. A ce moment-là, je n’envisageais pas une carrière en solitaire. Raison pour laquelle je suis retourné chez Arid.

Tu as pris part à la version néerlandophone de ‘The Voice’ durant deux saisons. J’ai l’impression que la quasi-totalité des voix qui figurent au casting se ressemblent… Quel est ton avis sur le sujet ?

Lorsque j’écoute la radio, c’est typiquement la réflexion que je me fais. Beaucoup chantent de la même manière. Je crois que les jeunes s’identifient à un seul style de musique, sans se soucier de savoir s’il en existe d’autres. Lorsque j’étais coach, j’ai immédiatement demandé à mes candidats de rester eux-mêmes, sans rechercher à ressembler à qui que ce soit. C’est une notion essentielle, tant dans la musique que dans la vie en général…

Tu as collaboré avec Within Temptation, groupe de métal néerlandais, pour le titre « Firelight ». Comment cette collaboration est-elle née ? Ne s’agit-il pas d’une idée qui navigue à contre-courant de tes principes ?

Sharon den Adel, la chanteuse, était fan d’Arid depuis nos débuts. Je l’ai rencontrée lors d’une émission de télé qui s’intitulait ‘Liefde voor muziek’. Immédiatement, le courant est passé. Un jour elle m’a appelé pour me demander de chanter sur leur nouvel album. J’ai accepté, mais à la condition que je puisse le faire dans mon studio. On pense réitérer l’exercice, mais cette fois, c’est elle qui devra s’adapter à mon univers. Ces collaborations sont importantes. C’est une nouvelle expérience acquise lorsque je joue ou chante en compagnie d’autre artistes.

Une certaine presse titrait à ton propos qu’un chanteur est comme un artichaut, c’est en l’effeuillant lentement qu’on arrive au cœur du légume. Et qu’on l’apprécie s’il est vraiment excellent. Qu’en penses-tu ?

C’est en effet un journaliste qui a écrit cette phrase… Je crois qu’il a voulu dire qu’il faut zapper tout ce qui n’est pas intéressant afin d’aller droit au but. C’est mon interprétation en tout cas. Mais j’ignore si tel était son propos !

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