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« Répare ou Pas », premier single issu du troisième album de Sages Comme Des Sauvages est un hymne en forme de question. On le répare ou pas ? Face à un monde plein de vices de fabrication et de malfaçons, le duo se demande si ça vaut encore la peine de…

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TORRES perdue dans une salle immense…

TORRES (le nom de scène de l'artiste new-yorkaise Mackenzie Scott) publiera son nouvel elpee, « What an enormous room », ce le 26 janvier 2024. La chanteuse américaine propose également son premier single/vidéo, « Collect ». Parallèlement à cette annonce,…

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Pierre Vangilbergen

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Avec leur nouvel album intitulé "Zero Hour", à paraître le 22 septembre prochain, les Anversois de Diablo Blvd s'apprêtent à opérer une rentrée remarquée sur les planches. Histoire de faire patienter les plus impatient-e-s, le band a dévoilé deux clips vidéos tirés du nouvel LP : "Animal " et "Sing from the Gallows ". 
 
"On a passé quasi un an à écrire et préproduire cet album. L'enregistrement en tant que tel a pris un mois. On savait précisément comment cet album était censé sonner et on a tout mis en oeuvre afin d'insuffler cette ambiance sombre et agressive. Le fait que nous vivions dans une époque troublée, que ce soit au niveau politique, social et économique, a évidemment aussi eu un impact sur le son et les paroles de cet LP. Le passage d'un siècle à l'autre et le début d'un nouveau millénaire annonce généralement de grands changements et de l'agitation. Et quand on regarde ce qui se passe à présent, c'est un peu comme si le monde retenait son souffle avant de faire un saut dans l'inconnu. Ce souffle, c'est précisément la Zero Hour", a indiqué Alex Agnew, le frontmen du groupe. 
 
À noter que suite à la sortie de ce nouvel effort, Diablo BLVD sera en tournée jusqu'à la fin de l'année '17. Une seule date est prévue en Belgique (malheureusement!) mais certes néanmoins symbolique: elle aura lieu le lendemain de la sortie de "Zero Hour", soit le samedi 23 septembre (au Trix, à Anvers).
 
Un évènement à ne pas manquer !
 
Après avoir sorti il y a quelques mois son quatrième album "The Art of Resilience" - un album quelque peu atypique accueillant au chant non pas un mais une kyrielle de chanteurs -, Beyond the Labryrinth l'annonce aujourd'hui : ils ont trouvé leur voix ! Ce sera désormais Dragan Stanley, ancien vocaliste de Midrange,  SubHuman, Divni San et Thunder, qui donnera à présent de la voix au sein du quintette belge de Hard Rock mélodique.
 
À vos agendas : le premier (et unique show de 2017) aura lieu le 23 décembre au PartyMakers de Wondelgem !
 
 
dimanche, 13 août 2017 03:00

Alcatraz 2017 : dimanche 13 août

Tout comme la veille, l’affiche de ce dernier jour de l’Alcatraz Festival va nous réserver son lot de valeurs sûres qui supportent vaillamment le poids des années, mais aussi quelques groupes plus contemporains. L’occasion de montrer par l’exemple ce que certains font de l’héritage laissé par l’âge d’or du Metal ? Ou une opportunité d’attirer un nouveau public ? Quoiqu’il en soit, la nouvelle tombe vers 16h : le festival est sold out en cette journée dominicale. Quelques 25 000 metalheads ont se sont déplacés, soit 10 000 de plus que l’année précédente. Les chiffres ne mentent pas : les organisateurs ont tapé dans le mille.

La météo semble moins maussade que samedi. Les fréquentes averses ont eu raison de l’accessibilité des chemins, transformant la terre battue en boue épaisse. L’affluence est encore maigre en cette fin de matinée et les visages des festivaliers sont marqués par les deux jours précédents, nourris aux décibels, aux précipitations et aux joies du camping. La hardiesse des premières heures laisse la place à l’endurance, une endurance nécessaire avant d’affronter ce dernier acte.

Après avoir traversé la plaine, votre serviteur se plante du côté droit du podium, où Raven s’apprête à clôturer son set. Enième band de ce week-end à jouer du riff sous la bannière de la New Wave of British Heavy Metal, Raven jouit d’une expérience certaine du ‘live’. Et pour cause, il a été fondé en 74 (!). Comme on a pu le constater précédemment, certaines formations explosent et touchent des sommets tandis que d’autres traversent modestement les années, reconnues uniquement par les plus férus de ce style. Les frères Gallagher (eh oui, ça ne s’invente pas…) appartiennent définitivement à cette seconde catégorie. Et ils n’ont pas l’air de s’en plaindre pour autant ! Survoltée sur l’estrade, débordant d’énergie, la fratrie semble prendre son pied face aux quelques aficionados qui ont eu le courage de se lever pour venir les applaudir. Le tube « On and On » clôture cette première prestation de la journée, alors que l’auditoire donne de la voix tout au long du refrain. Mark Gallagher frappe, à plusieurs reprises, le bas de sa guitare sur le plancher ; non pas par énervement mais plutôt comme pour expulser un trop plein de bonne humeur. Se prendre un tel shoot de bonnes vibes heavy en apéritif ; il y a pire pour commencer la journée !

Responsable d’un Ep et d’un seul elpee ‘live’, Carnation est un peu l’exception qui confirme la règle. Et pour cause, il s’agit d’une jeune formation ! Qui pratique un Death Metal lourd, étouffant, mais malheureusement un tantinet répétitif. Il est néanmoins encourageant de remarquer que le quintet anversois met tout en œuvre pour tenter de convaincre les spectateurs, présents plutôt en nombre, sous la tente de la Swamp Stage. Simon Duson, visage peint en rouge et arborant une épaisse chaîne métallique qui forme un ‘X’ sur tout le corps, vide ses tripes. En outre, on sent chez le combo une détermination qui ne peut qu’être chargée de promesses...  

Midi pétante, un autre dinosaure du Rock nous fixe rendez-vous. Evoluant à la croisée des chemins du Hard Rock et du Heavy Metal, UFO (NDR : né en 1969, ce combo londonien est également étiqueté NWOBHM !) grimpe sur l’estrade. Et il va nous livrer un set rafraîchissant et très susceptible de nous communiquer la banane. Phil Mogg est coiffé d’un chapeau et son pantalon est retenu par des bretelles. La classe ! Le moindre de ses gestes est empreint d’une noblesse figée dans le temps. Touchant ! Une impressionnante aura émane de ce petit bonhomme qui fêtera, l’an prochain, ses 70 balais. Un vrai gentleman ! ‘Comment vous faites pour être déjà là à nous applaudir ?’, s’étonne-t-il en s’adressant aux spectateurs. ‘Hier, à cette heure-ci, j’étais encore dans mon lit !’. Mogg se moque également, mais gentiment, des VIP, perchés trente ou quarante mètres plus loin, en leur signifiant qu’un concert se vit face à la scène. Après un solo de Vinnie Moore, guitare posée derrière son cou, le band prend poliment congé de son audience, à l’issue de son tube incontournable, « Doctor Doctor ». Une leçon de rock’n’roll, en toute humilité !

Autre ambiance, autre style et transition d’un ovni à l’autre. Sous une épaisse fumée, les musicos de Dr. Living Dead opèrent leur entrée, visages recouverts d’un masque en forme de tête de mort. Tous possèdent un large bandana posé au-dessus des orbites, recouvrant une partie du front, signe distinctif des adeptes du Crossover, fruit d’un croisement entre le Thrash et le Punk Hardcore. Les similitudes entre la musique du band suédois et Suicidal Tendencies, un des fers de lance de ce genre, sont flagrantes ; d’ailleurs, la jeune formation ne s’en cache pas. Un passage de flambeau ? Les artistes vont délivrer un set explosif, enchaînant les morceaux les uns après les autres et déclenchant à plusieurs reprises des circle pits et autres bousculades plutôt musclées. ‘Les gars, c’est notre dernière date en Europe. Vous risquez de ne plus nous voir pendant quelques années donc… donnez-vous à fond’. Malgré une performance plutôt répétitive, Dr. Living Dead est parvenu à offrir un set énergique, dont il aurait été dommage de se priver !

Retour à la vitesse et à la puissance du Thrash sur la Prison Stage, en compagnie de Sacred Reich. Les Arizoniens appartiennent à cette catégorie de groupes réputés incontournables, malgré quatre albums studio au compteur, en 32 ans d’existence. Le band au nom sulfureux (mais ne partageant, fort heureusement, aucune opinion de cet ordre) profitera d’un set de 55 minutes pour asséner, en dix morceaux, son Thrash old school, sans prise de tête. Les artistes prennent leur pied sur les planches. Derrière son micro, Phil Rind affiche une bonhomie certaine. Il est souriant, voire même taquin : ‘On ne dirait pas que vous êtes à votre maximum aujourd’hui. On en attend plus de vous aujourd’hui…’, balance-t-il à la fosse. Avant de se reprendre : ‘En fait, vous en attendez peut-être le même de nous… Here we go !’. Un homme se plante à côté de moi, sa toute jeune fille perchée sur les épaules, un casque de chantier jaune protégeant ses oreilles. L’enfant adresse un signe au chanteur, et ce dernier ne manque pas de lui répondre tendrement, visiblement ému de voir en face de lui quelqu’un de si jeune. Il ne manquera d’ailleurs pas de lui remettre son plectre de guitare à la fin du show. Quand on a un tel potentiel dévastateur, il est interpellant de se demander pourquoi les Américains, questionnés sur leurs projets futurs ont annoncé, l’année dernière, qu’ils n’avaient pas pour ambition de publier un nouvel opus…

