Un sentiment de révolte envahit Billions Of Comrades…

Billions Of Comrades vient de publier un nouveau single. Intitulé « SCAB AALO PAM », il annonce un nouvel elpee baptisé « Trotop » qui sortira en mars 2024. Ce morceau est un exutoire destiné à combattre une police violente qui intimide, blesse et tue afin de…

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Nothing But Thieves 03-02...
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Philippe Blackmarquis

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Exit D6bels, bienvenue à DECIBELS ! L'émission 100% live de la RTBF fait peau neuve et passe au « digital first », avec un focus particulier sur les réseaux sociaux. L'objectif est de mettre en lien direct les artistes et leur communauté.

Le « Live » est ainsi réservé à une cinquantaine de fans, recrutés via les réseaux sociaux, qui sont emmenés en bus vers une destination inconnue, où ils pourront voir leur idole.

« Digital first », ça qui signifie que les contenus sont diffusé en priorité sur les plateformes digitales, ensuite en radio (Pure) et enfin, sur La Deux.

Alice on the Roof est la première artiste à ouvrir le bal. Dimanche passé, son « Live » a été publié en exclusivité sur Auvio (et uniquement sur Auvio). L'émission TV « classique » sera diffusée sur La Deux ce soir à 23 heures.

Également au programme de ce DECIBELS « new style »: des interviews décalées et un petit reportage sur l'aventure mystérieuse dans laquelle ses fans ont été plongés le temps d'une soirée...

Seul petit bémol selon nous, le « lieu magique » choisi pour le concert et la rencontre avec les fans est KANAL – Centre Pompidou, cet ancien garage Citroën reconverti en salle d’expos. Le lieu n'offre malheureusement pas l'intimité requise pour une telle expérience. Quand on voit ce que Bruxelles Ma Belle fait dans ce domaine, on se dit que la RTBF peut faire mieux.

Au programme des prochaines émissions, le duo Juicy, qui s’est fait connaître pour ses reprises de tubes R’n’B des années 90. Ensuite, il y aura Lord Esperanza, le rappeur français et Blackwave., projet constitué de deux rappeurs anversois et de jazzmen sortis du Conservatoire d’Anvers.

A noter que, lors de la prestation live d'Alice on The Roof, le moment le plus touchant fut, sans nul doute, le duo réalisé avec Valentine Brognion, la gagnante de The Voice 7. Cette dernière a en quelque sorte volé la vedette à Alice en insufflant une émotion remarquable dans une reprise de « La Pluie », le hit d'Orelsan ft. Stromae.

Regardez le live complet d'Alice On The Roof ici.

Regardez le duo Alice On The Roof – Valentine Brognion ici.

Photo : Martin Godfroid

 

Les Young Gods n'ont jamais connu la gloire mais ils font partie des groupes les plus influents de l'histoire de la musique 'indé'. Jugez plutôt : le combo suisse est cité comme influence par des gens comme David Bowie, Trent Reznor (Nine Inch Nails), Mike Patton (Faith No More), Maynard James Keenan (Tool) ou Al Jourgensen (Ministry)...

Huit ans après leur dernière production, les Gods sont de retour, plus jeunes que jamais, en dépit de leurs 30 années d'activité. L'album s'appelle « Data Mirage Tangram » et il est signé Franz Treichler (chant, synthés, guitare, production), Cesare Pizzi (claviers) et Bernard Trontin (batterie).

L'opus est un voyage psychédélique au milieu de volutes délicates et planantes, où perce ça et là la voix bluesy de Franz Treichler. On se croirait dans un trip chamanique façon ayahuasca, transporté par le glissando délicat des guitares. On pense au « Fragile » de Nine Inch Nails, au « Unforgettable Fire » de U2 mais aussi à Jacques Higelin. Le single, « Figure Sans Nom » nous rappelle nos compatriotes d'Organic, dans le sublime mais méconnu « Katharina Distorsion », inspiré par les Jeunes Dieux.

Dans le refrain de «Tear up the Red sky», le rythme est plus lourd et les sons de guitare plus saturés. Le « Bullet The Blue Sky » de U2 n'est pas loin et on se dit qu'il y aurait pu (dû?) y avoir plus de moments intenses comme celui-là.

Les Young Gods étaient déjà présents en Belgique il y a quelques jours pour célébrer les 20 ans de Triggerfinger au Het Depot à Louvain.
Ils seront de retour au Botanique le 24 mars prochain.

Pour écouter l'album, c'est ici
Pour commander l'album, voir ici
Pour le concert au Botanique, cliquer ici.

 

 

mardi, 19 février 2019 11:27

Accueil royal pour le 'Wilson-King'...

Moins d'un an après sa dernière visite, accordée à l'Ancienne Belgique, et quelques mois après son passage, très remarqué, à Werchter, Steven Wilson est de retour en Belgique, et pour la circonstance, au Cirque Royal. Le Britannique est auréolé du succès, aussi imprévu que colossal, de son dernier opus : « To The Bone », qui a largement dépassé les ventes de toutes ses autres plaques, y compris celles réalisées par son précédent groupe, Porcupine Tree. Tenez-vous bien : « To The Bone » a même atteint la deuxième place dans les charts outre-Manche ! Un exploit pour un artiste plutôt 'alternatif'. Il faut dire que le simple « Permanating », aux sonorités très pop, est destiné à attirer un nouveau public.

On mesure le chemin parcouru par le 'King of Prog' et on doit reconnaître qu’il a réussi son pari : faire évoluer sa musique et gagner de nouveaux aficionados. Par contre, il a malheureusement perdu beaucoup de fans originels de Porcupine Tree, déçus par le côté nettement moins prog/metal des nouvelles productions.

Ce soir, le Cirque Royal affiche néanmoins complet et on ne peut que féliciter l'équipe de gestion qui a repris les rênes de la salle sous la houlette de Denis Gerardy :  le Cirque rénové est un joyau qui brille de mille feux et l'organisation y est impeccable.

Le concert commence par la projection d'un court-métrage, « Truth », qui met en scène les concepts développés dans l'album « To The Bone ». Le contraste entre les images et les mots affichés souligne tout le danger des nouveaux médias, au sein desquels le 'fake' et la désinformation prennent de plus en plus le pas sur la 'vérité'. La musique de fond devient progressivement plus sombre et une acclamation accueille les artistes au moment où ces derniers prennent place sur le podium.

Wilson est accompagné de son fidèle bassiste, Nicky Beggs (ex-Kajagoogoo, Steve Hackett) et du claviériste Adam Holzman, qui, excusez du peu, a côtoyé Miles Davis. Ils sont épaulés par le batteur Craig Blundell, un musicien de sessions et, à la guitare, Alex Hutchings, qui a remplacé Dave Kiliminster, occupé comme on le sait, par la tournée de Roger Waters.

 « Nowhere Now » ouvre le set et d'emblée, le ton est donné. Les riffs de guitare, inspirés par Rush, s'intègrent dans un cadre harmonique rappelant le Pink Floyd de « Learning To Fly », mais l'ensemble porte l'empreinte, indélébile, de Steven Wilson. On le constatera tout au long de ce concert, l'artiste est passé maître dans l'art de s'approprier un éventail extrêmement large d'inspirations musicales, de les digérer et de fournir, au final, une signature unique, reconnaissable entre mille. La marque des grands artistes.

Pour la chanson suivante, « Pariah », la vocaliste israélienne Ninet Tayeb, absente, apparaît en vidéo sur le voile transparent dressé entre le podium et le public. Ce titre, très pop dans sa structure, révèle le côté foncièrement sociologique des thèmes abordés par Wilson dans les paroles de ses chansons.

Sur la scène, l'artiste évolue pieds nus, suivant son habitude. A plus de 50 ans, il a toujours son éternel look d'étudiant de fac. Planté au centre de l’estrade, il joue au chef d’orchestre au sein de son supergroupe. Il passe de la guitare électrique à la sèche, stimule en permanence ses musiciens ; et parfois, sans instrument, souligne les impulsions majeures de l’expression sonore.

Après « Pariah », Wilson salue le public et l'invite à se manifester davantage : ‘Nous avons besoin de sentir votre enthousiasme !’ Poursuivant sur un ton très 'tongue in cheek', il explique que vu le couvre-feu imposé à 22h30, le show sera un peu raccourci et donc, pour une fois, il sera obligé de parler moins !

