Les ravissements de Maud Lübeck

En mars 2023, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du festival ‘Les Émancipéés’. Cette année-là, pour la première fois, se déroulent ‘Les ravissements’, quatre rencontres animées par…

Yes SIHR !

Après quelques concerts / projections improvisés en duo, au Caire et à Beyrouth, pour les…

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Eric Ferrante

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La quatrième soirée musicale des Nuits Botanique s’illustrait une nouvelle fois par sa programmation qualitative (The Dodos) et audacieuse (The Luyas). Une volonté délibérée du centre culturel de la Communauté française de réunir les talents d’hier et de demain, d’ici et de là-bas (NDR : dix-huit nationalités sont représentées lors de cette édition 2011). Un paysage interculturel qu’accueillait l’écrin surchauffé de la Rotonde ce samedi soir. Drapeaux portés par les Etasuniens des Dodos, des Canadiens de The Luyas et notre national Rodolphe Coster (Flexa Lyndo).

Venu nous présenter son dernier opus, sorti le 4 mars dernier (« Too Beautiful To Work), le cinq pièces de Montréal, dirigé par la chanteuse/guitariste Jessie Stein, nous a littéralement submergés de sortilèges jetés dans son univers onirico-mécanique. Un univers où chaque protagoniste use de sa lyre –Jessie Stein au chant et à la guitare, Pietro Amato préposé au cor français, au cloches, au melodica ainsi qu’au clavier, et drums réservés à Stefan Schneider– afin de bâtir une pop orchestrale frénétique et hypnotique. Un décor, parfois psychédélique, équipé de lampes vintage oranges et imprimé d’un unique moodswinger (une cithare électrique douze cordes conçue par un luthier expérimental hollandais nommé Yuri). Cette fresque étrange se meuble d’une cascade de cordes, de sons distordus et de percussions éclatantes. Luyas constitue manifestement une expérience brillante pour les amateurs d’une autre pop.

La réputation des Dodos en concert est solidement établie et l’éloge de leur nouvel  opus, « No Color », sorti cette année (NDR : album bénéficiant de la précieuse production John Askew, responsable de l’excellent premier album du groupe « Visiter »), n’est certes plus à faire.

Déjà responsable d’une nuit Botanique électrique, en compagnie des excellentissimes Géorgiens de Deerhunter sous le chapiteau en 2010, le trio californien nous revient cette année sous une configuration différente et en proposant un son légèrement modifié. En effet, Keaton Snyder et son vibraphone ‘king size’ laissent place à un nouveau guitariste qui s’efface singulièrement. Ce dernier restera d’ailleurs la grande énigme de ce concert. Qui est-il ? Que fait-il sur scène ? Hormis l’apport de quelques fonds ambiants, les impressions majeures laissées par ce musicien viendront essentiellement de l’expressivité inexistante de son regard bovin. C’est un peu comme s’il traversait l’un des moments les plus pénibles de son existence. Tel est le sentiment que suscite sa présence. La quantité incalculable de bière ingurgitée lors de sa ‘prestation scénique’ explique certainement l’expression de ce regard. Rien de comparable par rapport au volume sonore libéré par le vibraphone de Snyder, lors des concerts précédents.

Quant au son, Long laisse tomber la guitare acoustique et décroche une guitare électrique qui émet des sonorités rock plus abruptes. Une musicalité extrêmement physique dont le volume serait capable d’affoler les sismographes du Botanique. Une performance en montagnes russes qui vacille entre des morceaux orageux aux drums hyper puissants et des mélodies à fendre les cœurs de pierre. La batterie introduit la majorité des titres et impose souvent le ton. Elle demeure, incontestablement, le nerf central de cette formation. Une musique bipolaire qui coupe le souffle du spectateur et le surprend souvent par son défi constant de toute loi de la logique folk ou rock.

Le binôme rompt constamment tout équilibre mélodique et privilégie les percussions frénétiques de Kroeber. Une énergie brutale dont les mélodies rageuses finissent régulièrement dans d’interminables envolées noise ingénieusement contrôlées.

