Les textes candides mais positifs de Sea Girls…

Ce quatuor londonien –composé de Henry Camamile (chant, guitare), Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oli Khan (batterie)– s'impose par sa franchise rafraîchissante, ses mélodies accrocheuses et des paroles candides et positives. En outre, Sea…

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L’humanisme angoissant de Franz Ferdinand…

Franz Ferdinand sortira son nouvel opus studio, « The Human Fear », ce vendredi 10 janvier 2025. Enregistrées aux studios AYR en Écosse, les 11 chansons de « The Human Fear » font allusion à des peurs humaines profondément ancrées et qu’en les surmontant et…

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Didier Deroissart

Didier Deroissart

samedi, 27 septembre 2014 01:00

Un set acoustique, mais énigmatique…

Pour la première fois, j’assiste à un concert de la formation courtraisienne Amenra. Un set acoustique accordé dans le cadre de l'IBM (Inspired By Black Metal). Il se déroulera en configuration assise. Sous cet aspect, l’AB peut accueillir 1 000 personnes. Ce soir, on en dénombre plus ou moins 800.

La première partie est confiée à Jonas Van Den Bossche et Benne Dousselaere. Un concert bruitiste et agressif auquel votre serviteur n’a pas du tout accroché…

‘Unplugged’, la prestation d’Amenra sera empreinte de délicatesse. Sur la gauche de la scène six sièges forment un cercle tourné vers l'intérieur, comme pour affirmer la cohésion parfaite du groupe. Impliquant deux guitaristes, un bassiste et un drummer. Un line up enrichi par la violoniste Femke de Beleyr.

Chaque artiste est arrosé par une lumière blanche émanant du plafond ; une manière d’intensifier le mystère de l'atmosphère ambiante. Qu’on pourrait qualifier de cosy, voire de feutrée. Le chant et la musique ne transpirent aucune violence ou agressivité. La mélodie est calquée sur l’instrumentation. On se croirait dans un concert de black metal réadapté par le ‘classique’. Pas besoin de boules-Quiès ; le son parfait.

Le set s’ouvre par « Aorte Ritual, Nous Sommes Du Même Sang », un extrait de l'album « Mass IIII ». La musique est sombre et écrasante ; mais c’est le titre manifestement le plus approprié pour entamer les hostilités. Après « Razoreater » et « Nowena 9.10 », deux extraits de « Mass V », on a droit à une excellente cover  du « Parabol » de Tool, une piste qui figure sur l’elpee « Lateralus ». La violoniste Femke de Beleyr monte sur l’estrade pour attaquer « The Dying of Light ». Tout au long de « Wear My Crown », un fragment de l'Ep « Afterlife », la guitare électro-acoustique vous invite à vous plonger dans un voyage imaginaire, décrit par la projection d’images sur un écran sis à l’arrière-plan du podium.

La voix de Colin van Eeckhout est quand même particulièrement onctueuse. « Longest Night » est une nouvelle compo. Les interventions du violon de Femke prennent le pas sur les guitares. Tout comme sur « To Go On.: And Live With Out », au cours duquel elle posenégalement la voix.  Un concours qui accentue l’aspect mystérieux de la chanson. Sophie Verdoodt a des cheveux couleur de blé. Elle déclame quelques lyrics ténébreux dans la langue de Vondel. Après 45 minutes, sans demander leur reste, les musicos vident les lieux ? Pas de salut au public, ni de rappel. Drôle de comportement. Ce groupe est une énigme. Pourtant, le set acoustique était excellent. Sombre et métallique. Un moment, non pas de solitude, mais de recueillement. Comme si l’AB avait été transformée en cathédrale.

(Organisation : Ancienne Belgique)

vendredi, 26 septembre 2014 22:15

III

Von Durden Party Project est né en janvier 2007. Soignée, énergique, dansante, sa pop puise alors son inspiration chez Danko Jones, Soulwax, David Fincher et Quentin Tarantino. Les idées fusent, et une trentaine de maquettes sont enregistrées. Le groupe a également une ambition visuelle et réalise deux clips autoproduits avant même de mettre un pied sur scène. Enregistré au studio Six d'Anderlecht et mixé par Stephan Debruyne (Joshua, Soldout), leur premier opus est bien reçu par la critique musicale. Intitulé "Death Discotheque", il est sorti en juin 2008. En 2012, le band réduit son patronyme en Von Durden et publie un deuxième opus baptisé « Dandy Animals ».

Les musicos sont d’infatigables bosseurs et nous proposent déjà leur troisième long playing. Baptisé tout simplement « III » sa date de sortie est prévue pour le 1er octobre 2014. Soit le jour de leur ‘Release Party’ qui se déroulera dans le 'Dôme des Découvertes', c’est-à-dire la magnifique salle de la Rotonde au Botanique. Un concert à ne pas manquer, car dans la foulée, Elliott, le chanteur, a décidé de faire le tour du monde. Un périple qui risque bien de déboucher sur la confection d’un quatrième essai, qu’on imagine haut en couleurs.

Pour concocter ce disque, le noyau central (NDR : en l’occurrence le chanteur Elliott Charlier, le guitariste Kevin Dochain et le drummer Nicolas Scamardi, principal compositeur et véritable ciment de l'édifice) ont décidé de s’entourer de deux nouveaux musicos ; soit le bassiste Fabrice Giacinto, également impliqué chez Romano Nervoso et Ozvald ainsi que Marie Gladys (NDR : Gladys, c’est également son projet solo qui est occupé tout doucement de décoller).