 « Home Invasion / Regret #9 », extrait de l'album « Hand. Cannot. Erase » permet au groupe de passer aux choses sérieuses. Après les compositions plus 'accessibles', place à un tour de force de plus de 10 minutes, où foisonnent les éléments metal, jazz-rock, voire même free-jazz, sans oublier les envolées prog/psyché. Un véritable patchwork évoquant King Crimson, Pink Floyd, Camel, Yes, Rush, Todd Rundgren (Utopia) et autre Van der Graaf Generator. Adam Holzman est ici parfaitement dans son élément et il s'offre un solo au mini-Moog complètement ahurissant. On pense à Happy The Man, ce groupe américain de la fin des seventies injustement sous-estimé, auquel Holzman voue, nous a-t-il confié en coulisse, une énorme admiration. Alex Hutchings prend le relais pour un solo 'gilmouresque' plus orienté rock mais tout aussi impressionnant. On en a des frissons dans le dos ! C'est enfin Wilson lui-même qui clôture la composition tout en douceur sur les cordes de sa guitare signée Paul Reed Smith.

 « Don't Hate Me » constitue la première incursion dans le répertoire de Porcupine Tree et la réaction d'une partie du public est, on s'y attendait, délirante. Le riff de guitare s'installe tout en douceur, lové dans les volutes atmosphériques créées à l'époque par le grand Richard Barbieri (ex-Japan). On ne va pas revenir sur la polémique 'Porcupine Tree versus Wilson en solo' mais on ne peut à nouveau que regretter la dissolution de ce groupe légendaire. Même si Wilson apportait la base des compositions, PT était le fruit d’un travail de groupe. Les musiciens étaient tous impliqués dans la composition et participaient également aux arrangements, ce qui expliquait leur richesse. Ecartant toute pensée négative, nous nous concentrons sur le spectacle, qui nous plonge dans un moment de pur bonheur, et notre gorge est serrée pendant le refrain : ‘Don't Hate me, I'm not special like you...’

Après ce moment magique, on revient sur terre. ‘Ce soir, j'ai envie d'être une rock star', confie Wilson, un sourire en coin. 'Mes deux nièces sont présentes dans la salle et je veux leur montrer que leur oncle est une star !' Et l'Anglais de supplier le public de lui faire un triomphe au cours de la prochaine chanson, surtout pendant le solo de guitare, qu'il interprétera, promet-il, sans regarder son manche ! 'Comme les Jimmy Page et autre Jimmy Hendrix !' C'est « The Same Asylum as Before » et pendant le solo, interprété sur une Telecaster vintage que Wilson a acquise récemment, le public sur-joue à la perfection, réservant un triomphe au chanteur-guitariste en plein ego-trip. Funny !

La partie suivante du spectacle est, sans doute, la plus faible, car ni « Get All You Deserve » ni « Ancestral » ne parviennent à nous faire décoller. L'interlude prévu normalement à ce moment-là est remplacé par deux solos, réalisés à la batterie et à la basse, le temps que les autres musiciens se rafraîchissent et reviennent pour « No Twilight... » mais surtout pour « Index ». Ce titre, extrait du second LP solo de Wilson, « Grace For Drowning », est un pur chef-d'œuvre. Le thème est on ne peut plus 'dark' :  un tueur en série raconte qu'il est juste un collectionneur incompris. La musique est à tomber... raide mort. C'est un crossover glaçant entre dark ambient, post-metal et trip-wave, un voyage menaçant et hypnotique qui creuse dans les tréfonds de l'âme humaine.

Contraste ô combien violent, le moment suivant est le plus 'commercial' de tout le spectacle. Certes, le single « Permanating » représente le plus large succès de Wilson à ce jour, mais on ne sait que penser de ce titre bâtard, constitué d'un collage maladroit de phrases musicales empruntées aux années '80. Le refrain s’inspire un peu trop d'Abba, et notamment de « Mama Mia », le couplet de Flash and The Pan et le bridge d'Electric Light Orchestra. Et le résultat pourrait figurer sur la face B d'un mauvais single de Coldplay. Wilson a beau le présenter comme un moment 'pop' qui, loin de la morosité dépressive de ses autres compos, évoque une 'célébration de la vie', on attend juste que le moment passe… et le plus vite possible.

Dans la foulée, « Song of I » prolonge l'ambiance 'Années 80' en réanimant ouvertement l’esprit de Prince. Ici, à nouveau, la voix féminine est diffusée en playback et l'attention du public se focalise surtout sur la superbe vidéo, mettant en scène une danseuse, dont la silhouette est projetée sur le voile au-devant de la scène. A partir du milieu du morceau, le son vire au 'dark trip-hop' façon Massive Attack, le tout rehaussé par des cordes kashmiresque : une totale réussite !

Après « Lazarus », nouvel emprunt à PT, l’instrumental « Vermillioncore » permet aux fans de metal de pratiquer un peu de 'headbanging', lors des passages plus 'heavy'. « Sleep Together » clôt le set, un morceau qui figure sur « Fear of a Blank Planet », sans doute le meilleur opus du défunt et mythique combo. L'intro, très dark électro, lorgne vers Nine Inch Nails et le refrain provoque une véritable explosion : ‘Let's sleep together... Right now’. Difficile de ne pas discerner une analogie entre ce refrain et celui de « Sweet Harmony » de The Beloved... La progression finale de la composition est irrésistible et mène inexorablement vers un orgasme sonore final...

En rappel, Steven Wilson offre un petit set acoustique, accompagné du seul Adam Holzman au piano. Au programme, deux compositions qui, aux dires même du musicien, tiennent parfaitement la route sous cette formule minimaliste. Une preuve que ce sont des bonnes compos ! Et on confirme. Tant « Blackfield », la chanson qui a donné son nom au projet d'Aviv Geffen, que « Sentimental », de Porcupine Tree, font parfaitement mouche. Pour clôturer le spectacle, on a droit à une tout dernière reprise de PT : « The Sound of Muzak » et, en point d'orgue idéal, « The Raven that Refused to Sing », probablement la plus belle composition de Steven Wilson. Assis sur un tabouret, il chante cette mélodie déchirante, rehaussée par la superbe vidéo d'animation de Jess Cope. On n’entend pas une mouche voler tout au long de cette chanson qui vous flanque la chair de poule. Le son quadriphonique renvoie des effets provenant des quatre coins de la salle, pour une expérience musicale totale. ‘I'm afraid to wake... I'm afraid to love...’

Un concert parfait à tous points de vue : son, lumières, vidéos, contact et bien sûr... les chansons. Steven Wilson appartient incontestablement à cette catégorie de génies polyvalents, au même titre que les Bowie, Reznor et autre Yorke, qui ont marqué d'une empreinte indélébile la musique 'indie' contemporaine. On est impatient de découvrir ce que le 'Wilson King' nous réserve dans le futur. Une reformation de Porcupine Tree pour un album et une tournée ? Faut pas rêver...

Setlist :

Intro - ("Truth" Short film)
Nowhere Now
Pariah
Home Invasion
Regret #9
Don't Hate Me (Porcupine Tree song)
The Same Asylum as Before
Get All You Deserve
Ancestral
Solos drums & bass
No Twilight Within the Courts of the Sun
Index
Permanating
Song of I
Lazarus (Porcupine Tree song)
Vermillioncore
Sleep Together (Porcupine Tree song)

Encore:

Blackfield (Blackfield song) (acoustic SW and Adam Holzman only)
Sentimental (Porcupine Tree song) (acoustic SW and Adam only)
The Sound of Muzak (Porcupine Tree song)
The Raven That Refused to Sing

(Organisation : Cirque Royal + Live Nation)

Photo : Nath Alie Héméra

C'est dans un nuage de bulles de savon que les journalistes ont été accueillis ce jeudi dans l'Orangerie pour la conférence de presse des Nuits 2019. Et pour cause : le thème visuel de cette 26e édition est la bulle. Paul-Henri Wauters, directeur du centre culturel, a expliqué que cette image représente bien le côté psyché et dream-pop coloré, voire même métissé de la programmation.

Mais l'image représente également très bien le côté incubateur du Bota. Plus que jamais, le centre veut en effet être accoucheur de nouveaux talents locaux. Ainsi, en 2019, le centre culturel offre une 'résidence' à Atome, My Diligence, Ykons, Marc Mélia, Esinam, Namdose, Vehika, Beautiful Badness, Ozferti, Bimbo Delice, Okamy, run SOFA, Judith Kiddo et R.O x Konoba. Certains artistes sont par ailleurs en 'mandat résidentiel', ce qui signifie que le suivi de leur carrière est complet. Leurs heureux bénéficiaires en sont Atome, Esinam, Glauque, Martha Da’Ro, Aurel, run SOFA et Juicy.

