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Archie Bronson Outfit

Wild Wild Quest

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Ils sont trois. Mais aujourd'hui, le triptyque se passera de Dorian, resté à la maison. Sur la capitale, il pleut des cordes. Un temps typiquement belge. Typiquement anglais aussi. Pour cette sortie bruxelloise, les Londoniens Sam Windett (voix, guitare) et Mark Cleveland (batterie) sont comme à la maison : entre une bière fraîche et une pluie glaciale. La barbe touffue et le poil soyeux, les deux musiciens semblent encore mal réveillés. Mais bien assez pour nous évoquer les dernières aventures d'Archie Bronson Outfit, leur groupe. Auteurs d'un deuxième album (« Derdang Derdang ») foudroyant, les Anglais se montrent pourtant modestes quand il s'agit de défendre leur empire…

Parlez-nous de votre rencontre, de vos premiers pas musicaux ?

Mark : Nous sommes des amis d'enfance. Nous nous sommes rencontrés à l'école. Bref, on peut dire que nous avons grandi ensemble. A l'origine, nous habitions un patelin paumé. Près de Bath, dans l'ouest de l'Angleterre. Pour situer, ce n'est pas très loin de Bristol. Après l'école, on se faisait un peu chier. Alors, on s'est tourné vers la musique, en fondant ce groupe, juste avant de partir pour Londres et entrer à l'Université. Notre nom ? Vous connaissez Buffalo Bill ? Archie Bronson Outfit est à chercher de ce côté. Dans les plaines sauvages du « Wild West ». Nous aimons cet univers : sauvage…

Et « Derdang, Derdang » ? Est-ce un album de cow-boys ?

M. : L'intitulé de notre album signifie plusieurs choses. A première vue, cela ressemble à un non-sens. Et puis, c'est aussi une onomatopée, un enchaînement syllabiques qui résonne. Ecoute : « Derdang, Derdang » ! Encore : « Derdang, Derdang » ! C'est la batterie et la guitare. Et puis, si vous séparez les mots, on retrouve 'Der' de 'Derivative' et 'Dang' de 'Damnation'. Et si on enlève le 'D' du milieu, l'assemblage ressemble à 'Deranged'. En gros, cela ressemble à beaucoup de choses et, en même temps, à rien de vraiment précis. C'est un titre d'album dadaïste en quelque sorte.

Vous êtes signés chez Domino Records, la maison mère de Sons and Daughters, Franz Ferdinand, The Kills et autres Arctic Monkeys. Ne craignez vous pas que ces groupes ne vous fassent de l'ombre ?

Sam : Pour notre part, on trouve que c'est intéressant de se retrouver sur cette structure. C'est bon d'être sur ce label. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il est bon ! Nous avons eu l'occasion de rencontrer tous les groupes que tu mentionnes et de faire des concerts avec eux. C'est une chose fabuleuse que d'être assimilé à ces formations. Ils sont sensationnels. Par contre, je pense que le succès que connaît actuellement les Arctic Monkeys est un peu différent. C'est quelque chose d'énorme, un truc difficile à évaluer. Pour l'instant, nous sommes plus discrets. Pour le moment…

Comment êtes-vous atterris chez Domino ?

M. : Nous avons signé chez Domino suite à notre rencontre avec Laurence Bell, le patron de Domino Records. L'histoire de cette rencontre est assez chouette. Elle s'est produite près de chez nous. Un soir, on se baladait avec l'idée d'aller boire un verre. Au cours de cette promenade, on est passé devant un pub. A l'intérieur, c'était la fête. Le propriétaire du pub célébrait son anniversaire. A ce moment précis, nous ne savions pas encore que ce type était un copain de Laurence. Nous lui avons demandé si nous pouvions jouer quelques chansons pour son anniversaire. Le gars s'est montré vachement enthousiaste. Nous avons donc installé notre matériel et joué quelques chansons dans une ambiance délétère de fin de soirée. Après le concert, un mec est venu nous trouver pour parler du groupe, de nos ambitions, etc. Quelques semaines plus tard, le même gars revenait nous voir lors d'un de nos concerts. Ce jour-là, il s'est présenté : « Laurence Bell, Domino Records. Seriez-vous intéressés de signer chez Domino ? ». Tu m'étonnes ! Là, nous avons conclu un contrat pour trois albums…

Quelle est, selon vous, la principale différence entre « Fur » et « Derdang Derdang » ?

M. : Nous percevons une évolution entre ces deux albums. Mais nous n'avons pas cherché consciemment à la provoquer. Durant les six mois qui ont précédé l'enregistrement de « Derdang Derdang », j'ai commencé à écrire les chansons à la maison, à écouter pas mal de nouvelles choses, des musiques très différentes. Avec du recul, je perçois ce processus comme un mécanisme organique. Faust, Son House, des vieux groupes psychédéliques suédois, The Gun Club, etc. La gestation de ces découvertes a fait partie intégrante du processus de composition de « Derdang Derdang ». Cependant, je ne pense pas que nous ayons changé notre identité au pied de ces découvertes musicales. Tout simplement, elles ont fait partie de notre processus d'écriture.

Dans "Dead Funny", vous chantez: 'I'm a disco dancer and I wanna dance for you'. Est-ce ironique ou êtes vous réellement des gogo dancers cachés ?

M. : Nous aimons beaucoup danser. Mais dans cette chanson, il y a effectivement une grande part d'ironie. C'est parti d'une blague sur l'aspect sexuel de la chose. Mais bon, je ne prétends pas être un 'disco dancer'…

Sur « Derdang Derdang », une de vos chansons est intitulée Modern Lovers. Est-ce un clin d'œil au groupe de Jonathan Richman ?

M. : Pas vraiment. Toujours est-il que nous sommes de grands admirateurs des Modern Lovers. Pourtant, aucun titre de notre album ne se rapproche de l'univers des Modern Lovers. Notre chanson parle de la manière dont deux personnes s'engagent sur le chemin de l'amour. Mais qu'importe… Ce n'est en aucun cas une référence à Jonathan Richman et son groupe !

Peu importe vos références, vos préférences. Attardons nous sur vos connaissances musicales… le temps d'un petit blind test :

Devendra Banhart : « I Feel Just Like A Child » - Crippel Crow (2005)

M. : Quelle magnifique production ! Le son est génial, luxuriant… Mais c'est quoi ? Devendra Banhart ? J'en ai beaucoup entendu parler. Sincèrement, je n'avais jamais pris la peine d'écouter. On dirait de la musique de hippie. Mais faut reconnaître que ça sonne vachement bien…

S. : Moi non plus, je n'avais jamais entendu ça auparavant. Ben, ce n'est pas mon truc… Peut-être que cela nécessite plusieurs écoutes. Certains artistes me demandent davantage de temps pour pénétrer leur univers…

M. : N'empêche que le son est fabuleux. Même si ce type semble être un putain de hippie. Et que je déteste les hippies !

The Gun Club : « Sex Beat » - Fire Of Love (1981)

M. : Sans hésitation, c'est le Gun Club ! Nous adulons ce groupe. Cependant, « Fire Of Love » n'est pas mon album préféré. Je trouve que sur « Death Party » les intonations de Jeffrey Lee Pierce sont encore plus tranchantes. Sinon, sur « Fire Of Love », ma chanson favorite reste « Ghost On The Highway » : un putain de classique !

The Eighties Matchbox B-Line Disaster : « Psychosis Safari » - Hörse of the Dög (2002)

M. : Mhhhhmm, c'est bon…

S. : Le son déchire vraiment. Eighties Matchbox ?

M. : Je n'avais jamais entendu cette chanson. Mais il paraît que ces types sont des bêtes. Ils viennent de Brighton. Merde, faut que j'achète ce disque !

The Hives : « Two-Timing Touch And Broken Bones » - Tyrannosaurus Hives (2004)

M. : On dirait Iggy Pop. Mais ce n'est pas Iggy Pop…

S. : Evidemment ! Je sais, c'est… Putain, je l'ai sur le bout de la langue… Ce sont les Detroit Cobras ? Euh non,…

M. : Ce sont les Hives ! Cette chanson figure sur leur dernier album. J'ai le premier, « Barely Legal ». Personnellement, je n'oserai pas me déguiser comme un pingouin. Mais impossible de leur jeter la pierre : ces mecs ont l'air trop cool ! Tu peux dire ou écrire ce que tu veux. Mais ces types ont un sacré style vestimentaire… Quand ce disque est sorti, la presse les a balancé sur le compte du 'retour du rock'. Je n'apprécie pas ce mouvement. C'est beaucoup de rififi pour pas grand-chose. Cela dit, j'adore les White Stripes. Ces deux-là sont capables de pondre des chansons phénoménales, des tubes qui défient les lois du commerce. Si on se retrouve si bien dans la musique de Jack et Meg White, c'est peut-être parce que nous partageons certaines références communes : le blues et quelques albums mythiques…

Daft Punk : « Rock'n'Roll » - « Homework » (1996)

M. : Je trouve ça naze… Quand j'avais 16 ans ou 17 ans… Bref, quand j'étais plus jeune, j'écoutais parfois ce genre de trucs. Mais les goûts évoluent et je ne me retrouve plus vraiment à travers la musique électronique.

S. : Moi j'aime bien leur vidéo avec les dessins animés. Cette histoire hallucinée guidée par une trame de Manga japonais. C'était une bonne idée.