La fosse est compacte devant le podium principal pour accueillir Life of Agony. Pas étonnant, quand on sait qu’il s’agit d’un des groupes les plus attendus du week-end. Tel un Phénix, la formation responsable d’un subtil mélange de Hardcore, de Stoner et de Metal alternatif, a vécu une réelle renaissance depuis 2014. Après quelques querelles internes, elle est enfin de retour pour de bon. Keith Caputo a commencé à combattre ses vieux démons en changeant de sexe, se transformant au fil des mois en Mina Caputo. Revenu sur ses rails, c’est armé d’un nouvel album, « A Place Where There's No More Pain », que le quatuor se présente devant une audience chauffée à blanc. Grosse acclamation lorsque Mina débarque, chaussée d’épaisses lunettes noires et vêtue d’un poncho noir transparent. « River Runs Red » donne le coup d’envoi d’un des sets les plus explosifs et le plus violents de la fosse, vécus à l’Alcatraz. Telle une déflagration, les metalheads se bousculent, se cognent, sont transportés à bouts de bras, sur le podium. La chanteuse s’avance à l’avant de la scène, soulève son poncho et dévoile un soutien-gorge rose bonbon. Mina est fière de son nouveau corps et n’entend pas le cacher. Après quelques morceaux, elle saute de l’estrade et vient se planter contre les barrières, afin d’être encore plus proche de son auditoire tout en l’invitant à l’accompagner de la voix. Les spectateurs des premiers rangs se bousculent, s’entassent et s’époumonent avec elle, quand ils n’essaient pas de lui attraper le bras. Qu’on ne vienne plus jamais dire que les métalleux ne sont que des machos fermés d’esprit… « World Gone Mad » est un titre brossant le portrait d’un monde qui devient de plus en plus fou… ‘Mais il ne faut pas tomber dans le piège, nous ne sommes qu’une seule nation, peu importe notre origine, la langue parlée ou la religion pratiquée’, étaye Caputo, lors d’une de ses nombreuses diatribes résolument positives et pacifiques qui invitent à davantage d’ouverture d’esprit. Poussant même jusqu’à l’ironie, en rappelant que le groupe vend quelques t-shirts au stand merchandising. ‘Je dois bien pouvoir nourrir mes chiens, ce sont mes enfants… les seuls que je peux vraiment avoir’, lâche-t-elle, en se massant le ventre. Les artistes déversent toute l’énergie accumulée ; et le public leur rend le double. « Underground » clôt ce set musclé. La chanteuse vide prématurément les lieux, visiblement vidée par un don de soi délivré en si peu de temps. Elle ne sera d’ailleurs pas présente une heure et demie plus tard, lorsque les musicos accorderont des autographes au stand prévu à cet effet. Une interjection pourrait à elle seule résumer leur prestation : wow !

C’est sur le trashy « Rain » (comme si on en manquait encore…) que Trivium entame son heure de show. Le groupe américain, qui s’est d’abord fait connaître à travers des covers de Metallica, ne cesse de progresser. Ses concerts sont intenses… Matt Heafy, gratte à la main et t-shirt déchiré à l’effigie d’Amon Amarth, est plus charismatique que jamais. Mais à force de vouloir devenir trop carré, le band finit par manquer de spontanéité. Tout est calculé, mimiques comprises (on avait déjà eu droit aux nombreux ‘hoe gaat het ?’ en début d’année, au Trix d’Anvers). Il manque juste encore ce grain de magie qui permettrait au band de passer de la mention ‘bien’ à ‘très bien’. Curieusement, il ne va interpréter que des plages issues de son dernier elpee, « Ember to Inferno : Ab Initio », préférant jouer la carte du répertoire le plus notoire. Son subtil mélange de Thrash et de Metalcore fait mouche, les bras sont levés et le public y met de la voix. Trivium glisse néanmoins dans sa set list, « The Sin and the Sentence », nouvelle composition parue deux semaines auparavant, qui laisse présager un retour moins expérimental que pour son dernier LP. C’est sur l’épique et ô combien puissant « In Waves » que les Floridiens laisseront leurs fans sur les rotules.

Passage ensuite par la scène secondaire où I Am Morbid s’apprête à prendre le relais. Il s’agit d’un changement de programmation de dernière minute. Morbid Angel a dû annuler sa tournée suite à des problèmes de passeport d’un de ses membres. La similitude des noms –I Am Morbid / Morbid Angel– va au-delà de la simple ressemblance de patronyme. En effet, dès juin 2015, Tim Yeung (guitariste) et David Vincent (vocaliste) avaient quitté Morbid Angel. Un peu plus d’une année s’écoule et le duo annonce la naissance d’un nouveau combo, qu’il baptise I Am Morbid, et dont l’unique objectif se résume à interpréter des plages issues des quatre premiers opus de Morbid Angel. Old school, quand tu nous tiens… Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça cogne dur. Les fans des premiers jours ont dû s’y donner à  cœur joie, les autres se sont peut-être lassés d’une certaine linéarité. C’est du Death Metal, OK, mais certaines compositions devraient quand même préserver un certain groove (à l’instar de « Where the Slime Live », par exemple) et ne pas toutes être passées à la moulinette Death, suivant la recette imaginée par David Vincent…

Les transitions d’un groupe à l’autre sont parfois abruptes. On passe ici du rouleau compresseur du Death au Heavy Metal pur jus à paillettes de Doro. Une chose est sûre, la Metal Queen a entraîné sa horde de fans. Devant le podium principal, c’est full. Il faut dire qu’un concert de Doro, c’est un peu la grand-messe du Heavy. Mais également comme quand on regarde un ‘Mad Max’ : on connaît le scénario à l’avance, mais on regarde quand même et on prend son pied. Active depuis ’82, Doro n’a plus rien à prouver et appartient à ces figures iconiques du mouvement. Ce qui ne l’empêche pas de rester très humble. Sa bonne humeur est plus que communicative. Elle aime son public et on le ressent profondément. La blonde dont le contour des yeux est peint en noir entraîne avec elle une marée de poings levés dès son premier morceau, « Raise Your Fist in the Air ». Doro, ce sont aussi des refrains facile à retenir et aisément tirés en longueur (« Burning the Witches », « We Are the Metalheads », « All We Are », notamment). Bref, un bon moment au cours duquel les metalheads ont pu ressentir un fort sentiment d’appartenance à une même communauté, reprenant ensemble les mêmes hymnes glorieux. Ce qui ne peut jamais faire de mal…

Alors que la foule était déjà compacte pour la vocaliste allemande, elle se densifie encore quelque peu pour accueillir comme il se doit Amon Amarth. Qu’on ne s’y trompe pas ; il s’agit de la véritable tête d’affiche du festival. Si vous êtes arrivés en retard, n’espérez pas vous faufiler jusqu’aux premiers rangs en catimini. C’est peine perdue. Sur les planches, un immense casque de Viking, coupé au niveau des yeux, deux cornes dépassant de chaque côté, a été installé. En son centre, repose le kit de batterie de Jocke Wallgren. L’imposant Johan Hegg débarque, tout de noir vêtu, la barbe de la même couleur, et sa corne de Viking accrochée à la ceinture. Le riff de « The Pursuit of Vikings » retentit sur la plaine courtraisienne et marque le début d’une heure et quart de combats acharnés et épiques. Les Suédois n’ont pas lésiné sur les moyens : effets pyrotechniques, bagarres de fantassins jouées par des acteurs sur l’estrade, énormes backdrops évoquant des tableaux représentant des combats normands les plus épiques les uns que les autres, mise à feu de deux énormes runes. Bref, autant d’artifices visuels qui alimentent un spectacle époustouflant. D’autant plus que cette mise en scène ne vient que compléter une interprétation des morceaux au poil, bénéficiant d’un très bon son. Tel un one man show, Johan Hegg s’affiche fréquemment seul entre les morceaux, introduisant le reste du spectacle par des anecdotes ou des histoires de Vikings. Of course ! On aura ainsi droit à quatorze compos de Death Metal symphonique lors de cette prestation tout simplement incroyable –toute en force, puissance et envolées guerrières– érigeant ce set comme un des meilleurs (si pas le meilleur) de tout le festival. Le belliqueux « Twilight of the Thunder God » se clôture sous une pluie d’applaudissements et d’étincelles. Hegg remercie la foule et s’abreuve jusqu’à la lie de ce mystérieux liquide contenu dans sa corne. Veni, Vedi, Vici.

L’Alcatraz Festival s’apprête maintenant à finalement souffler ses dix bougies en compagnie d’une de ces formations qui ont permis l’émergence du Neo-Metal ; en l’occurrence Korn. Un choix qui peut paraître curieux, vu le style des autres formations programmées au cours de ces trois jours.  Une volonté de rendre au Neo-Metal, genre souvent dénigré, ses lettres de noblesse ? Ou une tentative de rameuter un maximum de peuple ? Si la seconde option l’emporte, le pari est plutôt perdu : la foule réunie face à la Prison Stage est moins dense que lors du set d’Amon Amarth. Un large backdrop gris/beige est tendu en arrière-plan. En son centre figure le logo de Korn en lettres rouges, dont la lettre ‘R’ a été, bien évidemment, reproduite à l’envers. La scène est constituée d’escaliers de cubes de lumières amovibles, au sommet desquels trône Ray Luzier, derrière sa batterie. Les shows proposés par Korn sont –et c’est de notoriété publique– de qualité variable. Heureusement, aujourd’hui les musicos semblent dans un bon jour. « Rotting in Vain », single issu du dernier LP « The Serenity of Suffering », ouvre le bal. Et dans la foulée, le band californien va nous réserver une setlist résolument old school, piochant ses compos au sein de ses premiers long playings. A l’instar de « Falling Away From Me », « Make Me Bad », « Somebody Someone » ou encore « Blind ». Un regret ? De temps à autre, les grattes sonnent encore un tantinet électro (NDR : un délire auquel la formation américaine avait succombé, il y a quelques années, et qui a desservi sa cause, plus qu’autre chose) et ne rendent pas les tonalités d’époque. Jonathan Davis est en forme et ne lésine pas sur le dialogue auprès de son public. Les autres artistes restent davantage enfermés dans leur bulle, cachés derrières leurs dreadlocks. Munky est même prostré sur le côté droit du podium et reste à l’écart des autres musicos. Comparé au set précédent proposé par les Vikings, celui du band yankee s’est révélé moins époustouflant. Ce qui ne l’a pas empêché de remplir son contrat : rappeler les meilleures heures du Neo-Metal. Qu’on aime ou pas, bien rares sont les spectateurs présents à ne pas succomber au headbanging lorsque la ligne de basse si lourde, arme redoutable chez Korn, claque au cœur de la campagne. Vêtu d’une jupette aux teintes dorées (NDR : fini le kilt !), Jonathan Davis monte sur l’estrade armé de sa cornemuse pour introduire « Shoots and Ladders ». Et en toute logique, le combo va achever sa prestation par un « Freak on a Leash », repris largement en chœur, sous une pluie de feu d’artifices. Après avoir distribué leurs derniers onglets et baguettes, les artistes rejoignent les backstage… avant qu’un homme ne débarque sur les planches, prenant par la main une femme et l’emmène au centre de la scène. A mieux y regarder, il s’agit en fait d’Ira Black, le guitariste de I Am Morbid. Il fait mine de plier le genou et… demande la main de Jessica Chase, la femme qui deviendra désormais son épouse.

