Les ravissements de Maud Lübeck

En mars 2023, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du festival ‘Les Émancipéés’. Cette année-là, pour la première fois, se déroulent ‘Les ravissements’, quatre rencontres animées par…

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Le Yam 421 ou le 5 000 pour Bright Eyes ?

Bright Eyes sortira son nouvel elpee, « Five Dice, All Threes », ce 20 septembre. Ce sera son 10ème. Lors des sessions, Conor Oberst, Mike Mogis et Nate Walcott ont reçu le concours de plusieurs invités dont Cat Power, Matt Berninger de The National et Alex…

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Didier Deroissart

Didier Deroissart

vendredi, 12 décembre 2014 00:00

Le nouveau Messie du métal est arrivé…

Formation parisienne, AqME a enregistré son dernier album, début novembre dernier. Il s’intitule « Dévisager Dieu ». Il s’agit du premier elpee dont les vocaux sont assurés par le nouveau chanteur, Vincent Peignart-Mancini ; un disque que le quatuor est venu défendre au Salon de Silly. Particularité chez ce groupe de métal, à l’une ou l’autre exception près, tous les textes sont écrits dans la langue de Molière. Mais avant la tête d’affiche, deux ‘supporting acts’ ont été prévus. Un Tournaisien (Mingawash) et un Lillois (Unswabbed).

Issu de la Cité des 5 Clochers, Mingawash est né en 2012. Un sextuor réunissant Martin et Clément au chant, le bassiste Denis, les guitaristes Quentin et Max ainsi que le drummer Théo. Sans oublier Xing Hui, le panda qui s'est évadé de Pairi Daiza, venu foutre le souk aussi bien sur les planches que dans la fosse. L'un des deux chanteurs se prend pour Angus Young. Il a enfilé des culottes courtes, porte une cravate et trimbale une mallette de pc portable. A plusieurs reprises, le combo demande à l’auditoire, un peu mou du genou, de s’approcher du podium. Invitation qu’il exécute timidement.

Les lyrics sont exprimés dans la langue de Voltaire et ne manquent pas d’humour. A prendre au second degré, bien sûr. La bonne humeur est de rigueur. Les musicos déménagent littéralement sur l’estrade. Dans le public s’amorcent quelques petits ‘round circles’. Le panda se décarcasse tellement pour mettre l’ambiance, qu’il en attrape des bouffées de chaleur et se retrouve en slip… Carrée, l’expression sonore oscille du hardcore au metalcore et peut s’appuyer sur une section rythmique particulièrement solide. De la setlist, j’épinglerai « Choco-Jeanne », « Fish Boy », « Polygame », « Infection Cérébrale », « Chope Ton Biker » et en apothéose, « Mingawash », titre qui a donné le patronyme au groupe. Bref, une chouette découverte qu’il faudrait suivre du coin de l’œil… Et le public d’affluer dans l’auditoire, au fil du set…

Changement de matos et place à Unswabbed. Il s’était déjà produit en mai dernier au Salon, en première partie du second projet de Vincent, le chanteur d’AqMR, The Butcher's Rodéo. Le combo est venu présenter son nouvel Ep « Tales From The Nightmares vol.1 » paru ce 31 mai. Séb, Bruno, Mathias, Filz et Charles se sont rencontrés en 1995. A l'époque, ils n'avaient pas 20 ans. Bien qu'issus d'horizons musicaux différents, ils décident de monter Unswabbed. Premier objectif : se faire plaisir ! Filz abandonne néanmoins l'aventure, réduisant le line-up à un quatuor. Qui compte plus de deux cents dates de concerts à son tableau de chasse. Leur participation dans la catégorie 'Découverte Rock/Métal', lors de l'édition 2011 du Printemps de Bourges, suscite l'intérêt de Canal +. Aussi dans le cadre de l'émission 'Un Monde de Brutes', la chaîne les suit pendant cinq jours. Leur répertoire est partagé entre titres interprétés dans la langue de Molière (une majorité) et celle de Shakespeare (quelques-uns). Leurs textes sont engagés. Les mélodies accrocheuses et les riffs incisifs. Sur le podium, le chanteur grimpe sur tout ce qui est susceptible d’être escaladé. Le chant est puissant et assez mélodieux. Les riffs de gratte sont incisifs et le drummer tape sur ses fûts comme un vrai malade. Bref, la foule commence à remuer et les ‘round circles’ se multiplient alors que le crowdsurfing s’intensifie…

Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs, accueillez le nouveau Messie du métal, j'ai nommé Vincent Peignart-Mancini. Il s'agit du nouveau chanteur du groupe parisien AqMe. Il a débarqué en 2012. Pourtant, peu de formations résistent au départ de leur vocaliste. Maintenant, n'imaginez pas que leur musique s'écoute religieusement. Comme une messe célébrée par trois curés et une bonne soeur. Depuis l'arrivée de Vincent, le combo a retrouvé une nouvelle vigueur et est prêt à affronter l'adversité. La pochette est illustrée par un gaillard à deux têtes dont le coeur est bien au milieu et les veines lui traversent le corps. Déroutant ; mais surtout biologique ou alors mystique. Le drummer et dernier membre fondateur Etienne Sarthou (NDR : la naissance d'AqME remonte à 1999), la bassiste Charlotte Poiget (depuis 2000) et le guitariste Julien Hekking (il a rejoint le combo en 2009) complètent l'équipe. « Dévisager Dieu » constitue leur 7ème album et le premier d'une longue lignée, un disque qui a été mixé une nouvelle fois par un vieux complice, Magnus Lindberg.

AqME est en forme. Il a même une pêche d’enfer. Et pourtant, c’est la force tranquille du band, Etienne, le seul rescapé du line up, qui donne le ton. Sa frappe métronomique mais percutante est en quelque sorte fédératrice. La voix de Vincent est puissante, parfois à la limite de la rupture, mais constamment mélodieuse, sauf bien sûr lorsqu’elle se mue en hurlement. Charlotte a beaucoup de charme. Elle est même très sexy. De ses doigts cajoleurs, elle palpe ses quatre cordes.  