Wire : « Three Girl Rhumba » - Pink Flag (1978)

M. : Tata ta poum, tata ta poum… C'est Wire !

S. : Sur scène, on reprend parfois cette chanson…

M. : C'est d'ailleurs un des titres que nous avons joué le jour où nous avons rencontré Laurence Bell. En gros, c'est une porte d'entrée vers Domino…

LCD Soundsystem : « Tribulations » - LCD Soundsystem (2005)

M. : J'avais pensé reconnaître la voix. Mais, en fait, je ne vois pas de qui il s'agit… LCD Soundsystem ? C'est donc ça ! Je connaissais de nom. Ce sont des Américains, non ? Ce gars produit The Rapture. Là, je trouve que c'est un bon groupe…

Coldplay : « Yellow » - Parachutes (2000)

S. et M. : Coldplay !

M. : Je ne voudrais pas me justifier de reconnaître cette chanson aussi vite mais elle passe partout et tout le temps. En Angleterre, ils sont un peu comme Robbie Williams : partout ! C'est vraiment trop propre… Aujourd'hui, ils sont même parvenu à créer une vague de suiveurs. Je pense notamment à cet insupportable James Blunt. Toute cette musique nous paraît insignifiante.

The Stooges : « T.V. Eye » - Fun House (1970)

M. : Ah oui, nous sommes des fans inconditionnels ! J'ai vu Iggy et ses Stooges l'été dernier à l'occasion du Reading Festival. Ils étaient incroyables. Et, quand on y pense, leur influence sur la musique est énorme.

S. : On doit bien avouer qu'on est plus branchés sur des vieux trucs, genre Stooges, Wire ou Gun Club. Nous aimons également écouter de nouveaux groupes. Mais pas tous : seulement les meilleurs…

M. : Aujourd'hui, en Angleterre, si on veut écouter de la bonne musique, il faut absolument écouter Part Chimp ! Et il ne faudra jamais oublier Clinic. Et de garder un œil sur un nouveau groupe londonien excellent : Vincent Vincent And the Vilains.

Stuart A. Staples

Repartir, comme à quarante

A force d'attendre la lune, les Tindersticks ont mis pour l'instant leur carrière en veilleuse… L'occasion pour leur chanteur Stuart A. Staples de se lancer à corps perdu dans de nouvelles aventures, cette fois en solitaire à la poursuite de ses propres démons. Alors qu'il fête cette année son quarantième anniversaire, le crooner à la voix si suave s'interroge quant à son existence. Que laissera-t-il derrière lui pour rebondir de plus belle, après quinze ans (déjà) de sursauts musicaux ? Si ces fans le savent (quelques disques superbes, une trace indélébile au pays des mélodies altières), Staples, lui, préfère encore douter. C'est ainsi qu'on avance, et notre Anglais l'a bien compris. 

Deux albums solos en un peu plus d'un an… Faut-il l'interpréter comme une parenthèse en attendant un nouveau Tindersticks ?

J'ai juste besoin d'air en ce moment, surtout depuis la tournée qui a suivi la sortie de « Waiting for the Moon »… Dès qu'on avait une petite pause j'en profitais d'ailleurs pour bosser dans mon propre studio, pour enregistrer les idées qui me trottaient dans la tête. C'était important pour moi d'expérimenter davantage, au niveau des textures… D'approcher la musique de manière différente, selon différents angles, tout en recentrant mon écriture sur le songwriting. Il y a deux ans, je savais déjà que je sortirai un album solo, voire deux.

Cette idée de te lancer dans une carrière solo, c'est un vieux rêve ?

J'ai toujours composé des chansons de mon côté, mais le groupe passait en premier. Aujourd'hui j'éprouve vraiment le besoin d'appréhender ce qui m'entoure de manière différente… J'espère qu'on retrouvera l'envie de composer ensemble, mais pour y parvenir il faut qu'on le désire de manière collective. Je pense que nous sommes arrivés à un point où la routine s'est installée, et c'est devenu de plus en plus… (il hésite). Ce n'est pas que je n'éprouve plus de satisfaction en compagnie des Tindersticks, mais je pense qu'on a peut-être perdu cette étincelle qui nous maintenait en vie…

Comment les autres membres du groupe considèrent-ils tes escapades en solo ? Les voient-ils d'un mauvais œil ou sont-ils contents pour toi ?

Je pense que nous sommes arrivés à un point où chacun se doit d'accepter le fait que tu puisses avoir envie de faire autre chose. Et c'est valable pour tout le monde : David (Boulter, claviériste du groupe) compose aussi de son côté, tout comme Dickon (Hinchliffe), qui écrit pas mal pour le cinéma. Nous avons tous besoin d'aller voir ailleurs.

Te sens-tu à l'étroit au sein des Tindersticks ?

Il ne s'agit pas de ça… C'est juste qu'au cours des dernières années je me suis souvent posé la question de savoir si je faisais de mon mieux chez les Tindersticks, et la réponse était non. Je n'avais donc pas le choix : il fallait que je reste sincère avec moi-même… Mais ce choix n'a rien à voir avec les personnalités de chacun : je continue à voir les autres, à discuter avec eux du futur de Tindersticks. Ce n'est pas fini, que tout le monde se rassure !

D'une certaine manière, ces deux albums solos représentent donc pour toi une période de transition ?

Oui, c'est clair, même s'ils incarnent déjà le passé, puisqu'ils ont été enregistrés il y a plus de six mois, et composés il y a plus de temps encore… Je ne sais pas très bien pour l'instant vers où je vais et ce que je vais faire, mais ça me convient.»

As-tu bossé sur cet album de manière différente que pour le premier ?

Oui, l'approche était différente. Pour cet album, tout est parti des mots. Il y a longtemps que je n'avais plus travaillé ainsi, mais tout ici est basé sur l'écriture, les textes. « Lucky Dog… », c'était davantage une affaire d'expérimentation, de tâtonnement : il fallait que je trouve une nouvelle manière d'exister, en dehors des Tindersticks…

Tu parles de mots… La littérature t'inspire-t-elle, par exemple ?

Non, et d'ailleurs je n'écris jamais rien sur papier. Tout est dans ma tête… Et il y a toujours une mélodie qui accompagne ces idées. L'inspiration, elle vient du fait que je pense être arrivé à une période de ma vie où j'ai besoin de changement. Quelque chose a changé, je le sens… C'est de ça dont parle l'album : de ce combat intérieur. J'ai envie de ce changement, mais en suis-je vraiment capable ? Tu sais que ce changement en vaut la peine, mais pour cela tu dois laisser plein de choses derrière toi, d'où le titre de l'album. C'est la raison pour laquelle quand j'ai commencé à écrire, je ne pouvais plus m'arrêter : il fallait que ça sorte. Ce sentiment, je ne l'avais plus ressenti depuis le deuxième Tindersticks !

Ne s'agirait-il pas de la fameuse crise de la quarantaine ?

Peut-être bien, oui… On peut l'interpréter comme une envie de se positionner différemment, par rapport à toute cette routine qui au fil des années s'installe dans ta vie, et qui t'empêche d'appréhender sereinement l'avenir… Et je n'aime pas ce sentiment ! J'ai besoin de trouver de nouvelles façons de penser, de réfléchir, de comprendre ce qui m'entoure. C'est de là que sont nées ces nouvelles chansons.

On sentait en effet, en écoutant les deux derniers Tindersticks, que tu éprouvais certaines difficultés à te réinventer en tant que songwriter…

Sans doute, et ces deux albums-ci ont été également difficiles à écrire… Mais pour celui-ci je suis arrivé à un point où je me sens vraiment exister musicalement. J'ai composé chaque chanson sur une guitare acoustique. Ce qui s'est révélé le plus dur, c'était de traduire en musique ce qui me trottait dans la tête, mais je pense y être arrivé, même s'il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver les arrangements que je désirais leur coller.

As-tu reçu de l'aide pour traduire tes pensées en musique, au niveau de l'orchestration par exemple ?

Oui. Terry Edwards m'a donné un coup de main pour les cuivres, et Lucy Wilkins pour les cordes. Je les connais depuis longtemps (il s'agit en effet de deux fidèles collaborateurs des Tindersticks) : ils sont toujours très patients, et ils savent mieux que personne comment traduire mes désirs en musique. On bosse à trois en discutant beaucoup : c'est comme une conversation, en somme.

Tu parles de musique 'dans ta tête', d'existentialisme musical,… Y penses-tu sans cesse, 24h/24, comme si c'était ton oxygène ?

Elle se manifeste à moi par vagues obsessionnelles. Pour l'instant je n'ai pas trop envie d'y penser, parce que ça demande beaucoup d'investissement et de souffrance… Et en ce moment je suis content de laisser les choses se faire, de rêver. Parce que dès que je bosse sur un disque, j'y pense tout le temps, et ce n'est pas bon pour ma vie de famille.

Quand tu chantes 'I keep the path under my feet/Cos I know it's the only one' (« There is a path »), c'est dans ce sens-là : la famille, à savoir la seule chose qui finalement en vaille la peine ?

Oui, c'est une chanson très romantique, qui parle du fait qu'il faut préserver sa famille, ses proches. C'est le plus important.

L'amour… a toujours été ta principale source d'inspiration, non ?

(sourire) : Comme pour tout le monde, non ? Je ne pense pas que ce soit quelque chose d'étrange à ressentir… C'est ce qui nous donne envie de vivre ! (rires)  

Parce que tu chantes surtout les sentiments amoureux, et ce depuis tes débuts chez les Tindersticks… Pourrais-tu écrire des chansons sur autre chose ?

Je ne choisis pas les sujets qui m'inspirent, ce sont eux qui me choisissent. C'est ça l'inspiration, peu importe ce que cela signifie. Si l'amour est un sujet de « Leaving Songs », il y en d'autres, et surtout celui de laisser certaines choses derrière soi pour rester libre. Pareil concernant les albums des Tindersticks, même si en les réécoutant j'y trouve aussi beaucoup de regrets et de ressentiment… A l'époque je n'aurais sans doute pas été capable de le déceler, mais avec le recul je comprends mieux ce qui nous poussait à écrire.

