Manu Chao célèbre l’autre…

Manu Chao, l'icône de la scène musicale mondiale, revient sur le devant de la scène en sortant un nouveau single baptisé "Viva tu". Après plusieurs années d'absence médiatique volontaire, l’artiste nous offre un avant-goût de son prochain opus tant attendu.…

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Alice Cooper - Bospop 202...
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Jean-Louis Murat

Il vaut mieux jouir ici-bas...

A peine son nouvel album dans les bacs (" Le Moujik et sa femme "), l'Auvergnat était déjà de passage chez nous. Pas étonnant quand on sait qu'il ne fait que de " bons concerts ici " (c'est lui qui le dit) et parce que, disons-le, le public belge lui a toujours réservé un formidable accueil. Pourtant, la salle n'est pas remplie : sans doute que les gens préfèrent d'abord savourer l'album à la maison, et surtout, aimeraient bien le connaître avant de le voir défendu sur scène. C'est vrai que les nouvelles compos, aussi réussies soient-elles, n'ont pas encore eu le temps de s'installer dans nos oreilles et nos mémoires : qu'à cela ne tienne, c'est avec joie que les fans accueillent le chanteur, toujours un peu penaud mais diablement charmant (ce sont les filles qui le disent). Tout le " Moujik " sera passé en revue, sauf la chanson d'ouverture (L'amour qui passe) : un Hombre déchaîné, une Libellule qui nous aura appris qu' " il vaut mieux jouir ici-bas " (repris par tous), un superbe Monde intérieur où il fait bon vivre, un Baby Carni Bird ponctué par les " kootchie ! " enflammés du public, plein de dadas (et de kékés) en herbe… Accompagné de Fred Jimenez à la basse (d'A.S. Dragon) et de Jean-Marc Buffy à la batterie (PJ Harvey), Jean-Louis Murat rigole, lâche quelques vannes, mais se calme dès qu'il empoigne sa guitare ou s'assied au piano. Après quelques titres de " Mustango " (Polly Jean, Mustang, Au Mont Sans-Souci,…) et deux inédits longuets, l'Auvergnat s'en va, laissant derrière lui un public charmé. " Il vaut mieux jouir ici-bas ", disait-il… Il ne croyait pas si bien dire !

Antipop Consortium

Les chevaliers de l'apocalypse hip hop ont préféré se la rapper douce...

On l'a déjà dit : leur hip-hop synthétique, en crise permanente d'épilepsie électronique, déroge à toutes les règles établies par MTV et le music business, cette industrie qui préfère les poufs gonflées à l'hélium et les rappers aux tablettes de chocolat que les vrais défricheurs, ceux qui bousculent les conventions, malmènent les gros clichés. En mixant allègrement opéra, musique concrète et soul millésimée, Antipop Consortium invente un rap hybride, mille-feuilles, absorbant toutes les influences pour mieux les malaxer et, par là, leur rendre hommage. Fini les chapelles, les guéguerres de petites frappes, les batailles à coup de dollars et de poupées gonflables : Antipop consortium nous livre sa recette miracle pour transformer la soupe R'n'B en mets d'esthète. "Arrhythmia" étonnera donc les fans de P. Diddy par ses parti-pris casse-gueule (de l'opéra, pensez donc !), mais ne décevra pas les amateurs de musiques de traverse, ceux qui ne voient pas d'inconvénients à écouter du rap sur Warp (ou vice-versa) - un rap où les platines ont été remplacées par des machines, les "bitches" par des bips bips pas chiches.

