Quelqu’un se cache dans le CIEL !

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Deeper chez Sub Pop

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Dièze sur les traces de Viny Reilly ?

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Didier Deroissart

Didier Deroissart

vendredi, 10 juillet 2015 01:00

LaSemo 2015 : vendredi 10 juillet

Le Lasemo est un festival très particulier. Il fait même un peu figure d’OVNI dans la jungle musicale ! Situé à mi-chemin, dans son approche intellectuelle et philosophique, entre le celui de Dour et le Parc Rock de Baudour, il privilégie la découverte culturelle tout en mettant l’accent sur l’écologie. Sans oublier le brin de volonté philanthropique. La diversité des activités est si large qu’on ne sait plus où donner de la tête. Aussi, ce qui peut paraître un atout, se révèle, in fine, assez frustrant !
Un zéro pointé par contre en ce qui concerne la logistique ! Le fléchage est quasi inexistant aux abords du site et les bénévoles, pourtant présents en masse (pour la plupart des étudiants écervelés !), ne disposent, la majeure partie du temps, d’aucune information afin de guider le festivalier lambda. Gageons à ce que les éditions à venir fassent fi de ces aléas qui font tâche !
Les premiers riffs de guitares ont vibré sur la plaine il y a 8 années déjà. Comptant à ses débuts deux journées, le festival offre aujourd’hui vingt-quatre heures supplémentaires de pure joie et bonheur !
Mais, il y a seulement trois ans que le cadre exceptionnel et bucolique du parc d’Enghien à ouvert ses grilles à une foule d’artistes venus d’on ne sait où : des chanteurs, certes, mais aussi des jongleurs, des conteurs, des artisans de bouche et j’en passe...

Le premier concert programmé sur la grande scène (‘La Tour’) est celui d’Ayo. Il débute à 18h00.

L'artiste se laisse désirer 5 minutes. C'est sa seule date en Belgique.

Les textes sont traduits en langage des signes par Cindy Barate. Pas facile pour elle de réaliser cette transposition, et une prestation à souligner aussi bien que celle d'Ayo.

Joy Olasunmibo Ogunmakin aka Ayo est le née en 1980, de père nigérian et de mère tzigane roumaine. 

Elle n'a pas de nouvel album à nous présenter mais une ou deux nouvelles chansons. Elle compte quatre albums à son actif : « Joyfull » en 2006, « Gravity At Last » en  2008, « Billie-Eve » en 2011 et le dernier « Ticket To The World » en 2013.

Jolie, elle possède de jolies jambes et des cheveux bouclés ; mais elle a autre chose que ces deux attributs pour nous séduire : sa voix et sa musique. Elle adore converser dans la langue de Molière avec le public.

Comme son compagnon Patrice, ce sont des artistes avec un grand 'A' et surtout un grand cœur. D'une simplicité déconcertante et d'une gentillesse sans pareil, elle ne peut que séduire.

Ayo signifie 'joie' en dialecte nigérian Yuruba. C'est ce qu'elle va apporter sous le soleil brûlant du LaSemo. Ayo le concède : il fait chaud. Elle a choisi d’enfiler un tee-shirt en polyester. Pas un bon choix, elle aurait dû opter pour le coton.

Pendant qu'elle discute, ses 3 musiciens (un bassiste, un drummer ainsi qu’un préposé aux synthés et au piano hammond) continuent à jouer.

Elle signale dans un français parfait que nous avons la chance d'habiter l'Europe ou les States. Et ajoute être la fille d’une gitane issue de l'Afrique de l’Est et avoir grandi en Allemagne. Donc ne disposer ni de maison, ni de passeport. La situation des Roms en France l'interpelle.

Plutôt douée sur sa gratte semi-acoustique, elle nous réserve l’un ou l’autre classique. Dont « Down On My Knees », qu’elle interprète tour à tour dans la langue de Molière ou de Shakespeare. De sa set list, on épinglera encore « Complain », extrait du même elpee, le titre maître de « Ticket To The World » ainsi que le plus hip hop « Fire ». Adopter ce style lui permet d’observer le monde. C'est le langage de la rue qui exprime toutes ses émotions.

Une cover de Marley : le notoire « No Woman, No Cry ». Un autre reggae : « Boom Boom ». Une nouvelle compo qui balance pas mal, mais surtout dont les lyrics dénoncent le racisme aux States, et tout particulièrement les meurtres commis par des policiers xénophobes. Et son message est clair : 'Stop Violence, Peace, Love and Unity !'

La chaleur commence à plomber de plus en plus l'atmosphère.  

Les organisateurs ont prévu, dans les sanitaires, des robinets d'eau potable, mais pas de brumisateurs comme à Couleur Café. Heureusement, le site est peuplé d’arbres, permettant de se mettre quelque peu à l'ombre.

Direction le podium du ‘Château’ pour assister au set de Didier Odieu et Le Feu.

De son véritable nom Didier Kengen, il faut avouer qu’il n’est guère prolifique. Il a travaillé d'arrache-pied pendant trois ans pour publier son nouvel opus, « Désordres », un disque qui est sorti en novembre 2014, soit 10 longues années avant le précédent ! Ce touche-à-tout a même réalisé des spectacles pour enfants, du théâtre et du cinéma.

Tiré à quatre épingles, il se consacre au chant ainsi qu’aux claviers et est soutenu par Giacomo Panarisi (NDR : le chanteur charismatique de la formation de rock'n'roll Romano Nervoso) aux drums, d'un guitariste et d'un bassiste.

A la fois déjantée et paradoxalement maîtrisée, sa prestation accordée en février dernier dans le cadre du ProPulse, avait vraiment bluffé l’auditoire. Il a bien la tête sur les épaules et c’est à travers la dérision qu’il parvient à faire passer son message. Son humour au second degré est susceptible de froisser les âmes sensibles. Il cultive les attitudes glam/punk/rock, mais c’est un rocker au cœur tendre. Musicalement, il puise probablement son inspiration aussi bien chez Gainsbarre, Jacques Brel, David Bowie, les Sex Pistols que Mick Jagger. Et il faut le voir triturer les touches de son clavier. On dirait un schizophrène et pourtant, il maîtrise parfaitement son sujet…

Place ensuite à Dalton Telegramme. Dalton Telegramme nous vient de la Wallifornie sauvage et profonde et plus précisément de la Cité Ardente. Le combo a publié deux Eps à ce jour : « La Cavale » et « La Planque ». Un troisième devrait sortir bientôt et leur premier long playing, « Sous la Fourrure  », paraître fin 2015, début 2016. On l'attend d'ailleurs impatiemment.

La plaine grouille de monde devant l’estrade du ‘Château’ pour savourer la musique country festive et allègre de la joyeuse quadrille liégeoise…

 

 

Cousins et bandits de grands chemins, Joe, William, Jack et Averell se sont cotisés chez Lucifer, pour nous envoyer un télégramme sur terre. Ils on demandé à Pipette (un batteur talentueux), Master QQ (un chanteur chevronné qui ressemble au Capitaine Haddock), Marjorie (dans la pleine force de l'âge, elle trimballe une énorme contrebasse) et Capitaine GlouGlou (le responsable de la gratte), de pouvoir les réincarner. Il faut bien commencer par une intro ; et c’est d'ailleurs ce que les artistes on fait… En fait, le band construit ses chansons comme des bandes dessinées, les enrichissant de textes truffés de calembours. De quoi mettre de bonne humeur. Cette approche me fait même parfois penser aux romans policiers de San Antonio…

Le quatuor embraie par « Sally », une jolie et paisible chansonnette balisée par le banjo et les cordes. Une compo qui baigne dans un climat americana et bluegrass. Les premiers rangs commencent à remuer les fesses. « Evidemment » nous invite à voyager. Pas très loin ! Depuis Liège à Bruxelles, en passant par Paris. Pipette est passé à la râpe pour « Réveil Matin » (« La Cavale »), un titre balayé par le ukulélé et la flûte. Plus tendre, émouvant même, « Ce que Nous Etions » (« La Planque ») raconte l'histoire des quatre individus furieux. Un titre sculpté dans le folk/rock. La formation va également nous réserver quelques pistes issues de son futur elpee, dont « Sous La Fourrure », « Tant Pis » et « Surfeur Mort ».

Le spectacle a fait l’unanimité chez les nombreuses têtes blondes qui ont assisté au spectacle. Faut dire que dans le cadre d’une collaboration avec ‘Les Jeunesses Musicales de Belgique’, les musicos ont accordé des représentations dans les écoles. 

 

(Set list : « Intro  », « Sally », « Tant Pis», « Surfeur Mort », « Surfeur Mort », « Notre Route », « J'ai Laissé devant Ta Porte », « Réveil Matin », « Evidemment », « Ce que Nous Etions », « Sous La Fourrure », « La Cavale », « Baby Face », « Les Agrafes  », « Teqsuila »). (D.D.)

Stéphane prend le relais...

Pour clôturer cette première journée, une grosse pointure de la chanson française se produit sur la main stage : Cali.

Il monte sur les planches vers 20 heures 30 et nous expose sa propre vision de la vie et de l’amour à travers un incisif « La vie quoi ! » Le ton est donné !

Il se murmurait parmi les badauds que les shows de cet artiste étaient débordants d’énergie et de sincérité. Ce soir ne fera pas exception à cette règle, qui semble t-il, est immuable et universelle !

Dopé à, on ne sait, quelle substance psychotrope, le chanteur/amuseur n’a cessé de faire le pitre durant le live et ce pour le plus grand bonheur des fans ébahis !

Livrant tour à tour des musiques simples, mais accrocheuses, issues essentiellement de son dernier et magnifique opus « L’Age d’Or », il a pris le parti de choisir ses mots avec une grande délicatesse afin de décrire intelligemment et sincèrement les maux de la vie et la difficulté d’aimer aujourd’hui.

On épinglera aussi le clin d’œil à sa fille Coco, dont on sentait planer, ici et là, la présence…

Enfilant pléthore de tubes, le Toulousain, s’est, à deux reprises, jeté dans une foule hystérique. Porté à tour de rôle par les spectateurs à bras tendus, il a ainsi parcouru plusieurs dizaines de mètres avant de rejoindre l’espace surélevé destiné aux personnes à mobilité réduite, tout en continuant à chanter. Le tout sans perdre le moindre souffle. Chapeau bas !

Aucun doute possible, l’artiste est un homme de scène !

Mais pas que ! C’est aussi un être doué d’un charisme exemplaire et un humaniste engagé! Sans oublier, un homme d’exception !

Le temps de prendre une boisson bio tout en dégustant une poignée d’insectes cuits (n’oublions pas le caractère durable de cette manifestation), nous retournons à nos occupations afin d’y découvrir une formation étrange baptisée Deluxe.

