Ce n’était sans doute pas la meilleure soirée pour organiser un concert à Liège, ce soir de double liesse populaire, mais les aléas des agendas le voulaient ainsi.
Exit donc ceux qui ont préféré le foot ou les saucisses en plein air et place aux grands gagnants de cette soirée préélectorale : ceux qui, malgré tout, ont répondu présent pour cette triple affiche alléchante qu’on aurait pu qualifier de mega-trip-tyque…
Tout commence en apesanteur par le set de Parallel Odyssey, dont l’intriguant patronyme suggère les chemins empruntés par ces deux membres de Next Exit To Nowhere et le batteur de Cosmic Connexion. Deux formations étiquetées Post Rock.
Si le nouveau projet semble effectivement être de cette veine, le trio a néanmoins le bon goût de s’éloigner de ce spectre somme toute réducteur et d’étendre sa sombre ramure à des horizons psychédéliques, voire teintés de New Wave.
Amorcé par une rythmique en suspension comme un souffle retenu, leur chevauchée épique va bientôt claquer comme un étendard dans le vent. Bridant leurs montures au sommet de vertigineuses montagnes pour foncer au galop dans les sillons laissés par de fiévreux larsens éclaireurs. Quelques assauts bruyants et retentissants, toujours sur la corde raide et en équilibre constant, contrebalancés ci et là par de longs souffles suspendus, entre hoquets et rage contenue.
Le Canadien Eric Quach, alias Thisquietarmy (et en un mot s’il vous plaît) a éprouvé les pires difficultés à capter l’attention d’un public plus intéressé par les dernières lueurs du jour que par sa propre prestation. Il est vrai que si ses sets sans concessions ravissent les amateurs de pédales d’effet et de Drone cyclo-roboratif, ils rencontrent rarement du succès auprès d’un public non averti. Ses motifs entrelacés en boucles telles les strates d’une sombre atmosphère gagnent en ampleur, font trembler les murs de l’enceinte (des enceintes aussi) et ont vite raison des quelques oreilles insensibles à ce bruit savamment orchestré. Une musique difficile à appréhender qui requiert une attention que peu d’auditeurs sont prêts à lui accorder ce soir.
Enfin, place aux Anglais de The Oscillation, tout près de subjuguer l’assistance, revenue à l’essentiel, intra-muros.
Sous les effets miroitants de projections kaléidoscopiques créées en live (un procédé consistant à diffuser des taches de couleurs par le biais d’un projecteur), le trio tisse la trame d’un concert qui, montant en puissance, va mettre à genoux la majorité de l’assistance. Hypnotiques et sans fard, les extraits de “Out Of Phase”, et surtout de “From Tomorrow”, dernier album en date (dont le fantastique “No Place To Go” en apothéose magistrale), dégagent ce soir une puissance d’une rare intensité et d’une redoutable efficacité.
S’immisçant au milieu d’un mur du son, les mélodies finement ciselées s’entrelacent autour d’une rythmique en tout point implacable. L’effet est subjuguant. Et la satisfaction du band se fait l’écho des applaudissements nourris du public. C’est donc dans un final de très haute facture, que The Oscillations termine son set et clôture sa tournée.
Et tandis que la nuit étend son voile au dehors, il plane à l’intérieur comme un doux sentiment de satiété.
Parallel Odyssey + Thisquietarmy + The Oscillation
(Organisation: Collectif Mental Proudly)