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The House Of Love

30 ans plus tard…

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Votre serviteur avait assisté à un concert de The House of Love, pour la première fois, dans le cadre du Pukkelpop, en août 1991 (NDR : à la même affiche, il y avait aussi, notamment, Sonic Youth, les Ramones, Ride, les Pogues, Dinosaur Jr et Nirvana). Il avait ainsi eu l’opportunité d’interviewer, son leader Guy Chadwick (à retrouver ).

Mais surtout le 8 mars 1993, le groupe avait accordé, à l’Aéronef (NDR : l’ancien, celui de la rue Solférino), un des 20 meilleurs concerts au cours desquels il a pu assister en un peu plus de 5 décennies…

Bref, 30 ans plus tard, la formation revenait à Lille, toujours à l’Aéronef, mais celui qui est Implanté au cœur du centre Euralille depuis 1995. Et nostalgie quand tu nous tiens, il y avait une envie irrépressible d’y retourner de la part de qui vous savez.

Depuis sa création, le quatuor a connu pas mal de changements de line up. Il s’est séparé et s’est reformé plusieurs fois. Guy Chadwick a tenté une expérience en solo, mais malgré deux elpees, elle s’est soldée par un échec. Enfin, membre fondateur, Terry Bickers, le guitariste soliste, a abandonné puis réintégré le navire, à plusieurs reprises, et la dernière fois qu’il avait tiré sa révérence, c’était en 2020. C’est Keith Osborne qui le remplace. Et la basse a été confiée à son fils, Harry. Autre jeune recrue, le drummer Hugo Degenhardt.

Lorsque The House of Love monte sur les planches, le club est très bien garni et on y dénombre une majorité de quadras, quinquas et même sexagénaires.

Le set d’ouvre par « Cruel » et première constatation, malgré une belle envolée du soliste, la voix de Chadwick a perdu de sa superbe. En début de concert, elle n’est pas du tout en place. Le groupe embraie par « Christine », un hit paru en 1990. Le baryton de Guy passe mieux tout au long de « Hope », mais c’est quand il la sollicite en falsetto que les choses se compliquent. Heureusement, au fil du spectacle, il parviendra un peu mieux à la maîtriser, malgré des chœurs, pas toujours très en harmonie. Quant au drummer, pendant une bonne moitié du set, il va aussi sembler à la traîne. Mais à partir de l’excellent « Burn down the world », moment choisi pour se servir de sticks en feutre, il va trouver la bonne carburation. Heureusement, les gratteurs excellent. Les guitares sont tour à tour cristallines, gémissantes ou tintinnabulantes. La ligne de basse est profonde.

La setlist inclut quatre plages du dernier elpee, « A state of grace », dont le titre maître, le bien rock « Sweet water » et le lancinant « Sweet loser ». Mais pas de trace d’harmonica sur le « Light in the morning », malgré ses accents country…

Evidemment, ce sont les classiques qui enchantent l’auditoire, dont il reprend les refrains en chœur, à l’instar du ‘reedien’ « The Beatles & The Stones » et de l’incontournable « Shine on ». D’ailleurs, les ¾ du répertoire proposé ce soir sont consacrés à des titres issus de la première période d’existence du band, soit en 1988 et 1993. Mention spéciale à « Se dest », une ballade mid tempo énigmatique, atmosphérique, qui s’autorise quelques coups d’accélérateur bien sentis.

En rappel, Guy Chadwick revient d’abord en solo pour attaquer « Don’t pay the way ». Puis les trois autres musicos le rejoignent pour nous livrer trois compos, dont en finale, une version remarquable de « A love in a car ». Elle monte progressivement en intensité, avant de s’achever dans un climat noisy digne du 8 mars 1993 ; les trois gratteurs faisant alors face au batteur qui démontre alors que son jeu n’est finalement pas dénué de subtilités…

Bref, malgré les quelques imperfections, ce concert, qui s’est achevé en apothéose, ne pouvait rappeler que de bons souvenirs…

Photos Ludovic Vandenweghe ici

Setlist :

Cruel
Christine
Hope
Light of the Morning
The Beatles and the Stones
Into the Tunnel
Sweet Loser
The Girl With the Loneliest Eyes
Shine On
Sweet Water
Crush Me
Burn Down The World
Destroy The Heart
Se Dest
State of Grace

Rappel :

Fade Away (Guy solo)
In a Room
I Don't Know Why I Love You
Love In A Car

(Organisation : Aéronef, Lille)

RORI

En concert, j’aime être soutenue par de vrais musiciens.

