La corrosion de Leroy se Meurt…

Leroy se Meurt publiera son premier album, « Voué à rouiller », ce 24 novembre 2023. Ce premier long-format voit le groupe améliorer sa formule existante, tout en explosant ses propres carcans. Le style oscille toujours entre EBM, post punk et electro, mais…

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Doodseskader baigne dans son sang…

Doodseskader (Trad du néerlandais : escadron de la mort) est né de la rencontre entre les esprits de Tim De Gieter (Amenra, Much Luv Studio) et de Sigfried Burroughs (Kapitan Korsakov, Paard). Tout au long de ses trois années d'existence, Doodseskader a…

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Jarvis Cocker

Souvenir d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître?

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Le rassemblement de trentenaires devant l'AB ce 24 janvier au soir ne trompait pas ! Ils attendaient là une vedette leur appartenant comme une histoire entre potes, comme l'ami qui revient après un long voyage. Et l'ami, c'est lui : Jarvis Cocker ou Jèèrvis pour les intimes. Question intimité, le roi de la pop, ex chef de feu Pulp, est parvenu à abreuver sa troupe contemplative. Certains sont venus pour lui ou pour compenser leur frustration de n'avoir pu assister aux concerts accordés du temps de la splendeur Pulp. D'autres encore parce qu'ils connaissent l'artiste sous d'autres formes : l'écriture des textes de l'album de Charlotte Gainsbourg, son association avec Kid Loco ou sa participation à divers projets.

Ruacutane assume l'accueil de cette soirée qui se veut de qualité. Pas simple pour ce groupe belge un peu fade choisi par l'Anglais-parisien himself via une plateforme web. L'ambiance molle de leur set est agrémentée d'effets de voix dispensés via des cornets de téléphone. Ajoutez-y une touche d'électro et rien de tel pour rendre le tout un peu confus. On les sent mal à l'aise et ils donnent l'impression de s'ennuyer. Ils remercient cependant leur hôte d'un soir à l'issue de leur prestation. Pas marquant comme accueil !

21 h. Arrive ensuite la tête à lunette d'affiche, l'air détendu. Flânant sur scène, Mr. Cocker entame son album très professionnellement - malgré un réglage 'son' imprécis, les deux premiers morceaux, "Don't Let Him Waste Your Time" et "Heavy Weather, sont joués bien forts - et ponctue ses chansons d'un trait d'humour en franglais potable. S'enchaînent les ballades du reste de son nouvel opus qui rendent l'atmosphère beaucoup plus calme. Peut-être trop ? Pas avare de petits mots voire de petites 'jokes', Jarvis Cocker réunit musiciens et public pour le même spectacle : il en est l'acteur et s'en amuse lui-même. Le punchy « Black Magic » donne au concert un bon coup de boost, surprenant et enflammant l'assemblée. Ce débordement d'énergie annonce la fin imminente du concert. Il se produit après le symbolique et curieux rappel. Deux morceaux : la chanson cachée et bannie « Cunts Are Still Running The World » et une cover de Prince (ah bon !), interprétée à l'aide d'un copion pour les paroles. Ce qui démystifie un peu l'ambiance et met un terme à la soirée. Un rappel concédé sans grande passion, mais qui n'ôte en rien les sensations perçues au cours des 70 premières minutes. On rallume les lumières, on ramène les gobelets. Finalement, à la sortie de la salle, tout le monde à l'air content… d'avoir vécu un chouette moment. En effet ! Merci l'ami !! 

The Magic Numbers

Les 4 font la paire

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Après nous avoir servi un premier album éponyme d'une fraîcheur incomparable, Les Magic Numbers reviennent sur scène afin de nous présenter leur deuxième affaire familiale, « Those The Broke », un essai moins immédiat mais toujours aussi résolument pop. 

