Le East River Blues Band nous vient de New York City. Un quartet qui réunit le chanteur Dan Cumberland, le guitariste Ken Hughes, l’harmoniciste Tom Brumley et le bassiste Bill Acosta. "Hig Tide" constitue leur second opus, et il fait suite à un premier elpee éponyme paru en 2001. Le ERBB signe la majeure partie de son répertoire. La plume de Cumberland, le vocaliste, est d’ailleurs particulièrement prolifique.
"Closing time" démarre en force. Chargée de swing, la formule jazz/blues implique des cuivres, et notamment les saxophones de Gary Topper. Don chante "Lovin' girl". Il a une bonne voix. Cette plage nous entraîne dans le country blues. Ken joue du dobro et Tom tire déjà son épingle du jeu sur son harmonica acoustique, en s'inspirant du génial Sonny Terry. Cette configuration acoustique est reproduite sur l’excellente et tendre cover du "Police dog blues" d'Arthur ‘Blind’ Blake, un des grands noms du préwar blues. Une bien agréable parenthèse ! Tom est un souffleur tonique. Il ne manque pas de ressources. Originaire du Colorado, il a milité au sein du Big Head Todd & the Monsters. Il émigre ensuite dans le Nord Ouest où on le retrouve chez les Red Beans and Rice. Puis à San Diego avant de mettre le cap sur à Brooklyn où il s’est fixé depuis. "Independant woman" emprunte les accents de la Nouvelle Orléans. Le piano de David Cohen, les percussions chaleureuses de Towner Galaher, les cuivres et les voix reprises en chœur entretiennent ce climat. Ken met le nez à la fenêtre sur ses cordes. Il se sent inspiré par ses maîtres : Jorma Kaukonen, Mike Bloomfield et Robben Ford. Instrumental, "Blue Midnight" est un slow blues écrit par Little Walter. L'harmo de Brumley introduit brillamment cette plage. Il y maîtrise parfaitement son trop plein de sensibilité. "East River rats" baigne dans le R&B. Ken Hughes interprète d’un timbre enflammé ce parcours accompli dans les quartiers populaires de Brooklyn et de Queens. Gary Georgette siège derrière son orgue, tandis que Tom reste le maître de cérémonie. Tous les musiciens chantent à l’unisson l’allègre "Running home to Brooklyn". La section de cuivres est au complet, mais Brumley se réserve un solo époustouflant. Percutant et inventif, il entraîne dans son sillage la guitare de Hughes. Ce dernier jouit d’une excellente technique. Il se révèle particulièrement à l'aise sur les cordes acoustiques. Et il le démontre sur "Subway blues" et "Candy store", deux compos ponctuées par quelques ‘whoopin’ accordés par Tom! "Hasta La Vista" est un autre moment fort de l’opus. Une compo jazzyfiante, rythmée, au cours de laquelle Galaher se retrouve en pole position derrière sa batterie pendant que l'harmoniciste déambule tout au long de l’horizon sonore avec un réel bonheur. Piqué par le virus de Carlos Santana, Ken Hughes effectue une apparition tout à fait convaincante. "Bleeding" est un long blues lent. Plus de 8' ! L’intro à l’harmonica est belle à pleurer. Tom y insuffle son mal de vivre. Et cet épanchement de sensibilité nous remue les tripes. Cet album de bonne facture s’achève par l’instrumental "Fiona's shuffle". Sculpté dans le jazz acoustique ce morceau met en exergue les cordes, l'harmo et les baguettes de Gary Georgette.