En toile de fond, deux tapisseries représentant le logo de la pochette du nouvel opus Le concert s’ouvre par une petite intro qui permet aux trois métallos mystiques de prendre place sur scène. Vincent attaque « Avant le jour », le single qui a précédé la sortie de « Dévisager Dieu ». Le guitariste et le bassiste sont bien en ligne. « Lourd Sacrifice » est une ancienne compo, sur laquelle le hurlement de Vincent est digne de son prédécesseur. Il donne même une nouvelle dimension aux anciens titres. Il affiche une attitude rock’n’roll tout au long de « Au-delà De L'Ombre », issu du dernier elpee. Manifestement, c’est un excellent showman et il monopolise tous les regards. Il parvient à faire monter la pression dans une fosse qui commence à jumper. Les riffs de Julien sont incisifs, meurtriers même. Et il nous le démontre tout au long de « Culte De Rien », tiré de « En l'Honneur de Jupiter » (2009) et « Rouge/Noir », du premier long playing, « Sombres Efforts » (2002). « Ce Que Nous Sommes » et « Enfant De Dieu » sont deux morceaux à la fois musclés et savoureux. Et le concert de s’achever par une petite bombe sonore, « Luxe Assassin », tiré d’« Épithète, Dominion, Epitaphe » (2012).

En rappel, on aura droit à  « Pornographie » et « Superstar ». Une belle soirée trempée dans le métal ! AqMe se produira au Durbuy Rock Festival, l’an prochain. A vos agendas...

(Organisation : Le Salon de Silly - François Meertens)

mardi, 09 décembre 2014 00:00

Il n’y manquait que des musiciens…

Les voix soul de Boyz II Men sont au programme ce mardi 9 décembre, à l’AB. En arrivant vers 18 heures, la file est déjà bien longue. Pas de tartiflette ce soir, je suis le mouvement. La soirée n'est apparemment pas sold out. Ce soir, l’auditoire, multiethnique, va parfaitement refléter la population de Bruxelles, ville multiculturelle par excellence. Un public qui va vibrer face à ce trio d’exception…

L’ouverture des portes accuse un gros quart d’heure de retard. Après avoir récupéré mon sésame, je fonce vers le balcon afin de me procurer une place assise la plus confortable possible. Ce sera au troisième rang, au milieu de la rangée. Idéal pour ne rien rater du spectacle. Devant moi, il y a quelques jeunes filles qui incarnent parfaitement le métissage qui fait la fierté de la capitale européenne. En outre, tout en demeurant assises, elles vont communiquer leur bonne humeur et leur joie de vivre, tout au long de la soirée, à l’ensemble du public de l’étage.  

Lorsqu’un Dj se produit en première partie d'un concert, on a souvent droit à un enchaînement de morceaux destiné à faire passer le temps. Et quand il faut s’en farcir 75 minutes, on est littéralement assommé. J'appréhendais donc ce scénario. Or, Dj Da Vinci va épater toute la galerie. De son véritable nom Robert Hoogduin, ce Batave mixe depuis 1984. Et il le fait divinement. Il crée une interaction avec le public et parvient à chauffer l’ambiance doucement, graduellement, mais efficacement. A tel point qu’il va transformer la fosse en immense dancefoor. Sa programmation nous réserve des titres de Alt J, Beyonce, Rihanna, Ken West, 50 Cent, et même, pour passer à la vitesse supérieure, de Michael Jackson. Bref, Da Vinci a parfaitement joué son rôle d’entertainer pour Boyz II Man. Une vraie bête derrière ses manettes…

Le public est impatient de voir monter Boyz II Men sur l’estrade. Perso, c’est la première fois que j’assiste à ce type de spectacle.

A l’origine, les Boyz II Men impliquaient 5 membres ; mais le line up s’est rapidement réduit à un trio, un noyau dur réunissant Nate Morris, Wanya Morris et Shawn Stockman. Leurs 10 premiers elpees se sont écoulés à plus de 60 millions d’exemplaires. Ils sont ainsi devenus le groupe de R&B le plus populaire de leur époque. En 2007, ils ont décidé d’adapter des standards du catalogue Motown. Un projet qui a surpris pas mal de monde –y compris le groupe– mais qui s’est soldé par un nouveau succès. Dans la foulée, il publie « Love » en 2009, « Twenty » en 2011 et « Collide » en 2014 (NDR : c’est leur quinzième LP), un disque qu’il va présenter en troisième partie du spectacle. C'est la troisième fois que le trio se produit à l’AB. Il s’y était déjà illustré en 2010 et 2012, au sein d’une salle sold out…  

Le décor est dépouillé. Un écran a été placé en arrière-plan pour recueillir les projections de vidéos. Une petite estrade sert uniquement de table pour déposer les rafraîchissements des artistes. Trois tabourets ont été installés sur les planches. On remarque également la présence d’une guitare, côté gauche, et d’une basse, côté droit, placés contre l'estrade. Pas d'autres instruments ni d’amplis. La musique est préenregistrée sur bande. C'est un peu dommage ! Mais c’est la volonté des artistes, et il faut la respecter. Tout est mis en place pour mettre en exergue leurs voix. Quant au light show, il va évidemment se focaliser sur les artistes.  

