Ian est âgé de 36 ans. Ce jeune musicien est issu du sud de l’Angleterre. Un passionné du rock'n'roll qui s’est converti progressivement au blues. D’abord celui de son dieu : Muddy Waters. Puis de BB King, Albert Collins et Robert Cray. Après avoir séjourné en Allemagne, à Berlin, très exactement, il revient s'installer à Nottingham. Il y fonde son premier groupe qui enregistre un premier elpee : "Picture postcards". Il se forge déjà une solide réputation de chanteur/guitariste et de compositeur inspiré. Il émigre alors à Londres et monte son Ian Siegal Band. En 2002, il concocte "Standing in the morning", un opus qui ne paraîtra qu'en 2004, sur Taxim. Et en 2005, l'excellent "Meat & potatoes", déjà chez Nugene. Pour la circonstance, il bénéficie de la collaboration du gratteur notoire, Matt Schofield. La même année, il tourne en compagnie de Big Bill Morganfield, le fils de Muddy Waters. Ian possède une voix très expressive, puissante, capable de se débrouiller au sein de différents registres…
Ce nouvel opus s'ouvre par le généreux "Swagger", un véritable exercice de style qui met en exergue son potentiel vocal. Le son est excellent. La production de Matt Schofield met parfaitement en évidence les différents acteurs. Les cordes sont à l'avant plan ; mais également les percus. Quoique généreux, les accords du piano concédés par Johnny Henderson tapissent l’arrière-plan. A l’instar du précédent elpee. Ian adapte "Groundhog blues", un classique de John Lee Hooker. Il s’accompagne à la guitare acoustique. Constituée d’Andy Graham à la basse et de Nikolaj Bjerre aux drums, sa section rythmique abat un boulot remarquable. L’univers sonore demeure cependant très dépouillé. Les rôles de chaque intervenant sont parfaitement définis. Soutenue par les accents métalliques de la guitare, la voix semble libre comme l’air. "Catch 22" campe un blues du XXIème siècle. Largement amplifiée, la guitare libère un son poisseux. Le rythme soutient le chant dévastateur. La slide est gouailleuse. Le tempo imprimé rappelle le meilleur des Stones. Les cordes s'autorisent une sortie habile, âpre et menaçante à la fois. Ripoff Raskolnikov est un de ses amis. Un Hongrois. Il signe ici "Horse dream". La plage s'ouvre sur des cordes hispanisantes, avant de se muer en ballade acoustique. L'atmosphère baigne alors au sein d’une country, proche de Johnny Cash. Le timbre grave et posé de Siegal anime ce western musical. Très rythmé et fluide, l'orgue Hammond de Henderson est bien mis en exergue tout au long de "Stranger than a green dog". Cette plage constitue une réplique southern rock. Il rend hommage à son dieu du blues, Muddy Waters, sur "High horse". Lent et torride, ce blues lent semble sorti tout droit du southside de Chicago. Expressive, la voix de Ian est empreinte de passion et d’une grande sensibilité. Pour la circonstance, il a recours au bottleneck. Derrière les ivoires, Henderson incarne le rôle d'Otis Spann ou de Pinetop Perkins. Le batave Big Pete Vander Pluym se réserve l'harmonica et Schofield la guitare. Un bonheur de plus de sept minutes ! J'apprécie tout particulièrement la formule trio du Ian Siegal Band. Sa cohésion est impressionnante. A cet instant, il me rappelle Chris Duarte. Un autre trio, mais texan. Ils partagent une même philosophie de la complexité. Chaque instrument vient se greffer au sein d’une démarche authentiquement blues. A l’instar du généreux et particulièrement dense "High horse". Tout au long de l’œuvre, il règne un climat lugubre, mystérieux. Les répliques vocales accordées sur "God don't like ugly" demeurent vivaces et passionnées. "I can't believe you wanna leave" opère un changement radical de style. Une cover de Little Richard qui nous entraîne au cœur d’une atmosphère R&B allègre, réminiscente de