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L’amour étrange de Coilguns…

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Bernard Dagnies

Bernard Dagnies

18 groupes presque d'affilée, il y a de quoi friser l'indigestion. Surtout que mon collègue Sébastien avait déclaré forfait. Ce qui explique que votre rapporteur, s'est limité à un zapping photo, lorsque l'une ou l'autre prestation lui est parue moins intéressante ou quand la fatigue a commencé à se faire sentir. Un regret ? Oui, la bière. Pas de blanche, mais des pintes (ça donne mal à la tête le lendemain !) ou de la Troll (excellent breuvage, mais après 3 verres, tu peux aller dormir). Ce qui n'a pas empêché les organisateurs de vendre 37 fûts en deux jours. C'est quand la fête de la bière ?

Tout comme l'an dernier, la deuxième journée s'est ouverte par la prestation du dernier lauréat de l'Open stage de Mouscron, c'est-à-dire Crisis Crew. Une formation française qui pratique de la fusion dans l'esprit de Senser. Pas de basse ni de batterie, mais deux gratteurs, un Dj (plutôt habile aux scratches) et un MC. Ce dernier rappe tantôt en français, tantôt en anglais pendant que l'un des deux guitaristes lui répond d'un timbre aussi mélodique que remarquable. Leur mix entre hip hop et metal sur fond de samples tient très bien la route, mais d'une part on a l'impression que le crew se prend un peu trop au sérieux et puis j'avoue ne pas être trop réceptif à ce type de musique. Dommage quand même que ce quatuor s'est produit à 15h30 devant 40 personnes ; car face à un public nombreux et réceptif, il aurait pu mettre le feu.

Trio tournaisien, Sour Puss implique deux Fuckin' Canaries (Gonz aux drums et Troma à la guitare), formation locale anarcho-punk surtout notoire pour son lancer de graines pour volaille, ainsi qu'Erik, également impliqué chez Opao et Koffee. La fantaisie figurative des Fuckin' Canaries laisse ici place à une musique noisy proche de la no wave des débuts de Sonic Youth. Instrumentalement, le set passe bien la rampe et le groupe possède une pêche d'enfer. On est même agréablement surpris des progrès accomplis par les deux F.C.. Un regret : les vocaux. Ben oui, il n'y a pas de Kim Gordon pour contrebalancer l'âpreté du son ; et malgré le recours de deux micros dont un astatique, la permanence de l'intensité électrique finit par nuire à l'intensité de la musique.

Chez Al Dente, on retrouve un certain Joseph Petolillo, un chanteur/compositeur qui a sévi au sein de différents groupes comme Slam to Slam ou Treefoil. Particularité de ce vocaliste, il possède un timbre et même des inflexions très proches de Peter Hammill. Et musicalement, l'univers expérimental, décalé et imaginatif de ce combo ressemble à celui d'un Vandergraaf Generator récréatif s'intéressant au funk robotique de Talking Heads. Le tout traversé d'accès de jazz, de fanfare, de cirque et autres délires en tous genres. Une prog insolite qui n'a pas eu l'heur d'attirer la foule ; mais qui pourtant mérite une attention toute particulière. Parce que non seulement les musiciens sont très talentueux (un bassiste, un drummer, un claviériste et deux cuivres qui jouent un peu le rôle de Dave Jackson), mais parce que leur musique est à la fois élaborée et séduisante. Une écharpe faite de plumes roses autour du cou, Joseph gratte un peu de guitare ; mais surtout drive un groupe qui devrait faire le bonheur de tous les nostalgiques de la prog. Qu'ils se le disent !

Ils portent les cheveux longs comme Black Sabbath, mais s'inspirent davantage de Neurosis. La musique est aussi lourde qu'indigeste. Le chanteur utilise un pupitre pour trafiquer, sampler ou réverbérer sa voix. Un quatuor qui répond au nom d'Ultraphallus. Se sont trompés de patronyme. Ils auraient dû choisir celui d'Ultradyspepsie.

Le post rock de Pillow est de plus en plus sophistiqué. Un peu comme si la formation voulait rendre son expression sonore clinique. La musique est de plus en plus propre, de plus en plus fignolé, notamment au niveau des arrangements et des harmonies. Pas vocales, puisqu'il n'y a toujours pas de chanteur. Pourtant, j'adore leur manière d'enrichir leurs lignes musicales de couches successives, même si parfois le côté répétitif de certains thèmes peut devenir lassant. En fait, à contrario de Mogwai ou d'Explosions in The Sky, leurs compos n'atteignent que trop rarement les pics d'intensité frénétique de leurs maîtres. On a ainsi parfois l'impression que le groupe refuse de se lâcher et en garde sous la pédale. Je l'ai déjà dit et je le répète, l'apport d'une vocaliste leur permettrait sans doute de se démarquer du courant post rock au sein duquel ils semblent vouloir s'enfermer. Mais apparemment, ils préfèrent conserver cette ligne de conduite, quitte à demeurer dans la zone crépusculaire de l'underground. C'est tout à leur honneur. Enfin, dernière remarque, la projection d'images voire de courts métrages sur un écran placé derrière les musiciens, leur permettraient de susciter une dimension avantageusement visionnaire…

Rocket From the Crypt, Blues Explosion et les Cramps constituent probablement les influences majeures de Driving Dead Girl, un quatuor originaire de Mons dont le mélange de garage, de psychobilly et de stoner se révèle bigrement efficace. Le look et l'attitude fifties (au cours de leur jeunesse, il devaient tapisser leurs chambres de posters d'Elvis Presley ou d'Eddie Cochran), cette formation libère une énergie incroyable sur les planches. Leur set speedé, énergique, survitaminé par des riffs de guitare(s)aussi tranchants que poisseux, balisé par une section rythmique implacable et tapissé par ce vocal légèrement reverb, m'a tout à fait convaincu. Rien de révolutionnaire dans leur démarche rock'n rollesque, mais une bonne tranche de groove servie sur un bon lit d'électricité jouissive.

C'est sous la forme d'un quintet que Monsoon monte sur le podium devant un parterre de spectateurs de plus en plus fourni. Apparemment, la violoniste a quitté le groupe, ne laissant plus, pour toute représentation féminine au sein du line up, que la chanteuse Delphine Gardin. Et quelle présence, puisque tout au long du set, tous les regards se focalisent sur elle. Svelte, sexy, jolie, moulée dans une longue robe rouge fendue (laissant apparaître un décolleté profond, lorsqu'elle se débarrassera de son écharpe), les cheveux noirs relevés en chignon, de grands anneaux plantés dans le lobe des oreilles, elle me fait penser à une danseuse de flamenco. Elle tournoie même régulièrement sur elle-même au cours du show. Et puis elle possède une très belle voix, tour à tour angélique ou satanique, saturée ou rageuse, atmosphérique ou glapissante, dont le timbre oscille de PJ Harvey à An Pierlé en passant par Beth Gibbons. Un chant bien mis en valeur par le groupe qui allie efficacité et sobriété. Si les passages électriques libèrent une puissance étonnante, les retombées romantico-tragiques sont de toute beauté. Leur pop/rock écorché, teinté de jazz, n'est d'ailleurs pas dénué de mélodies vaporeuses. Une chouette prestation, même si un meilleur mixing aurait permis de mettre davantage leur chansons en valeur.

Après un moment pareil difficile d'encaisser la musique du duo PHC. Fruit d'un mélange de hard-core, de post-rock, d'expérimental-noisy et d'indus, agité par une boîte à rythmes épileptique, elle répond aux aspirations bruitistes des aficionados de Godflesh, Treponem Pal ou encore de Napalm Death. J'ai tenu la distance un peu moins de cinq minutes. Le temps de prendre deux photos… et puis aux abris !

La salle Jean Notté était bien sûr comble pour accueillir The Tellers. C'est-à-dire Ben Baillieux-Beynon au chant et à la sèche et puis Charles Blistin à la guitare électrique. Un duo soutenu par une section rythmique dont le drummer, souvent caché derrière un écran de fumée, était coiffé d'un superbe melon et arborait un tee-shirt à la gloire des Ramones. Il aurait pu jouer dans « Mary Poppins » ! Mais revenons-en à nos conteurs et leurs compos contagieuses et rafraîchissantes : le single « More », « I lie » et « Jacknife », on n'y a pas échappé. Comme dirait Karine, spontanées, leurs chansons possèdent toute la fraîcheur du groupe débutant passionné. Les rythmes sont soutenus, parfois interrompus, pour reprendre de plus belle, comme sur le disque. Ben présente ses chansons, mais on a parfois l'impression qu'il ne veut pas déranger ; et il parle si vite, qu'on ne comprend pas grand-chose à ce qu'il raconte. Heureusement, il se montre beaucoup plus convainquant au chant et à la six cordes. Qu'importe, l'ambiance est chaleureuse, le set bien ficelé et le public apparemment ravi. Que demander de plus ? Surtout de la part jeunes qui ont à peine 20 ans !