Qui a dit que les Metalleux ne pouvaient pas être romantiques ?

Organisation : Alcatraz Music + RockTribune    

(Voir aussi notre section photos ici)   

 

samedi, 19 août 2017 22:34

Loud Program : les gagnants sont connus!

Le Loud Program, c'est un dispositif d’accompagnement qui a lieu tous les deux ans, coordonné par Court-Circuit et destiné aux scènes métal, noise & hardcore. Plus de 80 projets ont été écoutés et analysés cette année, par un jury de professionnels du secteur - dont Musiczine - afin de constituer le millésime 2017 des projets émergents les plus excitants de la scène Loud en Belgique francophone.
 
En concertation avec le jury, des programmateurs des salles de concerts (Magasin4, l'Entrepôt, le Belvédère et l'Atelier Rock) ont sélectionné quatre projets particulièrement prometteurs. Il s'agit de... roulement de tambours... Wyatt E.LETHVMConcealed Reality  & How To Kill An Asteroid .

Ces quatre groupes bénéficieront d'une résidence et d'un coaching sur mesure, d'un concert dans leur lieu d'accueil et seront à l'affiche du LOUD Fest le 9 décembre prochain, au Botanique à Bruxelles.
 
Félicitations à eux !
 
 ...et ne manquez pas de retrouver ces groupes sur les planches :
 
  • 11/09 : Sects Tape + Reach The Shore + Dirty Wolfgang @ Le Temple - Namur
  • 14/09 : OLDD WVRMS + MØLK + Anwynn @ KulturA - Liège
  • 20/09 : DAGGERS + Jarhead + Exuviated @ Le Vecteur - Charleroi
  • 21/09 : Moon Coven (Swe) + Alastor + Ilydaen + Deadalus @ Le Brass - Bruxelles
  • 21/10 : Wolves Scream + How To Kill An Asteroid @ Atelier Rock - Huy
  • 06/11 : Au-Dessus (Lit) + LETHVM @ L'Entrepôt - Arlon
  • 10/11 : Dark Buddha Rising + Sum of R + Wyatt E. @ Magasin 4 - Bruxelles
  • 11/11 : Do Or Die + Die My Demon + Concealed Reality @ Le Belvédère - Namur
  • 09/12 : LETHVM + Wyatt E. + Concealed Reality + How To Kill An Asteroid + tba @ LOUD Fest - Le Botanique - Bruxelles
samedi, 12 août 2017 03:00

Alcatraz 2017 : samedi 12 août

Courtrai était en ébullition ce week-end du 12 et 13 août. Et pour cause : l’Alcatraz Festival fêtait ses dix ans d’existence. L’occasion de proposer une affiche particulièrement intéressante, faisant la part belle à de grands noms du Heavy et du Thrash Metal. Immersion au cœur de ce festival à taille humaine, préférant définitivement mettre l’accent sur la qualité plutôt que la quantité.

Premier constat : le Dieu Helios semble avoir décidé de bouder la petite sauterie de ce week-end en laissant la place aux nuages grisâtres et à la pluie. Les lunettes de soleil sont donc troquées contre un k-way. A proximité du campus sportif, théâtre des opérations maléfique de ce week-end, encore peu fréquenté à cette heure matinale de la journée, deux files d’attente se sont formées pour entrer sur la plaine ; et celle des hommes est considérablement plus courte que celle des femmes. Il est décidément temps que les services de sécurité comprennent que ce genre de rencontre n’attire pas seulement le genre masculin et qu’il serait opportun de prévoir davantage d’effectifs féminins. Le sol est boueux et glisse ; ça promet d’être fun !

Après avoir longé une série d’échoppes prêtes à ravitailler en nourriture les âmes affamées, votre serviteur débouche face à la Prison Stage, la scène principale, où Rage, qui à ce jour ne compte qu’un seul LP à son actif, démarre à l’instant même les hostilités. Timing parfait ! Son Heavy Metal est doublé d’une bonne humeur communicative. Les musiciens ne jouent que devant quelques badauds, mais ne semblent pas trop affectés pour autant. Ni pa la pluie qui tombe à présent dru sur la plaine et encore moins pour la corde de la basse à Peavy qui lâche en fin de morceau, obligeant l’artiste à s’absenter quelques instants en backstage. ‘Merci pour le gars qui m’a prêté sa basse, c’est sympa, même si je ne sais pas qui c’est’, s’exclame-t-il en se marrant. C’est sur le puissant « Higher Than the Sky », entrecoupé au beau milieu d’une reprise de « Holy Diver » de Dio, que le trio allemand met fin à ses quarante-cinq minutes de show. Car c’est aussi ça l’Alcatraz : pas question de n’accorder qu’une poignée de minutes aux formations qui ouvrent le bal. Une marque de respect à l’égard des artistes qui est très appréciée. Vous en voulez une autre ? Les concerts ne se chevauchent pas ; vous avez donc la possibilité, si le cœur et les jambes vous en disent, d’assister à toutes les prestations !

Quelques mètres plus loin, King Hiss inaugure la Swamp Stage en proposant un Rock Stoner hypnotique. Il s’agit, pour le combo flamand, de la première date de sa tournée qui va sillonner la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas et s’achever par une première partie de tous les concerts de Channel Zero, fer de lance du Metal en Belgique, prévus pour la fin de l’année. Le show de cette fin de matinée n’est certes pas une grande découverte, mais permet néanmoins de passer un bon moment rock’n’rollesque.

Place à présent à Sweet Savage, un band fondé à la fin des seventies. Originaire d’Irlande du Nord, il est considéré comme un des précurseurs de la New Wave of British Heavy Metal (au même titre que Saxon, Iron Maiden ou encore Motörhead), mais dont le parcours chaotique et le manque de succès commercial ne lui a pas permis de prendre son envol à l’époque, mais bien… trente ans plus tard. ‘Ce morceau-ci, Kirk Hammet, le guitariste de Metallica, m’a un jour confié que c’était selon lui le meilleur morceau de Heavy Metal qu’on avait pu écrire…’ proclame, un peu goguenard, Ray Haller, le bassiste/vocaliste originel, avant que ne démarre le vitaminé « Eye of the Storm ». Bien que la formation semble parfois hasardeuse sur les morceaux à jouer, le trio va livrer un set rentre-dedans, où les 50 minutes laissent au final un petit goût de trop peu. Il est à noter que le guitariste Vivian Campbell, également membre fondateur du Sweet Ravage, assiste à ce show depuis le backstage (NDR : il milite aujourd’hui chez Last in Line, dont on reparlera un peu plus tard…) On aurait pu espérer qu’il rejoigne ses ex-partenaires, en cours de route, mais il ne s’est pas décidé… Le combo quitte le podium après avoir accordé une délicieuse reprise du « Whiskey in the Jar » de Thin Lizzy, laissant derrière lui ce refrain si entêtant…

Du côté de la Swamp stage, les musiciens de Monkey3 ont pris possession des lieux. En quelques morceaux de prog/rock mélodique, strictement instrumental, le groupe helvète parvient à constituer une bulle dans le temps, dont l’aura part progressivement de la scène pour petit à petit englober tout le chapiteau. Le set se révèle à la fois poétique et émouvant, bien que le décalage soit un peu brutal par rapport au reste de l’affiche. L’expression sonore de Monkey3 nécessite une mise en condition au préalable et il est peut-être un peu dur d’apprécier un set exclusivement orchestral, dans le cadre d’un festival.

Après avoir avalé un hamburger sur le pouce (NDR : il faut reconnaître que les différents stands ‘food’ servent de la nourriture dont la qualité est supérieure aux autres festivals : elle coûte toujours un bras, mais au moins c’est bon !), Death Angel, le premier groupe de Thrash Metal de la journée, va entamer son set. Il est d’ailleurs quelque peu surprenant qu’il se produise si tôt. Et pour cause, il s’agit d’un des pionniers du style. En outre, il a permis au Thrash de naître au cœur du berceau californien, début des années ’80, aux côtés notamment de Slayer, Megadeth, Metallica ou encore Exodus. Mark Osegueda monte sur les planches, une bouteille de Bombay Sapphire à la main (bon… ce sera plus pour la forme qu’autre chose, le vocaliste n’y buvant que quelques gorgées pendant le show). Bien que la formation privilégie son dernier LP, « The Evil Divide », gravé l’an dernier, elle n’oublie pas pour autant ses fans d’hier, en entamant sa prestation par le morceau éponyme de « The Ultra-Violence », une composition qui remonte à 1987. En cinquante-cinq minutes, les musicos de Death Angel vont donner tout ce qu’ils ont dans le ventre, délivrant un concert condensé et sans concession, emmené par un Mark Osegueda à la puissance vocale vraiment impressionnante.

Deux bières plus tard et retour au Heavy. Et pas n’importe qui : Last in Line, dont le line up un peu particulier réunit d’anciens membres de Dio, groupe culte de Heavy Metal sous le lead de Ronnie James Dio. La motivation de ce band est simple : ressusciter les heures de gloire de Dio, dissous en 2010, suite au décès de son iconique chanteur. Le quintet a exhumé pour le plus grand plaisir de la foule, des morceaux devenus des hymnes, tels que « Stand Up and Shout », « Holy Diver » ou encore « Rainbow in the Dark ». Bon, évidemment, le pauvre Andrew Freeman, qui a la lourde tâche de reprendre le micro, n’a pas le coffre de Ronnie James Dio (NDR : est-ce mission impossible de le remplacer ?), mais on ne va néanmoins pas bouder sa joie de revivre ces titres interprétés par les musiciens d’origine. Faut-il préciser que l’auditoire a évidemment donné de la voix pendant un peu moins d’une heure (45 minutes pour être précis, car la formation s’est arrêtée dix minutes plus tôt, que prévu…) ? Ce genre de formation, c’est en fait un pari gagné d’avance. Mais qu’importe… du moment qu’on prend son pied !

