L’esprit infini de LUX the band…

Après la sortie de second elpee, "Gravity" (décembre 2022), et de l'Ep "Before Night Falls - The Black Box Sessions" (digital janvier 2024), le quatuor LUX the Band (Angela Randal et Sylvain Laforge accompagnés de Julien Boisseau et Amaury Blanchard) est de…

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Tout le plaisir est pour THUS LOVE…

Le second elpee de THUS LOVE, « All Pleasure », paraîtra ce 1er novembre 2024. En attendant il a partagé son premier single « Birthday Song », une compo glam grungy qui ouvre une nouvelle ère avec une certaine audace. Le chanteur/guitariste Echo Mars raconte…

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Eric Ferrante

Eric Ferrante

lundi, 13 décembre 2010 01:00

Une belle musique à remonter le temps…

Un vieux fauteuil. Quelques lampes vintage. Des fleurs, des fleurs, encore des fleurs.  Illuminées. Des fleurs qui s’inscrivent sur un wallpaper 70’s planté de cadres rétros. Un décor home qui plonge les yeux du spectateur dans le monde intime de Julia et Angus. Un communautarisme hippie qui vous invite à la maison. Un spectacle privilège qui vous convie, confortablement assis sur les sièges de l’AB, à une session ‘privée’ (sold out !) des frères et sœurs australiens. En guise de carton d’invitation, un ‘We love you !’ lancé aux oreilles qui veulent l’entendre.

Intimisme. Un mot conforme à l’atmosphère et au style folk-rock des six musiciens présents ce soir sur les planches de l’Ancienne Belgique. Deux voix exceptionnelles, celles d’Angus & Julia Stone, capables de meubler une salle à elles seules de leurs tessitures sans cesse à la limite de la rupture. Parfois déchirées, parfois veloutées, elles s’harmonisent tendrement sur un fond de guitare et de cordes lointaines… Le bateau à la dérive ne s’échoue jamais. Sans cesse protégé par les souffles en écho des deux frangins. Une alternance vocale sublimant des mélodies instables qui longent les côtes de Fleetwood Mac et Joanna Newson. Quelques chansons faciles magnifiées d’un duo guitare/voix complémentaire qui déchire nos émotions et frappe nos cœurs de sérénité. Une tempête calme où la voix dominante donne le ton et propulse les mélodies au second plan. Et, fort heureusement, les paroles hippies ‘cliché’ aussi. Un groupe qui joue la carte de l’émotion et arrive à la faire vibrer. Sans grande musique, sans grandes lettres. Simplement, les Stones architecturent une belle musique à remonter le temps qui balade nos mémoires dans les profondeurs abyssales de nos souvenirs. Elle flatte l’âme, la réconforte.               

Les mélodies fragiles s’enchaînent et alternent. Tandis que Julia chante « For You » et rentre dans une tendre communion avec le public, Angus, d’un ton contrasté stoner, dénote et nous balance un « Yellow Brick Road » angoissé. Titre où le chanteur expose le timbre d’Al Stewart sous les coups de guitare staccato de Neil Young voire Tom Verlaine. Une chanson pour elle, une chanson pour lui. Elles dissemblent et se rassemblent. Naturellement. 

Un anti-folk australien de bonne facture qui ne joue jamais trop haut ni jamais trop bas.  

(Organisation AB)

 

mardi, 14 décembre 2010 01:00

Grandchildren of the Revolution

Broken Glass Heroes: une nouvelle révolution sur la planète rock belge ? Pas exactement.

Une musique qui n’invente rien mais recycle. Un hommage aux golden sixties rendu par deux pointures de la scène pop-rock : Tim Vanhamel et Pascal Deweze. Ces deux artistes prolifiques se renouvellent sans cesse et multiplient une quantité invraisemblable de projets qui tiennent la route. Souvenez-vous. Le premier, ex-membre d’Evil Superstar et de dEUS, se lance dans une carrière solo et fonde rapidement Millionaire. Artiste hyperactif, il fricote également en compagnie d’Eagles Of Death Metal et se rend coupable de deux side-projects jubilatoires : Eat Lions et le déjanté Disco Drunkards (NDR : projet dont on attend le retour impatiemment !) Quant au second, Pascale Deweze, il a activement contribué au succès de Metal Molly et de Mitsoobishy Jackson avant de poser ses valises au sein de l’écurie Sukilove. Deux touche-à-tout de talent aux parcours professionnels impressionnants !