En regardant dans le rétroviseur, y a-t-il quelque chose que tu voudrais changer à ta carrière ?

Non, parce que chaque événement correspond à un moment précis de ton existence, à des émotions que tu captures à un instant précis. Si le temps permet d'y poser un regard critique, tu ne peux rien y changer…

Est-ce facile pour toi de réécouter tes anciens disques ?

Non, mais c'est arrivé il n'y a pas longtemps : ma femme avait retrouvé des vieilles cassettes des deux premiers albums des Tindersticks, qu'elle a passées dans la voiture. Je les ai écoutées en entier, et je me suis dit : « Ok, maintenant je pige ce qui s'est passé.

As-tu éprouvé du plaisir en les réentendant ?

Oui… Ces deux premiers albums reflètent une époque où tout allait parfaitement bien… Pendant deux/trois ans c'était comme si on flottait, comme si la musique jaillissait de nous sans heurts, en toute liberté, sans prise de tête ni batailles d'ego. C'était un sentiment merveilleux, et c'est pourquoi ils sonnent de façon si spéciale…

Peux-tu nous en dire plus sur tes duos avec Lhasa et Maria McKee ?

Pour « This road is long » j'ai cherché pendant des mois quelqu'un qui pouvait la chanter comme je le désirais, c'était vraiment problématique… Puis un jour, alors que je me promenais dans les rayons d'un disquaire, je suis tombé sur un album de Maria McKee, et d'un coup j'ai su que j'avais trouvé la personne qu'il me fallait. En réécoutant sa musique, sa voix, tout s'est mis en place immédiatement, et c'est alors que je lui ai envoyé une maquette de la chanson. Elle m'a répondu directement, m'écrivant qu'elle adorait ce titre et qu'elle acceptait de chanter dessus. C'était comme un cadeau tombé du ciel !

D'où te vient cet amour pour les duos ?

J'ai toujours aimé cette formule. Elle se prête bien à ma manière d'écrire… Parce que j'aime bien écrire en partant d'un autre point de vue que le mien, comme si d'une certaine manière j'étais en conversation avec moi-même.

Pourrais-tu envisager un jour un duo avec un autre chanteur ?

(du tac au tac) : Oui, bien sûr. J'y ai souvent pensé, mais je n'ai pas encore trouvé la personne qui pourrait s'y prêter…

Si tu pouvais en choisir un, là…

Probablement Louis Armstrong, mais ça va être difficile ! De toute façon c'est la chanson qui détermine mon choix, pas l'interprète. C'est comme si tu devais absolument trouver la voix qui va avec, et pas une autre.

Showstar

Un point c'est tout!

Écrit par
Après trois ans d´absence, Showstar revient sous un nouveau line up et nous livre un nouvel album intitulé « . » (prononcez 'dot'). Le premier elpee, « We are ready » nous avait révélé l´énorme potentiel de leur son pop-rock. « . » confirme le talent du groupe hutois, qui continue brillamment sur sa lancée. A l´occasion de sa sortie, Musiczine a rencontré Christophe Danthinnes, sympathique chanteur et leader du groupe…

Votre nouvel album s´intitule « dot », c´est-à-dire 'point'. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Pour vous embêter…

Oui, mais encore…

Au début, c´était un détail graphique. On bossait sur le nouveau logo du groupe et ce point est sorti de notre imagination. Et quand on a commencé à chercher un titre pour l´album, on s´est dit qu´on avait la solution ! Il signifie tellement de choses et pas grand-chose à la fois…

Ce point est également au centre de votre nouveau site Internet…

Oui. Sur le site, mais aussi sur scène. Il y a un rappel de ce point ou plutôt de ce cube.

Vous aviez déclaré que l'enregistrement de votre précédent album « We are ready » avait été difficile. Avez-vous mieux vécu les sessions de « dot » ?

Le jour et la nuit ! Ici, les conditions étaient presque optimales parce qu´on a pris notre temps avec notre producteur (NDR : Gareth Parton, un personnage dont la carte de visite mentionne des collaborations, entre autres, pour Placebo, The Killers, the Pipettes…). Il est tout à fait charmant. Au niveau humain, l'expérience s´est donc extrêmement bien déroulée. Par rapport au premier enregistrement, on a vraiment pris du plaisir en studio.

Comment est née cette collaboration avec Gareth Parton ?

Par hasard… Au début, on ne cherchait pas vraiment de producteur. Mais le label a mis à notre disposition un budget pour cette tache. On a donc commencé à sonder. On ne voulait pas un nom pour un nom, mais quelqu´un qui tirerait le groupe vers le haut, amènerait un plus. On lui a envoyé nos démos et il a aimé.

Quel est le processus d'écriture de vos morceaux ? Qui fait quoi ?

L'idée de départ émane souvent d'un des deux guitaristes. Il apporte une mélodie de base. Et puis, les morceaux se construisent en les jouant au fur et à mesure. Les mélodies-chants et les textes viennent par après. C'est un peu différent du premier album quand une personne amenait 75% de la chanson.

Vous travaillez donc plus en équipe…

Oui. Il faut dire que l´équipe a changé.

Aujourd´hui, vous êtes cinq. J´imagine qu´il doit parfois y avoir des tensions entre vous…

Comme dans toute vie en groupe et en communauté. C´est ce qui en fait la difficulté et son charme. Il est important que chacun puisse amener ce qu'il représente. Dans la vie de tous les jours, ce n´est effectivement pas évident. Il y a parfois des tensions, c´est logique ! Mais je pense qu'elles permettent de faire avancer les choses aussi. Le plus intéressant, c´est qu'en prenant le temps de concocter ce disque, on a également pris le temps de se découvrir un peu plus.

J´ai été étonnée par la durée de l'album : 35 minutes. C'est assez court, non ?

Oui, mais il ne comporte que dix titres, c´est donc normal. En fait, au départ, sur toutes les chansons écrites, on en avait gardé une quinzaine. Mais on a décidé de ne sélectionner que les meilleures, de ne pas en laisser une pour 'faire nombre'. Il reste les dix chansons dont nous sommes convaincus à 100%.

Le premier morceau extrait de votre album « Mad about your sister » a été 'Fresh' sur Pure fm bien avant la sortie du cd. Que pensez-vous de cet engouement ?

Il faut remettre les choses à leur place. Il est vrai que pour un groupe comme nous, responsable d'un rock dit 'alternatif', Pure fm est la radio de référence. Maintenant, comme tout le monde le sait, ce n´est pas la radio la plus écoutée en Wallonie et à Bruxelles. Mais, bien évidemment, au niveau du public, ce soutien est très important. Il faut dire qu´à l'époque, Radio 21 nous avait déjà aidés. Pure fm continue. On leur a transmis l'album, ils ont accroché, tant mieux !

Les paroles de « Monster=you » et « Special gun » sont assez percutantes. Qui vous a inspiré celles-ci ?

La vie en général…

Pas une personne en particulier ?

Si une personne doit se sentir visée par ces textes, elle se reconnaîtra…

Un des morceaux de l´album parle de votre ami Dan ? Qui est-il ?

Ou qui sont-ils ? Il y en a peut-être plusieurs… Difficile de livrer les clés d´un morceau, surtout celui-là qui dégage une atmosphère très particulière, tranche avec ce qu´on avait l´habitude de faire. En fait, quand on commencé à écrire de nouvelles chansons, on a systématiquement enlevé celles qui ressemblaient trop à ce qu´on avait déjà proposé et on a essayé de prendre des voies susceptibles de surprendre. Au final, je pense que ce sont les morceaux les plus réussis. Ils sont très représentatifs du son particulier, de l'ambiance particulière souhaitée par Showstar aujourd'hui… Ils ne ressemblent à aucune chanson d'un autre groupe ! Mais, pour en revenir à ta question, ce titre parle de quelqu´un ou de plusieurs personnes en particulier. Il joue plus sur la fibre des choses vécues, des émotions, des rencontres.

Avez-vous l´impression que cet album est un renouvellement de Showstar ?

C´est un renouvellement et une continuité à la fois. Il recèle toujours des morceaux qui vont dans le même sens que le premier album, avec des guitares pop, et d´autres qui essaient de toucher d´autres rivages.

Au niveau du chant, sur certains morceaux, je trouve que ta voix se rapproche de celle de Liam Gallagher ou de Billy Corgan. Ces deux personnes ou plutôt les groupes dont ils sont leaders font-ils partie des influences de Showstar ?

En tout cas, ils en ont fait partie vu qu´ils datent des années 90 et que c´est l´époque où on prenait tous tout ce qui venait en musique. En fait, les exemples sont bien choisis parce qu´ils représentent les deux côtés de l´Atlantique. On nous a souvent reproché d´être trop 'anglais', mais nous avons aussi beaucoup d´influences issues des Etats-Unis. The Smashing Pumpkins est un exemple mais il y a aussi The Pixies, Nada Surf, Weezer… Quant au timbre de voix, je ne me force pas dans un sens ou dans un autre, je chante comme je peux !

Depuis le 30 août, vous avez accordé quelques concerts. Vous avez donc testé les morceaux de « dot » sur scène. Comment a réagi le public?

Jusqu´à présent, tout s´est très bien passé. Je pense que l´effet exercé par le public ou qu'il va exprimer en écoutant l'album se répercute aussi sur scène. La plupart des gens nous ont témoigné leur surprise, leur étonnement… mais dans le bon sens ! Ils ne s´attendaient pas spécialement à ce résultat. Mais nous avons travaillé dans ce sens, en amenant un plus sur scène ; notamment au niveau de l'aspect visuel. De l´attitude également. On apporte davantage que dans le passé !