La palme de l'humour reviendra à Interlude (Sans avenir), un trio tournaisien qui se produisait en public pour la deuxième fois. Vêtus d'habits de moine, hyper maquillés, ils arrivent et repartent en agitant des crécelles comme des lépreux. Et sur scène, ils reprennent des standards du punk (« God save the queen », « Should I stay or should I go? » et j'en passe, même dans la langue de Voltaire) à l'aide d'un sousaphone, d'un ukulélé (mais aussi de toute une série de guitares ou de mandolines miniature) et d'une batterie électronique ; le tout entrecoupé d'interludes ( ?!?!?) théâtraux et surtout caricaturaux (une messe, de la cuisine, une dégustation de bières trappistes, etc.). Ah oui, et puis il y a Pierre qui chante avec un accent truculent du terroir. Le nom du groupe est sans équivoque, mais en programmant cet intermède au bar, les organisateurs avaient fait le bon choix…

Bien qu'affichant un look de cow-boys (le drummer est coiffé d'un chapeau semblable à celui que portait Artemus Gordon, dans la série les « Mystères de l'Ouest »), My Little Cheap Dictaphone n'émarge pas du tout à la musique country. Ou alors du bout des orteils, et dans l'esprit d'un Sparklehorse. Drivé par Redboy (il est également impliqué chez Holywood P$$$ Stars), le groupe compte déjà deux albums à son actif. Tour à tour vivifiante et électrique, subtile et lustrée, sa musique évolue entre rage et mélodie, entre allégresse (le single « Upside down ») et tragédie, entre rêve et rage, au sein d'un univers qui aurait pu naître d'une rencontre entre At The Drive In et Bright Eyes. Ou si vous préférez entre de la folk-pop soigneusement orchestrée et un indie rock décapant. Tout a long de son set, MLCD étonne par la maîtrise de son sujet. Sa musique est authentique, belle et envoûtante. Elle engendre même une multitude d'images et de sensations. En fin de parcours, Redboy passe au piano électrique, pour interpréter une compo majestueuse, dans un style me rappelant curieusement un certain Procol Harum (pas celui de « Whiter shade of pale », rassurez-vous !) Le meilleur concert du festival, il fallait s'en douter…

Trio strasbourgeois, The Astro Zombies pratique un psychobilly particulièrement nerveux. Un chanteur guitariste, un contrebassiste et un drummer. Les deux premiers déménagent littéralement sur les planches (et le mot est faible !) Leur look un peu rétro est accentué par le port de casquettes dignes des premiers films de Gabin. En outre, leur patronyme rappelle une vieille série B des 50's. Ils passent tous les styles et toutes leurs influences à la moulinette, même les rares qu'ils reconnaissent : les Meteors et Guanabat. La démarche est assez originale et plutôt sympa, mais après quelques titres on a la sensation qu'en appliquant une même recette aux différentes compos, elles finissent par souffrir d'une uniformité certaine. Dommage, car les musiciens ne manquent pas de talent…

Kofeee est une formation locale impliquant quatre musiciens dont les goûts (même vestimentaires !) sont diamétralement différents. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi ils développent des projets parallèles. Le plus étonnant, c'est que la rencontre de toutes leurs influences (qui oscillent du hardcore au folk en passant par le jazz, la no wave, le métal, la prog, le psychédélisme, le post et le math rock, etc.) tient parfaitement la route. Et ne dérape jamais dans l'univers cérébral ou expérimental. Balaise (au propre comme au figuré), Seb joue de la guitare d'une manière très instinctive. Mais manifestement, c'est lui qui donne la voie à suivre, même si les autres musiciens n'hésitent pas à apporter leur coloration personnelle aux compos. Des compos plutôt bien construites, susceptibles de se complaire dans l'introspection avant de prendre du rythme, puis de s'abandonner dans une certaine violence sonore. Ah oui, Kofeee signifie 'Kilometers Of Electric Eclectic Elipses'. Tout un programme !

Bon, ben après ce concert, je me suis éclipsé. La fatigue et l'heure avancée ne me permettant plus de me concentrer, j'ai donc délégué le compte-rendu à Jean-Philippe (que je remercie vivement par ailleurs) pour la prestation de Crooner Mic Action. Et je m'en félicite. Pas pour la prestation du duo, mais simplement parce que l'un des deux était cagoulé. Une situation qui me révulse. A l'instar de toute personne atteinte d'un PTSD. Sans quoi, ces deux types se produisent debout, en costard/cravate et jouent de la guitare, le plus souvent en distorsion. Imprimée sur des rythmes syncopés produits par une boîte à rythmes, leur musique ressemble à une sorte de roots music revue et corrigée dans l'esprit de Bob Log III. Evidemment si leur humour est d'aussi mauvais goût, pas la peine de s'attarder sur leur sort.

En résumé, on peut affirmer que cette 5ème édition du d'Hiver Rock a été un franc succès. Et félicitations aux organisateurs pour ce qu'ils réalisent avec aussi peu de moyens financiers. A l'année prochaine !

 

 

Beaucoup moins de spectateurs lors de cette troisième journée. Faute de grosse tête d'affiche, plus que probablement. Aucune des formations programmées ce soir ne jouissant de la popularité des Kooks. Mais c'est souvent l'occasion de faire des découvertes…

On a retrouvé Blanche Neige ! D'origine pakistanaise, elle vit à Brighton, en Angleterre. En vérité, elle s'appelle Natasha Khan, drive un groupe qui répond au nom de Bat For Lashes et possède une voix remarquable dont le timbre rappelle tantôt Kate Bush, tantôt Björk, tantôt Sinead O' Connor. Et elle est très jolie (NDR : non, les membres de Spinto Band ne rôdaient pas dans les coulisses). Elle est fascinée par tout ce qui touche au surnaturel et le reflète à travers ses chansons qui relatent tantôt des contes de fées, tantôt des romances épiques. Elle est entourée de trois autres filles. Coiffées comme des indiennes, les quatre musiciennes se partagent une multitude d'instruments. Conventionnels (violons, basse, guitare, piano, claviers, accordéon, boîte à rythmes) et insolites (des percussions en tous genres et une mini harpe). Mais si la structure instrumentale tient parfaitement la route, les mélodies délicatement tissées nous plongeant au sein d'un climat où se mêle harmonieusement fantaisie, sensualité, innocence, mystère, inquiétude et passion, c'est surtout la voix de Natasha qui domine le sujet. Parfois on en a même la chair de poule. Le plus étonnant, c'est qu'elle avait pris froid, s'excusant auprès du public de son état de santé. Suis certain que dans la foule, il y avait centaines de chevaliers qui auraient accepté de jouer le rôle du Prince Charmant…

Fyfe Dangerfield s'assied au milieu de son armada de claviers. On dirait presque qu'il est dans un bunker, tant il est difficile de l'entrevoir au milieu de son attirail. Son timbre vocal âpre, chaleureux, légèrement opératique, vous hante, vous envoûte instantanément. Greig Stewart est aux drums. Sa manière un peu frénétique et désarticulée de jouer me fait parfois penser à Animal, le batteur fou du Muppets Show. MC Lord Magrão, le guitariste, ne tient pas en place une seule minute. On a même l'impression qu'il danse avec sa guitare, tout en la torturant. Aristazabal Hawkes se réserve la contrebasse. Elégante et sexy dans sa robe rouge moulante, cette très belle fille de type latino apporte une coloration jazzyfiante aux compos. Tout comme les deux cuivres, qui se sont postés à l'arrière de la scène. Et je dois avouer avoir été impressionné par leur set. Très en relief, énergique, riche, diversifié, il contraste totalement avec leur premier album (« Through the Windowpane ») dont la mise en forme a tellement été léchée, qu'il en est devenu insipide (NDR : à leur place j'irai casser la gueule au mec - le producteur ou l'ingénieur du son - qui a complètement bousillé leurs chansons). Alors surtout ne tenez pas compte de cet accident de parcours, Guillemots possède un potentiel inouï. Il l'a en tout cas démontré ce soir. Et si vous avez l'occasion d'aller les applaudir, ne les manquez sous aucun prétexte. C'est dit !

