Le lancement de JAZZ 100, opéré au printemps dernier, atteindra son point culminant lors de The New Wave of Belgian Jazz qui proposera, du 13 au 18 décembre, la crème de la nouvelle scène belge, mais également l’influente nouvelle vague londonienne, afin de célébrer dignement le 100ème anniversaire de la sortie du tout premier disque de jazz. Ainsi, le 16 du même mois, se déroulera un mini festival de jazz/fusion qui ira à la rencontre de la world, du funk, de la soul, de l’afrobeat et de l’élecro, notamment. En attendant, ce 30 septembre, dans le même contexte, l’Ancienne Belgique accueille deux figures du label londonien Strut (NDR : une des écuries préférés du gourou Gilles Petersen), The Soul Jazz Orchestra et Kondi Band.
Le Kondi Band ouvre donc la soirée. Il réunit le dj/bidouilleur/producteur américain Chief Boima et le Sierra léonais Sorie Kondi. Aveugle, ce dernier joue du kondi, c'est-à-dire une sorte sanza dont les vibrations des lamelles métalliques ou de bambous, fixées sur une planchette de bois, sont modulées par le bout des doigts ou les pouces. D’ailleurs l’attention de la foule se focalise sur cet artiste, dont l’instrument est posé sur ses genoux. Chief est planté derrière son partenaire, et tripote ses machines disposées sur une table haute. Le duo est soutenu par un préposé aux bongos (NDR : de petits formats !), aux percus électroniques et à la boîte à rythmes. La formation est venue défendre son dernier elpee, « Salone », paru en juin dernier. Les vocaux sont interprétés tour à tour en anglais ou en dialecte sierra léonais. Spasmodiques, ils sont propices à la danse et à la transe.
« Yeanoh » nous entraîne au cœur d’une atmosphère brumeuse peuplée de dieux et d’esprits créoles. Mais dès « Belle Wahalla », percussions, boucles électroniques et chant incantatoire entraînent le public dans une véritable transe hypnotique. Un envoûtement qui tire parti du principe de la répétition et de la progression lente afin d’atteindre une forme d’exaltation. Et si l’expression sonore a un pied aux States et l’autre dans la mystérieuse brousse africaine, tel un gardien des traditions, Sorie se transforme en conteur et en griot pour l’indolent « Thank You Mama ». Il invite une dame installée aux premiers rangs à monter sur les planches et à danser. Il se lève alors pour chanter et se met à se trémousser comme seuls les Africains sont capables de le faire. A cet instant la communion entre l’auditoire et le band est totale…
Issu d’Ottawa, The Souljazz Orchestra réunit la chanteuse/percussionniste Marielle Rivard, le chanteur/pianiste/organiste Pierre Chrétien, le drummer Philippe Lafrenière et un trio de cuivres. Soit Steve Patterson (tenor sax), Ray Murray (baritone sax) et Zakari Frantz (alto sax). Les saxophonistes se placent d’ailleurs au centre et en ligne. Les deux autres musicos, aux extrémités du podium. Mais pas de trace de la vocaliste.
Et on est parti pour 60 minutes de folie. De jazz, il n’en est pas seulement question, mais également de rythmes latinos, soul, bossa nova, caribéens, disco et même funk. Explosifs, les saxophones vont littéralement mettre le souk. Et pourtant les cinq musiciens sont pros jusqu’aux bout des ongles. La musique est cependant, ce soir, essentiellement instrumentale. Episodiquement, on entend quelques mots ou vagissements viscéraux. Bien chauffé par le combo précédent, le public n’arrête pas de s’agiter.
Et après avoir quitté les planches, la troupe revient pour accorder un rappel de sept titres. Un peu comme si on assistait à un deuxième concert. Un encore au cours duquel on se serait cru en Australie, en pleine réunion de kangourous. Et pourtant, le band est bien canadien et pas australien…
(Organisation : Ancienne Belgique)