Etrange, elle a acquis une fameuse expérience scénique en écumant les festivals les plus élogieux comme les Francofolies, le Printemps de Bourges, Dour, Garorock, les Solidays, le Montreux Jazz…

Complètement déjantées, les sonorités décapantes de Kaya, Kilo, Pépé, Pietre, Soubri et Liliboy s’inspirent librement d’influences hip hop, du jazz et du funk. Leur maître mot : le groove. Aucun doute là-dessus, pour groover, ça groove !

La moustache sera de rigueur ce soir ! Un signe distinctif soulignant une masculinité affirmée nonobstant toute forme de brutalité effrénée !

Exception faite de la chanteuse sexy. Quoique, à voir la façon dont elle mène ses musiciens à la baguette, elle semble, elle aussi, porter la culotte !

Mais, cette envie de se démarquer va bien au-delà du faciès ! Tout est pensé chez eux ! Les costumes tout droit sorti d’un film de Tim Burton et les chorégraphies à rendre jaloux un Kamel Ouali de la Star Academy font sourire et ramènent aux souvenirs primaires période ‘Village People’ ! De véritables performeurs, on vous dit !

Alternant compos interprétées à l’aide de vrais instruments et bidouillages électroniques tout droit sortis d’une période post Kraftwerk, le band libère une énergie phénoménale voire jubilatoire. Contagieuse même ! Ca jumpe, ça virevolte de gauche à droite, de droite à gauche, à en donner le tournis. Un vent de folie souffle dans l’arène. Les groupies se mettent soudainement à courir, s’accroupissent, se relèvent d’un coup en criant à tue-tête…

Il est près de minuit trente lorsque les derniers décibels résonnent sous un ciel particulièrement étoilé… Un silence morbide envahit tout à coup les âmes vagabondes…

Il est temps de faire le deuil de ce cette première journée exceptionnelle et empreinte d’émotions. Gageons que les deux autres soient remplies de la même ferveur !

(Organisation : LaSemo)

 

lundi, 13 juillet 2015 09:50

Feel (Ep)

Feel est né en septembre 2012. Il est le fruit de la rencontre entre trois musiciens issus de la région d’Ath : Kevin Cools (chant/guitare), Martin Moreau (batterie/percussions) et François Hantson (basse).

Le trio a remporté le concours ‘L’envol des Cités’ en 2014. Et si sur scène, il envoie du lourd, les musicos affichent une excellente technique. La formation est actuellement coachée par Mario Guccio, le chanteur de Machiavel. Pas étonnant que cet Ep ait été produit par un autre ex-membre de ce combo, Roland De Greef.

« Getting'Old City » est sculpté dans un rock nerveux et métallique, tout en lorgnant de l'autre côté de l'Atlantique. « Kill Em All » également, mais oscille entre moments paisibles et poussées de fièvre énergiques. Malgré son excitation éphémère, « Bubble » baigne dans un climat plus paisible, presque empreint de douceur. Une plage infiltrée par un filet de percussions. Excellent ! Feel adopte un tempo funky/reggae tout au long de « Vavedoo De Top ». Une petite invitation au dancefloor, tout en feeling. Et enfin, « Will I Be Experienced ? » est sculpté dans un rock old school sans concession, même si la voix de Kevin est haut perchée mais mélodieuse… Faut croire que leurs influences majeures oscillent de Led Zeppelin à Jimi Hendrix en passant par Jeff Buckley.

 

dimanche, 05 juillet 2015 01:00

Couleur Café 2015 : dimanche 5 juillet

C’est déjà le troisième et dernier jour de Couleur Café. Il fait moins chaud. Un petit crachin va même rafraîchir le site en milieu de soirée. Ce dimanche, le festival accueillera 23 600 âmes. Soit un total de 68 300 pour les trois jours. En 2013, on en avait dénombré 82 000. Net recul ! Une vingtaine d'artistes vont se partager 4 podiums. Dont une majorité se consacrent aux musiques urbaines.

Arrivé vers 18h10 sur le site Tour & Taxis, je me dirige vers l’'Univers' où se produit Martin Mussart, aka Naâman. Né à Dieppe, en 1990, ce Normand pratique un reggae blanc teinté de roots rocker, de raggamuffin et de hip hop. Il a accordé plus de 130 concerts en France, Suisse, Espagne, Royaume-Uni, Canada, Chine et Jamaïque. Ses vidéos font le buzz sur la toile et tout particulièrement « Skanking Shoes » ainsi que « Never Get Back ». Elles y comptabilisent plus de 10 millions de vues sur YouTube. A ce jour, il a publié 3 long playings et un Ep. Paru en 2013, « Deep Rockers, Back A Yard » a été est consacré meilleur album de ‘French Touch’, et s’est écoulé à 10 000 exemplaires. Il a été enregistré en Jamaïque sous la houlette de Sly Dunbar, Axeman et Dalton Browne. Après avoir gravé « From The Deep To The Rock » en 2014, son quatrième, « Know Yourself », devrait paraître en automne. Soutenu par un bassiste, un drummer et un Dj, Naâman se multiplie sur les planches. Il court à gauche, à droite, devant et derrière. Il provoque les premiers rangs qui réagissent au quart de tour. Mais il est l’heure de rejoindre le Titan…

Car Milky Chance, un duo allemand réunissant le chanteur/guitariste Clemens Rehbein et le Dj Philipp Dausch y sont programmés. Leur cocktail de pop, d’indie folk, de reggae et d’électro a engendré un hit, « Stolen Dance ». Leur premier elpee, « Sadnecessary » est paru en mai 2014. Malheureusement, le son est médiocre. Les infra-basses sont bien trop envahissantes. Je préfère donc m’éclipser…

Sergent Garcia et Oddisee ne m'inspirent pas davantage. J'attends donc la prestation de Groundation prévue sur le 'Titan'. Responsable d’un reggae infusé de dub et de jazz, Groundation est né en 1988. Son fondateur est le chanteur/guitariste Harrisson Stafford. Chaussé de lunettes, il porte une barbe imposante. Sa voix réverbère des accents jamaïcains. Et pourtant, il est bien américain. Californien, très exactement. Sur l’estrade, il est soutenu par Marcus Urani (synthés, piano, mélodica), Ryan Numan (basse) Te Kanawa Haereiti, aka Rufus (drums), Mingo Lewis Junior (percussions) et un duo de cuivres. Soit le trompettiste David Chachere et le tromboniste Nicholas Daniel Wlodarczyk. Sans oublier Kim Pommell et Stephanie Wallace aux chœurs. Et elles ont du coffre ! La troupe s’était produite en 2009, sur la même scène. Y accordant un chouette set. Puis, il y a quelque mois à l’AB. Le concert m’avait beaucoup moins plu, la formation s’évertuant à tirer ses morceaux en longueur. Et celui de ce soir souffre de la même maladie. Au fil du show, inévitablement, l’ennui commence à me gagner. Bonne excuse, pour me défiler, un interview de Jupiter And Okwess International est prévue. Ce qui cependant me privera du concert de Joe Bada$$.

Retour pour Cypress Hill qui investit le 'Titan'. Ces quatre monstres du rap américain sont attendus de pied ferme. Après 30 années de carrière, il faut avouer qu’ils on un fameux pedigree. « Insane The Brain », « How I Could Just Kill A Man » et « Lowrider » constituent certainement trois de leurs plus gros tubes. Ils seront interprétés ce soir. B-Real, Sen Dog, Eric Bobo et DJ Muggs forment un quatuor d'enfer. Les trois MC's viennent chacun leur tour, taquiner les premiers rangs. La sauce prend et le public réagit. 60 minutes de set. Qui a certainement dû plaire aux aficionados. Mais perso, j’estime qu’il était un peu lourd. Le hip hop et le rap me bottent, quand ils sont administrés à doses homéopathiques. Mais lorsqu’on sort l’artillerie lourde, comme lors de cette édition 2015, Didier se met à l’abri…

Le 'Move' accueille Jupiter And The Okwess International. C’est le projet de Jupiter Bokondji, un bonhomme, ma foi, bien sympathique. C'est le fils d'un diplomate de la République Démocratique du Congo qui a vécu une dizaine d'années en Allemagne de l'Est, soit de 1970 à 1980. Période au cours de laquelle il a assimilé le rock issu du Vieux Continent. Mais un jour, il décide de retrouver ses véritables racines africaines. De repartir à zéro. Et vit dans la rue, à Kinshasa. Il forge son expérience en se produisant lors des obsèques et acquiert une solide réputation de musicien. Il monte un premier groupe, Bongo Folk, en 1983. Il se démarque de la rumba congolaise et s’intéresse davantage aux rythmes des différentes ethnies du Congo (NDR : il en existe plus de 450 !) En 1990, il fonde Okwess International. Révélée en 2006, par le documentaire « La danse de Jupiter », réalisé par Renaud Barret et Florent de La Tullaye, puis par Damon Albarn et son projet Africa Express, la bande du ‘Général Rebelle’ (NDR : comme le baptise les jeunes de Kin), grave son premier opus, « Hotel Univers », en 2012. Un vrai petit laboratoire tout au long duquel il parvient à agréger savamment soul des années 70 et funk sur des les rythmes endiablés de la RDC.

Jupiter est invité la même année, à participer aux sessions d’enregistrement de « Kinshasa One Two » du DRC Music, par Albarn, un collectif qui réunit une belle brochette de musiciens et de producteurs. Jupiter a assuré le supporting act de Blur à Paris et à Londres. Il revient tout droit du festival Roskilde au Danemark, là où le chanteur de Blur s'est fait éjecter par la sécurité, après 5 heures de concert. Jupiter prépare un second opus, pour lequel il bénéficiera de nouveau du concours de Damon. Lors de l’interview accordée à Musiczine, Jupiter a avoué qu’en Europe, il était accompagné de 5 musiciens sur les planches, et qu’au Congo, il y en a au moins 20 ! Pas facile de gérer tout ce monde en tournée.

Les artistes montent sur l’estrade. Jupiter est vêtu d'un long manteau bleu flashy et coiffé d’un chapeau mou de couleur noire, un peu semblable à celui de Charlie Winston. Il s’installe devant les deux préposés aux congas. Il se réserve également le chant. Le drummer assure les backing vocaux. Deux gratteurs campent à gauche et à droite de l’estrade. C’est également du côté de ce dernier, mais en retrait que le bassiste se plante. A l'arrière, le batteur/percussionniste est masqué. Enfin, Couleur Café fait honneur à ses racines et propose de la véritable musique world. Un coup d’œil dans le dos pour constater que la foule a envahi la plaine. Les musicos sont avant tout d’excellents danseurs qui prennent leur pied sur les planches. Leur bonne humeur est communicative. Conquis, le public remue du popotin. Même que près du podium, ça jumpe grave…

A l’instar de leurs compatriotes Congotronics, Konono N°1, Kasai Allstars ou Staff Benda Bilili, Jupiter and The Okwess International parvient à fusionner des tas de styles tout en conservant l’esprit local. Le rock et les rythmes africains y font d’ailleurs bon ménage. Et le résultat ne peut laisser indifférent. Il est même parfois empreint de magie (NDLR : noire ?) Les compos sont chantées en dialecte congolais, et ma foi, cet idiome est agréable à l’oreille. Dans la set list, figure une compo coécrite par Jupiter, Nelly Eliya et Damon Albarn : « Hello ». Que du bonheur !