20h20. Arrivé un peu à la bourre, on n'aura pu apprécier que deux agréables petits morceaux de la formation qui se produisait en première partie et dont le nom nous aura échappé dix minutes plus tard. Pourtant, c'était facile à retenir, non ? Bref. Pas bien grave, on finira bien par s'en rappeler.

Les lumières se rallument, les roadies s'activent sur une scène derrière laquelle un gigantesque drapeau représentant la pochette de « Those The Brokes » est déroulé. L'Ancienne Belgique est bien remplie, mais pas sold out, nous semble-t-il. Encore une demi-heure à attendre. Et, n'ayant rien d'autre à faire que de contempler la salle et réfléchir, cette saloperie de première partie commence à tourner à l'obsession. C'était quoi leur nom, bordel ?!  Patience, ça va nous revenir. De toutes façons, le concert commence. L'intro du dernier single, « This Is A Song », se dégage des baffles et les deux paires de frangins débarquent devant un parterre véritablement extatique. A gauche, Angela et Sean Gannon. A droite, Romeo et Michele Stodart. Un air de Woodstock (où « Those The Broke » a été enregistré) et une belle harmonie règnent aussi bien sur scène que dans le public. Par ailleurs, celui-ci acclamera davantage le quatuor entre chaque titre. D'autant que les Anglais balancent tubes sur tubes. A savoir, « Forever Lost », « Love's A Game », « Take A Chance » et un  « I See You, You See Me » triomphal, les vocalises d'Angela sur ce morceaux ne laissant apparemment personne indifférent. The Magic Numbers piochera ensuite dans le meilleur des deux disques. S'enchaîneront « Long Legs », « You Never Had It », « Undecided », « The Mule », « Slow Down (The Way It Goes) » couplé à une jolie reprise du « Running Up That Hill » de Kate Bush ainsi qu'une nouvelle composition sans titre.

Proche de son audience, Romeo entonnera ensuite un « Wheels On Fire » dont le refrain sera étonnamment repris par l'ensemble du public. Une belle surprise pour la formation, car ce genre de phénomène est en général réservé aux gros singles. Romeo ne manquera pas, d'ailleurs, de remercier le public belge en le qualifiant de 'particulier'. Le show arrivant bientôt à son terme, on s'inquiète. Va-t-on se souvenir du nom de la première partie avant de quitter les lieux ? La formation clôturera son set sur des excellents « Love Me Like You » « Mornings Eleven » ou encore « You Might As Well Live In My Head », B-Side du single « This Is A Song ». Un concert somme toute sympathique, donc. Même si l'on aurait préféré que la formation se produise une nouvelle fois dans une salle plus intime comme celle de l'Orangerie du Botanique. Mais c'est la loi du plus grand nombre qui règne. Et c'est donc certainement à Rock Werchter que nous reverrons les Stodart et les Gannon lors de leur prochaine visite en Belgique.

Ah ! Enfin ! Ce satané nom ! Il était temps ! C'est donc l'esprit plus léger que l'on quitte l'Ancienne Belgique… Quel soulagement…

Organisation Live Nation

TTC

Minitel rosse

Booty, crunk, acid house et Daft Punk… Jean Nippon, disciple chtimi des rappeurs parigos, se la joue DJ de kermesse : il exhorte les djeunes b-boys à faire 'plus de bruiiiit', ça nous rappelle de vieilles 'fancy-fair' hennuyères, le cervelas fluorescent, les dessous de bras qui sentent le céleri et « This is the sound of C ». « C'est le retour de la new beat, tu savais pas ? ». Mais si couzin, et d'ailleurs « Fanfares » de Vitalic c'est presque aussi bien que le Carnaval de Binche. Et un concert de TTC ? 'C'était mieux avant', houspilleront les fans hardcore – et sans doute qu'ils n'ont pas vraiment tort. Finis les délires vocaux et l'instru jazz-lo fi à la Big Dada, place à l'italo disco, la pop Haribo et les jeux de gros mots. « Ceci n'est pas un disque de TTC » ? Depuis la deuxième moitié de leur tournée précédente (qui date seulement d'hier), Cuizinier, Teki Latex et Tido Berman n'interprètent plus de titres de leur premier album. Erick Morillo a remplacé Dose One, et « Bouge ton cul » « De Pauvres Riches » : TTC aujourd'hui veut se faire de la thune, passer à la radio et se faire passer pour un trio de macs. On n'y croit pas trop mais peu importe : le show continue, et tant mieux puisqu'on est en janvier, période plutôt morose.