Love Is All est la formation dont toute la presse indie parle. Mais dont les journalistes n'ont pratiquement jamais rien entendu. Le quintet suédois vient pourtant de sortir un premier mini album (« Nine Times That Same Song »), mais pour l'instant, il n'est disponible qu'en import. Dirigé (NDR : et le mot est faible !) par la chanteuse Josephine Olausen (tout de noir vêtue, y compris la minijupe et les bas collants), une vocaliste/claviériste au timbre glapissant, strident, rappelant Karen O (Yeah Yeah Yeahs), Annabella Lwin (Bow Wow Wow), voire Poly Styrene (X-Ray Spex), L.I.A. implique également dans son line up un guitariste, un bassiste, un drummer et un saxophoniste. Combinant divers éléments qui oscillent du post punk à la new wave en passant par le Riot Grrrl et la no wave, leur musique ne manque ni d'énergie, ni d'enthousiasme. Dans ses moments les plus dansants, elle peut même faire penser aux B52's. Malheureusement, cette exubérance doublée d'excitation est tellement constante, qu'elle en finit par en devenir linéaire et surtout à lasser. Dommage, car l'ensemble pourrait franchement mettre le feu, s'il mettait un peu plus de variation dans son expression sonore. Ce n'est peut-être qu'une question de temps…

Il revenait à Midlake de clôturer cette soirée. Une formation texane (NDR : de Denton très exactement) dont les influences oscillent de Grandaddy aux Flaming Lips en passant par Coldplay. Enfin, c'est l'impression laissée par leur deuxième album, « The Trials of Van Occupanther », paru voici quelques mois. Sur scène le line up est constitué de cinq musiciens. Seuls le drummer et le claviériste se concentrent sur leur instrument. Les trois autres se partageant les claviers, la guitare électrique, la guitare sèche dont deux d'entre eux le chant (NDR : franchement le concert m'a tellement passionné que je n'en suis plus tellement sûr, mais la description doit être plus ou moins fidèle). Derrière le groupe, des clips vidéo sont projetés sur un écran. Certaines d'entre elles relatent des batailles de l'époque napoléonienne. Et régulièrement la pochette de leur dernier elpee s'intercale entre les minis films. L'essentiel de la concentration se focalise d'ailleurs sur cet écran, car la musique ne parvient pas à accrocher l'esprit. Et sans ses projections, on piquerait bien un petit roupillon. Vu la fatigue et l'heure avancée, si la salle avait été garnie de sièges cinéma, cela n'aurait pas fait l'ombre d'un pli. D'ailleurs aux deux tiers du set, j'ai pris la bonne décision de vider les lieux et de reprendre la route pour y retrouver mon lit…

jeudi, 09 novembre 2006 04:00

Festival les Inrocks : jeudi 9 novembre

Enormément de monde pour ce deuxième jour des Inrocks de Lille. Le premier s'était déroulé la veille à la Maison des folies de Wazemmes. Et beaucoup d'Anglais et surtout d'Anglaises avaient traversé la Manche pour assister au set des Kooks. De très jeunes britanniques ! Depuis tôt le matin elles étaient collées à la grille d'entrée pour pouvoir pénétrer dans la salle et s'installer le plus près possible du podium. Un engouement que l'on rencontre rarement sur le Vieux Continent. Par contre, le service de sécurité a confondu festival rock et meeting politique voire syndical. Le syndrome Sarkozy continue de faire des émules. Admettre les spectateurs frigorifiés au compte-gouttes m'a semblé quelque peu déplacé. Mais on peut le comprendre au vu des fouilles minutieuses réservées à la carte. Séparer ceux-ci en deux files : une pour les filles et l'autre pour les garçons m'a donné la nausée. Un comportement peu accueillant, c'est le moins que l'on puisse dire. On était même à la limite du déni de démocratie ! Faisant remarquer cette situation aux organisateurs, ce service d'ordre m'a même intimé l'ordre de la fermer. Qu'ils fassent leur boulot, d'accord ; mais faut pas prendre les gens pour du bétail. Ni pour des imbéciles. C'est sans doute ce qu'ils pensent des journalistes. A leurs risques et périls…

Il revenait à Mumm-Ra d'entamer la soirée. Six très jeunes insulaires issus de l'est du Sussex. De Bexhill-on-Sea, très exactement. Leur musique ? De la britpop dans la lignée de Snow Patrol, mais en plus brouillon. Le claviériste essaie bien de rendre l'expression sonore la plus homogène possible, mais il ne peut manifestement colmater toutes les brèches. James Arguile n'est pas un mauvais chanteur et son jeu de scène quelque peu théâtral rappelle parfois Jarvis Cocker. Mais leur style redondant finit par lasser. Franchement, sur la scène belge, il y a des groupes qui leur sont dix fois supérieurs…

La bonne surprise nous est venue de Boy Kill Boy. Enfin, pas tout à fait une surprise puisque ce quatuor londonien puise manifestement ses influences dans la musique des eighties. Et en particulier chez les Smiths et Julian Cope. Un peu comme The Killers, Bloc Party et Maxïmo Park. Chris Peck, le chanteur, possédant d'ailleurs un timbre fort proche de Paul Banks. Pourtant, BKB n'a pas trop bonne presse en Grande-Bretagne. La formation était-elle dans un état de grâce ? On n'en sait strictement rien. Une chose est sûre, leur set est très précis et libère une énergie pure. Les riffs sont efficaces et les mélodies hymniques, mélancoliques, contagieuses. En outre, le claviériste, qui assure également les backing vocaux, apporte une petite touche new wave à l'ensemble, de manière à alléger et surtout équilibrer une expression sonore susceptible de basculer à tout instant dans un climat ténébreux. Et heureusement, ce n'est jamais le cas.

Toute la presse branchée crie au génie en parlant de Spinto Band. Un combo américain issu de Willington, dans le Delaware, qui existe depuis déjà une bonne dizaine d'années. Un méga hit à leur actif : « Oh Mandy ! », que la formation va d'ailleurs interpréter au beau milieu de sa prestation. Une prestation guère convaincante, il faut l'avouer. Pourtant, leur power pop insouciante, sucrée, mélodique, contagieuse possède tous les atouts pour faire la différence. Evoquant même parfois les Posies voire Weezer. A moins que ce ne soit les Talking Heads. A cause de la voix nasillarde de Nick Drill, proche de David Byrne. En outre, les musiciens déménagent sur les planches. Parfois un peu trop. De petite taille (NDR : heureusement, ils ne sont que six !) ils usent et abusent de clichés : poses semi-convulsives, conjugaison de choeurs sur un même micro, etc., au point d'en oublier l'essentiel : la musique. Et finalement on en prend plein la vue, alors qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre dans le tuyau de l'oreille. En résumé, Spinto Band est à Talking Heads ce que Clap Your hands Say Yeah est à James. Des hypes tout simplement ! Vous n'avez pas rencontré Blanche Neige ?

La tête d'affiche revenait incontestablement aux Kooks. Ils jouissent d'une incroyable popularité aux Iles Britanniques. Ce qui explique pourquoi l'Aéronef avait été envahi par l'Albion lors de cette soirée des Inrocks. Et surtout par des filles. Honnêtement en plus de 35 années de concerts, je n'avais vu ni entendu une telle hystérie émanant de fans. Peut-être lors d'un concert de T Rex. Mais c'était il y a bien longtemps. J'avais l'impression de revoir les images si souvent passées à la TV, en noir et blanc, des Beatles au milieu des sixties. Etonnant ! Ces aficionados connaissent toutes les chansons de leurs idoles par chœur, et les interprètent en même temps que Luke. Ah oui, mais le concert alors ? De bonne facture, sans plus. Les Kooks possèdent un énorme potentiel, mais ils sont encore très jeunes et doivent encore apprendre à le maîtriser. Luke passe successivement de la guitare électrique à la sèche. Le son est puissant. Même pour les compos les plus intimistes. Ce qui rend la prestation un peu trop linéaire. Coiffés de superbes chapeaux, Hugh Harris, le guitariste soliste et Max Rafferty, le bassiste, sont postés respectivement à gauche et à droite de Pritchard. Les tubes (toutes les compos sont des tubes !) s'enchaînent. Et manifestement, c'est en 'live' qu'on se rend compte de l'influence exercée par Police, époque « Regatta de Blanc », sur le groupe. Blanc comme le funk blanc ! En fin de set, l'intensité monte d'un cran. Et la ferveur du public n'y est pas étrangère. Conclusion, les Kooks accordent un rappel au cours duquel il interpréteront leur inévitable cover, « You make me crazy ». Et puis Luke de terminer son show debout sur les barrières 'nadar' devant un public conquis (NDR : celui des premiers rangs, of course…)

Cerise sur le gâteau, la troisième et dernière journée du festival D'hiver Rock accueillait Zita Swoon dans le cadre de sa tournée « A band in a Box ». Un concept dont le principe repose sur le désir de vouloir abolir la distance entre l'artiste et les spectateurs, en se produisant au milieu du public, avec le minimum de matériel possible. Une amplification réduite, quelques moniteurs et un light show limité à sa plus simple expression, au travers duquel la musique est proposée sous sa forme la plus dépouillée.