(Organisation : Couleur Café)

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samedi, 04 juillet 2015 01:00

Couleur Café 2015 : samedi 4 juillet

Le deuxième jour de Couleur Café va se dérouler sous un soleil de plomb. Heureusement, les organisateurs ont prévu des zones de rafraîchissement, dont des brumisateurs, et installé des robinets pour la distribution gratuite d’eau. Aujourd’hui, 21 200 spectateurs vont se rendre sur le site de Tour & Taxis. Plus de 20 groupes sont à l’affiche. Compte-rendu.

En débarquant vers 16h30, je me dirige vers la 'Move' pour vivre la rencontre entre Fùgù Mango et Binti. Depuis les dernières Nuits Botanique, ils ne se quittent plus. Il faut dire que le mélange est étonnant. Fùgù Mango, placé à gauche de la scène, réunit la fratrie Vincent et Jean-Yves Lontie des Bikinians, Anne Fidalgo de OK Cowboy ainsi que le batteur/percussionniste Franck Baya que l’on compare souvent au guitariste Laurent Steelemans. Parce qu’il est impliqué dans tous les bons projets. En ligne sur la droite : Binti, 6 jolies gonzesses aux vocaux (Hadiel, Yasmin, Amina, Rana, Sherien et Fedia). D'origine égyptienne, le mot ‘Binti’ se traduit par 'ma fille'.

Fùgù Mango pratique une pop sucrée, enrichie de rythmes afros, teintée d'indie rock et dynamisée par des accents funk. Il y a déjà quelques mois que le groupe a publié son premier elpee, « JùJù », disque qu’il est parti défendre en tournée dans les salles et lors des festivals. Le set s’ouvre par « Floréa », extrait de cet LP, une compo savoureuse déjà stimulée par les  percus tribales. La conjugaison opérée entre les voix de la bande à Franck et les 6 choristes est jouissive. Plus afro, mais sous un format électro, « Kylie's Dream » lorgne vers Tom Tom Club. Le team revisite ensuite le « Golden Brown » des Stranglers. Les claviers sont ravageurs, les harmonies vocales riches, limpides, et les percus tranchantes. Déconcertant ! Et l’auditoire apprécie leur version. « Walk On By » est une véritable tuerie. Derrière ses toms, Franck se déchaîne. Une nouveau titre : « Back in Balance ». Il est particulièrement soul. Bindi en profite pour tirer son épingle du jeu. Tout comme pour « No Silver Bullet » (« JùJù »), un morceau plus paisible. Une perle qui mériterait une adaptation a capella. Ou encore « Full Desire », une autre nouvelle compo. « Bambee » nous replonge en Afrique centrale. Le set épingle également quelques titres plus dansants, « Around », « Mango Chicks » et « Birthday Beast », au cours duquel Bindi prend le concert en voix (et pas en mains). L'association est vraiment réussie. Et si vous n’avez jamais eu le loisir d’assister à un spectacle accordé conjointement par Fùgù Mango et Bindi, sachez qu’ils se produiront le 17 juillet à Dour, le 17 septembre à la Ferme du Biéreau de LLN et le 26 du même mois, au Salon de Silly.

Direction 'Titan' pour assister au show de La Chiva Gantiva. Des abonnés au festival. Le combo a pris de la bouteille et compte à ce jour deux chouettes elpees, « Paléo » et « Vivo », parus chez Crammed Discs. D’origine colombienne, il vit à Bruxelles. Et est apprécié autant en Amérique du Sud qu’en Belgique. Festive, sa musique est classiquement balisée par un trio basse/batterie/guitare, mais elle est enrichie de cuivres fiévreux, pétulants, et fouettée par des percussions davantage sud-américaines qu'africaines. Rafael Espinel est le chanteur de la troupe. Un personnage charismatique qui la drive de main de maître tout en incitant la foule à danser ou à frapper dans les mains. Il n’hésite pas à la haranguer et elle répond au quart de tour. Bref, il va parvenir à foutre un joyeux bordel dans l’auditoire qui remue, pendant que la température grimpe de quelques degrés. Franchement, en concert, La Chiva Gantiva, c’est le pied !

Quelques minutes du set d'Israël Vibration, quand même. Vu son nom, vous vous doutez bien qu’il émarge au reggae. Et même au ragga. Les papys ont été arrachés de leur retraite dorée à Kingston. Quoique un peu fatigués, ces vétérans sont toujours aussi impressionnants. N’est-ce point dans les vieilles casseroles qu’on fait la meilleure soupe ? Et le potage est exquis : good vibrations, ganga et sueur, mais sous une chaleur étouffante.

Manifestement, la programmation musicale du Couleur Café privilégie de plus en plus les musiques urbaines : rap, hip hop, reggae et ragga. En légère perte de vitesse, il se cherche un public plus jeune. Mais en délaissant un peu trop, à mon goût, les musiques du monde, qui constituent quand même les racines du festival.

Sous la 'Move', le public est venu vivre une géante 'Mousse Party'. Aussi c’est en mode ‘fish stick’ que votre serviteur se faufile. La mousse est propagée par 4 énormes machines, pendant que sur le podium, un dj balance des sonorités house, électro et dubstep. Le spectacle est divertissant. Les festivaliers débordent d’enthousiasme pour se trémousser dans ce bain d’écume. Les présentateurs de Pure FM sont même de la partie.

L’'Univers' accueille Starflam, un collectif que le peuple attend impatiemment. Un quatuor liégeois réunissant quatre MC's et un Dj. Il y a même un monde fou à l’extérieur du chapiteau. La température va donc y monter en flèche. Il vient de faire un carton à l'Ancienne Belgique. Et est venu défendre son nouvel opus, « A L'Ancienne ». Son 14ème ! Ce qui ne va pas empêcher le crew de balancer judicieusement quelques standards. Métronomique, intense, le show va se révéler d’une rare efficacité. Et va carrément mettre la foule sur les genoux. Akro : ‘Big Up, Man et respect!’

Sur le 'Titan', on attend la nouvelle sensation du rap hexagonal, 1995, un collectif parisien réunissant Alpha Wann (Emcee), Areno Jaz (Emcee/Grapheur), Fonky Flav' (Emcee/Beatmaker), Lo' (DJ/Beatmaker), Nek le Fennek (Emcee) et Sneazzy (Emcee). Donc 5 Mc's pour baliser les planches dans tous les sens, et un Dj pour mener le bal à l’aide de scratches originaux. En début de parcours, un tee-shirt est brûlé et lancé au sein des premiers rangs. Le show peut commencer. Bien torchés, les textes véhiculent des thèmes de révolte. Les Mc’s provoquent la foule qui est manifestement réceptive…

Retour vers l’'Univers' pour le concert de Modestep Live, un quatuor insulaire formé en 2010, par les frères Josh et Tony Friend, ainsi que Pat Lundy et Kyle Deek. Des Londoniens responsable d’un dubstep teinté de rock. Et surtout novateur. Des influences majeures ? Prodigy et Skryllex. A leur actif, deux albums « Evolution Théory » et « London Road ».

L’intro est symphonique et embraie par « Damien », extrait de « London Road ». Un titre d’électro/dubstep. Les morceaux peuvent parfois devenir planants, avant de partir dans tous les sens. A l’instar de « Sing », une nouvelle compo. « Rainbow » s’ébroue dans le ragga, avant de virer au sein d’un délire dubstep, pourtant bien maîtrisé. Le public commence à s'agiter et sur les planches, les musicos se démènent pour dynamiter leur show. L’interaction entre le band et la foule est totale. Une foule particulièrement bouillante. D’ailleurs les jumps et les hand's up se multiplient. Une très chouette découverte !

Busta Rhymes a investi le 'Titan'. Son dernier passage en Belgique remonte à 2010. Capricieux, l'artiste ne souhaite ni photographe, ni journaliste en front stage. Il se sent sans doute investi d’une mission. Laquelle ? Difficile à dire. Il ne le sait peut-être pas lui-même. Un son médiocre et une prestation ringarde ne justifient certainement le droit de se pousser ainsi du col. Il peut retourner aux States, sans problème. Il n’avait pas sa place au Couleur Café…

C’est sur la petite scène 'Dance Club' qu’est programmée Glù, une formation bruxelloise qui déchire et attise les passions. Votre serviteur l’avait découverte au Bota, dans le cadre du Propulse. Un quatuor signé chez Naff-Rekordz, un label dynamique créé par les sympathiques Herbert Celis et Alex Davidson, et sur lequel on retrouve Frown-I-Brown, Wild Boar & Bull Brass Band, UTZ ainsi que Jawhar. Le line up implique le drummer Alex Rodenbourg, le bassiste Dorian Palos, le claviériste (Fender Rhodes Korg.MS 20) Martin Daniel et le préposé aux machines, François Gaspard. Pour quelques titres, ils vont recevoir le concours d’un Mc qui ne manque pas de coffre, Deco Comprehension.

La coloration de leur expression sonore est essentiellement électro. Pas basique, mais bien structurée, elle intègre drum&bass, dubstep, breakcore et hip hop. A leur actif, un single et un Ep. La foule est plutôt compacte pour assister à ce set. Il est nécessaire de se faufiler en douceur si on veut approcher de l’estrade. On se croirait à un concert d'AC/DC. Des images assez suggestives sont projetées sur un écran derrière le drummer. « Coton Twat » amorce le spectacle. Deco débarque sur le podium et se place derrière son micro pour attaquer « Vanilla », un mix entre hip-hop et trance, bien dans l'air du temps. Impeccable ! « Hunter » et « Psycho » baignent dans l’électro/psyché. Le tempo est endiablé. Le public danse. Le préposé derrière la console est balaise, car le son est cristallin. Une grosse claque de 60 bonnes minutes ! Et conquis, l’auditoire a réagi en conséquence…

Après ce set époustouflant, je décide de déambuler au sein des allées du souk, en attendant le feu d'artifice. Terminé, je me place le plus près possible du podium 'Titan', pour assister au concert de Caravan Palace. Pour ce deuxième jour du festival, il s’agit de la tête d’affiche. En 2013, la formation avait fait un tabac ici même. C’est aussi à cette époque que je l’avais découverte. Le combo a publié deux elpees à ce jour, un éponyme et « Panic ». La sortie du troisième, « </°_°/> », est prévue pour octobre. Leur single « Comics » est déjà sur la toile. Et puis le band se produira au Cirque Royal le 28/11/2015.