Mais revenons aux Nuits... Cette année, l'odyssée comptera 13 soirées et proposera 52 concerts, 12 présentations de nouveaux projets, autant d’avant-premières et quatre créations. Comme l'année passée, c'est la famille Gainsbourg, certes élargie, qui occupera le haut de l'affiche, grâce à Lou Doillon. La fille de Jane Birkin succédera à sa demi-soeur Charlotte pour un concert très attendu sous le Chapiteau le 29 avril.

Mustii, qui rencontre un succès public retentissant, proposera une relecture inédite de son album « 21st Century Boy ». Les autres créations seront réalisées par :
- Esinam : expérience collective autour de l'univers afrojazz / electro de l'artiste ;
- la Grande Clameur : un rassemblement de 500 chanteurs et 50 accordéons, orchestrés par Jean-Paul Dessy ;
- Stephane Ginsburgh : intégrale des 10 sonates pour piano de Sergueï Prokofiev (dont la 10ème inachevée et inédite).

De nombreux groupes et artistes belges proposeront un nouveau répertoire en avant-première dont, notamment, David Numwami, Lomboy, Judith Kiddo, Great Mountain Fire, The Feather et Monolithe Noir/Percussive Ensemble. Au programme également, des concerts 'releases', l'occasion pour certains artistes locaux de fêter la sortie d'une nouvelle production. Ce sera le cas pour Romain Cupper, Halehan, Annabel Lee, Kobo, Black Flower, Ebbène, run SOFA, Aurel, Jeremy Walch, R.O x Konoba et Tanaë. L'ouverture dans la programmation se traduira par une présence accrue de groupes et d'artistes hi-hop et rap, dans une recherche de la qualité musicale et du mélange des genres.

A noter également, le warm-up des Nuits, qui se tiendra le 5 avril dans le quartier Saint-Géry et verra certains des artistes belges du festival pousser des disques dans le Café des Halles, le Roi des Belges, le Zebra et le Mappa Mundo.

On a également appris que le Botanique va installer un studio audio-vidéo en ses murs afin de permettre aux artistes en résidence de concrétiser leur travail sous la forme d'enregistrements ou de capsules vidéo.

Enfin, annoncée l'année passée, la rénovation des serres du Botanique sera réalisée dans les prochains mois, un travail colossal rendu possible grâce au soutien de la Communauté française. Ces travaux coïncideront avec le bi-centenaire du site. Quant à la perte, définitive, semble-t-il, de l'exploitation du Cirque Royal, désormais géré par la Ville de Bruxelles, elle devrait être compensée par l'intégration d'une nouvelle salle dans le giron du Centre. A suivre...

Pour consulter le programme des Nuits et pour acheter les tickets, c'est ici.

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de rencontrer, en chair et en os, un des pionniers de la musique électronique. Jean-Michel Jarre a débarqué à Bruxelles pour présenter son nouvel album, « Equinoxe Infinity », et votre site musical préféré a été invité à la session d'écoute accordée au Cinéma Palace.

Inutile de présenter ce musicien français d'exception, qui depuis son premier succès, « Oxygène », en 1976, est devenu un des piliers de la musique moderne. Il a vendu plus de 80 millions de disques et a créé, en s'inspirant de Pink Floyd, le concept de méga concert. Il détient d'ailleurs toujours le record du plus grand nombre de spectateurs : 3,5 millions à Saint-Pétersbourg, en 2011.

Aujourd'hui, au Cinéma Palace, il rencontre la presse en affichant toute l'élégance qu'on lui connaît. Toujours fringant, il ne fait pas du tout les 70 printemps au compteur. D'un ton courtois et amical, il explique que, pour réaliser son nouvel opus, il a essayé de mélanger les technologies modernes et les sons analogique vintage. ‘L'album est en phase avec le son d'aujourd'hui’, précise-t-il. ‘J'ai pensé qu'il serait intéressant de me resservir des mêmes instruments utilisés il y a 40 ans. Mais j’ai également pensé que si j’avais encore 30 ans, comme en 1978, j'utiliserais certainement des instruments modernes. Donc, j'ai décidé de combiner ceux de l'époque à ceux qui n'existaient pas encore en '78. Je les ai dénichés sur Internet, comme par exemple le GR-1*, un synthé numérique de chez Tasty Chips Electronics ; un instrument incroyable !’.

Ou comment combiner l'ancien et le nouveau, en somme. Tout en conservant, comme fil rouge, toujours ce style inimitable, atmosphérique, solennel et hautement mélodique. ‘Il n’est pas possible d’échapper à son style’, poursuit le musicien français. ‘Je vous donne un exemple. Un jour, dans le studio de Moby, nous travaillions sur un morceau destiné à « Electronica ». Il s’installe aux claviers et joue un simple accord de ré mineur, un ré fa la que même un enfant de 10 ans pourrait reproduire et malgré tout, soudain, on perçoit le son inimitable de Moby’. C’est pareil pour Jean-Michel Jarre. Que ce soit au travers d'instruments datant des seventies ou d'une technologie ultramoderne, les compositions portent l'empreinte de l'artiste.

Notons, au passage, que les deux longs formats « Electronica 1 et 2 » figurent parmi les plus belles réussites du sorcier des claviers. Publiés en 2015 et 2016, ils recèlent des plages composées au travers de collaborations opérées en compagnie d’artistes comme Gary Numan, Moby, Pet Shop Boys, Rone, Gesaffelstein, Boys Noize, Peaches, Fuck Buttons, sans oublier notre ami 3D, de Massive Attack (NDR : il est plus connu sous le pseudonyme de Banksy).

Pionnier de la musique électronique, Jarre souligne la nature fondamentalement européenne de ce style. ‘Les gens ont tendance à oublier que la musique électronique est issue de l’Europe et n'a rien à voir avec le blues, le jazz ou la musique américaine. Elle vient de France, d'Allemagne, mais aussi d'Italie, grâce notamment à Luigi Russolo, qui a rédigé son manifeste The Art of Noises (NDR : 'L'arte dei Rumori') en 1913. Elle émane aussi de Russie : pensez, par exemple, à Leon Theremin, le père du 'theremin', l'ancêtre du synthétiseur. Et c'est ce patrimoine européen qui, hérité également de la musique classique, a conduit à ces longues parties instrumentales qui font l'originalité de nos compositions. C'est aussi pourquoi nos pays européens occupent une place si importante dans le monde de la musique électronique, de par le monde. Et chaque pays possède ses caractéristiques spécifiques. La France, par exemple, est plus impressionniste, c'est une tradition : écoutez Air, Rone, etc. L'Allemagne, par contre, prône une autre approche. Quand j'ai débuté, il y avait Tangerine Dream et Kraftwerk. Ils avaient une conception froide et robotique de la musique. Attention : ce n'est pas un jugement qualitatif. D'ailleurs, ils ont créé des chefs-d'oeuvre en travaillant de cette façon. C'est juste pour montrer que l'approche est différente. Les musiciens de Tangerine Dream, par exemple, avaient l'habitude de quitter la scène pendant que les séquenceurs jouaient encore. C'était comme une apologie de la machine. Perso, j'avais une autre philosophie. J'essayais toujours d'utiliser des sons différents et les séquences changeaient constamment. J'étais 'anti-pattern', pourrait-on dire. Et, d'ailleurs, sur mon nouvel album, c'est pareil, les sons évoluent tout le temps, ils ne sont jamais les mêmes...’

Passionné de new wave et plus particulièrement de la période de gestation de ce courant musical, entre 1976 et 1980, votre serviteur ne pouvait passer à côté de ce sujet, surtout face à un musicien qui a contribué à l'émergence de la musique 'wave' synthétique. Il lui a donc posé quelques questions.

Musiczine : 2018 célèbre les 40 ans d'« Equinoxe » mais également des débuts de la new wave synthétique. Elle a vécu ses premiers bourgeonnements en 1978, grâce à « Being Boiled » de Human League et « Warm Leatherette » de The Normal. Plus tard, en 1979, ce sera, on le sait, l'explosion, grâce, entre autres, à OMD et Gary Numan. Quelle influence avez-vous exercée sur les artistes fondateurs de ce style musical ?

