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Ty Segall - Sjock 2024

Bloc Party

La saveur d'un bain populaire...

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Salle comble. Plus une place de disponible pour ce concert attendu. Vérification faite, la hype draine donc bien les foules et met un sacré feu aux poudres. Les aiguilles ont dépassé la ligne des 21 heures et quatre asticots, musclés comme des crevettes belliqueuses, débarquent sur l'immense scène des Halles. Dans la fosse la tension a depuis longtemps franchi les limites calorifiques réglementaires. Bloc Party. Le nom est lancé. En moins d'un an, ces jeunes banlieusards londoniens sont parvenus à imposer au monde des tubes dantesques, une énergie positive et une imagerie foutrement sexy. En incontestable leader, Kele Okereke vient présenter son groupe. Une formalité pour la foule massée à ses pieds : voilà plus d'une demi-heure qu'elle scande inlassablement le légendaire patronyme.

« Like Eating Glass » ouvre les hostilités. Ici, personne ne réalise que le concert a réellement commencé. C'est la stupéfaction. Pour certains, cette vision scénique semble toucher au spirituel. En ce sens, Bloc Party est plus qu'une énième formation de rock'n'roll. Ces gosses ouvrent des portes aux enfants du rock, se posent en point de départ des goûts musicaux d'une nouvelle génération. Pour les plus vieux, c'est rassurant : tout les espoirs sont permis. L'explosion surgit lorsque le groupe laisse résonner l'énorme riff de « Banquet », troisième morceau d'un set puissant, sans fausse note. Kele racle les cordes de sa guitare, s'acharne corps et âme sur sa malheureuse Stratocaster. Dans son dos, Matt Tong alimente une rythmique furtive. D'une frappe sèche est assurée, le batteur impose le beat, les pulsions vitales de cet univers décharné. Pourtant la mélodie ne s'égare jamais des titres de Bloc Party. Au contraire, les quatre musiciens garantissent au public une incessante sinusoïde mélodieuse, un rigoureux slalom entre le timbre épileptique de Kele, les distorsions ténues de Russell Lissack (deuxième guitare), les coups de buttoir de Matt et la ligne de basse séculaire de Gordon Moakes. Gordon, tiens. Parlons-en de celui-là : Fidèle valet de Kele, il surgit toujours au moment opportun, offrant ses imparables refrains aux complaintes fulgurantes de son compère. Il s'exécute toujours en contrepoint mais apporte, lui aussi, une pierre élémentaire au Bloc. Les morceaux s'enchaînent avec fureur et violence : « Helicopter », « She's Hearing Voices », « Positive Tension », tous les titres du premier album y passent.

Vient alors le moment du rappel et du nouveau single « Two More Years », entonné à l'unisson par une cohorte de fans en pâmoison. Bloc Party maîtrise (désormais) son sujet et ne se prive pas de savourer son bain populaire. Le set des Anglais s'achève brusquement (peut-être trop) sur un ultime « Pioneers ». Acclamations méritées.

 

Mull Historical Society

Des chansons à tiroirs remplis de merveilles et de surprises...

Derrière Mull Historical Society -un nom à rallonge- se cache un jeune Anglais solitaire, ayant passé sa jeunesse sur l'île de Mull, aux larges de l'Ecosse. Coupé du monde pendant des années, il n'aura comme seul compagnon qu'un disque des Beatles gagné à une tombola. C'est sans doute cette virginité qui explique la fraîcheur de ses chansons à tiroirs - des tiroirs remplis de merveilles et de surprises. Ces chansons aux mélodies soignées et raffinées, Colin les garda jalousement auprès de lui, sans doute pendant des années. Maintenant qu'il est sorti de son trou, leur beauté nous éclate aux oreilles : peut-être que Colin n'avait jamais entendu parler de Coldplay, Tom MacRae ou Divine Comedy avant de fouler le sol d'un disquaire… Toujours est-il que ses chansons n'ont rien à envier à celles d'Hannon ; même mieux : elles ont la jeunesse et la vigueur, tandis que ses compatriotes ont tendance, ces derniers temps, à s'égarer...