En guise d’intro, l’historique de la carrière du band défile sur l’écran. Les trois vocalistes débarquent sous un tonnerre d’applaudissements ; acclamations qui vont se répéter tout au long du show. Les portables et les appareils photos crépitent dans la fosse. L’effet est plutôt surprenant quand on se trouve au balcon. Le set s’ouvre par l’énergique et plutôt dansant « Believe / Muzak ». L’expression sonore baigne dans le funk et le r&b. Un départ à l’américaine, digne de LMFAO. Issu de « II », « On Bended Knee » est interprété à trois voix. Les fantômes de Marvin Gaye, des Temptations, de Stevie Wonder et de Mickael Jackson rôdent…

Les tubes, tels que « End Of The Road », « I'll Make Love To You » et « Can't Let Her Go » sont repris en choeur par la foule. Les artistes confessent adorer le mouvement old school de la Motown, mais admettent qu’ils appartiennent à la nouvelle école. Ils vont nous le démontrer à travers de nouvelles compos. Les images défilent. Dont certaines destinées aux applications à télécharger sur son I Phone, afin d’y disposer constamment de leur musique. Explications à la clé. Parmi les covers, j’épinglerai « Money (That's What I Want) » de Barrett Strong, « It's The Same Old Song/Reach Out I'll Be There » des Four Tops, « Amazed » de Lonestar et « Open Arms » de Journey. Du nouveau long playing, « Collide », on aura droit à quelques plages paisibles, mais chargées de swing. De quoi mettre du baume à l'âme et au coeur.

Lors du rappel, deux des artistes empoignent enfin la basse et la guitare pour attaquer le « Never Mind » de Nirvana. Et la version est particulièrement électrique. Ces instruments ne servaient pas seulement de décoration.

Bref, si j’ai assisté à un superbe concert, dans une ambiance du tonnerre, et savouré les voix remarquables de Boyz II Men, j’ai quand même regretté la quasi-absence de musiciens. Lors de leur retour, c’est un souhait que je formule. Certain que le spectacle y sera encore plus remarquable…

(Organisation : Greenhouse Talent)  

 

vendredi, 12 décembre 2014 17:56

Zoologic (Ep)

Panda Royal est un duo féminin franco-belge né fin 2011. Groovy, le plus souvent allègre voire même humoristique, sa musique oscille entre electro, funk, hip-hop, pop, swing et deep house. Leurs compos sont donc parsemées de références et adressent de multiples coups d’œil aux artistes qui l’inspirent.

Découpé en 6 pistes, « Zoologic » a été co-arrangé par Dj Mellow, mixé par Jean Vanesse au Green House Studio et masterisé à Paris par Benjamin Joubert.

« Woogie Shake » ouvre l’elpee. Un titre qui baigne dans une forme d’électro feutrée. Plus pop, « Lighthouse » est une piste fraîche, entraînante et surtout dansante. Caractérisée par ses vocaux sucrés, elle évoque quelque peu la 'French Touch'. « Princesse et Panda », nos deux gentilles Hao Hao ne se nourrissent pas de jeunes pousses de bambou, mais préfèrent consommer de bons beats electro. « Blame It On Obama » adresse inévitablement un petit clin d'oeil aux States et à son célèbre président. Sans pour autant se prendre au sérieux. Un titre destiné au dancefloor ; à l’instar de « Caramba », tendre avant d’élever le tempo.

« Funky Mood » est une plage moins immédiate ; elle nécessite même plusieurs écoutes avant d’être estimée à sa juste valeur. Cet Ep s’apprécie d’ailleurs de plus en plus, au fil des écoutes. Un duo a voir en ‘live’, j’en suis persuadé.  

L’Ep sort en vinyle et en digipack.

Depuis le 20/10/2014, la version digitale est disponible

vendredi, 12 décembre 2014 17:53

Memories

Michael est né au Danemark en 1981. Il est guitariste de formation. Il a commencé à en jouer vers 15 ans. Préalablement à carrière solo, il avait milité chez High Octane. Il en était d’ailleurs le leader. Avant de graver « Memories », il avait publié un Ep 4 titres.

Son backing group réunit l’ex-Yngwie Malmsteen Göran Edman au chant, Christoffer Hoaas à la basse et Mads Grunnet aux drums. L'album a été enregistré et mixé par Christian Bonde et Michael Jessen au CB Studios (NDR : c’est au Danemark).

« Broken Heart » ouvre la plaque. La voix est mélodieuse et la section rythmique est un remarquable tremplin pour les riffs de gratte à la fois élaborés et précis. « My Own Funeral » est un titre irrésistible. A cause du remarquable solo de guitare. Serions-nous en présence d’un futur guitar hero ? Une chose est sûre, il a une excellente technique sur son manche. Et il va de nouveau le démontrer sur « The Rose » et « Freefall ».

Comme tout bon Scandinave qui se respecte, Michael a de nombreuses relations dans le monde de la musique. Et même de grosses pointures. A l’instar de John Norum. Le gratteur de Europe se réserve le solo sur « Blackwater », une plage qui baigne inévitablement dans le rock mélodique. D’autant que Michael y pose parfaitement sa voix. Morten Dybro siège derrière le piano sur « Prisoner », une invitation à rejoindre le dancefloor. Mais en douceur...

Plus lourd, « Runaway » est dispensable. C’est sans doute le seul point faible de l’opus. Plus nerveux, « Dreams Die Hard » est stimulé par une batterie plus qu'efficace. Et vu son titre, « Lost In L.A. » lorgne inévitablement vers les States. Une chouette découverte...

vendredi, 12 décembre 2014 17:52

Siren Charms

Réunissant le chanteur Anders Fridén (chant), les guitaristes Björn Gelotte et Niclas Engelin ainsi que le bassiste Peter Iwers et le drummer Daniel Svensson, In Flames est né en 1990, à Gothenburg, en Suède. Depuis sa formation, il a publié onze elpees : « Lunar Strain » (1994), « The Jester Race » (1995), « Whoracle » (1997), « Colony » (1999), « Clayman » (2000), « Reroute To Remain » (2002), « Soundtrack To Your Escape » (2004), « Come Clarity » (2006), « A Sense Of Purpose » (2008) « Sounds Of A Playground Fading » (2011) et « Siren Charms » en septembre dernier. Il est également responsable de trois Eps : « Subterranean » (1995), « Black-Ash Inheritance » (1997) et Trigger (2003), ainsi que d’un DVD live « The Tokyo Showdown » ( 2001).

In Flames pratique un death metal particulièrement mélodique. En fait, les Nordiques ont une approche très personnelle du métal, privilégiant avant tout la qualité et l’accessibilité des compos.

