Goudi et Lubna Azabal dansent le tango de l’ennui…

Lubna Azabal est une actrice belge née à Bruxelles d'un père originaire du Maroc et d'une mère espagnole. Après avoir été dirigée par les grands noms du cinéma international, elle a remporté ‘Le Golden Globe’ pour le film ‘Paradise Now’. Lubna adore les…

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Zaho de Sagazan 24/11/202...

Esperanzah 2007 : du 3 au 5 août

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Une fois de plus, les organisateurs d’Esperanzah ont eu de la chance. Avec le temps, d’abord, puisque le soleil a élu domicile dans le ciel de l’abbaye de Floreffe durant les trois jours, réveillant les sourires de toux ceux qui avaient cessé de placer le moindre espoir en ce mois de juillet grisâtre. S’il y a bien un festival qui doit sentir bon le soleil pour faire passer ses messages et entretenir sa sacro-sainte bonne humeur générale, c’est bien celui-là. Bingo, donc. Autre coup de bol : Manu Chao qui, à quelques jours de l’événement, fait part aux organisateurs de son envie de venir faire un petit tour dans le coin. Et hop, une super tête d’affiche inattendue qui titille quelques oreilles supplémentaires, même si les 8 000 places disponibles pour le lundi (une date ajoutée en dernière minute ‘pour l’occase’) s’écouleront en très peu de d’heures.

La machine est huilée. Il ne reste plus qu’à la faire carburer à plein tube. Et là, pas question de chance, ni de don des cieux. Il faut assurer. Dès le vendredi, les campings se remplissent avec frénésie et chaque festivalier dresse sa Quechua en un minimum de temps (c’est d’ailleurs conçu pour ça… le plus dur, c’est de la replier) afin de gagner le site de l’abbaye au plus vite. Après quelques concerts de mise en bouche d’une qualité irréprochable, le sommet est déjà atteint par Sidestepper et sa drum’n bass latino, qui mélange la salsa, les rythmes afro-colombiens et l’électronique sans le moindre temps mou. Juste après ce set, en guise de clôture d’une première journée prometteuse, le Shantel & Bukovina Club Orkestar réalise le pari de faire encore mieux, en obligeant nos jambes à s’exciter sur ses beats balkans et sa disco russe. Un concert enflammé, sautillant, fiévreux… Bref, fatiguant. Il est où, déjà, ce camping ?

Samedi, on a chaud et on est… fatigué. Certes, on aurait pu dormir la nuit. Mais où ? Dans le camping ? C’est cela, oui… Bonne nouvelle pour les organisateurs et les associations présentes sur place : la journée est sold out. On s’en doutait : ça grouille de monde. D’ailleurs, entre parenthèse, il faudrait parfois qu’on fasse des ‘sold out’ avec un peu moins de monde. Mais ce n’est qu’un avis. La musique ? Ah oui, la musique… Une fois n’est pas coutume, on se prélasse tranquillement côté gazon quand les musiciens d’Afro Yambi Jazz émettent leurs premiers accords. Et là, tout de suite, on comprend pourquoi on a choisi de venir à Esperanzah. Pour l’ambiance (j’ai déjà dit ça, non ?), mais aussi pour l’armada de bons musiciens qui s’y délectent. C’est doux, sophistiqué, enjoué… C’est excellent. Les gars d’Atomic Leaf, pareils à eux-mêmes, ne font que confirmer notre sentiment : ces libertaires aux revendications ska-punk-guinguette ont du tempérament à revendre. Et du coup, nous aussi. Bien sûr, plus tard, vers 22h, c’est Salif Keita que tout le monde attend. Et il ne décevra personne. Tantôt bouleversant, tantôt éclairant, cet infatigable prêcheur de la fraternité et de l’amour livre une prestation exemplaire, devant un public qui n’oublie pas que la musique peut à la fois être faite de… fête et de réflexion. Lors du dernier morceau, le Prince de l’Empire Mandingue invite les corps enivrés à le rejoindre sur scène, histoire de clôturer ce rassemblent humain dans la joie la plus sincère. Waow ! Ce coup-ci, on n’a pas envie de rentrer au camping. Et si on s’embrassait tous ?

Après une nuit aussi courte que très courte (est-ce que ça ferme parfois les yeux, un joueur de djembé ?), la dernière journée se profile déjà sur un horizon toujours aussi bleuté. Inutile d’y aller par quatre chemins : direction la ‘cour’ pour applaudir ces inimitables chauffeurs de salle que sont les gars de Peas Project. Fou, décalé, déglingué, arrogant et frais : le show est évidemment efficace et, comme d’habitude, on en ressort les orteils écrabouillés. Et comme il fait de plus en plus chaud, il ne reste plus qu’à aller se ravitailler. Une bière ? Non, allez, soyons fous, c’est le dernier jour : va pour un enchaînement et… une sieste. Au réveil, c’est l’angoisse. La musique de fond était agréable, mais impossible de se souvenir qui la délivrait. Et je vais raconter quoi, moi, dans mon compte-rendu ? ‘Ben que la musique était géniale’, me suggère-t-on. Pas mal. En plus, c’est sûrement vrai, puisque jusque là, tout était parfait. La Troba Kung-Fu et leur mélange inédit de dub, de reggae, de tango, de salsa et de… plein de bonnes choses libèrent tous les sens des festivaliers. Désormais, c’est clair, il ne peut plus rien nous arriver de mal. Vers 22h, Groundation nous emporte carrément dans un autre monde, là où il semble faire encore plus chaud et où personne ne peut déranger la quiétude du lieu. Du reggae. Du putain de bon reggae, même. Des rythmes authentiques, apaisants et enivrants se jettent dans notre cerveau comme des merveilles à la mer. Une apothéose grandiose. Un final exaltant qui, curieusement, ne nous fait même pas regretter de devoir repartir sans avoir vu Manu Chao. De toute façon, Manu Chao, ce sera sûrement nul. Et il pleuvra, c’est évident. Bon, les gars, on rentre ? Une dernière bière équitable ? Allez, d’accord… Mais après, on va dormir, hein… Jusqu’à l’année prochaine, d’ailleurs.           


Nuits du Soir : mercredi 26 septembre 2007

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La sixième édition des Nuits du Soir se déroulait, à nouveau, au Cirque Royal de Bruxelles. Organisé conjointement par le quotidien Le Soir et le Botanique, cet événement est destiné à mettre en avant le talent d’artistes ou de groupes belges. Et il était à nouveau sold out !

Lourde tâche d’ouvrir ces ‘Nuits du’ Soir devant une salle encore à moitié vide. Début de programme, donc, face à un public clairsemé ; mais il en faut plus pour impressionner les dIPLOMAT. Distribution de flyers de présentation, ouverture remarquée par une bande de petites hôtesses habillées tout en blanc. Les dIPLOMAT proposent un rock brut et énergique pimenté d’une voix aux accents pop ; et même si le set est ‘un peu court’ -aux dires de Fabrice, leur chanteur- il ravit le public du Cirque Royal. La salle finit quand même par se remplir, et les retardataires accrochent immédiatement. Groupe à suivre pour la qualité de ses prestations scéniques, et sur album, puisque la rumeur colporte qu’ils ont désormais signé un contrat chez un label.

Après l’excellent accueil réservé à leur premier album, les Tellers continuent à tourner. Sur scène, les deux guitaristes sont rejoints par un drummer et un bassiste pour donner plus de rythme à leurs compos, et par Fabrice, le ‘grand frère’ ; sans oublier la chorale de potes conviée lors du morceau qui clôt le concert. Attitudes de jeunes stars Rock ‘n’ Roll ce soir pour Charles et Ben, qui nous avaient habitués à plus de désinvolture. Le public est constitué, en majorité, d’adolescents. Profitant du congé du lendemain, celui-ci étonnamment calme par rapport à la réaction suscitée par certaines prestations précédentes du combo. Le nouvel album « Hands Full Of Ink » complète cependant très bien les titres de l’EP qui a fait connaître les Tellers : les chansons « More » et « Second Category » sont déjà des classiques de la formation.