Dans une chaleur accablante, Colin, accompagné de trois musiciens, démarre en fanfare par " Public Service Announcer ". Les titres de l'album s'enchaînent à merveille, sans les oripeaux du CD, parfois complaisants (" Instead " et ses chœurs enfantins d'une mièvrerie sidérante). Epurées en raison des contingences live, ses chansons en ressortent par conséquent grandies, et c'est tant mieux : on se rend compte alors du travail d'orfèvre que cachaient sous les fignolages des titres comme " Barcode Bypass " ou " I Tried ". Preuve que Colin s'est bien ennuyé sur son île, il nous dévoilera pas moins de sept nouvelles chansons (" Gravity ", " Oh Mother ", " Live Like The Automatics ", " Us ",…), toutes augurant du meilleur quant à l'avenir de ce jeune prodige de la pop anglaise. A suivre de très près !

Amadou & Mariam

Une ambiance de fête...

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Morley est un trio drivé par la chanteuse/compositrice/ chorégraphe Morley Kamen. Elle pratique un folkpop qui déborde d'émotion, une expression semi-acoustique élégamment colorée par les accès d'un violon et d'une guitare sèche ; le tout souligné par la voix bouleversante de Morley. Son deuxième album, 'Days like these', vient de paraître tout récemment.

A l'instar de Salif Keita et d'Ali Farka Touré, Amadou & Mariam appartiennent à une scène pop afroworld qui récolte pas mal de succès en Europe. Atteint de cécité, le couple a bénéficié du concours de Manu Chao en personne, pour l'enregistrement de son nouvel opus, "Dimanche à Bamako'. Une influence bien présente tout au long de cette plaque ; mais aussi une marque de reconnaissance de la part de l'ex leader de La Mano. Et le résultat ne s'est pas fait attendre, puisque les ventes de disques cartonnent et les concerts attirent la foule.

Bourrée de swing, de groove, la musique d'Amadou & Mariam est à la fois dense et chaleureuse. Le recours à l'électronique, la double percussion, les rythmes répétitifs et le chant alterné ou d'ensemble colorent inévitablement leurs compositions. Sur les planches, Amadou & Mariam sont soutenus par quatre instrumentistes. Et ce sextet a accordé un set riche, attachant et bien en rythme. Le couple apprécie le public et le remercie vivement pour ses acclamations. Tout au long de la soirée, l'accent a été mis sur leur dernier album. Dès le début, "La fête au village" a plongé le public dans leur univers si caractéristique. Fouettés par la double percussion, les groovy et remuants "Artistiya" et "Beaux dimanches" ont constitué les premiers points culminants du set ! "M'bife balafon" et "Nangaraba" se sont davantage révélés contagieux et luxuriants. Amadou se met parfois dans la peau de John Lee Hooker. Ce qui explique sans doute pourquoi son jeu de guitare est aussi inspiré. Lors de leur voyage musical à Bamako, l'instrumentation et les harmonies vocales semblaient si naturelles et rafraîchissantes qu'ils conféraient à l'ensemble un parfum d'été. Et des titres comme "La paix", "Chantez, Chantez" ou "La réalité" en sont les plus belles illustrations. En rappel, ils ont interprété des morceaux plus anciens comme "Je pense à toi", fragment souligné par les harmonies vocales et la guitare d'Amadou, "Mon amour, Ma chérie" et "Pauvre type", des chansons qui ont mis en exergue leurs superbes harmonies vocales tout en déclenchant une véritable ambiance de fête. Amadou & Mariam ont laissé une forte impression: ils ont illuminé ces jours gris d'une teinte sensuelle d'été tout en éveillant en notre fors intérieur une envie de danser. Des festivals estivaux ( ?!?!?) comme Polé Polé, Sfinks ou Folkdranouter devraient y trouver leur compte…

(Traduction : Nico Verhelle/ Adaptation B. Dagnies)

Organisation : France Leduc Productions

Cornerstone

What a beautiful evening !

