Alias Rolf Lott, Freddy Red est de nationalité allemande. Leader du New Chump Change, ce chanteur/guitariste s’est établi dans le sud de l'Hexagone, voici déjà quelques années. Freddy Red & Hotails constitue son nouveau projet. Une nouvelle aventure musicale opérée sous la forme d’un trio. Eric ‘Dutch Stonewall’ Litaudon s’y réserve la basse, alors que les drums sont assurés circonstanciellement par Jeff Gauthier ou Stéphane Mekki. Lors de l’enregistrement de cette démo, immortalisée en octobre 2006 et mixée en septembre dernier, Jeff s’est chargé des percussions. Le booklet ne mentionne pas l’identité Rolf/Freddy. Pourtant c'est bien lui qui signe sept des douze plages.
La plage maîtresse ouvre l’opus. Le message de Freddy est clair : ‘Si ma première chanson ne vous plait pas, je me barre’. Pas de souci, c'est une bonne composition, très laidback, légère. Fred chante posément. Empreinte d’une sonorité feutrée, sa guitare ne demande qu'à s'évader. Une excellente mise en bouche ! La musique du trio est assez minimaliste. Pas de fioriture. Volontairement discrète, la section rythmique porte Red, le leader incontesté et incontestable du band. Il tisse de bien jolis sons de sa guitare… de couleur rouge. Son style créatif sert parfaitement une voix assurée et bien expressive. "Three times nothing" maintient l’attention. Mais on passe aux choses sérieuses, lors de la reprise du "I just got to know" de Jimmy McCracklin. L’univers sonore lorgne du côté du quartier westside de Chicago plutôt que vers la banlieue de L.A. Il est vrai que Rolf est un adepte inconditionnel de Magic Sam Maghett ; et cela s'entend. Il y injecte toute sa sensibilité. Il se libère. Pas de filet ! Parfois il est au bord de la rupture, mais jamais il ne perd le contrôle de son instrument. Les Hotrails ont trouvé leur style ; un blues dont l'épicentre de l'inspiration est bien implanté à Chicago. Dépouillé, sans artifice, nonchalant, ce style leur va à ravir et permet au leader d’ouvrir son âme. Son chant désespéré balise le classique "Further on up the road", une cover de Bobby Bland. Au cœur de cette ambiance intimiste, on entend presque le mouvement des doigts de Red qui caresse ses cordes. Ce feeling et cette perfection rappellent le Peter Green des années 60. Des aptitudes également perceptibles sur une autre composition maison : "I give you all I can give". On sent bien l’émotion qui hante Freddy. Aussi bien dans la confection de son solo que lors de ses silences. Des silences qui ont autant d'importance que les notes ; et, croyez-moi, il tient aisément la distance! Il adapte enfin Magic Sam. En l’occurrence "That's all I need". Une ballade soul blues illuminée par la voix chevrotante. Son timbre transpire le vécu. Red vit bien un blues très personnel. Instrumental nerveux, "I need some more" rend hommage au style de BB King. Cet elpee reflète le talent naturel de Freddy. Pas une seule faute de goût n’est à relever. Et tout au long de cette œuvre, il partage bien d’excellents moments en compagnie de l'auditeur. Rolf Lott vit dans le Sud de la France ; et comme tout bon bluesman qui se respecte, il aime regarder les jolies filles locales. Certaines le font même frissonner. Il l’avoue sur "Southern french woman blues", un excellent slow blues au cours duquel il laisse libre cours à ses fantasmes pendant plus de 8'. Musicalement, il respecte un schéma classique, plus proche du quartier sud de Chicago. L'ami Pascal Martin est venu souffler dans son harmonica. Tantôt voluptueusement, tantôt pudiquement. La démo s’achève par une nouvelle version du "Cut you loose" de Mel London, une compo reprise en son temps par Buddy Guy et Junior Wells, ainsi que Luther Allison. Du tout bon blues!