L’œuvre a été mise en forme par Christine Verschorren (Ghinzu, dEUS, Das Pop...) Des sessions réalisées sous une forme organique et le plus souvent en prise directe, afin de remettre en avant l’énergie et l’aspect humain de la musique. Sans concession, leur pop/rock est brut de décoffrage.

La photo qui illustre la pochette a été immortalisée, il y a près de 10 ans, après une soirée particulièrement arrosée. La confection du clip de « Dead Queen », le premier single issu de l'album, a été confiée à Julien Henry (La Film Fabrique), qui avait déjà réalisé celui de « Dance To The Music » (NDR : n°5 du MCM Top Hits, plus de 100 000 vues YouTube), soit le tout premier single qui a amorcé la voie du succès pour Von Durden.

Caractérisé par son refrain immédiatement mémorisable, ses accords de gratte et ses claviers subtilement ‘vintage’ à la John Doe, « Dead Queen » ouvre la plaque. La transposition en ‘live’ est percutante, je peux vous l’assurer. Et l'envie de rejoindre le dancefloor est irrésistible. Non, vous n’êtes pas 'Inculte'. D’ailleurs, la voix est troublante et rappelle même celle de Lenny Kravitz. « Don't Let Me Down » et « In The room » nous replongent dans les 70’s. Deux petites perles. Toujours contaminé par la même époque, mais en plus métallique, « Attraction » se singularise par son refrain entêtant et sa ligne de basse sauvage. Et l’adepte du dieu 'Tcholle' y martyrise ses fûts. « Kick Outta Me » est un titre judicieux pour une plage punk/rock/garage. « Creatures Above The Law » adresse un nouveau clin d’œil à Lenny Kravitz. Les Louviérois sont dans leur monde pour atteindre le « World On Top » ou l’inverse. « Like A Bazooka (With A Mandolin Sound) » est sculpté dans du rock'n'roll bien carré, très solide ; mais pas de trace, ni de bazooka, et encore moins de mandoline…

« Physical » s’ouvre par d’autres accords surannés, rappelant ceux d’un « Hammond ». Une piste vibrante, angoissante, hantée par la voix languissante d’Elliot, avant que le rock pur et dur ne reprenne le dessus. Impulsions de basse agressives, guitares malsaines et synthés au bord de la crispation entraînent « Third Beat » au début des 80’s. Un titre, dont le climat est rasséréné par l’intervention vocale de Gladys.

Un troisième album particulièrement réussi pour Van Durden.

 

vendredi, 26 septembre 2014 22:08

L’épreuve du contraire

Actif depuis 1989, soit depuis un quart de siècle, Lofofora est un groupe français qui roule sa bosse sur les routes depuis 1989. Soit un quart de siècle. Non content de prêcher la bonne parole, il est également une des premières formations de métal, issue de l’Hexagone, à avoir signé sur un label major. En l’occurrence Polygram. Elle a cependant changé de crèmerie, depuis 10 ans déjà. Et milite aujourd’hui chez At(h)ome, une écurie parisienne particulièrement active sur la scène métallique et alternative. Un dynamisme qui a attiré dans ses griffes de petites merveilles comme Aqme, Tagada Jones, Drivin Death Girls, MLCD, Les Tambours du Bronx ou encore Blankass. Et la liste est loin d’être exhaustive.

Le quatuor réunit le chanteur Reuno Wangermez, le guitariste Daniel Descieux, le bassiste Phil Curty et le drummer Vincent Hernault. Lofofora ne brode pas de la dentelle de Bruges, mais envoie du lourd. En outre, les lyrics sont exprimés dans la langue de Voltaire. Des textes qui véhiculent un message comme la plupart des combos qui pratiquent ce style musical.

Un métal fortement teinté de punk et de hardcore. La discographie du band compte 8 albums et un Ep à son actif. Tout comme le premier album il est éponyme. L’Ep paraît en 1994 et l’LP, l’année suivante. Il aligne ensuite « Peuh » en 1996, « Dur Comme Fer en 1999, « Le Fond Et La Forme » en 2003, « Les Choses Qui Nous Dérangent » en 2005, « Mémoire de Singe » en 2007, « Monstre Ordinaire » en 2011 et enfin ce dernier né, paru ce 15 septembre. Un disque enregistré en quatorze jours, au sein d’un studio breton perdu au cœur de la campagne rennaise ; et à l’instar du long playing précédent, sous la houlette du Suisse Serge Moratel.

Stoner, « L'innocence » lorgne vers Mastodon et Monster Magnet, deux combos que votre serviteur apprécie tout particulièrement. « Pornolitique » s’ouvre par des riffs puissants, écrasants ; ce qui n’empêche pas la section rythmique de donner le change, alors que les lyrics rageurs dispensés par Reuno évoquent la dure réalité de la vie. Et les textes sont toujours aussi incisifs sur « Contre les murs », une piste qui s’ouvre par des cordes empreintes de douceur avant que le combo ne décide d’appuyer sur l’accélérateur.