Écrit par

RORI n’est pas une inconnue dans l’univers musical, puisqu’elle était l’un des binômes de Beffroi, groupe qui a rencontré un succès populaire et critique. Mais l’aventure a pris fin à la mort de Valentin Vincent, fin 2017, des suites d’une longue maladie.

Après une inévitable reconstruction, la jeune femme s’est remise à rêver à une carrière musicale.

En choisissant de se produire en solo, elle emprunte désormais des versants pop, rock ou même funky tout en s’essayant à la langue de Voltaire afin de creuser un peu plus le sillon des émotions.

« Docteur » et ses larges passages n’est qu’un échantillon d’une palette de compos percutantes grâce auxquelles RORI s’exulte à libérer un mal-être.

Touchante et la sensibilité à fleur de peau, RORI a accordé, à Musiczine, une interview le jour de la sortie d’un Ep qui risque de faire couler beaucoup d’encre.

Analyse !

Camille, tu as milité au sein de Beffroi, une formation qui a connu pas mal de succès. Une aventure qui s’est achevée au décès de Valentin Vincent, à la suite d’une longue maladie. Comment s’est déroulée la période de transition entre Beffroi et RORI ?

Bizarrement, ça s’est bien passé. Tout s’est déroulé à mon rythme. De manière très naturelle. J’ai pris le temps de voir ce que j’avais envie de faire et de raconter. Durant cette période, j’ai également connu quelques expériences, mais toutes n’ont pas réussi.

Ce nouveau projet constitue finalement une forme de résilience…

Oui, on peut dire ça ! Mais pas que ! C’est l’envie de poursuivre un but, de trouver ce que j’avais envie de faire et comprendre ce qui me parlait le plus. Mais surtout de le trouver. Je dirais que c’est ça qui m’a conduit dans cette direction.

Ta musique est teintée de différentes couleurs. On y croise de la pop, du rock et même du funk. Est-ce que proposer quelque chose à la fois d’éclectique et multiple, ne risque-t-il pas de te disperser dans des genres parfois opposés ?

Non, je ne crois pas ! J’estime qu’il est plus enrichissant, y compris en ce qui me concerne, de varier les couleurs dans les chansons. J’écoute tellement de musiques et de styles différents que la manière d’avoir conçu cet Ep me correspond totalement. Finalement, le produit rendu possède une certaine homogénéité.

Un Ep quatre titres sort ce jour. Dans quel état d’esprit te sens-tu ?

Ça va plutôt bien ! J’avoue que j’étais un peu stressée, mais très contente d’avoir pu enfin sortir un Ep, en lieu et place d’un seul titre, comme l’année dernière. Le sentiment qui domine aujourd’hui est d’être parvenue à réaliser quelque chose de nettement plus concret.

Jusqu’ici tu chantais en anglais. Tu optes maintenant pour français. Cette nouvelle option te permet-elle de mieux te raconter et d’aller davantage dans les émotions ?

Tout à fait ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais le choix, jusqu’à présent, de ne pas chanter en français. L’anglais est un refuge qui permet de s’y cacher en quelque sorte. La langue française est plus riche. Elle permet d’être plus précise lorsqu’il s’agit de faire passer certaines émotions. Je suis contente d’avoir eu le courage de chanter dans ma langue maternelle.

On observe d’ailleurs aujourd’hui un retour de la langue de Molière chez pas mal de groupes ou artistes (Grand Blanc, Flavien Berger, Paradis, Feu! Chatterton, Perez…) A ton avis, quelle est la raison de cette décomplexion ?

Il y encore quelques années, un certain style d’écriture dominait. Il s’agissait d’un genre qui ne parlait pas nécessairement au plus grand nombre. J’écoutais de la chanson française très classique, mais je ne comprenais pas nécessairement le message que l’artiste souhaitait communiquer. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est qu’on a éclaté cette façon de voir les choses. On se libère davantage sur ce que l’on a envie d’exprimer et la manière dont on a envie de l’exprimer.

« Docteur » a comptabilisé plus de 3 000 000 de streams. Une compo en français, peu de gens le savent, mais à la base, elle a été composée en anglais...

C’est exact, cette chanson était, au départ, écrite en anglais. Nous avions une session au Pays-Bas. Les Néerlandais ne parlant pas le français. Donc nous l’avons proposée en anglais. Je l’ai traduite. Tout comme « Ma place ». Je travaille encore de cette manière. Perso, il est plus facile pour moi de composer des mélodies en me servant de cette langue. Il s’agit juste d’une question d’habitude. En fin de compte, cette méthode de travail fonctionne et j’en suis très contente.