« Ambition » en ouverture donne d'ailleurs le ton : embué, rampant, mélancolique – comme du Giorgio Moroder sous codéine. 'On n'est pas encore habitué au laptop, mais voilà c'est nouveau', se sent obligé de nous confier Teki Latex… Et de fait, cette nouvelle manière d'appréhender le live semble indiquer chez TTC une volonté de moins se fatiguer sur scène : 'la rançon du succès', diront les plus cyniques… Qui d'ailleurs sont absents : à la place des jeunes filles qui n'attendent que « Girlfriend » pour monter sur la scène, et deux ou trois 'vieux' fans de hip hop, pour la plupart de bonne famille. « Le chant des hommes », « J'ai pas sommeil » et « Catalogue » réchauffent un peu l'ambiance : ça gueule aux premiers rangs, malgré l'état comateux d'un Cuizi Cuiz 'larveux'. Il rouvrira les yeux quelques minutes plus tard, au moment d'entamer pour de vrai la promo de leur dernière galette. « Quand je claque des doigts », « Travailler », « Paris Paris » (ou, selon le lieu du concert : « Bruxelles Bruxelles », « Liège Liège », « Erps Kwerps Erps Kwerps », etc.) : du TTC qui a choisi de miser tous ses jetons sur l'efficacité FM, avec le risque de se faire battre en finale par Patrick Bruel (le con). David Toop parlerait de 'nostalgie pour le futur' (ce son) et Patriiiick de 'souvenirs devant' : en voilà donc une drôle de coïncidence, eh merde alors ! Il n'empêche que « Téléphone » et « Frotte ton cul par terre » sonnent comme de vrais tubes radiophoniques : même Michael Youn en a vomi sa putain de cagoule ! Ok, TTC n'est plus du tout une histoire de petits snobs qui se la pètent 'avant hop' (avant kwé ?), et on ne va pas vraiment s'en plaindre. Pensez Récré A2, mangez des pommes et rejetez donc une oreille à Milli Vanilli : ça n'a pas pris une ride ! « Dans le club » et « Girlfriend » clôturent le set avant le rappel de rigueur, un « Turbo » trance qui ressemble à de plates excuses ('Désolé les gars, mais on aime vraiment la pop FM eighties et les cols en fourrure !'). Sont-ils toujours les 'plus forts, un peu comme Musclor' ? Demandez donc à Bioman !