A travers « Grandchidren of the Revolution », les deux musiciens anversois réalisent un véritable travail d’historien du rock et poursuivent leur collaboration pour concocter un premier disque rendant hommage aux années 60/70. Un elpee qui devrait vraisemblablement plaire à l’auditoire de Classic 21. Un flot de compositions personnelles mettant à l’honneur des formations légendaires telles que The Beach Boys, The Left Banke, The Kings, The Beatles… Ou l’impression subite d’assister à une relecture de Johny Cash (« It won’t be much longer ») et des Zombies (« I don’t deserve this feeling »).

Globalement, c’est l’ombre de Brian Wilson qui laisse l’empreinte la plus marquée sur la plaquette. Un matériau resté trop longtemps exposé au soleil californien qui fourmille  d’arrangements musicaux et d’harmonies vocales respirant le surf rock des Beach Boys. Citons, par exemple, les très inspirés « Poor little rich girl » et « Let’s not fall apart » qui soufflent cette insouciance sonique propre aux années soixante.

Les titres psyché-rock (« U becomes U ») et rock garage (« I don’t need a woman ») s’avèrent cependant les plus réussis. Pistes sur lesquelles on peut tout particulièrement contempler le talent artistique des deux musiciens.

Grosse ombre au tableau, « Grandchildren of the Revolution » verse parfois dans la caricature grossière, la parodie. Prenez un bon vieux classique N&B du cinéma US et passez-le à la moulinette du Technicolor. Imaginez ‘Psychose’ d’Hitchcock en couleur. Le résultat ? Un pâle ersatz qui souffre de la disparition de son âme originelle et perd logiquement de son authenticité.

Un long playing découpé en 15 pistes (NDR : attention morceau caché !) qui devrait néanmoins ravir les nostalgiques du genre.   

 

Foalsty cent ! Yannis Philippakis, leader du groupe anglais, ne dément pas l’information. Il la confirme. Une possible collaboration entre les deux artistes sur le troisième long playing de Foals serait donc plus que probable. Après diverses collaborations artistiques avec Britney Spears, Justin Timberlake, Madonna, Snoop Dogg, Gwen Stefani, Jay-Z…, Pharrell Williams, star du hip-hop made in USA, aurait décidé de s’attaquer au pop-rock des cinq d’Oxford.

Yannis Philippakis s’explique : ‘Nous écoutons beaucoup de hip-hop et notre dernier single « Miami » avait un ton assez hip-hop. Nous adorerions entrer en studio avec Pharrell pour qu’il nous produise [quelques morceaux]. Nous éviterons toutefois un caméo, puis qu’inviter des rappeurs sur les chansons est assez délicat’.



Une future fusion math-rock/hip-hop !!?? Ou un changement de direction artistique pour Foals ? Affaire à suivre…

mardi, 30 novembre 2010 01:00

Un homme et une femme…

A la suite d’un accident, Wallis Bird a perdu partiellement l’usage de la main gauche. Née gauchère, elle a néanmoins continué à jouer de la guitare. Par la force des choses, la jeune Irlandaise exilée à Londres est donc contrainte d’utiliser une gratte de droitier dont les cordes sont naturellement inversées. Singularité coupable d’un jeu peu conventionnel. 

La rage de vaincre, particulièrement palpable en concert, n’échappe pas à la presse nationale. Les critiques dithyrambiques pleuvent (The Guardian, Daily Express, The Sun…) et qualifient rapidement la jeune britannique, âgée de 26 ans, de ‘future star nationale’. Illustration du sentiment de bravoure suscité par l’artiste ou opinion axée exclusivement sur la qualité intrinsèque de sa musique ? Seul le charme cosy du Witloof bar pouvait nous apporter la réponse.

Véritable phénomène anglo-saxon, Wallis Bird décide d’exporter ses mélodies vers le Continent. Quelques bulles sonores soufflées d’une voix chaude et puissante. Un son rock et un groove énergique qui explorent généreusement la musique folklorique, le blues et le funk. Très dynamique, l’auteur-compositeur-interprète foule inlassablement les planches avec l’énergie et l’enthousiasme de l’enfance. Un monde rose alternant ballades douces, acoustiques (« Travelling Bird ») et rock plus excité (« To My Bones »). Bref, une musique adolescente qui ne craint pas la naïveté et frise l’insignifiance.