Tout semblait donc bien parti pour que ce concert à l'AB soit une énorme claque, une expérience déconcertante mais jamais fatigante. Seuls quelques séquenceurs, laptops et boîtes à rythmes occupent le milieu de la scène, preuves supplémentaires qu'Antipop Consortium n'est pas un groupe de rap comme les autres. A l'arrivée des quatre MC's bidouilleurs, les esprits s'échauffent, tandis que retentissent les premiers (break)beats d'un concert qui, finalement, se révèlera moins passionnant que prévu. C'est que leurs morceaux passent difficilement l'épreuve de la scène… Leur structure, ouverte et malléable, se révélait pourtant un terrain propice aux expérimentations live les plus folles : pas de chance, les quatre chevaliers de l'apocalypse hip hop préfèrent se la rapper douce, sans extravagances ni prise de risque. Après une heure de prestation en flow libre mais sans grande surprise, le public semble assez déçu, persuadé que les New-Yorkais ont raté le coche. Il n'a pas tout à fait tort.

 

Belle & Sebastian

Un groupe profondément attachant...

Depuis leur passage remarqué au Botanique, il y a environ quatre ans, les charmants Ecossais de Belle and Sebastian n'étaient plus jamais revenus fouler les scènes de notre plat pays. Selon Stuart Murdoch, le chanteur à la voix d'ange mais aux idées noires, ce concert-là n'était pas à retenir dans les annales du rock… " Nous essayerons de mieux jouer cette fois-ci ", lance-t-il goguenard aux fans venus nombreux en cette fin de journée printanière pour déguster ses chères ritournelles folk-pop. Mais quoi qu'il dise, on ne le croit pas : ce concert, il y a quatre ans, était fiévreux et onctueux, et l'on croise les doigts pour qu'encore une fois, lui et ses amis nous emmènent dans leur petit monde chéri, où les délicats Simon and Garfunkel (pour les mélodies) jouent à la marelle avec Stephen Jones (pour l'ironie) et Leonard Cohen (pour la poésie). Venus spécialement pour promouvoir leur nouvel album (bientôt dans les bacs) et la BO de " Storytelling " (qu'ils ont composée), les douze (ou treize ?) membres du groupe ont tout l'air d'un groupuscule néo-hippie, les chemises à fleur en moins : en parfaite symbiose pendant tout le concert, ils n'auront de cesse d'échanger leurs instruments, comme on se passe un joint. L'atmosphère est d'ailleurs des plus bucoliques, et les mélodies chantées à bout de voix par Stuart et sa jolie copine semblent parfaites pour les veillées autour du feu… Mais attention : derrière ses complaintes baba susurrées d'une voix presque enfantine et ces minois charmants se cachent des petits malins qui jouent avec nos nerfs, plus proches de songwriters comme Randy Newman que de la Kelly Family. Car en se penchant sur les paroles de leurs chansons soi-disant guillerettes, l'auditeur attentif trouvera des thèmes souvent pessimistes, voire glauques. Belle and Sebastian n'est donc pas un groupe pour midinettes, mais plutôt le moyen idéal de refouler ses pulsions négatives dans une musique apparemment inoffensive : en d'autres termes, celui qui dit encore une fois que c'est de la musique de tapette a mon poing dans sa figure.

A part ça, le concert privilégia dans sa première partie de nouvelles compositions, dont une très flamenco. Puis les tubes s'enchaînèrent, de " Dog On Wheels " à " Sleep The Clock Around " en passant par " The Fox In The Snow ". En une heure et demie, Belle and Sebastian a prouvé, encore une fois, qu'il était un grand groupe, peut-être pas assez aventurier (c'est finalement toujours à peu près la même recette) mais profondément attachant.

 

Ian Brown

Ian Brown nous a enlevé le dessert de la bouche!