Ce soir, les arabesques alambiquées des trois Américains se font sensiblement sentir sur des titres d’une impressionnante précision comme “Two Medecines”. Un morceau répétitif où tous les éléments guitare/batterie/chant s’agencent merveilleusement. L’autre versant du groupe s’éclaire de morceaux plus mélodieux tel “Companions”. Un titre vibrant d’émotion au  tempo ralenti, aux arpèges qui se déroulent... Une première partie de concert qui nous dévoile « No Color » avant de clôturer sur le romantico-folk « Winter » et le délicieux « Fools ». Deux morceaux changeant néanmoins de visage et dont l’interprétation se veut plus brutale.

Ces instants de frissons nous offrent globalement un délicieux moment de pure énergie brute. The Dodos, une expérience live fascinante !

The Dodos + The Luyas + Rodolphe Coster    

dimanche, 10 avril 2011 02:00

Domino 2011 : dimanche 10 avril

Lors de cette douce soirée de printemps, l’Ancienne Belgique avait décidé de mettre Stuart Murdoch à l’honneur. Deux ans après le succès rencontré par le projet « God Help The Girl », celui-ci foulait de nouveau les planches bruxelloises pour la promotion du dernier album de Belle & Sebastian, « Write About Love ». L’occasion pour lui, également, de nous présenter, en support act, le dernier groupe produit par le musicien écossais, Zoey Van Goey.  

Considéré comme ‘the Smiths for the generation that came after Morrissey and Marr’, Belle & Sebastian s’est toujours diverti à véhiculer l’image d’une musique surannée, sensible et tendrement pop. Cette image, devenue populaire au fil des albums, est précisément celle sur laquelle les éternels étudiants écossais ont su se tailler discrètement (NDR : B&S déteste la presse !) une place unique au sein du paysage musical indie. Celle d’un groupe culte qui brille de régularité. Un roc solide qui, inlassablement, résonne de sa pop raffinée et méticuleusement arrangée. Une philosophie qui pourrait assommer d’ennui les amateurs de rock furieux mais régale sans cesse les oreilles des nombreux fidèles. Stuart Murdoch se préoccupe exclusivement de composer pour les gens qu'il aime, et le reste du monde, il peut l’écouter siffler. Imperméable aux critiques de la presse internationale, B&S s’amuse et ne renie jamais sa muse.

Sur scène, Belle and Sebastian présente une machine douze pièces bien huilée épaulée d’un quatuor à cordes et de cuivres qui pimentent certains titres. Toutefois, ce soutien orchestral ne se révèle pas vraiment indispensable. Certes, les cordes et les cuivres renforcent les mélodies pop classiques du combo glaswégien, mais les versions épurées restent pourtant les moments les plus forts.

En effet, la voix et les lyrics priment sur les mélodies. Comme si Murdoch était la réponse de la pop moderne à Philip Larkin (poète, romancier et critique de jazz considéré comme Le poète anglais le plus important de la seconde moitié du XXème siècle). Tour à tour lapidaire et profond, il chante l’absurdité de la vie et de la mort avec une extrême sensibilité. C’est ainsi que « The Fox in the Snow », chanson chargée en émotion, conte les aventures d’une créature mystérieuse ne parvenant pas à se nourrir dans le froid.   

Un concert, avouons-le, particulièrement réservé aux fans de la première heure. D’ailleurs, lorsque les anciens morceaux surgissent (titres principalement issus de « The Boy with the Arab Strap »), le public exulte. Un gig indie cool archétypal présentant une pop classique qui tente l’inattendu. Le groupe organise le spectacle d’ingénues mises en scène et parie sur une forte interaction avec le public. Un calcul théâtral qui invite cinq personnes de l’auditoire à danser sur scène lors de « The Boy with the Arab Strap ». Une farandole grotesque récompensée d’une généreuse distribution de médailles et d’une volée d’embrassades distribuées par Stuart Murdoch himself. Belle & Sebastian aime chouchouter son public et il le (dé)montre. Artifices qui ont eu le mérite de réchauffer une prestation décidément trop tiède.

Belle & Sebastian

(Organisation Ancienne Belgique)

jeudi, 07 avril 2011 02:00

Quand le papillon quitte la chrysalide

Certainement l’un des groupes les plus créatifs de la nouvelle scène indie rock française, The Dø nous a démontré ce soir toute l’ampleur de son atypie artistique. Souvent taxé d’autisme artistique, d’élitisme musical dont la production serait réservée exclusivement aux apprentis hipster, le duo franco-finlandais, transformé en sextet pour les besoins de la scène, s’expose et explose les planches de l’Orangerie de son talent.