Le collectif réunit Arnaud Vial (guitare, programmation, synthétiseur), Charles Delaporte (contrebasse, synthétiseur, programmation), Hugues Payen (violon, programmation, scat, synthétiseur, chant), Antoine Toustou (machines, synthétiseur, trombone, chant), Camille Chapellière (clarinette), Paul-Marie Barbier (vibraphone, percussions). Tous participent aux chœurs. Et bien sûr, Zoé Colotis au chant, à la danse et à la chorégraphie.

Zoe est une véritable bête de scène. Elle déclare : ‘Bruxelles, nous sommes là. Faites attention à vos lacets de chaussures!’ Elle va quitter 5 fois la scène pour changer de toilette. Le plus rapidement possible. Deux de ses comparses se chargeant de maintenir en haleine l’auditoire. Voluptueux, le spectacle semble séduire particulièrement les ados, car les spectateurs des premiers rangs se déhanchent allègrement. Votre serviteur est également emporté par cette frénésie qui vous incite à remuer le popotin et les guiboles. Ce mélange déjanté entre électro swing et manouche, fait littéralement mouche. Pas de setlist, qui épingle quand même « Suzy », « Je m'amuse », « Queens », « Star Scat », « Clash », « Brotherswing », « Jolie Coquine » et quelques nouveaux titres dont « Comics » qui nous a mis un fameux boxon. Après avoir écumé les States, Caravan Palace était de retour ; et franchement, j’ai vécu l’apothéose du festival avant la lettre. L’extase ! Il est une heure du matin, je quitte les lieux. A demain, pour le dernier jour…

(Organisation : Couleur Café)

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vendredi, 03 juillet 2015 01:00

Couleur Café 2015 : vendredi 3 juillet

Couleur Café est un des événements incontournables du début de l'été. Suite aux modifications de dates apportées au RockWerchter, l’événement a dû être reporté au premier week-end de juillet. Ce qui n’est pas plus mal, car les examens des étudiants sont alors terminés. Et permet à ce festival familial, multiculturel et métissé, d’attirer davantage de monde. Avant d’arriver dans la capitale, les travaux et les bouchons sont légion. Je stationne près du Botanique et j’emprunte le métro pour atteindre le site. Passage obligé au guichet pour obtenir le précieux sésame et être contraint à l’inévitable fouille. C’est la douzième fois que votre serviteur participe à Couleur Café, dont il s’agit déjà de la vingt-sixième édition.

Direction Scène 'Univers' où Tarrus Riley achève son set. Il est né en 1979, dans le Bronx new-yorkais, mais a passé sa jeunesse en Jamaïque. Membre du mouvement Rastafari, c’est le fils de Jimmy Riley. Tarrus est venu défendre son dernier elpee, « Love Situation », paru en 2014. Cet album est décrit comme ‘un véritable hommage à l'aire du rocksteady’ et implique une volée de guests, dont U-Roy, Big Youth, Konshens et Mr Cheeks. Mais ce sont deux standards de son répertoire, « She's Royal » et « Good Girl Gone Bed », qui ont forgé sa notoriété. Sur les planches, il est soutenu par son compatriote, le saxophoniste Dean Graser (NDR : un vieux routard) ainsi que la belle Américano-jamaïquaine Alaine, au chant. Mais surtout par son backing group, le Blak Soil Band. Tarrus pratique un reggae contemporain. Pas question de revivalisme dans son expression sonore. C’est ce que j’ai pu remarquer lors des trois titres auxquels j’ai pu assister.

La température est caniculaire sous le chapiteau. Heureusement, les organisateurs ont installé des brumisateurs pour rafraîchir les festivaliers. Et cette initiative est particulièrement judicieuse.  

Un petit crochet par la grande scène pour applaudir Gentleman and The Evolution. Il s’agit du projet de Otto Tillman, un chanteur allemand qui propose du reggae/roots/dancehall. Pas courant ! Et pas mal du tout.

Néanmoins, mon objectif est de rejoindre la scène ‘Move’, où deux petits jeunes bien sympathiques vont fouler les planches. Deux rappeurs, âgés respectivement de 22 et 18 ans. Il y a déjà pas mal de monde devant l’estrade. Il est 19 heures et la chaleur est lourde. Manque plus que l’huile pour cuire les sardines. Heureusement, les brumisateurs exhalent un liquide plus rafraîchissant. Mais le set du duo va encore faire monter la température de quelques degrés. Comme lors des derniers Francos, ils vous foutre un joyeux bordel.

Ce sont deux frangins. Bigflo et Oli. Des Toulousains qui ont fréquenté le Conservatoire. L'un a appris à  jouer de la trompette et l'autre la batterie. Leur Ep, « Le Trac », était paru en 2014, suivi par un premier elpee, intitulé « La Cour Des Grands », en mai 2015. Un disque encensé par la critique. Et sur lequel figure un hit, « Monsieur Tout Le Monde », qui est parvenu à passer le cap des 2 millions de vues sur la toile. Et ce n’est qu’un début. Leur rap old school lorgne vers IAM. Bien torchés, leurs textes sont enrichis de rimes bien pointues.

Ce soir, ils sont quand même épaulés par deux collaborateurs. Un violoncelliste, qui s’installe à gauche, et un préposé aux platines placé sur une immense estrade. Les deux frères vont mettre le feu en balançant un rap d’excellente facture. Faut dire que les vannes pleuvent littéralement (NDR : vu la canicule !) Et elles sont percutantes…

Cap vers le 'Titan' pour le concert d'Arsenal. Le duo d'enfer John Rohan/Hendrik Willemyns a fêté dignement ses 15 années d'existence à l'Ancienne Belgique, en alignant 6 concerts sold out. Et ils sont partis sur la route des festivals. Le chanteur/guitariste John ainsi que le préposé aux machines et aux synthés constituent l’assise du band. La charismatique Léonie Gysel est derrière le micro, soutenue par Charlotte Adigéry aux choeurs. Le très efficace percussionniste David Donnat (Suarez) se plante à l'extrême gauche, et juste devant lui, le second gratteur, Bruno Fevery. La section rythmique est postée à l’extrême droite. Dirk Loots se charge des fûts, et devant lui, Mirko Banovic (Arno) à la basse.

Une toile tendue représentant une forêt sert de décor de fond de scène. Un décor simple et dépouillé. Le light show est également plus sobre que d'habitude. Lydmor est invitée à seconder John au chant pour un titre. Le set est plus classique, mais toujours aussi intense en émotion. Et puis, Arsenal en concert, c'est la danse, la fête à la musique et ça bouge dans tous les sens. Malgré la chaleur torride, John va faire monter la pression, bien épaulé par Léonie qui –et c’est une règle–se déhanche toujours aussi sensuellement. Pas question d'avoir les mains dans les poches. Elle en fait d’ailleurs la remarque à l’auditoire. Nous visitons les différents continents de notre planète. Depuis l'Afrique (les percus et les textes en dialecte local) à l’Amérique du Sud (le Brésil pour ses rythmes endiablés), en passant par l’Asie (Inde, Chine, Japon) et l’Europe (la Scandinavie). Un voyage que reflète les cinq elpees d’Arsenal : « Oyebo Soul », « Outsides », « Lotuk », « Lokemo » et « Furu ». Arsenal est avant tout un groupe de scène et il l'a encore démontré ce soir.

Le podium Univers accueille le leader des Fugees, Wyclef Jean. Son groupe a vendu près de 30 millions d'albums à travers le monde. Bénéficiant d’une section rythmique basse/batterie particulièrement solide, il aligne des tubes qui ont marqué les nineties dont le « Ready Or Not » des Fugees, mais également toute une série de covers ; et tout particulièrement le « Killing Me Softly » de Roberta Flack, le sublime « Guantanamera» de Pete Seeger, le « Knockin' On Heaven's Door » de Dylan ainsi que deux signées Bob Marley, « No Woman, No Cry » et « Redemption Song ». Sans oublier l’hommage à Michael Jackson, « I Want You Back ».

Il est cependant temps de mettre le cap sur le podium Move, afin de découvrir la phénomène israélienne, Ester Rada. On en dit tellement de bien, qu’il serait dommage de manquer sa prestation. Ses racines sont éthiopiennes. Sa musique pourrait être décrite comme de l’éthio/jazz teinté de soul, de funk et de R&B. Elle possède une voix sublime et modulable. Aussi bien vers les graves que les aigus. A l’instar de Mary J Blige, même si cette voix me fait penser tour à tour à Aretha Franklin, Lauryn Hill, Nneka, Ayo ou surtout Sharon Jones. Dès le début du set, on a compris que quelque chose va se passer. La foule se presse aux premiers rangs, et il doit y avoir au moins 3 000 personnes pour assister à ce concert. Au cours duquel Ester va nous proposer les morceaux de son premier elpee. Et il est éponyme. Elle est soutenue par son backing group : le bassiste Michael Guy, les guitariste Ben Haze, le claviériste Lior Romano et le drummer Dan Mayo. Sans oublier une section de cuivres réunissant le tromboniste Maayon Milo, le saxophoniste Gal Dahan et le trompettiste Inon Peretz. Et tout ce beau monde va se mettre au service de la voix d’Ester. Séduit, l’auditoire boit littéralement les paroles de la nouvelle diva. Outre la musique qui vous transporte dans une autre dimension, on n’entend pas une mouche voler, tellement l’assemblée est réceptive. Mon coup de cœur pour cette édition 2015 de Couleur Café, un peu comme l’an dernier je l’avais attribué à Laura Mvoula, et dans le passé à Ayo et Nneka.

Tentative d’approche vers la scène principale où se produit le Wu-Tang Clan. Du line up originel –composé de 9 membres– il ne reste plus que GZA, Inspectah Deck et Ghostface Killah. Une grosse arnaque donc pour les fans. Mot d'ordre avant le concert : pas de photographe et personne en frontstage. Des petits caprices de stars, on en rencontre encore aujourd’hui. Simplement, faudrait alors qu’elles se montrent à la hauteur. Les infra-basses sont tellement pénibles et le son médiocre, que je préfère fuir le massacre. Ah oui, le collectif a enregistré un nouvel LP en évitant de se croiser dans les studios d'enregistrement. Faut dire que rien qu’en observant le gros aux bras tatoués qui harangue la foule, on n’a pas trop envie de les côtoyer…  

Je me rends donc au 'Palais Du Bien Manger' qui usurpe aujourd’hui son nom. Il fait chaud et peu de mets me tentent. En outre, au vu du contenu de l’assiette, les prix sont exorbitants. Je prends un risque et commande un plat argentin à 9€… La viande est à peine cuite (NDLR : du cheval ?) A quoi sert l'AFSCA ? A détruire les producteurs locaux au bénéfice de multinationales qui vous proposent des aliments pas cuits, ni frais et dont l’hygiène laisse scandaleusement à désirer. Dans ces conditions, je préfère manger des tartines… C’est mon coup de gueule !  