Tes chansons abordent des sujets personnels. « Docteur » met en exergue ce sentiment de se sentir différente. Alors qu’hier, cette différence te rongeait, aujourd’hui tu sembles la cultiver et en faire ta plus grande qualité.

Je ne crois pas cultiver cette différence. Nous sommes différents. Je n’ai ni l’envie, ni le sentiment de porter cet étendard. J’exprime, dans cette chanson, le fait d’être complètement perdue face à un entourage qui, lui, avait fixé des objectifs précis. Je ne me sentais pas du tout en phase avec cette situation. C’est ce côté différent que je souligne.

La santé mentale reste un sujet dont l’industrie musicale s’empare de plus en plus, à l’instar de Mustii qui rend hommage à son oncle atteint de schizophrénie, sur son dernier album, de Stromae pour « Enfer » ou encore de Selah Sue sur « Pills ».

A vrai dire, je n’ai pas cette impression. Ces thématiques existent depuis la nuit des temps. Les chansons que j’ai écoutées ont toujours été très personnelles. A titre d’exemple, je citerais Amy Winehouse ou encore les Beatles. Je crois que la seule différence est qu’aujourd’hui, l’espace pour partager son ressenti est plus important. On s’identifie peut-être plus facilement et on se sent concerné plus rapidement.

Justement, en abordant les problèmes de santé mentale, n’y a-t-il pas un risque d’en faire un absolu ?

Non, je ne crois pas. Je partage juste ma vie et les événements que j’ai traversés. Finalement tout le monde expérimente la même chose, mais à des degrés divers.

A l’avenir, pourrais-tu imaginer raconter des histoires fictionnelles ?

Oui, tout-à-fait. La volonté est d’expérimenter un peu plus l’écriture et voir ce que je peux sortir d’autre. Je m’y exerce en ce moment en m’inspirant notamment de films, de livres ou encore de rencontres.

Le choix de RORI comme nom de scène, ne permet-il pas aussi de dissocier l’artiste de Camille, la jeune femme que tu es ?

Effectivement, ce choix m’aide beaucoup et renforce ma confiance lors des concerts ou des interviews. Lorsque je suis RORI, j’arbore alors une casquette professionnelle, même si je n’aime pas trop ce terme. Je fais ce que j’ai à faire pour pouvoir accomplir mon travail correctement. Pour moi, un nom de scène assure une forme de protection, un peu comme ceux qui portent un costume dans l’exercice de leur métier.

Véritable autodidacte, tu bénéficies aussi des conseils avisés et de l’expérience d’Hadrien Lavogez.

Je travaille tout le temps avec lui. Il m’apprend énormément. Nous nous sommes rencontrés lors d’un concert. Nous avons pas mal discuté. J’aimais beaucoup sa manière de travailler. Il s’agit d’un vrai musicien, il connaît donc parfaitement son sujet. C’est ce que je cherchais à développer. Je lui ai envoyé un message, il a répondu positivement. On a commencé par une session, puis une autre en studio et la magie a opéré. On a continué à bosser ensemble, à tenter des expériences, à les rater et à recommencer.

Tu as tourné cet été dernier. De nouvelles dates sont bookées pour les prochains festivals. Mais en octobre, tu as eu l’occasion de ‘teaser’ tes nouvelles compos à l’AB, un endroit mythique en Belgique, ce qui n’est pas rien…

C’était une expérience très impressionnante. L’Ancienne Belgique a vu défiler tellement d’artistes que j’aime ou que j’ai découverts. C’est une salle qui offre une très bonne acoustique aussi. Pouvoir jouer dans de telles conditions procure évidemment beaucoup de plaisir. Il existe aussi ce sentiment que se produire devant un public donne plus de sens parce qu’avec les réseaux et plateformes de streaming, on ne voit que des chiffres, ce qui ne permet pas de percevoir la manière dont la musique touche les uns et les autres. C’est un sentiment assez étrange. J’ai présenté des morceaux qui n’étaient pas encore sortis. J’étais stressée, mais dès que je suis montée sur scène, tout s’est dissipé rapidement car le public a été réceptif.

Justement, tu as choisi la formule ‘groupe’. Hadrien t’accompagne sur les planches, mais aussi Pierrick Destrebecq qui a notamment milité chez Recorders, Abel Caine ou encore en compagnie de Mat Bastard. Une formule nécessaire pour donner une coloration plus rock aux compos ?

