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Royal Blood - Pinkpop 202...

Wishy

Love On The Outside (single)

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Drivé par les auteurs-compositeurs Kevin Krauter et Nina Pitchkites, Wishy est issu de Cincinnati, dans l’Indiana. En décembre 2023, ce quintet avait sorti un Ep intitulé « Paradise ». Son premier elpee, « Triple seven », paraîtra ce 16 août 2024. Deux singles ont déjà été extraits de cet opus, « Too true », qui figurait déjà sur l’Ep, et « Love On The Outside » 

Au sujet de cette compo Kevin Krauter a déclaré

‘Cette chanson parle de la phase initiale, à la fois excitante et frustrante, d'une histoire d'amour, lorsque l'on ne sait pas exactement où les choses vont aller. La balance peut pencher d'un côté ou de l'autre et la patience commence souvent à s'épuiser. Parfois, on a envie d'attraper quelqu'un par les épaules et lui dire que c’est parti pour de bon ! C'était amusant d'apporter ce genre d'énergie mélodramatique dans une chanson’.

Dans le webzine Consequence on peut lire au sujet de « Love On The Outside » :

‘Une sublime tranche de shoegaze à guitares qui tourbillonne et s'active même dans ses modes les plus rêveurs... pensez à Slow Pulp ou Soccer Mommy avec deux fois plus de volume et une dose supplémentaire de chaos.’

Le clip de « Love on the outside » est disponible ici et celui de « Just like Sunday », et de « Triple seven », encore ici

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Ford Chastain

Give it time (single)

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Le parcours de Ford Chastain a débuté à l’âge de huit ans, à Norman, dans l’Oklahoma, où il a appris à jouer de la guitare. Après avoir milité au sein de différents groupes locaux, il rejoint la formation de rock psychédélique Stardeath & White Dwarfs (NDR : il n’a alors que 6 ans !), qui est invitée à assurer le supporting act de bands comme Tame Impala et The Flaming Lips, à travers les États-Unis et le Canada.

Depuis 2016, il se focalise sur sa carrière solo ; et après avoir publié plusieurs singles, il sort son premier long format solo, sous forme de cassette, « Wavelines », en juin 2024, une œuvre dont les huit pistes d’indie rock/dreampop ont été enregistrées dans son home studio.

Il ne chôme pas, puisqu’un nouveau single vient de paraître. Intitulé « Give it time », il s’inscrit dans la lignée de son répertoire…

Et il est en écoute ici

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Prune 99

Sand reflection (Ep)

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Fondé en 2021, Prune 99 est un groupe parisien qui pratique une forme de shoegaze léger et lumineux, teinté d’émo et de dream pop. Des références ? Slowdive, DIIV, Beach House et Turnover.

Et pourtant, les musicos viennent d’horizons différents. Guillaume est issu de l’univers du garage/rock, Florian du metalcore contemporain et Gauthier du black metal.

En décembre 2023, Prune 99 disposait de suffisamment de compos pour enregistrer un Ep ; et les sessions se sont déroulées dans un studio sis au sein des Alpes françaises enneigées, avec un objectif ben clair : créer des morceaux lents, faciles à jouer et propices aux émotions…

Les 5 plages de « Sand reflection » baignent dans une atmosphère nostalgique et intimiste dont l’intensité est alimentée par des sonorités de guitares oniriques, alors que les chœurs enrobent le lead vocal déchirant…

Extrait de cet Ep, « Second spring » est en écoute là 

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Lokerse Feesten 2024 : mardi 6 août

Ce mardi 6 août se déroule la traditionnelle soirée ‘metal’ des Lokerse Feesten. La tête d’affiche est dévolue au groupe de nu-metal californien Korn, pour lequel le public est venu en nombre (c’est même presque sold out !). Cette date est généralement planifiée le 1er dimanche du festival et propose, lors de cette édition, une affiche plutôt hétéroclite, puisqu’y figurent également des formations telles que Nova Twins, Frank Carter & The Rattlesnakes et The Dillinger Escape Plan.

Votre serviteur débarque pour assister au set, programmé sur la main stage, du duo féminin anglais, Nova Twins. Il implique la chanteuse/guitariste Amy Love et la bassiste Georgia South. Sur les planches, elles sont épaulées d’un drummer. Il est 19h10 et le public est encore clairsemé. Le répertoire se focalise essentiellement sur ses deux elpees, « Who Are the Girls ? » (2020) et « Supernova » (2022). La paire pratique un heavy rock énergique aux riffs de gratte lourds sur des textes souvent rappés. Son expression sonore rappelle le rock alternatif et le crossover des 90’s. Pensez à Rage Against the Machine. Le tandem tente d’ériger un ‘wall of death’ au sein de l’auditoire, mais sans grand succès. La bassiste s’autorise une escapade dans le couloir de sécurité, qui traverse la fosse. Mais le concert est vraiment trop court pour faire décoller l’ambiance. A revoir en salle !

Cap sur le Club indoor où la formation américaine Ho99o9 se produit. Dans la salle, la température est tropicale. Originaire du New Jersey, mais établi en Californie, le duo (encore !), implique OGM et Eaddy. Les deux artistes se consacrent aux vocaux, et le second se charge également des synthés). Pour la tournée, ils sont également soutenus par un batteur. Indus, la musique de Ho99o9 est teintée de punk, de hardcore et de hip hop. Parfois, elle évoque même The Prodigy. Parmi les samples exploités, on épinglera ceux d’Elvis Presley (« My Way ») et de Crystal Waters (le ‘La da dee la da da’ de « Gypsy Woman »). Au cours de cette prestation, devant un public assez conséquent, la température, pourtant déjà étouffante, grimpe encore de quelques degrés. Le son est tellement puissant que les infrabasses font trembler les escaliers de la salle. Finalement, l’endroit choisi était idéal pour revoir Ho99o9 que nous avions déjà eu l’occasion de découvrir au festival de Dour précédemment. 

Retour définitif sur la Main stage. Tout d’abord pour accueillir le groupe anglais de punk rock, Frank Carter & The Rattlesnakes. Habitué des scènes belges (NDR : il s’est encore produit au festival Rock Werchter, début juillet, et en février 2024, dans une Ancienne Belgique presque comble), le combo, qui ne compte plus que le chanteur Frank Carter et le guitariste Dean Richardson, est complété, pour la circonstance, de trois autres musiciens. Quand on assiste à un concert de cette formation, on sait qu’on va passer un bon moment, car le vocaliste est un véritable entertainer, s’approchant fréquemment du frontstage pour être au contact du public ou carrément en s’y immergeant. Il réussit une fois encore à faire assoir ou accroupir une grande partie de la foule avant de provoquer des pogos endiablés dans le mosh pit. Le band a interprété une petite dizaine de morceaux issus de ses cinq elpees studio, dont trois de son dernier opus, « Dark Rainbow », publié en début d’année. Limité à une quarantaine de minutes, ce chouette concert nous a paru trop court, preuve qu’on n’a pas vu le temps passer.

Séparé en 2017, après une tournée d’adieu, The Dillinger Escape Plan vient de signer son comeback. Il s’est reformé autour du premier chanteur, Dimitri Minakakis, et a repris la route pour fêter le 25ème anniversaire de son premier long playing, « Calculating Infinity ». Il sera joué dans son intégralité. Mais, le résultat obtenu est loin de celui escompté. Le set est compliqué à écouter. Certains festivaliers le jugent horrible ou tout au moins cacophonique. Le cocktail de metalcore et de mathcore proposé est particulièrement expérimental. Un peu trop peut-être pour le public de Lokeren, peu réceptif et clairsemé qui, en grande partie, déserte le site pour aller se sustenter, malgré les tentatives du chanteur de chauffer l’auditoire...

And last but not least, place à la tête d’affiche, Korn. Son dernier opus, « Requiem », et son dernier passage, en Belgique, remontent déjà à 2022.

Une grille en forme de herse se lève au moment où le band débarque. Elle va monter ou descendre, tout au long du show, au gré des morceaux, et des visuels y seront projetés. Il est 23h15. Le chanteur, Jonathan Davis, qui nous paraît en forme, rappelle que sa formation compte désormais 30 ans d’existence.

Aux premiers rangs, le public, essentiellement féminin, est aux anges et les crowdsurfers (les premiers de la soirée) s’en donnent à cœur joie. À mi-parcours, le combo nous réserve son triptyque, « Blind », « Got the life » et « Falling away from me », qui va mettre tout le monde d’accord. Au cours de « Coming Undone », le band insère un sample du « We will rock you » de Queen.

Au bout d’une bonne heure, le set s’achève, mais le groupe a le bon goût d’accorder un rappel qui s’ouvre par le traditionnel solo de cornemuse de Davis réservé à « Shoots and Ladders », morceau au cours duquel figure le refrain du classique « One » de Metallica. Outre deux autres titres du début de sa carrière, (« Twist » et « Divine »), le show se clôt en apothéose, par « Freak on a Leash », repris en chœur par la foule. Bien qu’écourté de 10 minutes sur la plage horaire prévue, cet excellent concert a été dispensé sous forme de ‘best of’, tout en mettant l’accent sur les albums qui ont fait son succès (« Korn », « Life is peachy », « Follow the leader » et « Issues »), dans les années 90

(Organisation : Lokerse Feesten)

Photos Wim Herbaut ici

Lokerse feesten 2024 : lundi 5 août

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Si la veille l’affiche lorgnait vers les 80’s, ce lundi est réservé, pour une large part, aux 90’s, proposant comme têtes d’affiche, les Pixies et l’ex-The Verve, Richard Ashcroft. Mais pas que… puisque quelques surprises vont pimenter la soirée. Compte-rendu de cette journée

Place d’abord à la synth-pop incandescente de Future Islands. La formation avait déjà opéré un passage remarqué, il y a un peu moins d’un an, à l’Ancienne Belgique. D’entrée de jeu, le leader Samuel T. Herring se dépense sans compter. C’est presque devenu un rituel. 

Ses vocalises sont incomparables. Il est capable de monter dans les aigus puis de hurler comme un chanteur de doom-métal, sans la moindre difficulté. Et sa chorégraphie n’a rien à envier à Béjart ou Charmatz. Les compos s’enchaînent et tapent comme les rayons de soleil sur nos têtes. On a cependant parfois l’impression que le set tire en longueur, mais en fin de parcours, « Seasons (Waiting On You) » (NDR : élu meilleur single par le NME, en 2014) réveille la foule. Pour clôturer sa prestation, la formation nous gratifie d’un de ses premiers ‘simples’, « Long flight ». Caractérisé par sa longue intro, il nous fait presque oublier que certaines compos se ressemblent…

La grosse surprise la soirée viendra à nouveau du club Studio Brussel. Bill Ryder Jones y est programmé. Votre serviteur s’y rend avec des pieds de plomb. A cause de son passé de guitariste au sein de The Coral, groupe destiné aux ados, fondé en 1996. Et puis la presse spécialisée le taxe de songwriter, laissant supposer qu’il s’agit d’un folk singer au répertoire soporifique. Votre serviteur débarque d’ailleurs dans la salle, alors que le set est déjà bien entamé. Mais en observant le line up, il y a de quoi changer d’avis. Il implique une violoncelliste/choriste, deux guitaristes, dont l’un double aux chœurs, un claviériste, un batteur, un bassiste et bien sûr Bill au chant et à la sèche. Bien que soigné, son look est plutôt dépareillé. Chaussé de lunettes fumées et les cheveux hirsutes, il ressemble un peu à Richard Aschroft, également issu du Nord-Ouest de l’Angleterre, et qui va le succéder sur la main stage. Les compos oscillent entre folk qui monte régulièrement en crescendo, et une sorte de dream-pop/shoegaze surprenante. En extrapolant, cette expression sonore navigue quelque part entre celle de Swell et de The Folk Implosion. Les quelques centaines de spectateurs apprécient et réalisent qu’ils vivent un bon moment. Un regret quand même, c’est ce timing de Bill Ryder Jones qui empiète sur celui de la scène principale. Ou l’inverse ! Finalement il aurait été préférable d’écourter le concert de Future Islands pour ne rien manquer de celui-ci. Un artiste à suivre donc.