Un set frais, léger, rythmé mais cruellement anodin. Sans la moindre aspérité. Un moment agréable qui se déguste Guinness chaude à la main. Sans réfléchir. La musique n’a-t-elle pas la prétention unique de divertir ? Wallis Bird  l’a bien compris et nous offre un moment d’insouciance. Un rafraîchissement sans gueule de bois. Une bande-son idéale pour la  campagne publicitaire d’un tour-operator irlandais. Un vol musical ‘low cost’ offrant un city trip imaginaire qui inviterait l’auditeur à pousser toutes les portes des pubs d’Irlande.

Tableau d’une adolescence qui peine à entrer dans le monde adulte et préfère se réfugier dans l’univers invariablement innocent de « LaLa Land ». Un titre funky aux paroles ingénues: ‘The world will love you // Elephants of memory // An alphabet of chemistry // All of these things have made me // Roscoe and Beenie, laughter and no TV// I've got punch lines and feisty cars // And tons and tons of love…’ Wallis Bird le crie d’ailleurs haut et fort : ‘Just because I’m wearin’ a dress doesn’t mean I’m a lady now’. Quant à « All For You », il se farde d’un poignant sentimentalisme digne des plus mauvais épisodes de ‘Plus Belle La Vie’.   

Trêve de paraphrases ! Les ambiances Wallis Bird, on les aime ou pas. Tout simplement. Pas de défaut particulier. Ni qualité particulière. Aucun sujet à critique. Seulement une soirée sous le signe de la sincérité et de la compassion réservée à un public cible.

La vraie sensation de la soirée viendra du support act brillamment assuré par les Bruxellois d’I’m Big In Japan. Un homme : Didier Van Wambeke (chant-guitare). Une femme : Ingrid Van Wambeke (claviers). Pourtant, la musique n’a pas été écrite par Francis Lai (NDLR : souvenez-vous du film de Claude Lelouch, projeté sur les écrans en 1966), mais bien par un duo frère-sœur qui nous régale d’une expression sonore ingénieusement minimaliste. Une peinture syncrétique teintée de pop, de post-rock et surtout de néo folk dont les traits délicatement esquissés relèvent manifestement de la culture européenne. Une voix et une guitare surfant aisément sur de nouvelles vagues du style, incarnées par des groupes comme Musée Mécanique ou encore Junip. Un clavier Nord Stage et un micro Korg tissent des textures de musique électronique minimale et ambient (The Album Leaf, Perfume Genius…) Une atmosphère délicate maîtrisée par une claviériste de formation classique qui donne de l’âme aux compos. L’ensemble reste néanmoins sous la haute surveillance de Tom Waits qui sommeille en filigrane.

Ce binôme surprenant dispense donc ce folk-pop moderne subtil et élégant. Une harmonie fraternelle qui se lie de mélodies intimes aux arrangements luxuriants. Sous cette nouvelle configuration, deux concerts ont donc suffi. Une formation belge en perpétuelle mutation à suivre de près, de très près.  

Testez rapidement l’expérience I’m Big In Japan : le duo bruxellois se produira sur les planches du Belvédère à Namur ce 29 janvier 2011 (http://www.belvedere-namur.be/event/25-carte-blanche-olivier-bourgi.php ).

Le groupe entrera en studio cet été pour la réalisation d’un deuxième Ep. Un disque qui sortira sur leur propre label : ‘Club House Records’.  

A la suite d’un accident, « Wallis Bird » a perdu partiellement l’usage de la main gauche. Née gauchère, elle a néanmoins continué à jouer de la guitare. Par la force des choses, la jeune Irlandaise exilée à Londres est donc contrainte d’utiliser une gratte de droitier dont les cordes sont naturellement inversées. Singularité coupable d’un jeu peu conventionnel. 

La rage de vaincre, particulièrement palpable en concert, n’échappe pas à la presse nationale. Les critiques dithyrambiques pleuvent (The Guardian, Daily Express, The Sun…) et gratifient rapidement la jeune britannique de 26 ans de ‘future star nationale’. Illustration du sentiment de bravoure suscité par l’artiste ou opinion axée exclusivement sur la qualité intrinsèque de sa musique ? Seul le charme cosy du Witloof bar pouvait nous apporter la réponse.