Après la sortie de votre premier album, vous aviez donné énormément de concerts, en particulier lors des festivals. Ensuite, vous ne vous êtes plus produits sur scène pendant 3 ans. Ne vous a-t-elle pas manquée? 

Si. Mais c´est un choix délibéré. On a décidé de tout arrêter, de respirer un peu, et de laisser respirer le public également. Je peux comprendre que lorsque les mêmes groupes sont à l'affiche de tous les festivals, des concerts organisés dans n´importe quelle ville, le public est au bord de l'asphyxie. Ce choix était donc judicieux aussi bien pour lui que pour nous. D´un autre côté, il y a un danger lorsqu'on ne donne plus signe de vie pendant trois ans. L´eau coule sous vite les ponts et on risque fort de nous oublier. Mais comme aujourd´hui on propose quelque chose de différent et de surprenant, on n´a plus les repères précédents. Notamment lorsqu'on interprète les anciennes chansons. D'ailleurs, on ne les joue même plus.

Quel est votre meilleur souvenir scénique ?

En fait, on se souvient toujours des plus mauvais concerts! Mais ce n´est pas très intéressant. En réalité, les meilleurs souvenirs sont liés, non pas à un endroit ou au nom prestigieux de la salle, mais au public. Parfois, des choses se produisent, un lien virtuel se crée entre les gens et le groupe. Et lorsque le concert s´arrête, on se dit 'c´est déjà fini' ! Ce phénomène s´est produit plusieurs fois mais je serais incapable de te donner les dates ou les lieux exacts.

Y a-t-il un artiste musical en compagnie duquel vous rêveriez de travailler ?

Il faudrait que les autres membres du groupe soient présents pour répondre à cette question. Pour ma part, John Lennon.

Ca va être difficile…

C´est pour ça que je le dis, c´est moins casse-gueule (rires) !

En ce moment, on parle énormément du rock belge. On a un peu l´impression qu'il est devenu un phénomène de mode. L'estimez-vous plutôt positif ou plutôt négatif ?

Le danger des phénomènes de mode, c´est qu'ils disparaissent rapidement. Maintenant, nous n´avons pas l´impression d'appartenir à un phénomène. Il est clair que l´engouement manifesté par le public lors des concerts est plus conséquent aujourd'hui. Mais j´ai un peu l´impression que c´est de l´autocélébration. Vu de l´extérieur, on ne peut parler de phénomène de mode. Nous avons enregistré à Londres. Ce qui fait tout de suite réfléchir, remet les pieds sur terre. On se dit 'quel effet de mode' ?

Mais on peut quand même parler d´un effet de mode au niveau de la Wallonie…

Moi, je n´aime pas trop parler de 'rock belge'. On y englobe des choses tellement différentes. Déjà, le rock belge et le rock anglophone sont totalement différents. J´ai l'impression qu´on mélange tout et que l´on fait feu de tout bois. Nous, on n´a pas envie d'entendre, à l'étranger, le gens se dire en nous entendant : 'tiens, le nouveau groupe belge' ! On se fout de savoir si on vient de Durbuy, Bruxelles ou Charleroi. Tant que les gens apprécient. C´est pourquoi on essaie de rester en retrait par rapport à cette conjoncture.

Rêvez-vous d'une carrière internationale ?

Comme beaucoup de gens le savent, il est très difficile de vivre de la musique en Belgique. Ce n´est pas un reproche, c´est à cause de la taille du pays. Donc, la seule survie pour un groupe est de sortir de nos frontières. Il est donc nécessaire de dénicher des licences en France, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, en Espagne ou en Suisse. A partir de ce moment-là, on peut éventuellement envisager de vivre de notre art. Il ne faut pas toujours se plaindre, mais essayer de faire ce qu´on aime à fond et tant mieux si ça marche. Evidemment, on rêve d´aller jouer un peu partout. Quand on a 14 ans et qu´on voit les grands groupes de rock, on rêve de marcher sur leurs traces...

Et avez-vous des projets à l´étranger ?

On a transmis l´album tout azimuts et on a enregistré des retours assez positifs. Mais les réactions sont très lentes. Nous avons décroché un contact en France, un en Angleterre, un en Allemagne. On verra pour la suite…

Le clip de « Leave me alone », un des titres de votre précédent album, était une vraie réussite. En avez-vous d'autres en préparation ?

Dans notre tête, oui ! Maintenant, c´est une question d´argent. Cela va dépendre de beaucoup de choses. De nos sorties à l´étranger justement. Un clip, c´est bien mais si c´est uniquement pour le placer sur notre site Internet, je ne vois pas vraiment l'intérêt. Il faut un rapport entre l´investissement et ce que ça apporte en retour.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Concerts, concerts, concerts… et rencontrer des gens !

Asyl

Petits Cauchemars entre amis

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Oui, bien sûr, le jeu de mot est très facile mais manifestement, le groupe français Asyl, dont le premier véritable album (« Petits cauchemars entre amis ») sort le 12 mai, mérite une attention certaine. Pas que ce groupe soit terriblement révolutionnaire, mais au moins il est vrai, sincère, ouvert et ses références sortent de l'ordinaire aseptisé d'aujourd'hui. Vous leur parlez 'influences' et ils vous citent un tas de noms, des Sex Pistols à Berurier Noir, en passant par Das Ich, Strychnine, Taxi Girl, les Stranglers, Bauhaus, Joy Division ou encore Fugazi ainsi que la vague hard core new-yorkaise en général. Bref, ces quatre jeunes gars originaires de La Rochelle ont le rock – le vrai et au sens large! - dans la peau et ils le revendiquent! Nicolas Freidline, le guitariste, s'est fait le porte-parole de la formation

Nous sommes avant tout de vrais fans de musique. C'est pour ça qu'on est là et qu'on joue déjà ensemble depuis plus de dix ans. Quant on a commencé, en 95, on avait quatorze - quinze ans. En 97, le groupe était au complet et recensait les musiciens actuels. Depuis, on a tout vécu ensemble, par passion. On a toujours écouté beaucoup de musique et de tout. Mais il est clair qu'un groupe comme Nirvana a été une grande influence, tout comme les Pistols, la scène punk française, les sorties du label Sub Pop. Aujourd'hui, on a notre personnalité, mais on ne peut nier avoir été marqués par plein de groupes... 

Vous avez tourné pour une vingtaine de dates en compagnie des Stranglers. Un bon souvenir, probablement … 

On adore ce groupe en plus. Nous avons eu un très bon contact avec Jean-Jacques Burnel. On a aussi tourné en compagnie des Buzzcocks ; un vrai groupe mythique à nos yeux. Pour nous, côtoyer ces gens là valait plus que jouer avant Blink 182, qui sont pourtant plus actuels. 

Comme la majorité des groupes rock, vous avez écumé les bars et les petits festivals avant de prendre une dimension supérieure. Grâce à votre premier cd auto-produit, sorti il y a quatre ans ? 

Certainement, oui. Il nous a bien servi de carte de visite. On a pu jouer dans des festivals plus importants, rencontrer des gens qui nous ont aidés, signer sur un label (Because, distribué par Warner), en 2004, après avoir arrêté nos études pour nous consacrer uniquement à la musique. On a dû vivre, à cette époque, du RMI (revenu minimum d'insertion) ; mais on connaissait clairement quel était le but de notre vie. On a sorti un EP l'an dernier et puis ce fut l'enregistrement de l'album, à Londres sous la houlette d'Andy Gill.

Qui est le guitariste de Gang of Four et a produit des gens comme Killing Joke, les Red Hot, Jesus Lizard ou Boss Hog, pas mal… 

On a été super contents de bosser en sa compagnie. Surtout que c'est lui qui nous a contactés. En fait, il était intéressé de nous produire. La collaboration a été bonne, car la vision d'Andy est proche de la nôtre. 

Actuellement, vous tournez avec Indochine. On sait que Nicolas (Sirkis) apprécie donner un coup de pouce à des jeunes groupes, comme Daisy Box il y a peu… 

Au départ, on était potes avec sa femme, qui a accroché à notre musique. Par la suite, lui aussi est venu nous voir et a bien aimé ce qu'on faisait. Mais sa relation entre nous n'a rien de 'paternaliste' ; c'est uniquement de l'amitié. 

Vous semblez aimer les titres d'albums à consonance un brin énigmatique. Votre cd autoproduit s'intitulait « Maquillage, Substance et Modernité » ; l'EP paru l'an dernier, « Hiroshima Mis à Mort », et l'album qui vient de sortir « Petits Cauchemars Entre Amis ». Ces mots là ne sont pas associés par hasard… 

Non, c'est évident. « Petits cauchemars » est un clin d'œil au film « Petit Meurtre entre amis » (de Danny Boyle, le réalisateur de « Trainspotting »). C'est aussi un titre qui figure sur notre tout premier cd et qui correspond bien, selon nous, à certains textes du nouveau. On y parle de serial killer, d'amour pervers, ce genre de sujets qui ont inspiré Mathieu (Lescop, le chanteur). Mais je reconnais qu'on aime assez jouer avec les mots. 

Avec les références, aussi. Trois titres du nouveau cd sont intitulés « Zeppelin », « Pierres brûlantes » et « Generation ». Difficile de ne pas penser à Led Zep, aux Stones et aux Who… 

On revendique complètement notre culture rock et ces groupes là en font forcément partie, également. Mais nous ne sommes pas non plus braqués sur le passé. Notre démarche est quand même tout à fait contemporaine. 

Après votre tout récent passage à Liège, vous comptez revenir bientôt en Belgique pour y jouer ? Lors de l'un ou l'autre festival ? 