Toujours dans la veine du Heavy Metal, Iced Earth se singularise en injectant dans sa solution sonore une dose de Power Metal, une autre de fantasy ainsi que l’une ou l’autre référence historique belliqueuse. Manifestement, le combo américano-canadien jouit d’une grosse popularité en Belgique, car la fosse est devenue de plus en plus compacte. Les musicos débarquent un à un sur l’intro de « Great Heathen Army » avant que le cri aigu (et si typiquement Heavy) de Stu Block ne vienne déchirer la plaine courtraisienne. Malgré un nouvel opus, « Incorruptible », publié il y a un peu moins de deux mois, la bande à Jon Schaffer n’en interprète que deux extraits, préférant puiser, ça et là, des titres issus de « Dark Saga », tels que « I Died for You », « The Hunter », « Vengeance Is Mine ». Iced Earth est typiquement du genre à rendre sa superpuissance contagieuse. Chaque morceau est un combat, une victoire arrachée, une ruée courageuse vers l’ennemi. On arrive en soldat, on repart en chevalier. Une fois de plus, l’exemple démontre que l’Alcatraz n’a pioché que des grosses pointures pour fêter sa décennie d’existence. C’est par l’épique, mais néanmoins émouvant « Watching Over Me », que le groupe tire sa révérence, largement acclamé par la foule.

La soirée commence à poindre le bout de son nez. J’y pointe d’ailleurs le mien sous la Swamp Stage pour y écouter quelques morceaux bien gras d’Obituary, un des pionniers du Death Metal. L’atmosphère est lourde, très lourde, et le combo figure parmi les incontournables. Mais comme votre serviteur a déjà assisté à un des ses concerts, il y a quelques mois ; et que l’estomac commence à crier famine, le ravitaillement s’impose avant d’accueillir un autre groupe mythique, mais qui milite dans l’univers du Thrash…

En l’occurrence, Testament. Né au début des années 80, à l’instar de nombreux bands du style, Testament (NDR : à l’origine il répondait au patronyme de Legacy), tourne depuis plus de trois décennies. Il parvient cependant encore à innover, à surprendre, tout en conservant sa propre identité. C’est par « Brotherhood of the Snakes », titre maître de son premier long playing, qu’il déterre la hache de guerre. C’est précis, c’est direct ; et on se prend un tas de riffs dans les dents. Et puis que serait ce band ynakee, sans sa figure emblématique, Chuck Billy ? Moitié Amérindien, moitié Mexicain, l’imposant vocaliste, quand il ne s’époumone pas derrière le micro, part alors dans d’impressionnants soli de pieds de micro (!) dont lui seul a le secret. Grâce à son impressionnante discographie, Testament est parvenu à faire vibrer les cordes vocales des fans d’aujourd’hui (« Dark Roots of Earth »), d’hier (« Low ») ou d’avant-hier (« Over the Wall »). Imitant de nombreux artistes programmés durant ce week-end, le frontman a tenté de chevaucher l’une des deux Harley Davidson trônant fièrement de chaque côté de la scène. Mais… personne n’a eu finalement l’audace de mettre son envie à exécution. Dommage !

La pluie est désormais loin et le soleil commence à montrer quelques traces de fatigue… N’est-ce donc pas le moment idéal pour accueillir les légendes de Venom ? Non pas un, non pas deux, mais bien trois backdrops tapissent le fond de la scène : la tête de bouc satanique reproduite sur la pochette de l’elpee, « Black Metal », est entourée de part et d’autre d’un pentagramme sur sa pointe. Pas de doute, Venom a toujours privilégié son inspiration satanique. C’est donc sur une introduction particulièrement machiavélique que les trois musicos opèrent leur entrée : le musclé Dante derrière ses fûts, aux cymbales avant exagérément hautes et inclinées à 90 degrés, le mystérieux guitariste La Rage, boule à zéro et bouc noir de rigueur, et finalement la figure de proue, le malsain chanteur et bassiste Cronos, au physique de gobelin habité depuis bien longtemps par le Malin. La basse est grasse et fortement mise en avant, la voix de Cronos est nasillarde et bourrue, les morceaux sont bien souvent primitifs et pourtant… l’alchimie est là et la sauce prend. Un concentré de puissance brute de décoffrage, sans aucun artifice. C’est la rencontre entre la hargne du punk, la puissance du Thrash et la mélodie du Heavy, le tout saupoudré d’une aura noire, pourrie et froidement satanique. Pas étonnant que ce band ait influencé bon nombre d’autres groupes, non pas spécialement pour les morceaux en eux-mêmes, mais pour ce qui en émane. Non seulement les pionniers du Thrash s’y réfèrent, mais également la scène Death Metal et, bien évidemment, la scène Black Metal qui empruntera son nom au second album du groupe. Old school jusqu’au bout des orteils, Venom était donc un des groupes à ne pas manquer ce samedi. A de nombreuses reprises, certains titres, tels que « Pandemonium », « Welcome to Hell », « Countess Bathory » ou encore « Black Metal » vont réveiller la part sombre de certains festivaliers. Un show magique et ensorcelé, démontrant que la puissance ne vient pas toujours de l’intensité des blasts, de la rapidité des riffs, de la hargne du chant ou d’une quelconque combine, mais qu’il faut aller la chercher… au-delà. Or, rares sont ceux qui sont parvenus à la trouver…

Un exemple de l’héritage laissé par Venom ? Abbath ! Et s’est sur la Swamp stage que le guitariste/vocaliste prend possession des lieux, entouré de l’énigmatique bassiste King et du drummer Raud. Aussi folklorique qu’insaisissable, Olve Eikemo incarne en même temps un des personnages mythiques du mouvement Black Metal. Il était la figure de proue d’Immortal, mais revêt aussi la caricature de ce que le Black Metal peut refléter (si vous n’en êtes pas encore convaincus, jetez un œil aux clips d’Immortal, vous comprendrez). Tête d’affiche de cette scène secondaire, Abbath est victime pourtant, d’entrée de jeu, d’un mauvais son. Beaucoup trop brouillon, il ne laisse que peu de place à la guitare. La situation finit heureusement par s’améliorer après quelques morceaux, tout comme l’abus de fumée sur scène. Un peu, c’est bien. Trop… on ne voit quasiment plus rien. Abbath n’a gravé pour l’instant qu’un seul long playing sous son pseudonyme ; moralité, l’éventail disponible dans le setlist est quelque peu réduit. Alors pas question de se compliquer les méninges : on aura droit à trois extraits de son nouvel elpee, un titre issu de son aventure intermédiaire vécue chez I, soit entre celle d’Immortal et d’Abbath, et six des meilleures plages d’Immortal. Encore une fois, la magie opère. Alors qu’Abbath ne peut s’empêcher de faire pitre entre chaque morceau, se lançant dans des diatribes que personne ne comprend, le set se révèle tout simplement dévastateur tout en nous réservant la quintessence du Black Metal. Une prestation qui aurait pu prendre l’eau, vu les problèmes techniques, mais qui finalement a été sauvée de justesse par la puissance des compos. Le maître fou a parlé.

Après quelques heures de décibels autant dans les oreilles que dans les jambes, cette journée d’Alcatraz marquée par un attachement aux valeurs traditionnelles, ne pouvait au final pas mieux se terminer que par la prestation de Saxon. La bande à Biff Byford émarge depuis plusieurs années au panthéon du Heavy Metal, et arbore fièrement le blason de la ‘New Wave of British Heavy Metal’. Il figure donc parmi ces groupes incontournables susceptibles de clôturer la journée de ce type de festival qui met bien en exergue les formations ‘old school’. Même le décor planté sur l’estrade rappelle la vieille école : un backdrop sur lequel est reproduit le logo du groupe et la pochette de leur denier LP « Battering Ram », un mur d’amplis Marshall séparé en son milieu par la batterie de Nigel Glockler, sous laquelle on retrouve à nouveau le logo du band. Punt.

Célébrant ses quarante ans d’existence ( !), Saxon se la joue résolument rétrospective en cette fraîche soirée estivale. Il faut dire que ce n’est pas le choix qui manque, vu les 21 albums studio ! Après avoir ouvert le bal par le dernier single en date, « Battering  Ram », le combo anglais va nous inviter à nous balader dans le temps, d’une décennie à l’autre, au gré de sa discographie. Vêtu d’une longue veste noire cintrée sur laquelle vient reposer au niveau des épaules sa chevelure blanche, Biff arpente le podium de long en large, saute sans arrêt sur l’estrade qui sert à la batterie et n’est jamais à court d’anecdotes glanées pendant sa longue carrière. Réputé pour son franc-parler et sa détente facile, n’osez pas lui dire qu’il est un papy du rock en fin de carrière, au risque de vous faire botter le derrière en bonne et due forme. Tout comme le chanteur de Testament, Biff est attiré par les engins motorisés aux extrémités de la scène, lui servant de parfait alibi pour lancer « Motorcycle Man », issu de « Wheels of Steel », une compo qui remonte à 1981, suivi de « Power & The Glory », datant de 1983. Le band ne manque pas de rendre hommage à Lemmy Kilmister, chanteur/bassiste tant regretté de Motörhead, en rappelant les nombreuses tournées que les deux formations avaient accomplies ensemble et en lui dédiant « 20,000 Ft », une piste publiée en 80, sur l’album « Strong Arm of the Law »…

Choisir Saxon en tête d’affiche, c’était pour l’Alcatraz Festival une occasion de se faire plaisir (le band est plus généralement placé en début de soirée), mais surtout l’opportunité d’offrir à ses festivaliers un groupe taillé sur mesure pour eux, une valeur sûre, incontestable et incontestée du Heavy Metal. C’est finalement sur « Denim & Leather », une composition datant de 81 que les trentenaires, quadras et quinquagénaires, groupes d’âge largement majoritaires ce week-end, s’en iront rejoindre leurs pénates, le cœur et l’esprit plus que jamais emplis du précieux Metal.