Depuis la sortie de ”Music and chocolates”, un large public commence à s’intéresser à Joshua. Présentant leur spectacle comme une invitation à danser (mais ils devraient davantage montrer l’exemple…), leur prestation programmée à la suite des Tellers ne peut que faire bouger le Cirque Royal, maintenant plein comme un œuf. Un show enlevé, comme toujours, ponctué d’une reprise du « Riders on The Storm » des Doors, et qui s’achève, comme il se doit, par le hit « Kill Your Own Army » scandé devant une foule de bras levés. Les sons funky et hip-hop de Joshua ne renient jamais le caractère rock qui est à la base de leur musique.

Arid se trouve, aujourd'hui, à la veille d'une nouvelle aventure : après une séparation et la reformation suite au concert 0110 de Gand, le premier single « Words » vient d'être édité, et il précède la sortie prochaine d’un nouvel elpee. Ensemble à la croisée des chemins, Arid propose un tracklisting composé de nombreux tubes. Leur énergie et les envolées vocales de Jasper Steverlinck sont maîtrisées de bout en bout, et le public ne s’y trompe pas : il est conquis par le groupe ‘belge’ de la soirée. Et il se surprend même à danser au son de leur pop-rock, qui par moments évoque Keane. Surtout en ‘live’ ; ce qui, pour ceux qui ont pu les voir, signifie un compliment…)

Hollywood P$$$ Stars constituait manifestement le clou de cette Nuit du Soir. Comme ils le définissent eux-mêmes, leur style passe du ‘pop-indie’ au ‘rock guitare’. Il capture immédiatement l’audience. Forts de leur dernier album « Sattelittes », les Liégeois ouvrent dans une relative douceur avant d’asséner leurs hits les plus énergiques. Puis ils laissent retomber la pression, le temps que le public reprenne son souffle ; mais ce calme augure la tempête, car ils terminent en force. Excellents sur disque, les Hollywood P$$$ Stars n’en demeurent pas moins des bêtes de scène. A voir absolument en ‘live’.

Org: Botanique et Le Soir, Bruxelles

Festival Les Inrocks 2007 : vendredi 9 novembre

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La vingtième édition du festival des Inrocks passait donc par Lille ces 9 et 10 novembre. Comme d’hab’ me direz-vous. Ben non, puisque l’an dernier elle s’étalait sur quatre jours et impliquait également la Maison des folies de Wazemmes. Gros embouteillage sur Lille en soirée ; ce qui explique sans doute pourquoi, lors de l’ouverture des hostilités, à 19h30, le public était plus que clairsemé. Et que votre serviteur est arrivé un bon quart d’heure en retard. Mais si la salle se remplira au fil du temps, il faut reconnaître qu’il n’y a jamais eu la grande foule pour applaudir les quatre groupes programmés ce soir (New Young Pony Club, Yelle, Jack Peñate et The Go Team !), à l’Aéronef.

Le set de New Young Pony Club est déjà commencé depuis 15 bonnes minutes, lorsque je rejoins un parterre de spectateurs plus que clairsemé. La formation londonienne semble ne guère se soucier de cette situation et manifeste un enthousiasme qui fait plaisir à voir et à entendre. Un quintet réunissant trois filles et deux garçons. Une chanteuse de petite taille habillée de rose bonbon (Tahita Bulmer), une claviériste dont les sonorités ‘vintage’ semblent avoir été empruntées aux B52’s et une drummeuse qui a la pêche. La basse (tenue par Igor Volk, elle dessine des lignes ténébreuses, probablement inspirées de Peter Hook) et la guitare -souvent funkysante- sont dévolues aux mecs. Musicalement, leur expression sonore oscille entre le punk funk et la ‘new rave’. Des références ? Les B52’s (je l’ai signalé ci-dessus,) Talking Heads, Blondie et Salt’n Pepa. Hormis un petit problème de basse, plus du tout en harmonie avec la mélodie en fin de parcours, le NYPC peut être crédité d’une prestation ensoleillée, pétillante et très excitante. A revoir, c’est une certitude…

De son véritable nom Julie Budet, Yelle est française. Elle est née à Saint-Brieuc en Côtes-d'Armor, et a été découverte par le biais de MySpace. Pour ce set, elle est accompagnée d’un drummer et d’un programmateur/bidouilleur/claviériste. Ils sont vêtus de vêtements identiques. Et notamment de chemises sur lesquelles sont reproduits des dessins d’os. Yelle joue la carte de la féminité décomplexée. C’est ce qu’elle déclare. Mais franchement, manifester cet engagement sur ce type d’électro basique est totalement ridicule. Je me suis même demandé si on n’avait pas transféré le Club Dorothée à la ‘Bush’ d’Esquelmes (NDR : si vous ne connaissez pas, c’est que nous ne sortez jamais en boîte). Oser comparer ce groupe de bal à Lio ou à Air serait même faire injure à ces derniers. En plus, je n’ai jamais trop aimé les chansons d’Alain Chamfort. Alors pensez, une reprise d’« A cause des garçons » dans la set list… D’autant plus que, comble de l’infantilisation, le trio nous a offert en finale, une démonstration de langage des signes. Mais on n’a rien compris…

Franchement, en le voyant accoutré ainsi, on pourrait imaginer que Jack Peñate est un Yankee issu de l’Amérique profonde. Imaginez un type plutôt trapu portant une casquette de base-ball et une chemise à carreaux. Un article de presse insulaire le comparait même à un pasteur branché. Pourtant, c’est un Londonien de descendance britannique et espagnole. Deux musiciens l’accompagnent sur les planches : le drummer Alex Robins, placé à la gauche de la scène et le bassiste Joel Porter. Et dès le premier morceau, « Spit at stars », auquel il joint l’expectoration à la parole, Peñate entame une danse aussi excentrique que spasmodique. Un titre imprimé sur une sorte de tempo skiffle. Il ne l’interrompra que lors de l’interprétation d’un titre un peu plus lent, intitulé « Run for your life ». Jack sourit constamment, comme si un rictus était figé sur son faciès. Il s’adresse au public entre les chansons et semble heureux d’être là, alignant les « Second, minute or hour », « Torn on the platform » ou encore la cover de « Dub be good to me » du Beats International, pour le plus grand plaisir de l’audience enchantée d’une telle prestation. Swing, rockabilly, groove et funk blanc semblent faire bon ménage au sein du trio qui me rappelle quand même parfois Orange Juice (NDR : oui, oui, celui d’Edwyn Collins), surtout dans l’approche la plus postcard de ses compos.

The Go ! Team s’était déjà produit dans le cadre du festival des Inrocks. En 2005. A cette époque, Nicolas avait beaucoup apprécié. Moi pas. C’est donc avec beaucoup de méfiance, que j’ai assisté à leur retour sur les planches de l’Aéronef. Le groupe se présente toujours sous la forme d’un sextet. Mais avec deux batteurs. Enfin un drummer et une drummeuse. Tout un petit monde, dont trois anglo-japonaises, qui se partage une foule d’instruments : les guitares, le banjo, la basse, les claviers, le mélodica, la flûte, l’harmonica, les samplers et bien sûr les drums. Même la chanteuse attitrée, Ninja, siège parfois derrière les fûts. C’est d’ailleurs à cet endroit que je la préfère, car elle a beau gigoter dans tous les sens et mettre l’ambiance, sa voix de rappeuse old school fait un peu tache d’huile dans l’ensemble. Par contre, le timbre vocal de Kaori Tsuchida est absolument superbe et d’une précision chirurgicale. Et puis, lorsque les interventions aux six cordes de Ian Parton (c’est le leader, et il est partagé entre cet instrument et la batterie) décollent, on frôle l’univers de My Bloody Valentine. Cette formation issue de Brighton est bourrée d’idées ; en outre elle, a fait d’énormes progrès. Mais son cocktail d'électro, de jazz, de psychédélisme, de rock et de je ne sais tout quoi est encore trop bordélique pour faire la différence. Un peu plus de discipline et surtout une meilleure attribution des rôles devrait leur permettre de faire la différence. Tout en continuant de faire la fête. C’est très important pour The Go ! Team…

Organisation FLP et Aéronef

 

Festival Les Inrocks 2007 : samedi 10 novembre

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Il y a déjà bien du peuple pour assister au premier set programmé lors de la deuxième soirée des Inrocks à Lille. Un public qui va gonfler au fil du temps, pour finir par remplir (NDR : ça rime !) complètement la salle, lors de la prestation des très attendus Editors. Mais auparavant, place à Elvis Perkins, Los Campesinos et The Noisettes.