Car les six musiciens ne se contentent pas d’interpréter « Both Ways Open Jaws », ils le réinventent (voir chronique de l’album : http://www.musiczine.net/fr/chroniques/the-d-/both-ways-open-jaws/ ). L’album studio, très formaté, est totalement repensé pour la scène et diffuse en ce lieu une dimension moins sombre, plus exaltée. Une adaptation mélodique qui a pour effet d’exciter le public; les corps tremblent, le sol tremble et les voix rugissent.

Au sein de l’écurie franco-finlandaise : ‘On n’aime pas le luxe, on aime se mettre en danger’. Et ça s’entend !  La production et les arrangements studio –presque trop parfaits– de Dan Levy s’écorchent. L’électro fait place aux instruments et le son devient plus organique.  Une formule à six qui gagne en efficacité et en expressivité. Moins effacés que par le passé, les deux leaders du groupe arpentent la scène, décomplexés.    

L’orchestration et la mise en scène sont minutieuses. Elles modèlent le temps, les contretemps. Les cassures, les brisures mélodiques. Les souffles chauds, les froids, le calme et le vacarme. Sur le tribal « Slippery Slope », l’électronique laisse place à une intro sax rapidement balayée de tourbillons rythmiques et percussifs qui abasourdissent l’auditeur. Un single puissant et hypnotique redessiné ingénieusement. Puis, le calme d’« On My Shoulders » éteint le feu d’un pop classique. Six pompiers pyromanes, alternant les ruptures mélodiques, mélangeant constamment l’accessible au pointu, le calme et l’orage. Une alchimie de textures sonores qui fonctionne tant sur album que sur scène. Seuls les ingrédients changent.  

Soulignons également le travail du drummer Pierre Belleville qui use de tout métal pour forger le son live de The Dø. L’objet du crime? Une batterie surplombée d’un mur de cymbales, de plateaux d’argent, de cloches en cuivre et de divers ustensiles de cuisine qu’il martèle inlassablement pendant plus d’une heure.

La beauté diaphane d’Olivia Merilahti illumine la fin du concert d’un majestueux « Dust It Off » (voir chronique de l’Ep : http://www.musiczine.net/fr/chroniques/the-d-/dust-it-off-ep/)  Morceau où le temps se fige. Statique, lunaire, la voix acrobate de la jeune Finnoise nous plonge irrémédiablement dans un univers onirique limpide. Une version épurée qui finit pourtant sous un orage de nappes électroniques. Dernière claque avant la fin d’une prestation résolument excellente.

 (Organisation Botanique)

mercredi, 06 avril 2011 20:51

Both Ways Open Jaws

Les marches funèbres de « Both Ways Open Jaws », esquisses d’un conte noir de Charles Perrault revisité par Tim Burton.

A l’image de sa pochette, photographiée chez le grand-père d’Olivia en Finlande, le second opus de The Dø semble hanté, empreint de sortilèges. De la primale « Slippery Slope » à l’électronique folle de « B.W.O.J », le duo franco-finlandais célèbre une brillante messe noire, à la fois brute et délicate.

Deuxième album sur lequel les ex-n°1 du top album devaient confirmer leur identité musicale. Indépendante, libre et créative. Une philosophie d’ailleurs assumée par la voix féminine du groupe : On a compris que the « Both Ways Open Jaws » ne serait pas non plus forcément un album grand public. Ainsi, « The Dø » s’érige en un modèle, radical, de musique indépendante. Une forteresse autarcique imperméable aux enjeux non créatifs : Personne ne nous impose rien, vraiment, affirme Dan, on est producteurs de nos albums, auteurs, compositeurs, arrangeurs, mixeurs, ingénieurs du son… C’est comme ça qu’on aime faire notre musique. On sait où on veut aller. Il faut se battre pour conserver son intégrité, se battre pour ses idées : personne ne les aura à notre place. C’est important de pouvoir affirmer que notre musique, c’est ça, que nos visuels, c’est ça, et qu’on emmerde ceux qui ne sont pas d’accord ou qui t’expliquent que ‘c’est pas possible’. Le risque qu’on a pris pour le premier album, on l’a aussi pris pour le second.