On venait d’en parler : Richard Ashcroft se produit donc, sur la grande scène. Il grimpe sur l’estrade d’un air désinvolte. Et entame un petit pas de danse clownesque sur la musique d’intro, « Bring On The Lucie » de John Lennon (NDR : inclus sur le dernier opus, « Acoustic Hymns Vol 1 »). Cheveux en bataille et veste militaire sur le paletot, il s’exclame ‘What a beautiful evening’ (NDR : Il est vrai que le soleil se couche, et ses derniers rayons illuminent le podium). Il s’emballe même un peu trop, en annonçant de manière précipitée, le premier morceau : ‘This song is called « Sonnet »’. Avant que ses musiciens ne rectifient le tir. C’est par un autre titre du répertoire de The Verve, « Space and time », que le set débute. Et préalablement au suivant, le leader annonce, sur d’un ton amusé : ‘Ok, now we will play « Sonnet »’. Il introduit le morceau suivant par ‘It’s a song we have not played since a long time : « Weeping willow »’. Tout au long de la ballade « A song for the lover », des images de couples célèbres sont projetées sur l’immense écran installé en fond de scène (NDR : il reproduit une TV géante parfois subdivisée en plusieurs postes vintage). Malheureusement Richard, armé d’une sèche, n’est pas toujours très visible sur l’estrade. Il est trop souvent masqué par le guitariste et le bassiste. Excentriques, ils monopolisent l’espace. Look jamaïcain, le premier est coiffé en dreadlocks. Le second n’arrête pas de bondir sur la gauche du podium. En fin de parcours, la setlist nous réserve quelques tubes : « The drugs don't work », « Lucky man » et bien sûr l’incontournable « Bitter sweet symphony », pour lequel Richard propose au public de chanter l’intro (NDR : et celui-ci ne va pas se faire prier !) Le chanteur commence enfin à se remuer. Il simule un combat de boxe contre son pied de micro et fume une dernière cigarette (NDR : il en aura grillé quelques-unes entre les morceaux, causant des interruptions inopportunes). C’est sous la forme rock’n’roll qu’on préfère le voir ; cependant, le concert s’achève au bout d’une petite heure et quart.

La foule s’agglutine de plus en plus aux premiers rangs. Pas de doute, la majorité du public est venue pour voir et écouter les Pixies. Les échos recueillis à la suite de son passage, la veille, à Ronquières, sont plutôt dithyrambiques. C’est de notoriété publique, le groupe s’amuse à changer ses playlists. Et ce soir, le set démarre en force par « Gouge away », « Wave of mutilation » et « Isla de Encanta ». Mais à l’instar de sa prestation accordée au festival Hear Hear, en 2022, la suite est plus cool. Frank Black troque sa guitare électrique contre une sèche. Il nous réserve deux nouvelles compos, « Chicken » et « The vegas suite ». Elles sont quelque peu anesthésiantes et devraient figurer sur un prochain elpee, intitulé « The night the zombies came », dont la sortie est prévue pour la fin de l’année.

Mais l’impressionnante liste de singles de la première heure rebooste le concert : « Vamos », « Velouria », « Debaser » et l’hymne « Where’s my mind », en final. La nouvelle bassiste Emma Richardson apporte un plus à l’ensemble ; en outre, elle assure les backing vocaux (NDR : expérimentée, elle milite également chez Band Of Skulls).

Pour terminer cette soirée, cap sur le club Studio Brussel pour assister au set de The Murder Capital. On ne parlera ici plus d’une découverte (NDR : sa prestation accordée dans le cadre de l’édition 2019 du Sonic festival, et celle dispensée à l’Orangerie du Botanique, en 2020, ont été commentées dans Musiczine), mais plutôt de confirmation. Voire d’évolution. Une mutation qui frappe dès l’entrée en scène des musicos. Tout d’abord en ce qui concerne le look. Exit l’apparence post punk entrainant le port d’un costume élégant et d’une chemise. C’est plutôt sous l’aspect de bad boys que le band déboule sur le podium. A l’instar du chanteur de Fontaines DC, James McGovern, derrière des lunettes fumées, affiche une image qui pourrait naître d’un croisement entre un rappeur et Sid Vicious, Déchaînés, les derniers pogos éclatent au sein des premiers rangs. Certains spectateurs sollicitent un stage diving du leader, dont il est coutumier, mais ils ne l’obtiendront pas. Même si son attitude davantage survoltée sur certains titres aurait pu traduire une envie d’opérer le grand saut. Un set sans temps mort, au cours duquel le combo n'a pas négligé les incontournables « More is less », « Green & Blue » et en clôture « Don’t cling to life ». Le parfait complément aux Pixies ou une belle manière de ponctuer cette journée, très riche, en force…

FUTURE ISLAND, Bill RYDER JONES, RICHARD ASCHCROFT, PIXIES, THE MURDER CAPITAL

(Organisation : Lokerse feesten)

Photos Wim Herbaut ici

Lokerse feesten 2024 : dimanche 4 août

Écrit par

Alors que la plupart des festivals ne laissent plus beaucoup de place au rock, les Lokerse feesten continuent de régaler les amateurs du genre. Ce dimanche, l’affiche se focalisait essentiellement sur la période 1977-1987. Et, par conséquent des styles musicaux qui ont marqué cette époque : punk, post-punk, ska ou encore new-wave et EBM. La journée est chargée (pas moins de 10 groupes à l’affiche, contre 7 le lendemain). Mais comptez sur nous pour (presque) tout vous raconter…

On écoute de loin d’Arbeid Adelt ! Programmé assez tôt dans l’après-midi, son temps de passage est limité à 35 minutes. Il parviendra à y caler 8 titres dont une reprise de P.I.L.

Il faut remonter au début des 80’s pour retrouver les prémisses de sa discographie. En 1983, il sortait son premier elpee, « Jonge helden », dont le titre maître avait été produit par Jean-Marie Aerts. Et qui s’articule autour du BV (NDR : Bekende Vlaming) Marcel Vanthilt, personnage populaire dans le Nord de la Belgique, pour son implication au sein de médias comme MTV, VTM et Stubru. Notamment. On remarque rapidement ses limites au chant, et tout particulièrement sur le hit le plus notoire du band, « Ik sta scherp ». Une forme de punk/new-wave aux vocaux rappés ; un phrasé délirant mais guère envoûtant. Et le résultat est identique sur la reprise de « Death disco », insérée à mi-parcours. En espérant que Jah Wobble (qui joue en soirée) n’a pas entendu le massacre d’un titre phare de sa discographie, depuis les coulisses. Néanmoins, le set demeure divertissant et heureusement, les musiciens sauvent les meubles. Les membres originaux dont feu Willy Willy (parti alors rejoindre The Scabs) et Dani Klein (qui avait fondé Vaya Con Dios), ont été depuis remplacés par un guitariste, un batteur et un saxophoniste qui tiennent la baraque. Sans oublier une jeune claviériste, dont les backing vocaux sont tout à fait rafraîchissants. En tout cas, le public flandrien semble conquis. Il faut aussi signaler que la formation remonte régulièrement sur les planches. Elle s’était d’ailleurs produite, un an plus tôt, dans le cadre des Fonnefeesten (NDR : un festival parallèle qui se déroule à la même période, et à quelques centaines de mètres du Grote Kaai de Lokeren) …

Un autre combo flandrien embraie : Vive la Fête. Mais dont ls compos sont interprétées en français. Et votre serviteur doit avouer que la présence de ce band n‘est pas pour lui déplaire. Vive la Fête avait déjà enflammé le club des Lokerse feesten, devant un auditoire archicomble, en 2023. Sa recette est identique, mais fonctionne invariablement à merveille. Toujours aussi sexy, Els Pynoo débarque en tenue de danseuse du Moulin Rouge. Elle a même oublié son soutif. Autour d’elle, on retrouve son compagnon Danny Mommens (NDR : un ex-dEUS, faut-il le rappeler) à la sixcordes, un bassiste (NDR : probablement celui qui gigote le plus au monde, sur les planches), un claviériste et un batteur. Et ces deux derniers sont de nouveau maquillés comme des Zorros.

Les tubes défilent : « Nuit blanche » en ouverture, « Schwarzkopf », « Jaloux », « Maquillage » ... Ou encore, en final, « Noir désir » dans sa version longue et « 2005 » au titre trompeur, car il colle vraiment aux 80’s. Le set véhicule d’ailleurs de nombreux accents empruntés à cette décennie. C’est ce que leur reproche les détracteurs. A cause du tempo répétitif des claviers et de cette ligne de basse typiquement new-wave. Mais qu’importe puisque Vive la Fête possède un don pour faire danser et mettre un peu de gaieté ; des ressources idéales en cette après-midi ensoleillée.

Dans un tout autre style, The Selecter s’empare ensuite de la main stage. A l’instar de The Specials et de Madness, il est considéré comme un des fers de lance du mouvement ‘2 tone’, qui a favorisé, fin des 70’s, la renaissance du ska combiné alors au punk-rock. On remarque d’ailleurs, au sein des premiers rangs, autant de punks à crête colorée, que de rudeboys coiffés de chapeaux ou/et affublés de fringues à damiers noir et blanc. Car The Selecter existe depuis… 45 ans maintenant. Après un break intervenu entre 1981 et 1991, il se reconstitue et grave cinq nouveaux albums. C’est sur un arrangement du générique de ‘Chapeau melon et bottes de cuir’ (ce qui resitue aussi la période) que le show débute. Du haut de ses 70 balais, Pauline Black reste toujours élégante dans son costume, et sous son chapeau ‘pork pie’. Elle mène la danse dès « Three minute hero », s’autorisant des commentaires engagés entre les compos. Ainsi elle condamne le Brexit ou accentue la phrase ‘Is good for absolutely nothing’ lors de la reprise de « War » (chanson pacifiste d’Edwin Starr). Elle présente aussi son batteur, Charley 'Aitch' Bembridge, membre originel du groupe, au look de vétéran jamaïcain. Ce sont les seuls rescapés du line-up originel qui a bien changé au fil des décennies. Pauline déclare : ‘We are the Selecter and if you don’t know us, you will know this song’ (Trad : ‘Nous sommes The Selecter et si vous ne nous connaissez pas, vous connaîtrez cette chanson’), avant d’attaquer le tube « On my radio », puis de clôturer le set par le tout aussi classique « Too much pressure ».

Et de changement de line-up il en est aussi question chez La Muerte. Un autre groupe culte belge des 80’s qui, après une longue interruption (NDR : de 1994 à 2014), s’est reformé, mais en apportant du sang neuf. Sous la forme du bassiste de Channel Zero et du guitariste de Deviate (NDR : outre son job de disquaire dans le quartier de la Bourse de Bruxelles, il milite encore au sein d’autres formations). Pas étonnant que le club soit plein à craquer. Le nom du band bruxellois est affiché en lettres rouges incandescentes et évocatrices ; de quoi mettre le feu aux planches en déversant son metal inclassable, teinté de psyché ou de stone-rock. Au chant, Marc du Marais est à nouveau masqué (NDR : on a chaud pour lui !) comme s’il venait d’être kidnappé. Son timbre vocal oscille du mélodieux à la vocifération, alors que fiévreux, les riffs se répandent dans toute la salle. De nombreux headbangers se défoulent au sein des premiers rangs. L’atmosphère est de plus en plus moite et devient irrespirable. Votre serviteur décide alors de s’éclipser en se rappelant qu’à la fin des 90’s, lors d’une édition du Dour festival, une célèbre marque de déodorant aspergeait les spectateurs qui le souhaitaient, à la sortie d’un chapiteau. Cette démarche aurait été judicieuse pour la circonstance.