Découpé en 11 plages « Siren Charms » se caractérise d’abord par ses refrains immédiats. La voix est harmonieuse ; les hurlements semblent appartenir au passé. Tout est pensé pour séduire le mélomane du genre. Les compos sont parfaitement calibrées afin d’atteindre une efficacité optimale. Même l’artwork de la pochette a été étudié pour accentuer ce pouvoir de séduction.

Quoique particulièrement énergiques, « In Plain View » et « Everything's Gone » sont sculptés dans des riffs de guitares bien dosés. Pas de risque d’agression. Excellents, « Paralyzed », « With Eyes Wide Open » et « Dead Eyes » sont encore plus accessibles. Parfois les guitares sonnent comme des claviers. Le drummer fédère le tout et appuie judicieusement le timbre clair et délicat du chanteur. Et si « Through Oblivion », « Rusted Nail » et « Siren Charms » sont des titres carrément commerciaux, « Monsters In The Ballroom » et « Filtered Truth » rivalisent d’insipidité. Plus consistant, « When The World Explodes » opère un retour judicieux dans le passé. A conseiller aux amateurs du style…

samedi, 06 décembre 2014 00:00

Public apathique pour trio sympathique…

Pour le concert de Triggerfinger, Forest National recense 6 000 personnes. Un belle prouesse quand on sait que la capacité totale de cette salle est de + ou – 8 400 spectateurs. Le nombre d’artistes ou de groupes belges capables de la remplir n’est pas légion (dEUS, Machiavel, Vaya Con Dios, Puggy, etc.) ; mais en général, ils jouissent déjà d’une belle notoriété ou sont à l’aube de la reconnaissance internationale. Et ce soir, c’est blindé de chez blindé pour assister au set du trio anversois, éminemment sympathique. En supporting act, on retrouve la formation canadienne Big Sugar, qui avait déjà joué ce rôle, lors du show accordé à l'Ancienne Belgique, en mai 2014.

 

Big Sugar est un combo qui a déjà connu deux vies. La première entre 1991 et 2004. La seconde depuis avril 2010, soit depuis leur reformation. Le line up réunit Kelly 'Mr Chill' Hoppe au saxophone, à l'harmonica et aux claviers, Garry Loweest à la basse, Gordie Johnson au micro et à la six ou la douze cordes et enfin le drummer St ainsi que le claviériste DJ Friendlyness. Big Sugar est une véritable institution au pays de l’érable. Dans l’univers du blues et du roots, il est considéré comme un des plus créatifs ayant sévi au cours des 90’s. Il est né de la rencontre improbable entre un guitariste de hard-rock, un bassiste jamaïquain et un batteur punk.

Leur musique est plutôt originale et métissée. Une forme de blues aux réminiscences reggae et ragga. Le chanteur a une bonne voix et se révèle excellent gratteur. Les musicos bougent pas mal sur les planches. Le band s’était produit le 1er mai dans le cadre du Roots & Roses de Lessines ; et honnêtement, il ne m’avait pas particulièrement marqué. Bref, si le son manque quand même de pêche, il faut reconnaître que le show est dynamique et bien rôdé. En outre, les musicos manifestent une belle interactivité avec le public…

Véritable institution en Flandre, Triggerfinger jouit aujourd’hui d’une notoriété internationale, qu’il a acquise au fil du temps. Surtout comme groupe ‘live’. A tel point, qu’au cours des dernières années, le combo a été programmé au sein des plus grands festivals européens : Werchter, Vieilles Charrues, Rock Am Ring, Dour, Pukkelpop, Pinkpop, Sziget, Lowlands, Main Square, etc. Il a même assuré le supporting act des Stones à Hyde Park, l’an dernier. Eponyme, son premier opus est paru en 2004. Suivi par l’album ‘live’ « Fathers Up » en 2007, « What Grabs Ya » en 2008, « All this Dancin' Around » en 2010 (NDR : il a récolté un succès phénoménal qui s’est traduit notamment par un disque de platine en Belgique) et le dernier, « By Absence Of The Sun », cette année. Un enregistrement qui a été postposé, suite au succès imprévisible de leur cover du « I Follow Rivers » de Lykke Li, immortalisé lors d’une session radio pour la chaîne hollandaise 3FM. Un tube aussi énorme qu’inattendu qui les a renvoyés sur les routes, pour un nouveau périple de 6 mois, aux quatre coins du Vieux Continent. Une reprise qui figure sur le nouvel LP ‘live’ « Faders Up 2 ». Mais si vous souhaitez en savoir davantage sur l’épisode qui a marqué les sessions de leur dernier long playing, réalisé aux States, je vous renvoie à l’interview que le trio avait accordée à Musiczine au printemps dernier (voir ici)