(Organisation : Alcatraz + RockTribune)

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Pour sa soirée consacrée au Rock Dur, au Hard Rock ou encore au Metal (au choix !), le Brussels Summer Festival a misé cette année sur la francophonie : The Black Tartan Clan, Mass Hysteria et Trust. Trois concerts symboliques pour chacune de ses formations : un adieu, un anniversaire et un come-back. Tous les ingrédients réunis pour passer un bon moment. Ou presque.

Les pavés du Monts des Arts sont glissants. Il est préférable d’éviter les flaques d’eau qui se forment ça et là dans le Parc jouxtant la scène, au risque de se retrouver prématurément les pieds détrempés. Le ciel n’est qu’un camaïeu de gris, chargé de nuages farouchement résolus à arroser de long en large le public bruxellois. Les k-ways deviennent le dresscode, concurrencés par des protèges pluies, de couleur orange pâle, distribués gratuitement à l’entrée du festival, dont le port vous fait étrangement ressembler à un préservatif sur pattes. Bienvenue en Belgique, un pays qui a décrété que, désormais, l’automne débuterait au mois d’août.

Mais restons optimistes : qui dit pluie, dit notamment Ecosse et dit donc cornemuse. L’atmosphère plutôt humide n’est donc pas en totale inadéquation avec l’arrivée des Belges de Black Tartan Clan. L’imposant Mac Hoze opère son entrée, kilt noir et béret de rigueurs, armé de sa cornemuse. Il suffit d’un souffle dans son instrument pour que les notes enivrantes et si typiques viennent électriser la place bruxelloise. Dès ce premier morceau, la bonne humeur et la joie manifestée par les musicos de fouler les planches viennent surprendre de plein fouet le mauvais temps. Le punk/rock celtique des Belges diffuse une chaleur très vite appréciée par les spectateurs, présents en nombre pour une première partie. Torse nu, sourire en coin et guitare à la main, le charismatique Mac Touche harangue la foule, invitant généreusement à la fête. ‘N’oubliez pas de venir faire un coucou aux filles du stand merchandising. On a quelques CD, vinyles et sweaters à vendre. Elles seront contentes si vous leur donnez un peu d’argent, ce sont des femmes hein !’, balance de manière un peu bourrue, le chanteur. A ses côtés, Mac Hoze Junior, quand il ne donne pas de sa voix en accompagnant Mac Touche, intervient au banjo, délivrant une aura folklorique aux titres. Plus le temps passe, plus les jambes se délient et les corps se mettent à danser. Les fidèles du groupe affichent présents aux premiers rangs, reprenant en chœur la plupart des compos. Et pour cause… le 25 juillet dernier, The Black Tartan Clan a annoncé le départ de son chanteur pour d’autres horizons, signant dès lors la fin de l’histoire de la formation, après dix années passées à sillonner la Belgique et les pays environnants. Elle clôture son dernier morceau et salue, émue, son public pour la dernière fois.

 

Pas de répit pour les braves : les averses semblent se plaire à Bruxelles. Partie de chassé-croisé entre techniciens et le matériel de Mass Hysteria commence à s’emparer des lieux. Le logo du groupe squatte désormais l’arrière de la scène. Les musiciens font un à un leur entrée sur l’estrade, au rythme de l’intrigante introduction de « Chiens de la Casse », morceau d’ouverture de leur dernier elpee en date, « Matière Noire ». Casquette noire vissée sur le crâne, l’air toujours aussi sérieux et le regard projeté au loin, Yann balance le premier riff du titre, suivi d’un déferlement de batterie, marquant le début des hostilités. Une heure de show sous tension où, contrairement à leurs habitudes, les Français enchaîneront les compositions les unes à la suite des autres, ne laissant pas à Mouss l’occasion de s’embarquer dans ses classiques diatribes anti-système. ‘Bon, les gars, on a tellement speedé qu’on a encore un peu de temps devant nous’, lâchera-t-il, en fin de set. Alors qu’il avait été initialement décidé de ne jouer que quatorze morceaux, un petit quinzième (« Tout est Poison ») viendra finalement compléter la set-list du jour, pour se solder par, en tout et pour tout, une heure de show exécutée sur les chapeaux de roue. Malgré un début de parcours un peu bancal, entre Mouss qui s’emmêle les pinceaux au niveau des paroles et Yann qui rencontre des soucis techniques avec sa gratte, les artistes rattrapent ensuite vite la sauce et font graduellement monter la fièvre. Une dilatation de l’espace-temps qui atteindra son point d’orgue lorsque Mouss, motivé par son guitariste Yann et malgré ses craintes (‘Mais tu es fou, si l’un d’eux tombe, il va se fracasser le crâne sur les pavés !’), rejoindra la foule sur « P4 » afin de déchaîner autour de lui un circle-pit endiablé. Mass Hysteria l’a dans son ADN. C’est une nouvelle preuve. Même si le public bruxellois n’était ce soir pas spécialement acquis à sa cause, il a néanmoins fini par lui mettre la tête à l’envers. Il aurait été dommage qu’il en soit autrement, vu que les Français fêtaient ici leur 100ème concert de la tournée. Fort heureusement, il semble qu’ils aient dépassés leur phase dépressive de la fin de l’année 2015, où ils avaient annoncé un break pour une période indéterminée. ‘C’est notre dernière date en Belgique… pour cette année !’, signale le chanteur, en s’adressant à la fosse. ‘Ne vous en faites pas, on entrera en studio l’année prochaine et puis on repartira sur les routes dès 2019…’ Les autres membres paraissent acquiescer, malgré quelques sourires forcés qui indiquent peut-être, que ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu… Quoiqu’il en soit, « Furia » parvient à décocher un carreau dans le genou des rares personnes qui n’étaient pas encore convaincues que Mass Hysteria possède cette incroyable capacité à mettre le feu dans le cerveau...

Changement de décor et place à présent aux vedettes du jour. Après avoir vécu ses heures de gloire au début des années ’80, et de nombreux tumultes internes, Trust est donc de retour sur les planches afin de souffler son quarantième printemps. L’occasion de se lancer dans la ‘Au Nom de la Rage Tour’, une tournée qui conduira les artistes aux six coins de l’hexagone mais en offrant néanmoins l’exclusivité de la première date à la Belgique. Trois grand tapis recouvrent à présent la quasi-totalité de la scène, une lampe munie d’un abat-jour atypique sert de décor au fond de la scène. Des petits chiens en peluche, de tailles et couleurs différentes, ont également rejoint la stage. Une guitare stylisée est en outre placée devant la batterie. L’ambiance est plantée, les artistes peuvent grimper sur le podium, en accusant un léger retard par rapport au timing prévu. Les membres du line up original sont les premiers à débarquer : le guitariste Norbert Krief, vêtu d’une chemise couleur bordeaux et de chaussures assorties, suivi du chanteur Bernie Bonvoisin, bob vert aux motifs d’ananas vissé sur le crâne, lunettes de soleil et t-shirt jaune criard orné d’une tête de mort. Pour cette nouvelle formation, ils sont accompagnés par David Jacob à la basse (il a déjà sévi chez Trust de ’96 à ‘00), Ismalia Diop à la guitare (mais bassiste de ’06 à ’11) et un nouveau venu à la batterie, Christian Dupuy.

‘Bonsoir Bruxelles ! Vous êtes très beaux, vous êtes une belle nation, c’est un honneur…’, clame Bernie, après quatre morceaux. Non seulement le frontman n’est pas des plus communicatifs, mais lorsqu’il s’adresse à son public, le discours reste bien souvent énigmatique voire même parfois hautain. ‘Vous avez l’air cassé, non ?’, ose-t-il un peu plus tard. Soit il s’agit là de second degré, soit l’artiste n’a pas trop conscience que c’est plutôt lui qui semble à coté de ses pompes. Et dans la plus totale introspection. On devine son regard, dissimulé derrière ses lunettes de soleil, fixant le sol de manière obnubilée. A moins que ce ne soit le registre de ces morceaux, placé face à lui tel l’incarnation d’un souffleur, qu’il s’empresse d’éclairer lorsque les lumières deviennent plus tamisées, afin de garder un œil sur ses lyrics? Sans parler de ces quelques gestes suspects face à la batterie et dos tourné au public ou ses quelques retours en backstage, quand son nez semble le démanger.

Des observations certes anecdotiques, mais qui amplifient un sentiment croissant éprouvé tout au long du show : on s’ennuie. Le public, déjà plus clairsemé que lors du set de la formation précédente, continue progressivement à déserter les lieux. Certains bâillent, d’autres tuent le temps en buvant quelques bières. Les morceaux s’enchaînent mais la sauce ne parvient pas à prendre. Fidèle à son engagement sociétal, Bernie ne manque néanmoins pas d’écorcher le Président français, Emmanuel Macron, et son mouvement ‘En Marche arrière’. Une compo est également dédiée à Adama Traoré, ce jeune de 24 ans, qui aurait été tué par les forces de l’ordre françaises le 19 juin 2016.

Les fans des premiers rangs semblent conquis par le retour sur les planches de ces icônes françaises du Hard Rock. Mais ils semblent être les seuls véritablement convaincus. Alors, qu’en est-il vraiment : un tour de chauffe qui manque de goût pour cette première date de la tournée ou un revival des années ’80 que seuls les aficionados et autres nostalgiques pourront apprécier ? On approche de l’heure et demie de show, la scène est plongée dans le noir. Quelques acclamations s’élèvent et Trust finit par revenir sur l’estrade afin d’interpréter son titre phare incontestable, « Antisocial ». Les spectateurs en-dehors des premières lignes se mettent enfin à bouger et donnent de la voix. Une consolation un peu maigre pour ce retour tant attendu qui, à première vue, ressemble davantage à un soufflé retombé. La rébellion a perdu de sa passion…

Black Tartan Clan + Mass Hysteria + Trust

(Organisation : Brussels Summer Festival)

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Mercredi 28 septembre 2016 : gros coup de larsen dans le monde musical : Do or Die, fer de lance du Hardcore en Belgique, annonce non seulement une séparation nette entre son chanteur et ses musiciens, mais déclare également vouloir retourner aux sonorités de ses débuts. Chris Michez, leader du groupe, revient aujourd’hui sur ces jours sombres de la formation et dévoile, après un an de stand-by, les perspectives pour le band. Do or Die a peut-être mis un genou à terre, mais sous un nouveau line up et grâce à de nouvelles compositions, il se relève aujourd’hui plus fort que jamais. Entretien en toute franchise et à cœur ouvert…

Peux-tu revenir sur ce qui a déclenché l’implosion de Do or Die ? Que s’est-il donc passé ?