C’était une volonté de ma part. En concert, j’aime être soutenue par de vrais musiciens. J’ai rencontré Pierrick par l’intermédiaire d’Hadrien. Ils se connaissaient depuis des années. Ils ont tous les deux fréquenté l’école ‘Jazzstudio’ à Anvers. C’est un très bon batteur. Lorsque tu montes un groupe, il faut généralement du temps avant que la connexion s’établisse entre les membres. Ici, elles se sont mises en place beaucoup plus naturellement. Il ne me restait qu’à prendre le train en marche, ce qui ne m’a posé aucune difficulté.

Être accompagnée de musiciens est un luxe. Mon rêve a toujours été de pouvoir me passer des outils informatiques et de toutes ces machines lorsque je me produis en live. Aujourd’hui, nous sommes trois, mais la formule pourrait encore évoluer afin de pouvoir retrouver davantage cet esprit à l’ancienne.

Tu as terminé tes études en graphisme. Comment te projettes-tu professionnellement ? Est-ce que la musique constitue une réelle ambition ou s’agit-il juste d’une opportunité ?

J’ai toujours rêvé de faire de la musique. J’ai suivi des études en attendant de pouvoir faire autre chose. La musique est une priorité et il n’y qu’elle qui compte en ce moment…

 

 

 

Treponem Pal

Screamers

Écrit par

« Screamers » constitue le 8ème elpee de Treponem Pal, un groupe parisien, fondé en 1986, qui pratique une forme de cocktail entre indus (NDR : pensez à Ministry, Godflesh, Killing Joke, Sielwolf, Die Krupps, KMFDM, Oomph, The Young Gods, etc.) et metal/hardcore. En fait, Marko Neves, le frontman et pilier du band, n’a pas peur à jeter des ponts entre différents genres, se moquant des étiquettes, pourvu que la musique tape durement et sauvagement.

Coïncidence, mais le retour du mythique guitariste Laurent Bizet, qui avait participé aux sessions du premier LP, en 1989, a permis à la formation de retrouver son ADN originel.

Titre d’entrée, « The Fall » se distingue par sa petite mélodie mystérieuse face à la rythmique contenue, en intro, avant que le morceau ne prenne de l’ampleur. Le riff monte en puissance et les synthés envoûtent, communiquant une dimension industrielle au morceau enrichi de curieux effets. Des notes synthétiques et une tonalité très trash alimentent « Out of Mind ». « Earthquake » se révèle particulièrement instinctif. Décapant, « Scramers » est paru en single. 

« Too Late » macère dans le métal indus pur et dur. Lancinant, « Too Late » libère une belle dose de feeling.

« Cosmic Riders », « Psychedelic Trip » et « Machine » s’enfoncent dans le psychédélisme alors que « Badass Sound System » adresse un clin d’œil au reggae.

Les percus et les beats dynamisent le plutôt dansant « Machine ».

Longue plage, « Crazy Woman » adopte un profil heavy/rock’n’roll, tout en conservant des traces de garage. Les grattes y sont bien huileuses.

Les harmonies vocales sont recherchées et pêchues dans « Cosmic Rider », alors que le vocal semble hanté par Lemmy de Motöhead.

Jamais en douceur, mais toujours en fureur, « Heavy Load » clôt cet elpee.

Guillaume de Lophem

Paradis perdu (single)

Écrit par

‘Le Paradis perdu’ (‘Paradise Lost’ en anglais) est un poème épique écrit par le poète anglais John Milton. Publié à l'origine en 1667, l'ouvrage est rédigé en vers non rimés. ‘Paradis perdu’, c’est encore un film français réalisé par Abel Gance en 1939. Mais, « Paradis perdu », c’est aussi le premier single de Guillaume de Lophem, dont le premier elpee, « Clé », qui recèlera douze plages, sortira en novembre 2023. Il a été co-écrit en compagnie de la parolière Iza Loris, afin de communiquer une belle dose d’émotion aux textes. Autoproduit, il a été enregistré en home studio par l’homme-orchestre, co-arrangeur et réalisateur, Cédric Raymond.

A travers ses histoires mélancoliques et poétiques, mais pleines d’espoir, cet auteur-compositeur-interprète nous inviter à voyager dans le temps et l’espace.