On ne demande pas mieux. On jouera partout là où on nous demandera de venir.  On apprécie être confrontés à un public qui nous découvre. Il y a six mois, on s'est produit à Prague et cela c'est super bien déroulé. Les gens avaient l'air contents ! Donc avis aux promoteurs, appelez nous ! 

Votre prochain projet ? 

On retourne bientôt à Londres pour enregistrer une version anglaise de « Je Sais (Tout de Vous) ».  Une nouvelle étape, peut être…

Tomàn

Un train d'enfer

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Drôle d'histoire : quatre garçons se rencontrent dans un train. Ils sympathisent, refont le monde et énumèrent leurs goûts musicaux. Pendant ce temps, la locomotive file à toute allure, traversant les paysages, chevauchant villes et prairies. A ce moment-là, les quatre garçons ne le savent pas encore, mais leurs échappées sonores seront à l'image de cette rencontre : spontanée, diversifiée et tortueuse. Généralement associé à la grande famille du post-rock, Tomàn n'adhère pourtant à aucun cadre réel. Sa musique s'égare dans des strates atmosphériques allant de la musique contemporaine à l'avant-garde. Un morceau de Tomàn ressemble à une commode. Chaque tiroir recèle son lot d'ingénieuses mélodies. A l'arrivée en gare, tous les tiroirs sont ouverts. Inutile de ranger.

Du côté francophone de la frontière linguistique, le public ne connaît pas encore Tomàn. Pouvez-vous retracer l'histoire du groupe, ses premiers pas dans la musique ? 

Deux d'entre nous (Bram et Wouter) se sont rencontrés à l'Université de Gand. Lode est le frère de Wouter. Pour compléter le quatuor, il ne manque que Jens. Nous l'avons rencontré dans le train. Nous parlions de musique. Jens est arrivé et a rejoint notre discussion. Il nous parlait de Joy Division, de la musique alternative. Cette rencontre nous a permis de parfaire notre éducation musicale. Jens nous a vraiment ouvert les yeux... Grâce à lui, Tomàn a évolué.

Votre musique est souvent comparée aux groupes de post-rock 'intelligents'. Nous pensons notamment aux Ecossais de Mogwai, aux Américains d'Explosions In The Sky ou encore, aux Canadiens de Godspeed You! Black Emperor. Qu'en pensez-vous ?

Ces groupes sont certainement des influences. Cependant, nous essayons d'échapper à ces comparaisons. A nos yeux, le post-rock est aujourd'hui coincé dans une impasse. Le genre n'évolue plus. Et, dans quelques années, il sera peut-être amené à disparaître. Tomàn souhaite découvrir de nouveaux horizons, esquisser des perspectives d'évolution. D'ailleurs, notre dernier album (« Perhaps We Should Have Smoked The Salmon First ») est moins rentre-dedans que le précédent (« Catching A Grizzly Bear, Lesson One »). Désormais, nos compositions sont plus fouillées, gagnant ainsi en profondeur et en mélancolie. Notre objectif, c'est de grandir.

Quel est le mode de fonctionnement privilégié par Tomàn ?

Le 'Do It Yourself'! Nous concevons notre musique de façon très artisanale. Nous sommes des perfectionnistes, nous cherchons à tout réaliser de nos propres mains. Cela ne présente que des avantages. Aussi, c'est Wouter qui a produit notre dernier album. La mise en place du site Internet est une conception maison. Nous concevons également nos affiches, nos t-shirts et trouvons des dates de concert.

Vos albums sont signés chez Zeal Records. Concrètement, que vous apporte cette structure ?

Une liberté totale ! Cette structure nous apporte aussi énormément de visibilité, grâce à un super travail de promotion. En fait, nous ne pouvions pas rêver mieux. Le label rencontre parfaitement notre mode de fonctionnement. Dans la mesure où notre travail est très artisanal, Zeal Records nous apporte l'encadrement dont nous avons besoin.

Votre premier album s'intitulait « Catching A Grizzly Bear, Lesson One ». Dans les notes du livret qui accompagnent votre nouveau disque, on trouve encore des anecdotes sur les grizzlys. D'où vous vient cette passion pour les ours ?

Le grizzly est gros et fort. En même temps, il s'agit d'un animal tellement vulnérable... Notre deuxième album fait référence au saumon, la nourriture favorite du grizzly. On retrouve donc un lien entre nos deux albums. En fait, nous n'étions pas enchantés par la qualité sonore de « Catching A Grizzly Bear, Lesson One », notre premier. C'est pour cette raison qu'on retrouve « Perhaps » dans l'intitulé de notre nouveau disque. Il s'agit d'un clin d'œil, d'une référence au précédent. En filigrane, on retrouve une interrogation : 'peut-être' aurions-nous dû le concevoir autrement ? Le saumon aurait dû venir avant son prédateur ! Le son de notre premier opus n'était pas satisfaisant... A nos yeux, ce deuxième essai est le premier véritablement abouti. En ce sens, les titres des deux s'inscrivent dans une certaine logique. Les nouvelles chansons ont été enregistrées dans un studio et Wouter s'est occupé du mixage. Cette fois, nous sommes vraiment satisfaits ! On ne rejette pas du tout notre premier, très bon d'ailleurs.

Du coup, dans le livret du nouvel album, vous étalez quelques amusantes anecdotes sur les différentes sortes de saumon. Doit-on y chercher une signification ?

Ces petites présentations animalières ont une signification pour nous. Mais nous préférons que le public se forge sa propre conception des choses. Chacun est libre d'interpréter nos petits saumons ! Pour la prochaine fois, on pense déjà aux albatros... (Rires)

Autre curiosité du livret : vos noms apparaissent par ordre de taille. Les musiciens de Tomàn apparaissent ainsi du plus grand au plus petit. Pourquoi ?

C'était une blague du moment... Nous sommes incapables de dire qui, de nous tous, est le plus important dans le groupe. Tomàn est un quatuor où chacun participe pleinement à l'aventure ! 

Le nouvel album vient juste de sortir. Comment le public réagit-il à l'écoute des nouvelles chansons ?

L'accueil du public est formidable ! Dans un premier temps, nous avons décidé de presser mille exemplaires de « Perhaps We Should Have Smoked The Salmon First ». Mais après trois semaines, il ne restait plus un seul disque de ce premier pressage... En moins d'un mois, c'est assez incroyable... Bientôt l'Ultratop ? (Rires)

Sur « Perhaps We Should Have Smoked The Salmon First », Tomàn ne change pas ses bonnes habitudes. Chaque morceau recèle d'une multitude d'astuces mélodiques. ? Quel est l'apport de chacun dans ce processus créatif ?

En réalité, nous sommes incapables de composer une chanson au sens restrictif du terme. Chez Tomàn, chacun pose sa pierre à l'édifice. L'un vient avec une mélodie, l'autre impose un rythme et, petit à petit, le morceau se construit. Nous enregistrons nos prises, les écoutons attentivement. Ensuite, nous conservons uniquement le meilleur, l'essentiel.  

Vos nouvelles compositions sont plus posées. Cette fois, votre univers gagne en profondeur et en mélancolie. Sur le disque, la batterie se veut plus discrète que par le passé. Est-ce une démarche volontaire de votre part ? 

Nous éprouvons énormément de plaisir à jouer une musique mélancolique. Encore une fois, nous voulions évoluer, grandir. Mais tous les ajustements que l'on peut entendre sur le nouvel album sont opérés de manière inconsciente. Tomàn doit encore mûrir. Et cela passe par une évolution de notre univers musical.

Minerale

Bain de jouvence

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Le nom de Minerale flotte dans l'air depuis quelques années. Dès lors, les rumeurs s'épanchaient comme l'eau coule sous les ponts. D'ici ou d'ailleurs, tout a été entendu. Certains évoquaient de lointains échos empruntés au Pink Floyd, d'autres parlaient davantage de Pavement. Aujourd'hui, les choses se précisent. « Shrines », le premier album de la formation bruxelloise, laisse entrevoir ses harmonies étincelantes. D'emblée, les chansons s'imposent, l'évidence mélodique s'applique. Aucun doute : Minerale, ça coule de source...

Flash-back. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre, vos premiers concerts et sur tous ces moments qui ont jalonné votre carrière ?

Notre premier concert officiel s'est déroulé à la Rotonde du Botanique. C'était en 2004. Avant cette première date, nous avions passé de longues et palpitantes années à jouer entre nous. On s'appelait tous les dimanches, on répétait. Comme ça, juste pour nous amuser. Un jour, on s'est rendu compte qu'on tenait de très bonnes choses. Nous avons donc décidé de souder les électrons fédérateurs de bonnes idées et de lancer Minerale. Après avoir enregistré deux démos, nous avons été sollicités pour jouer de nombreux concerts. Après une participation au Concours Circuit (lauréat du prix du public), le public a eu l'occasion de nous applaudir au Verdur Rock, en première partie d'Archive, au festival de Dour ou, encore, au Canada, où nous avons déjà eu la chance de jouer.

Pourquoi l'album sort-il seulement aujourd'hui ? Vu le nombre d'années d'expérience et le curriculum vitae, certaines formations se seraient empressées d'enregistrer un album. Mais pas vous...

Nous bossons sur notre album depuis moins d'un an. Nous sommes entrés en studio en janvier 2006. Depuis, nous n'étions pas apparus sur scène. C'était un choix délibéré. Nous voulions vraiment mettre toute notre énergie dans la réalisation de cet album. Nous y avons travaillé sept jours sur sept. Nous ne voulions en aucun cas nous griller en sortant un album de piètre facture. Le but était de produire un album à écouter de A à Z, un disque à écouter comme on parcourt un roman. Toutes les chansons de notre album se tiennent grâce à la mise en place d'un univers cohérent, puissant.