On reprend donc un peu d’air frais (?!?!?) en mettant le cap sur la grande scène extérieure. The Damned y est programmé. Né en pleine explosion punk, en 1976, il a rapidement basculé vers la new-wave (NDR : il figure d’ailleurs sur de nombreuses compilations qui lui est consacrée). Il ouvre le bal par le single « New rose ». Au chant, Dave Vanian a toujours son look de vampire. Et celui du bassiste, Ray Burns (alias Captain Sensible), est devenu légendaire : son béret rouge, ses lunettes de soleil, ses cheveux blonds (qui tirent de plus en plus vers le blanc) et son pull marin à lignes horizontales. Toujours aussi agréables à écouter, les titres s’enchaînent ; mais sans jamais provoquer la moindre étincelle, faute, sans doute, d’une absence de cure de jouvence…

Paradoxalement la foule n’est plus au rendez-vous dans le club. Elle préfère déjà se positionner idéalement pour les deux têtes d’affiche. Conclusion : de nombreux spectateurs sont agglutinés aux premiers rangs. Pourtant, la journée n’a pas été décrétée sold out ; mais caser un millier de personnes supplémentaires sur le siterelève de la mission impossible (NDLR : après ‘Chapeau melon et bottes de cuir’ !). Approcher du podium à moins de 30 mètres exige d’être sur place, bien à l’avance.

Mais revenons au club Studio Brussel, car c’est là que va se dérouler le meilleur concert de la soirée. Fréquemment salué par la critique, The KVB va encore mettre tout le monde d’accord (NDR : enfin les quelques centaines de spectateurs qui ont fait le bon choix). L’expression sonore oscille quelque part entre celles de Protomartyr, Chelsea Wolf, Soviet Soviet, The Kills et The XX, pour le duo vocal. Et pour cause, la voix nasillarde, et parfois émouvante de Nicholas, se conjugue parfaitement à celle de Kat, plus allègre et douce (NDR : au moment d’écrire ces lignes, les harmonies d’« Afterglow » trottent encore dans la tête de votre serviteur).

KVB compte les musicos les plus jeunes de cette journée. Il a été formé en 2010, alors que les autres combos accusent, en moyenne, 40 années d’existence. Preuve de l’engouement qu’il suscite, en 2024, sa tournée rernseigne de nombreuses dates en Angleterre, mais s’exporte également dans les pays de l’Est (dont le Kazakhstan) et même en Chine ! ‘And last but not least’, son visuel qui tapisse le fond de scène est manifestement le plus impressionnant.

Et on ne peut pas en dire autant de Sisters of Mercy. A l’instar de sa prestation au Suikerrock, en 2022 (compte-rendu à lire ou à relire ici)

les écrans vidéo placés de chaque côté du podium, ne diffusent pas les images du concert, mais des séries B de science-fiction ou des mangas des années 80-90. C’est d’autant plus gênant que le light show ne permet pas de voir grand-chose en ‘live’, surtout pour les spectateurs qui ne sont pas postés aux premiers rangs. Quant à l’attitude et la voix du leader, Andrew Eldritch, tout a déjà été écrit à ce sujet. Il doit constamment s’appuyer sur son guitariste Ben Christo, qui assure les backing vocaux. Parfois, il doit même crier pour émettre des sons ou des onomatopées, car elle ne suit plus. Heureusement, le nouveau venu au sein du line up, le transgenre Kai (NDR : ce Japonais est également actif au sein d’un projet solo sous le patronyme Esprit d’Air) apporte une bonne dose de fraîcheur, que ce soit à la guitare acoustique ou électrique. Malgré cette contribution bénéfique, ce concert constitue la grosse déception du festival. En outre, il n’est pas allé au-delà de l’heure et des morceaux culte, comme « Marian », ont souffert d’un tempo accéléré par Docteur Avalanche…

Les musiciens de Front 242 l’avaient annoncé en février dernier, ils mettent un terme définitif à l’aventure. Mais avant de tirer sa révérence, il s’est lancé dans une ultime tournée baptisée ‘Black out’. Suite, notamment, aux problèmes de santé rencontrés par Jean-Luc De Meyer, mais également à une certaine lassitude éprouvée par les membres de la formation. Et tout comme Sisters of Mercy, le porte-drapeau (belge) de l’EBM n’a plus sorti d’albums depuis des décennies. Cependant, le band peut compter sur sa fan base pour remplir régulièrement les salles (comme à l’AB, où il se produira plusieurs soirées de suite, en janvier 2025) ou attirer un public nombreux, lors des festivals. Richard 23 annonce en cours de set qu’il s’agit de leur dernier festival, en Belgique. A l’issue du show, au moment de prendre congé de la foule, l’émotion sera même palpable chez les membres du band

Front 242 va accorder un set en forme de best-of. De quoi ravir l’auditoire, et tout particulièrement les aficionados plantés près de l’estrade, qui en profitent pour lancer les premiers pogos de la journée. Les beats incitent à danser (NDR : c’est la définition de l’Electronic Body Music’). Les hits défilent tels des uppercuts décochés aux festivaliers : « W.Y.H.I.W.Y.G. », « Body To Body » et « Moldavia » pour débuter. « U-men » puis « Tragedy for you ». Mais encore « Welcome paradise », avant le rappel. De quoi tenir en haleine la foule, malgré l’heure tardive. Lors du final, « Happiness », « No Shuffle » et l’inévitable hymne (national ?) « Headhunter » au refrain contagieux, clôturent un concert remarquable. Une certitude : les concerts d’adieu programmés en salle vaudront le détour. Et pour apporter une touche noir-jaune-rouge au show, « La danse des canards » sert d’outro…

Cette longue journée des Lokerse Feesten s’est quand même révélée particulièrement hétéroclite.

ARBEID ADELT !, VIVE LA FËTE, THE SELECTER, LA MUERTE, THE DAMNED, THE KVB, SISTERS OF MERCY, FRONT 242

(Organisation : Lokerse Feesten)

Photos Wim Herbaut ici 

 

 

Ronquières Festival 2024 : dimanche 4 août

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Les précipitations de la veille n’ont pas provoqué de catastrophes. Seul le parking vert a partiellement été paillé et des planches métalliques ont été placées au sol afin de faciliter les déplacements. Et comme cette journée s’annonce ensoleillée, aucun autre problème ne devrait troubler cette dernière journée.

Comme d’habitude, le dimanche est consacré aux groupes plus rock.

Votre serviteur arrive un peu plus tardivement sur le site du festival et se dirige haletant pour y voir et écouter Brutus, qu’il avait apprécié lors de son set accordé deux semaines plus tôt, à Dour. Et il avait pris une claque !

Brutus est un trio constitué de Peter Mulders à la basse, Stijn Vanhoegaerden à la sixcordes et Stéphanie Mannaerts, aux drums ainsi qu’au chant. C’est également la leader.

Originaire de Louvain, le band s’est établi à Gand. La gonzesse a pris position en front de scène. Après une longue intro au synthé, elle frappe les tambourins pour entamer « War », une compo détonante, très vite suivie par « Liar », un morceau qui pétarade comme le Glaude dans la soupe aux choux.

La musique de Brutus oscille entre post-hardcore, alt rock, shoegaze et sludge. En bourlinguant de festival en festival, les musicos se forgent progressivement de l’expérience. Et on sent que la prestation est encore montée d’un cran depuis la précédente.

Alors que tout au long de « Miles Away », Stefanie diversifie son jeu et apporte de l’espace au morceau, « What Have We Done » permet à Peter Mulders de faire vrombir sa basse, tandis que la guitare de Stijn construit de splendides envolées mélodiques lorsqu’elle ne dispense pas des riffs tranchants, à l’instar de « Brave » ou « Victoria ». On est très loin du monolithisme.

Alors que les titres s’enchaînent, un constat s’impose : la voix de Mannaerts est solide comme le roc. Elle y va la petite ; elle mène ses compos comme un général dirige ses soldats qui vont à la guerre.

Encore une fois, Brutus est à l’image de son patronyme ; un groupe sans concession, d’une dynamique incroyable et d’une richesse musicale à toute épreuve.

Le band peut se targuer d’avoir assuré un show à la hauteur des attentes !

Warhaus est prêt à en découdre sur la main stage. Pas mal de spectateurs se sont déplacés plus pour la découverte que par connaissance du combo.

Warhaus, c'est le patronyme du projet solo de Maarten Devolder, un compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, mais également un auteur-compositeur-interprète et producteur belge. Excusez du peu !

Il a entamé sa carrière en 2010, à 22 ans, au sein du groupe Balthazar. Ce n’est qu’en 2015, qu’il s’est également lancé en solitaire.

A ce jour, il ne compte que trois albums studios : « We Fucked A Flame Into Being » (2016) - inspiré d'une citation du roman ‘Lady Chatterley's Lover’ (‘L'amant de Lady Chatterley’) de D.H. Lawrence et acclamé par la critique, « Warhaus » (2017) et « Ha ha heartbreak » (2022). Il semblerait qu’un nouvel opus soit en gestation et il devrait paraître, selon toute vraisemblance, en 2025.

Maarten Devoldere, au centre, est chargé de driver ses comparses, assez nombreux sur les planches. Ils sont multi-instrumentistes.

Après une longe intro à l’orgue de barbarie, les musicos débarquent d’un pas décidé. En espérant que la suite soit moins poussiéreuse.

Très vite, il appert que Maarten possède un grain de voix de crooner adapté aux compositions chargées de spleen. Dans les textes, Il y est souvent question de chagrin d'amour. Et forcément, au cœur d’un climat feutré et empreint de nostalgie, les arrangements sont soignés, mais ne collent pas vraiment à l’ambiance qui règne lors d’un festival.

Pendant « Desire » ou encore « Fall In Love With Me », des morceaux pétris de charme et de sensualité, les spectres de Leonard Cohen, Tom Waits ou encore Lou Reed se mettent à planer…

De son timbre caverneux au phrasé nonchalant, Devoldere livre des compos profondes et sombres, bercées par l’amour ou la haine, mais de manière quasi-industrielle, ne communiquant que très rarement avec le public. Dommage !

L’instrumentation est riche : trompette, trombone, clavier, violon, guitare électrique et sèche, batterie et flûte. Et cette liste n’est pas exhaustive, chaque musicien manifestant un don pour la virtuosité.

Et pourtant, les compositions commencent à libérer un groove du tonnerre ! A l’instar de « Beaches », stimulé par une ligne de basse grondante. La tension devient palpable et le concert entre dans sa phase la plus intense. Et lors de « Mad world », Maarten se détache du personnage statique qu’il incarnait en début de parcours. Une fin en apothéose !

Les musiciens saluent chaleureusement le public, alors que l’orgue de barbarie referme la boucle. A défaut d’adieu, un au revoir, qui, espérons-le, sera de courte durée.

French 79 embraie sur la Colline. Il s’agit du projet solo de Simon Henner. Fondé en 2014, à Marseille, il a rencontré un certain succès lors de la sortie de son premier album, « Olympic », en 2016.

Réputé pour son électro/pop, il suscite la curiosité. Mais au bout de quelques minutes, on se rend compte que sa musique s’adresse surtout aux plus jeunes. Planqué derrière ses platines et machines électroniques, il déverse un flux de beats glaciaux et aussi sensuels que des cadavres…

Votre serviteur préfère donc redescendre vers la main stage, où Ghinzu est chargé de prendre le relais.

C’était une bonne idée ! La plaine est noire de monde côté Tribord. Il faut préciser que c’est la seule date accordée cet été par la formation bruxelloise, dans le cadre d’un festival, en Belgique.

Chaussé de lunettes fumées, John Stargasm grimpe sur le podium. Il est suivi par une bande de joyeux drilles. En l’occurrence le bassiste Mika ‘Nagazaki’ Hasson, le guitariste Greg Remy, le drummer Antoine Michel et le claviériste/guitariste Jean Montevideo, également préposé aux backing vocaux.

Le look du sixcordiste ne passe pas inaperçu ! Il porte de longs cheveux. De dos on pourrait le confondre, soit avec Jésus Christ, soit avec une belle demoiselle. Une illusion ! Car lorsqu’il se retourne on est en présence d’un gars, dont la veste ouverte laisse apparaître un torse couvert de poils hirsutes. Peace and love, le babacool (NDLR : qui a dit hippie ?) !