Yo La Tengo

They were not afraid of us and they have beaten our asses

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Tourcoing. Grand Mix. 21 h 00. Pas de première partie, les exigeants Yo La Tengo n'acceptent pour les devancer que des formations dont ils ont pu entendre et apprécier la musique. Attendus de pied ferme par une salle comble, les récents auteurs du fantastique « I'm Not Afraid Of You And I Will Beat Your Ass » ne vont pas décevoir. Les hostilités débutent par la longue pièce d'introduction du nouvel album, le mirifique « Pass The Hatchet, I Think I'm Goodkind » et déjà, l'assistance succombe. Deux morceaux (et un quart d'heure) tout en stridences salvatrices plus tard, la messe semble dite et un bonjour est lâché. Le trio enchaîne sur « The Summer », extirpé du classique « Fakebook » avant que Ira ne passe aux claviers et aligne « The Weakest Part », « Beanbag Chair » et « Mr. Tough », les ritournelles les plus pop de son dernier-né. Comme pour se remettre d'un peu trop de gentillesse, nos ôtes balancent le fumeux « Big Day Coming » (sur « Painful ») et c'est l'explosion. James jongle avec les instruments et passe allègrement du pianotage à une basse vrombissante. La notion de distorsion prend tout son sens. Tout simplement dantesque. Georgia donne de la voix sur « I Feel Like Going Home » et fait ressurgir quelques instants l'inévitable comparaison avec Moe Tucker. Les instants de bravoure se succèdent et ne se ressemblent pas jusqu'au final extatique, « The Story Of Yo La Tango », interminable déluge apocalyptique où le temps n'a plus cours. De retour sur scène pour un « Nuclear War » emprunté à Sun Ra et plus groovy que jamais, le groupe consent à jouer quelques requêtes et fera l'honneur de deux autres rappels. Les deux heures quart d'une prestation passée trop vite n'auront lassé personne. Une seule envie nous taraude, se repasser l'album vite fait. Chapeau.

Yel

Petit concert entre amis...

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Après la première partie assurée par Asyl venu défendre ses « petits cauchemars entre amis », Yel pourrait intituler son show 'petit concert entre amis'. En effet, ce n'est pas à l'Orangerie mais à la Rotonde qu'ont eu lieu les retrouvailles entre le groupe et son public. A 21 heures, une musique de fond pesante surgit de nulle part et les lumières virent au bleu. Les fans sont prêts : ils attendent ce moment depuis plus d'un an. Jean-Christophe et sa bande montent sur scène, le premier rang ne tient plus en place. 'Comment faire pour lui dire j'ai envie de te sentir', c'est parti pour une soirée aux allures de réunion de famille (les enfants s'agitent dans tous les sens pendant que les ados chantent et les adultes applaudissent). Yel enchaîne par « Nos raisons de passage » et son duo de basses avant de faire un petit retour dans le passé : « Et pourtant » (on s'aime encore, gueule le public) et leur fameuse « Nouvelle vague ». On revient en 2006 pour « Tous les garçons (ne pleurent pas) » que le public connaît déjà par cœur. Calme après la tempête, Jean-X s'avance sur la scène pour offrir une version dépouillée (seul Watch l'accompagne au piano) de « Faut-il » : le public retient son souffle. « Au prix de contre-jours » vient prolonger ce moment d'émotion avant de repartir dans des rythmes plus agités (« Je suis in », « Mon âme »). Les morceaux s'enchaînent en toute logique et le groupe franchit la ligne d'arrivée en interprétant « Sans idéaux ». Mais le public ne compte pas en rester là et le manifeste clairement. Le groupe revient alors pour un « J'oublie » au cours duquel Jean-X n'oublie pas de rappeler la difficulté d'exister en tant que groupe et que, pour vivre pour et par la scène, il faut en parler de bouche à oreille, de bouche… à oreille. Fin de promo et dernier rappel : Yel reprend « Tous les garçons » puis s'éclipse. Reste alors des fidèles ravis qui ne manqueront certainement pas de dire aux absents qu'ils ont raté quelque chose...

Quintron & Miss Pussycat

Everyone is a badass!

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Auteurs d'un des albums de rock les plus furibards de l'année 2006, Quintron & Miss Pussycat avaient été contraints d'annuler, il y a deux mois, leur seule et unique date belge… De passage à Strasbourg ce mardi 17 octobre, les deux dégénérés de la Nouvelle-Orléans ont offert l'occasion aux irréductibles d'effectuer un petit crochet par la capitale alsacienne afin d'apaiser leur frustration…