Direction la scène 'Univers' pour un petit dj set électro dispensé par Kavinsky. Malgré le copieux arrosage opéré sur le public, la chaleur est de plus en plus insupportable. Elle est même devenue tropicale, vous empêchant de respirer. Je préfère en rester là et rentre au bercail. 23 000 festivaliers pour le premier jour, c'est moins que les années précédentes. Faut dire que hormis Big Flo et Oli, Arsenal, Wyclef Jean, Tarrus Riley et surtout Ester Rada, l’affiche n’était guère alléchante. A demain !

(Organisation: Couleur Café)

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mercredi, 01 juillet 2015 01:00

Percussif et électrique…

« Corazon » constitue le trente-septième album de Carlos Santana. Il est sorti en 2014. La longue tournée qu'il a entamée est baptisée tout simplement 'The Corazon Tour'. Elle a débuté le 14 décembre 2014 au Mexique et passait ce 1er juillet par le Palais 12. Votre serviteur débarque vers 18h30. La salle est vide et il y fait frais. Ce qui ne sera plus le cas à 20 heures, quand elle sera bien remplie. Il ne doit alors rester tout au plus que 50 sièges de libres. C’est donc sold out. J’ignore sa capacité exacte. Mais il doit au moins y avoir 10 à 12 000 personnes. Si le public compte quelques plus jeunes, il réunit une grande majorité quinquas et même davantage.

La star de ce soir, c’est Carlos Alberto Santana Barragán. Il est le 20 juillet 1947 à Autlán de Navarro, au Mexique. Santana est seulement âgé de 18 ans lorsqu'il quitte son pays pour rejoindre ses parents à San Francisco. C'est là qu'il s'imprègne du blues. En 1966, il monte son propre groupe : le Santana Blues Band. Il est vite repéré et en 1969 il se produit au Festival de Woodstock. Il y fait découvrir au public son hit « Soul Sacrifice », qui sera immortalisé plus tard dans le film « Woodstock ». Après cet épisode, l'album « Santana » remporte un franc succès. En 1970, il grave ce qui est sûrement considéré comme le chef d'œuvre de sa carrière, « Abraxas ». C'est aussi à cette époque, qu'il devient le disciple du gourou indien Sri Chinmoy. Une doctrine qu’il adopte de 1972 à 1981. Et qui va inspirer sa musique. En 1973, sa musique vire au psychédélisme, une orientation qui se concrétiser notamment par la publication d’un elpee live, « Lotus ». En 1975, il grave « Amigos », dont il extrait le tube « Europa ». Au cours des années 80 et 90, il est en nette perte de vitesse. Un passage à vide qui va enfin cesser en 1999, lorsqu’il sort « Supernatural », couronné de 9 Grammy Awards. « Ultimate Santana » paraît en 2007, une compilation de ses plus grands tubes enrichie de quelques inédits écrits ou interprétés en compagnie d'invités de prestige : Shakira, Lil Wayne, Tina Turner et Chad Kroeger (Nickelback). En 2010, Santana compose l’hymne de la Coupe du Monde de Football, organisée alors en Afrique du Sud. Après plus de 47 ans de parcours, Santana continue à rassembler les foules. Il s’agit d’un des derniers dieux vivants de la guitare. Le magazine Rolling Stones le place à la quinzième place de son classement des meilleurs sixcordistes de tous les temps. Ses fans sont issus de la vieille ne séduit plus guère la génération actuelle.

Le décor est plutôt sobre sur les planches. Pas de light show grandiose ; juste ce qu'il faut pour se focaliser sur Carlos et son jeu de gratte. Trois estrades sont placées à l'arrière de la scène, endroit privilégié que vont occuper le drummer (José ‘Pepe’ Jimenz) et les deux autres percussionnistes (Paoli Mejias et Karl Perazzo). Et ce trio va faire un vrai malheur. Carlos chante très peu ou presque pas. Cependant, deux vocalistes (Andy Vargas et Tony Lindsay) le suppléent. Le line up est complété par un bassiste (Benny Rietveld) qui s’installe à droite et un second gratteur (Tommy Anthony) à l'extrême gauche, juste à côté du préposé aux claviers (David K Mathews). Circonstanciellement, la troupe est épaulée par un duo de cuivres (trompette et trombone).

Carlos monte sur les planches. Il est coiffé d’un chapeau. Armé, bien sûr, de sa guitare, il prend place au milieu. Des images de la voie lactée sont projetées sur un écran situé en arrière-plan, pendant le morceau d'introduction, « Power Of Peace Intro ». Les hostilités débutent cependant réellement par « Toussaint L'Overture », un extrait de « Santana III », LP sorti en 1971. Un bail ! Le piano hammond donne le ton alors que les trois percussionnistes s'en donnent à coeur joie. Carlos est déjà en démonstration sur son instru. Et le son Santana est parfaitement reconnaissable. S’il a composé pas mal de morceaux originaux, il s’autorise également des reprises, qu’il réarrange à la sauce Santana. A l’instar du « Love Makes The World Go 'Round » de Deon Jackson. Et la version est surprenante. Bien différente de ce qu’en avait faite Madonna. Sur disque, elle est particulièrement douce et balisée par l'orgue ainsi que les cuivres. Ici, pas de cuivres. Les percus mènent à nouveau la danse sur « Freedom In Your Mind ». Deux titres sont enchaînés, « Black Magic Woman » et « Gypsy Queen », deux plages extraites d'« Abraxas », le deuxième long playing du maître. Et un de ses meilleurs. Une autre cover, le « Black Magic Woman » de Peter Green (Fleetwood Mac). Un standard du blues au cours duquel Carlos se réserve un solo savoureux.

Encore une reprise, le « Oye Como Va » de Tito Puente, une piste issue d’« El Rey Bravo ». Ambiance latino assurée. Les rares parties chantées sont assurées dans la langue de Cervantès. Ce sont les percus et les soli de Carlos qui tirent leur épingle du jeu. Plus classique : « Maria Maria », tiré de l’opus « Supernatural ». Carlos abandonne sa guitare électrique un moment et opte pour une acoustique placée sur un pied. Carlos jongle alors entre ses deux grattes. On replonge dans le climat latino pour « Foo Foo » (« Shaman »). C’est même du cha-cha-cha ! Lors de la cover du « Corazón Espinado » de Maná, les soli sont exécutés par la section rythmique : le bassiste, le drummer et les percussionnistes. Et ils sont solides !

« Jin-Go-Lo-Ba » est un titre signé Babatunde Olatunji. Il figure sur l’elpee « Drums Of Passion ». Mais la version originale –parue également en 45tours à l’époque– était déjà incluse sur « Santana ». Les percus nous entraînent au cœur de l’Afrique et Carlos se paye un autre solo d’enfer. Une reprise de Michael Jackson : « A Place With No Name ». Une opportunité pour créer un petit dialogue entre la gratte et les deux chanteurs. Et la compo monte en puissance graduellement. Les cuivres prennent le pouvoir sur « Evil Ways / A Love Supreme » (« Medleys »). La fin est proche quand résonne les accords langoureux de « Europa (Earth's Cry, Heaven's Smile) » (« Amigos »). Debout depuis bien longtemps, l’auditoire salue la performance de Carlos qui le remercie à son tour. Impossible de rester cloué sur votre siège pendant deux heures, lors d’un concert de Santana. Et le set de s’achever par le « Tequila » des Champs et « Smooth », un extrait de « Supernatural ». Carlos va chercher une dame installée aux premiers rangs. Ravie, celle-ci aura le privilège de toucher la guitare du maître. Il invite également deux fillettes de l’assemblée. Egalement enchantées de monter sur l’estrade, elles vont assurer des choeurs de luxe. Et Carlos Santana de clamer qu’il s’agit de l’avenir. La foule salue la prestation du band par un tonnerre d'applaudissements…

Qui revient accorder en rappel « Woodstock Chant », le torride « Soul Sacrifice » et une dernière reprise, « Saideira ». Une bien belle soirée –percussive et électrique– vient de s’achever…

(Organisation Live Nation)

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samedi, 04 juillet 2015 14:00

La foi déplace les montagnes…

Formation parisienne, AqME a enregistré son dernier album, « Dévisager Dieu », début novembre 2014. Il s’agit du premier elpee dont les vocaux sont assurés par le nouveau chanteur, Vincent Peignart-Mancini ; un disque que le quatuor était venu défendre au Salon de Silly. C’est juste avant leur set que deux membres de la formation –soit Vincent, le dernier arrivé et Julien, le guitariste– ont accordé cette interview bien sympathique à Musiczine…

Vincent, ton arrivée a-t-elle permis de donner un nouveau souffle à l’aventure d’AqME ?

Vincent : Je pense, oui. La boucle est ainsi bouclée. Quand j’ai débarqué, c’était pour reprendre la route afin de défendre le précédent elpee, « Epithète, Dominion, Epitaphe », auquel je n’avais pas participé. Pour le dernier, on a pris le temps de soigner la composition, avant de tout mettre en boîte. Et nous sommes partis plaider sa cause, lors de cette nouvelle tournée.

Vincent, tu n'avais pas contribué à l'écriture du précédent elpee. Pourtant, sur les planches, tu y mettais tout ce que tu avais dans le ventre pour en interpréter les compos…

Vincent : Oui, au départ, la proposition était inhabituelle. Il est vrai que 20 millions de dollars ne se refusent pas. Ils m'ont offert 'Final Fantasy 7' dans la mallette. En fait, je l’ai considérée davantage comme un challenge. C’était quand même un superbe album et je suis content de me l’être réapproprié. Je n’ai donc pas à rougir d’avoir défendu un tel skud. Et puis, la tournée est passée si vite.
Julien : Vu le chèque qu’on lui a filé, il ne pouvait pas refuser.

Ce septième elpee constitue-t-il un défi ou un tournant dans votre carrière ?

Vincent : Non une étape de plus. Pas de défi, on fait ce qu’on aime. Sans contrainte. Il s’agit d’une nouvelle étape. Une de plus. Un album en plus. On ne se fait pas la course aux cds. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, c'est notre premier disque sous ce line up. On va en graver encore d’autres, t'inquiètes.
Julien : On ne se pose plus trop de questions. Nous n'avons pas de plan de carrière. Le groupe avance. Profitons de chaque instant présent. Tant que l'envie sera toujours présente dans le groupe, nous serons toujours d’attaque.
Vincent : On ne peut jamais affirmer ce que sera demain. Vivons donc le moment présent.

Pourquoi avoir choisi « Dévisager Dieu » comme titre de votre nouvel elpee ?