Les lyrics constituent certainement l’atout majeur de Lofofora. Reuno en est le responsable. Et au fil du temps, à l’instar d’un bon Petrus, ils se bonifient. Particulièrement sombre, « La dérive » en est le plus bel exemple. Tant musicalement que littérairement. La voix est tour à tour chantée ou déclamatoire. Une spécificité des vocaux de Reuno. Ce qui rend la compréhension des textes plus aisée, mais parfois au détriment de l’expression sonore. Le « Kamasutra » n’a pas besoin de « Pyromane ». Mais est-ce une « Chanson d'Amour » ? L’amour est le ciment de la vie, sinon tu te fous en l'air. Et la « Transmission » de « Notre Terre », n’est-ce point une question vitale ? Deux pistes qui terminent cette plaque consistante en beauté.

« Trompe la mort » et « Le malheur des autres » se nourrissent de punk et de hardcore. Non seulement les sensations sont excellentes, mais les musicos sont loin d’être des manchots. En outre, ils ont trouvé le parfait équilibre entre rage et mélodie. « Romance », « La Tsarine » et « Double A » nous replongent dans le punk des la fin des 70’s. Une invitation à pogoter voire à crowdsurfer dans son salon… Après avoir pris le soin d’écouter cet opus, je dois avouer que « L’épreuve du contraire » est un vrai régal.

 

vendredi, 26 septembre 2014 22:07

It It Anita (Ep)

Encore un très bon groupe qui nous vient de la Cité Ardente. La région liégeoise est un vivier de talents au sein duquel on retrouve, bien sûr,  It It Anita.

Mike a sévi chez le défunt Malibu Stacy. Ex-Airport City Express, Damien est un des membres fondateurs du collectif Jaune/Orange (NDR : 15 ans d’existence déjà !) Les deux musicos se chargent des vocaux et des guitares. Christophe se consacre à la basse. Il est également impliqué au sein de TERRILS, tout comme Damien. Embarqué également dans l’aventure de Fastlane Candies, François siège derrière les fûts. Encore un ancien membre du défunt A.C.E. mais aussi de feu Tante Herman, le premier projet de Daniel, bassiste chez Girls in Hawaii. Vous avez retrouvé vos jeunes ?

La musique du groupe est particulièrement influencée par la scène des 90’s. Et notamment par Pavement, Sonic Youth, Mogwai, Beastie Boys et Grandaddy. Cet Ep cinq titres est paru sous différents formats, dont un vinyle limité à 300 exemplaires et une cassette à 50 copies, uniquement mise en vente lors du Micro Fetival. Des collectors, of course. Il bénéficie également d’une publication en compact disc.

En 5 minutes, « G Ground » se nourrit de punk et de grunge. Une plage exclusivement instrumentale. « Tacoma » s’ouvre sur des riffs de gratte malsains, avant d’adopter un format plus structuré, alors que la voix évoque celle de Frank Black, le chanteur des Pixies. Brèves et efficaces, « F# » et « NPR » sont deux pistes qui macèrent dans le grunge. Et le disque s’achève par « Lightning Bold And Man Hands », une ballade/berceuse (NDR : biffer la mention inutile) plutôt bien ficelée. 

It It Anita assure parfaitement en ‘live’. Il l’a ainsi démontré dernièrement au Botanique, en première partie de ZZZ’s, une formation féminine japonaise. Pour l’instant en tournée, le combo se produira le 11 octobre au Botanique, le 26 du même mois au Magasin 4 de Bruxelles, et enfin le 7 novembre à la Taverne du Théâtre de La Louvière le 7/11/2014, avant d’entamer un périple à travers l’Hexagone.

 

vendredi, 26 septembre 2014 22:06

Dernier Appel

De son véritable nom Doumbia Moussa Fakoly, Tiken Jah Fakoly et né le 23 juin 1968, à Odienné, en Côte d'Ivoire. Issu d'une famille de forgerons, il découvre relativement tôt la musique reggae et monte son premier groupe, Djelys, en 1987. Grâce à ses concerts il acquiert une notoriété, d’abord locale, puis nationale. Ce n’est cependant qu’en 1998, qu’il se produit en Europe. Pour la première fois à Paris. En 2002, il participe à la Fête de l’Humanité. Puis en 2005 et en 2008, année au cours de laquelle 50 000 personnes l’applaudissent sur la grande scène du Parc de La Courneuve. Mais l’année 2003 constitue une année charnière pour l’artiste. Il est invité à se produire dans le cadre du festival Musiques Métisses d’Angoulême (NDR : il y reviendra en 2005). S’exile au Mali, suite à des menaces de mort. Décroche une Victoire de la Musique, dans la catégorie album Reggae/Ragga/World pour l'album « Françafrique ». Enfin, il est à l’affiche de l’édition 2005 du festival ‘Le Rock dans tous ses états’ d’Évreux.

« Dernier Appel », c’est le neuvième elpee studio de l’artiste. Sur l’image de la pochette, on y voit Tiken Jah Fakoly, entouré d'enfants, empoigner un énorme porte-voix. C'est un signe. Il invite les générations futures africaines à prendre leurs responsabilités et surtout leur avenir en main. « Dernier Appel » est donc un titre parfaitement judicieux. En invitant Nneka, Patrice et Alpha Blondy, ce voyage africain est plus doux et digeste que celui entrepris à Kingston. Et c’est le morceau maître qui ouvre le long playing. La voix de Nneka se pose sur « Human Thing », une plage à la fois rafraîchissante et percutante. « Le Prix Du Paradis » adopte un discours semblable à celui de Peter Tosh : tout le monde veut aller au paradis, mais personne ne veut mourir. Il argumente le propos, en incitant le peuple à se remuer les fesses pour y accéder. « Diaspora » met en scène Alpha Blondy et Tiken, deux frères qui se seraient réconciliés. Une superbe compo interprétée dans la langue de Shakespeare.