C'est entouré d'une foule en majorité assise sur le sol (NDR : on se serait cru revenu à l'époque des groupes prog du début des seventies) que Stef Kamil Carlens se présente, armé de sa guitare. Il est alors seul pour interpréter sa première chanson, « Hey you, whatsdoing ». Une ballade feutrée, intimiste, qui donne le ton de ce début de set. Le groupe entre ensuite en scène : Aarich Jespers aux drums, Bjon Erikson à la guitare ou aux claviers, Tomas de Smet à la basse ou à la contrebasse, Tom Pintens (un bonnet sur la tête) à la guitare, aux claviers ou à la clarinette, ainsi qu'un percussionniste disposant d'une panoplie d'instruments insolites. Sans oublier, bien sûr, les trois choristes. Les sœurs Gijsels. De jolies métisses, élégantes et sexy dans leurs longues robes fleuries et dont les voix gospel apportent une coloration savoureusement exotique à la musique de Zita Swoon. Bref, un régal pour les yeux et les oreilles. D'autant plus que le son est absolument parfait… Et toute cette équipe nous entraîne dans une ambiance soul, nightclubienne à travers « Intrigue », un morceau chanté dans la langue de Voltaire. Et c'est encore en français que Stef interprète « De quoi a besoin l'amour », une compo flamboyante au cours de laquelle Tom est passé à l'accordéon. A cet instant, Carlens a déjà abandonné sa six cordes depuis un bon bout de temps. Nonobstant l'alternance des climats, qui oscillent du jazz au rock en passant par le r&b, le swing et la pop, on sent que l'ambiance commence à  monter. Et ce n'est pas la cover acoustique du « By the rivers dark » de Léonard Cohen, plus proche d'un Peter Hammill que du poète canadien ou Stef jouant du mélocica à la manière du joueur de flûte d'Hamelin, qui tempère la montée de fièvre. Une fièvre communiquée par les vahinés qui invitent le public à se lever et à danser. Une invitation à laquelle il se plie de bonne grâce lors de l'inévitable « My bond with you and your planet : disco ». Stef tourne parfois autour du band en se servant d'un tambourin oriental (NDR : assez mal en point, il faut le reconnaître). Et c'est la fièvre lorsque le band s'attaque aux deux morceaux de Moondor Jr, « Jintro » et « The Ricochet », ce dernier s'achevant sur un tempo tribal digne de Santana. Le groupe retrouve alors une certaine quiétude pour attaquer les covers dont « You're a big girl » de Dylan, et en rappel le « Raining pleasure» des Triffids ou encore « The night » de Morphine. Le public est conquis par la prestation en tous points remarquable de Zita Swoon. Et dire que ce n'était pas sold out !...

 

Soirée consacrée aux groupes roots et americana, ce mardi 16 mai, à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Encore que ce mini festival se soit achevé par la formation de britrock Clearlake et qu'il ait été entamé par Sleepindog, le nouveau projet électrofolk minimaliste de Chantal Acda. Un regret, le manque de public qui au plus fort de l'événement, n'a jamais dépassé les 400 âmes.  

Jolie, sexy, Chantal Acda entame donc le spectacle à l'AB Club. Devant le podium, une partie du public est assise sur le sol ; il y a même une dessinatrice qui exécute quelques croquis de la chanteuse. Derrière la scène, un écran reçoit des projections d'images arty ou de la Flandre maritime : plage, sous-bois, etc., le plus souvent parcourus par des chiens. Des chiens heureux de courir dans la nature. Ce qui explique le nom du projet. Chantal possède une très belle voix, claire, cristalline, qui peut évoquer Joan Baez. Une voix qui colle parfaitement à ses compos atmosphériques, vibrantes, visionnaires, carillonnantes, dont on retiendra surtout « Times », « Wheelchair » ou « Blue flower » Elle s'accompagne tantôt à la guitare sèche, au vibraphone ou a piano. Pour la circonstance, elle a reçu le concours d'une collaboratrice. Préposée aux bruitages elle s'essaie de temps à autre au xylophone. Elle semble peu à l'aise ; et ses interventions n'apportent pas grand-chose à la musique de Sleeping Dog. A la limite, les McIntosh disposés sur la scène frappent davantage l'imagination. Et franchement, elle aurait pu s'abstenir. Ce qui n'empêchera pas Chantal de séduire un public apparemment conquis d'avance. Issu du nord du pays, c'est une certitude. Ses explications entre chaque titre, formulées exclusivement en néerlandais, en sont la plus belle démonstration. Maintenant, si elle souhaite vraiment passer la frontière (et pas seulement linguistique), elle aurait peut-être intérêt à avoir aussi recours à la langue de Shakespeare ou de Molière. En prenant exemple sur An Pierlé. D'autant plus que Chantal possède suffisamment de talent pour attaquer la scène internationale. A suivre, donc, et de très près.

Le Willard Grant Conspiracy est venu sous sa forme la plus épurée. Il y a bien Robert Fisher, le leader, mais il n'est flanqué que du bassiste Eric Van Loo et du guitariste Jason Victor. Ce dernier militant habituellement au sein du Miracle 3 de Steve Wynn. Robert accompagne d'ailleurs la tournée de l'ex Dream Syndicate. Un Wynn qui va d'ailleurs monter sur scène lors du dernier morceau de leur prestation, « Flying low ». Uniquement aux backing vocaux. Un set remarquable mais beaucoup trop court. A peine une demi-heure ! Pourtant, en peu de temps, le trio (NDR : donc une basse et deux sèches !) est parvenu à conjuguer talent et émotion. De son timbre de baryton, Robert nous envoûte de ses mélodies hymniques, tout en grattant ses six cordes. De temps à autre, il souffle dans un harmonica monté sur un rack. Jason joue en picking, alors qu'Eric donne du relief aux compos. « The trials of Harrison Hayes », « The ghost of the girl in the well » et une majorité de titres issus de son dernier opus, « Let it roll » vont ainsi défiler. Trop rapidement. Et on est resté sur sa faim…

John Roderick, le leader de Long Winters, se produit en solitaire. Mais franchement uniquement accompagné de sa guitare électrique, il remplit tout l'espace sonore. Certains lui reprocheront peut-être de réaccorder sa râpe entre les morceaux. Mais chaque fois, c'est pour sortir une vanne. Et comme il parle l'anglais à la perfection, on partage avec lui cette bonne humeur contagieuse. Il possède en outre, une voix sinusoïdale, oscillations vocales qui flirtent avec les accords plaqués mais très intenses qu'il administre à sa guitare. En fin de set, il abandonne son manche pour aller s'asseoir derrière le piano qui est resté sur scène après le set de Chantal. Et il s'y montre encore plus convainquant, récoltant d'ailleurs un rappel…

La dernière fois que j'avais assisté à un set de Centro-Matic, c'était en 2001. A l'AB, également. Il y a bien eu le projet South San Gabriel qui était à l'affiche du Pukkelpop, en 2003 ; mais je n'avais plus assisté à un concert du quatuor texan depuis 5 ans. Hormis le multi-instrumentiste Scott Danborn, les autres musiciens ont changé de physionomie. Will Johnson ne porte plus de lunettes, mais des lentilles. Mark Hedman, le bassiste, n'a plus du tout cette silhouette filiforme qui le caractérisait ; et en se laissant pousser les cheveux, Matt Pence, le drummer et ingénieur du son, ressemble de plus en plus à John Anthony Helliwell, le saxophoniste de Supertramp, lorsqu'il était jeune. Nonobstant le début de set quelque peu perturbé par une balance défectueuse, on sent que le quatuor de Denton est en forme. Scott se multiplie aux claviers, à la guitare ou au violon. Mais la sauce a du mal à prendre. Lorsque soudain, Scott décide de reprendre la basse à son compte et refile la six cordes à Mark. A partir de cet instant, la prestation va prendre une toute autre dimension. On entre alors dans un univers électrique, intense, tour à tour garage, 'crazyhorsien' ou même réminiscent du Paisley Underground. Et au cœur de cette débauche d'énergie rock'n rollesque, pourtant pavée de mélodies contagieuses, la voix de Will, dont les inflexions se font très proches de Paul Young, en deviennent bouleversantes. Le public est ravi et réclame un rappel que le quatuor lui accordera à travers une chanson écrite en 1997, une compo au cours de laquelle Will a abandonné sa guitare et affiche une attitude théâtrale qu'on ne lui connaissait pas. Il se met même à siffloter. Etonnant !