Aujourd'hui, « Shrines », votre premier album, est dans les bacs. Pourquoi avoir choisi le nom d'une de vos chansons comme intitulé du disque ?

A l'origine, on ne voulait pas de titre pour notre album. Finalement, notre choix s'est porté sur « Shrines ». Il s'explique surtout par le sens de ce mot. « Shrines » signifie mausolées, voire recueils de choses anciennes. Et puis, au lieu d'inventer un titre sortant de nulle part, nous avons opté pour le titre d'une de nos chansons. On se retrouvait bien à travers la signification de ce mot. En effet, nous jouons ensemble depuis plus de quatre ans. Et ce titre prend tout son sens quand on sait que nos chansons ont été rassemblées au fil des années. De ce point de vue, notre disque est donc bien une sorte de mausolée.

Avant la sortie officielle de l'album, le single « Eyes Eyes » tournait déjà en radio. Quelle était votre réaction en attendant votre morceau pour la première fois sur les ondes ?

Parfois, c'est encore un sentiment absurde. Le plus fou, c'était d'entendre ce morceau à des moments inattendus. On se disait : 'C'est nous qui passons à la radio là ?' C'est un peu absurde. D'un autre côté, grâce à ces passages en radio, quand nous jouons « Eyes Eyes » en concert, les gens chantent le refrain. Nous ne connaissions pas cet engouement avant de passer sur les ondes. On adore ça : c'est une sensation super jouissive !

Vos chansons franchissent sans mal la frontière linguistique de notre pays. Aussi, le titre « Millionaire » est-il diffusé sur les radios néerlandophones. Considérez-vous cette popularité comme un accomplissement ?

Un accomplissement, en quelque sorte... En fait, nous avons la chance de disposer d'un management néerlandophone. Nous cherchons vraiment à gommer les barrières linguistiques. Elles n'ont pas de sens ! Nous sommes Bruxellois et Belges avant tout. Nous allons tout faire pour jouer des dates en Flandre. Nos chansons passent en radio côté néerlandophone. Tant mieux ! Cette situation va permettre à certaines personnes de comprendre que les limitations territoriales n'ont pas de raison d'être. Notre album ne sonne pas bruxellois ou francophone. Notre musique se veut internationale. En résonnant de la sorte, il n'y a aucune raison pour que notre disque ne marche pas en Flandre.

Votre album s'ouvre au son d'un coup de tonnerre et d'une averse fracassante. Doit-on y trouver un message, une métaphore ?

On est Belge ou on ne l'est pas ! (Rires) Nous vivons en Belgique : il y pleut nonante pourcent du temps. Quand on joue de la musique, neuf fois sur dix, c'est sous la pluie. La première chanson s'intitule « In The Water ». La pluie et l'orage illustrent très bien ses paroles. La fin du morceau rappelle d'ailleurs le « Riders On The Storm » des Doors. Mais ce n'est en aucun cas un clin d'œil au groupe de Jim Morrison...

Vous êtes signés sur le label 62 TV. Sur votre album, la chanson « Razor Blade » lorgne même du côté de Girls In Hawaïï. S'agit-il d'un label de rêve pour Minerale ?

Nous adorons Girls In Hawaïï. Et il est certain que la ligne du refrain de « Razor Blade » évoque quelque peu l'univers des Girls In Hawaïï. Nous voulions vraiment rejoindre l'écurie 62 TV. Inconsciemment, cette envie s'explique très certainement par la présence des Girls In Hawaïï sur le label.

Trust (France)

Trust, plus antisocial que jamais

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Le plus célèbre groupe hard français se reforme ! Pour assurer la promo d'un album live et d'un DVD, six dates - seulement - ont été programmées dans l'Hexagone. Depuis la dissolution de Trust, Bernie Bonvoisin s'est essayé, parfois avec succès, à la chanson française, mais aussi au cinéma - l'excellent « Hiver 54 : l'abbé Pierre » - et à l'écriture de bouquins revendicatifs. Libre de certains engagements, et séduit par la proposition alléchante d'un promoteur français, le leader de Trust a rappelé ses anciens complices pour un unique concert qui s'est déroulé le 8 juillet dernier lors du festival de Bobital. Provoquant un raz-de-marée chez les fans de la première heure qui ont redécouvert sur scène un groupe dont les riffs acérés et les textes révoltés ont accompagné leur jeunesse.

De passage au Splendid de Lille, Bernie et son guitariste Nono nous ont décrit le contexte de cette reformation tout en évoquant quelques anecdotes. « Cela avait quelque chose de vertigineux de jouer devant autant de monde après autant de temps », confesse le chanteur. « L'alchimie entre nous était parfaite, et en plus, nous avons joué avant nos idoles Chuck Berry et Jerry Lee Lewis. Ce concert à Bobital a été le déclic. Nous nous sommes dit que c'était un peu bête d'avoir répété pour un seul concert, alors nous avons décidé de nous reformer pour quelques dates, avec la sortie de ce dvd en perspective ».

Les auteurs de l'‘Elite’, de ‘Bosser huit heures’ et de l'indémodable ‘Antisocial’ gardent des souvenirs amers d'une soirée pour le moins agitée en Belgique, un pays que les membres de Trust ont visité au début de leur carrière. « Je me souviens d'un concert que nous devions donner en 79 ou 80 dans une salle pourrie à Mouscron ». (NDLR : après recherches, il s'agissait en fait d'anciens locaux de l'Union Industrielle, sis au quartier Saint Piat de Tournai). « Nous sommes arrivés et rien ne fonctionnait. L'endroit était insalubre, des fils électriques pendaient de partout et le compteur était dans un état pitoyable. Impossible de jouer dans ces conditions. Nous avons donc décidé d'aller jouer au foot sur un parking aux alentours. La récréation a vite dégénéré et les flics nous ont embarqués. On a passé la nuit au poste ! ».

Malgré cette fâcheuse mésaventure, Bernie, authentique timide comme toutes 'les grandes gueules', dresse un portrait plutôt flatteur d'un pays dont il semble bien connaître certains de ses aspects culturels. « En Belgique il existe une ouverture d'esprit qu'on ne retrouve pas ailleurs. Vous avez une scène très riche au niveau musical, mais aussi sur le plan cinématographique. Il y a des concerts tout le temps, et les cinémas programment des films d'auteurs. Malheureusement nous ne jouerons pas en Belgique cette année, mais j'espère que les Belges se déplaceront à Lille. J'ai déjeuné récemment en compagnie de Benoît Poelvoorde, un type que j'adore. On aimerait bien bosser ensemble ! » En dépit de notre insistance, nous n'en saurons malheureusement pas plus sur l'éventuelle collaboration entre les deux fortes personnalités.

Le 13 décembre prochain, le public du Zénith retournera plus de vingt ans en arrière, à l'époque où les fans de rock français étaient partagés entre l'enthousiasme d'un Téléphone discipliné et la rage au ventre d'un Trust plus proche d'AC/DC que des Stones. « Nous jouerons nos classiques bien sûr, mais aussi quelques nouveaux titres qui apparaissent sur le CD et sur le DVD live. Et un hommage sera rendu à AC/DC. Je serai accompagné par Nono bien sûr, mais aussi par notre légendaire bassiste Vivi, le batteur Farid et le petit dernier, Easy Diop, un musicien noir qui apporte du groove à notre musique. Ce qui fait de Trust le groupe le plus multiculturel que je connaisse », se réjouit le chanteur dont la nouvelle devise est ‘Soulagez-vous dans les urnes’, titre du CD et du DVD disponible dans les bacs depuis quelques jours. Parmi les morceaux inédits, l'explicite ‘Sarkoland’ démontre à lui seul que le combo qui n'a jamais roulé pour aucun parti politique de l'Hexagone n'a rien perdu de son sens de la provocation.

 

Therapy?

Therapy ? en cure avantageuse : nouveau cd percutant !

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Quelle agréable sensation que de retrouver un groupe fétiche qui renoue, presque subitement, avec son meilleur niveau ! Au cours des dernières années, Andy Cairns et son Therapy ? étaient loin de proposer des albums proches, en qualité, du génial « Troublegum », sans aucun doute leur meilleur opus. A chaque fois, il manquait ce petit quelque chose, cet éclair de génie qui fait la différence. A moins d'être trop optimistes, nous pensons que ce niveau de qualité, celui de l'album phare de la discographie du groupe (750.000 exemplaires vendus, quand même, et ce sans démarche commerciale puante !), le trio irlandais vient de le retrouver par la voie d'un « One Cure Fits All » particulièrement percutant, lui aussi. Et, sincèrement, on s'en réjouit car, invariablement, Therapy ? est avant tout resté lui-même, même quand la 'magie' n'avait plus trop cours. Jamais le groupe n'a cherché à quitter sa voie, son parcours. A croire que celui-ci ne devait pas être linéaire. Sinon pourquoi après « Troublegum », fallait il pondre un successeur aussi différent que cet « Infernal Love » qui, probablement, marqua le déclin du trio ? Andy Cairns est, aujourd'hui, très optimiste. Pour son onzième album, Therapy ? a fait fort et, clairement, il le sait. Il manifeste pourtant sa confiance avec prudence et doigté. Récemment de passage à Bruxelles, il nous a expliqué…

Nous avons choisi de revenir à l'essentiel de notre musique : soigner les mélodies et l'impact de nos compositions ; c'est ce que nous avons eu envie de faire. « One Cure Fits All » est donc, prioritairement, habité de titres courts, nets et marquants. Nous n'avons pas compliqué la mécanique : juste livrer l'essentiel et aller droit au but ! Quand j'écoute le disque, je retrouve très bien notre état d'esprit !