A l’instar de la pochette du dernier LP, le chanteur/guitariste Ruben Block, le bassiste Paul Van Bruystegem, aka Monsieur Paul, et le drummer Mario Goossens ont revêtu leurs costards. Sexy, zébré mauve et rose pour Ruben, bleu foncé aux rayures verticales bleu ciel et blanches pour la veste chez Mario et comme d’hab’, blanc pour Mr Paul. Le rideau gris habituel est tiré en fond de scène. Et le set va bénéficier d’un solide light show. Avant que le combo ne monte sur l’estrade, une intro ténébreuse est crachée par les haut-parleurs. Et le spectacle de commencer par « Black Panic », un premier extrait du petit dernier, « By Absence Of The Sun ». Ruben triture sa gratte. Mario est déjà en super forme et invite la foule à se remuer en frappant dans les mains. Il se lève régulièrement de son siège pour haranguer la foule. Les 120 minutes de concert ont démarré à du 100 à l’heure ! D’autant que Mario martèle ses fûts toujours aussi frénétiquement. Comme sur le titre suivant, « And There She Was Lying in Wait ». Faut dire aussi que la section rythmique est particulièrement solide et balise les compos à la perfection. Car le showman, c’est avant tout Ruben. Il arpente l’estrade de long en large. Petit problème quand même, récurrent à Forest National, la voix de Block est trop en retrait. « By Absence Of The Sun » déclenche un véritable délire dans l’auditoire. Mario marque la cadence à l’aide de ses sticks pendant que les spectateurs frappent des mains. Enfin, l’ambiance commence timidement à décoller. Et « There Isn't Time » prolonge cet engouement. On My Knees » est un extrait du premier album, gravé en 2004. L’éponyme ! Une compo qui leur a permis de faire leurs premiers pas. Il fait de plus en plus chaud. Sur le podium. Les trois musicos se livrent et donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre. Ruben tombe la cravate ainsi que la veste. Normal, il assure le show. Mario se charge plutôt de relancer (NDR : réveiller ?) la foule, quelque peu mollassonne et l’incite à applaudir le barbu. Après « Perfect Match », la voix légèrement vocodée de Block amorce « My Baby's Got a Gun » (NDR : tiré d’« All This Dancin' Around »), un titre qu’il va charge d’intensité à l’aide de sa guitare, par paliers, avant d’atteindre une saturation ultime. C’est évidemment lors d’« All This Dancin' Around » que Mario va nous accorder un solo d’enfer sur ses fûts, moment choisi par ses deux comparses pour l’éclairer à l’aide de deux énormes spots ; et pendant les 20 bonnes minutes de son exercice de style !

« Is It » achève le set, un excellent boogie issu du premier elpee. Les membres de Big Sugar et du trio sont devenus très proches. Aussi, plusieurs d’entre eux les rejoignent sur le podium. Pour rappel, on aura droit à « Off the Rack », une version singulière du « I Follow Rivers » de Lykke Li (NDR : surtout l’intro) et à « Cherry ». Bref, si Triggerfinger s’est montré à la hauteur de sa prestation, il faut avouer que le public a quand même manqué de réactivité. La faute à une qualité de son insuffisante ? Sans doute. Mais pour le régler à la perfection, dans une telle salle, il faudrait bien une baguette magique. Ou alors disposer d’un matos hyper pro comme Neil Young, par exemple…

(Organisation : Live Nation)

Voir aussi notre section photos ici

jeudi, 04 décembre 2014 00:00

Une bonne dose d’électricité en plus…

Votre serviteur se rend pour la deuxième fois, cette semaine, à l’Aéronef de Lille. A l’affiche,  Angus et Julia Stone. Le concert est sold out, et le mot est faible. Il sera quasi-impossible de se faufiler au cœur de l’auditoire. Et pour cause, les spectateurs sont entassés comme dans une boîte à sardines. Il reviendra à The Staves, un trio réunissant trois sœurs, d’assurer le support acting act…

Les trois frangines nous viennent de Watford (NDR : c’est dans le comté de Hertfordshire, en Grande-Bretagne). En fonction des compos, Emily, Jessica et Camilla Staveley-Taylor se réservent les grattes acoustiques ou le ukulélé. Mais participent toutes aux vocaux. Conjuguées, leurs harmonies sont d’ailleurs superbes. On comprend mieux pourquoi Tom Jones les avait plébiscitées en son temps. Elles s’expriment quelque peu dans la langue de Molière, entre les chansons. Mais adoptent une attitude plutôt statique. De leur setlist, je retiendrai deux perles, « If I Was » et « Mexico ». Leur musique trempe dans le folk/rock, même si les puristes y détecteront sans doute de la country et de l’americana. Bref, un concert plutôt sympa, mais pas vraiment transcendant. Ce qui n’a pas empêché le public d’applaudir généreusement la prestation de The Staves

Après avoir gravé « A Book Like This » en 2008 et « Down the Way » en 2010, le couple a publié un troisième long playing, ce 29 juillet 2014. Et il est éponyme. Les deux premiers opus se sont bien vendus et tout un chacun sait pertinemment que le troisième essai est souvent un cap difficile à franchir. Il est même parfois vital pour la survie d’un groupe ou d’un artiste. Ce dernier LP est moins cérébral, plus nerveux et surtout plus électrique.

Votre serviteur a déjà eu le loisir d’assister aux sets d’Angus, de Julia ou ensemble. Des musiciens que j’apprécie énormément. Et Julia, tout particulièrement, même si le couple est à la fois complice et complémentaire. Le concert va durer 60 minutes. Préposé aux cordes, le duo est soutenu par un bassiste, un claviériste, un drummer et un guitariste. Ce qui porte le nombre de gratteurs à trois. En arrière-scène, de petites leds scintillent sur une toile, comme pour représenter la voie lactée.

Le set d’Angus & Julia Stone s’ouvre par « A heartbreak », la plage d’entrée du nouvel opus. Le son est puissant. Agressif, privilégiant les teintes bleues et rouges, le light show se focalise sur les artistes, mais par groupe de deux (NDR : pas un cadeau pour les photographes !) Angus est coiffé d’un bonnet à pompon flashy. Toujours aussi jolie, la longue chevelure en tresses, Julia est vêtue d’une petite jupe noire sexy (NDR : trente balais de moins, et je la raccompagne aux Antipodes). Malgré l’avalanche de sonorités de cordes, « Main street » est un morceau plus paisible, plus doux, caressé par la voix sensuelle de Julia. Une voix susceptible de vous faire fondre comme un glaçon sous les rayons du soleil. Et puis son sourire me fait craquer. On ferme les yeux et on atteint déjà le Taj Mahal musical. Tout comme lors de « For you », un titre fluidifié par un filet de piano et ciselé dans les cordes de guitares d’une grande limpidité. Le timbre de Julia se fait plus rocailleux sur « Crash And Burn », une compo découpée par des riffs de gratte sauvages, dans un climat proche de Neil Young.