Désolé, mais franchement, après avoir lu toute une série d'articles consacrés à Clearlake, je me suis demandé si ce soir, j'étais en présence du même groupe. Apparemment oui, même si la moitié du line up a changé depuis deux ans. D'abord, le claviériste et membre fondagteur, Sam Hewitt, a tiré sa révérence ; et puis le drummer James Butcher a été remplacé par Toby May. Reste donc le bassiste, David Woodward, et l'autre membre fondateur, le guitariste/chanteur Jason Pegg. Surprise, car à l'origine, la formation insulaire concoctait une musique qui puisait essentiellement son inspiration chez Vandergraaf Generator, Talk Talk et la soul 'motownesqu'e. Alors oubliez tout ce que je viens de vous raconter, car aujourd'hui Clearlake pratique une sorte de funk blanc directement inspiré par Gang of Four. Encore que les mélodies rappellent plutôt Radiohead. Le claviériste a d'ailleurs été remplacé par un deuxième guitariste. Qui assure les backing vocaux. Et lorsqu'il conjugue sa voix avec celle de Jason, le résultat est digne des Posies. Les guitares claquent, déchirent, crépitent, se muent en véritables déflagrations électriques. Le son est puissant. Mais, Toby May parvient à canaliser toute cette énergie à l'aide de son drumming à la fois solide qu'efficace. Une caractéristique visuelle ? La taille des musiciens. Particulièrement minces, ils doivent tous approcher le mètre nonante. Et dans leurs costards, ces Britanniques sont vraiment élégants. Euh, il fait froid là-haut ?

dimanche, 17 juillet 2005 03:00

Dour Festival 2005 : dimanche 17 juillet

Formation gantoise, Absynthe Minded compte déjà deux opus à son actif ; et son dernier, « New day », avait été choisi comme album de la semaine, il y a deux bons mois. Un quintette dont la musique oscille de la pop au cabaret en passant par le jazz, la prog, le folk, le blues, le funk, la salsa et j'en passe. Une formation qui peut compter sur deux excellents instrumentistes : le contrebassiste Sergej Van Bauwel et puis surtout le violoniste Renaud Ghilbert (NDR : ce dernier accompagnait Sioen à ses débuts). Sans oublier, bien sûr, le chanteur/compositeur/guitariste Bert Ostyn. Bert possède une très belle voix, dont le timbre mélancolique, chaleureux, évoque le plus souvent un certain Mark Olivier Everett (Eels). Et sur les planches, la section rythmique ainsi que le claviériste (NDR : il dispose d'un hammond !) apportent leur pierre à l'édifice sonore. Lorsqu'Absynthe Minded interprète des chansons semi acoustiques, Bert préfère s'asseoir sur un tabouret de bar et s'accompagner à la guitare sèche. Pour les plus électriques il abandonne son siège et change de râpe en conséquence. Sergej valse régulièrement avec sa contrebasse. Renaud joue parfois de son violon comme une guitare. Ce disciple de Django Rheinhardt est également capable d'apporter une coloration tsigane voire baroque aux compositions. Et en fin de set, le drummer démontre qu'il n'et pas un manchot. Leur prestation empreinte de joie de vivre fait plaisir à voir. Et surtout à écouter. Surtout à cause de ce swing qui sent bon les années 30…

Non seulement David Gedge a remonté Wedding Present en 2004, mais il a commis un nouvel album (« Take fountain ») ; et dans la foulée est parti en tournée. En compagnie de son fidèle guitariste Simon Cleave ; et puis de la bassiste Terry de Castro ainsi que du drummer Kari Paavola. On ne peut pas dire que 'La petite maison dans la prairie' affichait complet pour accueillir le set de ce quatuor mythique (NDR : il ne faut pas oublier que la formation a décroché la bagatelle de 40 hit singles en Grande-Bretagne, entre 1986 et 1996 ; et qu'en outre elle figurait parmi les groupes les plus prisés par feu John Peel). Mais le public averti ne voulait pas manquer leur prestation (NDR : et tant pis pour les autres !). Véritable sosie de Robert Conrad (NDR : acteur principal de la série « Les Mystères de l'Ouest »), David Gedge n'a rien perdu de son phrasé de guitare caractéristique. Gratté, rapide et chatoyant, il alimente une instantanéité pop rafraîchissante. Et on comprend mieux pourquoi Simon Cleave est devenu son complément idéal aux six cordes. Un personnage qui dispose d'une panoplie de grattes assez impressionnante. Plus esthétiques les unes que les autres. Mais il joue avec une telle conviction, qu'il parviendra en en maculer deux de son sang. Terry chante sur une des chansons les plus mélancoliques : « Perfect blue » ; et ma foi, elle a une très jolie voix. David présente de temps à autre ses compos. Parfois dans la langue de Molière. En épinglant même, au passage, une toute nouvelle. Bref, à travers son set captivant, sculpté dans la noisy mélodique, Wedding Present est parvenu à nous démonter qu'il avait encore plus que des beaux restes. Et avant d'interpréter son dernier morceau absolument dantesque, Gedge a anticipé toute réaction de mécontentement, en expliquant que W.P. n'accordait jamais de rappel. N'empêche, quel régal !

Mauvaise nouvelle les Liars ne sont pas encore arrivés. On craint même qu'ils ne déclarent forfait. En fin de matinée, ild étaient encore à New York, et allaient prendre l'avion. Mais pour arriver à destination en temps utile, il aurait fallu les parachuter. En fait, il faut croire qu'ils n'avaient pas du tout envie de se produire à Dour. Des Liars quoi…

Aussi, le Babylon Circus a accepté d'avancer son heure de passage. En se retrouvant du même coup sur la scène principale. A 18h15. Et ils ont répondu à toutes les attentes, même si leur set était pratiquement identique à celui qu'ils avaient accordé, la semaine précédente, au Cactus de Bruges. D'ailleurs ceux qui les ont découverts ont largement pris leur pied.

Le hip hop, ce n'est pas trop mon truc. Mais dans le style, Sole est vraiment un trio pas comme les autres. Trois blancs. Un batteur au drumming riche, presque free jazz. Un guitariste qui se concentre exclusivement sur ses envolées atmosphériques, voire psychédéliques. Et un vocaliste qui rappe son monologue confessionnel ou ses jérémiades anti-impérialistes avec une grande habileté, en variant les flows et les cadences. Le tout balayé de samples, boucles et autres beats de circonstance. J'ai donc vu. Entendu. Et puis je suis parti.

Histoire d'aller jeter un coup d'œil au show de Desmond Dekker. Il ne faut pas oublier que Desmond Dekker est né en 1941 (NDR : ou en 43, suivant les bios). Et qu'il a appris à Bob Marley ses premiers accords de guitare. On le connaît surtout pour ses tubes "Israelites", « A it mek », "007 (Shanty Town)" et la cover de Jimmy Cliff, "You Can Get It If You Really Want". Des compos qui, remontent quand même à la fin des sixties. Rocksteady engagé, Desmond Dekker, possède une voix bien timbrée qu'il met au service du reggae, mais également du ska. Malgré une tentative de come-back opérée au début des eighties, il avait pratiquement disparu de la circulation. Et, sa présence à Dour avait de quoi surprendre. Béret d'aviateur vissé sur la tête, il affiche une présence qui contraste avec son âge. D'ailleurs, les aficionados du Jamaïcain ont eu l'agréable surprise d'assister à un set à la fois solide et bien équilibré. Que demande le peuple ?

De Jon Spencer Blues Explosion à Blues Explosion, il n'y a qu'un pas. Que Jon Spencer a franchi lors de l'enregistrement de son septième album. Ce qui ne change pas grand-chose à la musique du trio. Ni à la formule : deux guitares et une batterie. Et sur la scène, on retrouve inévitablement la même énergie et la même excitation rock'n rollienne. Ce blues à forte libido et cette attitude punk très marquée. Sans oublier ces breaks qui vous plongent littéralement dans le vide. Jon continue de nous asséner ses 'Blues Explosion' militaires. Un changement : l'absence du theremin. Les cheveux coupés courts, Jon bondit, se contorsionne, regarde son micro d'un air lubrique et s'agite comme s'il avait un saumon vivant dans son pantalon (NDR : de cuir !). A gauche de la scène, Judah Bauer (NDR : il chante quand même une compo) aligne imperturbablement ses riffs de guitare lorsqu'il ne les conjugue pas avec ceux - explosifs – de Jon, pendant que Russel Simmins martèle sauvagement ses fûts. A chaque concert, on a même l'impression qu'ils jouent comme si c'était leur première apparition sur les planches. Et en quittant la scène, Jon soulève son ampli avant de le laisser retomber sur le baffle…

Les Levellers avaient inversé l'ordre de passage avec Madrugada. 15 ans plus tôt, le folk punk celtique des Levellers apportait un vent de fraîcheur à la scène musicale pop/rock. Et en 'live', la formation mettait le feu partout où elle passait. Aujourd'hui, leur musique a mal vieilli. Les instrumentistes sont toujours aussi talentueux, et en particulier le violoniste Jon Sevink. Mais la flamme s'est éteinte. Tout comme l'inspiration d'ailleurs.

A l'instar de leur set accordé la semaine dernière au Cactus de Bruges, Madrugada s'est montré à la hauteur sa réputation. Et on leur accordera nos félicitations pour le respect qu'ils manifestent vis-à-vis du public, car pour venir jouer à Dour (NDR : 10 jours plus tôt une annulation était dans l'air) ils ont effectué un voyage de 12 heures. Chapeau ! Maintenant, le tracklist étant sensiblement identique à celui proposé dans la Venise du Nord, il ne m'a pas semblé judicieux de m'étaler davantage sur leur prestation. D'autant plus qu'il a fallu quitter les lieux une bonne vingtaine de minutes avant la fin du set pour ne pas manquer une des têtes d'affiche du festival : Killing Joke.