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, Cornerstone a accordé son premier concert dans le temple national du heavy metal ce 28 janvier. C’est que le Biebob de Vosselaar jouit d’une réputation européenne (NDR : au bas mot), et que les groupes branchés ne conçoivent pas une tournée des clubs sans débarquer les flight cases sur la minuscule scène du lieu mythique. Cornerstone aura donc attendu la sortie de son troisième album pour venir saluer un public constitué uniquement de connaisseurs et d’habitués. Formé d’un ex Rainbow (le chanteur Dougie White) et d’un ancien Royal Hunt (le guitariste Steen Mogensen), le combo a véritablement atomisé la salle, passant en revue les meilleurs titres de ses trois opus. Complices d’un chanteur qui ne manque pas d’humour, les musiciens ont délivré une prestation sidérante de virtuosité et d’enthousiasme. Les nostalgiques de Rainbow, dont le band s’est largement inspiré, en ont pris plein les oreilles. Parce que ce groupe sonne aussi bien que l’arc-en-ciel de Ritchie Blackmore à son apogée. Les titres s’enchaînent sans aucune baisse de régime, et le combo se fend d’une set-list absolument remarquable : « Welcome to Forever », « When the Hammer Falls », « End of the World » (NDR : issu du petit dernier « Once upon our Yesterdays »), mais aussi de véritables hymnes extraits du fabuleux « Human Stain ». Lors du hit “Midnight in Tokyo”, titre emblématique de Cornerstone, le groupe s’est attiré la complicité d’un public tout acquis à sa cause. Frissons dans le dos dès les premières mesures du sublime « Unchosen One » interprété avec un formidable feeling, et succès garanti pour la reprise de la plage titulaire du dernier album de Rainbow  (« Stranger in us all » avec Dougie White et déjà Candice Night !!). En rappel, ce joli monde nous a gratifiés d’un « Perfect Stranger » plus puissant que l’original. Un final en apothéose. What a beautiful evening !

 

 

Joseph Arthur

Les desseins artistiques de Joseph Arhtur...

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Singer/songwriter découvert au milieu des années 90 par Peter Gabriel, Joseph Arthur était de passage dans la capitale pour un concert dominical. Depuis son premier album (« Big City Secrets » -1997), l'artiste vit en autarcie artistique, isolé dans un univers décoratif où la peinture et la musique dépeignent son univers : indépendant et introspectif. Un monde à part, à des circonvolutions lumières des pratiques traditionnelles de l'industrie musicale.

Vêtu d'un costume bleu ciel, un peu cheap mais plutôt classe, l'homme demeure seul sur scène, le regard caché par une frange capillaire rebelle. Dès les premiers accords, Joseph Arthur prend le spectateur par la main, guide son auditeur dans les tréfonds de son cerveau et l'invite à entrer en communion avec cette étrange expérience sensorielle. Nous sommes donc en sa compagnie pour Dieu sait quelle raison (« Our Shadows Will Remain », son dernier disque est sorti en 2004) mais cette visite semble ravir l'audience du bonhomme. Et puis, ce garçon possède une aura intrigante. Comme ses toiles, placées dans son dos, qui représentent des figures humaines déshumanisées dans un style déstructuré proche de celui de Miro. Joseph le musicien et Arthur le peintre sont donc les deux entités de l'homme qui nous fait face. L'entame du set laisse entrevoir la mélancolie de « She Paints Me Gold », avant de repasser du côté obscur de la pop par l'entremise de « Can't Exist » et de poursuivre au son de « Speed of Light ». En trois titres, Joseph Arthur revisite ses trois derniers enregistrements. Au fil des compositions, l'œuvre Arthurienne se dessine. Au sol, fusains, pinceaux, bombes de couleurs et autres peintures aident l'artiste dans son dessein artistique. Le concert prend une tournure globale, adopte les traits d'une œuvre complexe où Joseph Arthur est l'artiste, le point de liaison de formes artistiques éparses. La première partie du concert s'achève sur « In The Sun », belle et longue complainte dramatique logée sur « Come to Where I'm From » (2000).