La Laiterie, 17 octobre 2006. Une file interminable s'allonge depuis l'entrée de la célèbre salle strasbourgeoise jusque dans la rue avoisinante. Battant le pavé en cette douce soirée d'été indien, de jeunes filles en fleurs batifolent sous le regard concupiscent d'un groupe d'adolescents boutonneux. Un peu plus loin, plusieurs couples proches de la quarantaine se tiennent par la main, tout excités à l'idée d'avoir laissé les enfants à la maison pour une soirée musicale dont ils risquent de se souvenir… Impressionnant, vraiment, tout ce monde… Et diablement étonnant… Quoi, les Quintron & Miss Pussycat, sortes de Jon Spencer et Nico de bas quartier allumés à la benzédrine seraient donc 'famous in Strasbourg' ? Trônant en face des vestiaires, c'est l'antipathique receveur qui donne la réponse à cette interrogation bien légitime… ´Quintron & Miss Pussycat? C'est de l'autre côté ! Ici c'est The Divine Comedy...' dit-il en désignant une ruelle sombre au bout de laquelle luit une enseigne aux couleurs blafardes… Aaaah, c'était donc ça, les jeunes filles en fleur, les couples souriants… Et en effet, 200 mètres plus loin, à l'intérieur du club 'La Laiterie', la situation est quelque peu différente. Accoudés à un bar derrière lequel un barman à l'allure de Hell's Angel se tient raide comme une crosse de fusil, deux junkies, l'air paumé, sirotent une bière tout en avisant DJ Pasta, l'homme censé 'chauffer' la salle avant le concert. Pour le reste, l'endroit est vide… Ambiance glauque… Les paris sont pris. 20 ? 30 personnes pour ce concert programmé au bout du monde?

Master of Puppets

22H00. Après une heure d'attente, le petit théâtre de marionnettes installé sur la scène mais caché par la pénombre s'illumine. Le rideau se lève devant la quarantaine de spectateurs présents et laisse la place à de petites figurines vicieuses s'exprimant dans un anglais gras comme une dinde de Thanksgiving. Commencent alors 15 minutes d'abysse durant lesquelles se succéderont diables en rouleau de papier toilette et chaussettes en forme d'arbres bavards à la fenêtre de ce guignol pour enfants nourris, dès le placenta, aux Lucky Strike arrosées de whisky bon marché… 15 minutes, le temps nécessaire sans doute à Mister Quintron pour se préparer ; puisque le petit spectacle terminé, c'est bien lui qui monte sur scène et s'installe derrière son orgue décoré d'un pare-choc emprunté à une vieille Américaine. Arrive ensuite Miss Pussycat, satisfaite semble-t-il de son petit spectacle de marionnettes… Le show va pouvoir commencer.

'No more beer please…'

Pendant une heure et demie, Quintron & Miss Pussycat vont enchaîner les morceaux rock and roll à souhait. S'échinant derrière ses machines, Quintron est l'homme à tout faire d'un combo dont la folie fait plaisir à voir. Jonglant d'un air halluciné avec son orgue, de vieilles boîtes à rythme, deux micros sursaturés et un mellotron aux sonorités spatiales, l'homme chante aussi et surtout diantrement bien. A ses côtés Miss Pussycat agite maracas et popotin tout en s'égosillant à produire des chœurs hystériques. Le duo, s'il est parfois approximatif, n'en a pas moins la classe et réussit à faire danser le maigre public qui n'en demandait pas tant… Visiblement heureux de cette réaction positive, Quintron n'hésitera d'ailleurs pas à descendre dans la fosse pour accompagner ses fans dans une gigue éthylique, épisode auquel participera aussi une Miss Pussycat éclusant bière sur bière au point de se faire rappeler à l'ordre par un service de sécurité lui intimant un 'No more beer or the concert is over' pas vraiment à propos… 'You're a badass… I'm a badass… He's a badass' répète Mister Q. tout en pointant du doigt chaque membre du public lors d'un final qui le verra allumer les phares de sa voiture-orgue démoniaque le temps d'un aller simple pour l'enfer. Un enfer pavé de bonnes intentions par cette formation complètement dingue…

 

Danielson

Les contraintes du supporting act...