Assister à un concert de Killing Joke, c'est un peu comme assister à une cérémonie. A un rituel. Personnage central, leader charismatique voir shamanique, chanteur à la voix cassée, rauque, inquiétante, lyrique, capable de jaillir comme un cri de rage, Jaz Coleman monte sur scène vêtu d'une salopette bleue. S'il n'avait le visage peinturluré comme un guerrier africain, on penserait qu'il travaille dans un charbonnage. Une impression corroborée par les autres musiciens qui se sont noirci le visage. Des fantômes qui hantaient les puits désaffectés de la région de Dour seraient-ils remontés à la surface ? Image surréaliste amplifiée par la machine à feu qui exécute sa ronde infernale. Un contexte qui va donner une coloration toute particulière au set puissant et dévastateur de Killing Joke. Cause à effet, mais les sonorités du clavier n'ont jamais été aussi post industrielles. La guitare de Geordie Walker concasse, se tord, persécute, abrase, pendant que la section rythmique muscle le tout lorsqu'elle ne joue pas au rouleau compresseur. Faut dire que la basse de Youth est un groove à elle seule ! Tribale et hypnotique, la musique de Killing Joke est noire, dérangeante, primitive et intense : elle sort du ventre. Et Jazz fait son show. Il tremble de tout son être, fustige le public, l'exhorte à entrer en communion avec lui. Ses yeux vous transpercent littéralement. Devant le public pogote frénétiquement. Jazz est heureux de voir leur réaction. Il remercie l'assistance et se retire. Il est minuit trente : le temps est passé trop vite…

samedi, 12 février 2005 04:00

D Hiver Rock 2005 : samedi 12 février

Il ne m'a pas été possible d'assister aux prestations d'Occy Altiga, d'Adolina et de Kofeee ; et pour cause, durant leur set, je recueillais les propos des musiciens de Bacon Caravan Creek, que vous retrouverez à travers une interview dans Musiczine, la semaine prochaine.

Quatuor anversois, In-Kata pratique une sorte de post rock dans la lignée d'Explosion In the Sky, voire de Mogwai. Musicalement, le groupe est particulièrement au point. Vocalement, c'est plutôt la cata ( ?!?!?), même lorsqu'il essaient de chanter tous les quatre. Conclusion : soit ils engagent un chanteur, soit ils arrêtent de chanter.

Pi Project est un nouveau projet au sein duquel on retrouve Pierre Surquin. Qui a mis provisoirement sa carrière solo en veilleuse pour se faire plaisir en jouant du rock. Pas du rock climatique comme il pratiquait à ses débuts en cherchant le chaînon manquant entre Wheat et Red House Painters, mais du gros rock bien basique, un peu daté, à la fois hymnique et gothique qui cherche un compromis entre Midnight Oil et Bauhaus. Une formation dont le line up réunit deux guitaristes, un bassiste, un drummer, un claviériste et un chanteur. Qui possède un superbe timbre, soit dit en passant. D'excellentes individualités ne font cependant pas la meilleure équipe. A l'instar du sporting d'Anderlecht dans le domaine du football, si vous voyez ce que je veux dire. D'autant plus que le chanteur n'est pas toujours en phase avec les autres musiciens. Et ce n'est pas « Man told me », véritable hit en puissance, qui me fera changer d'avis. Il n'y a  pourtant aucune raison de jeter le bébé avec l'eau du bain. Leur single deux titres (« After the atom ») est quand même d'excellente facture. Mais le sextuor doit maintenant privilégier la cohésion. C'est sans doute une question de rodage (NDR : ou d'entraînement si vous préférez le langage sportif !)

Malibu Stacy est le vainqueur du dernier Concours-Circuit. Et après avoir assisté à leur set, on comprend mieux pourquoi. En fait, si Ghinzu fut le point d'orgue du festival, Malibu Stacy et Bacon Caravan Creek en sont les révélations. Pour un aussi jeune groupe, Malibu Stacy affiche une cohésion particulièrement étonnante. Mais si leur pop rafraîchissante, allègre et contagieuse, rappelle quelque part Weezer, le chanteur donne une coloration nettement plus britpop à l'ensemble. Véritable showman, il me rappelle même un certain Jarvis Cocker (Pulp). Longiligne, petites lunettes, il se contorsionne avec sensualité et une élégance rare autour de son pied de micro. En outre, il possède une fameuse voix. A mon avis, on reparlera bientôt de Malibu Stacy. Et en bien !

Autre révélation de la soirée, Bacon Caravan Creek a enregistré son premier elpee (« Behind a wish »), fin de l'année dernière. Un disque qui figurait d'ailleurs dans mon top 5 des albums belges. Et leur mélange d'ambient et de pop/rock mélodique prend une toute autre dimension sur les planches. Tout au long de leur set, on est envoûtés par leur solution sonore. Tous les regards sont pourtant braqués sur Nicolas, qui chante (NDR : avec énormément de talent) derrière son pupitre à samples. Presque cold, la basse de Vincent donne le groove, pendant que Jonathan dispense ses accès d'électricité avec une grande sobriété, mais surtout une rare efficacité. Derrière ses drums ou la deuxième machine à samples, Xavier coordonne toute la souplesse des tempos. En y réfléchissant bien, nous sommes alors aux confins de l'univers de Radiohead circa « Kid A » ou encore « Hail to the thief ». Epatant !

Toujours sous le charme de Bacon Caravan Creek et de Malibu Stacy, j'ai rencontré pas mal de difficultés à entrer dans le set de Steels. Et pourtant, ce quintette issu de la région de Dour excelle dans son post rock qui doit autant à Godspeed You Black Emperor qu'à Mogwai. Les compos peuvent ainsi passer du plus atmosphérique au plus fulgurant, sans pour autant perdre le fil de leur coulée continue. Notez bien : le chanteur ne s'appelle pas Tom, mais bien Benjamin. Egalement derrière son pupitre à samples (NDR : aujourd'hui, ça fait tendance !), il possède un timbre capable de passer du falsetto au baryton. Et leur dernière composition m'a furieusement fait penser à « The end » des Doors. Même la manière de chanter de Tom me rappelait un certain Morrison. A revoir, c'est une certitude !

Hulk doit faire un véritable tabac au Pays-Bas. Un trio composé d'excellents instrumentistes qui pratique un blues rock (NDR : ou un rock blues, si vous préférez) que j'écoutais volontiers au cours des seventies. Encore que dans le genre, personne n'est encore parvenu à égaler le défunt et légendaire Rory Gallagher. Le chanteur possède d'ailleurs un look (NDR : les rouflaquettes !) proche du célèbre Irlandais. Si dans le style, le groupe a fait un véritable malheur, il faut avouer qu'en 2005, leur musique fait plutôt passéiste. Un avis que ne partage pas les post-trentenaires (quadragénaires ?) qui estiment avoir pris une véritable claque. M'enfin, tous les goûts sont dans la nature. (Voir également la chronique de leur album "Party time")

Il revenait à Pillow de clôturer le festival. Un quintette qui pratique une musique exclusivement  instrumentale dominée par les guitares (NDR : parfois trois !). Une sorte de concentré de post rock (NDR : encore !) qui puise son inspiration chez Explosions In The Sky, A Silver Mt. Zion ou encore Mogwai. Concentré parce que les périodes de méditation sonore ont été éliminées, pour laisser place à des morceaux qui ne s'éternisent pas inutilement. Mais si les guitares dominent le sujet, le synthé habille les compositions, pendant que la basse donne un ton plutôt cold au climat sonore. Une très belle prestation nonobstant le bris de lanière du soliste, qui a dû jouer assis pratiquement tout le set.

Une belle réussite pour ce D'Hiver Rock dont on attend impatiemment la quatrième édition l'année prochaine. 

vendredi, 11 février 2005 02:00

D Hiver Rock 2005 : vendredi 11 février

Pour sa troisième édition, le festival D'Hiver Rock avait décidé d'élargir son programme à la musique électronique ainsi qu'à la 'lomographie'. Un courant underground de la photographie que nous propose Chad, professionnel de cet art visuel, à travers son exposition intitulée  « Une ville, deux jours, trois boîtiers » Pas de numérique, mais des instantanés qui immortalisent ( ?!?!?) notre époque avec un œil différent. Pour celles et ceux qui veulent en savoir davantage, je vous invite à vous rendre sur les sites www.lomographie.net , http://mybeautifullomo.free.fr ou encore www.lomography.com  (NDR : ce dernier en anglais). Et la liste n'est pas exhaustive. L'exposition se déroule du vendredi 11 au dimanche 20 février. Mais revenons au festival qui a donc enregistré un sold out le vendredi et une très belle assistance le samedi. Avec deux programmes bien différents, puisque si le premier jour réunissait des valeurs confirmées (Ghinzu, Hollywood Porn Stars et Austin Lace), le second a surtout valu par la découverte de nouveaux talents (Bacon Caravan Creek, Malibu Stacy). Mais nous y reviendrons au cours de ce compte-rendu.