D’une grande délicatesse, « Tata » et « Saya » sont enrichis d’instruments traditionnels mandingues (NDR : répartis aujourd'hui entre la Guinée, le Mali, le Nord de la Côte d'Ivoire, l'Est du Sénégal et de la Gambie, la plupart des griots mandingues partagent une même tradition de chants déclamatoires et l'usage de certains instruments emblématiques dont la kora, le balafon, le n'goni et le djembé.) « Tata » figurait déjà  sur l’elpee « Cours d'Histoire ». Superbe, la nouvelle version est acoustique. Après « Dakoro », place à « War Ina Babylon », excellente reprise signée par la star jamaïquaine Max Roméo. Nneka et Patrice participent aux vocaux sur cette cover, plus percutante que l'originale et surtout plus africaine.

« Too Much Confusion » prend un virage soul, tout en respectant un profil reggae africain. Il se révèle également beaucoup plus contemporain. Pour conclure, Tiken en est sûr, « Quand l'Afrique Va Se Réveiller »…  Votre serviteur avait vraiment apprécié le set de l’artiste accordé dans le cadre du dernier festival ‘Couleur Café’. Sous cet angle, l'Afrique positive, colorée, métissée, est un pur bonheur

 

vendredi, 19 septembre 2014 01:00

Un dieu vivant…

Cette soirée au Cirque Royal est particulière. Il y a 8 jours, j’assistais au set de Joan Baez. Ce soir, c’est encore une figure légendaire qui s’y produit. Le sexagénaire James Taylor. Un musicien talentueux dont le show va constituer pour votre serviteur, une véritable surprise.

Il va ainsi parvenir à transformer l'amphithéâtre en salon cosy, pendant près de 3 heures, accompagné de son groupe The All Star Band. Un combo prestigieux dont le line up réunit le fantastique sixcordiste Michael Landau, le bassiste Jimmy Johnson, le drummer Steve Gadd ainsi que Larry Golding aux claviers, piano et synthétiseurs. Et l’ensemble est enrichi par un trio de choristes, Kate Markowitch, Arnold McCuller ainsi qu’Andrea Zonn qui double au violon.

Le songwriter américain a entamé sa carrière au début des années 70. Il a bossé en compagnie de Paul McCartney, George Harrison, Dennis Wilson (Beach Boys) et Art Garfunkel. Parmi les plus légendaires. Il a vendu plus de 40 millions d'albums et décroché pas moins de 40 disques d'or et de platine ainsi que 5 ‘Grammy Award’s.

Le spectacle est divisé en deux parties et séparé par un entracte de 20 minutes. La première sera plus intimiste et consacrée aux compositions personnelles de James. Agé de 66 balais, ce grand chauve se sert d’une gratte électro-acoustique qu'il change à chaque chanson. Il possède une voix de baryton particulièrement envoûtante. Son interaction avec son public –presque exclusivement composé de quinquas– est impressionnante. La plupart du temps, il présente ses chansons dans la langue de Molière, idiome qu’il pratique à merveille. Enfin, vous ne pouvez imaginer le bonheur qui m’envahit en retrouvant Michael Landau à la guitare. A l'instar de Steve Vai, Joe Satriani, Jeff Beck, Peter Frampton et Eric Clapton, il s’agit d’un des plus grands virtuoses contemporains sur cet instrument. Quand au backing group, il s’agit de la crème des musicos issus des States.

James monte seul sur les planches et s’installe sur son tabouret. Il attaque une première perle de son répertoire, « Something In The way She Moves ». Les autres musicos débarquent au compte-gouttes et le backing group est au complet lorsqu’il interprète « Today, Today, Today ». Le voyage vers le Taj Mahal musical est atteint dès le début du concert. Et il se poursuit par « Lo And Behold », « Wandering », « Everyday » (une cover de Buddy Holly), « Country Road », « Milworker », avant de vivre un moment très fort et très intense à travers « Carolina In My Mind ». Tout ce qui me reste de poils sur le caillou s'électrise. Mon dos est trempé de sueur. La beauté de cette compo me laisse pantois. Une grande claque ! La voix de James est profonde, viscérale, ensorcelante. Elle touche l’âme. Malgré 40 ans de carrière, elle est demeurée intacte. James Taylor est un dieu vivant. Je l'ai vu et je l'ai entendu. Un tonnerre d'applaudissements ponctue ce moment privilégié. Mais, on n’est pas au bout de nos (bonnes) surprises. Certains artistes me confient parfois que la musique peut procurer un bonheur incommensurable, indescriptible, lors de moments particuliers. Comme ce soir. « One More Go Round » et un titre plus allègre. Et le premier volet de s’achever par les excellents  « Sweet Baby James » et « Shower The People ».

