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Festival Sziget 2006 : samedi 12 août

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Ce samedi 12 août est sans doute la journée du festival la plus alléchante ! Coté affluence, un nombre record de festivaliers est attendu. Manquerait plus que la pluie ne s'en mêle ! Les nuages gris s'amoncèlent pourtant et les averses surgissent. Il n'en fallait pas plus pour voir fleurir les premiers ponchos et anoraks. Le Sziget avait déjà la réputation d'être le Woodstock européen. Une allusion qui risque finalement de se confirmer…

Les Ecossais de Sons and Daughters sont les premiers à passer sur la Grande scène. Leur folk électrique est teinté de pop. Des morceaux tels que " Choked " ou encore " Royal Used " sont plutôt agréable à écouter. Au sein de l'assistance on semble également apprécier la performance, mais personne ne parvient pas à se lâcher complètement. Décidément les concerts programmés en journée ont du mal à décoller ! 

Un concert de dEUS, c'est un peu comme à la loterie. Soit le son est nickel et on vit une formidable expérience musicale. Soit il est merdique et les mélodies sont noyées dans un vilain brouillamini. Heureusement aujourd'hui, la bande à Barman est dans un bon jour. Elle est même en pleine forme et au sommet de son art. Le public est ravi. Sur les planches les musiciens semblent également prendre leur pied. Et ce ne sont pas les quelques gouttes qui vont contrarier le show, bien au contraire !

Sur la scène world, les Français d'Orange Blossom font sensation ! Des textes en arabe, un peu de djembé, un violon électrifié, le tout soutenu par des samples et vous obtenez un délicieux cocktail d'électro métissée. On est en extase pendant " Habibi ", en transe pour " Cheft El khof ", en lévitation sur " Yazaman ". Le potentiel des Nantais est certain. Mais en privilégiant les parties préenregistrées sur l'instrumentation conventionnelle, le combo pourrait perdre tout crédit… 

Sur la grande scène, Heaven Street Seven nous balance une solution sonore inspirée par la pop anglo-saxonne au sein de laquelle la guitare de Gábor Balczer est bien mise en évidence. Etonnant pour un groupe hongrois. Qui chante dans sa langue du pays des Magyars. Leur set ne manque pas de charme, mais si la majeure partie s'agglutine au pied du podium, ce n'est pas pour les acclamer, mais pour se ménager une place idéale avant d'assister à la prestation du groupe suivant. On perçoit d'ailleurs un léger soulagement, lorsque le band débarrasse le plancher…

Les roadies installent donc le matériel. En fond de scène, dix fragments d'écrans. Le concert s'annonce déjà impressionnant. Le mot est lâché. Idéal pour qualifier Thom Yorke qui se multiplie à la guitare, au chant, au piano. Le reste du groupe semble parfois plongé dans le coma. Ce qui ne l'empêche pas de nous réserver leurs classiques de haute volée : " Paranoid Android ", " No Surprises ", " There There ", " Lucky ". On appréciera l'enchaînement " Exit music – Karma Police ". Le groupe interprète également deux nouvelles chansons : " 15 step " et " Nude ". Propre, sans bavures, planant, ahurissant. Ce sont les termes judicieux pour qualifier le concert accordé par Radiohead, ce soir. Comme chaque soir. C'est ça le problème : la routine, l'absence de feu sacré…

 

 

 

 



Festival Sziget : vendredi 11 août

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Cette troisième journée commence par une mauvaise nouvelle. Suite à la tentative d'attentat perpétrée à Londres, Coldcut et Gomez sont contraints d'annuler leur concert. On espère qu'il n'en sera pas de même pour Radiohead le lendemain. Mais pour l'heure, 50 000 personnes sont attendues ce vendredi sur l'île d'Obuda, pour assister aux 200 programmes de la journée.

Suite à la place laissée vacante sur la grande scène par Gomez, Guru's Jazzmatazz démarre le concert une heure plus tard que prévu. Emmené par le leader Guru et accompagné par Solar & Doo Wop, le groupe dispense un hip hop légèrement teinté de jazz et de soul. Guru et ses acolytes ne cessent de solliciter le public pour reprendre les paroles en chœur. Ils y seraient sans doute parvenus en se contentant de 2 ou 3 répliques. Mais les relances incessantes finissent par lasser.

Au même moment, les Boukakes débarquent sur la scène world. Les 7 musiciens de la formation montpelliéraine brassent différents horizons musicaux où se mêlent rock, raï, électro, et funk. On retiendra des morceaux comme " Bledi ", parfaite synthèse du style pratiqué par cet ensemble français. Sur scène, la présence du derbouka et la voix chaleureuse de Bashir rappellent que la musique maghrébine constitue l'influence majeure du combo. Une performance loin d'être désagréable, au cours de laquelle on se laisse volontiers entraîner aux rythmes de " Allawi " et autre " Mama ".

La petite pause concert permet de déambuler dans les allées et de se diriger vers l'espace théâtre de rue et le chapiteau danse et théâtre. On le dit et on le répète, ce festival est gigantesque ! On peut ce soir assister à la représentation de la troupe polonaise Teatr Osmego Dnia. Sur fond de musique bien psyché, un char circule à travers le public, véhiculant à son bord des barbares qui braillent et crachent du feu. Des fenêtres s'enflamment lentement. Une mise en scène médiévale relatant la guerre. Frissons !!!

Retour vers la grande scène. Sur le chemin, il est loisible de piquer une tête dans la piscine de chocolat (NDR : Oui, cette histoire peut paraître invraisemblable mais elle est véridique. C'est aussi ça le Sziget !). Un bain nourrissant au terme duquel vous aurez la certitude d'être laissé en paix pour la suite des événements.