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Suivant sa (bonne ?) mauvaise habitude Ian Brown est monté sur les planches avec un retard plus que certain. M'enfin, il n'était quand même que 9h10, lorsqu'il a entamé son set. Faut dire que pendant les 40 minutes d'attente (NDR : il n'y avait pas de supporting act), il a fallu se farcir des vieux disques de Genesis, qu'on entend plus que chez Marc Isaye. Une chose est sûre, le band de Brown dispose d'un matos d'enfer qui occupe toute la scène de l'Orangerie. Enfin, le combo arrive. Ian salue la foule. Il est vêtu de son anorak baggy. Un vêtement qu'il ôtera après deux chansons pour arborer un superbe t-shirt à l'effigie de Beethoven. Mais ce qui frappe tout d'abord, ce sont ses musiciens. D'abord le percussionniste, que Ian surnomme Mr Goldfinger. Probablement un Indien ou un Pakistanais. Enrubanné, vêtu d'une longue robe blanche, on le croirait sorti tout droit du film " La lampe d'Aladin ". Et ce qui ne gâte rien, il est vraiment brillant tout en virevoltant au beau milieu d'une panoplie impressionnante de percus. Le guitariste, ensuite. Il porte à la main droite des bagues, sur lesquelles des lasers ont été adaptés. Et comme sa guitare clignote comme un sapin de Noël, il incarne un light show à lui tout seul. Le drummer joue constamment un écouteur hi-fi sur les oreilles, tandis que le claviériste supervise le tout d'un portable high tech. Plus sobre, mais terriblement efficace, le bassiste donne l'assise du groove, même si sur le morceau d'ouverture, il joue d'un clavier miniature. Ian Brown n'a pas une voix exceptionnelle, mais c'est un showman charismatique; et il peut compter aujourd'hui sur un groupe particulièrement solide. Son caractère a beaucoup changé. Il accorde des autographes entre les morceaux, se laisse photographier, sourit (parfois) et remercie le public. Il offre même un t-shirt à une admiratrice qui s'était approché de la scène. En outre, il parvient à adapter son timbre vocal à la musique, par la technique de la réverbération. Le concert commence sur un mid tempo, passe ensuite au dub, avant de nous entraîner dans la house mancunienne. A partir de cet instant la fièvre commence à monter et la magie house à produire ses effets. Le public ne peut plus rester en place et se met à danser, comme s'il commençait à entrer en transe. Les percus vous envahissent. Le groove est irrésistible. De temps à autre Ian imite l'attitude d'un adepte du bodybuilding, à laquelle le public répond par les mêmes gestes. Mais alors que nous étions prêts à vivre un des meilleurs moments de l'année 2002, la formation s'est retirée. Juste le temps de saluer et nada ! 50 minutes, pas de rappel, nonobstant les clameurs du public. Frustrant ! Un peu comme si on nous avait enlevé le dessert de la bouche. M'enfin, il est vrai que cette attitude était déjà celle des Stone Roses. Faut croire que Ian veut entretenir un certain mythe…

Interpol

Hanté par les fantômes de Chameleons, Joy Division et même des Smiths...

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Girls Against Boys et Interpol partageaient donc l'affiche de l'Aéronef ce mardi 12 novembre. Si à l'origine, Interpol devait se produire en première partie, c'est avec beaucoup de sagesse que les rôles ont été inversés, cette dernière formation rencontrant déjà, nonobstant une moins grande expérience, davantage de succès Outre-Quiévrain. Faut dire que leur dernier album " Turn on the bright eyes " a réveillé, au fond des âmes, le spectre de Ian Curtis et de Joy Division. Et la cold wave fait apparemment encore recette en France. Maintenant, il est vrai que sans être particulièrement novateur, cet opus véhicule de bonnes vibrations. Ne connaissant pas suffisamment Girls Against Boys, je ne me risquerai donc pas à réaliser une review sur leur prestation. Grégory s'en est chargé lors de leur passage à l'AB de Bruxelles.