« Private Lawns » met le cap vers Kingston. Julia soutient la rythmique à l’aide de son banjo ; mais empoigne ensuite un cornet à piston, tout en continuant à se servir de son instrument à cordes. Place ensuite au hit « Big Jet Plane ». J’adore. Et toujours ce chant qui vous flanque des frissons partout. La cover du « You'Re The One That I Want » de John Travolta et d'Olivia Newton-John est particulièrement réussie. Elle est même originale. Serein, « Grizzly Bear » est un autre extrait du dernier elpee, un morceau qui projette dans votre inconscient des images du désert australien. Toujours tiré du même opus, « Wherever You Are » est une ballade savoureuse, à consommer en hiver, près d'un bon feu de bois. Les harmonies vocales dispensées par Angus et Julia sont stupéfiantes. Lors du rappel, le couple va nous réserver des versions acoustiques de « And The Boys » et « Santa Monica Dreams ». En duo. La setlist était totalement différente de celle proposée lors de leur show accordé, au Cirque Royal. Et de toute bonne facture, ce concert a surtout mis en exergue la différence entre les anciens titres du groupe, toujours sculptés dans le folk rock, et les nouvelles chansons, bien plus électriques…

Organisation : Vérone Productions

(Voir aussi notre section photos ici)

 

 

mardi, 02 décembre 2014 00:00

Troisième sold out à l’AB en 7 ans !

L’hiver est à nos portes. Dehors, il fait froid. Pour se réchauffer, rien de tel qu’une petite tartiflette avant de faire la file (NDR : les ‘Plaisirs d'Hiver’ sont à deux pas), déjà assez conséquente, avant de récupérer mon sésame au guichet de l’AB. Et pourtant, il n’est que 18h00. Ce soir Julien Doré se produit dans la grande salle ; et à peine entré dans la vénérable institution, je fonce au balcon pour disposer d’une place assise…

Le supporting act est assuré par Maryvette. Aka Maryvette Lair, elle est née en 1984. Elle vient donc de fêter ses 30 ans. Une artiste qui nous vient du monde du cirque. Cette chanteuse est également comédienne et trapéziste. Elle avait ainsi participé à l'aventure X Factor, en 2011. Elle va exécuter son show devant le rideau rouge. Elle est soutenue par Feed. Coiffé d’un chapeau, il se consacre à la sèche. Les deux musicos se servent cependant parfois de claviers, installés à proximité. Maryvette est venue présenter son nouvel Ep, « Embrasse-Moi Superman ». Elle a assuré la première partie de Julien à l'Olympia, mais c’est la toute première fois qu’elle accorde un concert en Belgique. Sa voix est bien maîtrisée, mais la musique est plutôt légère. A contrario, interprétés dans la langue de Voltaire, les lyrics véhiculent un message. Qui reflètent sa forte personnalité et qu’elle tente de faire passer à l’aide d’un humour, ma foi, souvent cocasse. En 30 minutes elle va nous réserver « La Fille En Face De Moi », « Viens Voir Tata », « C'est Toujours », « I Remember », « Au Bord De La Mer », « Oh Johnny Johnny » et enfin « Sentiment ».

Après un petit coup de feu, le rideau s'ouvre enfin à l'heure prévue. Au-dessus de la scène, trône le sigle ‘LØVE’. Lumineux, il va briller pendant plus de deux heures aux couleurs vives du light show, mis en place par la régie de Julien. Les musiciens sont répartis sur une structure à deux niveaux. Un escalier ‘rutilant’ est posé de chaque côté de cette structure. Le sourire aux lèvres, Julien débarque au milieu des fumigènes. Il est vêtu d’un costume noir ; ce qui va permettre au light show de donner davantage de relief à sa silhouette. Les premières notes de « Viborg » résonnent. Puis s’enchaînent « Hôtel Thérèse », « Habemus Papaye », « London Nous Aime » et « Chou Wasabi », quatre extraits du dernier elpee, « LØVE ». Dès le départ, une communion s’établit entre Julien, ses musicos, et le public, composé pour la plupart d’aficionados. Julien reste humble tout en dégageant une énergie hors du commun. Paradoxalement, il est bien dans sa tête et se permet des accès de folie. Ce qui explique pourquoi on l’apprécie…

« Kiss Me Forever » est le titre très attendu. Un premier grand moment de la soirée. A cet instant, la communion entre le public et le band est totale. Julien s’installe ensuite derrière un piano pour attaquer « Memories ». Il a le sens de la dérision et pose une boule à facettes sur la tête. Eclats de rires partagés. Tout comme pour « Panda Roux », moment au cours duquel il se prend pour un Musteloidea. Néanmoins, on se rend compte que toute la mise en scène est réglée comme du papier à musique. De temps à autre il va tapoter sur des claviers. Ou s’approche de ses musicos pour toucher leurs instruments du bout des doigts. Il empoigne un ukulélé pour attaquer « Heaven ». De quoi se rendre compte que c’est aussi un excellent musicien. Il invite le public à donner de la voix pour « Winnipeg ». La foule reprend alors le refrain en choeur : ‘I want to go to Winnipeg with you’. Julien nous signale que toute son équipe vient de Paris. Il confesse adorer Bruxelles, la Belgique ainsi que la Jupiler ; et qu’en outre, il vient de remplir l’Ancienne Belgique 3 fois de suite en 7 ans. Il est heureux et fier de nous le rappeler.

Plutôt rock’n’roll, « Les Limites » est une compo qui remonte à ses débuts. Il embraie par l’énergique « Paris-Seychelles », moment choisi pour se percher face à votre serviteur, sur les rampes des balcons, faire le pitre puis redescendre dans la fosse qu'il traverse pour rejoindre le podium. Un parcours réalisé sous les confettis que propulse un canon. « Les Bords De Mer » est une très jolie chanson. Tout comme « Bleu Canard ». Deux morceaux à la fois doux et intenses. Place ensuite au dernier single, « On Attendra l'Hiver ». On sent la fin. Il y a plus de 90 minutes que Julien est sur les planches. Il passe alors à « Corbeau Blanc », un des morceaux les plus aboutis de « LØVE ». Tout comme en début de show, un écran de fumée s’élève. Julien interprète alors « Mon Apache », avant de disparaître sous des faisceaux de lumières blancs et rouges, sans pour autant oublier de saluer son auditoire.