Le second acte commence également en douceur, par « Stretch Of The Highway », « You And I Again », « Raised Up Family » et « Steamroller ». Une nouvelle chanson : « You And I Again ». Elle parle d’amour quand on a atteint la quarantaine. Pour ce titre, sa guitare est en mode pedal steel et seul le pianiste l’accompagne. Divin !  Mais les deux plages suivantes vont à nouveau m’épater : « Only One » et surtout le « Handy Man » de Sparks Of Rhythm. Sublime ! Suffit de fermer les yeux et vous vous imaginez au cœur des grandes plaines de l’Ouest américain. Toujours aussi brillant, le set nous réserve encore « Fire And Rain », issu de l'album « Sweet Baby James », « Up On The Roof », une reprise des Drifters ainsi que « Mexico », extrait de l’elpee « Gorilla ». Il s’agit de l’avant-dernière chanson. « Your Smiling Face » clôt le show en beauté. La version est plus électrique que l’originale et se démarque de l'ensemble aux accents davantage empreints de douceur.

En guise de rappel, James Taylor nous accorde le « Ho Sweet It Is (To be Loved By You » de Marvin Gaye, une remarquable adaptation chargée de groove. Puis du « You'Ve Got A Friend » de Carole King. Un retour au Nirvana. Il n’y manque que Carole, même si les choristes assument grave pour la remplacer. Et en conclusion, tous les musiciens participent a cappella à l’interprétation du « Wild Mountain Time » de Francis McPeake, une ancienne chanson irlandaise. Une conclusion parfaite pour un de mes meilleurs concerts de l'année…

(Organisation Greenhouse Talent)

Les Lokerse Feesten en sont à leur sixième jour. Intergalactic Lovers est programmé entre Girls In Hawaii et Patti Smith. Avant de monter sur les planches, la vocaliste Lara Chedraouic et le guitariste Marteen Huygens nous accueillent dans les loges, pour un entretien. Qu’ils nous accordent dans la langue de Voltaire. Sympa ! 

J’ai découvert votre groupe, il y a 3 ans, dans le cadre des fêtes de la musique à Charleroi. Puis je vous ai revus au Rock Ternat. Dans votre fief. Et c’était très perceptible, vu la réaction du public. Vous étiez à la même affiche que Puggy, Arsenal et Das Pop, et vous aviez assuré grave. Ensuite, vous avez participé au LaSémo à Hotton. Et enfin, Puggy vous a entraînés pour assurer leur supporting act à l'Olympia en première partie. Vous vous attendiez à une telle invitation ?

Marteen : C’était pour un seul concert. Je ne me souviens plus des circonstances qui ont permis cette opportunité, mais quand on les a rencontrés, le courant est bien passé. Et notre set s’est bien déroulé. L'Olympia ne nous laisse que de bons souvenirs…

L’album « Little Heavy Burdens » vous a permis d’acquérir une certaine notoriété ? 

Lara : Oui, en fait, on a récolté le fruit de notre travail. On a énormément bossé sur ce disque. On a donné tout ce qu’on avait dans le ventre. Et on est fier du résultat. Bien sûr, la mise en forme est bien plus professionnelle. C’est le fruit de l’expérience. Tu sais mieux ce que tu veux. Et ce que tu ne veux pas. Pour moi, le second album est particulièrement réussi. Il est la suite logique du premier. On eu la chance de jouer en Allemagne et aux Pays-Bas. Et on envisage tourner en France et davantage en Wallonie. On doit encore y faire notre trou. Ce n’est pas facile, mais notre cd devrait nous permettre d’acquérir une certaine popularité.

Quelle est l’origine du patronyme Intergalactic Lovers ?

Marteen : Nous sommes alostois. Et s’y déroule annuellement un grand carnaval comme à Binche. Un carnaval au cours duquel le déguisement est roi. Mais pas dans un souci d’esthétisme. Au contraire, au plus ces accoutrements sont ridicules, moches et laids, au plus ils sont recherchés. La parade ‘Voil Jeanet’ (NDLR : la sale Jeannette) en est le plus bel exemple. Un défilé au cours duquel les jeunes gens sont travestis en femmes. Ils portent des corsets, poussent des landaus et exhibent des parapluies cassés. Et dans le passé, on organisait des fêtes autour d’un thème. Un jeu de rôle au cours duquel tout le monde devait se déguiser. C'est toujours idéal pour l'ambiance. En pensant à ce que les marginaux du futur allaient ressembler. Donc, c'était très beau à voir. Mon nom, c'était 'Intergalactic Lovers'. Un nom vraiment grotesque. Tellement absurde, qu’un membre du groupe a suggéré de le choisir pour patronyme. C’est le carnaval d’Alost qui a déterminé le nom du groupe…

Finalement, la bande sonore du film « Code 27 », vous l’avez enregistrée ?

Lara : On nous a demandé de réaliser ce soundtrack. Mais un peu tard. Nous ne disposions que d’un mois pour le terminer. Nous leur avons répondu que ce délai était insuffisant et qu’il était impossible de le respecter, vu le nombre de concerts à assurer. Finalement, le choix s’est porté sur des compos issus de notre premier album, « Greetings & salutations » ; en on y a ajouté une nouvelle chanson. Et cette collaboration nous a apporté pas mal de publicité. Le film est basé sur une série populaire programmée en Flandre.  

Au départ vous aviez signé chez EMI ; depuis le label a été absorbé par Warner. Vous sentez-vous bien soutenus par ce major ?