« Paradis perdu », c’est le chemin d’un papa et de ses deux filles, propulsés dans un décor fantastique afin de nous faire oublier la dure réalité de la vie ; la maman qui danse déjà dans les étoiles et notre mère à tous, la terre, qui se meurt également. C’est une histoire à double sens, pleine de douceur, d’amour infini et d’espérance.

Lorsqu’il ne met pas d’écho dans sa voix, les inflexions de Guillaume sont susceptibles de rappeler René Joly (NDR : souvenez-vous de « Chimène ») et parfois même Gérard Lenorman. L’instrumentation est ici limitée aux synthés et de l’avis de votre chroniqueur, en imaginant le concours d’arrangements acoustiques (sèche, violon(s), violoncelle, piano), la chanson pourrait atteindre une autre dimension… probablement cosmique…

Ulrika Spacek

Modern English Decoration

Écrit par

Alors que son nouvel elpee, « Compact trauma », est paru ce 10 mars 2023, il était temps de jeter une oreille attentive au précédent et second album d’Ulrika Spacek. Un groupe fondé à Reading, en 2014.

Tout au long de « Modern English Decoration », la musique baigne dans des eaux psychédéliques sur rappelant les meilleurs moments de Deerhunter (« Ziggy »), la scène shoegaze en général et les sonorités urbaines et nonchalantes chères à Television (« Silvertonic »).

Dans un certain esprit DYI et post-punk, Ulrika Spacek n’invente rien de neuf, mais manifeste énormément de ferveur et de panache ! Le groupe mérite donc les critiques dithyrambiques que lui réservent les médias, tant classiques que sur la toile…

Stubborn Heart

Made of Static

Écrit par

Stubborn Heart est un duo britannique réunissant Luca Santucci et Ben Fitzerald. Teintée de soul, son électro/pop a vu le jour en 2012, sur un premier elpee éponyme. Il a donc fallu près de 9 ans à la paire pour donner une suite à cet opus,

La soul nordique (= froide) dispensée tout au long de « Made of Static » évoque James Blake voire Sohn, à cause de la voix d’ice’crooner de Luca Santucci (« Mum’s The World », « Talking Gold »), mais les deux musiciens n’oublient cependant pas de de gâter un dancefloor qui se voudrait mélancolique (« Against The Tide »).

Mutant, glaçant, ce r’n’b reste néanmoins accrocheur de bout en bout !

 

Aldous Harding

Froid comme la glace…

Écrit par

Aldous Harding a ouvert sa tournée européenne au Cirque Royal de Bruxelles, ce 21 mars 2023. La dernière visite de la Néo-Zélandaise remonte à 2019 ; ce qui semble être une éternité. Depuis lors, sa fanbase n’a fait que croître. La musique de cette autrice-compositrice-interprète évolue dans le néo folk/pop gothique voire baroque.

Produit par John Parrish (PJ Harvey, Eels, Perfume Garden), son dernier elpee, « Warm Chris », est paru en 2022.

Pas grand monde dans l’hémicycle, lorsque Huw Evans, aka H Hawkline (NDR : son patronyme est tiré du livre de Richard Brautigan, ‘The Hawkline Monster : A Gothic Western’), débarque sur les planches. Le public ne va vraiment la remplir que peu avant le début du set de la tête d’affiche. Elle sera même quasi sold out.  

Cet auteur-compositeur-gallois est également présentateur de TV, à Cardiff. Il chante d’ailleurs une partie de son répertoire en langue locale et l’autre en anglais. Il a également vécu et travaillé à Los Angeles pendant plusieurs années. A son actif, cinq albums et quatre Eps.

Au cours de son récital, il va nous réserver de larges extraits de son dernier elpee, « Milk For Flowers ». Il prend place sur un siège devant son micro, armé d’une gratte électrique, près d’un enregistreur à bandes, placé sur une table. Sympathique et interactif, il bavarde entre les chansons, prenant alors le soin de mettre son enregistreur sur pause. Donc hormis les six cordes et le chant, toute l’instrumentation et les arrangements figurent sur cette bande magnétique. Une manière économique d’épargner la présence d’autres musicos. Et en 30 minutes, H Hawkline va démontrer toute l’étendue de son talent…

Sur le podium, Aldous Harding est soutenue par quatre musiciens. Un drummer, perché sur une estrade, qui troquera ses fûts et ses cymbales contre un bugle et le micro pour un morceau. Un gratteur, partagé entre l’électrique, la sèche et la basse. Enfin, deux claviéristes. La première, également installée sur une estrade, est également préposée aux vocaux et aux chœurs. Le second se charge également de la sixcordes. Assise, Aldous s’installe juste en face de ce dernier pour se consacrer au chant, à la guitare électrique ou semi-acoustique. En arrière-plan, 6 spots ronds paraboliques sur pied vont projeter des faisceaux lumineux aux teintes feutrées, suivant l’instrumentation.