Le batteur est installé en retrait. Le bassiste a opté pour une position quasi-centrale. Lunettes de soleil vissées sur le nez, il porte un costume ‘classique’ de couleur noire. Il ressemble à Kévin Bacon, un acteur, producteur, réalisateur et compositeur américain notoire pour son film musical ‘Footloose’ ou encore pour avoir endossé le rôle de méchant dans une kyrielle de longs métrages, dont ‘Sleepers’ et ‘Hollow Man’.

Alors que la bande originale du film Rocky, « Going The Distance », sert d’intro, Stargasm se plante devant le clavier Roland placé à front de scène. Il signale que le morceau dure environ huit minutes. On a vite compris qu’il s’agit de « Blow », plage d’ouverture de l’elpee éponyme. Rien d’étonnant puisque le combo est venu célébrer le vingtième anniversaire de sa sortie. Toujours aussi punchy, cette compo conserve une place de choix dans le répertoire de la formation.

Mais ce comeback sur les planches annonce la sortie d’un nouveau long playing, prévu pour l’année prochaine.

Très inspiré, « Jet Sex », « Cockpit Inferno » ou encore « Dragon » maintiennent la pression. Mais c’est encore « Cold Love », issu de « Mirror Mirror », aux riffs de guitare tranchants et à la rythmique schizophrénique, qui recueille tous les suffrages au sein de la foule.

Le set ne manque certainement pas d’énergie. Punk dans la démarche, des titres emblématiques tels que « Do You Read Me ? » ou « The Dragster Wave » ne sont pas oubliés. Mais le sixcordiste a tendance à en remettre une couche. Il n’a pas l’air dans son état normal et en s’imposant de la sorte, il s’arroge un rôle qui n’est pas le sien.

Quant à Stargasm, malgré tous les efforts consentis, il ne semble pas beaucoup plus frais. En outre, il y a quelque chose d’inachevé dans la prestation de Ghinzu. Une impression que partagent de nombreux fans.

Et dans la fosse, c’est la perplexité qui s’installe. Alors qu’elle devrait pogoter, la foule reste pratiquement insensible aux frasques des loustics. Un moment surréaliste !

Le guitariste, fou furieux, s’empare de sa gratte, s’avance et la balance à plusieurs mètres de distance, sous le regard médusé de l’auditoire. C’est spectaculaire, mais honteux, lorsqu’on connait le prix d’un tel instrument. Et elle a dû morfler sec puisque qu’un roadie vient lui en proposer immédiatement une autre. Ce qui lui permet de poursuivre le set.

Le frontman lui emboîte le pas. Il grimpe sur son clavier Roland qui vacille dangereusement et prend une forme incurvée sous le poids du gaillard. Encore un peu, il avait deux claviers !

La tension redescend d’un cran lorsque le quintet interprète le grave et spirituel « Mother Allegra ». Mais, l’accalmie sera de brève durée, « Mirror Mirror » et d’un « Dream Maker » rallumant ce climat survolté.

La fin du concert approche. Au cours de « Mine », Stargasm s’évade dans le public et rend heureux les adeptes du crowdsurfing.

Remy s’est couché sur le sol. Apparemment, inerte, son corps ne répond plus. Les autres musicos quittent l’estrade presque désabusés par ces singeries d’un autre âge. Un type accourt. Il prend le mec par les pieds et le traîne en coulisses de manière virulente. On se doute qu’il s’agit là d’une misse en scène de plus, l’individu se portant probablement bien.

Il reste deux têtes d’affiche : Shaka Ponk et les Pixies. Cependant votre serviteur doit prendre la route très tôt le lendemain matin pour partir vers d’autres cieux nettement plus ensoleillés ; et au vu des centaines kilomètres à avaler, il est plus prudent de conserver des forces.

Une édition qui s’achève sans trop de problèmes. On félicitera les efforts consentis par les organisateurs en matière de gestion des risques, pour avoir réétudié la mobilité, et notamment en créant des parkings payants.

On regrettera cependant le manque de confort visuel et acoustique de la scène ‘Colline’.

En fin de compte, Ronquières a eu le bon goût de proposer, aux côtés de grosses têtes d’affiche, de belles découvertes. Mais c’est encore la prestation de Phoenix qui a véritablement marqué l’édition 2024 de son empreinte. Bravo !

Photos Vincent Dufrane ici

(Organisation : Ronquières Festival)

 

Ronquières Festival 2024 : samedi 3 août

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Et de deux ! Journée marathon pour votre serviteur ! Ce samedi propose une affiche plus pop que la veille, faisant la part belle à des artistes qui vont plaire à une large frange des festivaliers, des bambins aux parents. C’est une constante ici à Ronquières. Cependant, demain, dimanche, sera une journée axée sur le rock ; une journée dédiée aux vieux briscards comme votre serviteur.

Il fait noir de monde. Des rumeurs circulent : cette journée serait sold out. Votre serviteur est donc entourné d’environ 25 000 personnes. Les conditions de visibilité ne sont pas optimales, il faut bien le signaler.

Deux contretemps sont venus contrarier la joie et la bonne humeur. Vers 18h, le réseau internet, censé gérer les paiements et le cashless, était d’une lenteur incroyable. Quasi-impossible donc d’étancher sa soif ! Fallait donc faire preuve de courage !

Comble de malchance, les prévisions météo pourtant favorables, n'ont pas tenu leurs promesses puisque la pluie s’est invitée, elle aussi, en fin de soirée, pour arroser les concerts de Bigflo et Oli ainsi que celui de Lost Frequencies. Sans doute que l’eau sert d’écosystème aux festivaliers, puisqu’ils bravent les caprices du temps.

Reste à voir comment les organisateurs, qui se targuent à grand coups médiatiques d’avoir anticipé les scénarii possibles, vont faire face aux parkings devenus, à défaut d’être praticables, à tout le moins difficilement carrossables.

Arrivé sur la plaine relativement tôt, direction la Colline pour y voir et écouter Youssef Swatt’s. Le Tournaisien est venu défendre son nouveau projet, en compagnie de ses musiciens.

Il est rompu à l’exercice du ‘live’ puisqu’il s’est produit dans le cadre de quelques festivals. Il compte aussi cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.

Youssef Swatt’s a remporté tout récemment le concours organisé par l’émission française de rap, ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix, une compétition qui a accentué sa popularité.

Le peuple s’est réuni en masse pour y écouter sa parole. Son truc c’est le rap. Contrairement à pas mal de ses congénères, ses textes ne sont pas vindicatifs. Vous n’entendrez donc pas d’insultes à l’égard de la Police ou d’injures adressées aux femmes. Son discours est soft ; un phrasé intelligent appuyé par une ligne musicale.

Grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Si aujourd’hui la majorité des gens écoutent la musique sur les plateformes, c’est surtout en live que l’expression symbolique de ce jeune homme se livre. Il existe une sincérité chez lui que l’on ne retrouve pas chez d’autres.

Ses textes synthétisent les pôles de la vie et de la mort, à l’instar de « Générique de fin ». Ce sont des thématiques facilement adoptées par beaucoup de rappeurs, mais ici, elles sont dictées par son road trip accompli en Islande, en 2022, pour y notamment contempler cette « Etoile filante », chanson interprétée à l’origine en compagnie de Colt, un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine.

Alors qu’à ses débuts, il se produisait devant deux pelés et trois tondus, aujourd’hui, à seulement 24 ans, le jeune rappeur peut se targuer d’avoir, à la force de ses mots et au fil du temps, acquis une notoriété certaine. Elle est loin l’époque de ses 14 ans et de son premier Ep, « L’Amorce ». Une vie, parmi les vies, qu’il aime raconter dans « Remonter le temps ».

Exigeant, Youssef a livré un live frais, rythmé de chansons inspirées et inspirantes. Plus qu’un artiste, un véritable showman.

Adèle Castillon, dressée en haut de la Colline, baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle compte déjà des millions de vues grâce à des vidéos qui font la part belle au second degré et à l’autodérision.

Fort de ce succès, elle publie, dès 2018, « Amour plastique », avec Matthieu Reynaud, son compagnon à la vie comme à la scène. Suivra un premier elpee, « Euphories », sous le patronyme Videoclub avant la séparation, en 2021. Ne dit-on pas que les histoires d’amour finissent mal, en général ?

Elle a l’intention d’exorciser ses démons du passé à travers « Plaisir Risque Dépendance », son premier opus solo ; un elpee qu’elle est fière de présenter face à un public attentif.

Pendant « Sensations », il y en aura, à l’instar de cette compo éponyme, pop et colorée, subtilement dansante, mais au récit tragique puisque la demoiselle y conte son addition aux opiacés, entamée fin 2019 et qui la conduira, début 2023, à une cure de désintoxication. Une chanson dispensée sous forme de pansement, estimeront les plus sceptiques.

Adèle est une artiste fragile, espiègle et remplie d’amertume. Entre espoirs et amour déchu, elle s’épanche sous des allures positives, même lorsqu’elle reçoit ce « SMS », résumant trois ans d’amour et annonçant une rupture.

Une idylle qui prend fin, mais donnera naissance à une légende douloureuse ponctuée d’un « Je t’aime », d’une sincérité foudroyante.

Proche de l’univers d’Adé, Adèle Castillon livre un show sculpté dans une électro-pop légère, réminiscente des 80’s, destinée au dancefloor. Pensez aux débuts de Mylène Farmer, de Lio ou du groupe Taxi Girl.

Autour d’élans mélancoliques et de textes intimistes, l’artiste exprime beaucoup de sentiments, entre amour et déception, à travers sa musique. Ou comment faire de l’hypersensibilité, une force, versus Miss Castillon.

Le set prend fin. « Impala », premier single paru l’année dernière, suscite cette impulsion démesurée d’envoyer balader ses ex. Peut-on se remettre de son premier amour ? Nul n’aura la réponse au terme d’un irrésistible concert.

Tribord toute ! Colline et Toitoine s’y produisent ! Enfin, pas tout à fait, puisque les deux ont cessé leur collaboration sous cette appellation pour tenter une nouvelle aventure, sous le patronyme de Colt.

Ceux deux-là se connaissent parfaitement ! Ils ont arpenté les couloirs de la même crèche ! Ados, ils partageaient déjà passion débordante pour la musique !

Leur succès est en progression constante. Ils ont écumé une kyrielle de festivals qui les ont emmenés jusqu’à New York. Sans compter les streams sur Tik Tok et Instagram, leurs clips ‘home made’ les propulsant au-delà de la sphère physique.

Coline Debry et Antoine Jorissen sont affublés d’une tenue, devenue l’étendard de leur prestation scénique : un costume blanc rapiécé de tissu bleu.

Ils ont décidé de se produire groupe. Antoine se charge du clavier/pad électronique, tandis que Coline se réserve le chant. Elle est aussi à l’aise dans la langue française que dans celle de Shakespeare.

« Milles vies » ouvre les hostilités, une compo qui percute comme un « Scooter » qui déboule à vive allure. Alors qu’elle s’applique méticuleusement, lui se lâche complètement dès le début du concert et le haut de son corps exécute des va-et-vient du haut vers le bas à chacun des coups de grosse caisse imprimé par son comparse caché derrière les fûts. Il est vraiment dedans.

Colt s’applique à jouer une musique positive, rayonnante et lumineuse qui brasse finalement des genres assez différents. Entre électro/pop, rock et indie. Les Bruxellois libèrent une belle énergie propulsant des corps statiques en une frénésie indomptable.

Le courant musical du combo donne envie de chanter, de danser et même de rêver. Même lorsque la jeune demoiselle se livre le temps d’une chanson baptisée « La salle aux lumières », référence à ses orientations sexuelles et du coming-out qui en a suivi.

Une belle prestation, des chansons qui vibrent et font vibrer ainsi qu’une énergie dévastatrice. Et si tout cela provoquait chez le festivalier, pourtant ravi, une « Insomnie » ?

Mentissa, à l’autre bout, prend le relais. Une Belge expatriée outre-Quiévrain pour des questions purement professionnelles. Quand on connait les enjeux et les opportunités en la matière, on ne peut que souligner l’intérêt d’une telle initiative !