Eclairé par un light show à dominante rouge, la plupart les musiciens d'Interpol montent sur scène, sapés dans des costards à la fois, seyants, étroits et élégants. Seul le basiste Carlos, a opté pour un look dandy new wave. Même le claviériste qui les accompagne pour la tournée, tout vêtu de noir, se fond dans l'ensemble. Faut croire que les démarrages des concerts sont pour l'instant laborieux, puisqu'il a fallu cinq ou six chansons avant que la formation new-yorkaise ne parvienne à sortir du carcan de son album. Même le riff de guitare, destiné à ouvrir chaque refrain, manquait singulièrement de pêche. Mais progressivement toutes ces imperfections se sont dissipées, pour faire place à un véritable envoûtement. Pourtant, si la belle frimousse du chanteur (Paul Banks), attire tous les regards des filles, pendant que Daniel Kessler et Carlos D semblent plongés dans leur trip, le métronome du set n'est autre que le drummer Sam Fogarino. Son jeu tribal tout en souplesse et en dextérité permet aux autres musiciens de se libérer. Tout au long de ce concert, les fantômes de Chameleons, de Joy Division et même des Smiths vont me traverser l'esprit ; mais sans jamais me communiquer le vague à l'âme. Au contraire! D'autant plus que les musiciens, qui clôturaient leur tournée dans la métropole, étaient de très bonne humeur. Avec deux rappels à la clef, ponctués d'une distribution généreuse de sticks de drums assurée par Sam, on pouvait retourner chez soi l'âme en paix, sans même penser à Ian Curtis. Et pour cause, le public venait de succomber au charme d'une étoile qui vient à peine de naître…

Sonic Youth

Comme à la plus belle époque de Grateful Dead...

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L'Aéronef de Lille était plein comme un œuf pour accueillir le concert du mythe avant-gardiste new-yorkais. Une jolie performance, compte tenu du style musical particulièrement alternatif pratiqué par cette formation. Un concert qui s'inscrivait dans le cadre d'une tournée mondiale, destinée à promotionner leur nouvel album, « Murray street ». N'ayant, à cette époque, pas encore eu le loisir d'entendre ou d'écouter leurs nouvelles compositions, c'est avec une certaine appréhension (NDR : et des boules quiès !) que je me suis rendu à ce spectacle. En effet, la dernière fois que je les avais vus se produire en public, mes oreilles étaient en compote, tant le volume sonore était élevé. Elles ont même dû bourdonner pendant deux jours !

Première constatation : lorsque Sonic Youth monte sur scène, ils ne sont plus quatre, mais cinq. Jim O'Rourke (NDR : qui a également participé à l'enregistrement de leur nouvel opus), les accompagne pour leur périple mondial (NDR : il se chuchote même qu'il deviendrait leur cinquième membre). Deuxième constatation, le quintet projette sur grand écran, placé derrière le matos, le film de leur prestation, mais vu de dos. Troisième constatation les fans, particulièrement enthousiastes, sont venus en nombre ! (NDR : j'ignorais qu'il en existait tant !) Et enfin, dernière constatation : le volume sonore est parfaitement équilibré, ni trop faible, ni assourdissant. De quoi être rassuré. Mais venons-en au set

Jim O' Rourke joue également de la guitare (enfin, la plupart du temps), ce qui fait trois guitaristes (Moore/Ranaldo/O'Rourke) sur scène. Et à contrario de ce qu'on pourrait penser, la musique de S.Y. n'a rien d'un mur d'électricité. Les trois six cordes se conjuguent comme à la plus belle époque de Grateful Dead. Les subtilités et les nuances des sonorités psychédéliques serpentent au beau milieu des mélodies contagieuses, que chante tout à tour Kim Gordon et Thurston Moore, pendant que Steve Shelley martèle ses peaux. La formation va ainsi jouer la quasi intégralité de son nouvel album. Depuis le bringuebalant « Rain on tin », au 'mybloodyvalentinesque' « Sympathy for the strawberry », en passant par le tribal, 'pjharveysque' « Plastic sun » et le garage « Disconnection notice ». Un répertoire entrecoupé de classiques judicieusement choisis. Parmi lesquels on aura le grand plaisir de savourer « Bull in heathen », « Eric's trip », « Cotton crown », ainsi que l'incantatoire « Kissabiliy ». S.Y. accordera même deux rappels, au cours duquel le sauvage et enlevé « Kool thing », ponctuera ce set de toute beauté.

The Libertines

C'était vraiment bien, mais on n'a pas vu grand-chose?