Chris Michez : Tout a commencé en juillet 2016, après notre dernier concert accordé au Festival de Dour. La prestation avait été mauvaise. Je n’avais pas du tout pris mon pied sur scène, surtout en interprétant les morceaux du nouvel album. Je ne m’y retrouvais plus. Ce n’était plus Do or Die. Nous n’étions plus que l’ombre de nous-mêmes. Beaucoup de monde est également venu me voir après le show pour m’en parler. Mon moral en a pris un coup. Une fois de trop. J’en ai donc discuté avec mon guitariste, Greg (NDR : Chiarenza, le plus ancien des membres de Do or Die). Je lui ai signifié qu’il était temps qu’il y ait du changement. Et exposé mon envie de rejouer nos deux premiers albums, « Heart Full of Pain » et « The Meaning of Honour », mais également de composer de nouveaux morceaux dans cette veine. Revenir à des sons beaucoup plus Hardcore et laisser tomber ce côté Metal, voire Death Metal, qui ne nous correspondait plus du tout. Mais Greg n’a pas été de cet avis et m’a rétorqué : ‘Si tu veux faire du Hardcore, trouve-toi d’autres musiciens’. Je l’ai pris au pied de la lettre. Et puis, il n’y avait plus guère de feeling, au chant, entre Stéphane (NDR : Frocheur) et moi. Je lui ai signalé, et il l’a vraiment mal pris.

Revenir aux fondements de ce qu’était Do or Die, c’était une idée que tu avais en tête depuis longtemps ?

Pas vraiment, mais en prenant du recul, je me rends compte que la situation a commencé à se dégrader depuis le moment où Angelo (NDR : De Notaris, le second vocaliste) et Étienne (Carton, le bassiste) ont quitté la formation, respectivement en 2008 et 2010. La musique est devenue de moins en moins Hardcore et le fossé n’a cessé de se creuser. Au début, ce n’était pas trop mal, on était tous emballé. Mais plus le temps a passé, plus on a perdu notre âme. Tu sais, j’ai vraiment cru que les musiciens allaient me suivre quand je leur ai avoué que je désirais revenir à une formule plus roots. Ils n’en ont pas voulu et ils sont partis. Vu que c’est mon bébé, j’ai gardé le nom Do or Die. Mais je sais bien que sans musiciens, je ne suis rien. J’ai donc commencé à en chercher d’autres, et j’ai rappelé Angelo pour partager les vocaux ensemble. Au départ, il était intéressé de revenir. Mais il a finalement décliné, car il drive déjà son propre groupe (NDR : Stand for Truth) ; et puis il voulait aussi se ménager du temps auprès de sa famille. Il n’était, en outre, pas sûr de pouvoir s’investir à 100 % et a préféré s’abstenir. J’ai depuis lors décidé d’assurer seul le chant. Je ne me vois aujourd’hui plus remonter sur les planches en compagnie de quelqu’un d’autre que moi derrière le micro.

…une première dans l’histoire de Do or Die ?

Pas tout à fait ! Au sein du premier line-up, en 99, j’étais également l’unique chanteur. Puis Alain (NDR : Verstappen) a débarqué. Un rôle que j’ai ensuite, à nouveau, assumé en solitaire, pendant quelque temps, soit au cours de la période de transition sise entre le départ d’Alain et l’arrivée d’Angelo. Mais quoi qu’il arrive, la situation ne changera plus.

Tu es donc aujourd’hui entouré d’un tout nouveau line up. Qui sont-ils et comment les as-tu rencontrés ?

Do or Die ne compte plus qu’un guitariste : Eric Klinger, un ex-Pro-Pain qui a également milité chez Spudmonsters et Bloodclot. Il est américain et a élu domicile, à Mons, depuis quelque temps. On discutait déjà pas mal ensemble alors que le précédent line up de Do or Die existait encore. On souhaitait monter un projet parallèle. Puis les événements se sont bousculés et je lui ai dès lors proposé de rejoindre le groupe. Eric y jouera un rôle important. Il reprendra quelques passages au chant des anciens et nouveaux morceaux. Il y en a même un où il chante tous les couplets et je n’assurerai que les refrains. J’ai également demandé à Tom (NDR : Clément) de nous rejoindre à la basse. C’est un gars terrible. Il est aussi le bassiste de Silence is the Enemy et Sourblast. Je l’ai rencontré lors du Loud Program (NDR : un concours visant à promouvoir la scène Metal en Fédération Wallonie-Bruxelles). Silence is the Enemy figurait parmi les vainqueurs de l’édition 2015 et avait gagné notamment un séjour en résidence, où j’avais pu le coacher. Quant au batteur, on avait d’abord commencé les répétitions en compagnie de Serch (NDR : Carrière, le batteur anversois de Bear). Mais il s’est vite avéré qu’il ne pouvait pas nous accompagner pour notre prochaine tournée en Amérique latine à cause de son boulot (NDR : on y revient plus tard au cours de cette interview…) On a donc engagé un batteur de session, Leo. Après seulement deux répètes, on s’est rendu compte que ça collait super bien, autant humainement que musicalement, entre nous tous. En fait, comme Serch était domicilié assez loin de notre coin, la situation n’était pas spécialement simple. On a préféré dès lors lui avouer qu’on avait décidé de garder Leo. J’espère qu’il n’est pas trop déçu ou fâché contre nous. C’était vraiment juste une question de facilités.

Il s’est quasi écoulé une année entre le moment où tu t’es retrouvé seul dans la formation et aujourd’hui. Que s’est-il passé durant cette période ?

Il m’a fallu du temps pour mûrir ce projet. Eric, notre nouveau guitariste, et moi en avons beaucoup discuté. J’en ai aussi profité pour être davantage présent auprès de mes proches. Tu sais… j’ai failli tout laisser tomber. C’est un ami de longue date qui m’a convaincu, alors qu’on mangeait un bout ensemble à Liège, que je ne pouvais pas arrêter. J’étais vraiment mal en point, mais il m’a reboosté. Il m’a presque mis une claque. Il s’agit de Marc Roelens, mieux connu sous le surnom de ‘Cochise’. Il bossait à Radio21 et co-animait  la rubrique ‘Jump Jump Jump’ consacrée au Hardcore, de 1996 à 2003. Je lui dois beaucoup… c’est une personne qui s’est toujours montrée franche et correcte à mon égard. Plus qu’un ami, il est devenu un vieux frère. Je me suis aussi rendu compte, l’année dernière, que pour ma famille, ce n’était vraiment pas toujours l’idéal que je sois constamment sur les routes. J’ai donc finalement décidé de continuer la musique, mais sous un autre angle, sans stress ni angoisse.

Comment fonctionnez-vous sous ce nouveau line-up ? Peux-tu en dire un peu plus sur les récents morceaux ?

On prend du plaisir à travailler ensemble. Eric compose essentiellement les riffs et puis on imagine comment y intégrer les autres instruments. C’est identique pour les lyrics ; on en débat beaucoup à quatre. On a notamment été beaucoup marqué par la vague d’attentats qui touche le monde actuellement. Une de nos nouvelles chansons, « L’Enfer des Martyrs », aborde ceux qui ont touché Paris. Ces lâches qui se sont fait exploser au milieu de la foule, c’est un acte qui nous dégoûte. Et on le relate dans le texte. A ce jour, on a déjà enregistré deux morceaux ; ils sont disponibles dès à présent sur Internet. Au mois de septembre, on partira en Amérique du Sud pour une mini-tournée, qui passera, par le Chili et le Brésil. Un fan nous a effet récemment contactés, il y a peu, en nous précisant qu’il bookait régulièrement des groupes de Hardcore et qu’il aimerait bien nous programmer chez lui. Ce sera notre première là-bas, rien de tel au final que pour faire redémarrer Do or Die ! On se produira ensuite le 11 novembre au Belvédère, à Namur. Ce sera normalement le premier concert en Belgique. 

D’autres dates sont-elles prochainement prévues en Belgique ?

Je n’en ai encore aucune idée... Mais tu sais, accorder des concerts tous les week-ends dans les clubs ou les cafés du Borinage n’est plus du tout une priorité. On compte sélectionner les shows où on jouera et surtout, s’amuser et se faire plaisir ! On pense par la suite ressortir deux nouveaux titres après notre tournée en Amérique latine ; ce qui nous permettra peut-être de sortir un Ep. On envisage finalement d’entrer en studio, au début de l’année 2018, pour enregistrer un album qui pourrait sortir en mars ou avril. Mais rien n’est encore sûr. On ne veut plus du tout se mettre la pression et on prend le temps de faire ce qu’on aime.

Vos prochaines dates ne pourront donc que ravir les fans de la première heure…

Je pense aussi. On retrouvera d’anciennes compos auxquelles on ajoutera progressivement les nouvelles. On a opéré un tri parmi celles en stock, et on a décidé de ne conserver que les plus Hardcore : « Bella Famiglia », « Heart Full of Pain », « The Meaning of Honour », « Do Or Die » et « Breakthrough ». On gardera également les deux premiers morceaux du répertoire de Do or Die : « Darkness Skies » et « Time Has Come ». Par contre, outre ceux de nos deux premiers elpees, on a décidé d’éliminer tous les anciens titres, hormis peut-être « Persecution », qui figure sur « Tradition » ou encore « True Blood », sur « The Downfall of the Human Race ».

Un retour aux sources, de nouveaux musiciens, de nouvelles compositions… Do or Die est donc reparti pour durer ?