La black est épaulée par un claviériste et une violoncelliste se charge de faire glisser l’archet sur les cordes.

La fanbase est constituée de jeunes. Assez classique, puisque la jouvencelle s’est illustrée dans le cadre du télécrochet ‘The Voice’, dont elle deviendra d’ailleurs un des jurés dans sa version belge.

Elle a du coffre ! Et pas que dans le soutif ! De sa voix pure, elle chante ses doutes, ses complexes et ses rêves. Rien de bien neuf ! C’est assez gnan- pour être honnête !

Y compris, lorsqu’elle se confie pendant « Balance », une compo au cours de laquelle elle évoque ses kilos superflus et les restrictions auxquelles elle a dû s’astreindre pour atteindre un idéal de canon de beauté.

Elle est venue pour y présenter son premier et seul opus, « La vingtaine », disque pour lequel elle s'est attaché les services d’auteurs notoires tels que Vincha (qui écrit souvent pour Ben Mazué), Yannick Noah et Claudio Capéo.

« Et bam », la belle tisse sa toile en alignant une déferlante de chansons destinées aux pré-ados, entre pop et chanson françaises, à l’instar de « Prends-moi la tête » ou encore « Premier janvier », des titres altérés par un spleen à la mords-moi-le-nœud.

Un set qui ravit pourtant les plus fidèles aficionados. Quant aux autres, ils ne retiendront pas grand-chose de sa prestation ! Suite et pas fin ?

Selah Sue est programmée sur la scène principale. Elle est attendue par des milliers de fans qui se sont déjà massé en nombre, malgré le soleil brûlant !

Flanquée d’une veste pailletée de gris et de noir, un legging, une brassière noire et chaussées de souliers à talons, la femme de 35 ans entame son récital par un « This World » incisif.

Débordant d’énergie, la dame embraie par « On The Table », un morceau d’une puissance équivalente à la droite décochée par un boxeur dans les gencives de son adversaire.

Sanne Putseys, à l’état civil, sait s’y prendre pour satisfaire le public hennuyer. Lorsqu’elle entame son « Raggamuffin », l’hymne qui l’a catapultée en tête des charts, c’est l’extase, pardi ! Du coup, les corps se déhanchent ou sautillent. C’est l’explosion !

En 2008 elle postait des vidéos de ses performances sur MySpace… qui sont rapidement devenues virales.

En 2010, elle sort son premier opus. Un éponyme ! Qui récolte un énorme succès en Europe. Ce qui la propulse sur le devant de la scène internationale. Depuis, outre ses nombreux elpees studio, elle a collaboré avec des artistes tels que CeeLo Green ou encore Ronny Jordan.

Ce soir, l’artiste louvaniste est de retour, mais hormis son troisième LP, « Persona », paru en 2022, (sept ans après « Reason »), elle n’a rien proposé de neuf depuis. Une œuvre ‘pansement’ diront certains, la jeune fille ayant traversé des périodes dépressives relativement importantes durant sa vie. La thérapie qu’elle a suivie l’a d’ailleurs inspirée pour l’écriture de ses chansons.

Elle connaît bien Ronquières pour s’y être présentée, il y a quelques années Une absence qui n’a en tout cas nullement affecté cette voix reconnaissable entre mille. Une voix soul, solide, puissante, profonde, légèrement éraillée et faussement fragile l'instant d'après.

Un organe vocal qui respire l’authenticité et l’assurance. Elle poursuit son concert intelligemment, mêlant chansons douces et mélancoliques aux compos très énergiques.

Respectant une ligne de conduite blues, soul et groovy, l’artiste n’en oublie pas ses titres incontournables, à l’instar d’« Alone » qui fait mouche auprès de l’auditoire. Et épisodiquement, elle leur apporte une touche de subtilité supplémentaire, en s’accompagnant à la sèche.

Alors qu’elle se distingue dans un registre reggae-ragga-soul, elle mérite une attention particulière lorsqu’elle interprète « Pills », une chanson où elle s’exprime sur son combat contre les antidépresseurs et qui l’atteint encore aujourd’hui. Un moment suspendu dans le temps !

Le show s’achève. Elle s’exclame ‘Je suis fière d'être une humaine, je suis fière d'être Belge’, puis tout de go, interprète sauvagement un « Peace in your mind, peace in the world » déchirant.

Selah Sue vient de livrer un set rempli d’humanité, de douceur et de paix. Vu la chaleur, des traces luisantes apparaissent sur son visage. Aucun doute, Selah… sue !

Et puis un grand moment de tendresse lorsque ses deux enfants viennent la rejoindre sur l’estrade. Du peace, oui, mais du love aussi !

Lucie, Elisa et Juliette sont aux commandes d’une formation souvent typographiée L.E.J, mais également orthographiée Elijay suivant sa prononciation.

Elles sont prêtes à entamer leur show tout en haut de la Colline.

Elles sont vêtues de jupes courtes qui leur confèrent un petit côté tenniswomen ! Et ce n’est le peuple masculin agglutiné aux premiers rangs qui va s’en plaindre ! D’autant plus qu’elles sont canon !

Alors que Lucie et Elisa, élèves au lycée Jean-de-La-Fontaine à Paris, suivent un cursus musical en lien avec la Maîtrise de Radio France (qu’elles fréquentent pendant dix ans), Juliette étudie au conservatoire de Saint-Denis. Un curriculum vitae qui leur permet d’acquérir les bases de la musique classique.

Dans la pratique, elles sont parfaitement multi-instrumentistes, s’échangeant, au gré des chansons, les instruments, sous le regard médusé du public. Elles jouent avec une précision chirurgicale. Normal, quand on est en présence de musiciennes. Mais, ce n’est pas toujours le cas !

Elles se sont forgé un nom auprès du grand public grâce à un succès inattendu, décroché en août 2015 et plus particulièrement à travers le clip « Summer 2015 », un mashup posté sur Youtube.

Excitées, elles entament le set par une intro, leur laissant le temps d’accaparer l’espace scénique. Très vite, « Paris En Hiver » et « Mots Noirs » suffisent pour constater que les trois jeunes filles maîtrisent parfaitement les codes du hip-hop.

Mais, là où elles excellent surtout, c’est dans le mashup, où elles s’exécutent, à tour de rôle, dans des « Summer 2019 », « Summer 2020 » ou encore « Summer 2023 » endiablés. Aucune différence de taille entre ces propositions. Facile et sans intérêt artistique !

Le combo livre un concert plein d’énergie et mise sur le côté visuel du show, mais elles manquent cruellement de conviction, leurs compos embrassant des contours minimalistes et mièvres, à l’instar de « Pas l'time » ou « La dalle ».

Avant de quitter leurs hôtes d’un jour, les demoiselles s’improvisent dans ce qu’elles savent faire le mieux finalement, à savoir, un nouveau mash-up, « Summer 2015 ».

Bref, L.E.J n’a pas cassé la baraque !

Hoshi est une habituée des lieux, elle aussi.

C’est une artiste, une vraie. Elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle commence à jouer du piano à six ans et la guitare à quinze. À la même époque, elle écrit ses premières chansons.

Elle effectue ses premiers pas au sein du groupe amateur TransyStory, formé en septembre 2011. Passionnée par la culture japonaise, elle choisit comme nom de scène Hoshi Hideko, puis simplement Hoshi qui signifie ‘étoile’ en japonais.

En dévoilant ses préférences sexuelles, elle est devenue, au fil du temps, l’égérie de la cause homosexuelle. A ses dépens parfois !

Alors que ses musiciens s’avancent d’un pas décidé, Hoshi reste confinée derrière un grand parapluie drapé de carreaux noirs et blancs. Soudain, les premières notes de « Mauvais rêve » retentissent. Elle se débarrasse alors de son pépin et s’avance, grosses godasses aux pieds, chaussettes remontées jusqu’aux chevilles et lunettes de soleil vissées sur les yeux. Sur cette chanson, elle retrace les étapes d’une vie que l’on comprend difficile. Rejetée de tous et du système, elle a morflé la petite !

La fanbase est constituée de jeunes, mais plus généralement de familles impatientes de voir celle dont les des titres passe-partout inondent les radios depuis quelques années déjà. Et ceux qui la connaissent savent très bien que sa présence risque de se faire de plus en plus rare car elle souffre de la maladie de Ménière, un mal qui la poursuit depuis toute petite. Cette pathologie provoque des acouphènes et entraîne des pertes d'audition. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser son rêve et de devenir chanteuse. Mais à certaines conditions : pas plus de deux concerts par semaine, car des vertiges peuvent apparaître rendant alors impossible ses prestations. Son meilleur traitement reste le soutien indéfectible du public.

Très vite, elle passe à « Tu me manques même quand t'es là », une compo traitant de la relation passion, particulièrement émouvante.

L’artiste répète à qui veut l’entendre qu’elle est heureuse de venir fouler les planches des festivals du plat pays. Le public, lui, est complètement hystérique. Des dizaines de festivaliers brandissent des pancartes sur lesquelles est mentionné ‘Hoshi, je t’aime’. Emue, elle ne peut s’empêcher de laisser couler ses larmes. Un joli moment d’émotion.

Généreuse et humaine, on la sent fusionnelle au sein de son band, et on remarque même qu’il existe une grande complicité avec sa bassiste.

Mathilde Gerner, à l’état-civil, s’épanche sur la bestialité sans nom dont elle a été victime à travers son appel au manifeste, « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux. Hoshi, elle-même victime d'agression homophobe, a écrit cette chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’. Une compo qui malheureusement a encore des raisons d'exister auprès des biens pensants. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui dit-elle ! Le public ne peut s’empêcher, à son tour, de lever le majeur, signe de l’intégration des mœurs.

L’artiste parle avec tristesse de son grand-père, un homme qui lui a communiqué la fibre musicale alors qu’il l’emmenait voir des concerts. C’est donc à la mémoire de ce grand monsieur qu’elle entame « Marcel », au refrain poignant ; une chanson qui rend à la chanson française ses heures de gloire.

Douée pour les métaphores et autres figures de style, elle achève son set par « Réveille-toi », sous le regard bienveillant de son public.

Après une heure de concert, un constat s’impose, Hoshi reste bel et bien l'étoile montante de la chanson française ; et pour cause, elle est parvenue à imposer son style musical bien à elle. Des textes simples, une musique entraînante et une aura exceptionnelle, des valeurs qui ont rendu cette femme sympathique.

Elle regagne les backstage, ses musiciens la suivent. Un cœur avec ses mains se dessinent. Hoshi maîtrise décidément les codes du genre.

Direction la Colline pour y voir et écouter Eddy de Pretto, un habitué des lieux, lui aussi.

Alors que lors de sa première tournée, le chanteur français faisait uniquement appel à un batteur et proposait un concert assez sombre et percutant, il a décidé de changer de fusil d’épaule sur cette tournée baptisée « Crash Cœur », le titre de son troisième disque sorti fin de l’année dernière. Exit donc les balades engagées, l’artiste mise avant tout sur des compos R&B où la danse et la fête sont reines.

Le podium accueille une structure métallique. Une toile géante se dresse tout au fond ; ce support servira aux nombreuses images qui vont flirter avec les chansons.

Alors qu’il entame son set par « Crash <3 », Eddy de Pretto se hisse sur la plateforme métallique afin d’y présenter ses musiciens. Mais de manière virtuelle, puisque ceux-ci ne jouent sur des bandes-son. C’est sans intérêt ! Un concert ne se justifie que par les interactions entre l’artiste et son public mais aussi ses musicos. L’artiste semble faire fi de ces préceptes et a donc décidé de miser sur le visuel et la scénographie.

Il paraît tout de même bienveillant ce soir et assène à qui veut bien l’entendre que le but du concert est de faire oublier les galères du quotidien. C’est donc pas le biais de « R+V » ou de « Mendiant de love » qu’il entend transmettre le message. Oui Eddy, du love, du love et encore du love.