Jean-Michel Jarre : C'est à eux qu'il faudrait le demander. Néanmoins, je peux quand même signaler avoir réalisé, comme vous le savez, un titre sur « Electronica », en compagnie de Gary Numan, un artiste que j'apprécie au plus haut point. Par ailleurs, il y a quatre ans, le magazine anglais Mojo m’a décerné un Award ; et c'est John Foxx qui me l’a remis. Lors de la cérémonie, il a eu une déclaration intéressante, outre ses propos positifs à mon égard. Il a avoué que la première fois qu'il a entendu « Oxygène » et « Equinoxe », il s'est rendu compte que les musiciens anglais étaient tous influencés par la musique américaine et que pour la première fois, il en entendait une profondément européenne. Ce qui lui a donné l’idée de s’exprimer différemment et de créer Ultravox, etc. J'ai été très touché par cet hommage indirect. Evidemment, il y a certainement eu une influence (NDR : de sa part), mais je n'ai pas pu la mesurer concrètement. En tout cas, il est clair que j'ai ressenti une filiation bien plus que 'synthétique' vis-à-vis d'artistes comme OMD ou de la new wave en général.

Musiczine : Vu que nous êtes à Bruxelles, avez-vous eu ou avez-vous pour l'instant, des contacts avec les musiciens belges ? A une certaine époque vous auriez pu collaborer avec Telex ou encore Front 242...

Jean-Michel Jarre : Bien sûr, ce sont des musiciens très importants ! Mais n'oubliez pas qu'avant Internet, les artistes avaient peu de contacts entre eux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai initié les albums « Electronica », afin de créer des ponts avec d'autres artistes. Mais en effet, j'aurais beaucoup aimé travailler en compagnie d’artistes belges. Comme Soulwax / 2ManyDJs, par exemple, que j’aime aussi. Une coopération est même envisageable à un moment ou un autre.

D'ailleurs, en ce qui concerne la Belgique, je souhaite ajouter qu’il s’agit un endroit où je me sens très bien. Pas pour des raisons fiscales, comme certains de mes compatriotes. Et j'aimerais réagir aux déclarations de Donald Trump à propos de Bruxelles. Il a prétendu que c'était un ‘trou à rats’. Et bien, vu que je suis du signe du rat en astrologie chinoise, j'estime que ce 'trou' est le centre du monde...

Merci à Jean-Michel Jarre, ainsi qu'à Sony Music, Valérie Dumont et Radio Vibration.

Pour écouter l'interview en audio, consultez la page mixcloud de l'émission de radio WAVES, c'est ici 

* A ne pas confondre avec le GR-1 de Roland, une guitare/synthé qui date de 1992...

 

Un sentiment de nostalgie, voire de tristesse, plane ce soir sur l'Ancienne Belgique. Soldout, le duo électro-pop bruxellois accorde son dernier concert. Charlotte et David ont en effet décidé de refermer le chapitre Soldout.

En 15 ans, ce projet a permis au couple de voyager à travers le monde entier. Il a vécu des moments inoubliables et s'est réinventé en permanence, en toute sincérité, depuis le premier jour. Aujourd’hui, les musicos veulent prendre d’autres risques, tout remettre en jeu, démarrer de nouveaux projets musicaux, retrouver l'innocence de leurs débuts.

Le public est venu en masse pour assister à la dernière prestation du duo. Même Charlotte ne résiste pas à la tentation de faire le jeu de mot : 'Le concert de Soldout est soldout ce soir !' Sur le podium, ils sont accompagnés par leur fidèle batteur et la scénographie est, comme d'habitude, très minimaliste, articulée autour de néons dressés verticalement. Dès les premiers morceaux, « The Call » et « Wazabi », l'ambiance est électrique. Mais c'est « I Can't Wait », leur classique électro-clash de 2004, qui provoque les premières vagues dans la foule.

Après une séquence plus calme (« Forever » et « My Love »), les Bruxellois remettent le turbo et attaquent « Oppression », le tour de force électronique qui s'étend sur sept minutes, suivi du hit incontournable : « I Don't Want To Have Sex With You ». Charlotte s'approche du bord de l’estrade ; ce qui déchaîne les fans des premiers rangs. On imagine un retour au calme, mais on assiste à la première surprise de la soirée. Bim ! Le « Mine » de Ghinzu bénéficie du concours d’un invité de marque : John Stargasm himself ! Souvez-vous que le track était paru sur « Dead Tapes », l'album de collaborations sorti en 2005.

Et après « One Word », re-bim ! Deuxième surprise car, pour transfigurer « The Box », Soldout a invité Richard 23 de Front 242. Ce titre power-electro correspond parfaitement à un des plus grands showmen de ce côté-ci du Rio Grande. Il ne se gêne pas pour rouler les mécaniques et faire monter l'ambiance d'un cran, grâce à sa présence très.... body !

Quand la dernière note retentit, Soldout se retire. Première impression : le temps a passé très vite. Il est déjà 22h et le duo revient pour une troisième surprise... C'est Lionel, des Girls In Hawaï qui vient prêter sa voix et sa guitare à la version acoustique de « I Don't Want To Have Sex With You », également extraite de « Dead Tapes ». Un moment émouvant.

Le premier rappel se poursuit par « Do It Again », « Get Out », « Ocean » et « Dune », et Charlotte en profite pour aller prendre un bain de foule en emportant son micro sans fil. L'occasion pour elle de communier auprès de ses fans et de taper des 'high-fives' avec les spectateurs qu'elle reconnaît, dont votre serviteur.

En toute logique, le deuxième rappel est consacré à « The Flow », le 'chant du cygne' du duo, un cadeau d'adieu publié il y a quelques jours en édition limitée sur vinyle transparent. C'est un petit joyau électro de 13 minutes qui permet à David de montrer toute l'étendue de sa maîtrise aux synthés. Il y part dans un délire électro-kraut digne de Klaus Schulze période « X ». Un véritable trip d'une beauté sidérale, qui nous laisse la gorge nouée. Un magnifique point d'orgue pour une soirée inoubliable. ‘Farewell’, les amis, et continuez de nous enchanter dans vos prochains projets !

Dj Salas assurait le supporting act. D’origine péruvienne, ce Bruxellois est également producteur. Il a publié des maxis et des remixes sur des labels aussi prestigieux que Relish, Toys For Boys, petFood, Kill The DJ ou B-Pitch Control. Il est hébergé par l’écurie Biologic depuis 2012 et a publié son premier elpee, « The Unspoken », en 2017. De son véritable nom Diégo Cortez Salas, il adore mêler les styles, depuis la house à la new beat, en passant par le disco. Sans oublier d’injecter dans sa solution sonore, des percussions. Quoique brillant derrière ses platines, il manque quand même d’interactivité ; d’ailleurs, il n’a jamais adressé le moindre regard à la foule… (D.D.)

Setlist Soldout :

The Call
Wazabi
I Cant' Wait
94
Forever
My Love
Drop of Water
Oppression
I Don't Want To Have Sex With You
Mine (ft. John Stargasm)
One Word
The Box (ft. Richard 23)

Rappel I :

I Don't Want To Have Sex With You (ft. Lionel de Girls In Hawaï)
Do It Again
Get Out
Ocean
Dune

Rappel II :

The Flow

Pour voir les photos de Wim Heirbaut, c'est ici

Pour revoir le concert de Soldout sur Youtube, c'est

Organisation : Progress Booking + Ancienne Belgique

 

samedi, 01 décembre 2018 11:11

Sinner's Day 2018 : samedi 1er décembre

Organisé depuis 2009, le Sinner’s Day est le festival limbourgeois qui met en exergue la fine fleur du mouvement punk/new wave. Cette année, la programmation rend également hommage aux précurseurs, qui ont sévi de la fin des sixties à la fin des seventies. Implanté jusqu'ici à Hasselt, le Sinner's Day a déménagé à Genk, dans le Limburghal, une salle plus petite que l'Ethias Arena. Un repli peut-être dû à la concurrence, sur le même créneau, du W-Festival, en pleine croissance… Ce dernier organise d'ailleurs ce même soir un concert de Peter Murphy au Vooruit, à Gand. Un conflit d'agenda fort regrettable! Qu'à cela ne tienne, quelque 4 500 fans, contre 7 000 il y a deux ans, se sont déplacés, bien décidés à enclencher la machine à nostalgie.

L'ensemble du programme du festival se déroule dans le grand hall, sur une seule grande scène, divisée en deux parties. Celle de droite est réservée aux formations internationales et celle de gauche, aux groupes belges. Pendant qu'un concert se déroule d’un côté, l'autre est occulté par un rideau noir pour permettre au combo suivant de s'installer. Un système astucieux et pratique mais qui limite quand même l'espace vital disponible pour chaque show.

