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Pas un cirque ! Spécial

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Soundgarden a le vent en poupe. Et plutôt deux fois qu’une. Aux States, le groupe devient même carrément énorme. Phénomène confirmé par le gros père Tad Doyle (de Tad), tout heureux d’apprendre, le jour de leur concert belge, que Tad assurerait près de deux mois de tournée d’été US pour la bande à Chris Cornell. « Chez nous, Soundgarden est très populaire », confesse le leader de Tad et ajoute : « Leur cote augmente sans cesse et leur dernier cd, ‘Superunknown’, marche très fort. Tourner avec eux signifie jouer chaque soir devant six à dix mille personnes. C’est géant ! »

En Europe, Soundgarden n’a pas encore atteint le même niveau de popularité, mais on sent bien que la mayonnaise est en train de prendre. Les médias rock européens ont été quasi unanimes à louer les qualités de ‘Superunknown’ et la tournée du groupe sur le Vieux Continent se passe plutôt bien, elle aussi. Le ‘Brielpoort’ de Deinze était, en tout cas bourré comme un œuf, l’autre soir, pour accueillir les quatre de Seattle en qui certains voient le futur du rock, en compagnie des Alice In Chains et autres Pearl Jam.

« Il y a tout dans Soundgarden » explique un fan, barbichette en avant, tee-shirt ‘Louder than love’ usé jusqu’à l’étiquette et jeans-gruyère délavé et d’une extrême pâleur. Il justifie d’ailleurs cet enthousiasme par une déclaration plus que flatteuse : « Il y a la puissance des guitares, un son fort et une force intérieure indéfinissable. Moi, je trouve que c'est le meilleur groupe de rock du moment ». Et ‘Flip’ –c'est son surnom– de s'en retourner admirer un show d'une intensité inouïe mais aussi d'une belle simplicité, d'un grand dépouillement, au sein duquel le jeu des musiciens semble se suffire à lui-même.

Soundgarden paraît en effet être un groupe intègre qui n’apprécie que fort peu, les règles du business. Attitude qu’on retrouve dans leur musique. Quelques heures avant le concert, Kim Thayil, ‘lead guitarist’ de Soundgarden, corroborait ce point de vue…

Presque logiquement

KT : nos concerts ne ressemblent pas à un spectacle de cirque ; nous n'avons pas besoin de ces artifices. Nous communiquons avec notre public à notre manière: franchement, directement, je dirais presque logiquement.

« Superunknown » marche très fort aux States. Et la presse européenne lui a réservé d’excellentes critiques. Confiant pour la suite des événements ?

KT : je ne sais pas encore tout à fait comment les Européens réagiront par rapport à « Superunknown ». Mais je suis très curieux de voir comment le public va l’assimiler, à long terme. Je suis persuadé que ce disque aura un rayonnement de longue durée. Ce n’est pas le genre de truc qu’on écoute et sur lequel on danse, on s’agite, on se défoule et puis basta. C’est plutôt un album dont on s’imprègne et à propos duquel on réagit sans doute plus ‘mentalement’. Il y a beaucoup à découvrir sur ce disque. Nous évoluons sans cesse, et c’est cette évolution qu’on a voulu mettre d’abord en exergue sur « Superunknown ».

Estimes-tu cet elpee tellement différent de « Louder than love » ou de « Badmotorfinger » (NDR : les deux précédents opus parus respectivement chez Polydor en 89 et 91 ?) ?

KT : « Superunknown » ne rompt rien, ne casse rien, mais il va beaucoup plus loin. Il a, à mon sens, plus de profondeur, plus de liberté, dans pas mal de domaines. Les textes de Chris, par exemple, sont les meilleurs qu’il n’ait jamais écrits. Ils sont plus précis, plus intenses. Chris s’exprime aujourd’hui bien mieux qu’il ne le faisait, il y a quatre ou cinq ans. Et musicalement, le groupe a suivi le même tracé.

Marginaux, OK, si tu assimiles le rock à Garth Brooks…

Tu dis que ce disque est plus ‘libre’. Est-ce parce que vous avez accompli des expériences que vous n’auriez pas tentées auparavant ?

KT : En partie. Nous avons, de fait, laissé courir certaines idées que nous n’aurions peut-être pas osé développer dans le passé. Ce qui nous a encore permis d’élargir notre rayon d’action. Tu vois, nous fonctionnons toujours, à la base, de la même manière ; à savoir que nous ne retenons une chanson que si elle nous plaît vraiment. Tout le monde, dans le groupe, compose des chansons et tout le monde a le droit de s’exprimer. Par ce biais, le groupe, dans son intégralité, a fait un pas en avant. Je ne sais pas au juste pourquoi. C’est ainsi.

Les expériences ‘solo’ des différents musiciens du groupe auraient-elles favorisé cette évolution ? Ben Shepherd (bassiste) et Matt Cameron (batteur) se sont bien amusés au sein du projet Hater. Chris a écrit un truc pour la B.O. de ‘Singles’. Il y a eu aussi, avant ça, le projet Temple of The Dog, au sein duquel Chris et Matt étaient accompagnés de Stone Gossard, Eddie Vedder et Jeff Ament (de Pearl Jam). Ces événements, ont-ils, en définitive, servi la cause de Soundgarden ?

KT : Je remarque en tout cas que la musique du groupe est de plus en plus riche. Pas que nous ayons pris une décision consciente de prendre telle ou telle décision. Nous posons des choix en parfaite harmonie, tout naturellement. Bien sûr, ils sont toujours précédés d’une réflexion ; c’est tout de même normal. Mais Soundgarden a toujours fonctionné de façon très émotionnelle, à l’instinct. Et cela continue ainsi.

Si votre musique échappe aux normes, aux clichés, c’est peut-être que votre instinct, comme tu dis, vous y pousse. Vous sentez-vous dans la peau de marginaux ?

KT : Quelle question ! Est-on encore marginal aujourd’hui parce qu’on joue de la musique rock ? Je te dirai que si tu associes Garth Brooks ou MC Hammer au même contexte que nous, alors nous sommes certainement marginaux. De toute manière, est-ce important ? Ce qui compte, c’est de faire ce dont a envie. Nous devons certainement indisposer notre label parce que ses patrons ne parviennent pas à déterminer combien de nouveaux disques on va vendre ! Ils ne savent pas non plus ce qu’on va faire pour le prochain album. D’un point de vue commercial, ils détestent cette situation. Mais on n’est pas là pour faire du chiffre. Cela n’a jamais été notre ambition.

Soundgarden correspond-t-il à la vision que tu avais du groupe lorsque vous avez commencé à enregistrer, il y a 6 ans ?

KT : Pas tout à fait ; et c’est tant mieux. Et j’espère bien que dans six ans elle sera différente. En mieux, bien sûr…

(Article paru dans le n° 23 de mai 94 du magazine Mofo.)

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