Elvis Perkins n’est pas un rigolo. C’est le moins qu’on puisse dire. Faut dire qu’atteint du SIDA, son père (Anthony Perkins, célèbre acteur américain) est décédé d’une pneumonie, alors que sa mère est disparue tragiquement lors des attentats du 11 septembre 2001, à New-York. Photographe, Berry Berenson était à bord du deuxième avion qui s’est précipité sur les Twin Towers. On peut donc le comprendre. Physiquement, il ressemble à un Mark Oliver Everett (NDR : alias E, c’est le chanteur d’Eels), mais barbu et en plus négligé. Il monte seul sur le podium et interprète sa première compo, en s’accompagnant à la guitare acoustique et à l’harmonica, qu’il a posé sur un rack. Une connaissance, derrière moi, lance un ‘Encore un clone de Bob Dylan’. Puis un trio de musiciens le rejoint sur les planches : The Dearland. C'est-à-dire Brigham Brough à la contrebasse, Wyndham Boylan-Garnett à la guitare et aux claviers ainsi que Nicholas Kinsey, un sosie de Régis Laspalès (mais portant des lunettes épaisses), aux drums. Toute une équipe qui va prendre un malin plaisir à changer d’instruments tout au long du set et même à en ajouter : l’harmonium, l’orgue, le piano, les cloches, la trompette et les percus. Ils sont même tous capables d’assurer des backing vocaux. Mais le boute-en-train du spectacle est assurément le batteur. Il vient régulièrement jouer du tambour en bandoulière, arpentant toute la largeur de la scène, tout en agitant des percussions qu’il a enfilées autour du cou, comme un collier, lorsqu’il ne cumule pas fûts et harmonica en même temps. Et sans jamais esquisser le moindre sourire, à la manière d’un Buster Keaton. Un véritable pince-sans-rire doué pour mettre une ambiance de feu. En fin de set, on n’était d’ailleurs pas loin d’entamer une farandole, à la manière des Pogues. C’est dire ! Et la musique alors ? Chouette, très chouette même. Pourtant, malgré son talent, Elvis a tendance, à refroidir l’ambiance, en intercalant des chansons introspectives et mélancoliques. Une chose est sûre, si sur disque (l’album « Ash Wednesday »), la musique de Perkins évoque Nick Drake, Dylan ou encore Vic Chesnutt, en ‘live’ le cocktail de styles est totalement explosif. Le répertoire glisse ainsi indifféremment du folk au jazz, en passant par le rock, la country, le dixieland et même le flamenco. Et on a même eu droit à un rappel. La meilleure surprise du festival !

Los Campesinos n’est pas une formation issue de la péninsule ibérique, mais du Pays de Galles. De Cardiff, très exactement. Sept jeunes qui semblent sortir tout droit de l’université. Mais qui ont probablement troqué leurs bouquins contre des instruments. Le premier album sortira début 2008 et un EP 6 titres, produit par Dave Nefeld de Broken Social Scene (« Don’t tell me to do the math(s) », est paru en avril dernier. Le line up implique un chanteur (Gareth) et une chanteuse (Aleksandra). Le premier (il porte un t-shirt à la gloire de Sleater-Kinney) possède une voix proche de Jarvis Cocker. La seconde (NDR : sa chevelure est d’un roux flamboyant !), un timbre d’une limpidité bouleversante. Les deux se partagent également claviers et xylophone. A droite de la scène, Harriet se charge du violon, parfois des claviers. Deux guitaristes, un drummer (torse nu !) et une très jolie bassiste vêtue d’une robe rouge à pois blanc (elle pourrait poser pour les magazines de mode !) complètent le line up. Leur set est allègre, contagieux, amusant, très rafraîchissant, mais un peu brouillon ; à la croisée des chemins de Magic Numbers, Pavement, Yeah Yeah Noh et New Model Army (la touche gaëlique !). Bref, si la prestation est plus qu’encourageante, le groupe doit encore bosser pour passer en première division…  

Avant que The Noisettes ne monte sur scène, un roadie prépare le terrain. Montage du matos, soundcheck et câblage : il fait tout absolument seul. Un véritable homme-orchestre. Et durant le show, il est attentif au moindre détail. Un homme très précieux, assurément. The Noisettes ? Un trio constitué d’un drummer (NDR : ce n’et pas Hagrid, dans Harry Potter, mais Jamie Morrison), un guitariste (Dan Smith) et une chanteuse (Shingai Shoniva). De peau noire et de petite taille, vêtue d’une robe échancrée (NDR : en cuir et de couleur jais) et de collants jaune, la tête surmontée par un chapeau de plumes (brésilien ? maya ?), elle joue aussi de la basse (souvent) et de la guitare (parfois), mais surtout se révèle une showwoman d’exception. Mélange de sensualité et de sauvagerie, elle bondit d’un côté à l’autre de la scène. Et chante, hurle, gémit, d’un timbre qui peut rappeler tantôt Billie Holiday, tantôt Siouxsie Six. Le guitariste est techniquement très doué. Il a manifestement bien assimilé la technique des Hendrix, Page et consorts. De temps à autre, il participe aux backing vocaux. Enfin, le drummer pilonne ses fûts avec une dextérité et une violence inouïes. Il doit casser une vingtaine de baguettes par set. Le show est très physique et impressionnant et la musique rappelle quelque part les White Stripes, mais en plus frénétique. Pas la voix, bien sûr. The Noisettes récolte un franc succès, mais on n’entre jamais dans un véritable climat, parce que trop absorbé par les prestations individuelles de chaque musicien.

La tête d’affiche était bien sûr les Editors, et la salle était pleine à craquer lorsque le quatuor de Birmingham monte sur les planches. Tom Smith, le leader, possède un baryton (peut-être proche du leader de Tea Party, Jeff Martin) à vous flanquer des frissons partout. Il présente très souvent ses chansons dans la langue de Molière. Parfois, il s’assied derrière son piano (NDR : pour les chansons les plus romantiques), tournant même autour de cet instrument, tout en entraînant son micro avec lui, sur « When anger shows ». Le guitariste, Chris Urbanovicz, déchire l’univers sonore de ses notes tintinnabulantes à la manière de Mark Burgess (The Chameleons) ou de Simon Huw Jones (And Also The Trees), pendant que la section rythmique impose ce tempo ténébreux et manifestement cold wave. Et les dénégations du groupe à ce sujet, ne changeront pas mon point de vue. Le light show composé de lasers jaune et bleu colle parfaitement leur musique dont les mélodies mélancoliques et contagieuses entraînent très souvent les spectateurs à fredonner ou à chanter en même temps que Smith. Lors du rappel, Tom, monte sur son piano tout en brandissant sa râpe comme une arme. Puis, la formation quitte la salle complètement conquise. Et votre serviteur également, même si ce que les Editors proposent n’est pas vraiment neuf, leur manière de le dispenser est tout à fait convaincante. Ils reviennent le 25 novembre au Rockhall de Luxembourg, le 9 mars au Hof ter Lo d’Anvers, et le 10 du même mois au Vooruit de Gand.   Setlist : Lights – Bones – Bullets – An end has a start – The weight of the world – Blood – Escape the nest – All sparks – When anger shows – The Racing rats – Munich
Rappel : You are fading – Smokers outside the hospital door – Fingers in factories

Organisation FLP et Aéronef

 

Concours Circuit (rock dur). Finale

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Les fanatiques d’orgies métalliques et les curieux s’étaient donné rendez-vous au Botanique. A l’abri du froid nordique qui gèle la capitale, ce public était venu pour apprécier les joutes infernales qu’allaient se livrer six formations de la Communauté Française. Objectif : décrocher les prix offerts par le concours devenu référence pour les musiciens du sud du pays. Pas de « Lay Lady Lay » ici, c’est du son pour les brutes qui va se déverser toute la soirée entre la Rotonde et l’Orangerie.