Vincent : La vie est faite de challenges. Aujourd’hui AqME est en pleine croissance et pas du tout fataliste. Et on cherchait des mots forts pour décrire cette situation. On estime que Dieu a une place importante dans la culture contemporaine. Que l'on soit croyant ou pas. Clairement, tout se recroise. Et le fait de le dévisager est assez important. C’est lui dire : ‘Oui, nous, on est là’.
Julien : C’est ce thème qu’on souhaitait adopter pour le disque. En racontant un peu ce qui s'est passé au sein du groupe et les aventures vécues par ses membres. On a traversé des moments difficiles. C'est un peu aussi une manière de dire qu’on n’abandonne pas le combat. Qu’on lève la tête et la maintient très haute.

« Enfant de Dieu », c’est un message mystique ?

Vincent : J’en reviens à ce que je racontais, il y a quelques minutes. La place de Dieu est importante dans la société. On peut avoir la foi en adoptant différents codes ou croire en plusieurs dieux. Croire en un seul Dieu. Croire en nous. Croire en quelqu’un d’autre. A quelqu’un qui te permette d’avancer. Nous sommes tous des enfants de Dieu, mais on ne sait plus qui est le prophète. A l'intérieur de chacun de nous, il y a un prophète. C'est un peu l'idée, d'où l'expression : le prophète disparu. Simplement ouvre les yeux et avance. Accroche-toi aux valeurs positives et tu pourras avancer dans la vie…

« Au-delà de l’ombre », « Un appel », « L’home et le sablier », « Pour le meilleur, le pire » et « Les Abysses » en sont des autres ?

Vincent : Notre religion, c'est : ‘Crois en toi’. On croit en nous. On rencontre du positif dans tout être humain qui nous entoure. Il faut s'en servir. Surtout ne pas l'épuiser. Simplement, s'en servir…
Julien : Et permettre également à ceux qui t'entourent de s’y ressourcer...

Finalement, lors du concert, je pensais voir débouler sur les planches, trois curés et une bonne soeur ?

Vincent : S'ils sont sympas, pourquoi pas. On n'est pas contre. On salue le Père David. Trente ans qu’on a plus accordé de concert dans l'Est et que l'on ne l'a plus vu. Mais les retrouvailles, c’est pour bientôt. D’ailleurs on lui dédicace personnellement le morceau « Blasphème ».

Tout baigne pour ce périple destiné à promotionner l’album ?

Vincent : La tournée se déroule en toute convivialité. Nous ne nous produisons pas dans de grandes salles, mais dans des clubs. Et l’accueil est excellent. Cette proximité permet un meilleur partage, d’être le plus proche possible du public.

Chouette pochette, mais étrange. Pourquoi cet homme à deux têtes ?

Vincent : Nous avons laissé carte blanche à Stéphane Casier de Yeaah Studio pour réaliser la pochette. Dans le cahier de charges on lui a simplement demandé de se référer à la dualité, la fraternité et la religion. Et puis, démerde-toi. Il a pondu cette illustration. Bingo !
Julien : On a approuvé le projet du premier coup et on n’a même pas dû lui demander de rectifier. C'était parfait. Il ne restait plus qu’à déposer le logo.

La fidélité à votre label, c’est aussi un acte de foi ?

Vincent : On est parfaitement soutenus par notre label. Nous étions en fin de contrat, après lui avoir réservé 6 albums. C’est à ce moment-là que je suis arrivé. J’ai pensé que je me pointais à un mauvais moment. Eh bien non, il n’a même pas fallu leur faire écouter les morceaux pour les convaincre. Ils souhaitaient que j’intègre le projet. Que me m’investisse dans la composition. Comme j’en voulais, pour eux, c’était une évidence. Et la décision est tombée tout de suite. On a eu des putains de conditions pour enregistrer en studio. Je n'en avais jamais connu de semblables. Et je ne les remercierai jamais assez pour les avoir vécues. Tout en espérant que ce ne soit pas la dernière fois. Ils ont tous bossé sur le projet, alors que l’industrie du disque traverse des moments difficiles. En fait, ils n’ont pas du tout envie de lâcher l’affaire…
Julien : J'aurais préféré boire des ‘Leffe’ que de niquer le job.

C'est vrai qu'actuellement, sortir un album est un fameux challenge ?

Vincent : C'est la raison pour laquelle on palpe la chance qu'on a. Et encore une fois, ce n'est pas donné à tout le monde.
Julien : C'est chouette de constater qu’il existe encore des gens qui ont la foi en des projets de longue haleine et qui ne veulent pas les abandonner. Qui vont de l'avant et qui surtout développent des idées. Qui s’investissent, quoi. Ce qui fait plaisir et met du baume au coeur et nous donne surtout l'envie de continuer. Non seulement le label nous soutient, mais aussi notre public. Il n’y a donc pas de raison de jeter l’éponge.
Vincent : Effectivement. Mais il faut rester honnête. AqME a un public fidèle. Mais, il ne remplit pas les ‘Zénith’ ou d’autre grandes salles. On ne doit plus y penser. Ni calculer. Mais si ce phénomène se reproduit, on pourra remercier nos aficionados. Car il ne sert à rien de faire de la musique et de ne pas la partager…

Vos textes sont écrits dans la langue de Molière, jamais eu envie de les exprimer dans celle de Shakespeare ?

Vincent : Chez AqME, les textes ont toujours été rédigés en français. Au sein du groupe, je n’ai jamais eu à en débattre. Ils sont écrits dans notre langue maternelle et on continuera à les exprimer ainsi. Nous y somme fidèles. Et puis notre musique s’y prête bien.
Julien : Cette option a, dans le passé, souvent suscité des controverses. Mais, je précise, à l'extérieur du groupe, d'après ce que j'ai pu comprendre. Début du millénaire, la plupart des labels signaient les groupes qui chantaient exclusivement en français. Mais aujourd’hui, si tu chantes en français, on va te demander de chanter en anglais. Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile, vu le style de musique, de faire passer ce choix. Que le chant soit hurlé ou chanté. Tout est une question d'habitude. C’est un peu comme lorsqu’un ado boit habituellement de la bière et qu’il goûte du vin pour la première fois. Il estime que c’est dégueulasse. Et puis, au fil de l’âge, il finit par l’apprécier. L’exotisme ne branche pas les Français. Si notre démarche pouvait mieux s’exporter, la langue utilisée pourrait devenir une force. Ce qui prouve qu'il ne faut pas systématiquement chanter en français pour exister. Un exemple ? Rammstein. La formation s’est servie intelligemment de sa langue : l’allemand. Et ce n’est pas du tout évident à réaliser. Pourtant, elle a réussi brillamment ce challenge.
Vincent : En France, il n’existe pas vraiment de culture rock. Disons que l'influence américaine est plus facile à digérer que la française. Elle est plus généraliste. Le mélomane ne se pose pas de questions pour savoir si c’est bon ou pas. Nous, Français, on doit persévérer dans notre démarche.

Vincent, ta voix est à la fois puissante et mélodieuse et surtout tu parviens à t’en servir pour communiquer toutes tes émotions. En es-tu conscient ?

Vincent : Après avoir lu les chroniques sur les sites internet, je les ai montrées à mon épouse. Et elle m’a confié ceci : ‘Vincent, je ne te l'avais jamais dit, mais c'est vachement bien ce que tu as fait. Je n'aime pas le chant en français. Mais là, tu m'as fait découvrir quelque chose de cool. Dans chaque morceau, tu as mis un petit peu de toi. Tu as tellement mis tout ce que tu avais à donner qu'il y a une partie de toi qui est partie’. J’en ai eu de frissons. Putain, c’est complètement dingue. Et elle a ajouté : ‘Peut-être au tu ne le perçois pas. On dirait que tu ne réfléchis pas et que tu y vas ». C’est le plus beau compliment qu’on m’ait fait sur ma collaboration à l’album. Et il vient de ma femme. Maintenant, je crois un peu ce qu'on me raconte. Et les réactions me font plaisir. Mais ces sessions m’ont mis une grosse pression et ont exigé énormément de boulot.  

Un groupe de métal sans guitare, c'est un peu comme un chien sans queue ? Julien, qu’en penses-tu ?

Vincent : Didier te compare à une queue.
Julien : Merci Didier pour la comparaison. On va faire avec. Ben, je ne joue que de cet instrument. Comme tout le monde, je pianote. Je suis capable d’y exécuter 2 ou 3 notes. Je ne joue pas de la batterie. En fait, la guitare me possède depuis 20 ans et me suffit largement et amplement. Elle est tellement riche et te permet de faire tellement de choses différentes. Tu peux transformer le son de la guitare ou le conserver très pur. Tu peux en jouer en solo. Ou dans un groupe. Je n’ai pas envie d’en changer. Cet instrument me convient et je m’en contente. La guitare ne me lasse pas.
Vincent : C’est un instrument universel.

Charlotte, la bassiste, incarne la touche sexy au sein d’AqME. Une fille au milieu de mâles, c’est un plus ou un moins ?

Vincent : Hormis ses nichons et ses cheveux longs, elle se comporte comme un mec. C'est marrant, auparavant, je n'avais jamais joué avec une meuf. Sans quoi, je ne vois aucune différence. Une fille dans un groupe apporte un peu de douceur...
Julien : J’avais déjà bossé, dans le passé, en compagnie de filles au micro ou à la guitare. En fait, une nana au milieu de 'couillus', c'est toujours une personne en moins pour le chargement et le déchargement du matériel.

En 2005, votre drummer Etienne a apporté son concours à Indochine pour la chanson « Aujourd'hui, Je Pleure ». Comment est née cette collaboration ?

Julien : Etienne m'en a parlé. Donc je connais l’histoire. A l’époque, le magazine 'Rock Sound' réalisait souvent des 'blind tests'. Il en a fait passer un à Nicola ; et, dans cette épreuve, il y avait une de nos compos. Il ne nous connaissait pas ; mais le morceau a suscité sa curiosité. Il a contacté notre management et nous a proposé une collaboration. A cette époque, nous avions un titre que nous aimions pourtant bien, mais que nous n’étions pas parvenus à inclure sur « Polaroïds & Pornographie ». On lui a donc proposé. Et ce titre lui a plu. Si bien qu’on s’est retrouvé ensemble pour enregistrer cette chanson destinée à l’album « Alice And June ». Et Indochine nous a ensuite invité à participer à la tournée destinée à promouvoir ce disque…

Etienne le batteur vient de pénétrer dans la salle. Vincent et Julien m’avaient confié en aparté qu’il était important pour lui de manger bien à l'heure. Evidemment il prend un sandwich en main. Ce qui provoque un fou rire général.

Etienne, as-tu une ligne directrice dans ton drumming ?