Vendredi 11 février 2005

Il revenait au local Nil Obstat d'ouvrir le festival. J'avais eu l'occasion de le voir en concert, il y a un peu plus d'un an au Centre Marius Staquet de Mouscron. Et il faut avouer qu'il n'avait pas laissé un souvenir impérissable. Depuis, Nicolas a fait de nets progrès. A l'instar d'un Dominque A, il est seul sur scène. Et joue de la guitare en se servant de multiples pédales de distorsion, tout en s'appuyant sur un programmateur de boîtes à musique. Qu'il maîtrise aujourd'hui à la perfection. Et puis il chante. Dans la langue de Molière. Ce qui n'est pas un problème. Là où le bât blesse, c'est sa voix. Un peu trop déclamatoire, elle ne parvient que trop rarement à donner du relief à sa musique. Et Nicolas a eu beau essayé de se démener sur ses six cordes, le set ne décollera jamais.

Auteur d'un chouette deuxième album, Austin Lace pratique une pop légère aux mélodies rafraîchissantes et contagieuses. Après avoir écouté leurs chansons, on a envie de les siffloter. Et pas seulement sous la douche (NDR : faut dire que dehors, il faisait un temps de chien !). Une musique qui vous donne envie de prendre la vie du bon côté. Bien loin de tous les tracas de la vie quotidienne. Et quoique sans grand éclat, leur prestation a un côté ensoleillé qui fait du bien en cette période de l'année. Et puis, il y a Fabrice. Le chanteur/guitariste. Une très très belle voix, dont les variations de timbre sont tout bonnement impressionnantes. Et lorsqu'elle se conjugue en harmonie aux backing vocals de Fred (le drummer) et de Lionel (le guitariste), je ne puis m'empêcher de penser aux Papas Fritas. Un regret : sur les planches, les fioritures jazzyfiantes qui émaillent leur elpee (« Easy to cook »), passent pratiquement inaperçues.

Crumble Lane doit avoir beaucoup écouté Green Day pour dispenser un semblable style musical. Qu'on a qualifié de noisecore, de skate-punk ou de harcore juvénile suivant les époques. Malheureusement, Crumble Lane n'est pas Green Day. Et leurs mélodies ont beau être soignées, elles sembles toutes calquées dans le même moule. Aussi après dix bonnes minutes, j'ai préféré m'éclipser…

Issu de la région de Liège, Hollywood P$$$ Stars avait laissé une excellente impression lors de son passage à l'édition 2004 du D'Hiver Rock. Une bonne raison pour les réinviter cette année. Et puis, leur premier véritable elpee, « Year of the tiger » est un régal. Un disque où si la forme est encore et toujours de l'emo et de la pop, le fond flirte avec du bon rock mélodieux et fougueux, teinté parfois d'électronique. On y recèle même des titres plus calmes, mais l'essentiel réside dans ces solos aux guitares incisives qui se cherchent des noises. Et pendant la moitié du set, H.P.S. va démontrer tout son savoir-faire, développant sa sensibilité pop tout en imposant un son rageur. Toutes guitares dehors. Puis, la formation s'est lancée dans un trip semi psychédélique, semi métallique. Une défonce au cours de laquelle elle s'est fait plaisir c'est une certitude. Personnellement, ce type de voyage ne me dérange pas trop. Pourvu que l'on sache où l'on va. Or j'ai la nette impression que le groupe ne le savait plus trop lui-même. Vu les capacités d'H.P.S., l'important est peut-être qu'ils s'en soient rendus compte. Ce qui n'a pas empêché une bonne partie du public d'apprécier l'escapade…

Flatcat doit avoir beaucoup écouté Green Day pour dispenser un semblable style musical. Qu'on a qualifié de noisecore, de skate-punk ou de harcore juvénile suivant les époques. Malheureusement, Flatcat n'est pas Green Day. Et leurs mélodies ont beau être soignées, elles sembles toutes calquées dans le même moule. Aussi après dix bonnes minutes, j'ai préféré m'éclipser… Paraît que le groupe s'est quand même illustré en invitant une partie du public sur scène.

Ghinzu était bien la tête d'affiche du festival. Et avant même de monter sur les planches, la formation bruxelloise avait mis le public dans sa poche (NDR : faut dire que leur deuxième album, "Blow", est tout bonnement impressionnant). Très concentrés, costards/cravate à la Tarentino, les musiciens font monter l'intensité. Morceau après morceau. Un peu à la manière de Radiohead circa « OK Computer ». Calfeutré derrière son instrument, John, le chanteur/claviériste se lève épisodiquement, un peu comme s'il était secoué par une décharge d'adrénaline, avant de se rasseoir. Et puis, soudain l'adrénaline est trop forte, et John abandonne ses ivoires pour empoigner une six cordes. Histoire de faire encore monter la pression. A partir de cet instant, le set va littéralement s'enflammer. Mais avec une maîtrise digne de vieux pros. Même lorsque le guitariste se laisse porter par le public (NDR : oui, oui, comme Peter Gabriel !). Un guitariste qui passe même aux drums pour un titre de trash funk metal absolument dantesque, le batteur ayant de son côté troqué ses baguettes pour le clavier. En rappel, Ghinzu se lance dans une version particulièrement glamoureuse du « Purple Rain » de Prince. John ne tient plus en place. Il décide d'empoigner un porte-voix et vocifère à tue-tête pendant que ses comparses gesticulent dans tous les sens. Ovation ! Alors que le groupe s'est déjà tiré. Les mauvaises langues diront qu'ils commencent à attraper la grosse tête. Des bruits confirmés par certains organisateurs. N'empêche, quel concert !

 

samedi, 09 juillet 2005 03:00

Cactus 2005 : samedi 9 juillet

Désolé pour ce que les Pays-Bas considèrent leur meilleur groupe live et l'avant-garde du mouvement 'électro-fusion', mais je n'ai pu assister au set de Zuco 103. Pourtant, il paraît que leur mélange de mélodies brésiliennes, de drum'n'bass, de triphop, de r&b, de jazz et d'afrobeats réussit à faire bouger les plus coincés, voire les plus encroûtés. Pas d'empêcher les retardataires d'arriver à l'heure. Mea culpa !

Etonnant de voir une formation française se produire lors d'un festival organisé au nord de la Belgique. Et d'y récolter un beau succès. Son nom : Babylon Circus ! Issu de Lyon, ce collectif – ils sont dix – pratique un mélange de ska, de reggae, de musette (NDR : les Négresses Vertes ?), de jazz, de dub, de punk et de musique de l'Est (NDR : pensez au film « Underground » d'Emir Kusturica) sur fond de théâtre et d'engagement sociopolitique (NDR : le pastiche du JT en est une des plus belles illustrations). Un drummer, un claviériste, 4 cuivres, un bassiste, un chanteur/guitariste et deux vocalistes spécifiques. Qui s'expriment parfois dans la langue de Shakespeare, mais le plus souvent dans celle de Molière. Ca bouge dans tous les sens, c'est festif. Le courant passe parfaitement avec le public. Auquel ils leur racontent être tenu d'écourter leur set, parce qu'il doivent se produire le lendemain dans le sud de la France. S'excusent. Exécutent une dernière compo d'une trentaine de secondes et se taillent. Sous les sifflets et les huées. Avant de revenir en fanfare. Et de démentir. Pour terminer sur les chapeaux de roues. Enfin presque puisqu'ils achèveront leur set par un exercice de style a cappella. Ovation ! Et plongée dans le public de plusieurs musiciens qui rejoignent alors la fanfare locale.

Bien que reformé depuis l'an 2000, on ne peut pas dire que les Presidents Of United States Of America aient défrayé la chronique. Ils ont pourtant commis depuis deux albums : « Freaked out and small » et « Love Everybody ». Mais ils sont totalement passés inaperçus. Faute de hit, probablement. Car les P.O.U.S.O.A. sont surtout notoires pour leurs tubes : « Kitty », « Peaches », « Lump », « Zero fighting » etc. ; ou encore leur version du « Video kill the radio star » des Bugles. Et c'est d'ailleurs par ce titre que, le trio ouvre son set. Set et fête riment chez les Presidents, une fête teintée d'humour et d'excentricité. Chris Ballew, Dave Dederer et Jason Finn multiplient les frasques (NDR : lorsque Jason frappe ses baguettes sur les planches, en se promenant à quatre pattes, on est au bord du délire) pour le plus grand plaisir de la foule. Sans pour autant oublier de soigner leur prestation, ponctuée des inévitables tubes. Adressant même un clin d'œil aux Beatles du tout début des sixties, à MC5 (la cover de « Kick out the jam ») et même à Gloria Gaynor, en rappel, pour le célèbre « I will survive ». Rien que leur présence méritait le déplacement !