Ever Grey Sky ouvre les hostilités. La plupart des membres du groupe porte un short. Il faut dire que la salle est bien chauffée. Ces jeunes gebs pratiquent une musique qui rappelle beaucoup le punk hardcore américain des années 80. Leurs morceaux sont tous construits sur l’alternance de passages archi-gueulards et de moments plus calmes et mélodiques. Le son en salle est beaucoup trop fort et même si la musique est bien exécutée, elle n’est guère originale. Vu que mon ostéopathe m’a dit conseillé d’être davantage à l’écoute de mon corps, je décide de suivre ses conseils et je quitte de la Rotonde.

Kill My Doll embraie à l’Orangerie. Ils ont accroché une banderole, illustrée par des rictus grimaçants, derrière la scène, et attaquent un set impeccable, dans le même style qu’Ever Grey Sky. Mais la qualité est bien meilleure. A cause d’une plus grande maîtrise instrumentale. Puis de leur vocaliste. Lors des intermèdes chantés. Dont les inflexions funkysantes à la Suicidal Tendencies se marient à la perfection avec le timbre proche de Franz Treichler (Young Gods). Mais pourquoi donc, ne se contente-t-il pas de chanter ?

Ambiance seventies chez The Chargers (of GSM ?), qui attaquent un set de hard à l’ancienne en lorgnant manifestement vers AC/DC, Motorhead et ZZ Top. Deux énormes pots d’échappement phalliques placés devant la batterie déversent une épaisse fumée blanche, tandis que les membres du groupe appuient leurs pieds sur des tabourets noirs comme l’enfer. Le chanteur qui ressemble à un redneck enragé de l’Alabama balance des riffs assassins à la guitare. L’originalité cède le pas à la compétence instrumentale mais on décernera aux Chargers notre coup de cœur, pour le concert le plus mélodieux de la soirée.

Plus hystérique, le chanteur d’Amadeus intrigue par son agitation frénétique. Il clame qu’‘il est ici chez lui !’. On en déduit donc que son groupe est bruxellois (NDLR : ben non il est liégeois !) Au vu des impeccables crinières des membres de la formation, on croirait qu’ils sont sponsorisés par une marque de shampooing. ‘Je vois que vous êtes chauds, comme ça le prochain groupe pourra s’amuser !’ On est décidément dans une logique de confrontation qui semble lasser le public. Le problème est que malgré un certain charisme, le chanteur manque de voix et oublie quelquefois de mettre sa bouche devant le micro. Il prend donc des poses de prophète pendant le titre « Smells Like Armageddon » ; mais on n’entend pas un mot de ce qu’il raconte. Après une dédicace à la formation hip hop Mr Spartako, il est temps d’aller voir ailleurs ce qui se passe.

Si les frères Taloche se mettaient au ‘brutal death metal’, le set ressemblerait sûrement à du Black Bleeding. Ces trois hurluberlus issus de la province du Luxembourg balancent des blagues hilarantes, jouent des morceaux de bal musette et tirent des bières de leur ampli basse transformé en frigo. Ils font rire le public pour mieux le précipiter dans le plus grand effroi. Car leur musique est tout simplement effrayante. Une pure émanation maléfique qui plonge le public dans un puits sans fonds de désespoir. Un mot quand même sur leur look bourré de contrastes. La tête complètement rasée, le chanteur/guitariste est vêtu d’un costard taillé pour les employés de banque. La forme de sa guitare est plutôt curieuse et le manche se termine en forme de fourche diabolique (brrrrr…) Pire encore, coiffé d’une casquette légèrement de travers, le bassiste est tellement maigre qu’il pourrait postuler un rôle dans un film consacré à des zombies. Du type « Le retour des morts vivants ». Mais mention spéciale au batteur qui se produit en caleçon et manifeste une dextérité technique impressionnante. Bref, ce groupe hors norme gagne à être connu.

Cette soirée avare en surprises s'achève par la prestation très pro de Suicide of Demons. Une formation speed metal qui rappelle le Metallica des débuts. Le guitariste possède une technique incroyable. Il parvient même à inverser les mains sur son manche. Manquait plus qu’il la mette à l’envers… Comme le hip hop, le heavy métal est un genre musical qui place les compétences au dessus des idées et de l’originalité. Suicide of Demons en est un parfait exemple, le groupe possède les ‘skills’ et l’énergie, mais pour l’originalité on repassera.

Et on termine donc cette soiréen riche en ‘negative vibes’, en attendant le vote du jury… A toi Bernard. (E.P.)

Un jury qui s’est réuni dans une ambiance très conviviale ; sans le moindre heurt. Et qui malgré certaines divergences de vues, a trouvé les consensus et les solutions sans la moindre difficulté. Rien à voir avec les tensions vécues l’an dernier, ni celles qui taraudent la formation d’un gouvernement en Belgique.

Au bout du long parcours du Concours Circuit, Suicide Of Demons a remporté la finale ce 15 décembre au Botanique. Black Bleeding termine deuxième. Au-delà des nombreux prix attribués au vainqueur, d'autres récompenses ont également été décernés aux finalistes.

En bref :

Premier prix : Suicide Of Demons

Deuxième prix : Black Bleeding

Prix Sabam : The Chargers

Prix des auditeurs de Pure FM (the rock show) : Amadeus

Tous les finalistes seront présents sur une compilation offerte par 3.14 (B.D.)

 
Pour plus d'infos :  http://www.concourscircuit.be

 

 

 

 

Paul Wood

All the best

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Paul Wood est retourné vivre chez lui, à Oakland. Dans la baie de San Francisco. Il s’était fixé une petite dizaine d’années à Memphis ; une période au cours de laquelle il avait enregistré trois albums : « Bridgeburner » en 1997, « Blues is my business » en 99, et enfin « Pirate radio » en 2003. Et son tout premier elpee, « Throwin’ down », remonte à 1994. En 2006, il a décidé de compiler ces trois disques sur un recueil modestement baptisé « Al the best »…

Cette collection s’ouvre par le royal « Everything dies but the blues », un fragment issu de « Blues is my business ». Introduit par un bottleneck acoustique, ce titre vire rapidement au blues rock royal. Enregistrées en re-recording, les guitares exécutent des envolées de très haut niveau. Manifestement, ce musicien possède des planches. Faut dire qu’il compte, il est vrai, plus de trente années d’expérience. Tant en studio que sur les routes. Les paroles sont signées par son père Paul Tulley, un poète de la beat generation. Memphis blues, le délicieux « Cryin’ won’t help ya » fait la part belle aux cuivres et à l’orgue. Blues lent typique, « Don’t call me » libère un maximum de feeling. Les cordes s’envolent à nouveau face aux claviers et aux cuivres. Blues rock très mélodique, « Another day » est fort bien construit. La guitare est sauvage, torturée, mais le dérapage contrôlé, parfaitement maîtrisé même. Issu du même elpee, « The mojo man » épouse une forme acoustique. Une plage autobiographique, au cours de laquelle il se rappelle avoir joué de la slide pour le Muddy Waters Band, en compagnie de Pinetop Perkins au piano, et devant son patron, John Lee Hooker, le jour des 54 ans du grand Muddy. Le timbre vocal est puissant et parfait. La guitare et l’harmonica bien présents. Remarquable ! De « Bridgeburner », le premier album de la trilogie, ne figurent que deux extraits. Tout d’abord le titre maître. Une plage très rock. Ensuite un autre morceau autobiographique : « Oakland to Memphis » ; une chanson relatant son parcours opéré entre les deux cités qui ont marqué son existence. Il chante en pétrissant, en martyrisant même son bottleneck. C’est du vécu ! Cinq plages de « Pirate radio » ont été retenues, dont le superbe « Blue world ». Aujourd’hui, Paul se produit régulièrement chez lui, soutenu par sa section rythmique : le bassiste Steve Soots, le drummer Mark Showalter et le claviériste Fred Nicholson. Si vous souhaitez mieux connaître Mr Paul Wood, je vous conseille vivement cet « All the best », une œuvre qui a vraiment tout pour plaire. Et n’hésitez pas à vous adresser directement à l’artiste, c’est un personnage tout à fait charmant !