Biberonné par Brel, Brassens ou encore Barbara, Eddy a, depuis ses débuts, ce pouvoir extraordinaire d’utiliser les mots pour fédérer et inviter l’auditeur à s’interroger sur le monde et autres vicissitudes de l’existence.

Vêtu d’un Marcel et d’un short/training, il fait vraiment vieille France. Manque plus que la baguette sous le bras et le béret. Bref, un Français à l’image des Français.

Il en fait trop ! Trop d’image et trop d’expositions comme quand il se campe vers les différentes caméras placées sur le podium, dont les images sont diffusées directement sur l’écran disposé sur la scène. C’est vachement autocentré. Ce type est d’un narcissisme démesuré.

Alors qu’un moment de grâce s’installe pour « Parfaitement », très vite le tempo s’accélère sur à « pApA $ucre » et ses images de fausses publicités. Si l’idée a de quoi retenir l’attention des aficionados, c’est surtout le « Soleil levant » qui se dresse devant eux et éveillent leur curiosité.

Si l’œuvre de De Pretto se résume par le choix de textes poignants sur fond de mélodies accrocheuses, il reste le plus convainquant lorsqu’il évoque le kid qu’il est, une chanson qui fustige la virilité abusive et l’homosexualité refoulée par le conservatisme sociétal. Le public connaît par cœur ce titre multi-radiodiffusé et certains spectateurs se reconnaissent en lui. Ou encore sa « Fête de Trop », évoquant muqueuses, amants de passage, mecs chopés ou encore rails de coke enfilés. Un titre qui lui avait d’ailleurs permis de décrocher une nomination largement méritée aux Victoires de la musique, en 2018. Si cette recette n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui, elle reste néanmoins taillée pour le live !

Ce soir, Eddy (re)fait du De Pretto. Et c'est dommage ! Pas vraiment de surprises à l’horizon donc ! L'artiste s’adresse surtout à lui-même.

L’écorché vif offre pourtant une belle palette de ses capacités lyriques et musicales à travers le très doux « Love’n’Tendresse », une chanson au vitriol sur ce que l’on cherche tous : un peu d’amour et de la tendresse. Une compo qui s’imprègne de son vécu tout en dénonçant, sans aucune prétention, les injustices de (sa) la vie.

Un set autobiographique qui jette un œil dans le rétroviseur pour relater certains grands moments de son existence, traversée d’épisode ténébreux.

Si cette bande-son ressemble davantage à un ‘best of’ et ravit le plus grand nombre, elle frustre les plus exigeants qui regrettent la trop grande prévisibilité du show. Un peu plus de liberté dans le champ d'action artistique et du lâcher-prise auraient fait un bien fou.

Bigflo et Oli se produisent maintenant sur la main stage. La pluie battante vient de s’inviter. Votre serviteur n’a pas prévu le coup, il est trempé jusqu’aux os. Stratégiquement, il se lance à la poursuite d’un abri. Aucun à l’horizon, ils sont tous été pris d’assaut.

Il décide donc d’emprunter le chemin du retour. En espérant que le parking ne soit pas devenu un marécage, sans quoi il sera nécessaire de faire appel à la générosité des fermiers du coin pour tracter la bagnole. Suite au prochain épisode !

Photos Vincent Dufrane

(Organisation : Ronquières festival)

 

Ronquières Festival 2024 : vendredi 2 août

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L’édition 2024 du Ronquières Festival était attendue au tournant, à la suite des nombreuses critiques qui se sont abattues sur l’organisation, l’année dernière. A juste titre !

Souvenez-vous, entre mobilité catastrophique (surtout le vendredi lors de la déferlante déclenchée par la présence d’Indochine), les trombes d’eau rendant le site impraticable et l’annulation de la moitié des concerts le dimanche, il y avait de quoi râler sec ! Une gestion du risque en amont hasardeuse ! Ne craignons pas les mots : une honte !

Des changements radicaux ont donc (enfin) été opérés. Le premier concerne les parkings, désormais organisés en zones destinées à acheminer les festivaliers par un itinéraire différencié en fonction de couleurs. Conséquence, ils n’arrivent pas par le même chemin. Trois voies d’accès distinctes ont été tracées, ce qui permet de fluidifier le trafic et d’éviter les bouchons. 

Les navettes qui conduisent les spectateurs vers des points de chute déterminés, sont plus nombreuses aussi, à une fréquence variant de 30 à 45 minutes, en fonction du flux.

La mobilité douce n’est pas en reste non plus. Le vélo est mis à l’honneur ! Une bonne idée alors que le Tour de France vient de s’achever. Vous avez l’envie de revêtir le maillot d’Eddy Merckx ? Alors enfourchez une bécane mise à votre disposition ! Pour vous dire, on attend plus de 1 500 bicyclettes sur le site !

La configuration du site a également été repensée. Si la scène de la Colline est toujours plantée au même endroit, la main stage se situe maintenant (comme c’était le cas les années précédentes, d’ailleurs), à Tribord. Les stands bouffe et boissons sont également plus étendus, ce qui permet d’aérer la plaine.

Et si la pluie s’est invitée la veille, hormis quelques stigmates rappelant que la Belgique est un pays généralement pluvieux, les conditions climatiques sont relativement correctes. Question de bol, car certaines régions ont été touchées de manière beaucoup plus conséquente, il y a encore quelques heures. Le bon Dieu serait-il brainois ?

La journée de vendredi est généralement la plus calme et pour deux raisons essentielles. D’une part, parce que c’est le dernier jour ouvrable de la semaine pour celles et ceux qui ne sont pas en vacances, et d’autre part, l’affiche, n’est pas la plus intéressante. D’ailleurs, seul Phoenix suscite l’intérêt de votre serviteur !

Le point qui fâche encore et toujours (mais c’est une constante pour de nombreux festivals et festivités), c’est le prix des boissons et de la nourriture ! Une pinte à 3,50€, ce n’est pas donné ! Et encore, à ce prix-là, ne vous attendez pas à un grand cru ! Non, c’est de la pisse ! La bouffe, pareil ! Payer 11€ pour un hamburger, c’est de la folie ! Se ruiner pour de la merde, si ce n’est pas de nature à devenir schizophrène, votre serviteur ne comprend plus rien ! Enfin, en vieux bourlingueur, si les boissons sont interdites sur le site, le pique-nique, lui, ne l’est pas ! Selon l’adage, un homme averti en vaut deux !

Le temps de traverser les quelques centaines mètres qui séparent le parking de la plaine et de passer le portique de sécurité et RORI termine doucement son set.

Votre serviteur la connaît bien pour avoir déjà assisté à plusieurs de ses concerts (y compris au sein de feu Beffroi lorsqu’elle militait aux côtés de feu Valentin Vincent).

Les artistes ont un set bien rôdé. Le sien n’échappe pas à cette règle universelle : il est identique à celui de Dour et du LaSemo.

Ses fidèles serviteurs, l’ex-The Subs, Hadrien Lavogez, préposé à la guitare, et Loïc Lavogez, caché derrière les fûts, l’accompagnent une fois encore. On ne change pas une équipe qui gagne !

Elle assène ses compos de manière percutante, que ce soit sur « Ma Place », dont le phrasé, les sonorités pop et les appuis rythmiques sont très communicatifs, « C’est la vie », caractérisé par ses airs rock enflammés ou encore un « Loser », qui signe la rétrospective de sa vie.

La petite Camille Gemoets maîtrise bien les codes du ‘live’. Elle commence à accumuler de l’expérience. Le public, enivré par cette fausse nonchalance dont elle a le secret, le lui rend bien par de larges sourires.

Alors qu’elle enchaîne les festivals et les concerts, son visage commence à montrer des signes de fatigue. Un conseil, rends-toi chez le « Docteur », métaphore qui signe le titre qui l’a propulsée grâce aux ondes radiophoniques.

Capable de vous retourner de solides punchlines, l’ingénue est devenue une figure de proue de la scène musicale noir-jaune-rouge.

Que nous réserve la suite ?

Un peu de rap maintenant ! Tribord toute, moussaillon ! 47Ter s’y produit. Autant vous le signaler, ce genre musical navigue très loin de la culture de votre serviteur. Mais quand faut y aller, faut y aller, tel un soldat qui part pour la guerre !

La jeunesse est bien représentée. Pas mal de mecs ont adopté un look similaire : casquette vissée sur le crâne, palette retournée, training Adidas trop large et chaussures Nike ; bref, le ‘trois pièces’ parfait si on veut être dans le mood.

Issus de Bailly, dans les Yvelines, Pierre-Paul, Blaise et Lopes pratiquent une forme de hip hop aux textes très second degré. Le patronyme fait référence à la salle des fêtes locale dans laquelle les pèlerinages réguliers du groupe se déroulaient.

Alors qu’un grand ‘47Ter’ trône au milieu de la cours de récréation d’un jour, le trio, devenu maintenant une « Légende », entame son set par ce morceau issu d’un opus éponyme, paru en 2021.

« Vivre » prend rapidement le relais, une chanson positive qui croque la vie à pleines dents. Aucun doute, de ces premiers essais concluants au premier « L’adresse » sorti en 2019, sacré disque d’or, la route du combo est véritablement parsemée de succès.

C’est le souk, dans la foule. Mais il est tellement plaisant à observer… Pas de prise de tête, ni de gangsta rap en vue, mais une recette qui mène du rire aux larmes, de la nostalgie à l’espoir… En outre, ils sont super sympas et communicatifs !

Que l’on aime ou pas ce courant musical, laissons à cette bande de joyeux drilles, le bénéficie de la joie et de la bonne humeur !

Entre refrains fédérateurs qui oscille de la pop au rap, le combo convainc l’auditoire. Pas mal de textes suscitent la réflexion sur les complexités de la vie quotidienne. Le trio brosse ses traités philosophiques sur des thématiques telles que l'identité, la réussite, et les défis rencontrés tout au long du chemin. Par essence, la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

Grâce à sa prose poétique subtile et ses sonorités délirantes, 47ter a conquis la foule.

Après être resté statique durant une heure, il faut remonter la pente (au sens propre comme au figuré) et se dresser droit comme un piquet tout en haut de la Colline. L’Impératrice s’y colle.

Impliquant 6 membres –Charles de Boisseguin (clavier), Flore Benguigui (chant et texte), Hagni Gwon (claviers), David Gaugué (guitare basse), Achille Trocellier (guitare électrique) et Tom Daveau (batterie)– ce groupe atypique se nourrit clairement de pop chic, d’électro débridée, de french touch et de disco/funk cosmique à coloration 70’s.

La gonzesse est affublée d'un accoutrement à la Star Trek, veste gris clair et grands cercles sur les épaules. Quand on l’observe de plus près, il ressemble au costume de Jacques Villeret dans la soupe aux choux ! La demoiselle a enfilé de grandes bottes blanches et une jupe qui laisse entrevoir quelque chose d’assez sympa. Quant à ses tifs mi-blonds, mi-turquoises, la belle donne l’impression de sortir de chez une coiffeuse débutante. A moins que ce ne soit un effet de style désiré ? Bizarre, ses musiciens embrassent le même délire. La culture du détail semble-t-il…

Une batterie trône, tel un étendard, au milieu de l’estrade. Elle est surélevée. Le brillant domine aussi. Abba s’y produit ?

La foule est compacte. Faut dire que le concert programmé à l’Ancienne Belgique est complet. Ce que peuple veut, il l’obtient ! 

Révélé au grand public par un troisième Ep intitulé « Odyssée », le sextuor embarque immédiatement le public à bord de son vaisseau spatial dans le cadre d’une tournée baptisée ‘At down the rabbit hole’.

« Cosmogonie » ouvre le bal. Côté foule, danse et bonne humeur sont les maîtres-mots. Le ton est donné, la fête peut commencer. Et ne s’achèvera qu’à l’issue du concert.

Tout au long d’« Amour ex Machina », Benguigui concentre un peu plus encore ses efforts sur une mise en scène impeccable.

Loin du simple live, un concert de L’Impératrice procède de l’expérience et de l’imaginaire.

Le concert est dominé par les sonorités disco et funk et par un groove qui fait le bonheur des popotins qui trouvent là, un bon moyen pour se dandiner.