Le cd est court aussi, il fait à peine une quarantaine de minutes…

Pour moi, cela n'est pas important. Pendant la phase d'enregistrement, qui n'a duré que deux semaines, nous avons mis en boîte dix-huit titres. Nous n'en avons finalement gardé que treize ; ceux qui nous paraissaient être véritablement indispensables. Notre credo était la qualité ; le nombre et la durée n'étaient pas des critères primordiaux.

Vous avez enregistré dans l'urgence où avez-vous œuvré l'esprit serein ?

Nous étions surtout très bien préparés. Avant d'entrer en studio, nous avions toutes ces compos très bien en main. On les avait déjà jouées à maintes reprises. Donc, les sessions d'enregistrement ont été très efficaces. On a capté chaque titre cinq ou six fois et on a gardé les meilleures prises. Mais on ne devait rien apprendre en enregistrant, c'est important.

Le choix du producteur de l'album est malgré tout assez étonnant. Pedro Ferriera a produit le « Permission To Land » de The Darkness. Ils n'évoluent pas vraiment dans le même registre que Therapy ?

C'est vrai mais, au décompte final, Pedro a fait ce qu'il fallait : il nous a laissé sortir de nous-mêmes ce qui y résidait au naturel. Nous avions cette hargne, cette dose d'énergie qui ne doit pas être canalisée. Et comme nous avions déjà très bien préparé nos compos, son travail s'en est trouvé simplifié. Toutefois, je tiens à préciser que c'est vraiment un bon producteur. La preuve : c'est lui qui nous a proposé de produire l'album. Il suit le groupe depuis longtemps déjà. On peut donc dire qu'il a du goût, c'est certain ! (il se marre).

Honnêtement, tu n'as jamais paniqué en voyant les ventes de disques du groupe dégringoler, au cours des dernières années?

On réalisait ce que nous pensions devoir concevoir. A partir de là, le reste est forcément aléatoire. Qui plus est, nos ventes d'albums sont croissantes depuis quelques temps. C'est vrai qu'on n'est plus au niveau de « Troublegum » mais, enfin, la courbe se dirige vers le haut. Tout ne va donc pas si mal.

Vous allez probablement reprendre la route très vite…

Dès à présent. Nous débutons dans quelques jours (comprenez le 6 mai), une série de concerts en Angleterre. Nous jouerons, dans la foulée, dans le reste de l'Europe. Nous sommes terriblement motivés et heureux de partir en tournée tant nous avons envie de jouer les compos de « One Cure » en live.

Le line up actuel du groupe (le même depuis trois ans) implique l'inévitable Michael (McKeegan, le bassiste) et le batteur Neil Cooper. Satisfait ?

Parfaitement. Pour moi, il peut rester inchangé le plus longtemps possible. C'est d'ailleurs la qualité, la cohésion actuelle du groupe qui a permis d'enregistrer un bon album. Nous nous trouvons les yeux fermés et nous nous comprenons très facilement. C'est essentiel.

Vous vous produisez dans quelques jours, à l'Ancienne Belgique de Bruxelles (le 17 mai). On vous retrouve par la suite pour l'un ou l'autre festival ?

Probablement, oui. Ce sera, en tout cas, le cas à l'Octopus festival. Et il n'est pas impossible qu'il y ait encore l'une ou l'autre date au programme. Le calendrier est occupé de s'élaborer.

 

The Kooks

La meilleure énergie...

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Responsable d'un premier et chouette album en début d'année (« Inside in/Inside out »), les Kooks ont le vent en poupe ! Non seulement ils appartiennent, tout comme The Subways et The Arctic Monkeys, à la nouvelle vague du rock britannique juvénile et insouciant, mais ils manifestent, sur les planches, une maturité assez étonnante pour des musiciens aussi jeunes (NDR : ils n'ont pas 20 ans !). La veille d'accorder des interviews, et réduite sous la forme d'un trio (NDR : Max, le bassiste, n'avait pas fait le déplacement), la formation avait accordé un showcase particulièrement convainquant à bord du Ric's Boat, Quai des Péniches à Bruxelles. Bien sûr, on y a rien vu ; mais on a tout entendu… Pour cet entretien, pas de Luke (le chanteur), mais bien Paul (le drummer) et Hugh (le guitariste). Pas un problème en soi, puisque les quatre membres du band se partagent aussi bien les compos de la musique que des lyrics. Mais, sa participation aurait sans doute permis de développer certaines questions que nos deux gaillards ont parfois laissées à l'état embryonnaire voire sans réponse. Ce qui ne les empêche pas d'être éminemment sympathiques…

Ainsi, le groupe a déclaré que les journaux et magazines étaient sous contrôle. Que lorsqu'ils lisaient des interviews, ils se demandaient si ce qui était relaté était vrai ou pas. Et pourquoi ce sujet ne pourrait pas faire l'objet d'une chanson ? Hugh répond : « Je pense qu'on a déformé nos propos. Nos griefs ne s'adressent pas aux journalistes, mais aux rédacteurs en chef (NDR : merci !) qui envoient leurs collaborateurs sur le terrain pour écrire des articles qui les arrangent bien. Les journalistes ne sont que des instruments (NDR : merci pour eux !) Et on coupe tellement dans leurs articles que le contenu finit par être totalement déformé. Ainsi il devient parfois impossible de se faire une opinion exacte de ce que l'interlocuteur a raconté. C'est une honte ! » Paul ajoute : « Les Stereophonics ont déjà écrit une chanson qui relate ce sujet 'Mr winter' ». A croire qu'ils sont paranos ! Ce qu'ils admettent. Et qu'ils traduisent à travers leurs lyrics. Dommage qu'ils ne se soient pas davantage épanchés sur le sujet… Ce qui nous aurait permis de savoir pourquoi ils pensent que pour une bonne info écrite à leur sujet, 10 sont erronées…

Pour enregistrer leur premier album (' Inside in/Inside out'), les Kooks ont bénéficié du concours de Tony Hoffer à la production. Un personnage dont la carte de visite mentionne la mise en forme d'albums de Supergrass et de Belle & Sebastian. Pourtant, à l'origine, c'était Paul Stacey qui avait été approché pour faire ce job. Paul a joué chez Oasis à leurs débuts (NDR : tout comme son frère d'ailleurs) et milite aujourd'hui au sein du super groupe The Syn (NDR : au sein duquel on retrouve les ex-Yes Chris Squire et Alan White). Mais finalement, la piste Stacey a été abandonnée. Hugh explique : « Nous avons enregistré une démo et un single sous sa houlette. Mais le résultat n'était pas concluant » Paul ajoute : « On peut même dire qu'il était totalement foireux. Les autres étaient démoralisés. Il n'y avait plus que le tour-manager (NDR : il s'appelle aussi Tony !) et moi-même pour y croire encore. Ils étaient presque prêts à tout abandonner. Mais nous sommes parvenus à les convaincre de nous tourner vers Hoffer. » Et il faut reconnaître que le résultat est allé au-delà de toutes les espérances. Hugh confirme : « Il  nous a énormément aidé. Il a joué un rôle fédérateur, parce qu'on partait tous azimuts. Il est parvenu à insuffler un sentiment d'unité à notre disque. Et puis à tirer le meilleur de nous-mêmes. D'ailleurs, pour le prochain album, nous comptons bien renouveler l'expérience… » L'opus a été concocté au sein des studios Konks de Ray Davies. Etonnant que l'ex leader des Kinks ne se soit pas manifesté pour donner de la voix sur l'une ou l'autre compo. Paul clarifie : « En fait, on lui avait demandé de venir faire les backing vocals sur ‘Jackie big tits’ ; mais on a pris trop de retard lors des sessions. Et le jour où il aurait dû nous rejoindre, il était parti en tournée… »

Tony (le tour-manager) a apparemment une influence positive sur le quatuor. Et il ne manque pas d'idées. Il envisage ainsi de faire tourner le groupe, dans le futur, en compagnie de vieux musiciens de blues. Un peu comme Jon Spencer a fait dans le passé. Et ce n'est pas un bobard. Mais Hugh remet les pendules à l'heure : « C'est un projet. Qui pourrait se matérialiser ultérieurement. Mais pour l'instant, priorité à notre tournée. C'est une bonne idée, parce que ce dans genre de démarche, tu n'es pas là pour entrer en compétition avec un groupe ou un artiste, mais pour opérer une fusion. Et puis, si on le fait, ce sera pour le fun… »

Le groupe a choisi pour patronyme le nom d'une chanson de Bowie, issue de l'album 'Hunky dory'. Un disque qui est sorti en 1971. Vu leur âge, les musiciens des Kooks ont dû fouiller dans les vinyles de leurs parents et écouter leurs conseils. Paul confesse : « C'est mon père qui m'a fait découvrir ce disque ! » Hugh embraie : « Luke m'en a fait une copie. Et c'est ainsi que je l'ai découvert. Et manifestement, il est génial. Le mixing est stupéfiant. La production est parfaite. C'est ce qu'on a voulu reproduire sur notre album. Capturer une atmosphère. Immortaliser 4 gars dans le rythme. Etreindre sans user de violence. Avec juste le chant, deux guitares, une basse, des drums et des backing vocaux. » Paul commente : « On ne doit quand même pas être les premiers à reproduire cette ambiance. A s'enregistrer 'live' en studio. A capturer la meilleure énergie ! Certains groupes ou artistes se concentrent uniquement sur le travail en studio. Ils respectent une structure. On pose la basse et la batterie. Puis on y ajoute la guitare, puis le chant. Parfois dans un ordre différent. Où est la passion ? Les morceaux sont joués, mais il n'y a pas d'esprit d'ensemble. Chacun joue sa partition sans se soucier de celle des autres. En général, ces gens-là, on ne les voit jamais en tournée. Ce n'est pas notre philosophie… » Hugh insiste : « Aujourd'hui, la tendance est de retourner aux sources. De faire comme on fait… »