Radio Soulwax-Mas Party 2007

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Le 22 décembre 2007 est un peu un jour particulier à Gand. Sur la place de la gare, un nombre impressionnant de jeunes se réunissent. On pense immédiatement à la fin des examens ; mais cette explication ne concerne que les plus jeunes d’entre eux. Les autres profitent d’une dernière soirée avant les blocus. Et quelle soirée ! Les trams et les taxis sont bondés. La ville est en liesse. Et ces teenagers se déplacent par dizaines au Flanders Expo pour participer à l’évènement de cette fin d’année 2007 : le réveillon des frères Dewaele et de leurs deux acolytes de Soulwax. Mais pas pour déguster du foie gras ou du saumon. C’est un réveillon clubber : Soulwax, 2 Many Dj’s, Erol Alkan, Justice,Tiga, Goose, Boys Noize, Rub’n Tug,… Tous ont accepté l’invitation et décidé de nous en mettre plein la vue, plein les oreilles. La nuit sera longue…

Visite des lieux oblige ! Les deux frangins plein d’humour n’ont pas lésiné sur les moyens. Rien n’a été laissé au hasard. Bouffe, alcool, sofa et même des stands d’auto-tamponneuses. Cinq salles, 25 dj’s et groupes et pas des petites pointures. Parmi eux un ‘Very Very Special Guest’. On n’en sait pas plus. Bon allez ! Un petit verre pour s’échauffer et direction 1st floor, histoire de rôder les oreilles pour cette nuit de folie.

L’Anglais Die Verboten propose un petit dj set plutôt sympa. La salle n’est pas remplie mais c’est tant mieux, on a de la place pour danser.

Ça y’est ! 1 heure du mat’. La soirée commence pour l’ensemble des bons clubbers. Direction Hall 4 : The Ringo Room. Curieux de voir le special guest. Il accuse trente minutes de retard. Le public commence à s’impatienter et la tension est palpable. Au même moment, deux chariots élévateurs disposés à chaque extrémité de la scène s’élèvent et laissent apparaître… oh non ! Milk Inc. Duo archi populaire en Flandre. Techno de ducasse avec une chanteuse fort familière à Cascada. Quelle blague ! Heureusement ils ne s’attardent pas plus de dix minutes. Néanmoins, la tension se dissipe. Er le public devient de plus en plus chaud (NDR : voir leur site http://www.milkinc.be)

Il est maintenant l’heure de passer aux choses sérieuses. Vêtus élégamment de costumes blancs, les membres de Soulwax débarquent ! Et comme ils l’avaient affirmé, les remixes seront joués en live. Im-pres-sion-nant ! Une maîtrise parfaite et le corps bouge instinctivement. Les meilleurs remixes sont joués en direct :  « Phantom Part II », « Dare », « Gravity’s Rainbow », « Standing in the way of control » pour finir par une superbe combinaison entre « Soulwax is playing in my house » et « NY Excuse ». Cinquante minutes de remixes époustouflants. Comment parvenir à tenir jusqu’au bout de la nuit? C’est la question que l’on se pose à la fin de cette prestation.

Pas le temps de chômer, on se dirige au bar histoire de récupérer. Et on enchaîne immédiatement par Boys Noize. La claque ! Le technicien teuton ne tient pas compte de la fatigue physique endurée durant le show des Belges. Dévoilant son tout récent « Oi Oi Oi », l’Allemand propose un spectacle de deux heures, aux beats révolutionnaires. Et lorsque le « My Moon, My Man » de Feist retentit, c’est une salle entière qui danse comme un seul homme.

Vite. On se précipite Hall 2 : The Paul Room, pour assister au superbe dj set à 4 mains de 2 Many DJ’s. Entre flashs, lasers, strombos et fumigènes, on les distingue assez mal. Mais qu’importe ! C’est leur musique qui compte et encore une fois ce soir, ils ont bien prouvé qu’ils étaient l’un des meilleurs duos du moment.

4 heures ! Déjà ! Justice s’empare des commandes pour une prestation qui aura sans doute déçu beaucoup de fans. Rien à voir avec l’album, ils ont programmé des morceaux qu’ils aiment. Mais bon sang ! Les deux Parisiens ont du talent.

Deux salles plus loin, d’autres nordistes. Courtraisiens cette fois ! Goose. Pour un show des grands soirs. Public plus jeune mais la qualité toujours aussi bonne. Ces petits gars c’est sûr, ont de l’avenir devant eux. Et vu la qualité de leur spectacle, on espère qu’ils iront loin.

La soirée touche à sa fin et un dernier brin d’underground ne peut faire que du bien. On retourne à la case départ, c'est-à-dire au 1st Floor. Et quel honneur de pouvoir assister au show des New-Yorkais de Run’n Tug ! Pas de remixes de !!! ou du label DFA mais un set old-school mémorable qui restera un superbe souvenir ce cette nuit.

6 heures du mat’ les jambes sont tremblantes, le cœur palpite encore et les yeux sont mi-clos.

Une nuit d’orgie somptueuse. Un rendez- vous qu’il ne fallait pas manquer. On connaissait les frères Dewaele pour leur musique et leur humour. L’espace d’une soirée, ils se sont improvisés organisateurs. C’est une réussite. Décidemment, ils savent tout faire. Et pour une fois, j’ai envie d’être chauvin. Ces deux mecs là sont belges !

Impressionnant !

 

Festival D'Hiver Rock 2008 : vendredi 8 février

Pour cette sixième édition, tous les ingrédients nécessaires au déroulement d’un bon festival étaient à nouveau réunis. Après le lapin à la tournaisienne, le menu proposait donc un festival rock à la sauce locale. Prenez une bonne dose de groupes hétéroclites. Ajoutez-y un public tout aussi diversifié. Mais en sélectionnant principalement la tranche 15-25 ans. Complétez par quelques vieux rockers fidèles de la région. Arrosez copieusement le tout de bonnes bières régionales. Et la touche finale : disposez le tout dans les salles agréables de la Maison de la Culture. La décoration et les accessoires avaient été particulièrement soignés. Ainsi, dans le hall principal, un jeu de son et lumière plongeait les spectateurs dans un univers surprenant. Et la musique alors dans le jeu de quille nous rétorquerez-vous ?