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Pas de trace des sœurs Smith lors du set accordé par Danielson, programmé en première partie de Wovenhand. Le groupe est réduit à un quatuor : un bassiste, un drummer, un claviériste ainsi que Daniel Smith à la guitare et au chant. Les musiciens sont cependant vêtus d'un uniforme (le prénom de chaque musicien est frappé sur leur pull-over) et coiffés d'une casquette. Pas davantage de mise en scène théâtrale qui jusqu'à présent a fait la réputation du groupe. Et un éclairage peu performant (NDR : à mon avis, il était déjà réglé pour Wovenhand). Privilégiant les compos du dernier opus, « Ships » (NDR : soit dit en passant, un des meilleurs albums de l'année !), le combo va livrer une prestation correcte, mais sans éclat. Les compos hymniques, déchirées par la voix glapissante de Daniel, s'enchaînent, sans parfois même laisser le temps aux spectateurs d'applaudir. Daniel parvient quand même à prononcer quelques mots sur l'origine du groupe ('Nous nous appelons Danielson et venons du New Jersey'), de présenter ses musiciens (NDR : en quatrième vitesse), de glisser quelques mots entre certaines chansons, d'annoncer le concert de Wovenhand juste avant le dernier morceau et de remercier le public pour l'accueil réservé. Et trente minutes plus tard, montre en main, Danielson se retire. Bref, la formation n'a servi ce soir que de 'supporting act'. Et son service minimum nous a laissé sur notre faim. On aimerait ainsi pouvoir assister à un de ses sets, lorsqu'il est au grand complet et dans de meilleures conditions (jeux de lumières, décors, chorégraphie, etc.).

David Eugène Edwards est particulièrement apprécié aux Pays-Bas, en Allemagne et surtout en Flandre. L'AB devait compter, lors de cette soirée, près de trois-quarts de néerlandophones. Pas étonnant, lorsqu'on sait qu'il a réalisé la bande sonore du spectacle de danse 'Blush' de Wim Vandekeybus. Après avoir mis fin à l'existence de 16 Horsepower, David a donc réactivé le projet Wovenhand. Ou plus exactement l'a rendu plus permanent. Sur disque, la différence de musique est très palpable. L'ambiance est plus moyenâgeuse. L'orgue y est plus présent. Et sur le quatrième album, « Mosaic » (NDR : encore un des albums de l'année !), il y a même de l'harmonium. Malheureusement, le claviériste Daniel Mac Mahon brille par son absence. Par contre, l'ex-bassiste de 16 Horsepower, Pascal Humbert, est revenu dans le parcours : à la basse, bien sûr…. Le line up est complété par un guitariste et un drummer (Ordy Garrison ?). David (NDR : barbu, il ressemble à Vincent Van Gogh) est assis sur le devant de la scène. Il joue alternativement de la guitare, du banjo ou de la mandoline (NDR : plus d'accordéon). Le son est puissant, mais le ton toujours aussi ténébreux. A cause de la voix de David, bien sûr. Mais le mélange de musique gothique, d'Americana, d'alt country, de bluegrass et de folk appalache n'a jamais sonné aussi rock. Pas la peine de revenir sur les sujets abordés qui tournent toujours autour de la Bible. Ce qui pousse parfois Eugène à entrer comme dans une transe. Dans la salle, un spectateur lui réclame une chanson triste. Il répond qu'il n'en connaît pas… Le groupe interprètera deux titres du 16 Horsepower : tout d'abord une version retravaillée de « Phyllish rush » (rebaptisée « Phillysh An »), puis en rappel et en solo l'incontournable « Black soul choir ». Bref, si ce concert s'est avéré de bonne facture, il a surtout manqué de surprise. Mais franchement, était-il donc nécessaire de dissoudre 16th Horsepower pour conduire un nouveau projet à une formule aussi basique ? La question reste posée. Mais personnellement, j'ai l'impression qu'il s'est trompé de chemin (NDR : pour un évangéliste !)…

 

Gotan Project

White Night

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Trois ans après « La Revancha Del Tango », Gotan Project nous revient avec « Lunatico » et son délicieux mélange de tango et de musiques électroniques. Ces 13 et 14 octobre, la formation franco-internationale (!) venait présenter ce bijou à une Ancienne Belgique comble et extatique.