Véritable phénomène anglo-saxon, Wallis Bird décide d’exporter ses mélodies folk vers le Continent. Quelques bulles sonores soufflées d’une voix chaude et puissante. Un son rock et un groove énergique qui explorent généreusement la musique folklorique, le blues et le funk. Très dynamique, l’auteur-compositeur-interprète foule inlassablement les planches avec l’énergie et l’enthousiasme de l’enfance. Un monde rose alternant ballades soft-folk (« Travelling Bird ») et rock plus excité (« To My Bones »). Bref, une musique adolescente qui ne craint pas la naïveté et frise l’insignifiance.

Un set frais, léger, rythmé mais cruellement anodin. Sans la moindre aspérité. Un moment agréable qui se déguste Guinness chaude à la main. Sans réfléchir. La musique n’a-t-elle pas la prétention unique de divertir ? Wallis Bird  l’a bien compris et nous offre un moment d’insouciance. Un rafraîchissement sans gueule de bois. Une bande-son idéale pour la  campagne publicitaire d’un tour-operator irlandais. Un vol musical ‘low cost’ offrant un city trip imaginaire qui inviterait l’auditeur à pousser toutes les portes des pubs d’Irlande.

Tableau d’une adolescence qui peine à entrer dans le monde adulte et préfère se réfugier dans l’univers invariablement innocent de « LaLa Land ». Un titre funky aux paroles ingénues: ‘The world will love you // Elephants of memory // An alphabet of chemistry // All of these things have made me // Roscoe and Beenie, laughter and no TV// I've got punch lines and feisty cars // And tons and tons of love…’ Wallis Bird le crie d’ailleurs haut et fort : ‘Just because I’m wearin’ a dress doesn’t mean I’m a lady now’. Quant à « All For You », il se farde d’un poignant sentimentalisme digne des plus mauvais épisodes de ‘Plus Belle La Vie’.   

Trêve de paraphrases ! Les ambiances Wallis Bird, on les aime ou pas. Tout simplement. Pas de défaut particulier. Ni qualité particulière. Aucun sujet à critique. Seulement une soirée sous le signe de la sincérité et de la compassion réservée à un public cible.

La vraie sensation de la soirée viendra du support act brillamment assuré par les Bruxellois d’I’m Big In Japan. Un homme : Didier Van Wambeke (chant-guitare). Une femme : Ingrid Van Wambeke (claviers). Pourtant, la musique n’a pas été écrite par Francis Lai (NDLR : souvenez-vous du film de Claude Lelouch, projeté sur les écrans en 1966), mais bien par un duo frère-sœur qui nous régale d’une expression sonore ingénieusement minimaliste. Une peinture syncrétique teintée de pop, de post-rock et surtout de néo folk dont les traits délicatement esquissés relèvent manifestement de la culture européenne. Une voix et une guitare surfant aisément sur de nouvelles vagues du style, incarnées par des groupes comme Musée Mécanique ou encore Junip. Un clavier Nord Stage et un micro Korg tissent des textures de musique électronique minimale et ambient (The Album Leaf, Perfume Genius…) Une atmosphère délicate maîtrisée par une claviériste de formation classique qui donne de l’âme aux compos. L’ensemble reste néanmoins sous la haute surveillance de Tom Waits qui sommeille en filigrane.

Un binôme surprenant qui distille un folk-pop moderne subtil et élégant. Une harmonie fraternelle qui se lie de mélodies intimes aux arrangements luxuriants. Sous cette nouvelle configuration, deux concerts auront suffi. Une formation belge en perpétuelle mutation à suivre de près, de très près. 

(Organisation Botanique)




 

lundi, 29 novembre 2010 01:00

La communion par la musique

Invariablement pieds nus, Xavier Rudd foule inlassablement les planches des festivals world internationaux les plus célèbres. Au fil du temps, le globe-trotter australien apparaît naturellement comme l’une des personnalités les plus excentriques de la scène world.

