C’est le début des Lokerse Feesten. Dix jours de programmation éclectique. De quoi satisfaire un public, le plus large possible. 15 000 spectateurs par jour pour recevoir des artistes confirmés ou jeunes talents (NDR : 109 en tout sur toute la période), issus de Belgique et du monde entier. Il s’agit déjà de la 37ème édition. La dixième année à laquelle votre serviteur participe ; et pas un seul jour, les dix. Un peu ses vacances annuelles. Le Groote Kaai va accueillir ce soir Nouveau Riche All Stars, Janez DETD, Milow, Mika et en point d’orgue, le Dj Martin Solveig. Une première journée sold out.
19h00. Nouveau Riche All Stars monte sur l’estrade. Deux Dj's triturent leurs platines alors que quatre Mc’s arpentent les planches de long en large. Et ils s’expriment dans la langue de Vondel. De quoi mettre tout le monde de bonne humeur. L’assistance est clairsemée, mais au fil du set, elle va progressivement croître. Ces petits jeunes pratiquent un hip hop teinté de rap, de drum&bass, de techno et d'électro. A l’instar d’AKS, de The Opposites ou de Kraantje Pappie, ils sont venus pour nous faire passer un bon moment sans se poser de questions ni se prendre la tête. Il y a trente personnes sur l’estrade, lorsque les 45 minutes de prestation prennent fin…
Janez DETD, diminutif de Janez Determited, embraie. Originaire du Nord de la Belgique, ce quintet est responsable d’un punk/rock basique. Un peu comme si Blink 182 remettait au goût du jour le répertoire des Ramones. Fondé en 1995, le band a publié 13 elpees de 96 à 2008. Puis, rideau. C’est suite à un pari lancé par un fan sur Facebook que l’aventure va reprendre. Encouragé par ‘3000 likes’ enregistrés au bout de 48 heures, le combo décide de se reformer. Et de repartir en tournée. Outre « My Life, My Way » et « Deep », la set list nous réserve une cover survitaminée du « Mala Vida » de Mano Negra et une autre très musclée du « Take on me » de A-Ha. Et sur les planches, les musicos ne tiennent pas en place. Bref, un show efficace et dynamique qui a bénéficié d’un chouette light show et de projections adaptées aux morceaux.
Milow, aka Jonathan Vandenbroeck, c’est le James Taylor belge. Issu du Nord du pays, on lui prête la plus belle voix du Royaume. Rasé de près (NDR : c’est le cas de le dire !), il n’a plus un poil sur le caillou. Malgré son succès, il n’a jamais chopé le melon, et demeure fondamentalement humain. Le décor est plus luxuriant que d’habitude. Des énormes spots à led se focalisent sur les artistes. Des palissades en bois sont disposées à l’arrière-plan, afin de nous plonger au sein d’un climat paisiblement country. Une petite estrade est exclusivement réservée au drummer. Milow s’est planté devant et à sa droite, son ami et fidèle guitariste (sèche, électrique ou dobro). Dans son dos, le claviériste se sert d’un Hammond. Et enfin, une percussionniste/choriste –une jolie blonde– niche à droite. Elle a une superbe voix au grain soul. Milow est armé d’une guitare semi-acoustique. Sculptée tour à tour dans le folk, la country, le bluegrass ou l’americana, la musique évoque les grandes plaines de l'Ouest Américain. Les States ont d’ailleurs énormément influencé cet artiste. Le Zim, notamment. Mais également l’Albion ; et tout particulièrement Donovan.
Il puise ce soir largement dans son troisième LP, « North And South ». Paru en 2011, ce disque lui avait permis de se forger sa notoriété. Il en interprète les tubes « Never Gonna Stop », « You And Me (In My Pocket) » et « Little in The Middle ». Du quatrième long playing, il extrait « Silver Linings », « Learning How To Disappear » et « Echoes In The Dark ». Une set list au sein de laquelle il n’oublie pas d’inclure la cover humoristique du « Ayo Technology » de 50 Cent, un titre qui l’a propulsé sur la scène médiatique. Nonobstant son interaction avec le public, Milow n'est pas un entertainer. Mais il a toujours un bon mot ou un ‘merci’ entre chaque chanson…
Changement de cadre pour le show de Mika, puisque le podium est envahi de maquettes en carton représentant des maisons ou des buildings. Un immense piano à queue trône en avant-plan. C’est là que doit siéger l’artiste. En retrait, on remarque –à nouveau– la présence d’une charmante percussionniste. Sans quoi le line up implique trois claviéristes, dont deux doublent aux guitares et un à la basse. Sans oublier le gratteur soliste (également préposé aux cuivres) coiffé d’un chapeau mou qui s’isole à droite de l’estrade.