Aucune première partie au programme. Sur scène se prépare un magnifique spectacle visuel. Derrière le décor d'un blanc immaculé se dresse un gigantesque écran. Les images commencent à défiler tandis que Philippe Cohen Solal, Eduardo Makaroff et Christoph H. Müller débarquent sur les planches en balançant les premières notes de « Differente ». Accompagnée de leur chanteuse attitrée, Cristina Villonga, et de leurs musiciens ( 4 violonistes, un pianiste, un accordéoniste/guitariste), la formation fait tanguer son public sur les superbes « Criminal », « La Vuelga » ou encore « Amor Porteno » (qui bénéficie, sur disque, de la collaboration de Calexico). Durant « Mi Confession », deux petits écrans apparaissent devant l'écran géant afin d'y projeter, de manière plutôt originale, une vidéo de Koxmoz, le duo de rappeurs latinos qui soutient habituellement Gotan Project sur ce titre. En guise de premier rappel, le trio est tout simplement parvenu à faire vibrer l'AB de son énorme tube « Triptico » avant de revenir une seconde fois lors pour une séquence assez intrigante, puisqu'elle a mêlé - façon bootleg - « Differente », le single par lequel l'ensemble a ouvert les festivités de la soirée, au « Money Money Money » d'Abba. Pas vraiment nécessaire mais on ne va pas s'en plaindre après un show tout bonnement magistral.

Gotan Project

Un souci de l'esthétisme poussé à son paroxysme...

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Réunissant aujourd'hui la bagatelle de dix musiciens, Gotan Project est devenu un véritable orchestre. Un orchestre dont les membres se partagent une multitude d'instruments : du violon au bandonéon, en passant par le violoncelle, la guitare espagnole et le piano. Sans oublier le concours d'un dj et d'un bidouilleur, préposés aux 'beats'. Un ensemble tout de blanc vêtu. Les filles en robes très élégantes et les hommes en costumes bien taillés.

Gotan Project opère un mélange de tango argentin et de lounge plutôt excentrique. Une expression sonore qui est devenu leur marque de fabrique depuis deux albums.

'Le Colisée' est une salle de théâtre. Une belle salle. Mais surtout un décor idéal pour Gotan Project. Derrière la scène, des images (le plus souvent en slow motion) sont projetées sur un écran géant. Elles confèrent au spectacle une plus grande richesse. Un spectacle superbe, extrêmement soigné, baignant au sein d'une atmosphère chaleureuse. Un bémol : on a parfois l'impression que tout est réglé comme du papier à musique, organisation qui se fait, bien sûr, au détriment de la spontanéité. Une sensation accentuée par la position assez statique des musiciens. Il faudra ainsi attendre la nouvelle chanson « El Norte » pour les voir manifester un peu d'enthousiasme et puis surtout le rappel, moment choisi par la formation pour véritablement se lâcher. Et en particulier les deux bidouilleurs de service, derrière leurs pupitres électroniques, responsables de beats captivants tout au long de « Santa Maria » et surtout de « Triptico ».

En 'live', Gotan Project est un spectacle total. La qualité du son est irréprochable. Le chant est impeccable. Les musiciens performants et les images projetées envoûtantes et originales. Enfin, en bénéficiant d'un environnement aussi esthétique, le show a été, il faut le reconnaître, une parfaite réussite.

(Traduction : Hendrik Tant. Adaptation : Bernard Dagnies)

Organisation: France Leduc Productions

 

Juana Molina

C'est la fille du célèbre tanguero Horacio Molina, mais pas seulement?