Je ne peux pas prévoir le futur… Tout ce que je peux dire, c’est que Do or Die ne tiendra plus encore dix ans, c’est certain. Je commence à vieillir ! La flamme est certes toujours présente, mais elle s’est quand même éteinte pendant un an. Et elle a mis du temps avant d’être ravivée… Mais bon, vu la tournure actuelle des événements et la super ambiance qui règne entre nous, je pense qu’on peut l’affirmer : Do or Die is back!

Interview réalisée le 31 juillet 2017 à La Louvière

dimanche, 16 juillet 2017 11:00

End of Chapter

Contrairement à ce que le patronyme pourrait laisser supposer, Au-Dessus n’est pas un groupe francophone mais bien… lithuanien. Visuellement parlant, les hommes de Vilnius entretiennent un certain mystère. Et l’artwork de ce premier opus en est la plus belle illustration. On y voit en gros plan un visage enfantin, dont les yeux sont recouverts par deux pièces de monnaie, comme s’il s’agissait d’un rite funéraire. Quand on retourne le digipack, on retrouve la même figure, mais d’un bleu profond, les yeux ont remplacé les pièces. Une certaine renaissance après la mort ? Faut-il y comprendre une adéquation par rapport au titre de cet LP, « End of Chapter » ? Etrange… Quoi qu’il en soit, on se rend compte rapidement que le groupe ne s’attache pas vraiment à ces détails –les chansons ne portent pas de titres mais bien simplement des chiffres romains, les lyrics sont absents et on recueille très peu d’informations au sujet des membres du groupe– mais invite davantage à l’immersion dans une certaine forme de contemplation.

Plongée dans le bouillon musical : Au-Dessus use des ficelles du Black Metal tout en prenant le soin de ne pas s’enfermer dans le style. Le quatuor prend le temps qui lui semble nécessaire afin d’imposer une ambiance lourde et chaotique, mais tout en n’hésitant pas à accélérer la cadence afin d’y déchaîner les enfers. Ils sont maîtres du temps et de la rythmique et prennent un plaisir à les tordre. Une manière de fonctionner qui peut s’imposer à l’ensemble de l’elpee : alors que la mélodie s’apaise, un chant hurlé vient tout bousculer. Quelques minutes plus tard, les instruments se lancent dans une course foule et un chant languissant et apaisant vient s’y poser. Apprêtez-vous, de toute façon, à être secoué : bien que les Lithuaniens vous laisseront de temps à autre un moment d’accalmie, traversé circonstanciellement d’un groove vraiment surprenant, ce ne sera qu’afin de vous rattraper par l’arrière de la nuque quelques instants plus tard afin de vous conduire là où ils le désirent, dans cette zone grise où la raison finit par se dissoudre dans la noirceur des sentiments…

 

Certains évènements sont à voir pour les croire : le concert d’Anthrax programmé ce soir en fait partie. Et pour cause, les pionniers américains du Thrash sont devenus, grâce à leurs 36 années de route, des habitués des grosses audiences. Mais, très étonnant, ils se produisent, aujourd’hui, face à un parterre largement réduit. Et pour cause, le Reflektor ne peut accueillir que cinq cents âmes ; et les places étaient vendues, près de deux mois avant le show. L’occasion de passer un moment survolté, hors du cadre habituel, en compagnie de ce band qui a marqué et influencé pas mal de monde, dans l’univers du métal. Plongée dans la fournaise de la salle liégeoise...

Léger come-back : sous une froide nuit de février dernier, Anthrax débarque dans le nord du pays afin d’interpréter intégralement « Spreading the Disease », son second elpee gravé en 85 ; un disque qui a forgé sa notoriété. Quatre mois plus tard, le vent piquant a laissé la place à la canicule. Anthrax n’est plus venu pour un revival de ses heures de gloire mais bien afin de brosser un tableau de sa carrière. Une seule constante : toujours autant de peuple. Le premier parking couvert à proximité du lieu de rendez-vous affiche complet. Direction la gauche, pour s’engouffrer au sein d’une ruelle étroite qui conduit à proximité de la seconde aire. Il semble rester des places, au quatrième étage. Cap ensuite vers le Reflektor, après s’être frayé un chemin entre les badauds étanchant leur soif, jusqu’à finalement débarquer dans la salle de concert. C’est petit, il y a du monde : l’espace risque de vite devenir étouffant.

Il revient aux Londoniens de The Raven Age d’ouvrir le bal. Ces derniers pratiquent un Heavy new-school qui se révèle rapidement répétitif. Les morceaux démarrent généralement de manière assez soutenue mais retombent finalement, tel un soufflé, pour adopter une même architecture dans la composition. La voix Michael Burrough est monotone. Il semble blasé. Une attitude qui n’est pas de nature à aider les morceaux à sortir de l’ornière. Bref, ce n’est pas mauvais, mais après trois morceaux, la lassitude commence à vous envahir. Comme quoi, être un ‘fils de…’ n’est pas toujours miraculeux. En effet, quand on y regarde de plus près, un des deux guitaristes n’est autre que George Harris, le fils de Steve, gratteur intemporel chez Iron Maiden. Rien que ça ! Un élément pas tout à fait anodin, qui a notamment permis au band d’ouvrir à plus d’une reprise pour le mythe insulaire. C’est également la seconde fois qu’il assure le supporting act pour une tournée d’Anthrax. Pas sûr, que ces opportunités se soient présentées, s’il s’était agi d’un autre sixcordiste…

Break d’une demi-heure avant que la tête d’affiche ne prenne d’assaut les planches. Vu le monde présent, mieux vaut ne pas trop s’éloigner, au risque de se voir relégué au fin fond de la salle. Le Reflektor est à présent plein, du pit aux balcons. Alors que l’ambiance était totalement décontractée une grosse semaine auparavant, lors du concert d’Agnostic Front –les musiciens se baladaient tranquillement parmi les spectateurs– un membre de la sécurité garde vaillamment la porte conduisant aux backstages. Et quand cette dernière vient à s’ouvrir, il s’empresse de la refermer aussitôt. Interdiction de voir les stars de ce soir avant qu’ils ne montent sur l’estrade. La musique d’ambiance diminue de volume, la foule s’exclame, imaginant que le show va bientôt commencer. Fausse alerte : ce n’est qu’un morceau pour chauffer les esprits. Et pas n’importe lequel : « The Number of the Beast » d’Iron Maiden. Ah ben oui, tiens… quel hasard ! Les voix s’élèvent, des poings se lèvent. Iron Maiden appartient définitivement à l’ADN des metalheads. Un tel titre, c’est une partie de sa moelle.

Extinction des feux. Et c’est parti ! La petite scène liégeoise est plongée dans le bleu foncé. Les enceintes crachent le « Can’t Turn You Loose » des Blues Brothers. Le batteur est le premier à grimper sur le podium ; et… déception, ce n’est pas Charlie Benante mais bien son substitut, Jon Dette, qui siège une nouvelle fois derrière le kit. En effet, depuis maintenant quelques années, Benante souffre du syndrome du canal carpien. Ce qui lui provoque de fortes douleurs au poignet et l’oblige à se faire régulièrement remplacer. En fond sonore résonne le riff d’ouverture d’« Among the Living », un des plus gros titres du band. Scott Ian, guitariste et boss du team, s’installe à l’avant de l’estrade. Il fait claquer sa guitare et prend possession du morceau. Comme d’habitude, il arbore cette mine si expressive, comme si chaque mouvement d’onglet sur les cordes le transperçait de part en part. Question expression faciale, le bassiste Frank Bello n’est pas en reste. Si son épaisse chevelure noire masque partiellement son visage, il articule les paroles de chaque morceau, tel un être possédé par une quelconque force maléfique. A ses côtés, Jonathan Donais, second gratteur, se montre beaucoup plus discret. Dernier arrivé de la formation (en 2013), il semble souffrir de la chaleur ambiante. Il n’a en effet pas fallu trois tintements de cymbales pour que la fosse s’emballe, se bouscule, joue des épaules, provoquant une augmentation de la température de quelques degrés. Le solaire vocaliste Joey Belladona débarque enfin, vêtu sobrement d’un jean noir et d’un t-shirt à l’effigie de la tournée du band. Les légendes du Thrash se sont déjà emparées de la scène.

A l’instar de Metallica, Slayer et Megadeth, Anthrax appartient au Big 4 of Thrash, à savoir ces quatre plus grands groupes américains qui ont lancé et popularisé le Thrash Metal, au début des années 80. Même s’il est aussi reconnu dans le milieu que ses trois comparses, Anthrax n’est jamais parvenu à prendre un même envol. Habitué des festivals mais bénéficiant dès lors d’une durée de set réduite, le combo new-yorkais a pu, ce soir, déployer tout son talent et sa hargne en une heure et demi de show. Pas de temps à perdre entre les morceaux, excepté pour se rafraîchir à grands coups de rasade d’eau. Le groupe préfère se focaliser sur la communication avec son public lors des morceaux que pendant les breaks. L’aura de Belladona irradie la salle ; le chanteur est visiblement heureux d’être sur les planches. Il échange des regards complices avec le public, frappe dans les mains de ceux qui tentent tant bien que mal de faire du crowdsurfing et distribue à tout va les onglets de Frank Bello (qui, d’ailleurs, n’en utilise pas pour sa basse !) Si les tubes ultra-connus tels que « Caught in a Mosh », « Madhouse » ou encore « Indians » viennent électriser la foule, il faut reconnaître que « Breathing Lightning » ou encore « All of Them Thieves », une plage extraite de son dernier elpee « For All Kings », ont davantage de mal à déchaîner les âmes. L’âge d’or est derrière eux et les musiciens le savent ; en témoigne la liste résolument old school proposée lors de ce set.