Julien revient seul et s’installe derrière le piano pour aborder « Laura Non C'è », un morceau empreint d’émotion. Avant d’embrayer par la cover du célèbre « Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais » de Gainsbourg. Le set s’achève alors par « Paris-Seychelles », d’abord en version piano/voix, avant que les musiciens ne réapparaissent pour relancer la machine une toute dernière fois. Une belle soirée au cours de laquelle Julien Doré a renforcé les liens qui le lient au public belge…

(Organisation : Ancienne Belgique et Nada Booking)
 
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dimanche, 30 novembre 2014 00:00

Sans grande conviction…

Le concert prévu à l’Orangerie du Botanique, ce dimanche 30 novembre est presque sold out. Votre serviteur débarque plus tôt que prévu et se farcit le soundcheck du supporting act : Kiko King And Creativemaze. Le son est beaucoup trop puissant.  Les structures métalliques du Botanique en tremblent. Je crains donc le pire… Le plus important, ce sera ensuite. C’est-à-dire le set de GusGus, une formation islandaise (NDR : de Reykjavik, très exactement), dont la naissance remonte à 1995 ; et qui après s’être consacré à la musique de film, a décidé de passer à la musique électronique. Il s’est même forgé une belle notoriété à travers 9 albums studio, coulés dans une électro-house unique en son genre.

Un DJ vient se planter derrière les machines pour y tripoter des boutons et des curseurs, alors qu’un chanteur arpente l’estrade de long en large. Kiko King And Creativemaze ouvre la soirée. Le son est médiocre. Je me déplace vers la table de mixage. Ce n’est pas mieux. Je regarde la console et constate que les 120 décibels sont déjà atteints. Inadmissible ! Je tiens à conserver mes tympans intacts afin de pouvoir continuer à apprécier d’autres concerts, dans le futur. Je déserte les lieux en attendant que le massacre soit terminé.

Près de 20 ans déjà que GusGus sévit sur la scène musicale. Un collectif qui a vécu une multitude de changements de line up. A une certaine époque, il comptait même une dizaine de musicos. Hafdis Huld et une certaine Emiliana Torrini y ont même milité. Il ne compte plus aujourd’hui que 4 membres actifs : President Bongo, Biggi Veira, Daníel Ágúst et Högni Egilsson.

Deux Dj's montent sur le podium, et vont s’installer derrières les machines. Je me place de nouveau à hauteur de la console au fond de la salle. Le son est potable. Il y a mieux, mais aussi pire (Kiko King And Creativemaze). Un chanteur/danseur se présente sur la scène. Il est suivi par un second vocaliste aux longs cheveux blonds. Manifestement, ils ont de superbes voix ; et l’auditoire semble apprécier. Ils ne sont que quatre sur l’estrade. Malheureusement, les Dj’s manquent cruellement d’inspiration. Ils assurent le mixing. Point barre. Le light show est discret. Un peu trop même à mon goût, alors qu’il aurait pu donner davantage de relief à la prestation des musicos. Les lyrics sont exclusivement interprétés dans la langue de Shakespeare. Manque d’audace ? Chez Sigur Rós, par exemple, le recours, même circonstanciel, à la langue natale apporte une autre dimension à leur musique.

Bref, j’ignore si c’est dû à l’énervement causé par la première partie ou parce que la veille, j’ai assisté au spectacle fantastique d’EZ3kiel, à l’Aéronef de Lille, mais un profond ennui commence à m’envahir. J’avoue que je connais très mal le band islandais. Je ne parviens pas à accrocher au set. Et je subis les événements. Si bien qu’après 30 minutes, je tire ma révérence. 

(Organisation : Botanique)

Un spectacle d’EZ3kiel est censé nous en mettre plein les oreilles et la vue. Sa tournée passait par le Rockhal, au Luxembourg, et l’Aéronef de Lille. Votre serviteur a choisi la métropole nordiste, et il ne va pas le regretter. L’accueil est chaleureux. La salle est superbe. Pour la circonstance elle a été adaptée en configuration Box, comme à l'AB. Les rideaux son tirés et isolent l’auditoire du premier étage et du balcon. Le concert est sold out. L'ouverture des portes est programmée à 20h00 précises. Le supporting act entamera son set 35 minutes plus tard et l’achèvera à 21h05. EZ3kiel monte sur les planches à 21h30 et va nous livrer un show de 90 minutes.

Dorian And The Dawn Riders assure donc la première partie. Il vient de signer sur le label bordelais Animal Factory. Vu le matos sur l’estrade, quelle surprise de voir débouler un gaillard barbu, coiffé d’un chapeau de cow-boy et affublé de dreadlocks. Le Bordelais serait-il un adepte du reggae ? Pas du tout. Il est armé d’une gratte et se sert de machines pour créer des beats efficaces, imprimer des percus tribales et dispenser des sonorités en tous genres. Et puis il chante, quand même. Vocodée, sa voix est tour à tour singulière et lumineuse ou glaciale et ténébreuse. Trippante, sa musique baigne dans une pop alternative. Psychédélique et atmosphérique, surtout. Et le climat varie en fonction de tous ces paramètres. Des images sont projetées derrière l’artiste. Par exemple celle d’un grand-duc, dont l’envol est majestueux. Et l’ombre chinoise de Dorian, judicieusement reflétée sur cet écran est allégorique. Elle convie votre âme à se recueillir tout en suivant l’artiste dans son monde particulier. Qui me fait parfois penser à celui de Sigur Rós. Dorian n’est pas parvenu à chauffer la salle, il a tout simplement épaté la galerie, tout en nous préparant religieusement à la suite des événements. En attendant, il a été chaleureusement acclamé. Et c’est tout à fait mérité.  

