Difficile de passer à côté de la diva pop tamoule, depuis la publication de son hit « Paper Plane », une pépite issue de son précédent album « Kala » qui avait servi de B.O. au film plus que surestimé ‘Slumdog Millionaire’, malgré ses 8 Oscars. Mathangi ‘Maya’ Arulpragasam est devenue une star branchée. Un statut qu’elle privilégie aujourd’hui au détriment de son attitude de rebelle. Difficile d’ailleurs d’admettre un tel état d’esprit, lorsqu’on se prélasse à Los Angeles auprès de son mari millionnaire.
Question : est-elle parvenue à éviter le piège de la compromission musicale sur son 3ème album ? Pas l’ombre d’un doute, la musique de M.I.A est toujours aussi multiculturelle, novatrice et exigeante. Sans s’imposer la moindre limite, la Londonienne d’adoption mixe avec succès le grime, le hip-hop, l’électro et le dancehall. Et le résultat est assez étonnant, voire même carrément punk ! Ses compos regorgent d’idées. Notamment au niveau de la mise en forme. Ce qui peut parfois agacer. On se demande même parfois si « M Λ Y A » n’est pas le fruit des élucubrations de producteurs, lorsqu’on prend connaissance de la liste des collaborateurs. La crème de la production ‘hype’ actuelle est d’ailleurs au rendez-vous. Et en particulier Rusko, Diplo, Blaqstarr et Switch ! L’elpee recèle néanmoins des plages plus accessibles. Dont le très pop « XXXO » et le plus reggae « It Takes A Muscle », deux hits potentiels qui devraient passer en boucle, sur les ondes FM, dans un futur proche. A contrario, le plus punk « Meds & Feds » (que l’on doit en partie à Derek Miller, un ex-Poison The Well qui a repris du service au sein du duo Sleigh Bells) ou l’insupportablement bruitiste « Teqkilla » nous entraînent dans un univers très alternatif. C’est une certitude, et ce sans pour autant la brider, une cure d’austérité ferait le plus grand bien à l’orgie sonore de M.I.A. Mais comment critiquer un artiste samplant Alan Vega sur « Born Free » ?
A l’instar de son dernier clip ultra-violent et engagé, « Born free », réalisé par Romain Gavras, qui dénonce le racisme (NDR : pour la circonstance, vis-à-vis des Roux), M.I.A. se profile aujourd’hui en Neneh Cherry trash, en quelque sorte. En concert aux Lokerse Feesten ce vendredi 6 août