Etienne : Dis donc, tu as préparé un texte ou quoi ? Ma ligne directrice ? Suivre simplement ce que le morceau exige. C'est lui qui dicte ma conduite. Il ne faut pas aller plus loin. Tout dépend du groove ou du break requis par la compo. C’est instinctif ! Et je ne me pose pas de question. C’est ma ligne directrice…

Etienne, on en parlait tout à l’heure, en 2005 AqME a apporté son concours à Indochine pour enregistrer une de vos chansons, « Aujourd'hui, Je Pleure ». Tu t’en souviens encore.

Etienne : C'était il y a longtemps… En fait, Indochine nous avait invités à nous produire pour certains concerts du X Festival, à l'époque. On a sympathisé. (NDR : il relate ensuite ce que Julien nous a raconté quelques minutes plus tôt). Une simple rencontre entre musiciens.

Etienne, tu es le plus ancien membre d’AqME. On te considère même comme sa force tranquille. Mais quel impact l’arrivée de Vincent a produit sur l’existence du groupe ?

Etienne : Il a apporté beaucoup de bien à l’équipe. Du sang neuf est une bouffée d'air frais. Et il nous permet d’ouvrir des portes. Il a aussi changé l'ambiance. Il est beaucoup plus positif que Thomas, notre ancien chanteur. Et il possède des capacités vocales exceptionnelles. Ce qui a permis de se renouveler tout en conservant notre propre style...

 

Pas de première partie pour ce concert de Mary J. Blige. Début des hostilités à 20h30 précises. Pas évident de dénicher un emplacement pour sa voiture, près de l'Ancienne Belgique, depuis la création du nouveau piétonnier… Mary J. Blige est incontestablement une diva du R'n'B américain. Et pour cause, sa voix au timbre soul, sableux, s’inscrit dans la lignée d’Aretha Franklin voire de Billie Holiday.

Née le 11 janvier 1971 dans le Bronx (New York, USA), Mary Jane Blige est la fille d'une infirmière et d'un musicien de jazz. Elle a vendu plus de 50 millions d'albums dans le monde, depuis ses débuts, en 1992 ; et surtout marqué l’histoire du hip hop féminin en écrivant des chansons engagées qui sont devenues des hits. A l’instar de « Family Affair », « My Love », « No More Drama » ou « Be With You ». Neuf fois récompensée aux Grammy Awards, ‘The Queen Of Hip-Hop Soul’ aurait pu raccrocher. Elle a préféré publier un douzième opus. Il s’intitule « The London Session ». Une œuvre dynamique, sensuelle, taillée pour le dancefloor pour laquelle elle a reçu le concours de nombreuses voix, dont celles de Disclosure, Eg White, Emeli Sandé, Jimmy Napes, Naughty Boy, Sam Romans et Sam Smith.      

La salle est inévitablement sold out. Chaque musico dispose de son estrade. Le drummer s’est installé à gauche. Juste à côté, un bassiste, également préposé aux synthés. Au centre, le guitariste et à l'extrême droite, un second claviériste. Sans oublier les trois choristes du même côté.

Après une petite ‘Intro’ très classique au cours de laquelle sont projetées des images sur une toile en fond de scène, Mary débarque. Coiffée d’un chapeau blanc, qu’elle changera rapidement en optant pour un autre de couleur noire, elle est tout de bordeaux vêtue. Le set s’ouvre par « Just Fine », un titre issu de « Growing Pains », un elpee paru en 2007. Mary nous signale qu’elle aime la musique. Elle invite le public à danser et à chanter avec elle. Les premiers rangs sont réceptifs et le reste de l’auditoire embraie. Une belle interactivité s’établit entre l’artiste et le public. Elle arpente le podium de long en large. Sa voix est haut perchée. Elle est manifestement en pleine forme. Un spectateur lui tend un cd. Elle lui touche tout simplement la main. Son backing group est une belle machine à funk. Pour « I'M The One », les paroles s'affichent sur l'écran, en arrière-plan. Les trois choristes conjuguent impeccablement leurs voix. Et elles sont puissantes. Coup d’œil dans le rétroviseur ensuite, grâce à « You Bring Me Joy » et « Be Happy », deux morceaux extraits du second long playing, « My Life », publié en 1994. Puis de « Love Is All We Need », tiré du troisième LP sorti en 1997, « Share My World ». La fusion parfaite entre la soul et le hip hop.

« Real Love » et « Love No Limit » remontent encore plus loin, puisque ces deux plages figurent sur son premier opus, « What's The 411? », un disque paru en 1992. A cette époque la soul n’est plus trop en odeur de sainteté et le hip hop macère encore dans la zone crépusculaire de l’underground. Mary s’était alors entourée de Grand Puba, Busta Rythmes et Biggie pour concocter cet album qui deviendra triple disque de platine ; c’est ainsi qu’elle s’est vue décerner ce titre de ‘Queen of Hip Hop Soul’. « Enough Cryin' » est une petite douceur glissée subrepticement dans la set list. Mary déambule sur l’estrade en frappant dans les mains des spectateurs aux premiers rangs…

Le spectre de Donna Summer plane tout au long du disco/funk « My Loving ». Des beats effilés découpent le « F For You », un morceau co-écrit par Naughty Boy et Jimmy Napes. Le refrain est pop, ravageur. Les racines house circa 90’s. Délicieux ! La voix de Mary se fait douce, claire et puissante à la fois sur « Therapy », un titre co-écrit par Sam Smith et issu de « The London Sessions », un elpee gravé en 2001. Un grand moment de soul abordé dans l’esprit d’Etta James. Une soul empreinte de tendresse et de passion qui envahit « Doubt », également tirée de ce long playing, une compo balayée par des accords de piano ravageurs. Et toujours issu de la même plaque, « No More Drama » permet à la diva de pousser sa voix dans les aigus, jusque dans ses derniers retranchements, pour le bonheur d'un public divinement conquis. Mary verse quelques larmes et remercie l'assemblée. Et le show de s’achever par une superbe cover du « One » de U2, moment choisi par le guitariste pour se mettre dans la peau de The Edge. Et d’y parvenir !

Lors du rappel, Mary J. Blige présente ses musiciens qui en profitent pour s’autoriser chacun un petit solo. Et le set s’achève par « Family Affair », extrait de l'album « No More Drama ». Inutile d’ajouter que le public, ce soir, a vécu un concert exceptionnel, concert qu’il a transformé en véritable fête de la musique.

(Organisation : Greenhouse Talent)

Karavan est un collectif réunissant 8 chanteurs : Nicole Bongo - Letuppe, Marie-Ange Tchaï Teuwen, Fredy Massamba, Myriam Gilson, Djubebe Kalume, Epolo Mabita, Mister Mo et Soul T. Une découverte faite à l'Ancienne Belgique, en première partie de Sinead O'Connor. Le répertoire de ce groupe afro-bruxellois est essentiellement composé de reprises d’Arno. Interprétées a cappella. Nicole et Marie-Ange se sont fait les porte-parole du team, un entretien qui s’est déroulé dans les loges de l'Ancienne Belgique, juste après la ‘release party’ consacrée à la sortie de leur premier album, « Arnoquins »…

Que signifie « Arnoquins » ?

Nicole : C’est un projet qui a été réalisé par 8 chanteurs/musiciens. Nous appartenons à un collectif baptisé ‘Les Anges Compagnie’ qui existe depuis une bonne quinzaine d'années. Arno nous a sollicités pour exécuter des choeurs sur différents projets, émissions télés et aussi lors des festivals. Mais avant tout pour son dernier album, « Future Vintage ». Puis on est tombé sous le charme du personnage et de son répertoire. Et on en a conclu qu’il aurait pu être intéressant d’adapter des chansons d'Arno a capella, à la sauce Karavan. Nous sommes tous d'origine africaine. Nous adorons Bruxelles. Il y a plus d'une dizaine d'années que nous y vivons. Nous sommes devenus des Afro-bruxellois. Certains affirment que les Africains n'apportent aucune valeur ajoutée à la Belgique. Et bien, musicalement, on démontre le contraire. On a ajouté notre petite touche afropéenne au répertoire d'Arno. Ce qui s’est soldé par la confection d’« Arnoquins ».

Sur la scène pop/rock belge, Arno est considéré comme un extra-terrestre, un artiste un peu déjanté. Vous confirmez ?

Nicole : Tout à fait ; et c'est ce qui nous plait. Il faut dire que nous sommes de la même famille. A cause d’un cousin très lointain dont nous sommes à la recherche depuis longtemps. Un albinos… Et nous sommes également issus d’une famille bien déjantée. Lui, il a continué dans son 'albinoserie' et nous dans notre 'noiraterie'. Et nous nous sommes retrouvés à Bruxelles pour élaborer ce projet qu'il soutient, tout comme l'Ancienne Belgique…

Il y a d’autres structures qui vous épaulent ?

Nicole : Oui. La maison de la Culture de Saint-Gilles. Le café concert ‘Le Bravo’. Ce n'est pas très loin d'ici, nous y sommes allés travailler quelquefois. Egalement la ‘Maison Des Cultures’ de Molenbeek. Beaucoup de gens ont été sympas avec nous. Ce qui a permis au projet de libérer de bonnes énergies. C'est un peu magique. On a l’impression d’être sur un coussin d’air qui nous guide vers les personnes adéquates et les endroits propices. Je ne vais pas tomber dans le mystique et compagnie. Je crois qu’on attire ce qu’on projette. Il n'y a pas de mystère. On met tout son cœur et on s'éclate. C’est alors que les bonnes énergies naissent et que les bonnes rencontres se concrétisent...

Pas facile de concilier vos goûts musicaux, quand on est aussi nombreux au sein d’un groupe ?

Marie-Ange : C’est ce qui est intéressant. Nous sommes un peu des univers différents. Il y a 8 personnes, mais le line up a changé au cours de la dernière année. On se connaît cependant depuis assez longtemps. Nous avons également d’autres projets. Nous avons enregistré un disque a capella, il y a 15 ans. Il était plus classique et plus pointu dans son approche vocale ; notamment dans les harmonies et les polyphonies. Nous nous rendions dans les centres culturels en Allemagne. Le concept était très sérieux. Nous voulions aborder une formule plus légère. Il fallait donc réunir des personnes à la sensibilité plus urbaine. Parce que « Arnoquins », c'est aussi une façon de voir Arno dans les yeux des citadins. C'est à Bruxelles que l'on s'est rencontré. C'est Bruxelles qu’on raconte. Tout comme Arno. Il fallait impliquer des artistes plus proches du hip hop. Les influences des membres du groupe sont différentes. Fredy Massamba milite dans l'afro soul. Mais chacun apporte sa propre touche : old school ou new school. Myriam est ainsi la chanteuse classique du groupe. Nous sommes une petite brochette d'extra-terrestres.

Qu’est-ce que le collectif ‘Les Anges' ?