Manifestant un sens de l’érotisme décomplexé, les musicos s’appuient sur des synthés rétro, des cuivres chaloupés, des riffs de gratte funky et des percussions tribales. Et vu l’approche très ‘french touch’ de l’expression sonore, la filiation avec le défunt Daft Punk est inévitable.

Taillé pour le live, le band n’hésite pas à balancer encore et encore une salve de tubes épiques comme « Anomalie bleue », « Voodoo ? » ou encore « Girl ! », sur un lit de textes à l’esthétisme léché et visionnaire. Bref, L’impératrice tisse sa toile dans sa folie, loin des clichés du genre.

Passant de l’extase aux cris, la jeune dame se livre à corps perdu dans le sublime « Love frome the other side », un titre qui évoque celles et ceux qui disparaissent, mais que l’on garde dans un coin de nos cœurs.

Au terme d’un concert d’un peu moins d’une heure, L’Impératrice et sa troupe ont proposé un concert rythmé, riche en émotion, et d’une sincérité incontestable. Ces extra-terrestres du monde de la musique ont envahi le cœur et le corps du public qui, très excité, s’est laissé bercé par cette prestation. Et c’est ce qui compte le plus.

En naviguant entre mystère, féminité et élégance, L'Impératrice ressemble à son avatar… une femme mystérieuse, authentique et généreuse.

Retour à la main stage. PLK y est programmé. De son véritable nom Mathieu Pruski, c’est un rappeur français d’origine polonaise et corse. Il milite au sein du collectif parisien Panama Bende et du trio La Confrérie, un crew impliquant trois membres de Paname Bende.

En 2015 et 2016, il sort ses premiers Eps, « Peur de me tromper » et « Dedans ». Il entame sa carrière solo et signe chez le label Panenka Music, en juin 2017. Il publie par la suite « Ténébreux » et « Platinum », deux mixtapes qui vont lui permettre de se faire connaître. En octobre 2018, PLK grave « Polak », un premier elpee solo, certifié double disque de platine.

Encore et toujours du rap… Si les jeunes y trouvent une raison de rester, leurs aînés se sont précipités dans les bars… bondés à cette heure de la journée.

Sur une grande toile dressée, pour la circonstance, en arrière-plan, on aperçoit l’image d’un ours féroce.

PLK débarque, un pull blanc sur le paletot et une grosse croix rouge côté bide. Il est flanqué d’un acolyte abordant fièrement un short orangé. Des accoutrements ridicules ! Tout comme les textes qu’il assène du style ‘je me suis fait sucer à 14 ans dans un KFC ‘ (NDR : référence à Mister V ?) Comme dirait Thierry Lhermitte dans le Père-Noël est une ordure, ‘c’est fin et ça se mange sans faim’. Ouais…

Le pseudo-chanteur crie à qui veut l’entendre qu’il est malade comme un chien et que sa température atteint les 39°. Franchement, on s’en fout et ça n’excuse en rien la nullité des propos et un concert au ras-des-pâquerettes, dont votre serviteur ne retiendra rien, si ce n’est les nombreuses bières ingurgitées.

Dès lors, il décide de s’attarder auprès de ses congénères. Et pour un bon moment encore, car l’artiste qui suit à la Colline, c’est Luidji, encore un rappeur. Quelle horreur !

Il faudra donc attendre 22 heures 15 pour vivre un show d’un autre calibre : celui de Phoenix !

Les météorologues ont annoncé de la pluie entre 22 et 23 heures. Que faire ? Rester, au risque d’être trempé jusqu’à la moelle, comme l’an dernier ? Partir et louper la meilleure part du gâteau ?

Votre serviteur aime les risques. Et gourmand avec ça ! Quitte à savourer un quartier de pâtisserie succulent, autant tenter d’en déguster le plus grand ! Flanqué au crash, il compte ne pas perdre une miette de ce spectacle annoncé comme magique.

Phoenix ne déçoit jamais lorsqu’il se produit en live. En misant sur des dinosaures, les organisateurs ont fait mouche pour clôturer la première journée.

Originaire de Versailles, dans les Yvelines, cette formation de pop/rock implique Thomas Mars, Deck d'Arcy, Laurent Brancowitz et Christian Mazzalai. C’est l'un des combos français les plus populaires à l'échelle internationale.

Ils se sont rencontrés au collège. Vers l'âge de 12 ans, Deck D'Arcy et Thomas Mars jouent déjà de la musique ensemble lorsque Christian Mazzalai les rejoint. Ils fréquentent ensuite tous trois le lycée Hoche et créent un groupe en 1991.

En 1995, ils sont rejoints par Laurent Brancowitz, le frère de Christian, qui vient de quitter le combo qu'il avait créé en compagnie de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, qui fondent, de leur côté, Daft Punk, en 1993. Le band est officiellement constitué en 1995 et opte pour le patronyme Phoenix, deux ans plus tard.

En 1997, il grave un 45trs : « Party Time/City Lights ». C'est un tirage limité (500 exemplaires) destiné à démarcher les maisons de disques. Ce qui lui permet de signer l'année suivante sur le label Source, de Virgin.

En 1998, il apporte sa collaboration à Air pour l’enregistrement du single « Sexy Boy/ Kelly Watch the Stars », mais également, quand le planning correspond, sur les plateaux de télévision et en concert.

Le premier single ‘officiel’ de Phoenix, « Heatwave », paraît en 1999. Il réunit trois plages de musique électronique. On est alors en pleine ‘french touch’. Les titres sont chantés en anglais, et naturellement Phoenix se rapproche davantage de la scène pop/rock anglo-saxonne et internationale. La formation sort du périmètre purement francophone.

Son premier long playing, « United », fruit d’un cocktail de rock, soul, funk et musique électronique, paraît en mai 2000. Avant sa sortie, les titres sont diffusés aux États-Unis et en Europe, notamment en Angleterre. « If I ever feel better » rencontre un franc succès outre-Manche et permet à Phoenix de se faire connaître du grand public. Il écume les festivals du monde entier et devient l'un des tenants de la branche rock de la ‘french touch’.

A ce jour, Phoenix compte sept albums studio à son actif.

Le podium est cerné par un grand cadre, un support parfait pour les nombreuses images diffusées, que ce soient le Palais de Versailles, un tunnel ou encore une église italienne.

Le quatuor entame son set par « Lisztomania », issu de « Wolfgang Amadeus Phoenix », un opus datant de 2009 qui a changé son existence puisqu’il a raflé toute une série de récompenses : Grammy Awards, le Saturday Night Live, le Madison Square Garden, Coachella, le Hollywood Bowl… Percutant, le morceau ébranle les ‘portugaises’…

Il est rapidement suivi par « Entertainment », une compo caractérisée par ses petites touches sonores asiatiques. Alors que le combo n’en est qu’à ce second titre, l’ambiance est déjà très chaude. Et pourtant les mauvaises langues s’attendaient à un concert poussiéreux. Comme quoi, on peut avoir un quart de siècle dans les lattes et assurer comme des jeunots.

Et le combo déploie ensuite l’artillerie lourde en balançant l’incontournable « Too Young », fresque musicale inspirée par Sofia Coppola pour la bande originale de son film ‘Lost in Translation’ ou encore les frères Farrelly à travers la succulente comédie ‘L'Amour extra-large’…

Grâce à sa formule très pop et ses rythmiques syncopées, ce morceau avait permis à la formation de se forger une place enviable sur la scène internationale alors que paradoxalement, elle éprouvait alors davantage de difficultés à y parvenir en son propre pays.

Souhaitant faire profiter un maximum les milliers d’aficionados, Phoenix puise au sein d’une large palette de ses long playings, de « Bankrupt ! » (2013), à « Ti Amo » (2017) en passant par « It’s Never Been Like That » (2009) et « United » (2000).

On y perçoit cette évolution selon les époques et les styles, à l’instar de « After », « Midnight » ou encore « Armistice ». Mais en maintenant une constante d’accessibilité, car Phoenix s’adresse à un public intergénérationnel.

Le batteur est particulièrement dynamique. Il se déchaîne littéralement, alors que les autres membres restent un peu en retrait et se montrent globalement peu loquaces, misant sans doute davantage sur le visuel au détriment de la communication.

Et des surprises, il y en aura. A commencer par « If I Ever Feel Better », au cours duquel un homme masqué tient en main la tête décapitée de Thomas Mars ou encore quand ce même personnage mystérieux s’empare de jumelles pour filmer l’auditoire pendant « Trying To Be Cool ».

Le set prend des allures de fin lors d’un « 1901 » virulent. Marc laisse tomber la chemise et s’avance vers la foule, puis, emporté par une folie furieuse, décide de s’y jeter. Elle le porte. Il vacille, mais finit par rester droit comme un piquet. Après quelques mètres, trahi par la soif, il se saisit de la bière d’un quidam et tout en se laissant aller au gré des caprices de l’auditoire. Il tente de maintenir le breuvage parfaitement vertical afin de ne pas perdre une goutte. Et vous savez quoi, ce performeur y parvient !

Le spectacle a duré une heure et demie. Les spectateurs en redemandent encore et encore. Mais rien n’y fait !

On ne retiendra que du positif de cette prestation. Les superlatifs ne manquent pas. On a eu droit à du son hors norme, des images impressionnantes, de l’énergie, de l’hystérie, et des frissons à n’en plus finir. Que demander de plus ?

La prestation de Phoenix a été tout bonnement exceptionnelle ! A l’image de sa carrière qui couvre plus de deux décennies.

D’ailleurs, alors que la tournée, commencée il y a deux ans, devait s’achever au bout d’une année, la tournée n’a cessé de se prolonger. Et au vu du spectacle offert ici à Ronquières, on comprend évidemment pourquoi.

Grâce à sa pop jubilatoire et ses refrains entêtants, c’est sûr, Phoenix n’arrête pas de renaître de ses cendres.

Photos Vincent Dufrane ici

(Organisation : Ronquières festival)

 

 

 

 

 

 

Les Gens d’Ere 2024 : dimanche 28 juillet

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Incroyable ! Il fait chaud ! Trop selon certains !

Si la veille, le festival a atteint sa capacité maximale de 10 000 personnes, aujourd’hui, on peut facilement déambuler sans devoir jouer des coudes.

Cette dernière journée fait la part belle à des artistes de qualité, mais dont l’orientation est davantage rock.

Lorsque votre serviteur se plante devant l’estrade du chapiteau, le début de concert de Doria D est imminent.

Elle est accompagnée d'un drummer, d'une jolie dame brune au clavier, et d’un bassiste un peu grassouillet.

Sa carrière musicale ressemble à un conte de fées. Alors qu’elle vient juste de souffler ses 16 printemps, la jeune fille, armée de sa gratte électrique, écume les bars. Elle signe dans la foulée chez le label G-major ; et puis, en 2021, grave un premier Ep réussi, baptisa « Dépendance ». Depuis, son succès est en progression constante.

Elle est venue présenter son dernier format intitulé « Je cherche encore… » Mais que le festivalier lambda se rassure, elle livrera des titres plus anciens pour le bonheur de la fan base, à l’instar de « Hors tempo », une chanson qui met en exergue une voix rauque et envoûtante, cousine lointaine d’une certaine RORI, surtout lorsqu’on perçoit ce léger voile dans la tessiture.

Entre amour-passion et amour-raison, elle assène à qui veut l’entendre des « Coups et bisous », afin d’évacuer la « Colère » qui sommeille en elle, préférant cette solution à la frustration dont elle a manifestement gardé des traces. Doria D est une artiste torturée, qui, grâce l’écriture de chansons aigres-douces, capture l’instant pour en faire surgir une matière subtile.

La dame communique énormément avec son public, comme lors de ce surprenant « Nanana » où elle invite les milliers d’aficionados à reprendre le gimmick ‘Nananana nananana’ ou encore ‘Nan nan nan’. Un exercice inscrit dans une complexité relative.