Le dernier acte de la Grande scène est accompli par les sexy, groovy, funky, Scissor Sisters. 'Disco's not dead' devrait être leur slogan. Leurs vêtements à paillettes parlent pour eux. D'ailleurs, leur patronyme évoque une position sexuelle lesbienne. Mais venons-en à la musique. Le son est parfois médiocre mais tout dépend de l'endroit où l'on est situé. Devant, on a la chance d'être épargné par les saturations pénibles aux tympans. Pas la peine de s'attarder sur le génie de leurs compositions. Ils sont responsables d'un mélange de pop et de rock, saupoudré d'une pincée de disco. Il n'y a plus qu'à danser et sautiller allègrement tout au long des " Laura " ou " I don't feel like dancin' ". Indubitablement, il n'y a pas d'alternative. Ah si… rigoler !

Fin de soirée, petit détour au Silent Disco. « Quekcekça ? ». Il s'agit d'un chapiteau au sein duquel on danse et on chante, mais dont il ne sort pas la moindre note de musique. Curieux, vous décidez d'y aller faire un tour afin de percer le mystère. Enigme résolue, lorsqu'on vous pose des écouteurs sur les oreilles. Il vous reste alors à choisir le canal et à régler le volume. Et en route pour le déchaînement instantané jusqu'à 4 heures du matin ! Un concept plutôt sympa. D'autant plus que la musique diffusée est loin d'être de mauvais goût. Des Ramones aux White Stripes en passant par les Foo Fighters ou encore Dolly Parton. Dans le futur, les organisateurs devraient pousser quelque peu le volume, vu les jacasseries, il devient parfois pénible d'entendre ce qui passe dans le casque.

Festival Sziget 2006 : jeudi 10 août

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Alors que l'île continue de se peupler, ce deuxième jour va nous permettre de voyager à travers les styles musicaux et horizons les plus divers. Mais au Sziget, le périple n'est pas que musical. Ainsi, le matin, lorsque vous vous levez, il vous est loisible de vous relaxer lors d'une séance de yoga ou, si vous préférez, faire monter votre adrénaline, en pratiquant le saut à l'élastique. Autre option : se reposer et finir la nuit dans un hamac à l'espace 'djuice siesta', prévu à cet effet. Et puis, pourquoi ne pas franchir la passerelle du festival pour goûter aux nombreux bains thermaux offerts par la ville de Budapest ? Le temps de se détendre avant d'aborder une deuxième soirée de concerts !

Suite à l'annulation d'Ill Niño, Green Lizard est programmé à 16h30. Sur la grande scène. Mais un groupe nous intéresse plus particulièrement : Ministry. Fondé en 1981 par Al Jourgensen, il constitue aujourd'hui une figure incontournable de la scène métal. Du gros son est balancé sans réellement se tuer à la tâche. Comme dans de nombreux groupes métal, la prose est revendicatrice. Ici, cependant, on a plus envie d'en rire qu'en pleurer. Et la liste des reproches n'est pas terminée : Jourgensen assume le minimum syndical. Il braille comme de coutume mais semble avoir oublié que s'il est sur scène, c'est également pour le public. Les morceaux sont proches des versions albums. Le son demeure médiocre. Encore que ce constat pourrait être mis à leur décharge. Car, tout au long de la semaine, de nombreux sets ont souffert de ce son approximatif. Aussi bien les formations indés que les grosses cylindrées !

Pour se reposer les tympans, rien de tel que de rejoindre la scène world sur laquelle se produit Lila Downs, chanteuse d'origine mexicaine. Loin d'être une inconnue (elle a collaboré à la B.O du film « Frida »), l'extravagante et ténébreuse Lila épanche son spleen avec grâce. Mais aussi des sentiments de joie, d'amour, de tristesse et de chagrin. Elle alterne compos agrégeant jazz et folklore (« Paginas de mujer » ou « Cumbia del mole ») et ballades blues (« Conracito tirano », « Que seria de la vida »). Sa voix douce et chaleureuse vous envoûte. Charmant, tout simplement. Le rythme est contagieux. Parfois, on se surprend même à dodeliner de la tête. A vrai dire, son spectacle se mue progressivement en ballade intemporelle !

Autre grand compositeur de musique pour film, Goran Bregovic a emmené les douze musiciens de l'orchestre des mariages et enterrements. Inspirée également par la tradition folklorique, l'expression sonore de la formation serbe passe en revue les émotions humaines les plus terre à terre : ses joies, ses réjouissances, ses tristesses, ses malheurs. Sur scène, Goran puise aussi bien dans son répertoire que dans les bandes originales de films tournés par son ami Emir Kusturica. Pendant plus d'une heure, on passe allègrement de la musique de noces à celle d'enterrement. Depuis l'émouvant « Ederlezi » en passant par le mythique « In the deathcar » (NDR : issu du film « Arizona dream »). L'enthousiasme manifesté par l'assistance nous permet de conclure qu'entre la prestation de B. Markovic, accordée la veille, et celle de G.Bregovic ce soir, la musique des Balkans a définitivement conquis l'île d'Obuda ! Et Bregovic d'achever son set en exécutant le cultissime « Kalasnjikov ».

Les concerts programmés sur les deux grandes scènes sont terminés. Mais la soirée ne fait que commencer. On a d'ailleurs l'embarras du choix ! Première solution : aller découvrir Wir Sind Helden qui s'est emparé de la scène Wan2. Emmené par la chanteuse et guitariste Judith Holofernes, ce quatuor allemand est considéré comme un des chefs de file de la 'New German wave'. La deuxième option se profile, quelques minutes plus tard, sur ce même podium : l'univers hip hop/jazz des Hongrois de Jazzékiel… A moins que vous ne préfériez investir l'immense chapiteau de la Party Arena, où se succèdent tous les soirs les grands noms de l'electro et de la drum n'bass. De 22h à 7h du matin. Ce soir, par exemple, la paire anglaise Layo & Bushwacka est à l'affiche.