Marteen : Oui aucun problème, une partie du personnel d’EMI, que nous connaissions, a été transféré chez Warner, une boîte dont les responsables sont compétents. Bien sûr, on s’est rendu compte que cette fusion n’était pas encore au point. La firme n’avait pas l’habitude de sortir des disques d’artistes belges, mais plutôt américains. La situation était inédite pour eux. On l’avait remarquée, mais ils ont bien bossé pour rectifier le tir.

Votre premier opus vous a permis de décrocher un disque d'or ; et le second est, je pense, sur la bonne voie pour prendre le même chemin.

Lara : La plupart des remarques formulées à l’égard du nouvel album concernent le premier abord. On nous dit d’abord qu’il n’est pas terrible. Puis au bout de quelques écoutes, les avis changent, et il récolte de plus en plus de crédit. A tel point, qu’après quelques semaines, certains médias l’ont estimé tout bonnement génial. En fait, ce disque nécessite plusieurs écoutes pour être apprécié à sa juste valeur. Et quand il vous a investi, vous ne pouvez plus l’effacer de votre mémoire. Tu as même envie de le réécouter. Et ainsi de comprendre une nouvelle fois, le message qu’on tente de faire passer…

Sur les planches, le batteur est décalé à droite. Une configuration significative ?

Lara : Lors de nos premières prestations, le drummer se plantait derrière nous. Puis on a décidé de le décaler. En fait, chaque musicien a droit au chapitre. Mais le batteur ne doit pas nécessairement se réfugier au fond du podium. Et j’apprécie tout particulièrement les groupes qui se produisent sur une même ligne. Pas pour respecter une symbolique. Das Pop y a pensé avant nous et on s’est dit, pourquoi ne pas adopter la même formule. Et le résultat est probant…

Quand on vit à Alost, une ville administrée par la NVA, on ne craint pas l’hostilité de la presse francophone? 

Lara : Nous n'avons aucun problème avec la presse en Wallonie. Le seul souci que l'on a rencontré, c'est qu’il n’existe pas d’Airplay (NDR : un concept radiophonique spécifique au Nord du pays). Mais dès qu’on en a l’opportunité, on accorde une interview ou une session radio. Toujours. Mais on espère secrètement qu'il ait quelqu'un qui ose nous diffuser sur davantage de radios. Radio Charlekin (France) et Sud Radio ont fait le pas…

Vous vous êtes produits à Dour, Ronquières, l'Ancienne Belgique, la Citadelle de Namur, chaque fois à guichets fermés. Mais à Mons, il n’y avait pas grand monde. Une raison particulière ?

Marteen : Oui, manifestement, à Mons, le public était clairsemé. Il doit y avoir eu un problème. Probablement un manque de publicité.
Lara : Même le personnel de Sud Radio ignorait que nous nous y produisions. Tu imagines, ils bossent à Mons et ils n’ont même pas été informés…

C’est sans doute dû à une l’ouverture d’esprit de nos communautés, bien plus grande en Flandre qu’en Wallonie ?

Marteen : Je ne sais pas si c'est la raison. Il y a certainement plus de salles pour se produire au Nord du pays. Lorsque nous avons participé au festival de Ronquières, on nous a posé la même question. Au début des années 70, la Flandre a commencé à créer des réseaux. Et en récolte sans doute le fruit encore aujourd’hui. D’autre part, les radios accordent une place importante aux artistes du cru. Et certaines organisations, comme le PopPunt, aident les artistes qui font leurs premiers pas sur la scène musicale. Un ensemble de circonstances qui constituent un fameux tremplin. Mais en Wallonie, il existe également des formations qui ont acquis une dimension internationale, comme Girls In Hawaii…

On compare souvent la voix de Lara à celle de Nina Persson des Cardigans. Un compliment ?

Lara : Oui, un compliment ! C'est la première fois que j'entends cette réflexion. Ou peut-être la seconde. Il est vrai que j’aime sa voix. Et aussi le groupe. Cette remarque me fait plaisir…

Tu as participé aux sessions d’enregistrement de « Death And Glory », le dernier elpee de Montevidéo. Et je dois avouer que ta performance aux vocaux et remarquable. Qui a eu l’idée de t’inviter ?

Lara : En fait, leur manager a appelé le nôtre. Il a demandé si j’étais intéressé de participer aux choeurs. Au départ, j’ai mal compris ce qu’on je demandait, car je pensais devoir écrire des trucs sur cette chanson. Quand j’ai débarqué aux studios, on m’a demandé de me charger des backing vocaux. Je leur ai signalé que j’avais préparé le travail. J’ai donc été invité à me jeter à l’eau. Ce que j’ai fait. Et finalement, tout le monde était content du résultat. Moi aussi, d’autant plus que c’et un chouette album.

Et si nous parlions des influences d'Intergalactic Lovers ? Certain médias vous attribuent des références avec le hard rock mélodique…

Marteen : C'est une question très difficile. Il y a cinq personnes dans le groupe, et chacun a ses propres influences. Il y en a bien que nous aimons tous, mais dans l’ensemble nos goûts sont assez éclectiques… Le hard rock mélodique ? En live, alors. J'apprécie Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath et compagnie.
Lara : Oui, surtout sur scène. Et il est vrai que nos performances sont meilleures en ‘live’ que sur disque.

Vous paraissez très soudés au sein de la formation. Vous vous partagez l’écriture de la musique et des textes ?