Son retour sur scène marque l'avènement de son dernier album et teinte sa prestation d'une jovialité bienvenue. Derrière lui, la toile se complète au gré de ses envies, de ses extravagances, de ses chansons. Le concert s'étale, inégal mais prenant comme sur « There Is A Light That Never Goes Out », reprise improbable des Smiths. Les dernières enlevées de « Good About Me » diffusent dans l'air un parfum d'incompréhension. Et parfois, cependant, c'est bon de ne pas comprendre…

 

MC5/DKT

MC5/DKT ou la réunion des survivants du groupe légendaire de Detroit : Davis/Kramer

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Issu d'Orléans, Kool Kleps se résume à un duo. Ou à un couple, pour être plus précis. Il chante tantôt dans la langue de Shakespeare tantôt dans celle de Molière et joue de la guitare. Elle assume quelques backing vocaux, mais surtout joue d'un clavier au son totalement pourri, tout en imprimant le tempo. De son pied droit sur une grosse caisse et du gauche sur une cymbale. Essentiellement composé de reprises, leur répertoire nous replonge dans les sixties et même dans le catalogue « Peebles » : les Sonics, les Coasters, etc. Dans un style qu'on pourrait qualifier de garage minimaliste. Sans être extraordinaire, le set a le mérite de mettre le public de bonne humeur. Et même de parvenir faire à chanter l'un ou l'autre spectateur ; en finale, lors de la cover du « Gloria » des Them…

Egalement issu d'outre-Quiévrain, Fancy pratique un funk/glam/métal particulièrement aride. Un quintet caractérisé par la présence d'une femme de couleur noire à la guitare. Sur scène, le groupe semble composé d'excellents musiciens. Il bouge beaucoup et en particulier le chanteur au timbre androgyne, un excellent showman qui porte d'imposantes rouflaquettes et une chevelure digne de Jimi Hendrix. En fait, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si la formation parvenait à faire passer de l'émotion. Ce qui est rarement le cas. Peut-être sur leur adaptation d' « I'm so excited » des Pointer Sisters. Mais en y mettant beaucoup de bonne volonté.  

Pour accomplir cette tournée, le trio MC5/DKT a reçu le concours de la chanteuse des Bellrays, Lisa Kekaula et du chanteur des Dictators, Handsome Dick Manitoba. Pas de trace cependant de Billy Duffy (Cult), remplacé par le guitariste de Guns n' Roses, Gilby Clarke. Mais pourquoi DKT ? Simplement pour sceller la réunion des survivants du groupe légendaire de Detroit : Davis/Kramer/Thompson. Soit le drummer Mike Davis, le guitariste Wayne Kramer et le bassiste Dennis Thompson. Plus des tous jeunes, puisqu'ils avoisinent les 60 balais. Et tout ce beau monde va nous livrer un set bien huilé, plutôt taillé dans le rock que dans le punk. Même que lorsque Lisa vient poser sa superbe voix, c'est pour nous entraîner dans le blues ou le rythm'n blues. A contrario, tout en faisant preuve d'une grande efficacité, le timbre 'rapé' de Dick Manitoba semble plutôt en décalage avec la musique. Ce qui ne l'empêchera pas de conduire un des meilleurs moments de la soirée : le célèbre « Kick out the jams ». Et si la formation n'a pas oublié son autre classique, « Sister Anne », il faut constater que la rage qui devrait hanter ce type de musique était aux abonnés absents. Par contre, les échanges de guitares opérés entre Gilby (NDR : un type très sympa qui distribue ses onglets tout le long du spectacle) et Kramer frôlaient parfois la perfection.

Follement acclamé, le collectif s'est même fendu d'un rappel. Particulièrement heureux de l'accueil réservé par le public, le groupe s'est même avancé au bord de la scène, bras dessus, bras dessous, pour le saluer. Je ne sais pas si c'est moi ou MC5 qui a pris un solide coup de vieux…

 

Arctic Monkeys

Des détonations venues d'Arctique...

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C'est l'heure des comptes : la hype a rendez-vous avec ses gestionnaires. Parce que c'est une évidence : le phénomène Arctic Monkeys est en marche. Déjà, l'Angleterre a succombé aux rafales électriques de ses enfants. Partout, les concerts affichent complet. Et devant les salles anglo-saxonnes, les tickets s'échangent parfois pour près de 150 euros. Que penser de ces vérités : que le monde devient fou ? Que le rock va gagner son pari ? Que le Botanique se déplace sur une banquise ? Le public exige une réponse…

Grosse pagaille aux abords de la Rotonde. Des jeunes et des vieux sans âge gravitent autour de la petite salle. Personne ne sait exactement où donner de la tête. Dans une mansarde avoisinante, le « buzz » Maxïmo Park s'apprête à caracoler sur scène. Certains ont acquis le droit de passage pour les deux représentations. Les choses se dessinent : course, sueur et pogos en perspective.