Après quelques accords aux ivoires, Mika attaque une version dépouillée du hit « Grace Kelly ». A la fin du morceau il est successivement accroupi, couché, puis debout sur son instrument, tout en haranguant la foule. Le nouveau single, « Talk About You », sent un peu le réchauffé. Mais en ‘live’, la compo prend une toute autre dimension. C'est le premier extrait du quatrième opus, « No Place In Heaven ». Si la section rythmique est bien en place, la percussionniste est phénoménale. Mika à une voix haut perchée qu'il est capable de moduler, surtout dans les aigus. Un peu comme Freddie Mercury. Tout au long de « Big Girl (You Are Beautiful) », le coeur de Mika balance entre ivoires et avant-scène. Non seulement, il parcourt les planches de long en large, mais il multiplie les mimiques. Ce qui rend son show interactif.
Saxophone et percus ouvrent « Popular Song », issu du troisième opus, « The Origin Of love ». A ce moment, la foule est en délire. Ca jumpe et danse partout sur le site, une bonne dose d’électro à l’appui. Mika gigote comme un possédé ; il mouille sa chemise et l’auditoire aussi.
« Rain » (The Boy Who Knew Too Much ») calme le jeu et permet au public de donner de la voix. Un nouveau titre : « Staring At The Sun », un morceau de pop bien sucrée. Il aborde ses hits « Underwater » et « Relax, Take It Easy », en mode piano/voix. Puis le contagieux « Origin Of Love », une chanson qu'il dédie à son compagnon. Elle parle d’amour, mais aussi de religion. Par dérision et à plusieurs reprises, il s’agenouille devant la foule. Il ajoute même parfois quelques mots en latin. « Elle Me Dit » est une chanson écrite dans la langue de Voltaire. Et elle est superbe !
Après la jolie ballade « Happy Ending », place à « We Are Golden », un titre chargé d’intensité. Pour clore le set, « Last Party » et « Love Today » sont salués par une volée de confettis. Et ce sont des étoiles plein les yeux que les festivaliers acclament Mika et sa troupe, au terme de leur concert ; car manifestement, ils sont parvenus à nous transporter dans un univers de rêve… Pour rappel, Mika se produira à Forest National ce 23 septembre.
Pour clôturer cette première journée, les organisateurs avaient parié gros –et cassé leur tirelire– et invitant le meilleur Dj du moment, Martin Solveig. Heureusement, car succéder à Mika n’est pas une mince affaire. Pas une âme n'a quitté la Groote Kaai ; et pourtant il est plus d'une heure du matin. Et franchement, après le set qu’il va nous accorder, Guetta peut retourner à ses études. Car Martin est un véritable maître des platines. Le décor est grandiose. Une table est décorée par un écran où apparaît un smiley bleu, derrière laquelle est installé le Dj. En arrière-plan, une immense toile est destinée à la projection de vidéos, plus cocasses les unes que les autres. Dès son arrivée, Solveig provoque la foule, dans un néerlandais parfait. Et il fait fort pour commencer, en livrant « Intoxicaded », un tube international qui fait actuellement trembler les dancefloors. Quatre ans après avoir publié l’elpee « Smash », le Parisien prépare son cinquième, un disque précédé par un autre hit « Toxicaded », qui a été enregistré sous la houlette du duo issu de Miami, GTA (Good Times Ahead - Van Toth et JWLS). Il est partout Martin. Devant, derrière, à gauche ou à droite ou encore debout sur sa table.
La foule jumpe et met les bras en l’air. Quel spectacle, ce Groote Kaai, noir de monde, qui réagit comme un seul homme. On dirait une savane au sein de laquelle 150 00 springboks sont poursuivis par un guépard. Tiens, Martin porte une belle moustache ; ce qui rend son univers très ‘cartoonesque’, davantage malicieux…
Sans jamais se prendre au sérieux, le Dj réunit tout à tour un explorateur fan de pole dance, une boule disco, des tennismen en costards et des demoiselles vêtues de robes XXL. Explosif, le mélange est haut en couleurs. La bonne humeur est contagieuse.
Dès le second morceau « Kelly Wants Stars », c’est le boxon dans l’auditoire. Un chaos que Solveig maîtrise à la perfection. Il nous réserve son nouveau clip « +1 ». Et n’oublie pas de balancer « Hey Now », « Hello » ou encore « The Night Out ». Les fumigènes et les nombreux effets spéciaux sont parfaitement assortis au light show. Car le spectacle s’adresse à la fois aux yeux, aux oreilles et aux jambes. Franchement, je ne suis pas près d’oublier cette soirée. Il est 2h00 du mat’ ; il est temps de rentrer au bercail. Il me reste encore 1h30 de route à parcourir…
Organisation: Lokerse Feesten
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