Multi-instrumentiste surdoué, ce jeune fou de 32 ans, expert en didgeridoo, manie plus de dix instruments et use de son expérience acquise lors de ses nombreux voyages pour tisser une musique intense et universelle. Il fait du monde sa maison. Un lieu peuplé de sons, de visages et de paysages où il cultive une pluri-culturalité sonore unique. Mêlant musique traditionnelle aborigène et instruments classiques (guitare, batterie, harmonica…), il tisse chaleureusement des ponts entre les continents. Son sixième et dernier opus, présenté ce soir à l’Ancienne Belgique, met d’ailleurs l’Afrique du Sud à l’honneur. Tout au long de « Koonyum Sun », « Xavier Rudd » décide de revenir aux sources de sa musique et de s’éloigner du puissant et décalé « Dark Shades Of Blue ». Un retour en grande pompe qui bénéficie des lumières de Tio Moloantoa (basse) et Andile Nqubezelo (batterie). Deux musiciens sud-africains de légende (ex-membres de Lucky Dube). Un album world exceptionnel sillonné de reggae, dub, blues et folk déjà restitué lors d’un concert inoubliable accordé sur la scène de l’Ancienne Belgique au mois de février dernier.

20h50, les étendards sont dressés. Côté jardin, le drapeau aborigène d’Australie. Côté cour, celui de l’Afrique du Sud. Le ton roots est donné. Les couleurs de « Koonyum Sun » visuellement symbolisées.

Seul, tout d’abord, Xavier Rudd expose toute l’ampleur de son talent. Un début instrumental, assis, qui distille des fluides musicaux proches de l’expérience chamanique. Une transe habillée de trois didgeridoo et d’une batterie qui affronte le temps et fige l’espace. Je répète : seul et simultanément. Impressionnant ! De morceau en morceau, le ‘one-man band’ jongle d’un instrument à l’autre (didge, drums, guitare, harmonica…) et les manie avec une aisance déroutante. Le ‘Yirdaki’ abandonne alors subitement la batterie pour la guitare Weissenborn et l’harmonica. Façon Ben Harper, il gratte et souffle le chaud. Sa dextérité déconcertante irradie la salle d’une atmosphère énigmatique et agréablement crispante. Un premier acte qui impose le respect face à tant de talent et nous laisse sans mots. L’accueil tambourinant du public en sera juge.

Changement de cap subit pour le deuxième acte. Le théâtre du monde s’enrichit des deux musiciens sud-africains d’Izintaba. L’atmosphère change. La dimension artistique prend de l’ampleur. Musiques des Caraïbes, world, rock, reggae, dub… viennent habiter les lieux. Une musique reflétant la passion de l’artiste nomade pour le mélange des cultures. Mixité merveilleusement exécutée ce soir par le trio intercontinental. Un savoureux mélange qui ravit un homme qui aime s’inspirer et défendre toute minorité ethnique. Et, plus particulièrement, la sienne, la culture aborigène.

Artiste profondément humain et généreux, Xavier Rudd a, ce soir encore, atteint son objectif : communier en musique face à un public surchauffé, dansant et visiblement heureux.

Xavier Rudd et Inzintaba, un trio qui réchauffe l’âme et le corps à l’orée d’un hiver bruxellois froid et sombre.  

(Organisation Ancienne Belgique)

 

 

samedi, 27 novembre 2010 01:00

L’esthétisme du flou sonore…

Armé de deux albums, Foals, nouvelle sensation 2010 de la scène pop-rock britannique, était venu défendre ses couleurs sur les planches de l'Orangerie. Un premier elpee paru en 2008 qui nous avait fait une forte impression : "Antidotes". Et un second, "Total Life Forever", né d'influences aussi riches qu'énigmatiques. Ce dernier ouvrage subtilement mis en abîme par l'excellent single "Spanish Sahara" bénéficiait néanmoins de l'étroite surveillance de la critique. Une critique divisée et particulièrement attentive aux remous sonores provoqués outre-Manche.  

En effet, l'excellence à laquelle la scène anglaise nous avait traditionnellement habitués brille depuis quelques années par son absence. Une vacuité artistique qui incite à crier prématurément au génie. Car on ne nous offre que trop rarement des groupes de talent à entendre. Foals serait-il l'exception ou simplement un produit de consommation rapide qui viendrait s'échouer sur notre discothèque ? Un de plus ? Les avis divergent. La scène, lieu idéal offert aux cinq d'Oxford pour faire définitivement taire les rumeurs. 

Quelques secondes suffisent pour étourdir les oreilles les plus exigeantes. Pas le temps de respirer, de penser. "Blue Blood" transpire à peine et nous entraîne machinalement vers les profondeurs abyssales de l'univers magique de "Foals". La formation sue de créativité. Successivement, elle redessine ses titres. Fausse improvisation qui surprend de matériaux sonores décomposés, de riffs déstructurés, de mélodies rompues... Une maîtrise technique qui force naturellement le respect.