Le concert s’ouvre par la triade « Ennui », « Tick Tock » et « Fever ». Le premier morceau nous confronte à des sonorités incohérentes et distordues, mais au bout du compte, elles finissent par vous mettent à l’aise. Plus léger, le dernier repose sur la sèche et la voix atmosphérique d’Aldous. Elle crée de la tension et est très susceptible de capter votre attention rien qu’avec un soupir. A un certain moment, le public s’émeut de voir comment elle a retiré le microphone du support avec tant de soin.

Le titre maître du dernier opus, « Warm Chris », est rendu mystérieux par sa voix qui oscille du grave à l’aigu. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si elle était un peu moins statique. Plus interactive. Pas un bonjour, pas un merci, pas une parole, pas un regard. Juste une courte phrase de 4 mots avant « Lawn », une expérimentation ludique parsemée de sonorités allègres, subtilement secondées par des ivoires. Elle ne renonce clairement pas à sa propre marque de fabrique qui peut être très variable. « Bubbles » et « She'll Be Coming Round The Mountain » continuent de progresser sur des ivoires accrocheuses ainsi que trois grattes entêtantes et addictives, donnant l'envie de rejoindre le dancefloor, mais le public reste stoïque.

Alimenté par un orgue mélodieux mais puissant et parcouru d’accords de sèches discrets, « Leathery Whip » constitue l’apothéose du concert. Les voix particulières en arrière-plan créent, de manière inattendue, un ensemble harmonieux, de sorte que cette chanson parvient à pénétrer votre matière grise sans trop d'effort. L'influence de John Parish est ici très claire sur ce morceau, qui aurait pu figurer au répertoire de PJ Harvey. L’elpee « Warm Chris » aura été interprété dans son intégralité.

Aldous Harding paraît cependant bien seule dans son monde, malgré un public attentif et applaudissant à l’issue de chaque chanson. On dirait même qu’elle est mal à l’aise face à ces acclamations. Elle reste sans réaction. Sa musique est magnifique, mélancolique, quelquefois grisante, mais Aldous la dispense avec une froideur extrême. Et son regard perçant nous glace le sang…

Un rappel quand même, au cours duquel elle nous réservera deux titres : le funky « Designer » et l’émouvant « She'll Be Coming Round The Mountain ».

Setlist : « Ennui », « Tick Tock », « Fever », « Treasure », « Fixture Picture », « Lawn », « Warm Chris », « Staring At The Henry Moore », « The Barrel », « Bubbles », « Passion Babe », « Imagining My Man », « Old Peel », « Leathery Whip ».

Rappel : « Designer », « She'll Be Coming Round the Mountain ».

(Organisation : Peter Verstraelen Agency)

 

Louis-Jean Cormier

L’hypnose

Écrit par

Né au Québec (à Sept-Îles, très exactement), cet auteur-compositeur-interprète a grandi au sein d’une famille mélomane. Son père l’a initié à la musique de Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland et Robert Charlebois, entre autres. En 1998, alors qu'il étudie le jazz au Cégep de Saint-Laurent à Montréal, il fonde Karkwa avec des amis. Le groupe maintiendra le cap pendant 15 bonnes années. Lors d’une pause de la formation, il milite quelque temps, chez Kalembourg. C’est en septembre 2012 qu’il entame sa carrière solo. A son actif quatre elpees, dont le dernier, « Le ciel est au plancher », est paru en avril 2021. Il se produisait ce mardi 22 mars à la Rotonde du Botanique. Deux heures de grâce. Un des plus beaux concerts auxquels votre chroniqueur ait pu assister, à ce jour.

Louis-Jean Cormier débarque sur le podium, à contre-jour. Il s’apprête à nous livrer un spectacle d’une force intime éblouissante.

Il annonce que les spectateurs vont avoir l’impression d’écouter la même tune du début à la fin. Il passe en effet subtilement d’une compo à l’autre par des voies d’accords. Il s’arrête néanmoins quelques fois pour parler à son public. Il improvise de manière très naturelle, autour de son discours préparé. Il reprend même quelques airs connus sur les mêmes accords que ses compositions. Il s’amuse, et nous aussi. Bref, il ne manque pas d’humour.

Mais revenons au début.