 

Festival Sziget 2006 : mercredi 9 août

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Festival unique en son genre, le Sziget Festival s'est déroulé, cette année, du 9 au 16 août sur l'île d'Obuda, en plein cœur de Budapest. L'événement s'étale sur une semaine : sept jours au profit d'une diversité culturelle et musicale.

C'est dans une ambiance survoltée que Hongrois, Français, Allemands, Italiens, Belges, mais aussi Australiens, Américains, Québécois, etc., bref un public largement international, se rencontrent autour du rock, métal, tzigane, blues, reggae, électro…

Les premiers concerts débutent mercredi; mais dès la veille, l'île d'Obuda est envahie de festivaliers. Et il est déjà possible, dans les différents bars qui fourmillent sur l'île, de danser sur toutes les musiques.

Néanmoins, il faut attendre 16h30, le mercredi, pour que Glen Matlock & The Philistines ouvrent le bal. Sur la grande scène. Sous le soleil et devant quelques milliers de spectateurs, le groupe entame un rock inspiré des 70's; même s'il laisse transparaître une apparence punk et quelques traces de pop. Conduite par l'ex-bassiste des Sex Pistols, la performance n'a rien d'extraordinaire. Elle devient même quelque peu redondante en fin de parcours. Mais on se laisse volontiers séduire par des morceaux de la trempe de « On something » ou « Suck it and see ».

On entre véritablement dans le vif du sujet lorsque les Irlandais de Therapy? débarquent sur scène. A coup de riffs ravageurs, de petites bombes bien placées et de morceaux excédant rarement les trois minutes, le trio accorde un set sculpté dans un punk musclé. Andy Cairns, le chanteur/guitariste, semble détendu et heureux d'être là. D'ailleurs, il n'hésite pas à plaisanter avec le public entre les chansons. Une excellente thérapie pour les personnes allergiques aux musiques extrêmes. Grosses guitares et lignes de basse lourdes sont de rigueur. Cependant, certains morceaux manifestent un sens mélodique plus pop. A l'instar de « Sprung ».

Ensuite, direction scène world pour assister au concert d'un Serbe dont le nom n'est plus à présenter : Boban Markovic. Considéré comme docteur es instruments à cuivres des Balkans, il pratique un style musical mêlant folklore gitan et jazz. Entouré par 11 musiciens, Boban invite l'assistance à gambiller au rythme d'airs traditionnels ou, encore, à se remuer sur un morceau comme « Bubamara »  (NDR : la B.O. de « Chat noir chat blanc »). Outre sa richesse et sa capacité d'assimilation des autres styles, la musique balkanique a le don de séduire et d'inciter n'importe quel individu à danser !

21h30. Difficile d'opérer un choix lorsque les concerts de Franz Ferdinand et de Robert Plant sont programmés à la même heure, sur deux scènes éloignées ! Finalement, la décision est prise : on délaissera la pop et les mélodies imparables des Ecossais pour aller applaudir l'ex-chanteur du mythique Led Zeppelin. Pas de regret. Sa performance est de haute volée. Flanqué de son Strange Sensation, Bob nous entraîne dans l'univers du blues, du rock n' roll mais aussi des musiques orientales et celtiques. L'assistance demeure scotchée, subjuguée par l'artiste. Nonobstant ses 40 ans de carrière, sa voix et son âme sont restées intactes. L'émotion est au rendez-vous. C'est même une évidence lorsqu'il attaque la ballade « Going to California ». Le timbre de Plant nous communique des frissons. L'apothéose du concert est atteinte lorsque le band attaque l'incontournable « Whole lotta love » et son riff mythique. Le public est ravi. Le morceau est ponctué d'une jam session comme seul le célèbre dirigeable en avait le secret. Le show s'achève au bout d'une bonne heure et demie. Les musiciens semblent satisfaits. Le public est aux anges.

 

Festival Trans Musicales 2006 : samedi 9 décembre

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Pour leur dernière soirée, les Trans Musicales s'annoncent électro-rap ! Il suffit de jeter un rapide coup d'œil à la programmation pour s'en assurer : Easy Star All-Stars, Aufgang, Justice, Keny Arkana, Nouvel R... Quelques moments rock sont tout de même prévus. Notamment la prestation très attendue de Kaiser Chiefs et les brésiliennes de CSS, entre autres. L'affluence est d'ailleurs à son comble…

Nouvel R lance le bal. Pas moins de sept silhouettes se dessinent très vite sur scène ; les vibrations d'une ligne de basse groovy résonnent et pas moins de quatre MC's balancent leur bagout en manifestant une aisance, un phrasé et une énergie étonnants. Quel plaisir, d'ailleurs, de retrouver l'indomptable talent d'Ezra, le human beatbox virtuose déjà vu sur scène la veille ! Tous s'affairent autour du DJ central et nous imposent avec force leur hip-hop efficace. Démarrage de la soirée en beauté !

Alors que DJ Medhi vient tout juste de terminer son set dans le grand hall, c'est au tour des trois Luxembourgeois d'Aufgang de livrer leur art aux Rennais, venus ce soir en force. Deux interprètes communiquent par pianos à queue interposés, tandis qu'Aymeric Westrich imprime le tempo de ses machines. Une formation plutôt surprenante responsable d'une musique qui n'en est pas moins variée et audacieuse ! Les influences oscillent visiblement de la house au jazz, en passant par la world music ; et force est d'admettre que le tout fonctionne plutôt bien, malgré l'atmosphère on ne peut plus froide émanant de la scène.