Un set largement sous influence eighties qui embrasse perpétuellement l'âme de Talking Heads. Un nouveau cru ‘Foals’ qui tente néanmoins de s'éloigner du math rock de ses débuts. Mais sans jamais vraiment y parvenir. Les non-tubes s'enchaînent 'mathématiquement'. L'intro de "This Orient" les rappelle d'ailleurs aux sources. Pourtant, les élans de gratte sont moins fréquents, la voix de Yannis Philippakis moins agressive. Et, paradoxalement, les compos plus élaborées, plus fluides que par le passé.

Globalement, les musiciens usent de rythmes hyperkinétiques, de mélodies nerveuses, de riffs angulaires... Un post-rock-punk parfois excité qui pousse le leader à partager les danses transcendantes des spectateurs sur le parterre. Autre facette du groupe, "What Remains" et "Heavy Water" insufflent une mélancolie en lisière de la new-wave. Un tout survolé d'une dimension électronique qui évoquerait doucement l'univers musical d'Efterklang. Quant à "2 trees", il nous plonge dans un climat atmosphérique, mélancolique, réalisant une fusion parfaite entre les trames électro de Durutti Column et l'intensité électrique de Kitchens of Distinction. Un concert construit de strates alambiquées et pas toujours identifiables qui laissent quelquefois un arrière-goût de porridge indigeste. Un brouillon sonore finalement rompu par la grâce hypnotique du tubesque  "Spanish Sahara". Un voyage musical d'une esthétique hallucinante. 

Le groupe crache sur les codes et le formatage. Et c’est tant mieux. Car, finalement, Foals s'expose élégamment aux feux grisants de la grande scène indé-pop britannique. 

(Organisation Botanique) 

 

mercredi, 24 novembre 2010 23:41

Transit Transit

Paru pendant la période des vacances, l’excellent dernier album des Etasuniens d’Autolux est plutôt passé inaperçu. Un dix titres qui mérite pourtant un arrêt sur image.

Fondé en 2000 et rapidement signé en 2001, sous le label DMZ –petite écurie créée par T-Bone Burnett et les frères Coen– Autolux a dû attendre 2004 pour nous illuminer de son premier long playing, « Future Perfect ».

Malgré un accueil élogieux de la critique, le trio de Los Angeles doit encore patienter six longues années avant de pointer le nez sous la forme d’un deuxième opus. Une paresse créative (deux LP et un Ep en dix ans !), un caprice artistique, un défi à la perfection ? Peu importe. Le résultat est stupéfiant. Une pop lo-fi expérimentale subtilement éclectique qui conjugue les genres : dream-pop,  shoegaze, krautrock, électronica, post-punk... « Transit Transit » se caméléonne habilement et superpose des nappes atmosphériques joliment souillées et simplement tortueuses. Une simplicité cachée d’un kaléidoscope aux facettes sonores plus brillantes les unes que les autres. Une diversité de sons dissemblables chantant à l’unisson. Véritable laboratoire musical, la galette allie le limpide et le brouillon, le chaos et l’harmonie. Un pur désordre coagulé d’un bricolage électro intelligemment organisé. Deux voix exsangues et désincarnées viennent porter le coup final. Une œuvre qui ne s’enlise pas dans la fréquente linéarité de la scène indie rock des années 80-90. Bien entendu, les comparaisons vont bon train : Blonde Redhead, Sonic Youth, Can, My Bloody Valentine, Swirlies, Pale Saints… Mais le groupe parvient à conserver une identité unique. Sans se couper de son passé, il innove.

Les plus belles expressions esthétiques ne suscitent-elles pas souvent de la tristesse ? Si tel est le cas, écoutez la première piste et vous tomberez rapidement sous le charme dépressif d’« Autolux ». Un nymphée d’où s’échappe un timbre plaintif qui imprimerait la voix d’un Thom Yorke sous Effexor, une séquence électro lugubre en boucle, des backing vocals venues des contrées les plus tristes d’Islande… D’emblée, « Transit Transit » s’évertue à assouvir vos pulsions les plus morbides.

Globalement, ce dernier long playing made in California explore des ambiances hautement atmosphériques. A grands coups de guitares noisy et de pédales de distorsion, « Census » et « Headless Sky », hybrides entre My Bloody Valentine et Ride, font écho aux grands remous bruyants des côtes du Pacifique.