Marteen : Nous nous connaissons depuis longtemps. Plus besoin de savoir sur quel bouton il faut pousser. Notre professionnalisme découle tout simplement de l’expérience acquise.
Lara : Nous participons tous à l’écriture de la musique. Je me charge des lyrics, mais Marteen y a également collaboré sur le dernier opus. Marteen, Raf et Brendan se concentrent davantage sur la musique. Et le plus souvent, ce dernier crée les ébauches à l’aide d’accords de piano. Bref, c’est le fruit d’un travail collectif. Et il arrive que dans un texte, l’un d’entre eux me dise qu’il est préférable de changer un mot ou une phrase. Tout le monde apporte ses idées, et lorsque nous sommes tous d’accord, on est satisfaits. Maintenant, il est exact que certaines influences inconscientes peuvent dicter notre conduite.

Quel est le meilleur concert que vous ayez accordé à ce jour ?

Lara : La première fois que nous avons joué à l’Ancienne Belgique ; et même si nous étions un peu trop nerveux, ce n’était pas mal. Mais le meilleur souvenir remonte à notre première participation au festival de Dour. En fait nous attendions devoir nous produire devant une centaine de personnes. Et quand nous sommes montés sur le podium, on s’est rendu compte que le chapiteau était plein à craquer. Une fameuse surprise ! Tous ces gens étaient venus pour nous. Nous n’en revenions pas. Un moment magique ! 

 

samedi, 20 septembre 2014 21:39

Soldout en Braille…

C'est le défi que s'est lancé le groupe belge Soldout pour illustrer la nouvelle campagne de la Ligue Braille : créer une musique à partir de sons de la vie quotidienne et de bruits de bureau.

« On avait déjà utilisé ce genre de sons sur nos albums, mais jamais avec autant d'éléments » confie Charlotte Maison, complice de David Baboulis du duo Soldout. Tous deux ont été immédiatement séduits par l'idée de la campagne de la Ligue Braille quand elle a fait appel à eux. « Ce qu’on a aimé, c’est l’idée d’intégrer des sons de bureau à la musique ; c’est quelque chose qu’on aime faire en général, donc on a tout de suite compris le concept » ajoute Charlotte.

Ainsi, du 12 au 30 septembre, la Ligue Braille va promouvoir l’emploi des personnes aveugles et malvoyantes sous diverses formes : un spot TV, des affiches dans le métro Bruxellois, une brochure visant à répondre aux questions des personnes déficientes visuelles et des employeurs, divers événements en lien avec la campagne, ainsi que des revendications adressées aux responsables politiques.

Le message de la Ligue Braille est clair : « Il ne faut pas toujours de bons yeux pour faire du bon travail ». Travailler, gagner sa vie et être ainsi inclus pleinement dans la société est un droit auquel tout le monde doit pouvoir prétendre, y compris les personnes aveugles et malvoyantes.

« J’espère que cette campagne va attirer l’attention du public et qu'elle contribuera à diminuer les préjugés qu’on a sur les personnes aveugles et malvoyantes. A titre personnel, elle nous a éclairés sur leur façon de travailler et nous a permis de découvrir les outils qui existent pour les aider » souligne Charlotte Maison.

On peut visionner le spot télé et le making-of par ici  

Pout télécharger la chanson gratuitement (version courte ou longue) : c’est par-là  

Soldout sera en concert :

-le 20/09/2014 à Paris au Bus Palladium pour le Nouvel-An Belge.

-le 16,17 et 18/01/2015 à l’Indie Week à Toronto au Canada.

Du 21 au 25/04/2014 au CMJ Music Mrathon  à New-York aux Etats-Unis.

 

vendredi, 19 septembre 2014 19:36

Exercice One (Ep)

Pink Velvet Paradox nous vient de la région namuroise. Manifestement, les musicos ont été biberonnés aux 80’s. Et tout particulièrement à Depeche Mode, Gary Numan circa « Tubeway Army », Kraftwerk, Front 242 et The Cure. La formation pratique ainsi une sorte d’électro-pop-rock-new-wave à coloration contemporaine. Elle décrit sa musique comme de l'électronique hypnotique aux ambiances variées mais toujours mélancoliques, naviguant entre romantisme synthétique des eighties et fougue électrique des années 90. Le line up réunit Raphaël Monin (drums, programmation, backing vocals), Gaëtan Favresse (chant, guitare) et Xavier Giot (basse), trois amis d’enfance.

A ce jour, ils ne se sont produits qu’à trois reprises en concert. Comme supporting act de Vegas. Découpé en 5 pistes, leur premier Ep s’intitule « Exercice One ». Et le trio est prêt à enregistrer son premier album. 10 chansons sont prêtes à être mises en boîte. Il ne leur manque plus qu’un producteur ou un manager pour parvenir à leurs fins.

« The Dragon » ouvre le bal. La voix est en retrait. Les machines nous replongent dans les eighties. Parue en single, cette chouette compo est caractérisée par un refrain contagieux ; et si elle bénéficie du petit coup de pouce nécessaire, elle pourrait squatter les dancefloors. Plus proche de DM, « 88 » possède de semblables aptitudes.

