Cette année, le Ways Around Festival célèbre sa troisième édition. Ce festival propose des artistes nouveaux et alternatifs. Chaque jour, une salle de concert bruxelloise différente sert de décor. La première journée s’est déroulée ce vendredi 22 mars, au BAMP (abréviation de Brussels Art Melting Pot) de Schaerbeek, qui a accueilli 3 groupes : KRAK, Marcel et Shelf Lives.
La deuxième a élu résidence au Reset, un espace éphémère de 5 000 mètres carrés dévolu à la Culture (il s’agit de l’ancien siège de la banque Dexia ; et il doit devenir le futur siège de la police locale de la capitale européenne). Il est situé à deux pas de la Gare Centrale. Ce soir, six formations ou artistes prometteurs disposent de 45 minutes pour démonter leur talent : Pyo, Edouard Van Praet, Scout Gillett, Sløtface, Ttrruuces et IST IST. Il se produisent alternativement sur deux podiums, la Main Stage et l’Auditorium, où le son va se révéler excellent.
Pyo, c’est le projet du musicien et producteur belge Karel Piot, un power trio classique basse-batterie-guitare. Depuis 8 à 9 mois, il ne posait sa musique que sur les réseaux sociaux et les plateformes de streaming.
Son style ? Un cocktail de post-punk rapide, d’émo-pop déroutante et de dream pop éthérée, arrosé par une dose d’anti-pop qui défie les limites du genre.
Sur les planches, le band libère une énergie brûlante
Authentique, sa musique se construit comme son propre monde où il peut embrasser ses défauts. Les sonorités de la sixcordes sont généreusement réverbérées.
Karel remercie à plusieurs reprises les spectateurs qui, attentifs, commencent à s’agglutiner au pied de l’estrade. Belle découverte !
Setlist : "Till Death", "So Tired", "Always Stay", "Inadequacies", "Happy to be Sad", "U n me", "All for you", "IDC", "Midnight Sunlight", "Midnight Sunlight (trance remix)", "Main Stage".
Demi-finaliste du ‘Humo Rock Rallye 2024’ (remporté par Eosine), Edouard Van Praet a gagné le concours ‘Tremplin Dour Festival’, en 2022. D'origine belgo-canadienne, le jeune Bruxellois est un extra-terrestre dans le paysage musical belge. Parce qu’il tente continuellement de nouvelles expériences. Il a sorti son premier Ep, « Doors », en 2021, et le second, « Cycles », en 2022.
Le look d’Edouard est à la fois intriguant, déroutant et décalé ». Jugez plutôt : lunettes glamour, pantalons pattes d’eph’, chapeau haut de forme et veston de couleur noire réveillant l’image de nouveau riche des débuts du siècle dernier.
Il entame son set par « Walk », « Faux » et « Echos », des compos fortes et débordantes d’énergie rappelant, musicalement, des personnalités telles que Sinead O’connor, PJ Harvey et même Jacques Brel. Accompagné de ses musicos (un claviériste, un bassiste, un guitariste et un drummer), Edouard se fond dans le personnage qu'il incarne et semble totalement envoûté par sa musique. Le show atteint son point d’orgue lors de la reprise du « Satisfaction » de Benny Benassi. Un joint dans une main et le micro dans l'autre, il chante, en français ou en anglais, d’une voix caverneuse plutôt impressionnante ; et on ressent qu’il a été biberonné à la musique des 70’s (Doors, Alice Cooper, Iggy pop et ses Stooges), que ce soit le glam rock ou le psychédélisme. Bref, non seulement Edouard Van Praet a démontré que sa palette ne se limitait pas à un revival glam-rock, mais lui et sa troupe ont mis l’auditoire dans leur poche.
Setlist : « Walk », « Faux », « Échos », « Is This Over ? », « Remplasable », « Moonfall », « Ivresse », « Satisfaction » (cover Benny Benassi), « Bigstar ».
Il y a pas mal de monde dans la salle lorsque Scout Gillett et son backing group montent sur les planches. Tout de noir vêtue, elle se consacre au chant et à la guitare. Elle est soutenue par un batteur, un bassiste et un sixcordiste qui brille par sa technique. Non seulement il dispense des riffs expressifs, mais il nous réserve également des soli vertigineux.
L’auditoire est assis lorsque le quatuor de Brooklyn entame lentement le set. Mais après trois morceaux (la nouvelle compo « Room Of Shadow », « Mother Of Myself » et « Control »), les spectateurs se lèvent et manifestent leur enthousiasme. Et Scout les remercie pour cet engouement. Une belle interactivité va d’ailleurs s’établir entre la New-Yorkaise et la foule.