Pas eu le loisir d’assister au concert d’ouverture accordé par la formation locale Sioban. Dommage, car apparemment depuis le changement de line up, leur musique aurait évolué vers un style plus contemporain. Ce n’est que partie remise…

On connaissait Delavega, maintenant il y a Z. A croire que les aventures de Zorro constituent une nouvelle source d’inspiration pour choisir un patronyme. Auteur, compositeur et chanteur, Jean-Michel Distexhe est le leader de cette formation bruxelloise dont on a vu la fin du show. Tout d’abord en compagnie de son groupe incluant notamment section de cuivres et contrebasse ; et puis en solitaire. Manifestement l’univers très chanson française de Z est susceptible d’inviter une multitude d’autres styles : depuis le blues au rock en passant par le jazz et le r&b. La démarche est plutôt originale, mais manque encore de précision dans les arrangements. Cependant, lorsque Jean-Mi décide de chanter a cappella en portugais, on est franchement impressionné. Pas étonnant qu’il reconnaisse pour influence majeure Joao Gilberto. En outre, il a enregistré un album (« Chaos et fantaisie Z ») sous la houlette de Rudy Coclet. Mais allez comprendre pourquoi pratiquement personne n’en a parlé…

Responsable d’un excellent album en 2006 (NDR : « We Are Electric », et c’était leur quatrième !) Hitch est issu de la région de Courtrai. Un trio guitare/basse/batterie qui doit puiser ses influences chez At The Drive In, les Pixies, mais aussi et surtout chez une des plus célèbres formations de funk blanc ayant sévi au cours des seventies : Gang of Four. Ils jouissent déjà d’une solide réputation de l’autre côté de la frontière linguistique. Certains ‘west-flandriens’ se sont d’ailleurs déplacés pour les applaudir. La voix du chanteur est savoureusement déchirée, la section rythmique particulièrement solide, l’intensité électrique tour à tour contenue, aride, spasmodique ou décapante. Un des meilleurs moments du festival…

Changement de salle et de style en compagnie de Mr Roux. Contrairement à ce que pourrait laisser supposer son patronyme, il ne s’agit pas d’un one-man show, mais d’un trio. Et aucun de nos 3 hommes n’affiche la coupe de Tom Sawyer. ‘Mais il est où le roux ?’ hurle à leur arrivée, une personne déjà déchaînée dans le public. Côté tendance, nous baignons plutôt dans l’univers de la chanson française voire de rue à la Trio ; à moins qu’il ne s’agisse de cabaret, renforcé par la présence d’une contrebasse tenace (NDR : ça rime !) Côté influences, on décèle des traces de Bénabar et de Mano Solo. Leur dernier opus « Ah si j'étais grand et beau » décrit différent profils (« Petit Rasta », « L’homme ordinaire », « Ta femme »…) où chaque texte raconte une petite histoire ou décrit un personnage. L’ambiance est plutôt bon enfant dans la foule. Les plus jeunes déclenchent d’ailleurs une farandole qui s’allonge progressivement pour finir par envahir près de la moitié de la salle. Mais manifestement, Mr. Roux gagnerait à se produire dans un petit café-théâtre ou chapiteau de taille réduite.

Bon vent nous prenne, nous ne traînons pas (encore du moins) au bar, et nous dirigeons sans transition vers l’une des belles surprises de la soirée. Vingt années que Grimskunk roule sa bosse. A ce jour, il compte d’ailleurs huit elpees à son actif. Cet ensemble montréalais est devenu culte au Canada. A cause de sa capacité à mélanger les genres (NDR : et notamment le punk, la prog, le métal, le reggae, le hip hop et la world, parmi d’autres), tout en n’hésitant pas à utiliser différentes langues pour interpréter ses chansons (français, anglais, espagnol, grec et même arabe). Mais à l’issue du show, Sébastien et Bernard ne partageaient pas la même impression. Sébastien estime que ces Canadiens nous ont asséné une véritable claque. Imaginant un mirage rencontré en plein désert au cours duquel une danseuse du ventre ultra-sexy serait admirée sous toutes les coutures. Un spectacle à lui seul ! On passe sans problème de Beastie Boys à Yes. La plupart des spectateurs ont du mal à apprécier ces variations sur la longueur et quittent peu à peu la salle. Mais la cinquantaine de fidèles qui restent jusqu’au bout applaudissent chaleureusement ce qui est indéniablement la révélation de ce vendredi. Au cours de leur set, les compos ont été uniquement interprétés dans la langue de Voltaire et de Shakespeare. Chanteur principal, mais également guitariste (il joue assis), Franz Schuller possède une superbe voix. Claire, pure, profonde, bien timbrée. A tomber sur le cul ! Et second chanteur, le claviériste est le complément idéal de son partenaire. En outre, le duo est bien soutenu par les backing vocaux des autres musiciens. L’équilibre entre tous les instruments frise même la perfection. Mais pour Bernard, la solution sonore est beaucoup trop contaminée par la prog des seventies pour revendiquer un quelconque espace sur la scène contemporaine.

On vous parlait de bar et de bières régionales. La convivialité nous pousse inévitablement à nous enliser de plus en plus au sein du hall central et à délaisser quelque peu les derniers concerts. Mais un rapide (et dernier) coup d’œil s’impose quand même aux Blérots de Ravel. Ils constituent, il ne faut pas le nier, une tête d’affiche, même si ce D’hiver Rock ne défend pas une politique de vedettariat. Déjà présents deux ans plus tôt dans la grande salle de la Maison de la Culture, les Blérots semblent cette fois-ci plus à l’étroit sur le podium. Il faut dire que compter une petite dizaine d’artistes (musiciens, chanteurs, danseurs confondus) prend de la place. Le show en tant que tel n’a pas trop changé. On reste proche de l’univers des Ogres de Barback. Un spectacle qui fait encore recette ; car sur les 400 spectateurs recensés ce vendredi, la plupart sont venus applaudir les Français. La plupart, sauf vos serviteurs mais vous leur pardonnerez bien cette petite liberté.

Lors du dernier festival de Dour, Les Anges s’était fendu d’une excellente prestation. La ravissante, féline, excentrique et toujours aussi sexy Sandra Hagenaar focalise toujours tous les regards. A cause des accès de claviers rognés (le hammond of course !), qu’elle inocule dans la musique. De ses poses excentriques. Puis de sa longue robe noire au dos nu. Et plus on la regarde, plus elle nous fait penser à Uma Thurman, qui avait marqué de son empreinte le film ‘Pulp Fiction’… Elle se sert aujourd’hui d’un theremin, comme chez le John Spencer Blues Explosion. Les trois autres musiciens continuent d’entretenir un rock crade, nerveux, tendu, boosté aux amphétamines, proche de Queens Of The Stone Age, souligné par la voix tour à tour tendre ou rageuse de Renaud Mayeur et balayé de ses riffs de guitare ravageurs. Un véritable ouragan ! Un reproche, si c’en est un : le son était quand même un peu fort…

On n’est pas resté longtemps pour regarder et écouter Amsterdam Klezmer Band. Une formation batave. Un sextet pour cuivres, accordéon, basse et percussions rehaussé, pour la circonstance, par la présence d’une chanteuse. Leur musique juive d’Europe de l’Est est manifestement influencée par le Gipsy et la musique des Balkans et évoque tantôt Emir Kusturica flanqué de son No Smoke Orchestra ou l’Orchestre International du Vetex. Cependant, seule une partie du répertoire du groupe est constituée de morceaux traditionnels. L’essentiel est issu de la plume des membres du groupe. Mais bon, c’était le groupe de trop et on avait plutôt envie d’aller rejoindre les bras de Morphée plutôt que de se farcir un collectif qui aurait pu faire un malheur lors des défuntes danses folkloriques de Tournai.

Reel Big Fish

Our Live Album is Better Than Your Live Album

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Avec pareil intitulé, le combo ska-punk avait intérêt à assurer. D’autant plus que leurs prestations live, bien que divertissantes, sont loin d’être légendaires. Une chance, « Our Live Album Is Better Than Your Live Album » est une promesse tenue. Marquant les 10 ans de la formation apparue en plein 'boom' de la scène ska-punk californienne, ce recueil célèbre également la fin d’une collaboration tumultueuse entre Reel Big Fish et le label Zomba. Récupérés début 2006 par Rykodisc, les six gaillards fêtent leur liberté enfin retrouvée en offrant à leurs fans de quoi se régaler des heures durant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne se foutent pas de la gueule du client.