Mais avant de passer au set d’EZ3kiel, une présentation du groupe s’impose. A l’origine, il avait choisi le patronyme EZEKIEL, en référence au film « Pulp Fiction » de Quentin Tarantino. Après avoir publié l’album « Handle With Care », il crée son site internet ; cependant le nom de domaine ezekiel.com est déjà réservé, alors il décide de le transformer en EZ3kiel. Matthieu Fays et Yann Nguema en sont les fondateurs. Drummer, le premier a quitté le navire en mai 2012, après plus de vingt ans de navigation. Joan Guillon se charge aujourd’hui des claviers, machines, guitares et autres samplings. Au départ, Yann Nguema se consacrait à la basse et de tout ce qui touche à l’image. En 2012, il a abandonné la quatre cordes pour se concentrer uniquement sur cette dimension visuelle ainsi que la programmation.

Après avoir participé à l'enregistrement de l'album « Naphtaline » comme invité, Stéphane Babiaud a rejoint officiellement le line up en 2007, lors des sessions de « Battlefield. Multi-instrumentiste, il joue de la batterie, du vibraphone, du glockenspiel, de la basse et même des claviers. C’est également le chef d’orchestre du Naphtaline Orchestra, projet alternatif du groupe. Sylvain Joubert récupère ensuite cette basse délaissée par Yann Nguema, à partir de l’elpee l'album « LUX ». Il avait auparavant participé à la tournée Extended. « LUX », c’est bien sûr le dernier long playing d’EZ3kiel. Ce soir il est donc venu le défendre sur les planches.   

Difficile de coller une étiquette sur la musique pratiquée par ce combo. Elle oscille constamment entre électro, dub, rock et classique. Et puis à chaque album, elle est différente, le band prenant le soin de proposer un projet novateur voire même en avance sur son époque…

En 2009, le groupe lance le Naphtaline Orchestra à Grenoble. Il s'agit de déclinaisons de morceaux, notamment de l'album « Naphtaline », exécutées en compagnie d’un orchestre symphonique. L'expérience est renouvelée en 2011, à Tours, pour trois nouvelles dates. En février 2012, le concept EZ3kiel Naphtaline Orchestra se produit au théâtre Sébastopol de Lille. Un événement retransmis en direct sur plusieurs sites internet. 7 000 internautes vont le suivre. Suite à ces expérimentations, EZ3kiel monte un autre projet, l’EZ3kiel Extended, en septembre 2012. Qui va accorder toute une série de concerts associant image et musique. Lors de ce périple, le combo implique Sylvain Joubert à la basse, Cyril Soufflet au piano, Gérald Bouvet à la guitare, Erick Pigeard au séraphin et aux percussions, Thomas Quinart au thérémine, au saxophone baryton et à la scie musicale, Bertrand Margelidon à la trompette et au bugle, Simon Dupire au trombone, Pierre Malle et Ombeline Collin aux violons, Anthony Chéneau au violon alto et Benjamin Garnier au violoncelle. C'est le cd et le dvd consacrés à cette aventure qui m’ont permis de découvrir EZ3kiel.

L’ouverture des tentures laisse apparaître 48 projecteurs équipés sur deux faces. Ecrans de projection d'un côté, lumières de l'autre, les deux dispositifs fusionnent dans des impressionnants mouvements rotatifs, générant en temps réel des explosions de couleurs, calibrées pour interagir avec la musique. Un dispositif scénique et technologique inédit qui place EZ3kiel parmi les pionniers d'un genre qui n'a pas de nom. Il faut rappeler que Yann Nguema contrôle les lasers, lumières, robots et des visuels au sein d’un même support de projection. Et lorsque le drummer se lance dans ses frasques, c’est pour participer à une course interactive avec ces lumières. Les trois musicos s'amusent sur scène et le public en prend plein les yeux et les oreilles.

L'album « Lux » sera intégralement interprété et prendra réellement vie sur scène. On ressent par la musique, les émotions des artistes qui sont à la fois torturées et vous entraînent dans un voyage intemporel. Ou carrément dans la troisième ou quatrième dimension. Le concept/concert qui se déroule devant nous pourrait même servir de bande originale du troisième millénaire pour une rencontre visuelle du troisième type. La musique, l'image et la lumière fusionnent, nous prouvant le savoir-faire du quatuor. Tel est le secret du nouveau support de la musique d'EZ3kiel.

Les guitares sont acérées et à la limite incendiaires sur « Born in Valhalla ». « L'Oeil Du Cyclone » est une ballade atmosphérique. « Lux », la plage éponyme vous entraîne sur le dancefloor d'une autre galaxie. Enfin, sur celui de la fosse également où règne un fameux remue-ménage. En fermant les yeux, « Dead in Valhalla » pourrait vous transporter du côté de la voie lactée. Mais il est préférable de les garder grands ouverts, afin d’apprécier le déluge de lumières et de lasers. « Anonymous » est un titre déconcertant. Caractérisé par la douceur de l’instrumentation, « Never Over » concède quelques minutes paisibles. La version ‘live’ de « Via Continum » (NDR : tirée de l’opus « Handle With Care ») est plus nerveuse que sur disque. L’expédition est plus aquatique, nous emportant dans les profondeurs de la grande bleue en compagnie du Capitaine Nemo, à bord de son Nautilius. La mélodie de « Zero » est particulièrement contagieuse. Et le set de s’achever par le jubilatoire « Versus », une compo à la fois tribale et éthérée. Pendant 1h30, les yeux des spectateurs ont pétillé de bonheur. Pas étonnant qu'EZ3kiel ait été applaudi pendant plus de sept minutes.

Et on aura même droit à un rappel d’enfer. Deux titres. « Antiloop ». Et puis surtout « Wagma », un morceau complexe, digne de la face la plus atmosphérique de Pink Floyd. Autrefois alchimistes du son et de l’image, EZ3kiel a aujourd’hui acquis une maîtrise totale de son art. Et ce concert exceptionnel en est la plus belle illustration.

 (Organisation : Base Productions + Aéronef)

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