Après maintes hésitations, le nez pointé sur la programmation, je me décide et me dirige vers le hall 3 où les très attendues brésiliennes de CSS (sans oublier le seul membre mâle de la troupe, préposé à la batterie) vont débuter leur set quelques minutes plus tard… choix judicieux vu la foule déjà agglutinée dans la fosse ! Sans aucun doute, la curiosité est de mise dans la salle et le public ne sera pas déçu par la prestation scénique de ces demoiselles ! Elles crachent sans vergogne leurs chansons courtes et efficaces, aux paroles qui peuvent parfois laisser à désirer. Les Sud-Américaines ne sont en effet pas là pour se prendre la tête comme l'annonce leur « CSS Suxxx » en ouverture, mais bien plus pour s'amuser et entraîner le public dans leur délire… et ça marche ! Il faut dire que la chanteuse sait s'y prendre : boostée par une énergie incroyable et increvable, elle danse, sautille sur scène et fonce dans le public sans retenue… tout en chantant tube après tube. Plus que pour leur musique, on apprécie CSS pour leur spectacle.

C'est ensuite au tour des Anglo-saxons de Kaiser Chiefs de devoir faire ses preuves sur scène ! Très attendus dans le hall 3, ils ne déçoivent pas et sont à l'image du public rennais de ce samedi soir : sauvages et énergiques. Si leur musique n'apporte guère d'originalité dans la très convoitée scène rock anglaise du moment, il convient d'admettre que Kaiser Chiefs est un excellent groupe de scène qui se nourrit du public ; et ce dernier le lui rend d'ailleurs bien.

Rassasiée, je quitte le parc expo et laisse les plus courageux vibrer le reste de la nuit aux sons des platines…

Festival Trans Musicales 2006 : vendredi 8 décembre

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Le nombre important de voitures cherchant à se garer devant le parc des expositions présage une affluence beaucoup plus grande que la veille. En effet, le public est au rendez-vous ce vendredi soir ! La présence d'Albert Hammond Jr, célèbre guitariste des Strokes et de The Klaxons, la dernière sensation britannique, n'y sont peut-être pas pour rien…

A mon arrivée, je me réjouis vite d'entamer la soirée en assistant au set d'Ezra, jeune human beatbox français découvert deux semaines plus tôt à l'Ubu, salle rennaise, lors de la tournée des Trans. Et mon attente n'est pas déçue ! Grâce à ses prouesses vocales et buccales, il enflamme le hall 9 avec une facilité déconcertante. Du hip-hop au rock en passant par le jazz, Ezra module sa voix et nous emporte dans un univers brillamment construit et intelligemment pensé. Son énergie se propage et elle est vite palpable. Le ton est donné et Rennes est vite conquise ; cependant quelques jeunes gens dans la fosse s'impatientent et réclament déjà la tête d'affiche de la soirée : les Anglo-saxons du groupe Klaxons… Sans rancune, car on sait déjà que l'on retrouvera Ezra au sein du groupe hip-hop Nouvel R, le lendemain.

Les techniciens s'affairent donc sur scène et en quelques minutes tout est prêt pour accueillir The Klaxons. La foule semble déjà conquise. La fosse en délire a bien raison d'acclamer ce groupe rock à l'énergie folle, mais on se lasse cependant très vite de leurs mélodies un peu trop téléphonées.

Je décide alors de me diriger vers le hall 4 où The Bishops (nom qui n'est pas sans évoquer la vague pop anglaise qui inonde nos radios) vont se produire dans quelques minutes. Les jumeaux Bishop opèrent une entrée fracassante accompagnés de leur batteur ; cette apparition est leur première date en France et ils semblent apprécier le moment au moins autant que le public. Leurs mélodies pop teintées de rock 60's sont interprétées énergiquement et nerveusement. Les compos sont courtes (toutes les chansons sont expédiées en moins de trois minutes), mais percutantes et efficaces. On ne voit pas le temps passer ; et ils nous quittent déjà dans la bonne humeur générale, après un rappel de 20 minutes spécialement autorisé par Jean-Louis Brossard, directeur de la programmation. C'est dire.

On repart alors vers le hall central où Albert Hammond Jr, fameux guitariste des Strokes, a déjà commencé à jouer. Se lancer seul est un pari risqué ; mais il relève le défi très facilement et le démontre à travers des compositions inspirées et des mélodies pop pétillantes.

Son set vite bouclé, je me décide à aller découvrir l'intriguant songwriter canadien Son Of Dave… et sans regret ! Armé d'un sample, d'un harmonica, d'un tambourin et autres accessoires, il nous interprète une musique hantée et fougueuse. A lui seul, il enflamme le hall très vite bondé ! Son blues teinté de funk a en effet très vite attiré l'attention des flâneurs, et la curiosité a vite laissé place à l'enthousiasme général ! La découverte de la soirée ; et visiblement lui aussi apprécie l'instant.

L'énergie transmise par Son Of Dave nous encourage à parcourir allègrement les halls, et nous nous retrouvons vite face à Cold War Kids. Signé chez V2, ce groupe américain connaît un fort succès dans son pays natal et on comprend vite pourquoi… Il nous délivre un pop/rock d'excellente qualité qui n'est pas sans nous rappeler… U2. Comparaison de taille, certes, mais pour un groupe de grande envergure, tout simplement !

Ces deux superbes dernières découvertes me conseillent d'en rester là pour cette soirée… Je repars alors l'esprit rempli de jolis souvenirs tous en musique, et une grande impatience pour le dernier jour du festival !

Festival Couleur Café - Jour 3: Dimanche 2 juillet 2006

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C'est à guichets fermés et sous un soleil des plus éclatants que se déroule le dernier jour du Festival Couleur Café. 25.000 festivaliers se sont donc donnés rendez-vous ce dimanche afin de profiter d'une affiche exceptionnelle et de l'ambiance unique d'un événement qui l'est tout autant.