Autre facette du groupe, les tendres ballades oniriques de « Spots », « The Boucing Wall » et « The Science Of Imaginary Solutions ». Lieux sonores où la caresses des deux voix mixtes (Eugene Goreshter et Carla Azar), le piano domestiqué, la batterie délicate tracent d’étranges voyages imaginaires. Puis, soudainement, changement de cap. La folie confuse ressurgit sur les mélodies alambiquées de « Audience No. 2 ». Un single complet sur lequel l’ancien Autolux rejoint le nouveau. Un tracklisting qui ne s’ennuie jamais. Qui ne vous ennuie jamais.

« Transit Transit », un sadisme sonore hypnotique chaudement recommandé.

 

mercredi, 20 octobre 2010 02:00

Un remake?

Pas d’homonyme ce soir sur les planches du Vooruit. C’est bien à Gand que l’immense acteur (« The Player », « Short-Cuts », « Mystic River »…), réalisateur et scénariste (« Bob Roberts », « Dead Man Walking »…) américain a finalement décidé de poser ses guitares. Une escale surprenante, entre Paris et Londres, au cours de laquelle le grand enfant de 52 ans s’est amusé à réaliser son rêve de gamin : jouer de la musique. Une occasion rêvée pour tout cinéphile fanatique de croiser le comédien sans devoir se farcir la montée des marches à Cannes. Pourtant, l’assistance était peu nombreuse ! Les absents auraient-ils écouté le premier long playing de Tim et son orchestre ? Visiblement, les âmes présentes s’étaient plutôt déplacées pour apercevoir l’acteur oscarisé que pour l’écouter murmurer. Une jonchée de zooms sur le parterre et les éclats incessants des flashs en témoignent amplement.

L’incursion de Tim Robbins dans le monde musical ne bouscule absolument rien. Dans la composition comme dans l’interprétation, le ton général reste neutre. Le charisme naturel sur grand écran s’efface, curieusement, sur scène. La voix est monocorde, les intermèdes introvertis. La prestation nous livre un americana sans aspérité et un country-folk maladroitement rabâchés. Imprégnés, tous deux, d’une profonde nostalgie de la musique américaine en col bleu. Quant aux lyrics, ils évoquent davantage de frêles poésies adolescentes dessinant les contours d’une Amérique paumée. Un folk politique, truffé de clichés, qui nous parlerait des Etats-Unis contemporains. 

Globalement, Tim Robbins and the Rogues Gallery Band vont livrer un set exsangue, paisiblement sous influence. Une influence décuplée. Exercice d’égo où la star du box office prendrait les formes d’un homme juke-box pour chanter ses idoles. Principale victime : Bruce Springsteen. Omniprésent. L’ersatz de la voix du ‘Boss’ voile la majorité des titres (« Book of Josie », « Toledo Girl », « Lightning Calls The Dawn »...) Certes, les idoles qu’il incarne (Steve Earle, Bob Dylan…) ne sont pas particulièrement touchées d’une voix divine ; mais elles brillent cependant par le caractère, la gravité et la chaleur. Malgré le soutien d’une équipe de musiciens d’élite (Kate St John, Leo Abrahams, Roger Eno, Rory McFarlane…), le ‘jeune’ mélomane souffre encore, manifestement, d’une carence de personnalité musicale.

Les sept musiciens se révèlent enfin plus inspirés lors des diverses covers. Instants où le grand cinéaste décide d’affronter les grands noms de la musique. Dès lors, le combo étasunien arpente agilement les chemins tortueux tracés par « All The World Is Green » de Tom Waits, ose une version negro spiritual sur le « If I Should Fall From Grace » de The Pogues et clôture le spectacle par « What A Little Moonlight Can Do » de Billie Holliday. Rien de transcendant en soi mais la sélection de versions audacieuses redonne quelques couleurs à une performance bien trop pâle.  

Epinglons finalement « Folsom Prison Blues ». Une reprise de Johnny Cash dont l’enthousiasme et la passion éclipsent un cadre général décidément trop linéaire et souvent démago. Un morceau qui recèle une introduction lugubre transpercée par une voix déchirée tissant une véritable atmosphère avant de sombrer dans un final rockabilly excité (NDR : moment particulièrement apprécié par de nombreux sexagénaires –et  plus ! – présents dans l’assistance. Ça bouge ! La salle danse, les têtes virevoltent, les hanches se balancent, les genoux tremblent. Ô doux souvenirs de notre enfance !