Mais c'est à travers sa reprise de l’emblématique « Jeune et con » de Damien Saez qu'elle se hisse comme véritable porte-drapeau de toute une génération. Sa gratte électrique en bandoulière, elle frappe les cordes avec une sensibilité à fleur de peau. Passant de femme à enfant, la demoiselle prend un plaisir fou, comme un gosse à la Saint-Nicolas. Un morceau qui lui ressemble !

Inspirée par Billie Eilish, Lana Del Rey, mais aussi des rappeurs francophones comme Nekfeu et Lomepal, Miss Dupont propose des sonorités french pop modernes qui s’inscrivent dans l'air du temps, le tout dans un style et une décontraction apparente. Grâce à un sens mélodique et des textes percutants, l’artiste marque les esprits.

Alors que la demoiselle s’épanche sur sa « Dépendance », un texte qui traite d’une relation toxique, elle invite le temps d’une chanson Aprile, dissimulé jusqu’alors en backstage, pour attaquer un « Volcan » diabolique et aux accents électro-pop, inspiré du vécu des deux larrons. Un morceau quasi-autobiographique lui aussi.

Ecorchée vive, Doria D est une artiste qui, à l’aide de textes simples et des sonorités contemporaines sacrément dansantes, est parvenue à conquérir une bonne frange de l’auditoire. Que du bonheur !

Il est de temps de prendre un peu d’air en compagnie des légendaires (NDR : décidément !) Matmatah.

Sobres et élégants, les musiciens, tous habillés de noir, grimpent sur les planches en vainqueurs. Le line up implique Tristan Nihouarn (chant, guitares, harmonica, oud, claviers, flûtes), Éric Digaire (basse, chant, guitare, piano), Benoît ‘Scholl’ Fournier (batterie, percussions), Julien Carton (claviers, chant) et Léopold « Léo » Riou (guitare électrique, chant). Cinq gars au caractère bien trempé, bien décidés à en découdre ! On dirait les Men in black. Manque plus que les lunettes !

Ça y est, « Nous y sommes », un titre issu de « Plates Coutures », disque gravé en 2017, ouvre les hostilités. Une seule compo et ces drôles de types semblent déjà faire l’unanimité auprès du public qui s’est rué en masse contre les barrières, alors que le soleil tape comme un sourd. Les guitares s’envolent, le batteur martèle les peaux et cette basse d’une puissance inouïe défonce littéralement les tympans. Putain, enfin un groupe qui en a dans le froc !

Pas le temps de se reposer que déjà « Le rhume des foins » (une chanson de saison !) embraie. Le public les acclame chaleureusement et le front stage est envahi par une bande de fous furieux. Ça sautille, ça virevolte et ça beugle comme des veaux.

Originaire de Brest, en Bretagne, cette formation hexagonale de folk/rock s’est constituée dès 1995. Elle implique Nihouarn (Stan) et Floc'h (Sammy), très vite rejoints par le bassiste Éric Digaire et le batteur Fañch. Enfin, son patronyme se réfère au village troglodytique tunisien du même nom, mais orthographié Matmata.

Jusqu’en 2008, date de sa séparation, le combo breton a rencontré un succès certain. Il s’est reformé en 2018. Néanmoins, Emmanuel Baroux, guitariste originel, a cédé le relais à Léopold Riou (un tout jeune qui a le feu au cul), à la suite de querelles internes. Et c’est un euphémisme !

Le band est venu défendre son dernier né, « Miscellanées bissextiles ». Un opus qui date quand même puisqu’il est paru l’année dernière. Mais qui vient de réapparaître sous une forme ‘Deluxe’. Le luxe quoi !

Tout au long de « La fille au chat noir », le groupe se sert de codes bien celtiques. Riou assure le spectacle à lui tout seul, en vrai showman. Il est complètement barge, court sans cesse d’un bout à l’autre de la scène. Son visage emprunte étrangement des grimaces simulant l’orgasme sexuel. Son front ruisselle, la sueur perle, mais quoi qu’il advienne, il prend sur lui et assène de ses cinq doigts de la main droite des coups violents sur les cordes de sa gratte, son terrain de jeu préféré.

Les morceaux s’enchaînent. Hormis Léo, les autres membres du groupe assurent peu d’interaction avec le public. A vrai dire, ce dernier s’en fout royalement. Il est uniquement là pour s’amuser et très franchement l’objectif est atteint !

Après une salve de titres ‘punchys’, « Emma » s’immisce, dans une version piano/guitare/voix, emportant le public vers des cieux oniriques. Puis, un joli hommage à la ville de Brest est rendu à travers « Brest-Même » qui permet au guitariste foldingue de prendre la pose sur les marches promptement installées entre la crash et l’estrade.

Alors que les morceaux s’enchaînent à vive allure, les Bretons livrent un « Lambé An Dro » magistral, rappelant les paysages magnifiques et variés de la Bretagne, allant des côtes rocheuses aux plages de sable fin.

Matmatah a livré un concert d’une qualité exceptionnelle. Un grand moment, presque d’anthologie !

Alors que les aficionados sont en pleine effervescence, ébahis par le spectacle grandiose auquel ils viennent d’assister, les lascars reviennent, enfourchent leur instrument, comme le cycliste sur sa bécane et vlan, « Sushi bar », tranche de rock celtique, est jetée en pâture. Malgré la fatigue, le public bondit (enfin, une bonne dizaine de rangées face au podium) et chante, même.

Après « L’apologie », un morceau caractérisé par ses solos de batterie tonitruants, « Les moutons » font face au loup. Une dernière compo qui ponctue une prestation remarquable.

Matmatah vient d’accorder l’un des concerts les plus percutants de ce festival. Preuve de leur ouverture d’esprit, alors que dans une très grosse majorité des cas, les photographes ne peuvent accéder au crash que durant les trois premières photos, ici, c’est à partir de la quatrième que les professionnels peuvent immortaliser les moments les plus intenses.

Léopold, profite des acclamations, pour agiter une dernière fois sa guitare couleur alu en guise de trophée ; une récompense qu’il aura bien méritée.

Sous la tente, le concert de Deluxe va bientôt débuter. Il s’agit d’un groupe français originaire d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Libérant pas mal de groove, sa musique véhicule des accents hip-hop, soul, funk et jazz.

Sur les planches, une énorme toile rouge s’impose. Il y est dessiné une énorme moustache. Bizarre, le clavier arbore, lui aussi, ce signe distinctif. Et vous savez quoi ? Lorsque les musiciens montert sur le podium, eux aussi arborent fièrement la moustache. Seule la chanteuse n’en possède pas ! Quoiqu’on devine un petit duvet sous…

Dès les premiers titres, l’expression sonore baigne dans un climat kitsch. Trop is te veel ! Au bout de quelques minutes, votre serviteur préfère s’éclipser afin de se dénicher une place idéale pour assister au concert de Kyo.

Pas mal de fans ont enfilé des t-shirts à l’effigie du band.

C’est pendant leur scolarité dans un collège des Yvelines, en Ile-de-France, que Nicolas Chassagne, Benoît Poher et les frères Fabien et Florian Dubos se rencontrent et décident de fonder Kyo, une appellation qui s’inspire des mangas japonais et de jeux vidéo.

Le quatuor sort un premier LP en 1999, « Pour toi ». Le succès n’est pas au rendez-vous. C’est grâce au second, paru en 2003 et intitulé « Le Chemin » –dont le titre éponyme, partagé en duo en compagnie de la chanteuse néerlandaise Sita– qu’il finira par s’imposer. Afin de fêter dignement ses 20 années d’existence musicale, le combo a décidé de rééditer ce disque en y ajoutant des bonus. On y retrouve, certes leurs succès, mais aussi des duos iconoclastes.

Changement de line up quand même, puisque Jocelyn Moze, est désormais préposé aux fûts, ce qui apporte une nouvelle dimension aux compostions.

Alors que des images projetées les montrent lorsqu’ils étaient jeunes, les musicos font leur apparition. Premier constat, ils accusent le poids des années : quelques rides, des cheveux ‘poivre et sel’ et des boucs aux poils hirsutes. Même les dreadlocks de Florian Dubos ont disparu pour faire place à une coiffure davantage dans l’air du temps. Certains parleront d’un cap qu’ils viennent de passer, d’autres de maturité.

C’est donc par le titre de la tournée que le généreux chevalier Poher entame son tour de chant. Une chanson autrefois interprétée en compagnie de Sita et plus récemment par Stéphane, mononyme d'une auteure-compositrice-interprète suisse. Un titre qui mènera le combo… dans la bonne direction !

Bien entendu, la fan base reprend en chœur ce refrain d’une composition devenue mythique et qui a su traverser les âges et les époques.

« Je cours », morceau racontant le destin d'un adolescent, rejeté de tous, qui cherche le bonheur malgré lui dans un univers ténébreux, exerce un retentissement profond. Musicalement, mais aussi parce que le sujet est malheureusement toujours d’actualité.

Alors que la tournade Kyo s’abat sur Ere, à l’instar de « Tout envoyer en l’air », « Chaque secondes » et « Je saigne encore », « Sarah », dans un registre aussi sombre, sur fond de violence familiale, de maltraitance et d'alcoolisme, vient apaiser les esprits, mais confortent les certitudes : Kyo est taillé pour le live. Une compo sur laquelle Benoît pose son grain de voix délicat et éthéré, armé d’une sèche. C’est alors que des milliers de smartphones s’illuminent à des dizaines de mètres à la ronde.

La dynamique se poursuit lorsque Dubos se charge, épisodiquement des vocaux, sous le regard attendrissant de Benoît qui, lui, préfère rester en retrait et épauler sn ami à la guitare acoustique.

Le spectacle est tellement foufou que le chanteur ôte sa veste pour laisser apparaître un marcel flambant neuf ; le vêtement idéal pour faire craquer les filles.

Si la recette de Kyo repose avant tout sur des textes introspectifs et des accords passe-partout, elle n’en demeure pas moins efficace. Une bande son moderne comme sur ce spectaculaire « Contact », titre d’ouverture de « 300 lésions »

Tandis que les sixcordes s'électrisent, le groupe jette un regard oblique et incisif sur la société ainsi que l'industrie musicale à travers des « Poupées russes » : ‘Dans la musique il y a des farces et les graines du futur / Et si souvent des coups d'État, parfois des investitures’.

Il est temps à présent de tourner la page, sans la déchirer. Et si l’on s’octroyait une « Dernière danse », sublime ballade acnéique soutenue en son temps par Sia et plus récemment par Cœur de pirate.

Que l’on aime ou pas ses relents post-adolescents et sa pop facile, Kyo fait preuve de fausse perversité en proposant un show d’une qualité rare. En se positionnant durant une heure trente en mode ‘best-of’, il montre ainsi à ses détracteurs les plus virulents qu’il dispose encore suffisamment d’énergie, de maîtrise et de pugnacité pour tenir encore au minimum 20 années de plus.

La recette Kyo est d'exploiter au mieux un terrain de jeu qu’il connaît parfaitement, un espace à la signature reconnaissable, un renouveau dans la direction artistique ainsi que de la précision dans le travail d’écriture et de réalisation.

Il est environ 23 heures lorsque le set s’achève. Kid Noize bénéficie d’une large renommée sur le sol belge. C’est chez lui. Trois albums, trois bandes dessinées et une dizaine de singles dans le Top50 belge, ce n’est pas rien quand même !

Votre serviteur va troquer son accoutrement de festivalier au profit d’un costard cravate, la vie reprenant ses droits inlassablement.

Il est impatient de retrouver une édition marquée par des aménagements revus à la hausse, une scène en plein air doublée au niveau de son espace et un chapiteau qui a gagné 600m2, mais tout en maintenant cet ADN qui est proposé aux Les Gens d’Ere, un festival qui se démarque par sa singularité, son éclectisme et sa richesse de programmation.

Il semble que le festival ait battu le record d’affluence de l’année dernière (25 000), soit une fréquentation cumulée sur trois jours de 30 000 personnes. Décidément, les chevilles ouvrières du ‘Les Gens d’Ere’ ne manquent pas… d’air !

A l’an prochain !

(Organisation : Les Gens d’Ere)

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