Quand on débarque sur les lieux, Cabaret Voltaire vient d’entamer son set. Il est 16h05. Le groupe est, on le sait, devenu le 'one-man band' de Richard H. Kirk. Créé en 1973 et pionnier de la musique industrielle, à l’instar de Throbbing Gristle, le gang de Sheffield a marqué son époque grâce à des hits alternatifs comme « Nag Nag Nag » et, plus tard, « Just Fascination » et « Sensoria ». En live, Richard H. Kirk propose depuis plusieurs années un show qui ressemble plus à un spectacle audio-vidéo qu'à un concert. Debout derrière ses ordinateurs, à la façon d'un DJ/VJ, il contrôle une bande-son synchronisée à l’aide d’images abstraites. Ennuyeux, d'autant qu'il n'y a quasi aucun titre connu dans la setlist.

Sans aucune transition, Cocaine Piss embraie. Le band liégeois s’est forgé une solide réputation en dispensant un punk-noise violent et sans concession. La plupart de ses 'chansons' ne dépassent pas les 2 minutes. Sur l’estrade du Sinner's Day, la bande à Aurélie Poppins fait le show et comme d'habitude... il est très chaud…

Flashback de 40 ans en arrière (ou quasi), ensuite, pour (re-)découvrir Fischer-Z, le projet du 'lumineux' John Watts. Alternant les hits comme « So Long » ou « The Worker » et titres moins connus, l'Anglais démontre toute l'étendue de son inspiration, qui couvre la pop aux accents reggae, le post-punk et la new wave. Sa voix très haut perchée, ‘une voix de petit singe’, comme il se plaît à le rappeler, a quelque peu mué au fil du temps et elle nuit un peu à l'identification des morceaux. Mais la sympathie de l'artiste et l'intemporalité de « In England », « Battalions of Strangers » et surtout « Marliese », calée en fin de parcours, vont finir par conquérir les fans.

Après quelques minutes de répit, place à Funeral Dress. Formé en 1985, ce combo belge est adapte d'un punkcore ultrarapide et particulièrement 'heavy'. Arborant fièrement la crête, les musicos déversent un flot de décibels et leur enthousiasme est contagieux. Le public des premiers rangs connaît la plupart des paroles de leurs chansons, et notamment celles de « Party On ». Même la reprise du « Down Under » de Men At Work fait mouche. Belle ambiance !

On passe d'un gang à un autre, puisqu’il est l’heure de Gang of Four ! Originaire de Leeds, la Bande des Quatre a contribué à façonner les contours du post-punk en '78. De la formation originale, il ne subsiste plus qu'Andy Gill, le guitariste. Entouré de 3 jeunes substituts, il affiche la soixantaine grisonnante et fait penser à Jimmy Page voire Michael Caine. En compagnie du chanteur, il entretient un climat tendu, sur le fil du rasoir. Après une introduction vidéo dévoilant un rituel amérindien, il triture sa guitare et la frappe sur le sol pour en tirer des bruits stridents qui alimentent « I Love Anthrax », la flip side de « Damaged Goods », sorti il y a tout juste 40 ans ! Ce mélange unique et singulier de post punk et de funk blanc (NDR : cette basse !) est parfaitement identifiable, surtout tout au long de « Not Great Men ». A la section rythmique, les petits jeunes assurent un max. Etonnamment amorphe, le public réagit surtout sur « I Love A Man In Uniform » et « Damaged Goods ». Après « To Hell With Poverty », qui souligne le côté engagé du quatuor originel, le rappel permet enfin au chanteur de se défouler sur un four à micro-ondes installé sur le podium. Avec sa dégaine de petite frappe, il le défonce à l'aide d'une batte de baseball. Pas vraiment du meilleur goût. Bref, un show intense, malgré l'absence du hit pourtant incontournable « What We All Want »…

Le temps d'aller chercher une bière et Red Zebra prend place sur la moitié 'belge' du podium. Les chouchous du public flamand fêtent leurs 40 ans d’existence et se montrent plus forts que jamais. Leur punk-pop est toujours aussi énergique et communicatif, que ce soit à travers « Spit on the City » ou « Shadows of Doubt ». Lors de ce dernier morceau, Peter Slabbynck glisse son allusion habituelle à « This is not a love song », soulignant l'évidence filiation avec P.I.L. Et le hit « I can't live in a living room » constitue, bien entendu, le point focal de cette prestation. Mention spéciale également, à la reprise du sublime « Winning » de The Sound. 

Place maintenant à une légende absolue du rock : John Cale. A 76 ans, le musicien américain a tout inventé, surtout au sein du Velvet Underground, à la fin des années 60. Co-instigateur d'un art-rock sombre et expérimental, il a contribué à façonner tout un pan de la musique moderne, du (post-)punk à l'indie-rock. Lorsque le rideau se lève, c'est avec émotion que l'on découvre l'homme en noir, les cheveux gris lumineux et les yeux bleus tristes et profonds. Assis derrière son clavier Kurzweil, il est impressionnant de calme et de sérénité pendant « Hedda Gabler ». Tout au long de son set, il va alterner compositions expérimentales (« Fear Is A Man's Best Friend »), morceaux proto-(post-)punk (l'incroyable « Rosegarden Funeral of Sores ») et ballades poétiques déclamées façon 'spoken word' (« Helen of Troy »). En écoutant sa voix de crooner crépusculaire, on se rend compte de l'influence, phénoménale, qu'il a exercée sur des artistes comme Patti Smith, Scott Walker, Brian Ferry, David Byrne, Peter Murphy, Nick Cave, John Maus, et la liste est loin d’être exhaustive ! Le show manque un peu de pêche mais le public est fasciné, voire même hypnotisé. Evidemment, des reprises du Velvet sont prévues au programme : « Heroin », qui s'étend sur plus de 6 minutes et, en fin de set, « Waiting For The Man ». Datant de 1977, ce morceau a inspiré le « Heroes » de David Bowie. En rappel, Cale clôture par une séquence enchaînant « Gun », extrait de son album « Fear » (1974), et « Pablo Picasso», le titre composé par Jonathan Richman, des Modern Lovers, le tout interprété par le maître debout et à la guitare ! Un moment unique et inoubliable.

On passe de l'artiste le plus vieux au groupe le plus jeune du festival. Pour les 'locaux' que sont nos amis de Whispering Sons, ce concert est un peu comme un retour triomphal à la maison. Après deux années complètement folles, qui a vu la formation grimper au sommet tant en Belgique qu’à l’étranger, la bande à Fenne Kuppens peut savourer ce moment magique devant tous ses fans. ‘Come On, Fenne !’, crient ces derniers au moment où le concert commence, provoquant chez la chanteuse un sourire gêné. Comme à l'AB Club récemment, les 'Sons' vont aligner les titres de leur nouvel et excellent album « Image », entrecoupé de quelques incursions dans leur back catalogue. Un 'Home Run' réussi à tous points de vue, d'autant qu'ils ont joué l'extraordinaire « Waste », une tuerie absolue à la fin de laquelle, Fenne s'arrache littéralement les cordes vocales.

Dans le line up international, les organisateurs ont fait fort car à côté de John Cale, on a droit à MC-5, rebaptisé MC-50 pour des raisons de droits. Ce groupe américain est aussi considéré comme un des précurseurs du (post-)punk. La formation de Detroit (NDR : MC signifie Motor City) est emmenée aujourd'hui par un seul de ses fondateurs originaux, Wayne Kramer. Ce dernier est le premier à fouler les planches ce soir, sa guitare décorée en drapeau américain, en bandoulière. Il est soutenu par un véritable super-groupe, composé du guitariste de Soundgarden, Kim Thayil, du chanteur/bassiste de King's X, Dug Pinnick, du batteur de Fugazi, Brendan Canty, et de Marcus Durant, le chanteur de Zen Guerilla. Ce dernier ressemble à un Joey Ramone qui aurait forci. Et sa coiffure accentue cette impression. Lors de son set, MC-50 va aligner les classiques du rock garage avant la lettre tels que « Kick Out The Jams », « Ramblin' Rose » ou « Motor City Is Burning ». Tout comme celle des Stooges, sa musique a ouvert la voie au punk et le public ne se fait pas prier pour fêter le 50ème anniversaire de la formation.

Le point d'orgue du festival est bien choisi : Vive La Fête, le sympathique projet de Danny Mommens (ex-dEUS) et Els Pynoo, a l'art de clôturer en beauté. Formé en 1997, VLF est connu dans le monde entier grâce à sa pop electro-wave enjouée et irrésistible. Pour les festivaliers, les hits du groupe, que ce soit « Nuit Blanche », « La Vérité », « Maquillage » ou le nouveau « Toute la nuit », issu du nouvel LP, « Destination Amour », constituent les cerises sur le gâteau après un programme fort bien fourni. Tout le monde sourit, chante et danse. Le festival approche de son dénouement dans une ambiance ultra positive...