Début des festivités à 16H15. Saule et ses pleureurs envahissent un chapiteau Fiesta enthousiaste. Baptiste Lalieu enchaîne tranquillement les tubes de son premier album en réservant une surprise de taille aux festivaliers présents. Alors qu'il entame une reprise plutôt rock'n'roll de « Banana Split », l'interprète originelle débarque sur la scène pour pousser la chansonnette en compagnie du groupe. Lio, acclamée par le public, interprétera également un second titre, « Le baiser ». Terminant son set bien plus tôt que prévu, le groupe reviendra lors d'un petit rappel au cours duquel il interprétera « L'opéra », à la demande générale du public.

Malgré la chaleur étouffante, le chapiteau 'Titan' est pris d'assaut par la foule venue acclamer des Louise Attaque au sommet de leur forme. Les plus courageux, à l'étroit au centre, entonnent en sautillant les « Savoir » et autres « Je t'emmène au vent », servis avec énergie par le combo français, tandis que les Saïan Supa Crew font vibrer le chapiteau 'Univers'.

L'événement de la journée sera sans conteste la présence de Tracy Chapman. Devant un 'Titan' encore plus bondé que lors du set de Louise Attaque, la jeune femme enchaîne pour un public déjà conquis ses plus grands classiques dont « Baby Can I Hold You », « I'm Ready » ou le très attendu « Talkin' Bout A Revolution » ainsi que quelques morceaux de son dernier album en date, « Where You Live ».

Les choix de la journée ont été assez pénibles puisqu'au même moment sous le 'Fiesta' se déroule le concert des Hurlements d'Léo suivi de très près de Vive La Fête. Le terrain du festival se transforme d'ailleurs, à cette occasion, en dancefloor géant. On retiendra essentiellement la prestation d'Els et de ses comparses de Vive La Fête qui, grâce à leur electro-pop addictive, ont réussi à convertir le chapiteau 'Univers' en une véritable discothèque, injectant aux festivaliers dégoulinants de sueur une bonne dose de BPM.

Enfin, le festival refermera ses portes au son des rythmes tribaux de Afrikali et des funky vibes du grand George Clinton et de son P-Funk Allstars qui serviront, comme d'habitude, une (très) longue intro avant de laisser la place sur l'avant-scène au père du tubesque « Give Up The Funk ».

C'est donc une édition exceptionnelle du festival qui se clôture, laissant derrière elle des festivaliers plus que comblés. Vivement l'an prochain, en croisant les doigts pour que le temps radieux soit toujours de la partie!

 

Festival Couleur Café - Jour 2 : Samedi 1er juillet 2006

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Le festival Couleur Café rempile pour une deuxième journée aussi chaude que la première. Après avoir goûté aux saveurs internationales de la 'rue du bien manger' et une petite visite des activités extramusicales (l'expo, le village ONG, le marché, etc.), les festivaliers sont fins prêts pour une longue journée de musique aux accents majoritairement hispaniques.

A 17h, le gantois Gabriel Rios prend possession du chapiteau Titan afin de faire vibrer le public de ses compositions alliant subtilement pop et salsa qu'il chante tantôt en anglais, tantôt en espagnol. Le jeune homme semble avoir pris bien de l'assurance sur les planches. En effet, deux ans plus tôt, lors du Couleur Café, ce timide personnage s'était caché derrière sa guitare. Aujourd'hui il s'est transformé en showman n'hésitant pas à occuper tout l'espace qui lui est conféré et balançant des morceaux tels que « Catastrofe », « Unrock » ou encore son tube « Broad Daylight ».

Ensuite, direction chapiteau 'Univers' afin de danser sous les rythmes dub et reggae de Dub Incorporation. Au milieu de la foule tout le monde sautille. Certains connaissent déjà par cœur certaines des compositions des Français qui s'étaient produits à guichets fermés, quelques mois plus tôt, à la Rotonde du Botanique. Sympa sans être impressionnant, le set de la formation multiculturelle est parvenu à entretenir une ambiance bon enfant représentative de l'esprit du festival.

Off The Record, quatuor qui se produisait dans le superbe nouveau décor de l'electro-world, a laissé pantois plus d'un festivalier. S'appuyant uniquement sur leur talent vocal, les membres de cette formation délivrent un impressionnant concert de beatboxes humains, sans s'essouffler une seule seconde.

Surnommée la muse de Manu Chao, Amparanoia devait faire face au plus gros défi du festival : jouer en même temps que le match Brésil/France ! Et au vu du monde rassemblé sous la tente 'Univers', elle a accompli un assez bon boulot. De par son mélange de rock, ska et salsa, la Madrilène est parvenue à capter l'attention tandis que, juste à quelques centimètres de l'Univers et devant l'écran géant s'agglutinait une ahurissante marée humaine. A en croire les couleurs dominantes de ce rassemblement, une large majorité des festivaliers ont dû être bien déçus !

Après un joli feu d'artifice, les supporters brésiliens auront eu le choix de se consoler entre les sons rocksteady de Lee 'Scratch' Perry ou les rythmes salsa (encore !) de Sergent Garcia. Le set du premier cité fut quelque peu mou. Le second, qui refermait cette seconde journée, fut par contre un peu plus intéressant. De quoi bien conclure cette journée, un peu plus calme que la première.