Au sein de l’écurie franco-finlandaise, on l’aura compris, On n’aime pas le luxe, on aime se mettre en danger. Et ça s’entend ! Un pari gagné qui résonne sur les sillons d’un album versatile où le genre pop se réinvente titre après titre. Armé d’une formidable patte mélodique et d’une voix d’acrobate, les morceaux accrochent les mêmes neurones à plaisir que sur « A Mouthful ». Plus sombre et plus instrumental que l’album précédent, « Both Ways Open Jaws » se métamorphose en une authentique machine à spleen qui touche invariablement son public. 

Gros bémol, cette musique de caractère (scandinave) offrant de magnifiques atmosphères oniriques présentées sur l’Ep constitue malheureusement la structure centrale de cet l’album (voir chronique de l’Ep : http://www.musiczine.net/fr/chroniques/the-d-/dust-it-off-ep/). Trois titres catchy décorés de mélodies rêveuses qui n’accrochent que trop rarement les oreilles de l’auditeur. Il paraît évident qu’on ne peut exiger de telles prouesses à aucun groupe. Reste, néanmoins, l’amère impression que « Both Ways Open Jaws » souffre d’un ‘extended play’ presque parfait. Quelques essoufflements s’entendent d’ailleurs sur « Leo Leo » et « Moon Mermaids ». Cependant, la qualité des arrangements audacieux (« Slippery Slope »), cinématographiques (« The Wicked & The Blind »), veloutés (« Was It A Dream ») de Dan Levy viennent systématiquement densifier les chansonnettes maléfiques de Madame ø. Ouvrez les oreilles ou écoutez-les au casque, les artifices de production sont remarquables. 

Malgré quelques phases de sommeil profond, « Both Ways Open Jaws » n’en demeure pas moins un album splendide. Une œuvre originale qui s’amuse à pénétrer les interstices de vos rêves les plus sombres. Cauchemar ou réalité ? Plaisir coupable ? Olivia et Dan n’épargneront aucune âme sensible !

The dø, sous la forme d’un sextet (multi-instrumentistes aux cordes, aux cuivres et aux claviers), se produira à Bruxelles le 7 avril sur les planches de l’Orangerie (Botanique). Concert complet !

mardi, 15 mars 2011 15:53

En attendant le stock des Strokes !

Ecoutez gratuitement le quatrième et nouvel album des Strokes dans son intégralité.

En effet, le quintet garage rock américain vous invite généreusement à découvrir la totalité des titres de « Angles » sur leur site officiel : http://www.thestrokes.com ! Quant aux impatients de l’objet CD, il leur reste à contempler  le compte à rebours qui surplombe le site. Courage, plus que 6 jours, 14 heures, 39 jours et 23 secondes !

 

mercredi, 02 mars 2011 19:15

Dust It Off (Ep)

« Dust It Off » : le couple franco-finlandais nous surprend d’un somptueux trois titres !

Souvenez-vous ! 2008, « The dø » (d = Dan Levy et ø = Olivia Merilahti) met la France pop-rock à genoux et impose rapidement son premier album dans les charts. Dès la première semaine de sortie, « A mouthful » se classe en tête des ventes dans l’Hexagone (premier groupe français à atteindre cette position). Un buzz médiatique porté par le single « On My Shoulders » qui rencontre la gloire grâce à sa participation sonore lors de la campagne  publicitaire d’une marque de papeterie (les cahiers Oxford, pour ne pas les citer). 

150 000 albums plus tard, les ex-n°1 du top album devaient confirmer le succès public et critique de leur premier opus.

Un an de vie d’ermite, cloisonnés dans leur studio de la banlieue parisienne, a suffi pour nous surprendre. Seul mot d’ordre avant la conception de cette délicieuse galette ‘on fait ce qu’on veut… un saut dans l’inconnu’, explique ø.

Un tandem inventif qui joue sans entraves, invente, surprend, se trouve et s’égare. Lui, compositeur de film, dessine la structure et pose le cadre de chaque chanson. Esquisse qu’il dore de son talent de multi-instrumentiste et d’arrangeur. Elle, plume bilingue, écrit et chante, d’une voix féérique et cristalline, en anglais ou en finnois. Pluriels, multiples et en quête perpétuelle, le duo franco-finlandais propose un Ep riche en sons. Tout en contrastes, en nuances, mais sans paradoxe.