Après quelques morceaux, il prévient l’auditoire : ‘Bruxelles, si tu es venu à la Rotonde ce soir, c’est sûrement parce qu’inconsciemment, tu as le besoin d’intimité. Un criant désir de tendresse et de proximité. Je vois que tu es venu seul, ça tombe bien, moi aussi (rires). Ce que tu vas trouver ce soir est bien plus fort que ça ; ça va être tripatif. Bruxelles, j’ai pris des cours d’hypnose. Ce soir tu vas vivre ce que nous, les pros, on appelle dans le jargon, une sortie de corps (rires). Je t’invite à venir visiter l’endroit dans lequel toutes mes chansons naissent et vivent à l’année. Cet endroit-là, se trouve à l’intérieur de moi. Ça si ce n’est pas de la proximité, je ne sais pas ce que c’est (rires). J’ai élaboré une technique avec un ordre de chansons précis. Tu vas quitter ton corps par le biais de la physique quantique (rires). C’est très scientifique, très factuel tout ça. Ce qui va arriver, c’est que tu vas être nu (rires), ne t’inquiètes pas, tu vas quitter ton corps, tu vas être nu mais tu vas venir visiter, à l’intérieur de moi, l’endroit que nous les pros, on appelle le safe space. Tu sais ce que c’est le safe space ? C’est un endroit à l’abri de tout, à l’abri du temps, du quotidien, des aléas de la vie, il n’y a pas de comptes, de taxes municipales. Tu vas être bien. Tu n’auras pas de forme physique. Tu vas être nu mais sans forme physique. Tu ne pourras pas te vanter d’avoir des formes. Tu me suis ? Restes avec moi (rires). Tout au long des chansons, ça va être spécial, tu vas apercevoir un passage secret, qui ressemble étrangement à un canal auditif. C’est une sorte de tunnel jaune orange. Tu vas traverser ce conduit là et ton corps physique va rester ici. Ton corps va être là, un peu niais. Mais ton corps sera dans de bonnes mains (il présente ses ingénieurs lumières et son ; ce qui déclenche des applaudissements dans la foule). Le seul truc que tu dois savoir c’est par où on entre dans le tunnel. A quel moment il faut sauter et où est la porte d’entrée du tunnel. La seule affaire que tu dois retenir dans tout ce que je viens de dire c’est que l’entrée du passage secret se situe entre chacune des notes que je vais jouer à la guitare ce soir (propos qui entraînent de nouveaux applaudissements). Notes qui se trouvent dans toutes les chansons durant toute la soirée. Tu as l’embarras du choix. Tu vas te sentir vibrer et tu devras sauter dans un trou. Ce sera entre deux affaires (rires). Tu me suis ? Je ne répéterai pas ça en flamand car je le maîtrise mal. Ceci dit, tu te laisses aller. J’ai tout prévu. Je ne suis pas comme les hypnotiseurs. Comme Mesmer. Tu connais Mesmer ? Je ne suis pas comme eux, je trouve ça vulgaire. Tu seras hypnotisé à un, deux, trois, non… ici, tu vas être à l’intérieur de la musique. Tu vas voir, tu vas triper, ça va être débile (rires) ! Tu me fais confiance ? Alors c’est parti !’

Force est de constater que le public est nu, sorti de son corps physique, sous hypnose consciente, à l’intérieur de Louis-Jean Cormier. Il a pris la porte et tout le monde a sauté dans le trou, pour le plus grand bonheur auditif.

Tout au long de la soirée, l’artiste joue avec les mélodies, les mots, l’esprit. On peut voir sur son visage, son sourire sincère et le plaisir qu’il a d’être auprès de nous dans un partage fort, authentique et profond.

L’ensemble est très fluide et emporte l’auditoire qui reprend ses chansons en chœur.

Limité à deux petits spots élégants sur les côtés, quelques bandes de lumières chaleureuses à l’arrière et les éclairages habituels de la Rotonde, le décor est minimaliste.

Les ingénieurs connaissant leur job et arrivent parfaitement à souligner, à rythmer les moments importants du spectacle.

L’artiste se sert d’une Gibson ES-125 datant de 1966, une guitare câblée dont le son est doux, presque jazzy, d’un micro voix et d’un micro directionnel pour la gratte. Mais également d’un pad électronique sur lequel il marque le rythme sur l’estrade à l’aide de ses pieds (il est sur le pad !).

Il utilise souvent un capodastre, l’open tuning, et sa technique de picking est belle et travaillée. Il nous offre aussi quelques petits solos en gammes pentatoniques.