« Kill Yourself » nécessite plusieurs écoutes avant de pénétrer dans l’oreille. Mais cette composition finit par vous hanter. « Dark » lorgne vers la bande à Robert Smith. A cause de la voix, mais aussi de la ligne de basse obsédante et des riffs de gratte incisifs. Dans le souci de la recherche d’un parfait équilibre entre machines et guitares, « Get Out », « You Came Like Rain » et « Memories » empruntent un profil très contemporain, une plage au cours de laquelle la voix de Raphaël semble avoir abandonné toute velléité agressive. Enfin, « Liar », « Come On » et « No Way Back Home » complètement élégamment un tableau sonore que vous pouvez aisément retrouver sur leur site internet, ici

 

dimanche, 14 septembre 2014 01:00

Une (avant)-soirée avec Joan Baez…

Le Cirque Royal accueille, ce dimanche 14 septembre, Joan Baez, une grande dame dont l’engagement sociopolitique a marqué les 60’s et les 70’s. Une contestataire devant l’Eternel, à la carrière particulièrement longue, puisqu’elle l’a débutée, il y a plus de 55 ans. Radicaux, ses textes ont toujours été véhiculés par une musique folk teintée de country, blues, roots, gospel et rock.

Pour votre serviteur, c’est un peu la rentrée, puisqu’il assiste à son premier concert dans une grande salle, après les festivals estivaux. L'amphithéâtre est à la limite du sold out pour ce spectacle proposé dans le cadre de la tournée baptisée ‘An Evening With Joan Baez’. Pas de supporting act, l’artiste entame son set vers 20h15, en n’accusant que 15 minutes de retard sur le timing.

Et elle l’ouvre par le « God Is God » de Steve Earle, seule à la six cordes électro-acoustique. Steve est responsable de la mise en forme du dernier opus de Joan, « Day Afer Tomorrow », paru en 2008. Une belle manière de lui renvoyer l’ascenseur. La setlist est essentiellement constituée de reprises qui mettent en valeur la voix de La New-yorkaise –intacte, il faut le souligner– bien soutenue par deux remarquables musiciens. Soit le percussionniste Gabriel Harris, qui se charge des cymbales, congas, djembe et cajon, mais pas des drums. Et d’un multi-instrumentiste qu’on pourrait qualifier d’homme orchestre : Dirk Powell. Il est préposé à la sèche, au piano, à la mandoline, au banjo, au ukulélé, au violon, à l'accordéon et aux claviers. Un talent à l’état pur ! Le tandem est, en outre, capable de s’adapter à l’ensemble du répertoire de Joan. Le « Daddy, You Been On My Mind » de Dylan nous rappelle que c’est bien elle qui a ouvert la voie au Zim. Elle présente la plupart de ses chansons dans la langue de Molière, et nous signale ne plus avoir interprété cette compo depuis au moins 30 ans, sauf dans sa salle de bains. A chaque morceau, elle change de gratte. Elle attaque « Lily On The West », une chanson traditionnelle irlandaise, désormais passée dans le patrimoine de la musique traditionnelle américaine. Dylan l’avait également adaptée. Et Mrs Baez nous en propose sa propre version. Tout comme la superbe ballade « It's All Over Now, Baby Blues », une autre plage signée par le citoyen de Duluth. Le voyage à travers les States s’étend à toute l’Amérique. Elle dispense ainsi « Mi Venganza Personal », une cover de Luis Enrique Meja Godoy et « Lla Lorona », dans la langue de Cervantès, deux compositions activistes. Elle s’exprime alors dans celle de Shakespeare, et nous parle du Chili, de l'Argentine, du Nicaragua. Dirk siège derrière son piano à queue pour le majestueux « Just The Way You Are », une chanson au cours de laquelle les backing vocals de Grace Stumberg sont absolument superbes. Avant qu’elle n’embraie par « Farewell Angelina », une chanson à nouveau hantée par son vieux compagnon de route, Dylan…

Empreinte d’une grande délicatesse, la voix de Joan est divine tout au long du « Swing Low, Sweet Chariot » de Fisk Jubilee Singers. Un véritable tonnerre d'applaudissements ponctue son interprétation. « Le Temps Des Cerises » est un morceau dont les paroles ont été écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard, en 1868. L’auteur de la chanson était également un communard qui a combattu pendant la 'Semaine Sanglante' à Paris, en 1871. Elle l’interprète en français. Mais elle en connaît parfaitement le message révolutionnaire… La cover du « Joe Hill » Earl Robinson opère un retour en douceur. Celle du « Give Me Cournbread When I'm Hungry» de John Faney permet à Gabriel de démontrer son brio au djembé. « The House Of The Rising Sun » est un titre qui a été repris à de multiples reprises. Sa paternité n’et pas clairement établie, même si on l’attribue à Ashley et Foster, et que les Animals en ont commis la version la plus solide. Pourtant, celle dispensée par Joan est épatante. Le set s’achève par « Diamonds And Rust ». 50 minutes, c’est un peu court. Vu son répertoire, elle devrait pouvoir tenir plus de 120 minutes.

M’enfin, Joan Baez revient une première fois pour deux autre covers. Tout d’abord « Le déserteur », chanson antimilitariste issue de la plume de Boris Vian, dans son idiome original. Puis « Imagine » de John Lennon, moment chargé d’une grande intensité émotionnelle.

Et une seconde fois pour nous réserver « Here's To You », « The Night They Drove Old Dixie Down », caractérisé par excellente intervention vocale de Grace Stumberg, et le « Gracias A La Vida » de Violeta Parra qui clôt cet excellent concert, auquel on reprochera surtout sa brièveté… Serait-ce une forme de minimum syndical ?

(Organisation : Greenhouse Talent)

 

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