‘La’ café-théâtre : une mauvaise idée comme salle de concert. L'Orangerie et la Rotonde ayant été réservées pour le festival du cinéma méditerranéen, il aura fallu se contenter de ce sous-sol certes joli, mais à l'acoustique minable, sans parler de ces énormes colonnes qui obstruent toute vision. En un mot : on an entendu (mal), et on a rien vu. The Libertines, donc : le groupe de rock'n'roll anglais qu'on attendait depuis que Liam et Noël d'Oasis ont arrêté de faire de la bonne musique. Bref, un bail. Leur album, « Up The Brackets », est, de fait, une petite bombe de rock juvénile, qui sent le stupre, l'alcool et la sueur. Le genre de disque qui vous met une pêche d'enfer, quelle que soit l'heure de la journée, grâce à quelques mélodies bien troussées, des riffs un peu crétins et de l'attitude, cette étincelle dans les yeux qui manquent cruellement à la plupart des groupes de rock actuels. En à peine trois-quarts d'heure, les quatre Anglais (Liverpool, le come-back) auront mis le feu à l'assemblée, du moins aux trois premiers rangs (les seuls qui voyaient quelque chose), et ce malgré le son moyen. Un petit rappel après 10 minutes de pause et les lumières allumées, et puis une virée dans les loges pour quelques happy few bien contents de pouvoir fumer un pétard avec leurs nouvelles idoles. Manque plus que le sexe, et on l'a, cette bonne vieille sacro-sainte trilogie qui fait tant défaut à Moby, Garou et Georges-Alain de la Star'Ac !



John Parish

Tout simplement envoûtant...

Le Bristolien John Parish aime la Belgique, et il lui rend bien : bande originale du film Rosie de Patrice Toye,  production du « Put Us In Tune » du groupe gantois Thou, admirateur de dEUS et de Zita Swoon… L'AB ne pouvait donc que lui rendre un vibrant hommage, en l'invitant à jouer live son dernier album, « How Animals Move », mais aussi en programmant les groupes avec lesquels il a travaillé, à la console : Thou et Morning Star.

La soirée débuta au club avec la projection du film « Rosie », film flamand… sans sous-titres. Qu'à cela ne tienne, l'intrigue ne fût pas difficile à comprendre, d'autant plus que la musique de Parish était là pour nous guider, belle et violente, comme la petite Rosie du film (Aranka Coppens). C'est à Jesse D. Vernon de Morning Star qu'il incomba la dure tâche de nous réveiller, après 1h30 d'une histoire à dormir debout. En solo pour l'occasion, il ouvrit les festivités dans la grande salle (en configuration assise) avec quelques morceaux de « My Place In The Dust », joués à quatre mains et quatre pieds (pour les pédales d'effets, les samplers, la batterie et la trompette) dans une atmosphère déjà plombée.

Et ce n'est pas Sue Garner et sa country désossée qui arrangeront nos bidons : difficile d'être convaincu par les compos folk de la belle, leur interprétation requérant sans doute un vrai groupe… et de vrais fans. Son dernier album, « Shadyside », sur lequel on retrouve Marc Ribot et Jim O'Rourke, s'avère pourtant fort attachant : à écouter d'abord à la maison, si l'on aime Patti Smith, Patsy Cline et Lambchop.

Mais voilà déjà que John Parish et ses musiciens (guitares, trompette, batterie, sampler, piano) montent sur scène. « Nous allons jouer des morceaux de « How Animals Move » et de « Rosie », déclare John Parish, affublé d'un T-shirt Giant Sand. C'est parti pour une bonne heure de musique envoûtante, entre ambiances cinématographiques, post-rock langoureux et country-folk de chambre (noire). Les musiciens qui accompagnent notre homme connaissent leur leçon : le son est excellent, et les morceaux s'enchaînent rapidement, sans bla-bla. Tammy Payne, la batteuse, et Aaron Dewey, le trompettiste, iront même jusqu'à pousser le chant sur « Pretty Baby » et « Stable Life », l'air appliqués mais avec brio. Ajoutez à ces chansons superbes des instrumentaux imparables, qui commencent doucement et finissent en déluge de riffs et de samples, mais sans que Parish et ses musiciens ne lâchent jamais la bride, et vous avez là un concert fort réussi.