 

Rock Werchter 2006 : vendredi 30 juin

On ne pèse pas grand-chose dans ce bas monde, à voir le peuple qui vous submerge de tous côtés, sous un soleil de plomb, sur une plaine perdue près de Leuven, à regarder Brian Molko chanter ses simagrées. Il en faut du courage pour braver la fatigue, la déshydratation, les décibels, la file d'attente pour boire une douche, et 1h30 de Muse. Oui, se taper quatre jours de Rock Werchter s'avère un sacré challenge. Météo : 30 degrés en moyenne. Et 80000 personnes par jour, assises, couchées, debout, partout. Ajoutez à cela la somme d'argent exorbitante à dépenser pour y participer, et 'l'événement rock de l'année' ressemble de plus en plus à un élevage en batterie de poules pondeuses. Heureusement, il n'y a pas eu de morts à Werchter, et ce grâce à la générosité des organisateurs qui ont bien voulu mettre cinq (…) robinets d'eau à disposition de leur très cher public. 'Eat your money and die !' : voilà qui ferait un bon T-shirt de festival, en taille « Girly », XS, S, M, L, XL et XXL. Espérons que Live Nation y pense pour l'année prochaine, et d'ici là…

… Bon vent à toi, le clonage FM ! Les 'Interpol anglais' : c'est un peu ce qu'on dit à propos des Editors. Même allure (habits noirs, sourire figé), même voix (sépulcrale, profonde, à la Ian Curtis – cette figure tutélaire), et quasi le même genre de tubes (« Blood », « Munich », etc.) mais en moins percutants. Autant d'éléments qui augurent un prochain triomphe, à moins que le vent ne tourne et que le post-punk/no/cold wave revival devienne rapidement ringard. On parle de soussous, de covers du NME, de compiles Rough Trade et de dossiers dans les Inrocks. Des rumeurs courent d'ailleurs que la coupe 'mulet' devrait bientôt revenir à la mode, tout comme la musique de Fleetwood Mac et de Blue Oyster Cult (cfr. The Raconteurs).

… Bon vent à toi, l'amateurisme qui fait mouche ! La meilleure idée d'Alec Ounsworth est d'avoir nommé son groupe Clap Your Hands Say Yeah, comme ça plus besoin de gueuler le nom avant le concert ou au rappel : il suffit de 'taper des mains et de dire Ouais !' Même Guy Debord ou Gilles Deleuze n'y auraient pas pensé… Il faudrait donc, pour bien faire, applaudir en cadence pendant tout le concert. Sauf qu'en live, les CYHSY sont loin de convaincre, tant leurs faits et gestes s'avèrent emprunts d'une nonchalance rébarbative. Si sur disque la voix étranglée d'Ounsworth et les mélodies bancales parviennent à faire mouche, sur scène c'est tout le contraire : on se croirait presque à un concours rock amateur, d'autant que le groupe n'a pas beaucoup d'allure… Pour l'ambiance, il fallait donc aller voir du côté de la Main Stage, où Kanye West faisait péter son hip hop de première classe devant un parterre pour une fois échaudé. Accompagné d'un quatuor à cordes, d'un DJ et d'un garde du corps, l'Américain s'amuse (sur « Take on Me » d'A-Ha), joue au chef d'orchestre (le « Bitter Sweet Symphony » du Andrew Oldham Orchestra) et brocarde gentiment les organisateurs du festival pour leur manque d'éclectisme. C'est un fait (et un scandale) : le hip hop est le parent pauvre de l'affiche, mangé tout cru par le rock, qui se taille la grosse part du gâteau… Un constat d'autant plus alarmant que le concert de Kanye West était l'un des meilleurs de ces quatre jours de déluge sonore. Des hits (« We Don't Care », « Get 'Em High », « Heard 'Em Say », « All Falls Down », « Gold Digger », « Jesus Walks », et, en apothéose, « Touch The Sky » et son sample de Curtis Mayfield), de la bonne humeur, et un mec qui ose dire ce qu'il pense sans jouer les fiers-à-bras. Big up !

… Bon vent à toi, l'Angleterre de Coldplay ! Sans doute n'ont-ils pas les tubes FM de leurs compatriotes humanitaires, mais les cinq types de Elbow, eux, ne se prennent pas la tête et gardent le sourire. On peut parler ici de véritable humanité, de gentillesse, et ça n'a rien de péjoratif : quand Guy Garvey dédicace « Newborn » à ses deux collègues Craig Potter et Richard Jupp, papas depuis peu, c'est fait avec tellement de sincérité qu'on ne peut qu'applaudir… Surtout que le titre en question, le dernier de la setlist, s'avère l'un des meilleurs du groupe, tout en montée et en intensité. Pour le reste c'est du pop-rock aux atmosphères dilatées, sans tambours ni trompettes, autrement dit parfait pour reprendre ses esprits avant la tempête Mogwai. Une belle grosse tempête, ponctuée de moments d'accalmie, d'éclairs de chaleur et de coups de tonnerre imprévisibles. Mention spéciale à Stuart Braithwaite, qui s'est planté à un moment crucial de l'hénaurme « Mogwai Fear Satan » : en balançant trop tôt sa partie de riff (un glissement ? une faute d'attention ?), le guitariste aura brisé toute la chaîne noisy patiemment tricotée par lui et ses potes depuis plusieurs minutes. La cathédrale sonique ainsi réduite en cendres, l'effet voulu (et tant attendu) sonnera finalement comme un pétard mouillé… Dommage ! Mais à part cette bourde innommable, les Ecossais nous auront quand même gratifié de quelques-uns de leurs meilleurs morceaux : « Yes ! I Am A Long Way From Home » en ouverture, « Ithica 27 o 9 », « Helicon 1 », « Friend of the Night »… Un grand moment de rock'n'roll, malgré l'éjaculation précoce de « Mogwai Fear Satan ».