Solide, l’expression sonore mêle indie rock, grunge et folk rock. Un style plus direct, moins brumeux et maussade que celui abordé sur son délicieux album, « No Roof No Floor », paru en 2022. Scout possède une voix aérienne et vaporeuse. Et on a l’impression qu’elle la ménage. Elle la pousse néanmoins quelque peu, mais sans excès, pendant « Coney Island ». En fait, elle a dû annuler plusieurs dates de concerts, après avoir rencontré quelques soucis vocaux ; aussi, elle préfère ne pas placer la barre trop haut…
Setlist : « Room Of Shadow », « Mother Of Myself », « Control », « Coney Island », « Closer », « 444 Marcy Ave », « Come On Let’s Go », « Slow Dancin' », « Signal », « Tough Tough ».
Issu de Stavanger, Sløtface est né sous la forme d’un groupe il y a dix ans ; mais en 2022, la chanteuse Haley Shea a décidé de faire du band son side project solo, après le départ de la bassiste Lasse Lokøy et du guitariste Tor-Arne Vikingstad.
Sløtface est connu pour son engagement féministe ainsi que pour son soutien à la protection de l'environnement.
Vers 21h00, Haley Shea et son backing group débarquent pendant que les hauts parleurs crachent le « Blind » de Korn. Ce qui permet aux musicos de s’installer. Outre la chanteuse, le line up implique un drummer, un bassiste, un guitariste et un claviériste.
Malgré la présence de l’ingénieur du son Benoît De Visscher (Puggy, Juicy, Angèle), le son n’est pas irréprochable. En cause la structure des murs, en béton. Mais le talent des musicos va compenser ce contretemps.
Autre obstacle, il fait un froid glacial dans la salle. Haley invite la foule à se rapprocher et lui demande s’il est plus timide que le public scandinave. La voix de Shea est très puissante. A vous flanquer la chair de poule ! Et son attitude évoque celle de l’Américaine Hayley Williams, mais en plus jeune et plus rude. Pop punkysante, la musique de Sløtface navigue aux confins des univers de Jimmy Eat World et de Bad Religion. Haley prend régulièrement des bains de foule. Les gratteurs sautent un peu partout sur le podium et finissent aussi par la suivre. On manque même de prendre des manches dans la figure. L’esprit punk est bien présent au cours de ce show, même si chacun d’entre eux a le loisir de tirer son épingle du jeu. Maintenant, ils avaient peut-être envie de se réchauffer. Variée, la setlist, dont on épinglera les très nerveux « Come Hell Or Whatever », « Indoor Kid », « Beta » et « Final Gørl », puise généreusement dans l’opus « Awake/Asleep », paru en 2023.
Un concert bien percutant ! Et en même temps on a pu remarquer combien le projet d’Haley Shea a évolué…
Setlist : « Blind » (Korn cover) (Intro), « S.U.C.C.E.S.S. », « Tap The Pack », « Galaxies », « Telepathetic », « Come Hell Or Whatever », « Indoor Kid », « Beta », « Final Gørl », « Fight Back Time », « Nose », « Crying In Amsterdam », « Magazine », « HAPPY », « Nancy Drew ».
Place ensuite à TTRRUUCES, un combo franco-britannique drivé par le bassiste Jules Apollinaire et la chanteuse Nathalie Findlay.
Sur les planches, ils sont quatre. Deux filles et deux garçons. Le duo est ainsi épaulé par un guitarise et une drummeuse. A son actif, deux long playings : l’éponyme « TTRRUUCES » (2020) et « JJUUIICES » (2023), au sein desquels la setlist puisera généreusement. Son site internet est à l’image de l’imaginaire de la formation. On vous invite à y faire un tour ici
La musique proposée par TTRRUUCES puise dans les sixties et surtout les seventies (Neil Young, Creedence Clearwater Revival, Simon & Garfunkel, David Bowie, The Beatles et les groupes de folk/rock), mais également l’indie rock, le shoegaze et le de psychédélisme. Tout en n’oubliant pas d’y injecter sa propre musicalité qui communique une identité originale et singulière depuis le premier elpee. Les mélodies sont pétillantes et libèrent une puissante énergie. « The Disco », au sein duquel a été inséré un medley intégrant le « Funkytown » de Lipps Inc et le « Rasputin » de Boney M, va même enflammer le dancefloor.
Rafraîchissant, « Something Inside » met en exergue la voix enfantine de Nathalie, sorte d’hybride entre celles de Björk et Noa Moon. Une agréable surprise !
Setlist : « You Make Me Feel Good », « STFU », « The Disco », « Luxury », « Another Day », « Bad Kids », « I'm Alive », « Something Inside, « The Big Goodbye », « Snakes ».
Il est près de 23h00 et si votre serviteur ne veut pas rater son train, il a intérêt à mettre les voiles et fait donc l’impasse sur IST IST. Demain la suite, au Grand Salon du Botanique…
(Organisation Ways Around Festival)