Larry est un jeune chanteur/guitariste anglais. Son style relève manifestement du ‘hard rockin' blues’, évoquant même, un mélange entre le Rory Gallagher des débuts, c'est-à-dire encore débridé et impétueux (NDR : le Taste circa 1968 !), un Michael Katon furieux de se débattre dans les flammes de l'enfer, un Johnny Winter hyper dynamique et Walter Trout chiadant son rockin' blues. Mais Larry c'est Larry ; et, s'il n'a rien inventé, il n'en demeure pas moins un artiste intéressant responsable de l’écriture de l’intégralité de son répertoire. Il est établi à Reading, haut-lieu du rock anglais ; et s'il n'est encore guère connu sur le Vieux Continent, il a pourtant déjà commis quatre albums avant de bénéficier d'une meilleure distribution ; c'est-à-dire celle de Boogaloo promotions. Son premier elpee s’intitulait "Man on a mission", un disque suivi par "Larryocaster", "Live 'n' loud" et enfin "Fearless", un opus sur lequel il chante un morceau baptisé "Rory". Le message est très significatif.
Pour enregistrer « Outlaw blues », Miller a reçu le concours de Scott Hunter (drums) et Neil Sadler (basse), deux anciens musiciens de Ian Anderson (leader intemporel de Jethro Tull) ainsi que de Matt Empson (claviers et harmonica). L’elpee s’ouvre par "Shame on you", une véritable claque. Nous ne sommes pas loin du dynamisme et de la puissance manifestés par Katon. L'artiste et la guitare ne font qu'un tant les cordes collent à la voix et remplissent tout l'espace sonore. L'introduction de "Writing's on the wall" est dramatique et violente. Elle nous renvoie quarante ans en arrière, à l'époque des débuts du farouche irlandais Gallagher. Il maltraite les cordes de sa Stratocaster à la manière du bon Rory. Il hurle ses vocaux comme si sa vie en dépendait. Et il en impose autant sur les planches. D’ailleurs, ne le manquez sous aucun prétexte, lorsqu’il se produira près de chez vous. "Calling all the angels" change complètement de registre. L’orgue satiné d'Empson occupe une place centrale. Larry joue avec parcimonie. Manifestement, il a adopté le style délicat de Walter Trout. Blues rock, "Rebekah" ne fait pas dans la dentelle. L’impact est instantané. Larry pousse sa voix comme aimait l’attiser l'albinos texan Johnny Winter, quelques décennies plus tôt. Miller ôte d’une poche de sa veste un bon vieux bottleneck pour attaquer en slide "Storm coolin'", tout en empruntant le riff de "Hoochie Coochie man". Il est capable de faire vibrer son doigt d'acier. Les cordes hurlent et se déchirent de douleur. "Professor Casanova" respecte un schéma davantage mainstream rock. Le morceau est bien interprété, mais diffère tellement de l'énergie brute dispensée sur la plupart des autres plages. "Only one woman I want" aurait pu relever du répertoire des Stones. Le riff est plaqué en accords à la manière de Keith Richard, le chant conduit à la Mick Jagger. Difficile de cacher le moule. Le titre maître est un boogie classique, bien ficelé, dans un registre assez proche d'un de ses compatriotes, l'excellent Mick Clarke. Blues lent, "Blues forever" constitue un autre tout bon moment. Très dépouillé, saturé de feeling, il adresse manifestement un large clin d'œil au grand Peter Green. Et la discrétion témoignée, la parcimonie des notes respectée ainsi que la tonalité produite, accentuent cette impression. "Klondike" clôt cet opus fort intéressant. Larry saisit sa guitare acoustique et son bottleneck. Et il épouse la même démarche que Rory Gallagher pour attaquer "Hometown". La rage au corps, Miller nous sort une dernière fois ce qui lui reste dans le corps. A suivre!