… Bon vent à toi, la new beat ! Du beat, du vrai, enfin, qu'on satisfasse cette envie pressante de plier du genou en pointant du doigt les étoiles comme autant d'éclats d'une immense boule à facettes. C'est l'heure de la grosse nouba, sponsorisée par les frères Dewaele, alias les 2Many DJ's, alias la moitié de Soulwax, alias les producteurs du « Sexor » de Tiga, alias les mecs qui ont fait découvrir Vitalic au monde entier (sur leur mix-bootleg « As Heard… Part 2 ») : toute une bande de potes qui se retrouvent ici ce soir, pour transformer la pyramide en chaudron bouillant, et la plaine qui l'encercle en fourmilière au cœur unique, battant la mesure sur le poumtchak salvateur. C'est une heure en avance sur le programme que Pascal Arbez s'empare de ses laptops et séquenceurs divers, devant une foule qui s'extasie dès les premiers retentissements de sa techno cow-boy. Dehors, il fait très chaud. Sous la tente circulaire c'est bien pire : il pleut des gouttes de sueur. C'est « La Rock 01 », comme d'habitude, qui remporte la palme de l'ambiance : un hymne techno de la trempe d'un « Da Funk », d'un « Spastik » ou d'un « Southside », qui rend les gens fous et la croix rouge alerte. Malgré les titres mixés comme un sacré bourrin par le Français (des pistes qu'il lance - mal - sur son ordi), personne ici ne s'en inquiète et c'est normal : dans une telle ambiance, on pardonne allègrement ce genre de détails crispants. D'autant qu'à la fin de son set, Vitalic gratifie l'assemblée d'un bon vieux « Sound of C », de nos gloires nationales… les fameux Confetti's. La new beat, ce trésor national, s'avère de plus en plus une influence majeure chez les DJ's et musiciens techno, de Derrick May à la clique de DJ Hell (International DeeJays Gigolos). De la 'new new beat' ? A voir le costume de Tiga (tout en blanc, chapeau compris), il est certain que les eighties restent d'actualité. Qu'il balance ses propres tubes (dont une version mixée incroyable de son « Hot in Herre » - en fait de Nelly - avec le « Rollin' and Scratchin' » de Daft Punk) ou ceux des autres (à noter : le « Blue Orchid » des White Stripes passe très bien mixé à de l'électro), c'est la fête, l'extase océanique, ce sentiment toujours précieux de ne faire qu'un avec les gens qui dansent auprès de vous. Et ici ils se comptent par milliers. Que dire alors de la prestation des 2Many DJ's, si ce n'est qu'une fois dans le bain c'est si bon d'y rester ? Après le concert « Nite Versions » de Soulwax (combis blanches, prénoms-néons, beats efficaces), les 'Fucking Dewaele Brothers' ont prouvé encore une fois qu'ils ont un sens incroyable du DJing tout-terrain, mixant futurs tubes planétaires et vieilles scies au lustre à chaque fois redoré. Une soirée mémorable, sous le signe de toutes les musiques, mixées à l'encontre de tout purisme réducteur.

Rock Werchter 2006 : jeudi 29 juin.

On ne pèse pas grand-chose dans ce bas monde, à voir le peuple qui vous submerge de tous côtés, sous un soleil de plomb, sur une plaine perdue près de Leuven, à regarder Brian Molko chanter ses simagrées. Il en faut du courage pour braver la fatigue, la déshydratation, les décibels, la file d'attente pour boire une douche, et 1h30 de Muse. Oui, se taper quatre jours de Rock Werchter s'avère un sacré challenge. Météo : 30 degrés en moyenne. Et 80000 personnes par jour, assises, couchées, debout, partout. Ajoutez à cela la somme d'argent exorbitante à dépenser pour y participer, et 'l'événement rock de l'année' ressemble de plus en plus à un élevage en batterie de poules pondeuses. Heureusement, il n'y a pas eu de morts à Werchter, et ce grâce à la générosité des organisateurs qui ont bien voulu mettre cinq (…) robinets d'eau à disposition de leur très cher public. 'Eat your money and die !' : voilà qui ferait un bon T-shirt de festival, en taille « Girly », XS, S, M, L, XL et XXL. Espérons que Live Nation y pense pour l'année prochaine, et d'ici là…

… Bon vent à toi, la jeunesse qui fout le camp ! Il est à peine 18h00 en ce premier jour de festival que déjà le soleil tape plus fort que l'intégrale des Deftones. Chino, de plus en plus obèse, peine à éructer son mal-être juvénile. Normal : il n'est plus jeune. Le poids de l'âge l'empêche de sautiller comme en 95, à cette époque où le 'nu-metal' régnait en maître sur les charts. D'« Adrenaline » il lui en reste assez pour chanter du Deftones, mais sur le mode du pilotage automatique. Il est probable que les Américains changent leur fusil d'épaule à court ou moyen terme, et ralentissent leur musique (l'inédit joué ce soir, à l'ambiance très spongieuse, tiré d'un nouvel album qui sort à l'automne). Le side-project de Moreno, Team Sleep, en était le signe avant-coureur… Après, c'est une question de tubes, enchaînés vite fait bien fait pour satisfaire tout le monde (« Passenger » en ouverture, sans Maynard James Keenan, puis « Feiticira », « My Own Summer (Shove It) », Root, Nosebleed, Be Quiet and Drive (Far Away) », « Change (in the House of Flies) » et le grandiose « 7 Words »,…). Du bon boulot, sans plus.