Pour clore cette soirée, Thou présenta son dernier né, « Elvis Or Betty Boop », au club : entre pop à grosses guitares, frime rock'n'roll et gentilles bluettes en mid-tempo électro, Thou aura laissé de marbre. N'est pas Soulwax ou dEUS qui veut.

 

 

Girls Against Boys

Des souvenirs, il ne faut garder que les meilleurs...

Les New-yorkais de Girls Against Boys ont sorti un excellent album cette année : « You Cant Fight What You Can't See ». C'était donc le moment pour eux de revenir sur le devant de la scène. Faut dire qu'après la débâcle de « Freak*On*Ica » et les changements de labels, beaucoup de groupes se seraient cassé les dents. Pas Girls Against Boys. Scott McCloud reste d'ailleurs ce chanteur exceptionnel, à le voix grave et sexy, entouré d'un duo de bassistes (Johnny Temple et Eli Janney) toujours aussi percutant. C'est ça, Girls Against Boys : des basses qui vous vrillent le ventre, une voix qui vous charme, des refrains qui balancent. Encore une fois, le groupe fera l'impasse sur la période « Freak… », sans doute un trop mauvais souvenir (pensez donc : un groupe indie sur une major !), pour privilégier les intouchables « Cruise Yourself » et « House Of GVSB ». De « Kill The Six Player », classique indétrônable, à « The KindaMzkYouLike », Girls Against Boys revisitera toute sa carrière avec plaisir, allant même jusqu'à reprendre, furieusement, « She's Lost Control » de Joy Division. Après deux rappels, c'est avec « Let It Breathe », chanson « douce » qui clôture le dernier album, que les New-Yorkais disparaîtront, satisfaits. Nous aussi, même s'il est clair que la grande époque, celle des trois premiers albums, semble quand même bel et bien révolue.

The Cinematic Orchestra

Rarement jazz et électronique n'auront fait si bon ménage...

Avant toute chose, précisons que l’ABBOX n’est pas une nouvelle salle de l’AB. Ou presque : il s’agit en fait de la grande salle, avec une configuration légèrement modifiée (des voiles rouges cachent les balcons, avec des loupiotes et des lampadaires pour tamiser l’ambiance). Sympa et tout confort, l’ABBOX donne l’impression au spectateur d’être dans une grande chambre capitonnée, les oreilles bien au chaud et l’esprit apaisé par ces cascades de voiles à la couleur utérine. Hum… Sûr que les p’tit gars de l’AB sont des feng shuistes en herbe, en tout cas ça fait plaisir de regarder des artistes dans ces conditions. Surtout quand il s’agit de groupes de la trempe de Cinematic Orchestra, dont le dernier album « Everyday », est une petite perle. Oubliez la lounge et ses Saint-Germain en mocassins : le « nu-jazz » a trouvé son véritable ambassadeur en la personne de Jason Swinscoe, l’homme qui se cache derrière Cinematic Orchestra. Rarement jazz et électronique n’auront fait si bon ménage depuis les derniers albums de Truffaz, de Jazzanova et de Nils Petter Molvaer. En live, cela donne de longues improvisations à partir du canevas de l’album, sauf en ce qui concerne les morceaux chantés par Fontella Bass, assez proches des originaux. Autrement dit, ce concert valait surtout pour les instrumentaux, pleins de surprises et de virages en épingle : c’est alors que les membres du groupe semblaient prendre le plus de plaisir, et nous avec. Parmi ces moments de pure poésie, « Man With The Movie Camera » mit tout le monde d’accord (splendide), et Cinematic Orchestra de récolter une ovation bien méritée. Voilà bien un groupe qui nous change des compiles du Buddha Bar. Et rien que pour ça, il faudrait lui ériger une statue.