Les musiciens du groupe avouent une multitude d'influences : depuis la pop au punk, en passant par le jazz, le blues, le reggae, la soul, le ska, le funk et j'en passe. Des noms ? Bowie, bien sûr. Et puis dans le désordre Police, les Beatles, le Clash, Dylan, le Velvet Underground, The Smiths, les Stones, les Doors, Manson et j'en passe. Paul est, en outre, un grand fan de reggae. Bob Marley et Peter Tosh en tête. Et de soul. Des classiques aussi : Stevie Wonder, Otis Redding et Marvin Gaye. Ironisant : « Pas pour rien qu'aujourd'hui, les standards de la soul sont utilisés pour servir de bande sonore aux spots publicitaires de la TV. » Ce qui explique sans doute pourquoi, lors de leur showcase accordé la veille, ils ont interprété ‘You make me crazy’ de Sammy Hagar, popularisé par le duo Gnarls/Barkley. Paul raconte : « En fait, nous l'avons jouée pour la première fois en direct sur Radio 1. Elle était alors n°1 dans les charts, et on nous a demandé d'interpréter une chanson de quelqu'un d'autre. C'était un peu la folie en studio… » Les Kooks n'en sont d'ailleurs pas à leur première cover. A leurs débuts, ils on ainsi joué le ‘Reptilia’ des Strokes. Paul précise : « En fait, nous ne l'avons reprise qu'une seule fois. C'est une bonne chanson d'un groupe qu'on apprécie tout particulièrement. Ce n'est pas une raison pour passer tout leur répertoire en revue. D'ailleurs aujourd'hui, nous avons suffisamment de compos personnelles pour commencer à jouer celles des autres. Mais bon, dans certaines circonstances, ça peut arriver… » Par contre il leur arrive de composer un morceau se référant à la chanson d'un autre artiste. A l'instar de ‘Eddie's gun’. Dont les lyrics font allusion d'une manière très humoristique aux pannes érectiles (NDR : ou d'éjaculation précoce) rencontrées par le jeunes de leur âge. Paul s'explique : « Cette compo parle du canon d'un fusil et on a choisi le nom Eddie à cause de la chanson de Cochran » (NDR : il imite le riff de guitare du célèbre 'C'mon everybody' de la voix).

Pour votre information sachez que le quatuor est établi à Brighton. Que Luke est originaire de Londres. Qu'ils ont tous un accent à couper au couteau (merci encore à Vincent et à mon enregistreur portable !). Que leur album sera disponible aux States en octobre. Et qu'ils se produiront le 7 novembre à l'Ancienne Belgique. Pas la peine d'essayer de vous procurer des places, le concert est déjà sold out. Pas de panique, les Kooks figurent à l'affiche du festival des Inrocks de cet automne. Ils joueront notamment à l'Aéronef de Lille, le 9 novembre prochain. En outre, vu le succès récolté par le groupe, d'autres dates devraient être programmées. Et puis vous pouvez toujours vous consoler avec l'acquisition de leur opus. Vous ne le regretterez pas ! 

Merci à Vincent Devos.

 

  

Lauren Hoffman

Les réjouissances mélancoliques

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Cheveux noirs, teint pâle, regard songeur, Lauren Hoffman tient la déprime en otage. Normal. A 17 ans, elle s'était fait voler la vedette par la jeune Fiona Apple. Depuis, son monde s'est renversé. Aujourd'hui, elle cherche à le retrouver. Et tous les chemins sont bons pour se refaire une santé. Le moral de Lauren au beau fixe, nous profitons d'une éclaircie dans ce regard noir pour lui poser quelques questions sur sa carrière, sur « Choreography », son dernier album. L'art d'écrire la danse se chante ici. A l'ombre des jours heureux.

Tu as commencé la musique très jeune, à l'âge de 17 ans. Quelles sont les principales difficultés rencontrées par un artiste qui commence aussi jeune ?

Pour moi, la plus grosse difficulté résidait essentiellement dans ma propre approche des choses. A l'époque, je me cherchais vraiment. Ma personnalité peinait à éclore. Parallèlement, il y avait de plus en plus de personnes qui me prêtaient attention. Cette confrontation entre la quête de ma personnalité et la sollicitude du public ne m'a pas été très favorable. Cependant, avec du recul, je pense que la clef de cette situation est davantage à chercher dans un manque de maturité.

A cet âge-là, est-ce que l'on se lance dans la musique de son plein gré ? Etait-ce ta seule volonté ?

Je dois reconnaître que mon père m'a beaucoup soutenue. A l'époque, il travaillait dans l'industrie musicale. Mais ce n'était en aucun cas son choix. La décision finale m'est revenue. Choisir d'embrasser une carrière de chanteuse n'est pas évident... surtout à 17 ans. Cependant, on peut dire que mon entourage m'a encouragée à écrire des chansons, à jouer de la musique.

Dans tes différentes biographies, on peut lire que tu étais une grande amie de Jeff Buckley. De quelle nature était votre relation ?

Une connexion très puissante existait entre nos deux personnalités. Certaines analogies de l'existence nous ont réunis. Je ne venait de nulle part et me retrouvais finalement signée sur un gros label (NDR : Virgin Records). Pour sa part, il était quasiment inconnu. Puis, soudainement, il a accédé au rang de star incontournable. Chaque fois que nous nous sommes vus, l'entente était parfaite. Mais il était si souvent sur la route... Notre relation n'en était pas moins solide. C'était mental, presque spirituel... A sa mort, une part de moi a également disparu...

Depuis 1997, tu n'as composé que trois albums : « Megiddo » en 1997, « From the Blue House » en 1999 et, sept ans plus tard, nous découvrons enfin « Choreography ». Comment expliques-tu ton retour après une absence aussi longue ?

Personnellement, je n'ai pas vraiment d'explication. C'est l'ordre naturel des choses. Et puis, quand on y pense, trois albums en dix ans, c'est exactement le même cheminement que celui de Fiona Apple. Alors quoi ? En quoi ce temps d'attente entre mes disques serait-il trop long ? Je peux vous affirmer qu'il ne s'agit pas d'une stratégie commerciale ! Après mon deuxième album, j'ai vécu une année complète de dépression nerveuse. Après cet épisode tragique, j'ai passé deux années à l'université. Suite  à ce passage studieux, j'ai pris mon temps pour réfléchir, envisager des perspectives d'avenir. Pendant deux ans, j'ai composé, écrit de nouvelles chansons et cherché les meilleures façons d'aborder et de penser ma musique. Je me suis alors concentrée sur l'enregistrement de « Choreography ». Pendant un an, j'ai enregistré, réenregistré pour, enfin, arriver au résultat final. Après cela, j'ai démarché auprès de différents labels... Et nous y voilà : sept ans d'absence !

Ton nouvel album s'intitule donc « Choreography ». Quel est son sens profond ? Est-ce un clin d'œil à ces sept ans d'absence ?

La signification du titre de mon nouvel album n'a pas de lien direct avec cette absence prolongée. « Choreography » a un sens un peu obscur, difficilement saisissable à premier abord. Une des raisons d'être de ce titre repose dans sa prononciation : « Choreography », ça sonne comme « Pornography », mon album préféré de Cure. Plus largement, il s'agit d'un hommage à mon passage à l'université. Là-bas, j'ai étudié la danse, les chorégraphies et toutes ces choses qui m'ont donné l'envie de poursuivre et d'enregistrer ce nouvel album, d'être une artiste au sens noble du terme. Pour moi, « Choreography » est un mouvement dans l'espace. Je considère que c'est la même chose pour mes chansons. En appelant ce disque « Choreography », je révèle donc une part substantielle de mon univers musical.

Ton album est signé chez Fargo, un label parisien. Comment expliquer cette signature sur un label français ?

Ils ont toujours apprécié mon travail. Et, pour ma part, je suis toujours heureuse de venir présenter mes chansons en Europe. En ce sens, on peut affirmer que cette décision est naturelle. J'avais déjà entendu parler du label auparavant. Lors de précédents voyages en France, certaines personnes me disaient qu'il s'agissait d'un excellent label. Alors, quand ils sont venus me trouver en me demandant de signer mon disque chez eux... Je n'ai pas hésité !

Ton nouvel album s'ouvre sur « Broken ». Pourquoi as-tu choisi cette chanson d'ouverture comme single ? L'entrée en matière commence ainsi par un tube. Est-ce un choix conscient ?

En réalité, ce n'est pas un single ! Cette chanson est très populaire sur ma page My Space. Pour l'instant, je peine à faire sortir mon disque aux Etats-Unis. L'album vient de paraître en Europe par l'entremise de Fargo. Donc, aux Etats-Unis, il n'y a pas d'album et par conséquent, aucun single. Ici, en Europe, je ne pense pas qu'ils vont sortir un single en particulier. Mais, au final, cette décision revient au label. Les gens qui y travaillent savent ce que les gens aiment.

La plupart de tes chansons sont empreintes d'une mélancolie tenace. As-tu l'impression d'être mélancolique ?

C'est naturel d'être heureux et malheureux de façon équivalente. En fait, il existe des choses merveilleuses dans les moments les plus tristes de l'existence. C'est très paradoxal, mais parfois, je ressens une joie profonde d'être malheureuse. Cela me permet de découvrir des émotions profondes, très intenses.