Vu la contiguïté des lieux, on se demandait si la formation allait se livrer à fond ? Alors que les musicos auraient pu sortir la carte de l’indifférence, forcés de se produire dans une si petite salle, ils ont heureusement préféré sortir le grand jeu et en s’investissant totalement. Et le public leur a largement rendu. Alors que la fin du show pointait le bout de son nez, la reprise d’« Antisocial » de Trust, mais dans la langue de Shakespeare, viendra mettre un énième clou sur le cercueil des plus sceptiques. Le sol est aussi détrempé que les bustes. Ceux qui glissent sont de suite rattrapés. La déshydratation guette. Les derniers riffs sont expulsés des grattes, les mines des musiciens témoignent de l’effort nécessaire afin d’exécuter ces treize morceaux au cœur du volcan de la cité ardente. Mais peu importe le nombre de metalheads leur faisant face (NDR : Scott Ian ironisera quand même en affirmant avoir dispensé ce soir le plus gros show de la tournée et que l’année prochaine, le Graspop se déroulerait certainement lieu dans cette salle), les Américains ont offert tout ce qu’ils avaient dans le ventre. Et ça, c’est Metal !

Setlist : “Among the Living”, “Caught in a Mosh”, “Got the Time”, “Madhouse”, “Fight 'Em 'Til You Can't”, “Breathing Lightning”, “Intro to Reality”, “Belly of the Beast”, “All of Them Thieves”, “Medusa”, “Be All, End All”, “Antisocial”, “Indians”

(Organisation : Reflektor)

Alors qu’il se produisait la veille, face à plusieurs milliers de personnes, Agnostic Front a aujourd’hui rendez-vous devant un parterre nettement plus réduit –environ 400 personnes– mais néanmoins gonflé à bloc. Un moment musclé mais convivial en compagnie des légendes du Hardcore Punk. Ce détour par la Belgique est devenu une habitude pour cette formation yankee qui laisse toujours derrière elle un souvenir indélébile. Et puis… ce n’est ni plus ni moins qu’une tournée d’anniversaire : trente-cinq années de planches à célébrer vigoureusement dans le pit !

Dimanche fin d’après-midi, un soleil de plomb prend Liège en otage. Les rues sont calmes, le centre-ville est plutôt désert… à l’exception d’un petit attroupement qui s’est formé aux abords du Reflektor. Et pour cause : face à la salle de concert trône fièrement une magnifique Chevy datant de 1953. La bête a été amenée par le chapitre français du Rumblers Car Club, un collectif de passionnés dont le credo est de réparer, reconstruire et faire rouler d’anciennes voitures américaines. Autre détail intéressant : le responsable de cette association, née à New-York en ’96, n’est autre que… Roger Miret, le leader d’Agnostic Front. Il était donc naturel que le vocaliste, flanqué du reste du band, vienne inspecter le bolide. Accolades viriles, moments photos, échanges de compliments, la soirée s’annonce plutôt bien.

La fosse est plutôt clairsemée, si pas quasi-vide, lorsque les Liégeois de Surge of Fury entament leur set. ‘Allez les gars, on se rapproche… Que chacun fasse deux pas en avant, je veux pouvoir vous sentir’, lâche Tito à l’auditoire qui se densifie petit à petit. Les coreux comptent vingt années d’expérience acquise en ‘live’ ; ils connaissent donc bien les ficelles afin de bouter le feu au public. ‘Montrez vos culs…’, ose un spectateur. ‘En tout cas, nous, on se le bouge…’, lui rétorque de suite, le vocaliste. Il n’en faut pas moins pour que quelques esprits commencent à s’échauffer, les poussant à marteler le sol à coups de pieds et à mouliner les bras dans les airs. En une demi-heure de show, malgré un public relativement calme encore à cette heure anticipée de la soirée, Surge of Fury a offert un show carré et sans concessions. N’ayant jamais sa langue en poche, Tito remerciera Chris (vocaliste du groupe Do or Die et, pour l’occasion, organisateur de la soirée) mais également, un peu amer, tous les participants ‘qui ont été prêts à dépenser un tel prix, exorbitant pour ce style de musique…’ (NDR : le sésame s’élevait à un peu moins de trente euros).

Un espace contigu, des températures estivales : le cocktail idéal pour assoiffer les gosiers. La Chevy est mise en sécurité dans un parking proche de la salle de concert. C’est désormais une horde en t-shirts noirs et treillis de rigueur qui occupent la Place Neujean. Le temps de s’en jeter une ou deux, les martellements de la batterie de Wendy’s Surrender sifflent la fin de la récré. Originaires de Besançon, les Français ont entraîné leur fan club (vous vous rappelez, les fans de vieilles voitures US ?) Sous la bannière ‘East Side Hardcore’, les artistes bénéficient d’un quart d’heure de plus que le band précédent (même s’ils écourteront quelque peu leur prestation). La sauce a un peu de mal à prendre lors des premiers morceaux. D’ailleurs le public est assez statique. Wendy’s Surrender finit néanmoins par imposer son style typiquement old school mais agrémenté d’un petit côté groovy des plus appréciables. La fin du show approche et Cyril, le vocaliste, remercie Chris pour l’accueil. Jean Rem se lève derrière ses fûts, plante une baguette dans le flan du chanteur et lui montre l’arrière du podium. Cyril se retourne et se reprend illico : ‘… et on remercie également Roger d’Agnostic Front. On lui dédie d’ailleurs ce morceau !’ En toute simplicité, Roger Miret et son bassiste Mike Gallo s’étaient en effet glissés en coulisses afin de profiter de la prestation des Français. Au vu des hochements de tête approbateurs et des applaudissements, les artistes ont eu plutôt l’air de passer un bon moment. Une impression également partagée par la fosse, acclamant généreusement le groupe à la fin du concert.

Plus l’heure passe, plus l’air ambiant devient humide. Le temps de sortir d’un état proche de l’apnée, de se faire apostropher par la garde (‘on ne sort plus devant l’établissement avec des boissons après 10h !’), de se rafraîchir autant la gorge que les poumons, et il est déjà venu le moment de regagner le théâtre des opérations. Le décor est planté : le fond de la scène est tapissé par un drapé à l’effigie du dernier album d’Agnostic Front, « The American Dream Died », représentant la charmante statue de la liberté au visage squelettique. Tout le beau monde réuni pour l’occasion occupe à présent la salle, les plus motivé-e-s sont collé-e-s à l’estrade. Il faut dire qu’au Reflektor, il existe une grande proximité entre le groupe (ou l’artiste) et la foule, une simple petite barrière séparant le pit du podium.

Obscurité, cris, spots rouges projetés à la face du public, la B.O. du film ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ (NDR : ça y est, vous l’avez aussi en tête à présent ?) est diffusée dans les haut-parleurs. Fidèle à sa réputation de mascotte, Vinnie Stigma entre triomphalement sur les planches, tout en torse bombé, vêtu d’un maillot du Standard et brandissant sa guitare retournée, au dos de laquelle sont inscrites en capitales les lettres STIGMA. Craig Silverman et Mike Gallo, respectivement guitariste et bassiste du band, prennent position derrière leur micro de part et d’autre du podium. Toujours très sobre et discret, Pokey s’assied derrière sa batterie, suivi finalement de Roger Miret, éternel bandana sur le crâne descendu jusqu’au niveau des yeux, et vêtu d’une ample chemise noire et short de la même couleur. Tous les poings sont levés. « The Eliminator », tiré de l’album « Cause for Alarm » de ’86, claque, tel un coup de fusil, le début du round. La contiguïté des lieux décuple la puissance des bousculades viriles dans la fosse. Les torses s’entrechoquent, certains tombent mais sont de suite relevés. Hardcore spirit.

L’ambiance est empreinte d’une franche camaraderie, le combo a l’habitude du plat pays et son public lui est fidèle. Un lien manifestement palpable. Les esprits s’échauffent, les plus hardis se font porter au-dessus de la foule pour finalement atterrir sur l’estrade, taper une accolade à un des musicos pour finalement se relancer de plus belle dans le pit. Certes, l’alcool aidant, certains abusent de cette ascension sur la stage ; ce qui finira par sensiblement énerver Roger Miret et Mike Gallo. Mais bon, ce rituel fait partie du jeu. Les morceaux s’enchainent pendant une heure, pour un set plein et condensé. Un ‘We love you Agnostic’ émane d’un des spectateurs adossé à la barrière et vient interrompre le vocaliste, alors qu’il était occupé à remercier le public de sa présence en ce dimanche soir. Ni une, ni deux, Roger Miret dédicace alors « For My Family » à ce fan visiblement heureux d’être là. En guise de remerciement, la formation invitera également (encore !) Chris de Do or Die à les rejoindre pour attaquer « Peace », avant de, quelques morceaux plus tard, relancer l’invitation cette fois-ci au vocaliste de Wendy’s Surrender, pour s’époumoner ensemble sur « A Mi Manera ». Un juste retour d’ascenseur.

Même si la moyenne d’âge tendait plutôt vers les trentenaires et les quadras, le public recensait quand même quelques jeunes pousses. ‘Vous êtes la nouvelle génération’, signifie Roger Miret à de jeunes enfants proches des barrières, avant de les inviter à monter sur l’estrade pour le dernier morceau du set, l’incontournable reprise des Ramones, « Blitzkrieg Pop ». Pendant que l’un s’accapare le micro de Craig Silverman afin d’entonner le refrain, un autre, plus jeune, cheveux longs et casque insonorisé sur la tête, pousse la chansonnette auprès du vocaliste, avant de se lancer dans la fosse, sous le regard médusé mais amusé des musiciens. ‘Vous savez, c’est aujourd’hui la Fête des Pères aux Etats-Unis… Mike est papa, Craig est papa, je le suis aussi… Vinnie lui est déjà grand-père (NDR : ce qui déclenche des rires de la salle). Et Pokey… lui c’est notre adopté, il est notre gamin à tous (accentuant cette hilarité). On est une grande famille…’, avait lancé Roger un peu plus tôt. Après avoir passé de bras en bras dans la fosse, le petit garçon revient sur les planches. Le chanteur le hisse sur ses épaules et clôture le set. Tout le monde est hors d’haleine. Les sourires parlent d’eux-mêmes : les légendes new-yorkaises du Hardcore-Punk ont une nouvelle fois mis le feu, en toute modestie, en tout simplicité, leur expérience et leur vécu transparaissant naturellement dans leur jeu de scène. Un esprit de fraternité, d’échange sincère avec leur public –peu importe le nombre qu’il soit– qui ne naissent et ne se déploient que dans ce type de concert. Longue vie au Front !

Organisation : Reflektor & Nuclear Blast

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