Mais ce qui importe davantage aujourd'hui, c'est « The Next Big Thing » : Arctic Monkeys. Sur la foi d'un seul single paru chez nous, ces quatre gamins (19 ans de moyenne d'âge) de Sheffield s'acquittent d'une salle comble. Pourtant, l'histoire des Monkeys pourrait être celle de milliers de jeunes anglais bouffés par l'ennui et la lassitude dans le décor d'une prude Albion qui peine à imaginer son futur, ces lendemains « post-Blairien ».

Et le moins que l'on puisse écrire, c'est que ces jeunes singes de l'Arctique sont sortis des suburbs, qu'ils risquent de décoller vers des cimes inimaginables pour le commun des mortels. A ce rythme, on peut facilement les imaginer en tête des charts, loin devant les Franz Ferdinand, Bloc Party et autres Kaiser Chiefs. Ces gosses sont doués, bénis des Clash, des Libertines et des Blur. Anglais jusqu'au bout des doigts de pieds, nos nouveaux amis ressemblent aux voisins de palier de Mike Skinner (The Streets).

Sur scène, Alex Turner (chanteur/guitariste) ne s'en laisse pas compter et son « I bet you look good on the dance floor » (« Je parie que tu es bonne sur le dance floor ») atterrit dans la fosse en provoquant un raz-de-marée populaire abyssal et jouissif pour des teenagers fous de joie. Trois ans auparavant, ces enfants décidaient d'apprendre à jouer d'un instrument. Aujourd'hui, ils sont à l'aube d'une hype gigantesque, peut-être incontrôlable. Les chansons des Monkeys suffisent à balancer ces affirmations en pâture : un son énorme, des refrains belliqueux, une simplicité désarmante, des hymnes acérés seront, sans doute, les paramètres essentiels du rock de demain. En attendant, l'assistance de la Rotonde aura saisi sa chance, accueillant chaleureusement ces détonations venues d'Arctique. Et par la grâce du jargon, nous achèverons ce tour de piste par une voie de Dandy : « Welcome To The Monkeys House » !

 

Zita Swoon

62TV a flairé la bonne affaire...

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Ouvert depuis quelques mois et sous l'impulsion d'un nouveau tenancier, le Phare propose d'accorder chaque mois, une carte blanche à un musicien pour ouvrir une jam. Histoire d'assurer un mini concert avant de partager la scène avec des invités qui souhaitent faire le bœuf. Ce lundi 2 mai, c'était une toute autre histoire, puisque Zita Swoon s'y produisait devant un parterre trié sur le volet (gagnants de concours, journalistes), dans le cadre d'une mini tournée intimiste qui passait par Bruxelles, Liège et Tournai (NDR : faut dire que la manager du groupe, et également compagne de Stef, est également originaire de la région). Et juste avant d'entamer un périple bien plus conséquent qui verra la formation anversoise se produire dans le cadre de festivals aussi prestigieux que Couleur Café, Werchter ou encore le Folk Dranouter. Bref, au bas mot, un peu plus d'une cinquantaine de personnes avaient été conviées pour assister à cet événement dans la cité des cinq clochers.

Mais venons-en au concert. Vêtu d'une veste fleurie, dont le tissu aurait pu être découpé dans le revêtement de fauteuil Voltaire, Stef Kamil Carlens (NDR : il joue aussi de la rythmique) est entouré d'un claviériste/accordéoniste, d'un bassiste/contrebassiste, d'un drummer, d'un percussionniste, d'un guitariste/claviériste et de trois choristes au teint plus que basané. Première constatation : par rapport à son album, « A song about a girls », les compos ont ici une toute autre pêche. Ce qui n'empêche pas les mélodies de se teinter régulièrement de jazz, de disco, de latino (les percus !), de r&b (le clavier !) et de gospel (les choristes). Le son flirte avec la perfection et les spectateurs sont vraiment aux anges ! En fin de parcours, Stef commence à glisser quelques chansons plus mélancoliques. Mais en 'live' elles passent vraiment bien la rampe. Zita aura même droit à un rappel au cours duquel l'accordéoniste et Stef vont essayer, mais vainement, de reprendre une compo d'Elton John. Juste de quoi détendre l'atmosphère et bien montrer qu'il s'agissait de direct. Bang et en particulier 62TV qui viennent de récupérer Zita Swoon suite aux licenciements opérés chez EMI ont encore flairé la bonne affaire. N'est-ce pas Pierre ?