La note finale est apportée par une dernière légende vivante : Wolfgang Flür. Ce musicien allemand a milité chez Kraftwerk de 1973 à 1987, soit la période dorée des pionniers de la musique électronique. Percussionniste à l'origine, c'est lui qui a développé les batteries électroniques de la formation teutonne. Après son départ, il a embrassé une carrière solo, concrétisée, entre autres, par l'album « Eloquence ». Sur le podium, Herr Flür est planté derrière ses 2 ordinateurs Mac et nous réserve d'excellents 'reworks' de titres de Kraftwerk, tels que « Home Computer », « Neon Lights » ou « Pocket Calculator ». Mais également des compositions plus personnelles, pour lesquelles il a reçu le concours de différents musiciens, dont Bon Harris, le leader de Nitzer Ebb. Le show s'apparente davantage à un DJ set, agrémenté de vidéos et de photos de l'époque Kraftwerk ainsi que de films plus récents. Le public, moins nombreux à cette heure tardive, est conquis par ce ‘Flürilège’ de hits électros. A noter que Wolfgang Flür nous a confié en backstage avoir signé pour un nouvel album, dont la sortie est prévue pour l'année prochaine, qui sera à nouveau réalisé au travers de collaborations.

Au moment de tirer le bilan, on ne peut que féliciter les organisateurs pour l'excellente affiche et la logistique impeccable. On aurait bien entendu préféré voir davantage de groupes récents dans le line up mais, au regard de la moyenne d'âge des spectateurs, on peut comprendre la priorité accordée aux 'anciennes gloires'. On aurait également apprécié une offre plus étoffée en catering car la file devant l'unique frit kot était franchement rédhibitoire. Sans quoi, bravo à l'équipe !

En lever de rideau, les visiteurs déjà présents en début d'après-midi ont eu droit aux prestations de :

         O Veux : un groupe de punk/no-wave issu d'Hasselt qui a connu son heure de gloire dans les années '80 et a repris ses activités il y a peu au travers de rééditions mais aussi de nouvelles productions.

         Claw Boys Claw : un des groupes les plus importants de l'histoire du rock néerlandais. Fondé en 1983, il n’a connu qu’un seul grand succès en 1992 : "Rosie".

         Marcel Vanthilt : à 60 balais, Marcel a toujours l’âme d’un gosse de 18 ans. Figure de proue de la télévision flamande, il est aussi connu pour son travail au sein d'Arbeid Adelt! Aujourd'hui, l'icône belge est toujours là. La preuve : Vanthilt a enregistré son premier album solo cette année: « CA$HCA$H ». Au programme : une pop électronique aux accents eighties.

         De Brassers : eux aussi, des locaux ! Aux dires des personnes interrogées, ce sont eux qui ont gagné le prix de la meilleure ambiance dans la première partie du programme ! 

Pour regarder les photos de Wim Heirbaut, c'est ici

 

 

samedi, 24 novembre 2018 17:25

Une belle nuit avec Kim Wilde...

Ce soir, Kim Wilde nous a fixé deux rendez-vous. Contrairement à Laurent Voulzy, qui se lamentait pendant ses ‘nuits sans Kim Wilde’, nous allons passer ‘une belle nuit en sa compagnie’… Lors du concert, bien sûr, accordé dans la salle De Roma, à Anvers, mais grâce aussi, juste avant, lors d’une entrevue exclusive que la reine de la synth-pop des années 80 a accordée à Musiczine. Encore un peu de patience avant de découvrir cette interview qui sera publiée prochainement. Par contre, vos yeux impatients lisent, pour l’instant, le compte-rendu de sa performance 'live'…

Après avoir aligné une multitude de hits entre 1981 et 1985, puis traversé une période de repli dans le calme de sa propriété sise au cœur du Hertfordshire, Mrs Smith (NDR : c'est le vrai nom de Kim Wilde) opère pour l'instant une seconde carrière étonnante, déplaçant les foules dans l'Europe entière. Pour se rendre compte de sa popularité, il suffit de regarder les premiers rangs. Plusieurs centaines de fans sont massés devant le podium de la Roma dès l'ouverture des portes, attendant impatiemment leur idole.

C'est une véritable ovation que reçoit la chanteuse au moment où elle monte sur l’estrade. Elle porte une tenue noire de 'space warrior', chamarrée de pépites qui scintillent sous les 'sunlights'. Evidemment, les années ont passé et la jeune fille élancée est devenue une femme mûre aux formes plus rondes. Mais le caractère est toujours bien là : Kim Wilde est souriante, enjouée même. Dès les premiers morceaux, « Stereo Shot » et « Water On Glass », elle s'amuse avec le public et ses musiciens. Dans le groupe, on retrouve bien entendu son frère Ricky, co-compositeur et producteur, que la chanteuse présente comme celui sans lequel rien ne serait arrivé. A côté d'elle, figure également la fille de Ricky, Scarlett, qui s'acquitte des 'backing vocals' et virevolte sur scène comme une jeune polissonne un peu gothique.

Les hits sont interprétés dans des versions plus 'rock' que les originaux ; et pour cause ce soir le line up implique deux batteurs et deux guitaristes. Les arrangements très 'power-pop' permettent de passer un petit coup de baume sur les « View from A Bridge » et autre « You Came ». Seul le morceau « Cambodia », enrichi de superbes sons de synthétiseurs, conserve ses arrangements originaux. Au fur et à mesure que les hits se succèdent, la ferveur est de plus en plus palpable dans la fosse. Vers le milieu du show, Kim s'offre une petite session en acoustique pour interpréter des versions touchantes de « Hey Mr Heartache » et « Four Letter Word ».

Mais dès la fin de cette séquence, le rouleau compresseur se met en marche. Les volumes grimpent dans le rouge pour la version remixée de « Cyber Nation War », le puissant et efficace « Chequered Love », ainsi que la reprise du « You Keep Me Hanging On » des Supremes, dont le refrain est repris en chœur par tous les fans, du premier au dernier rang. Un grand moment ! 

Mais interpréter « 1969 », en fin de concert, constitue une petite erreur stratégique. Enfin, à notre humble avis. En outre, l'ambiance retombe d’un cran lorsque Kim raconte sa rencontre avec un OVNI, une expérience vécue en 2009. D’autant plus que le morceau, extrait du dernier album « Here Come The Aliens », ne déclenche pas l'hystérie escomptée. Au contraire, le traitement scénographique du thème ‘ufologique’ est par trop ironique pour ne pas dire dénigrant ; les effigies d'aliens imprimées à l'arrière des vestes des musiciens et les lasers ‘martiens’ accentuant cette impression. Dommage, surtout quand on considère le sérieux et la sincérité la chanteuse par rapport au thème des objets volants et phénomènes aérospatiaux non identifiés (NDR : on en reparlera dans l'interview).

Heureusement, lors du rappel, un autre nouveau morceau, « Pop Don't Stop », remet les pendules à l'heure grâce à son refrain imparable et le final est, comme on s'en doutait, consacré à « Kids In America », un bijou sorti en 1981.

Sur les planches, d'une gentillesse et d'une sincérité remarquables, Kim Wilde est tout simplement lumineuse. Sa voix est impeccable et, malgré quelques petites imperfections, la magie du concert a opéré, ravissant, finalement, tous les fans, dont votre serviteur…

Pour regarder les photos de David Alexandre, c'est ici

Organisation : De Roma

Merci à Kim et Ricky Wilde, à Sean chez Mixdown Management, à l'émission WAVES (Radio Vibration) et à De Roma.