C'est dimanche, lendemain de la veille, le genre de soirée qu'on préférerait passer chez soi…  A moins qu'une belle affiche de concerts ne nous en dissuade. Ca tombe bien : l'Argentine Juana Molina et l'Italo-anglais Piers Faccini se partagent, en cette fin de semaine pluvieuse, la petite scène de la rotonde. C'est Nicolas Sirkis qui nous accueille dans la salle, en hennissant tel un cerbère Pure FM. Il est là, en direct des enceintes, et son laïus post-ado nous tanne les oreilles. Pire : le cd est griffé, et on résiste vaillamment à la chute de tension en écoutant ces trente secondes en boucle d'Indochine, comme si c'était une mauvaise blague ou une visite médicale. Peut-être était-ce aussi une (basse) manœuvre du francophile Faccini (il habite l'Hexagone) pour nous donner vraiment envie de le voir arriver, et fissa.

Quand il déboule c'est donc le soulagement, d'autant que le beau brun débute son concert par une cover a capella du grandiose « Grinnin' In Your Face » de Son House, le 'bluesman préféré de Jack White'. Classe. Frissons. Piers Faccini est pote avec Ben Harper (sur album et en tournée), mais heureusement il ne nous affecte pas d'agaçantes bondieuseries. Rejoint ensuite par un batteur et une contrebassiste réservés, Faccini se balade de minuit (« Midnight Rolling ») à midi (« Come My Demons ») sur le cadran du blues, et tout ça en un peu plus d'une heure. Folk, tarentelle, country, rock : le chanteur jongle avec les styles, en plein bayou sonore qui nous rappelle Wenders. Assis sur les gradins et dans la fosse, le public fait preuve d'une attention dévote : un concert de musique qu'on écoute vraiment, ce n'est pas tous les soirs. Il faut dire que Piers Faccini chante de très belles chansons, dont les racines se trouvent en plein Mississippi, voire en Afrique. Et il les chante d'une voix profonde et sensuelle ; une voix qui hérisse le poil mais dans le bon sens du terme. On pense aux fantômes des Buckley (Jeff et Tim) et de Spain, au gospel qu'on aimerait entendre dans nos rêves (« Each Wave That Breaks », « Talk To Her »). C'est distingué en plus d'être abordable, sans pour autant verser dans le consensuel : il n'en fallait pas plus pour terminer le week-end en beauté. 

Et ce n'est pas fini ! Deux artistes tête d'affiche, ça veut dire deux fois plus de plaisir. Si l'on cherche toujours dans les bacs des disquaires le dernier album de Juana Molina (« Son ») sorti il y a six mois, on ne pouvait décemment pas rater sa venue en concert. Un look de Sorcière Bien-aimée, une gouaille typiquement latino, et des chansons en espagnol qui rappellent à la fois Barbara Morgenstern et Astrud Gilberto : Juana Molina pourrait être notre mère, et pourtant elle manie mieux les loops et l'auto-sampling que Lionel Solveigh. De « Segundo » et « Tres Cosas » la chanteuse n'interprétera que quelques titres, dont « No Es Tan Cierto » et « Insensible », son seul morceau dans la langue de Molière. 'Parfois le français sonne trop français', avouera-t-elle d'ailleurs avant de se jeter à l'eau. Le public est conquis, même si la salle s'est vidée de moitié après le concert de Piers Faccini… Au menu donc, surtout des titres de « Son », qui frappent par leur envergure : les couches de guitare et de synthés se superposent jusqu'à former de jolies mélopées au parfum psyché-folk, sur lesquelles Molina pose sa voix si tendre. On reste bouche bée, et l'oreille tendue : si la maternité semble cette fois l'avoir inspirée, on lui souhaite encore beaucoup de gosses. Ca nous fera d'autres excellentes chansons, et des concerts d'une belle intimité… A quand un album de berceuses pour fans d'ambient folk et de tropicalisme ?