35 explosions de cuivres dispersées sur deux disques et encore 20 autres, documentées sur un DVD bonus. Quand y’en a plus, y’en a encore. Niveau quantité, nickel. Quant à la qualité, hormis les deux ou trois regrettables mais inévitables blagues potaches, tout est au poil. Le son est bien léché et le choix des tracks est judicieux. On y retrouve les hits « Sell Out », « She Has A Girlfriend Now » ou leur version brillamment retravaillée du « Take On Me » de A-Ha ainsi que certains des meilleurs titres du combo et autres reprises (The Cure, Tracy Chapman, Lita Ford). Mention spéciale à « S.R. » décliné de manière amusante en plusieurs genres musicaux. Bref, loin d’être de l’arnaque, « Our Live Album Is Better Than Your Live Album » n’est certainement pas le meilleur live de tous les temps mais un must pour tous les fans de la formation et du genre.

 

 

 

Festival D'Hiver Rock 2008 : samedi 9 février

Les spectateurs sont nettement plus nombreux pour ce deuxième jour de festival. Peut-être la présence de noms plus connus comme Hollywood P$$$ Stars y est-elle pour quelque chose ? Les organisateurs avaient cependant le droit de faire la moue en enregistrant 600 entrées la veille. Ce samedi, ils ont été récompensés de leurs efforts, l’assistance ayant presque doublé. Et l’ambiance n’a pas reculé d’un cran…

Attagirl est le titre d’un album de la formation batave de britrock Bettie Serveert. C’est également le nom d’un quatuor issu de la région de Tournai qui a notamment reçu le prix des Francofolies de Spa en 2007. Un combo au sein duquel milite Maxime Leclercq à la basse, musicien qui apporte son concours aux drums auprès d’Yves Ghiot. La formation manque encore de planches, mais possède de nombreux atouts pour faire la différence. De bonnes mélodies, une excellente voix, une section rythmique bien équilibrée et un guitariste plutôt doué (NDR : et bien équipé en pédales de distorsion). Maintenant, il faut admettre que leur patronyme est très susceptible de provoquer la dérision (NDR : ben oui, Attagirl qu’est ce qu’elle à ma g*****)

Tiens c’est marrant le chanteur principal de Love is Love possède une voix aussi enrouée que celle de Joe Cocker. On arrête ici les comparaisons, puisque cet ensemble dont le line up implique outre le drummer, deux bassistes, deux guitaristes et deux chanteurs, pratique une sorte de noisy très proche du post rock. Malheureusement, leur set a beau être correct, les compos semblent toutes construites sur le même schéma et manquent singulièrement de relief.

Formation locale, 20 Lousy Lumps écume les festivals régionaux depuis quelques années. Ils sont sympas, écrivent leurs propres compos, ne sont pas de mauvais musiciens, mais ne parviennent décidemment pas à passer à la vitesse supérieure. Leur set souffre d’arrangements approximatifs et le chanteur tente de pousser sa voix dans un registre qui ne sera jamais le sien. Ce qui est plutôt casse-gueule. Le groupe aurait décidé d’arrêter les frais. Ce n’est qu’une rumeur, mais elle inquiète certains organisateurs de festivals régionaux. Ben oui, le band comptait quand même de nombreux aficionados…

The dIPLOMAT est encore une formation belge dont le talent est unanimement reconnu. Alors que leur manque-t-il (NDR : oui on sait, à chaque Tour de France, Anquetil terminait toujours devant Poulidor) pour passer en division supérieure ? Une meilleure médiatisation, peut-être… Pourquoi ne pas faire appel à un diplomate ? Une chose est sûre leur pop/rock énergique, glamour, mais aux mélodies contagieuses et sophistiquées a fait mouche lors de cette édition du D’Hiver Rock. Les musiciens sont loin d’être des manchots, la bassiste, Sophie Chiaramonte, est plutôt jolie et le chanteur/guitariste, Fabrice Dubard, assez beau gosse. Et il le sait ; surtout lorsqu’il invite une jeune blonde pour le rejoindre sur scène afin de danser. Ce qu’elle ne parviendra jamais à faire. Elle doit d’ailleurs se demander ce qu’elle foutait sur les planches. Grosse acclamation néanmoins pour leur prestation d’excellente facture.

Willis Drummond nous vient du Pays Basque, en France. De la région de Bayonne très exactement. Un quatuor qui pratique une sorte de noisy rock davantage américain que britannique. Leur gros son, mélodique et rageur évoque même parfois le grunge ‘seattlenesque’. La maîtrise des larsens semblent être leur dada. Et parfois les trois musiciens (les deux guitaristes et le bassiste) font face à leurs amplis en même temps pour conjuguer leurs sonorités stridulentes. Pas mal foutu, mais un peu daté quand même…

Mutiny on the Bounty : franchement, parfois on se demande si l’extravagance ne guide pas de plus en plus les artistes pour le choix d’un patronyme. MOTB est un quartet luxembourgeois (NDR : d’Esch sur Alzette, très exactement) qui pratique une musique quasi-instrumentale (NDR : honnêtement après un quart d’heure, il n’y avait toujours pas eu la moindre intervention vocale). Le résultat d’un mélange entre post, math et noisy rock. Le combo revendique d’ailleurs des références qui oscillent d’At The Drive In à The Mars Volta, en passant par Pelican. Beaucoup d’intensité dans leur solution sonore sensée reproduire des climats épiques, sombres ou encore tragiques. Mais pas assez de créativité pour leur accorder plus de vingt minutes d’attention, lors d’une longue journée de festival…

D’autant plus que The Display Team nous a réservé la surprise de cette édition 2007 du D’Hiver Rock. Un collectif issu de Londres qui pratique du pronk, c'est-à-dire un mélange de prog, de punk et de ska. Hormis le saxophoniste (il remplace provisoirement le trompettiste), les cinq autres membres du groupe (un tromboniste, deux guitaristes, ainsi qu’un batteur et un bassiste répondant respectivement aux surnoms de Chuckles The Clown et d’Ozrick Testicles) chantent. Et très bien, d’ailleurs. Même si le lead vocal est assumé par le drummer. Des vocaux aussi soignés et polyphoniques que chez Chumbawaba et surtout Gentle Giant ; alors que leur musique semble née d’un cocktail subtil et énergique opéré entre Madness, Mad Caddies, Frank Zappa et les Cardiacs. Tout un programme ! Un groupe à suivre, c’est une certitude. Responsable d’un unique Ep à ce jour, alors qu’il milite déjà depuis 2000, The Display Team se prépare à sortir son premier opus. En attendant, s’il passe près de chez vous, ne les manquez surtout pas !

Des Suédois qui causent aux théières ! Quatuor suédois, Talking To Teapots pratique une sorte de garage/rock inspiré notamment par Weezer et Supergrass. Mais en plus impétueux. Encore que dans ses moments les plus lents et complexes, la musique peut évoquer Pavement. On aurait pu créditer leur prestation d’excellente si le son avait été moins pourri. D’autant plus que le vocaliste est un excellent showman qui n’hésite pas à monter sur les retours de scène ou à descendre au beau milieu du public. Appréciant apparemment la fantaisie, il joue la plupart du temps en portant des lunettes de soleil sur le nez (NDR : peut-être est-ce parce qu’il imagine que c’est ‘les thés’), un peu comme John Kay de Steppenwolf ; et au début du concert, agite une étoile de papier montée sur un bâtonnet. En outre, il se sert, pour un morceau, d’un casio miniature.