Setlist Kim Wilde :

Stereo Shot
Water on Glass
Never Trust a Stranger
Kandy
Krush
Cambodia
Birthday
Yours 'til the End
Solstice
Words Fell Down
Bladerunner
Hey Mister Heartache
Four Letter Word
Rosetta
Cyber Nation War
View From a Bridge
Chequered Love
You Came
You Keep Me Hangin' On (The Supremes cover)
1969

Encore:

Pop Don't Stop
Kids in America

En supporting act, un jeune duo hollandais répondant au patronyme de Pyn nous a réservé un set sculpté dans un style indie-pop électronique et minimaliste…

L'automne 2018 est sans nul doute une période charnière pour Whispering Sons. Ce jeune groupe belge a sorti, en effet, son premier album 'long playing', intitulé « Image ». Originaire du Limbourg, Houthalen-Helchteren pour être précis, et maintenant établi dans la capitale de l’Europe, il comptait déjà à son actif un Ep, « Endless Party », publié il y a 3 ans par Wool-e-Tapes et Minimal Maximal, puis deux singles, « White Noise » et « Performance », gravés par Weyrd Son Records. La formation pratique un post-punk teinté d'influences shoegaze et indie-rock. « Image » est paru au Benelux sur le label PiaS. Un début de carrière fulgurant pour cette formation, décrite comme 'the next big thing' sur la scène indie orientée 'dark'. Nous avons rencontré Fenne Kuppens, la chanteuse/parolière et Kobe Lijnen, le guitariste/compositeur, à Bruxelles...

Vu sa distribution est internationale, ce premier opus est très important pour vous...

Fenne : Oui, l'album est signé par [pias] au sein du Benelux, SMILE pour le reste de l'Europe et Cleopatra Records aux Etats-Unis. C'est donc quasiment une distribution mondiale, ce dont nous sommes très fiers.

Quelle est l’évolution entre « Image » et vos productions précédentes ?

Fenne : La grande différence, c'est qu'on a enregistré « Image » au sein d’un studio professionnel, le GAM à Waismes, près de Malmedy, dans les Fagnes. C'était comme une retraite de 10 jours dans la nature en plein mois de janvier. Il neigeait beaucoup donc nous sommes restés confinés dans cet espace limité du matin au soir. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi l'album sonne aussi cohérent. Nous voulions proposer quelque chose de fort, avec une 'image' homogène.

On décèle en tout cas une progression dans le 'scope'. Le rayon d'action s'est étendu, la technique musicale a progressé surtout sur deux compositions, « Waste » et « No Image », qui proposent de nouvelles perspectives.

Kobe : C'est juste. Auparavant, on enregistrait des tracks qui avaient été élaborés en 'live' alors qu'ici, on a pris le temps de structurer les morceaux en studio. Par exemple, « No Image » était à l'origine une composition traditionnelle, avec une base rythmique et on s'est rendu compte qu'il y avait trop de matière ; donc on a déconstruit la chanson afin d’obtenir un résultat complètement différent du reste de l'album.
Fenne : Oui, on a eu le temps et la volonté de se consacrer au son, ce qui explique pourquoi on a travaillé en compagnie d’un producteur. On a veillé à structurer les couches de sons pour que l'ensemble sonne parfaitement.

Il y a deux ans, vous aviez défini votre groupe comme ‘une blonde qui exorcise ses démons sur de la musique post-punk’. Fenne, tu exorcises toujours tes démons aujourd'hui?

Fenne : Oui, et c'est même pire qu'il y a deux ans ! (rires)

« Waste » est devenu l’un de vos titres phares. Lors du concert 'release' à l'AB Club, il a provoqué une ovation incroyable du public.

Fenne : Oui, à la fin de la chanson, c'était fou. On a senti une énorme vague de cris et d'applaudissements, qui a duré plusieurs minutes. On s'est regardés, éberlués, en se disant ‘qu'est ce qui se passe?’ Le show dans son ensemble a été très intense. Tout s'est mis en place à la perfection du début à la fin : un moment parfait. 

Parlons maintenant de ta voix, Fenne. On mentionne souvent les références à Nico, Siouxsie, Larissa de Lebanon Hanover, mais en assistant au concert, à l'AB, quelqu'un d'autre m’a traversé l’esprit. Pour la voix mais aussi pour l'attitude. En alternant les moments calmes et les moments de folie totale, mais aussi à cause des paroles que tu écris, j'ai pensé à Patti Smith. Quand on la voit perdre son self control sur les planches en interprétant « Rock'n Roll Nigger » et s'étriper littéralement la voix, c'est le genre d’attitude que tu adoptes, toutes proportions gardées, bien sûr. 

Fenne : Oh merci ! J'adore tout ce que Patti Smith fait. C'est un très beau compliment. Ceci dit, je ne me suis jamais fixé comme objectif de chanter comme quelqu'un d'autre. C'est venu naturellement dans le processus d'écriture et au fil des concerts.

Parce qu'en fait, tu es quelqu'un de très timide...

Fenne : Oui, c'est sans doute pourquoi je dois monter sur scène pour sortir tout ce qu'il y a en moi.

Kobe, dans le titre « Skin », ta guitare évoque quelque peu les Chameleons. Comment décrirais-tu ton style ? 

Kobe : J'ai développé mon style en empruntant quelque peu à des guitaristes que j'aime, comme John Mc Geoch. J'apprécie son travail chez Siouxsie et Magazine, mais aussi au sein de The Armoury Show, particulièrement sur l'album « Waiting for the floods ».

Ton style est également très mélodique. Dans les compositions, en général, on retrouve deux mélodies, celle de la voix et de la guitare.

Kobe : Je veux compenser la faiblesse de ma voix, donc quand je compose, d'une certaine manière, je chante avec ma guitare.

Le job de Sander Hermans aux claviers est très discret mais ses soundscapes et ses séquences constituent un élément indispensable à votre son.

Fenne : Les claviers sont comme 'the glue', le ciment du son. Quand on réalise un soundcheck sans les claviers, c'est comme s'il manquait l'atmosphère, les fondements.

Aux drums, Sander Pelsmaeker impressionne. Notamment parce qu'il utilise la grosse caisse de sa main gauche sur un tom, debout ; une manoeuvre très difficile à exécuter…

Kobe : Au début, il se servait d’un drumpad, qui se joue debout. Puis il a troqué le pad contre une vraie batterie ; ce qui offre davantage d’alternatives en studio.
Fenne : Et en ‘live’, plus de variations de dynamique ; et puis, visuellement c’est mieux…

Quel thème développe « No Image » ?

Fenne : Celui de l'image que les gens ont de nous, et projettent sur nous et avec laquelle il faut vivre ; alors qu'en fait, elle ne correspond pas à notre véritable personnalité.

« No Time » est un bel exemple de composition plus complexe tant au niveau de la structure que de la rythmique.

Kobe : Oui. Les autres membres du groupe, surtout le batteur et le bassiste, étaient d'ailleurs un peu fâchés sur moi parce que les parties rythmiques sont assez difficiles à exécuter.

A cet égard, on peut également féliciter Tuur Vanderborne, le bassiste, dernier arrivé dans le line up.

Kobe : Tuur a très vite comblé le vide et pris sa place au sein du band. Dans « No Time », la section rythmique accomplit un mouvement différent par rapport aux autres musiciens et, en plus, c'est parfois dans le beat ou 'off beat'. C'était la chanson la plus 'challenging' sur l'album.
Fenne : Kobe a tendance à placer le groupe devant des défis mais bon, on y arrive (rires).

Je propose que vous choisissiez un ou deux titres qui ne figurent pas dans votre répertoire. Des coups de cœur, en quelque sorte. Il y a deux ans, vous aviez plébiscité « Second Skin » des Chameleons, « Whispering Sons » de Moral et « Insides » de The Soft Moon. Vous aviez d'ailleurs mentionné The Soft Moon comme un bon exemple à suivre vu qu'il (NDR : Luis Vasquez) fait son truc sans compromis et récolte un grand succès. Deux ans plus tard, croyez-vous avoir bien suivi cet exemple ?

Fenne : On n'a pas fait de compromis mais on doit encore beaucoup travailler avant d'atteindre le niveau d'un Soft Moon. Il faut promouvoir l'album, accumuler les concerts et peut-être après 2 ou 3 ans, on pourra dire : ça y est, on y est arrivé. Luis est un artiste qu'on adore. On a d'ailleurs assuré la première partie de The Soft Moon, il y a quelque temps.

Alors, vos sélections pour aujourd’hui ?

Kobe : Je choisirais « Superior State », du groupe français Rendez-Vous, extrait de son dernier album.
Fenne : Et moi, un titre de beak>, le projet de Geoff Barrow, de Portishead, c'est la plage « Brean Down ».

Pour écouter l'intégralité de l'interview en version audio, rendez-vous sur la page mixcloud de l'émission radio WAVES ici 

Whispering Sons se produira en concert dans le cadre du Sinner’s Day, à Genk, le 1er décembre, le 8 décembre à Turnhout et le 14 à Gand.

Un grand merci au groupe, à Eric Didden, leur manager, à Amandine (PiaS) et aux premiers labels qui ont supporté la formation : Dimitri (Wool-e-tapes), Dirk Ivens (Minimal Maximal) et Michael Thiel (Weyrd Son Records).