Depuis qu'il a remporté la médaille d'argent au Humo Rock Rally de 2000, Admiral Freebee s'est forgé une solide réputation dans le nord du pays. Mais Admiral Freebee, c'est avant tout le chanteur/compositeur/multi-instrumentiste (NDR : il joue le plus souvent de la guitare, mais aussi du piano, de la trompette ou de l'harmonica) Tom Van Laere. Admiral Freebee est avant tout un groupe de rock. Qui puise essentiellement son inspiration dans les seventies ; et en particulier chez Van Morrison, les Faces, les Stones et Bob Dylan. En outre, Tom possède une voix écorchée, rauque (rock ?) qui sied parfaitement à ce style musical. Et puis un look d'époque : un large bandeau rouge dans les cheveux et une barbe qui lui mange le visage. Soutenu par un backing group particulièrement solide, Admiral Freebee va alterner titres puissants, électriques et ballades chargées d'émotion (NDR : qu'il interprète alors le plus souvent au piano). Des chansons hymniques que le public reprend même parfois en chœur. En fin de set, Tom se prend même pour Hendrix en jouant de sa six cordes avec les dents. Et puis nous réserve sa compo la plus élaborée « Get out of town », qui débute très doucement avant de se métalliser, puis d'éclater dans une véritable orgie d'électricité. Recueillant un très gros succès auprès du public, Admiral Freebee accordera sans peine le rappel réclamé. Personnellement ce set m'a quand même laissé perplexe. Une excellente prestation sans doute. Mais un peu trop revivaliste, sans aucun doute. Enfin, des goûts et des couleurs….

Pour effectuer sa nouvelle tournée, Will Oldham, alias Bonnie 'Prince' Billy, Palace Brothers, Palace Music ou encore Palace, a eu la bonne idée de s'entourer d'un groupe. Parmi lequel on remarquera la présence du guitariste Matt Sweeney ; un ex Chavez récemment impliqué chez le défunt Zwan de Billy Corgan. Et puis une claviériste (NDR : qui passe son temps disponible à fumer des clopes ou à prendre des photos) et un très jeune drummer. Bref une formule électrique qui dans ses meilleurs moments peut atteindre l'intensité d'un Neil Young ou baigner dans un climat atmosphérique digne de l'album incontournable de David Crosby, « If I could only remember my name ». Instrumentalement, le quatuor est plus qu'au point. Et en particulier la conjugaison des guitares opérée entre Matt et Will. Scéniquement, Will (NDR : casquette yankee vissée sut la tête et barbe en broussaille) se complait dans son monde. Régulièrement dos au public, il prend son pied sans se soucier de la réaction du public, auquel il n'adresse la parole qu'après 45 bonnes minutes. Pour dire merci. De temps à autre, lors d'un changement de tempo, il exécute un petit pas de danse, comme s'il était content de vivre cet instant de bonheur intérieur. Qu'il ne partagera jamais au cours de son set. Dommage…

Je n'avais pas conservé un souvenir impérissable du dernier passage d'Asian Dub Foundation, en première partie du concert de Radiohead à Forest National. Mais il faut leur reconnaître une intégrité intellectuelle qui mérite le respect. Depuis 2000, la formation est passée de l'engagement sociopolitique au militantisme. Un militantisme qui transparaît à travers les lyrics des deux MC's dont le rap acharné parvient à exciter la foule. Et même à la faire danser. Sur une musique qui mêle allègrement drum'n'bass, hip hop, (dub)reggae, funk, ethno et beats. Lors de leur set, l'accent a surtout été porté sur les compos du dernier album « Tank ». Mais les meilleurs moments de leur prestation se sont paradoxalement produits lors de leurs envolées instrumentales. Libérant alors une atmosphère plutôt étrange, au sein de laquelle les percus et les sonorités indiennes étaient davantage mises en évidence. Fidèle à la tradition, Asian Dub Foundation a clôturé son set par « Rebel warrior », issu de son tout premier opus, « Fact & fiction ».

 

vendredi, 08 juillet 2005 03:00

Cactus 2005 : vendredi 8 juillet

Le Cactus attire de plus en plus de monde. Pour preuve, la journée du dimanche consacrée essentiellement à la world était sold out. Faut dire que le cadre du Minnewaterpark est absolument superbe. Canaux et espaces verts balisent ce festival encore très familial. Des enfants (NDR : pour lesquels de multiples activités ont été organisées), des parents et des grands-parents côtoient les festivaliers dans la plus grande convivialité. Et puis une seule scène. Ce qui permet de souffler une petite demi-heure entre chaque set…

Vendredi 8 juillet

Il revenait à Dieffenbach d'ouvrir la 24ème édition du festival. Le peu de temps consacré à leur set m'a quand même permis de découvrir une formation qui accorde un très grand soin à ses harmonies vocales. Pensez aux Byrds. Sur une musique élégante, à la fois pop et psychédélique, largement influencée par la fin des 60's et le début des 70's ; mais revisitée par un très fort courant post rock. Etonnant, lorsqu'on sait que les deux premiers elpees accordaient une large part à l'électronique. Et apparemment, le troisième et dernier opus (NDR : « Set and drift ») de ce quintet danois confirme la nouvelle orientation. Un groupe à suivre, c'est une certitude…

La Scandinavie était à l'honneur, puisque après des Danois, l'affiche nous proposait des Norvégiens : Madrugada. Pas des inconnus, puisqu'ils se sont déjà produits à plusieurs reprises en Belgique et notamment lors d'une précédente édition du Cactus. Et puis la formation compte déjà 4 albums à son actif, dont le dernier, « The deep end », est paru voici quelques semaines. Pour accomplir sa tournée, le trio de base (Sivert Hoyen au chant, Robert Buras à la guitare et Frode Jacobsen à la basse) a engagé un drummer et un claviériste/guitariste. Grand, la boule à zéro, vêtu d'un gilet particulièrement seyant, Sivert dégage beaucoup de charisme. Gestes amples, arpentant toute la largeur de la scène, il entre facilement en communion avec son public. Et puis il pose littéralement son baryton profond sur les chansons généreusement électrifiées par Bob. Les cheveux en pétard, à la Rob Tyner (MC5), Robert torture sa râpe comme un vieux briscard qui aurait vécu le mouvement West Coast la fin des sixties. Ce qui n'empêche pas l'ensemble de couler de source avec une intensité blanche digne de Leather Nun (NDR : le groupe a interprété plusieurs anciennes compos), de s'enfoncer dans une mélancolie ténébreuse digne des Bad Seeds, ou encore d'épouser une forme plus allègre comme sur les hispanisant « Hard to come back » et « Stories from the streets » ainsi que le REMesque « The kids are on high street ». Et puis ponctuellement, Sivert empoigne une guitare sèche pour s'embarquer dans l'une ou l'autre ballade hymnique empreinte de tendresse. Un chouette moment !

Fondé au tout début des 90's, les Frames comptent déjà 5 albums à leur actif. Une formation irlandaise souvent comparée à dEUS. Pas étonnant, d'ailleurs, qu'ils aient déjà travaillé en compagnie de Tom Barman. Drivée par le chanteur compositeur Glen Hansard, elle peut compter sur la présence d'un excellent violoniste, un certain Colm Mac An Iomaire. Malheureusement sur scène, ce violon n'est pas suffisamment mis en évidence. Glen (NDR : les cheveux et la barbe roux carotte !), possède une très belle voix et les autres instrumentistes semblent connaître leur sujet. Pourtant le set ne décolle que trop rarement. Les quelques moments d'intensité à se mettre dans l'oreille sont rapidement dilués dans une monotonie qui suscite rapidement l'ennui. Parfois en n'entend pratiquement plus rien. Et les spectateurs en profitent pour tailler une bavette avec leur voisin ou pour aller chercher quelque rafraîchissement…

En perte de vitesse depuis quelques années (NDR : un « best of » en 2002 et un « Loco » complètement ringard en 2003), les Fun Lovin´ Criminals jouissent encore – heureusement – d'une excellente réputation de groupe 'live'. Comme d'hab., le groupe affiche un look très 30's. Même qu'ils auraient pu jouer dans la série 'Les Incorruptibles'. Il n'y manque qu'Eliot Ness ! Vêtu d'un costard (sans cravate!) digne d'un mafioso, Huey Morgan n'a rien perdu de sa dextérité à la guitare. Coiffé d'un doulos et arborant des bretelles certifiées d'époque, Mackie allie souplesse et frénésie aux drums. Quant à Fast, il continue d'assumer sobrement son rôle, partagé entre basse, clavier et trompette. Malheureusement la voix de Huey passe très mal. A croire qu'il fume 3 paquets de clopes par jour. Pourtant leur mélange de funk, de hip hop, de jazz nightclubien, de rock, de Chicago blues, de gangsta rap et de soul ne manque pas de charme. Et en particulier l'hommage à Barry White, « Love unlimited ». Empreintes de sensualité et de fun et bercées de rythmes chaloupés voire latinos, les compos restent agréable à écouter. Outre « Korean bodega », « Scooby snacks », « Where the bums go », « Come find yourself » et « 10th street », le trio va même nous réserver quatre compos issues de leur nouvel elpee « Livin In The City » (NDR : sortie prévue ce 25 juillet !) : « The preacher », « That ain't right », « Is ya allright » et le single « Mi Corazon ». Mais on a l'impression que le groupe n'a pas le feu sacré. Cessant sa prestation dix minutes avant la fin prévue de son set. Pour y revenir lors d'un pseudo rappel au cours duquel ils joueront leur hymne « Fun Lovin' Criminals »…