 

Super_Collider

Plein la vue, pas les oreilles...

A quelques semaines de la sortie de leur nouvel album, "Raw Digits", les deux zigotos techno de Super_Collider et leurs musiciens tout aussi zarbis envahissaient l'AB pour un concert haut en couleurs à défaut d'être mémorable. Leur premier album, "Head On", avait scotché l'auditeur électro lambada par ses mixes improbables de P-funk et de beats moites. Jamie Lidell en Prince post-moderne et Christian Vogel en bidouilleur malade, le cocktail ne pouvait qu'être détonnant. Les deux premiers morceaux donnent d'ailleurs le ton : Jamie, déguisé en E.T. à la combinaison alu, éructe des formules magiques, un beat martelé sous influence funky l'accompagnant dans ses délires mono-maniaques. Les musiciens, sortes de Dalton s'étant trompés de planète, tentent de suivre ses sautes d'humeur, souvent en vain : Lidell s'amuse comme un fou, mais tout seul. Quant à Christian Vogel, il peine sur ses boutons, regardant d'un mauvais œil cet olibrius qui se prend pour George Clinton. La fin du concert ressemble à s'y méprendre au clip de Come To Daddy d'Aphex Twin : Lidell sur ses échasses, un voile blanc le recouvrant des pieds à la tête, gueule un truc inaudible en gesticulant comme un épileptique. C'est fini, ouf, on a eu chaud. Super_Collider ne ménage pas son public, mais peu importe : à voir pour le show… Pour la musique, mieux vaut rester chez soi.

 

 

Low

Comme si demain n'existait pas...

Il y a trois ans, dans une église située en plein centre de Louvain, résonnaient les arpèges lents et douloureux de Low, trio baptiste à l'aura incandescente, géniteurs sensibles d'un genre aujourd'hui adoubé par tous les gobeurs d'anxiolytiques : le slowcore. Un rock pesant mais lumineux, surtout dans la tourmente. Et de ce brouillard électrique surgissait, le temps d'une messe spectrale, l'image d'une musique fébrile, en prise directe avec le cœur. A l'intérieur chacun priait, que ce spectacle dure à jamais.

Ancienne Belgique, 2005 : Alan Sparhawk, Mimi Parker et Zak Sally sont de retour avec un nouvel album, « The Great Destroyer », plus rock et plus tendu, mais toujours aussi gracieux. « Monkey » en ouverture, et déjà l'ambiance est à l'anesthésie : percussions ouateuses mais insistantes (Mimi au milieu de ses deux hommes, debout derrière ces fûts – une Moe Tucker des temps modernes), riffs qui bourdonnent, chant presque liturgique. Le public, subjugué, arrête de boire et de parler, pour contempler cet instant en suspens : Rubens en aurait fait un surprenant tableau. Scènes de foi. En un rock qui prend aux tripes, parce qu'il envisage sans ego la détresse sentimentale : Low, c'est du Tranxène sonique pour romantiques en herbe, de la morphine rythmique pour ralentir l'excitation. Il faut tâter de ce pouls, de temps en temps, pour se rappeler combien 'rien ne sert de courir…', surtout qu'autour de nous le monde sature. Kundera-Low, même combat ? La lenteur comme répit, face au dépit ressenti chaque jour par chacun, qu'il soit sentimental, professionnel, existentiel. Sur scène, Low déballe ses nouveaux titres (« California », « Silver Rider », « When I Go Deaf », « Everybody's Song »,…) dans l'urgence, comme si demain n'existait pas. « Amazing Grace » sonne l'heure de l'hostie : nos péchés expiés, on se rappelle notre mortalité, et donc la vie. Avant d'être notre oraison funèbre, la musique captivante de Low rythmera encore souvent nos crises de doutes. Et même de joie. La destruction est en chacun de nous, indissociable de toute (r)évolution.