Photo par Karim Hamid : https://www.facebook.com/karimhamid2

 

 

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Originaire des Ardennes belges et aujourd'hui établie à Bruxelles, Mélanie Isaac vient de sortir un Ep intitulé « L'Inachevée », un disque qui constitue clairement une des révélations de la rentrée. Enregistré entre Bruxelles, Manchester et Gand, il recèle une pop mélancolique chantée en français au sein d’une atmosphère hypnotique, voluptueuse, carrément sensuelle qui flotte quelque part entre Barbara, Radiohead, Fishbach, Françoise Hardy, Mélanie de Biaso et Dominique A. Le son est ample et d'une impressionnante clarté et reflète un univers rétro futuriste, moderne et en même temps délicieusement 'vintage'.

Nous avons rencontré l'artiste dans le quartier de Saint-Gilles, où elle a élu domicile. Passionnée de photographie, Mélanie a immédiatement accepté quand nous lui avons proposé de choisir des photos ou des images pour illustrer les différents thèmes abordés lors de l'entretien…

 

© Raphaël Lugassy

Mélanie, à l’écoute de ton nouvel album, on est frappé par son côté très électronique, très pointu, par moments même expérimental, un peu à la façon de The Knife.

Je suis contente que tu dises ça, car j'aime beaucoup The Knife.

Certains sons sont alternatifs, à la limite… agressifs...

Incisifs ?

Oui, avec du mordant.

James Doviak

C'est James Doviak, un musicien/producteur issu de Manchester, qui s’est chargé des arrangements.

Comment es-tu entrée en contact avec lui ?

C'est Marc Watthieu qui a co-écrit « Jamais Sans Raison » et a eu la brillante idée de lui envoyer les démos. Quand j'ai reçu les premières chansons qu'il avait retravaillées, je me suis dit : 'wow !' Enfin quelqu'un qui a compris ce que je cherche ; à savoir des sonorités plus froides, plus nocturnes...

D'une manière générale, on est vraiment impressionné par ces arrangements mais aussi le son…

James est un véritable passionné. Par exemple, pour « Comme des Loups », il a accumulé une centaine de pistes. Il travaille le son par couches, par textures. Quand il parle d’un titre, il utilise le mot ‘drama’.

Et le résultat est étonnant. La voix, également, sonne très bien : elle est posée, très claire et voluptueuse...

Oui, la voix est le pilier central de mon travail. J’ai travaillé avec une 'coach vocale' issue de la culture classique, même si ce n’est pas dans cette direction que je chante mes chansons. Ce qui m’a permis d’asseoir mon geste vocal. Dans mon processus d’apprentissage, j’ai d'abord cherché à maîtriser des extrêmes, même si finalement, dans mon interprétation, je suis en fait proche d’une voix ‘parlée’, proche de l’oreille, de l’auditeur.

Il émane également beaucoup de douceur de ta voix...

Oui, disons que j’ai cherché dans la voix, quelque chose qui console.

Tu est issue des Ardennes et tu y es d'ailleurs retournée il y a peu pour accorder un concert. Un moment étrange, non ?

C’était bien sûr un peu émouvant. Croiser des gens que je n’avais pas vus depuis des années… Cette région demeure toujours quelque part en moi. Il y a cette image mentale, qui me définit, comme une forêt brumeuse…

Tu aimerais disposer d’une maison en pleine nature ?

Plutôt un chalet ou une cabane, ce serait génial. François Pirot, qui a réalisé le clip de « Comme des Loups », possède un vieux wagon qu'il a arrangé pour le transformer en chalet, au plein milieu d'une réserve naturelle : c'est magnifique. Ce qui me manque le plus depuis que je suis en ville, c'est de faire de la musique en étant sûre que personne ne puisse m'entendre. Et d'avoir un horizon devant moi, dans lequel je puisse me projeter pour créer.

Je crois que le côté visuel est très important dans ta démarche créative?

Oui, la photo est mon autre passion, à côté de la musique. Pour chaque chanson, je crée un 'mood board', un collage de photos destiné à visualiser l'ambiance, les couleurs, l’atmosphère. Au-dessus, on voit une partie du ‘mood board’ de « Qui Es-Tu ? ». Avec James, cela nous a permis aussi de communiquer. Lui m’a raconté qu’il y avait toujours des films qui tournaient silencieusement sur son écran quand il est dans son studio.

Je propose que tu choisisses une image par chanson et que tu y ajoutes un petit commentaire ?

 

Comme des Loups

Sans surprise, c'est une image des Ardennes, une dia réalisée par mon père que j’ai digitalisée il y a quelques années. La forêt, la terre, la brume, la pluie, toutes ces choses vivifiantes... Ces paysages sont ancrés dans mon esprit. Et dans la chanson, c'est une personne qui ne parle pas nécessairement à quelqu'un, elle peut être seule, dans un moment d'introspection, en pleine nature. Elle contemple avec tendresse le souvenir de quelque chose qui vient du passé.

 

Jamais Sans Raison

© Christophe Jacrot

C'est une photo de Christophe Jacrot, un photographe parisien, dont la spécialité est de photographier les intempéries. Cette photo a été prise lors d’une tempête de neige en plein coeur de New York. J’ai eu la chance d’être présente lors de la prise de vue. Une tempête vécue en hauteur. L’ensemble du ‘mood board’ illustre un côté urbain, des lumières froides et contrastées, des errances nocturnes, des rencontres fortuites...

 

L'Inachevée

© Austin Hargrave

C'est une photo de Cat Power réalisée par Austin Hargrave, qui date de 2012. C'est le thème de l'eau, de la vague, qui correspond bien à la chanson. Cat Power y apparaît désabusée. Elle fume sa clope. Et la chanson dit: 'Promets-moi de ne rien te promettre...'  Au départ, je voulais une photo dans ce genre-là, comme cover pour l’Ep. Lors de la session photo, on a produit une image comparable, où je suis dans l'eau, mais finalement, c'est la photo où on me voit de dos qui a été retenue.

C'est un bon choix. Plus mystérieux, anti-selfie, un peu comme la cover de « Born in the USA », de Bruce Springsteen ou l'image de Leonard Cohen, qui est de dos, en regardant la mer, au début de « First We Take Manhattan »...

 

Désabusée

Pour la chanson « Désabusée », on retrouve plus de couleurs rouges, avec un côté chevaleresque. Ca parle du don, mais surtout du contre-don. 'Prends ce que tu veux de moi, mais si et seulement si cela te satisfait....' C'est généreux et en même temps, égocentré.

 

Qui Es-Tu ?

© Ben Zank

C'est une photo de Ben Zank, un photographe américain basé à New York, qui travaille beaucoup avec des silhouettes au visage caché. Elle correspond bien à 'Qui es-tu ?', tout en sachant que l'interprète se parle peut-être à elle-même quand elle pose cette question. La composition de l'image est léchée, très géométrique, un peu comme la musique.

Tu as récemment présenté ton Ep au Botanique, sur la scène de la Rotonde. Quels sont les musiciens qui t'accompagnaient lors de ce concert ?

Il y avait tout d'abord Yannick Dupont à la basse et au Moog. Yannick est un musicien polyvalent et expérimenté qui a déjà travaillé avec Antoine Chance, Jawhar, et qui est dans le label Les Disques du Condor. Ensuite, il y avait Brice Ninck aux claviers et Arthur Lonneux à la batterie.

Sans oublier notre ami commun, Guy Tournay, au son !

Bien sûr ! Guy est quelqu’un de cher à mes yeux. On s'est rencontrés il y a longtemps, même avant 2012. On partageait un local de répétition du côté d'Yser. Il a toujours été une oreille précieuse au cours du processus de création, des premières démos au mixage, une personne ressource pour prendre le recul sur l’avancement de la production. Il connaît les titres comme personne, c’est tout naturellement que je suis heureuse et confiante de le savoir derrière la table de mixe pendant les concerts. Et je n'oublie pas non plus les lumières, confiées à Charlotte Plissart.

Pour regarder les vidéos:

« Comme Des Loups » ici
« Jamais Sans raison »  

L'album est disponible en format CD sur les différentes plates-formes :

Bandcamp : https://melanieisaacmusic.bandcamp.com/album/linachev-e-ep

Mélanie Isaac sur Facebook: https://www.facebook.com/melanieisaacmusic/

Portrait de Mélanie Isaac par Raphaël Lugassy : http://raphael-lugassy.com/

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