A la fin du spectacle, Il a le soin de clore ‘l’hypnose’ pour libérer les spectateurs et revient sur scène après le rappel en proposant d’interpréter les deux premiers titres qui seront proposés par les spectateurs. Il nous réserve alors deux vieilles chansons, ‘en soins palliatifs’, précise-t-il, puis clôt le set par une compo de son choix, plus récente. Le tout s’achève par une dernière note alors que les lumières s’éteignent au même moment. Bravo à ses ingénieurs !

Derrière la décontraction et la bonhomie de Jean-Louis, on devine les années de travail pour atteindre un tel résultat.

Mon ami spectateur, qui m’accompagne, était un peu dubitatif, se demandant s’il était possible d’être captivé par le concert d’un artiste, seul sur scène, pendant une heure trente. Nous n’aurons pas le temps de nous rendre compte que deux heures se sont écoulées.

Un regret ? Qu’une telle figure considérée comme majeure dans l’univers de la chanson française actuelle ne soit pas encensée par les médias et un très large public à travers toute la francophonie, tout en admettant que cette situation nous a permis de vivre un moment merveilleux tout près de lui, en toute intimité.

Merci Jean-Louis pour cette parenthèse généreuse, magique et suspendue.

A très vite !

Méthode chanson

(Organisation : Botanique)

 

Index For Working

Dragging the Needlework for the kids at uphole

Écrit par

Index for Working, c’est un projet fondé par Max Oscarnold, aka Max Claps (The Proper Ornaments, TOY), et Nathalia Bruno (DRIFT). Ils se chargent des guitares, de la basse, des claviers et de la programmation. Le line up implique également le drummer Bobby Syme (aka Bobby Voltaire) et le bassiste/violoncelliste Edgard Smith. C’est Max qui se consacre essentiellement aux vocaux. Enfin, il s’agit, le plus souvent, de murmures qu’il dispense en anglais, mais aussi parfois, dans sa langue maternelle, l’espagnol (NDR : il est argentin).

Sur les 11 plages de l’opus figurent trois intermèdes instrumentaux et surtout expérimentaux, probablement réalisés à l’aide de bandes passées à l’envers, dont l’orientaliste « The Beatles » qui adresse un clin d’œil à la période psychédélique des Fab Four.

En général, le climat de cet LP est plutôt tourmenté, ténébreux voire inquiétant ; les paroles, probablement issues de l’écriture automatique et les bruitages urbains déformés accentuant ces impressions.

Et pourtant, le résultat est plutôt épatant. « Railroad bulls » baigne dans la country délavée. « Ambiguous fauna » s’autorise un blues/rock improbable. « Palangana » est hyper mélodique et « 1871 », particulièrement accrocheur. Quoique bien électrique, « Chains » émarge à la lo-fi. Et en final, d’abord tramé sur une structure acoustique, « Habanita » passe, à mi-parcours, en mid tempo, puis se charge d’électricité à la fois torturée et sulfureuse…

Super Pink Moon

Iron rain

Écrit par

Super Pink Moon, c’est le projet d’Ihor Pryshliak, le leader de Somali Yacht Club. Chanteur/compositeur et multi-instrumentiste (claviers/guitare), il est établi à Lyiuv, en Ukraine. Pas étonnant qu’introspectifs, les lyrics traitent de la guerre, et des émotions qu’elle entraîne : douleur, tristesse, désespoir, culpabilité, etc.

« Iron rain » constitue le second album de SPM, un œuvre dont la musique émane d’un cocktail subtil entre psychédélisme, shoegaze, cosmic rock et metal. Les harmonies sont très susceptibles de rappeler Ride, alors qu’Ihor emprunte parfois les inflexions de Ian Brown (« Per aspera ad astra »).

Le long playing recèle plusieurs instrumentaux dont « Forwardbreakforward », un morceau qui s’enfonce dans le prog/metal, le floydien « Mirage », l’expérimental « Hollowness », au cours duquel on a l’impression d’entendre des bandes passées à l’envers et l’étrange finale, curieusement intitulée « ウクライナにславаあれ ».

Petit coup de cœur pour l’excellent et accrocheur « Collision » qui parvient à combiner sonorités de gratte métalliques caverneuses (pensez à Prong) et shoegaze tout en soignant le sens mélodique. Un régal !

Parfois, le son est si dense qu’on a du mal à imaginer qu’il est le fruit du travail d’un seul artiste…

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