A mon humble avis, je vois mal qui parviendra à détrôner le « High Violet » de The National, du titre d’album de l’année. Ne reste donc plus aux autres formations et artistes à se placer en ordre utile pour monter sur les différents podiums, établis en de fin d’année. « In Deference of a Broken Back », le premier elpee de The Daredevil Christopher Wright pourrait y figurer. Un trio yankee responsable d’une pop orchestrale soigneusement déglinguée (NDR : déjantée ?) dans l’esprit de Sufjan Stevens et probablement aussi des Beach Boys. Une explication ? Imaginez des chansons mélodiques, un peu loufoques, véhiculant des lyrics ténébreux, dramatiques voire morbides. Rien que le titre de certaines compos vous donne une petite idée des sujets qui y son traités : « A Conversation About Cancer » et « A Near Death Experience at Sea », par exemple. Franchement, il faut être un peu fêlé pour écrire des compos guillerettes sur le thème de l’hôpital… D’ailleurs, si le moral influe sur la guérison des malades, les fans de « In Deference of a Broken Back » ont assurément plus de chances de se rétablir, que ceux d’« Hospice » de The Antlers…
Bon Iver s’est chargé de produire cet opus. Etonnant, puisque la musique du génie des bois et totalement différente de celle de TDCW. Les compos de cet « In Deference of a Broken Back » se signalent par leur richesse mélodique (« Bury You Alive »), la frivolité du ton (les très folk « Clouds » et « War Stories ») ou encore la créativité débordante (« A Conversation About Cancer »). Les orchestrations sont subtiles et colorées. Un véritable arc-en-ciel de sonorités procurées par une multitude d’instruments. On a même droit à des violons, du wurlitzer, de la flûte et du tambourin, que ce partagent ces multi-instrumentistes virtuoses. Mais si le combo est originaire d’Eau Claire (NDR : c’est dans le Wisconsin), leur consommation ne doit probablement pas se limiter à l’eau de source…
La campagne américaine revêt ses habits du dimanche, invitant ‘Christopher Le Casse-Cou’ à guérir tous les maux, à l’aide de sa joyeuse mélancolie. On en reparlera donc en fin d’année, à l’heure de faire les comptes. Mais comment ne pas tomber sous le charme d’un groupe, lorsqu’il achève son album, le plus naturellement du monde, par ces mots : ‘What a shame, what a shame / We’ll never see that man again / He was attempting his longest jump yet / But there was such a wind today / That it blew his life away’? The Daredevil Christopher Wright vient probablement de signer une œuvre essentielle.