Dès la première piste, le temps se fige. Statique, lunaire, « Dust It Off » se grise d’un hypnotique Wurtlitzer et d’une voix méthodiquement maladroite. Il nous plonge dans un univers onirique limpide. Yeux fermés, l’imagerie sonique évoque les non lieux de l’enfance ; ceux qui seraient habités de l’envol sombre de papillons noirs. Un break et quelques secousses électro plus tard, le ciel se dégage. Les mélodies, jusqu’alors éclairées à la bougie, s’éclaboussent soudain de lumières et subliment les forêts noires du Nord de l’Europe. Une rêverie de 3’36. Majestueuse !

Transition brutale en compagnie des tambours tribaux et des séquences électroniques du single « Slippery Dope ». Une pop sous influence groove et musique folklorique scandinave qui, tendez l’oreille, regorge d’arrangements fins et subtils. Un bric-à-brac sonore mêlant claviers, vibraphone et percussions d’ustensiles de cuisine (…) à la voix déstructurée d’Olivia Merilahti.

« Too Insistent » soigne le répertoire et clôture les débats d’une fine galette attractive. Une pop triste, discrète et légère aux timbres oscillant entre Björk (influence omniprésente sur l’album) et Suzanne Vega. Morceau restant sous la haute surveillance des arrangements de Dan Levy, nerf central de la formation.

La scie mélodique du mois nous offre un album accessible et pointu qui devrait toucher un large public. Quoi qu’il en soit, « Dust It Off » demeure une excellente entrée en matière avant d’attaquer le très attendu deuxième long-playing (« Both Ways Open Jaws ») dont la date de sortie est prévue pour le 7 mars prochain.   

Le premier single issu du projet « Dust It Off » est d’ailleurs disponible sur le site du label du groupe : http://www.cinq7.com/fr/

« The dø », sous la forme d’un sextet (multi-instrumentistes aux cordes, aux cuivres et aux claviers), se produira à Bruxelles le 7 avril sur les planches de l’Orangerie (Botanique). Concert complet !

 

Trois albums et trois concerts à l’Ancienne Belgique. Manifestement, le quatuor californien aime se frotter aux griffes aiguisées du public belge. Public qui devait délibérer sur le très controversé « Mine Is Yours », sorti le 25 janvier dernier. Une réalisation lisse en perte constante de puissance qui aurait perdu tout désir de s’énerver. La maturité et l’expérience ne sont pas forcément un gage de qualité artistique. Ainsi, à l’écoute de leur dernier long playing, les Kids donnent l’impression d’avoir franchi trop vite le cap de l’adulte modéré. Finie la guerre froide, le temps est venu de fouler sereinement les plages chaudes de Long Beach. Evoluant vers un style plus grand public, privilégiant des mélodies moins abrasives, le quatuor étasunien était vivement attendu par les aficionados. Un virage artistique dangereux que Cold War Kids devait défendre sur scène. Lieu où, généralement, le groupe excelle et ne déçoit que très rarement.

Alors, comment les Californiens se sont-ils débrouillés pour amorcer ce changement de cap ? Une nouvelle orientation où ils auraient pu se perdre à trop vouloir se démarquer de leur identité artistique en proposant un style plus commercial ? Fort heureusement, Nathan Willet est parvenu à limiter les dégâts, grâce à une performance scénique survitaminée. Une folle débauche d’énergie qui va rapidement contaminer la salle. Une course folle entre cour et jardin transportée d’une voix de fausset impressionnante (NDR : surprenante imitation de Donald Duck sous cocaïne !)

Bien rôdée, responsable de transitions parfaites, cette formation ne laisse pas le temps de respirer. Soulignons à cet égard les intros batterie de Matt Aveiro particulièrement réussies. Une machine à musique hyperactive qui nous en ferait presque oublier l’essentiel. 

L’expérience de la scène n’arrive cependant pas à gommer les irrégularités d’une setlist inégale en qualité. Pourtant taillée pour soulever des foules, cette musique n’émeut pas. Les nouvelles compos tissent les lignes d’horizon d’un rock, folk et pop exsangue, sans aspérités. Les solos de guitare se ringardisent et souffrent de banalité. Le set propose un rock moderne occultant tout ancien vestige d’âpreté (« Broken Open », titre ouvertement U2sien). Ou au mieux, reprend ses vieilles recettes en version tamisée (« Royal Blue », « Cold Toes on the Cold Floor »). Les rumeurs de Robbers & Cowards s’étiolent alors et le bruit se vend désormais sous cellophane. 