… Bon vent à toi, le rock progressif ! Si Maynard James Keenan n'était pas présent aux côtés de Chino lors de « Passenger », c'est sans doute parce qu'après les Deftones il y avait Tool, dont il est le chanteur. Quand on est le 'frontman' d'un des groupes de rock les plus puissants de la planète, faut-il à tout prix se préserver avant chaque concert, se concentrer et faire une prière, éviter de boire un casier de bières et de se faire renverser par une voiture ? Y a-t-il un secret ? Aiment-ils les premiers Yes ? Toujours est-il que « 10,000 Days », le dernier album de Tool, sonne durablement à nos tympans comme un Panzer lancé à toute allure dans un champ de mines adverse. C'est de la grosse artillerie, du matos de pro : on parle ici de metal 'crimsonien', et ça pète dans tous les sens à coups de frappes chirurgicales. Maynard a le torse nu, une crête sur le crâne dissimulée par un Stetson, une colonne vertébrale tatouée sur sa colonne vertébrale, et des lunettes à la Starsky et Hutch. Les trois autres ressemblent étrangement à des métalleux middle-class qui cachent bien leur jeu… Et de fait : une basse, une guitare, une batterie et une voix suffisent pour évoquer l'Enfer, le Jugement Dernier, l'Apocalypse. En huit titres d'une fureur métronomique, Tool rappelle aux infidèles qu'on peut faire (et écouter) du metal sans avoir l'air ridicule, et qu'en plus ça rapporte (« 10,000 Days » cartonne ici et ailleurs). « Stinkfist » ouvre le bal (des damnés), et le ton est donné. Du coup le soleil fait moins le malin, et tout le monde lève le poing en cadence, sur « The Pot », « Forty Six & 2 », « Jambi », « Sober », « Lateralus », « Vicarious » et « Aenema ». Fin des affrontements, victoire de Tool par KO.

… Manu, Chao à toi ! Le jeu de mot est facile, mais il fallait le faire. Bien qu'aucune actualité discographique ne soit au programme de l'ex-Mano Negra, l'idée de l'inviter sur la Main Stage pour faire péter l'ambiance n'avait rien de saugrenu. Comme d'habitude, Manu Chao et son Radio Bemba Soundsystem ont donc mis le feu sur la plaine de Werchter, en toute grâce, sans se forcer. Avant l'entrée en scène de Manu, son groupe déjà s'échauffe, devant un public attentif qui le regarde jouer sans l'entendre. Etrange bal populaire, augurant un décollage sonore d'une grande intensité. 'Et c'est parti pour le show, et c'est parti tout le monde est chaud' : Manu déboule, monte le son et balance les hits sans temps morts. Ses musiciens assurent côté guitares et basse, même si la formule est désormais connue de tous. Ici, aucun mystère : c'est l'équilibre parfait entre ballades reggae-salsa-pop et footings ska-punk, qui s'emboîtent comme des pièces d'un puzzle. Ces ruptures de rythme finissent évidemment par agacer, d'où l'incident en fin de concert : 'et je coupe le son !', comme le chante Katerine, sauf qu'ici personne n'aura songé à le remettre, et Manu de faire un doigt d'honneur aux caméras et de se casser sans dire au revoir. Quand c'est l'heure, c'est l'heure, et tant pis pour le rappel, qui aurait dû se composer des titres suivants : « Mala Vida », « Makina », « Elegir », « Bobby Lent » et « Sidi H Bibi ». Forcément, il y a de quoi se fâcher tout rouge. 

… Bon vent à toi, le tueur de coyotes ! Des stars, ouaip. 'Le plus grand groupe de rock du monde', titrait le Mojo il y a plus d'un an, en parlant des Red Hot Chili Peppers. Ce soir en tout cas, ils n'auront assuré que le strict minimum syndical : « en roue libre » comme on dit, et à regarder de plus près les textes de Kiedis, on se dit que le bonhomme ne l'a pas inventée (la roue). Ce soir, plus que d'habitude, c'était lui le maillon faible : petite voix, présence effacée, et une chemise qu'il gardera quasi tout le concert (NDR : or, un concert des Red Hot sans un Kiedis torse nu n'est pas vraiment un concert des Red Hot). Peut-être n'avait-il même pas envie de monter sur scène, ce qui explique sans doute pourquoi Frusciante, Flea et Smith auront tricoté pendant 10 minutes en attendant que leur chanteur se pointe. « Can't Stop » en ouverture, puis « Dani California » et « Scar Tissue » démarrent les festivités, sous un ciel moite qui calme les ardeurs. Le soleil aurait-il eu raison, déjà, de la fougue des plus intrépides ? La mollesse est communicative, et l'on bâille à l'écoute de ces nouveaux morceaux (« Charlie », « Warlocks », « Snow », « Wet Sand », « Tell Me Baby ») aux relents funk rock à peine audibles. Une vieillerie (« Me And My Friends », 1987), deux-trois tubes (« Parallel Universe », « Californication » et un « By The Way » à rallonge), mais pas de « Give It Away » ni de « Under the Bridge »… Constat amer ou amusant : le meilleur moment du concert est à mettre sur le compte des Bee Gees et de leur hit « How Deep Is Your Love ? », interprété par un Frusciante en solo, terriblement touchant.

… Bon vent à toi, la mondialisation ! N'ergotons pas sur l'avenir de notre planète, et laissons donc les Black Eyed Peas nous donner leur version de la globalisation… Ou comment s'approprier le « Misirlou » de Dick Dale (« Pump It »), Bollywood (« Don't Phunk With My Heart »), l'électro-hop à la N.E.R.D. (« My Humps »), le reggae, la rumba, la pop, le rock, etc., pour en faire des tubes certifiés platine, sans se fouler le cul. Que ceux qui aimaient les Black Eyed Peas avant le polissage FM (l'album « Bridging the Gap ») passent ici leur chemin : on ne parle plus du même groupe. Ambiance aussi du côté du Marquee, avec Roger Sanchez, DJ housy au poil, mais pas original. Les gens dansent en cadence sur le plancher qui rebondit. Un peu de beat après tant de riffs, c'est quasi l'oasis. « Let's Get Retarded », comme le gueule Will.i.am, mais ne soyons pas dupes : c'est du divertissement, rien d'autre. Et c'est pour ça qu'on paie.