La maladresse du débutant, la timidité sur scène touchent indéniablement. Le musicien, lui, ne parvient jamais vraiment à convaincre.

Vraisemblablement victime du syndrome d’ubiquité touchant une multitude de personnalités publiques qui pensent que leur talent s’accorde à toute forme artistique, l’acteur américain a  emprunté, trop rapidement, des chemins qu’il ne maîtrise pas encore.

La performance laisse songeur. Et, soudain, nous sommes pris de vertige. Comme devant un miroir dont l’image réfléchie mystérieusement s’inverse, la carrière musicale de Tim Robbins reflète dangereusement celle, cinématographique, de David Bowie.

(Organisation Vooruit) 

 

mardi, 19 octobre 2010 02:00

Frankie Rose and The Outs

Frankie Rose n’est pas exactement une inconnue. Jouissant d’une solide réputation au sein du microcosme brooklynien, la jeune New-Yorkaise exploite le minimalisme de Maureen Tucker et joue de sonorités modernes pour construire sa propre identité musicale. Une présence emblématique qui vient naturellement habiter les cocons de Crystal Stilts, Dum Dum Girls et Vivian Girls. Fers de lance d’une scène indie en effervescence, ces groupes usent de tout matériau pour tisser un univers onirique : un son garage lo-fi, une réverbération additive, une expérience ‘spectorienne’, une esthétique sonore empruntée à Jesus And Mary Chain, un esprit ‘velvetien’… Et, surtout, une solide éthique DIY (NDR : l’étiquette ‘Do It Yourself’ englobe les formations musicales qui assurent la réalisation d’un disque dans son intégralité, de la production au concert). Démarche artistique qui a influencé toute une génération de groupes à travers le monde (NDR : en particulier The Raveonettes). Similitude inquiétante que l’on retrouve d’ailleurs sur « That’s What People Told Me ». Titre dont la ligne de basse et les guitares frôlent incestueusement le « Gone Forever » du groupe danois.

Le premier opus de Frankie Rose and The Outs est éponyme. Et la dream-pop n’a jamais aussi bien porté son nom. Un voyage hautement atmosphérique qui se projette bien au-delà du mur du son. Une traversée épique qui oscille entre rêve et nostalgie. Entre hier et demain. Epoque atemporelle qui ne se borne pas à ressasser les airs sur lesquels vos parents ont perdu leur virginité mais les réinvente. Un non lieu aux paroles énigmatiques : ‘Bordel ! Parfois, je ne sais même pas ce que signifient mes chansons !’  

Lorsque « Candy » et « Girlfriend Island » revisitent les fantomatiques golden-oldies, le battement des pédales de « That’s What People Told Me » nappe le ciel de sons à vous couper le souffle. C’est comme si Cocteau Twins et Shangri-Las étaient montés, ensemble, dans une machine à remonter le temps pour réaliser un elpee fraîchement produit par Phil Spector.

Frankie Rose and the Outs (guitare : Margot Bianca – basse : Caroline Yes – batterie : Kate Ryan) parviennent globalement à ériger de splendides cathédrales de dream-pop sombre. Onze titres totalement voilés de reverb qui transcende le genre et s’enrichit d’une juxtaposition complexe d’influences. Des pistes ornées de claviers éthérés, de grelots frissonnants et de mélodies mélancoliques (« Hollow Life » et « Lullabye For Roads and Miles ») croisent des ballades étrangement désincarnées (« Save Me » et « Memo »). Le quatuor féminin réussit alors à créer une atmosphère aseptisée, une imagerie mentale qui ouvre les portes d’un no man’s land onirique que nulle âme n’habite. 

Un bricolage savant qui passe facilement des symphonies de réverbération de « Little Brown Haired Girls » aux élans garage tordus de « That’s What People Told Me » et « Don’t Tread ». Soulignons, pour finir, l’excellente reprise de « You Can Make Me Feel Bad » d’Arthur Russel.

Un long playing que tout amoureux de musique indépendante peut dégoter dans les bacs depuis le 11 octobre 2010. Aux amateurs du genre, je conseille vivement de se hâter car aucun concert n’est prévu en Belgique pour promotionner ce disque.   

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