Malheureusement, on aura l’étrange impression que le concert débute sur le dernier morceau. Moment où Nathan Willet lance les premières notes de l’excellent “We Used To Vacation”. Le spectacle s’éteint sur la première piste du premier album (« Robbers and Cowards ») et, symboliquement, referme ses lourdes portes sur l’ancien monde de Cold War Kids. 

Avant la sortie de « Mine Is Yours », on aurait espéré que les quatre de Long Beach tendent l’oreille vers les profondeurs des Black Keys au lieu de s’échouer sur les rives du poncif. La profondeur aurait certainement sublimé les entrailles de l’Ancienne Belgique ce soir.

N’oublions cependant pas d’épingler la surprenante première partie assurée par Wye Oak. Né dans le Maryland, ce duo guitare-batterie se nourrit principalement de rock indépendant, de folk et de noise. Une fusion délicieuse qui s’inspire du ‘nu-grunge’ et partage les univers sonores de Giant Drag et des Breeders. Un binôme mixte atypique qui a brillé d’originalité dans une soirée décidément trop conventionnelle. Andy Stack (batterie-clavier) et Jenn Wasner (chant-guitare), deux noms à retenir.  

(Organisation Ancienne Belgique)

 

Ce jeudi 20 janvier, l’AB Club nous proposait le quatrième volet des Norway Now. Deux musiciens, trois concerts venus nous dévoiler toute l’étendue de la musique électronique norvégienne. Un avant-gardisme scandinave fièrement représenté par Lasse Marhaug –aka Jazmaker– et Maja Solveig Kjelstrup Ratkje, plus simplement appelée Maja Ratkje. 

Ces deux artistes polyvalents jouissent d’une excellente réputation dans leur pays d’origine.             Maître incontesté de la scène noise, Lasse Marhaug a d’ailleurs classé son troisième opus, « Shape Of Rock », 19ème meilleur album de l’histoire de Norvège. Un nom associé à plus de 200 productions internationales. On retiendra notamment les mises en forme opérées pour Sunn O))), Carlos Giffoni, Alan Courtis et son modèle absolu, le Japonais Merzbow.  

Quant à Maja Ratkje, ses créations et réalisations musicales pour le cinéma, les concerts, le théâtre, la danse… sont planétairement saluées. Un travail souligné par le magazine musical Paris Transatlantic. Très à la pointe dans l’univers artistique, il a décrit celui de Maja comme ‘Somewhere between Diamanda Galas and Joanna Newsom’. Pour Newsom la comparaison n’est pas frappante ; en revanche, chez Galas, les similitudes sont nombreuses. Un mimétisme stylistique et musical attristé d’une même vision sombre du monde. Bref, une compositrice/interprète hors norme célèbre pour sa voix phénoménale. Une femme défiant les lois de la musique et dont la voix épouserait tantôt l’harmonie angélique de Björk et, à d’autres moments, grouinerait comme un cochon possédé.

Quand les deux acteurs se réunissent, on assiste à l’éclosion de sons incroyablement étranges et fracturés aux samplings chaotiques. Exposition d’une musique bruitiste et hautement expérimentale qui traverse les champs brumeux du glitch. Trois sets de 40 minutes brouillant les lignes de clivage entre bruit et musique, mélodie et rythme, audible et inaudible.

Un concert caractérisé par sa dissonance et par l’importance accordée à l'expérimentation. Une agression sonore visant à montrer les aspects les plus négatifs et lugubres du monde contemporain.

A travers un electro-dark faussement déstructuré, le binôme scandinave nous offre finalement une expérience artistique de haut vol. Un espace de création transformé en grenier à sons où il fait bon chiner de nouvelles sonorités.

Malgré la popularité dont il jouit en Allemagne, en Suède et aux  États-Unis, ce genre musical non commercial n’en demeure pas moins un phénomène hermétique réservé à une élite capricieuse. La pauvre assistance parsemée de l’AB Club ce soir en est le meilleur témoin.