Marie-Ange : Un collectif qui a gravé un album en l’an 2000.
Nicole : C'est par respect pour son fondateur qu’on en parle ; mais pour Karavan, c’est du passé…

Votre répertoire est constitué de versions a capella de chansons signées Arno. Vous en interprétez d’autres ?

Nicole : Nos premières expérimentations figurent sur ce disque paru au début du millénaire. Il s’agit de chants traditionnels slaves ‘gospellisés’ et africanisés. C'est cet album qui a incité Arno à nous rencontrer. Des blacks qui chantent du russe et du roumain en gospel, il estimait que c’était original. Il était intéressé ; et à l’issue de notre rencontre, il nous a invités à apporter notre collaboration au projet. C'est le point de départ. Le premier volet a été réalisé en Europe de l'Est, le deuxième à Bruxelles, en compagnie d’Arno. Peut-être que pour le troisième, on s’attaquera au répertoire de Joe Dassin. L’an prochain ? On n’en sait rien…

Lorsque vous avez assuré le supporting act pour Sinead O'Conor, la setlist n’était pas intégralement composée de reprises d'Arno…

Nicole : Sur l’album, deux titres ne sont pas issus de la plume d’Arno, « Bruxelles » et « Karavan ».

Y a-t-il, dans le répertoire d’Arno, une compo qui a une signification particulière pour Karavan ?

Marie-Ange : « You Gotta Move », un vieux morceau de blues issu des années 50 qu’il reprend en ‘live’.
Nicole : Cette plage remonte aux sources. Aux origines de l'esclavage. Les champs de coton aux Etats-Unis. C’est une chanson qui nous parle. Elle ouvre notre spectacle. On voyage en Karavan et puis on se gare à Bruxelles. Et le show peut commencer…

Pour réaliser un voyage entre différentes cultures. Sur une base d'Arno?

Marie-Ange : Déjà Arno, à la base, c'est un être hybride.
Nicole : Si on me dit qu'Arno est un nègre blanc, je le crois. C'est un albinos qui nous vient de l'espace.

La pochette est plutôt réussie. Qui s’en est chargée ?

Marie-Ange : Lara Herbinia, une photographe talentueuse. Encore une belle rencontre. Comme la nôtre. De voir qu’on s’intéresse à nous et à notre projet te file du peps. Et nous permet d’être davantage bookés. Une dame est venue nous voir et nous a promis qu’elle allait essayer de nous dénicher des dates. Pour la pochette on est parti du personnage 'Arlequins'. Il est intemporel. Un saltimbanque dont on ne sait pas trop bien s’il est riche ou pauvre, gentil ou méchant. Ses vêtements son couverts de losanges. Entre Arlequins et Arnoquins, le rapport était facile. Mais pour l’illustration, Lara a dû effectuer des recherches sur ces losanges. On lui a quand même refilé quelques idées. Mais la gestation a nécessité quelques mois, quand même…

Lara vient justement de débarquer…

Lara Herbinia : Lors de notre première rencontre, votre idée était bien claire, ce qui était pratique. Vous souhaitiez une galerie de portraits dont les gens portent des masques. Et vous m’avez précisé qu’il ne fallait pas qu’on vous reconnaisse, afin d’être interchangeables. Et évoquer votre belgitude tout en se référant quelque part à Arno…

(Photo Lara Herbinia)

dimanche, 21 juin 2015 01:00

Bis repetita placent…

Orquesta Buena Vista Social Club est de retour –pour la toute dernière fois ?– à l'Ancienne Belgique, dans le cadre de son 'Adios Tour'. Un périple qui était déjà passé par la même salle, et pour deux dates, en octobre 2014. Si vous voulez encore assister à ce spectacle, vous devrez vous rendre à l’étranger. Ce soir, nous allons donc encore vibrer aux sonorités cubaines de la guajira, du danzon, du bolero, du cha-cha-cha et de la rumba. La nouvelle mise en scène devrait permettre au répertoire, pourtant classique, de prendre une nouvelle dimension. Annoncé avant le concert, sur écran : la présentation du dernier album « Last And Found », qui sera signé par les artistes… En fait, seuls trois d’entre eux, et les plus jeunes, viendront remplir leurs obligations…

Le Buena Vista Social Club est à l'origine, une mythique boîte de nuit située dans la banlieue de La Havane, à Cuba. A l'issue de la révolution cubaine de 1959, ce night club a disparu. Cinquante ans après sa fermeture, le nom a été récupéré pour baptiser un projet musical imaginé par Nick Gold de la maison de disques World Circuit et le guitariste américain Ry Cooder. L'idée de ce projet était de réunir dans un même enregistrement des musiciens cubains ‘campesinos' (soneros légendaires des années 1930, 40 et 50) et d'Afrique de l'Ouest. Retenus à l'aéroport de Paris, les Africains n'avaient pu rejoindre Cuba. Finalement les sessions se dérouleront sans eux. Intitulé « Buena Vista Social Club », il va rencontrer un tel succès que le groupe sera invité à se produire sur scène. D'abord à Amsterdam, en 1998 ; puis pour une série de concerts au Carnegie Hall de New York. Le cinéaste Wim Wenders sera même sollicité pour filmer ces événements. Il va en réaliser un documentaire, en ajoutant des interviews accordées par plusieurs musiciens, à La Havane. Et le film va même porter le même titre, 'Buena Vista Social Club'.

La salle est bien sûr sold out. Pour ce show, votre serviteur a déserté le balcon pour s’installer face au podium. Hétéroclite, l’auditoire réunit une large tranche d’âges.

Pour cet ‘Adios Tour', l’orchestre a entraîné dans le périple, plusieurs musiciens qui avaient participé à la confection de l'opus ainsi qu'au film, il y a plus de 15 ans. Et tout particulièrement Eliades Ochoa, le guitariste au chapeau de cow-boy, le trompettiste Guajiro Mirabal et le virtuose du laud, Barbarito Torres. Ils sont soutenus, ce soir, par de nombreux musicos qui les ont rejoints au cours de l'aventure, dont le vétéran Papi Oviedo, particulièrement dynamique à la guitare 'tres', le jeune pianiste, virtuose, Rolando Luna. Une fameuse section rythmique composée du contrebassiste Pedro Pablo et des percussionnistes Andres Coyao (congas), Filiberto Sánchez (timbales) et Alberto 'La Noche' (bongos). Sans oublier, le trio de trompettiste drivé par Luis Allemany et le célèbre chanteur de 'son', Carlos Calunga. Le chef d'orchestre, Jesús 'Aguaje' se consacre également au chant. Il y est secondé, par la très belle Idania Valdés.

A 20h32, les lumières s'éteignent. Rolando Luna se dirige vers son piano à queue, situé totalement à gauche, près de la sortie des loges. Il est seul et rend hommage au premier artiste décédé soit Ruben Gonzales, décédé en 2003. Il interprète « Como Siento Yo ». Des images de Ruben défilent sur un écran en arrière-scène. C'est poignant. La chanson terminée, tous les musiciens vont se placer derrière leurs instruments. On devine, assise derrière le rideau, la pétillante Omara Portuando dont on attend impatiemment sa montée sur l’estrade, pour y mettre le feu. 85 printemps, quelques rides, un visage d'ange et une voix de diva. C'est la dernière icône vivante de la 'Musica Cubana'.

Le chanteur/tromboniste Aguaje Ramos s’improvise chef d'orchestre. Sympa, il m’adresse un clin d’œil. La formation s’attaque alors à « Bodas De Oro ». Les cuivres et le trombone mènent la danse. Une vidéo présentant le contrebassiste Israel ‘Cachao' López, disparu en 2008, est projetée. Et c'est évidemment Pedro Pablo qui donne le ton, tout au long de « Tumbao », alors qu'en arrière-plan, ce sont les images de Cachao qui défilent sur la toile. Israel aborde ensuite le magnifique classique « Trombon Majadero », au trombone. Il est accompagné au piano par Rolando Luna. Le public connaît le refrain et le reprend en choeur. Un troisième hommage est rendu à Ibrahim Ferrer qui s'est éteint en 2005. Votre serviteur avait eu la chance d'assister à un concert de ce personnage, physiquement frêle, mais grand par son talent de vocaliste, un an avant sa disparition. Je regarde donc attentivement les images qui défilent sur l'écran et j'écoute attentivement « Bruca Manigua ». Ce morceau est superbement interprété par l’ensemble de la troupe. « Black Chiken » est un titre bien balisé par les cordes et les trois percussionnistes, installés sur une estrade en arrière-scène. Eliades débarque sur le podium pour « Estoy Como Nunca ». Son style à la gratte est particulier. Il la tient très haut, le menton appuyé dessus. Epaulé par Carlos et la très belle Idania, il chante « El Carratero », « Pedacito De Papel » et enfin « Macusa ». Puis il tire sa révérence.  

De nouvelles images rendent un quatrième hommage à un membre disparu, lors de l'interprétation de « Marieta ». Celles de Manuel Galbán, qui nous a quittés en 2011. On assiste alors à l’arrivée triomphante d’Omara. Elle interprète « Lagrimas Negras », « 20 Anos », « No Me Llores » et « Quizas Quizas ». Omara et Rolando Luna sont très complices. La voix d'Omara vous prend littéralement aux tripes. La diva s'éclipse alors sous un tonnerre d'applaudissements.

Eliades la remplace pour rendre hommage (le cinquième) à Compay Secundo, un remarquable guitariste décédé en 2003. Lui et Ibrahim formaient un duo infernal. Les images nous feraient presque croire que Compay est présent parmi nous. Eliades nous charme de ses cordes.

Un sixième et dernier hommage est rendu à Pio Leiva, la voix de Buena Vista Social Club. Il a rejoint l'autre monde en 2006. Idania et Carlos vont saluer divinement sa mémoire, à travers « El Cuarto De Tula ». Le concert est fini. Mais ce n'est pas la fin.

Omara, la grande diva, est de retour. Tout comme l’an dernier, mon coeur frétille comme un gardon, avant même qu'elle ne se mette à chanter. « Dos Gardienas » et « Candela » constituent assurément les cerises sur le gâteau des 120 minutes de concert. En finale, on retiendra encore les exercices de style de Guajiro Mirabal et les pirouettes de Barbarito Torres, qui va même jouer de son laud, dans le dos. Le second set accordé par l’Orquesta Buena Vista Social Club sous les yeux de votre serviteur, en quelques mois, était semblable au premier. La setlist était légèrement différente. Mais le spectacle était tout aussi fabuleux.

Il était organisé dans le cadre des Vw Spring Sessions 2015. Le dernier show de cette série se déroulera le 5 juillet 2015 au Bozar de Bruxelles, et il mettra en scène Chick Corea et Herbie Hancock. A vos agendas!

(Organisation : AB + Jazztronaut  et Vw Spring Sessions )

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