Sonic Boom 6 était manifestement une des formations qui valait le coup d’œil. Si elle s’est déjà forgé une solide réputation, chez eux en Angleterre(NDR : ce sont des Mancuniens !), elle n’est pas encore bien connue de ce côté-ci de la Manche. Il est même amusant de lire ‘Tournai-Belgium’ sur la ‘tour list’ de leur website, au milieu de dates prestigieuses de concerts programmés à l’Astoria ou l’Underground de Londres ou encore annoncées lors d’une tournée au Japon et aux USA. Il y a donc fort à parier que leur punk-ska déjanté pourrait faire recette bientôt chez nous. Leur  petite chanteuse est plutôt sexy (n’hésitez pas à aller mater notre section photos) et son look un peu juvénile évoque une certaine Gwen Stefani. D’ailleurs une partie de leur show lorgne du côté des No Doubt originels, à moins qu’il ne s’agisse de King Prawn. L’énergie punk est assez proche de groupes comme No Fun At All. Sans oublier la petite touche de hip-hop inoculée dans l’esprit de The Go! Team. Mais en mettant toujours en exergue la voix douce et tendre de la frontwoman. Pas étonnant qu’un fan ose jumper sur scène afin de rejoindre la chanteuse pour la saluer. Laquelle, fort sympathiquement, accepte de lui faire la bise. C’est qu’on lui pardonnerait tout à cette petite Anglaise. Même un set un peu trop ‘ado’.

Hollywood P$$$ Stars s’était déjà produit en 2004 et en 2005 au d’Hiver Rock. La première fois, il avait laissé une excellente impression, alors que la seconde, il s’était un peu perdu, en fin de parcours, dans un trip semi psychédélique, semi métallique trop confus pour vraiment convaincre. Auteur d’un troisième opus beaucoup plus pop (« Satellites »), le quatuor liégeois semble aujourd’hui parfaitement maîtriser son sujet. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à dispenser une musique savoureusement électrique et chargée d’adrénaline. Simplement le sens mélodique beaucoup plus présent se mue parfois en feeling hymnique et semble dompter naturellement la rage, l’énergie et la fièvre. Ce qui permet de mieux apprécier également le timbre acidulé du chanteur. Et la qualité du son y est sans doute aussi pour quelque chose. Le groupe est au sommet de sa forme et communie instinctivement avec les spectateurs. Encore que la descente du guitariste dans la foule semble un peu préméditée ; et lorsqu’il refile sa gratte à une personne du public pour jouer sur le podium, le résultat est tellement bon, qu’on est en droit de se poser des questions. Bref, H.P.S. a accordé un set rafraîchissant, puissant, terriblement efficace, et manifestement le plus professionnel de tout le festival.

Et comme c’est de coutume lors de ce D’hiver rock, changement de salle, et radicalement de style en compagnie de Banane Metalik. Anecdote amusante : à l’heure d’écrire ces quelques lignes, j’essaye d’aller faire un tour sur leur website. Mais mon filtre parental bloque l’accès au site, en le cataloguant dans la rubrique ‘violence’. Et manifestement, leur show devrait presque être interdit au moins de 16 ans. On se replonge vite dans l’ambiance trash des bons vieux films d’horreur série B des années 80. Ou quelque part entre le clip « Thriller » (qui refait surface) et Evil Dead (tiens, c’est vrai les films gore reviennent aussi à l’affiche). Musicalement, on navigue en plein punk/trash. Les quelques vieux punks présents dans la salle en profitent pour lancer de lourds pogos devenus rares. Mais un peu comme leurs compères de Punish Yourself, c’est surtout le visuel qui capte l’attention. Et Banane Metalik sait comment s’y prendre. Quelques couteaux de cuisine bien taillés à la Marilyn Manson, du sang un peu partout (dont ils parlent dans un de leurs titres), un décor glauque. Mais aussi une danseuse fétichiste (voyez aussi notre section photo) qui met un peu de baume dans le décor. Quoiqu’elle semble trahir des penchants SM, quand même. Au final, on retiendra surtout le jeu de scène, et la grande sympathie de ces Français, malgré les apparences de morts vivants ! (S.L.)

'Non mais t’as vu la chanteuse/guitariste ? Quelle poule!' (NDR : encore une, c’est le jour) C’est la réflexion que me faisait un copain dans la salle. D’abord, ce n’est pas une poule, mais une des Suprêmes Dindes. Et c’est vrai que ses traits sont fins. De jolies jambes. Peu de poitrine quand même, comme Jane Birkin. Sexy. Remuant bien le cul et une très belle voix. Mais est-ce un mec ou une fille ? Serait-ce un androgyne. Tout au long du concert, on se posait quand même des questions sur la nature de son sexe. Elle (ou il) assure quand même sur les planches. Et se fait appeler Jacqueline Bonjon. Il y a bien une fille dans le groupe. Pas le(a) bassiste, c’est sûr, mais la guitariste soliste. Le cas porte moins à confusion. Enfin, il y a un vrai mec derrière les fûts. Un moustachu. Mais les trois autres portent talons aiguilles, combinaisons, colliers de perles et maquillage outrancier. Les Suprêmes Dindes se moquent de la société et de l’establishment. Elles cultivent l’autodérision. Leur accoutrement caricatural, c’est aussi, leur façon de dénoncer les préjugés. Tout comme leurs textes, particulièrement engagés. Sorte de Wampas kitsch, elles propagent la même énergie que Dionysos. Mais au fil du set, on finit par oublier leur look totalement extravagant et leur jeu de scène détonnant pour mieux en apprécier leur punk sauvage mais contagieux. Et ce n’est pas parce que le(a) bassiste a cassé une corde que le show en a pris un coup : le groupe possède suffisamment de planches pour retomber sur ses pattes. Et un musicien participant au festival lui a même prêté son instrument ( ?!?!?!) Sympa ! Un groupe à revoir, c’est une certitude…

Le festival avait laissé une petite place au ska punk festif en invitant Poulycroc. Ils sont jusque 11 sur scène dont cinq cuivres et s’amusent comme des fous. Le public présent aussi d’ailleurs. La couleur orange domine leurs accoutrements et même leurs cheveux. Pas de prise de tête, rien que des reprises, un peu de théâtre, du folklore et une communion incessante avec le public. Idéal pour sonoriser toutes les fêtes au cours de laquelle la bière coule à flots… Santé !

On vous le disait en introduction, l’ambiance est demeurée bon enfant tout au long de ce samedi. Quelques stands ont été ajoutés. Mais mon Dieu, on a évité le marketing de récupération qui nous est imposé lors des festivals traditionnels. Ainsi, pas d’échoppe bancaire casse-pieds destinée à faire souscrire des compte-jeunes ou à la gloire de boissons à la caféine ; mais plutôt des stands de mobilisation. Ou encore un emplacement réservé à nos sympathiques amis, les René Binamé (à l’affiche l’année dernière). Ils viennent déjà promouvoir la sortie de leur prochain album. A leur façon, c'est-à-dire dans le pur respect du rock alternatif et de l’auto-distribution. A noter qu’il y avait également une scène dans le bar où se sont produits des groupes de blues, de rockabilly et puis en clôture, Momo Lamana. Un duo tournaisien qui pratique une forme de punk/rock/garage minimaliste dans la lignée de Suicide, Alan Vega ou des Mummies. Une boîte à rythmes, une chanteuse/bassiste/claviériste (Momo), un chanteur/guitariste/claviériste (Lamana), tous deux vêtus de cuir noir comme les défunts et mythiques Ramones auxquels le groupe voue une grande admiration. Quoique revivaliste, on peut les créditer d’un set sympa, à défaut d’être original, même si on n’entendait pas trop la basse (pas de table de mixage). Mais vu l’heure avancée, il était temps d’aller au pieu pour roupiller…

Il y a bien eu La DK Dance, ABB et X Makeena, mais on n’a pas vu grand-chose. Juste l’intro des derniers cités. Une superbe mise en scène. Il y avait même des loupiotes au-dessus de leurs masques. Mais bon, même si on pourrait imaginer une version hip hop de « The lamb lies down on Broadway », c’était du hip hop ; et Seb s’étant éclipsé, il ne fallait pas trop compter sur Bernard pour donner son avis sur ce qu’il ne parvient toujours pas à assimiler…

A l’année prochaine !