Lasse Marhaug and Maja Ratkje

mercredi, 05 janvier 2011 23:12

Pan!:::Volume 1

A vos agendas ! Ne manquez pas le raz-de-marée surréaliste du label liégeois Freaksville. Phénomène surnaturel qui se produira le 19 janvier prochain sur les planches du Botanique à Bruxelles (http://www.botanique.be ). Une foire aux monstres rock venue habiter les antres de la Rotonde. Lieu élu par le shaman Benjamin Schoos (aka Miam Monster Miam) pour présenter son bric-à-brac underground et, par la même occasion, fêter les 5 ans du jeune label belge. La présence de Laetitia Sadier (chanteuse de Stereolab) viendra couronner cette soirée. ‘Freaksville Record Night 2011’, une expérience dont on ne peut guère espérer sortir totalement vivant.

Instant également choisi pour dévoiler les facettes facétieuses du kaléidoscope « Pan ! Volume 1 » sorti le 20 septembre 2010.

Ce 13 titres est destiné aux amateurs d’humour noir et de rock résolument méchant. Une esthétisation de l’absurde mise en son par des artistes venus de tout horizon musical (rock, punk, blues, pop, chanson française, électro…) et géographique (Belgique, France, Angleterre…) Des univers lointains qui s’accrochent et se rapprochent dangereusement dans le monde androïde de Freaksville. Sans convention, sans prétention, le collectif crache gaiement sur les codes et le formatage. 

Un matériau corrosif ‘Made In Belgium’ réunissant les habitués du label (Ufo Goes Ufa, Miam Monster Miam et ses Loved Drones, Lio et Jacques Duvall) et la nouvelle vague rageuse (Anger !, Lynda Wunderbar et Rockhausen). Le riche collectif croise le fer avec le culte et l’atypique et dérègle la fragile mécanique de l’âme. C’est ainsi que les présences toxiques de Marie France (NDR : premier 45 tours punk français jamais réédité), Captain Kirk, Osaka Airline et Patrick Eudeline viennent porter le coup final à l’improbable.   

Bref, un rock crasseux et dansant où s’allieraient le bon, le brut et le méchant !

 

mercredi, 05 janvier 2011 23:08

The Great War

Né d’un père mélomane –chef de chœur du Scottish National Orchestra et directeur musical du Los Angeles Master Choral– Justin Currie a tout naturellement tiré parti de son héritage musical pour créer son propre univers mélodique.

Un songwriter jusqu’alors méconnu qui est subitement projeté sous les feux des projecteurs en 2006, un an avant la sortie de son premier elpee (« What Is Love For »). Année où il assure les premières parties de la tournée ‘Hôtel Café’ de Tom McRae. Artiste en compagnie duquel il partage un même univers pop-rock. Deux frères de larmes qui dessinent des mélodies romantiques contrariées, touchées d’un profond sentiment de sincérité (« The Fight To Be Human »). 

Malgré quelques nuances soft country-rock (« A Man With Nothing To Do »), quelques rythmes racés nourris aux guitares sales et ‘rauques’ dont le parcours empiète timidement sur les territoires des Bad Seeds (« Ready To Be ») et quelques influences héritées du conservatisme acoustique d’Elvis Costello, le rock de Currie surfe néanmoins sur des vagues d’une navrante banalité. En fait, il nous sert une sauce sonique peu relevée dont les ingrédients classiques ne surprennent guère le mélomane. Un rock standardisé qui ne propose rien de nouveau.

La vraie force de ce deuxième album procède essentiellement de ses textes. Une bulle autocritique au sein de laquelle le songwriter écossais se distingue par sa plume authentique et intelligente. D’ailleurs son écriture lucide verse volontiers dans l’humour caustique et l’autodérision.

Gargarisé de paroles fines et sophistiquées, « The Great War » adopte alors un profil artisanal old-school ; mais les mélodies ne parviennent jamais à le transcender. Un onze titres qui souffre cruellement de banalité et tombe trop facilement dans la mélodie facile (NDR : « You’ll Always Walk Alone » pourrait facilement relever du répertoire de Brian Adams). Seuls « The Fight To Be Human » et « Everyone I Love » parviennent à s’extraire de cette torpeur insipide. 

Bref, rien d’exceptionnel sur la planète rock. Plutôt un doux cadeau de Noël qui ne risque pas d’effrayer les enfants.  

 

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