Anaïs Oluwatoyin Estelle Marinho, aka Arlo Parks, a grandi à Hammersmith, dans l'ouest de Londres. Ses origines sont pourtant nigérianes, tchadiennes et françaises. Née à Paris, sa mère lui appris à parler le français avant l’anglais. Enfant, elle écrit des nouvelles où elle imagine des mondes fantastiques, puis commence à écrire son journal intime et à s'intéresser à la poésie orale. Elle lit et aime interpréter les textes de poètes américains comme Allen Ginsberg, Chet Baker ou Jim Morrison. Elle avait l’intention d’étudier la littérature anglaise à l’université, mais c’est la musique qui l’a conquise. Son dernier elpee, « My soft machine », est paru en mai dernier. Elle se produisait ce vendredi 15 septembre à l’Ancienne Belgique, et le concert est sold out.
Le supporting act est assuré par Vagabon, une amie d’Arlo. Elles voyagent d’ailleurs dans le même bus pour cette tournée. En arrivant à 19h30, votre serviteur constate que le balcon est occupé par une majorité de quinquas et de quadras alors que la fosse réunit un public plus jeune…
D’origine camerounaise, Laetitia Tamko, aka Vagabon, est une auteure-compositrice-interprète établie à New York. Pour enregistrer son dernier opus, « Sorry I Haven’t Called », qui sort demain, elle a reçu le concours de l’ex-Vampire Weekend, Rostam Batmanglij ; ce qui lui a permis d’approfondir le processus d'écriture et d'enregistrement. C’est cet LP, au cours duquel elle est en recherche perpétuelle du bonheur, qu’elle va défendre, ce soir. Elle y tisse des chansons authentiques et vulnérables qui ne peuvent être amplifiées que par ses performances en ‘live’…
Elle est seule sur le podium et se sert d’un synthé, de samples (NDR : même les percus et la ligne de basse sont échantillonnés) et, à une seule reprise, d’une guitare. Elle est vêtue de rouge. Ses cheveux sont frisés en couettes. Derrière elle, dans la pénombre, on remarque la présence d’un miroir qui permet de la découvrir de dos.
Le set s’ouvre par « Do Your Worst », une compo au cours de laquelle elle demande des comptes à un partenaire un peu mou.
Caractérisé par sa superbe harmonie vocale, la chanson, plutôt cool, s’achève dans une forme de r&b classieux. « You Know How » invite la jeunesse sur le dancefloor. Tout comme l’entraînant et épatant « Lexicon ». Pas de trace cependant du sautillant et printanier, « Can I Talk My Shit ? » …
Setlist : « Do Your Worst, « Every Woman », « Lexicon », « Autobahn », « Water Me Down », « Made Out with Your Best Friend », « Carpenter »
A 21h00 pile, la lumière de la salle principale s'éteint une seconde fois, puis une vidéo est projetée alors que les musicos grimpent sur le podium. Soit un bassiste, une claviériste, un guitariste/claviériste et un drummer, qui s’installent chacun sur une estrade. Arlo dispose des ¾ de la scène pour se déhancher, déambuler ou bondir.
Coupés à la brosse, ses cheveux sont teintés de couleur orange. Chaussées de baskets blanches, elle a enfilé un tee-shirt mauve sur un pantacourt à pattes d’éph’ flottantes…
« Bruiseless » entame le show. La voix d’Arlo est suave, douce et chaleureuse. Paisible en version studio, le titre devient nerveux en ‘live’. Très relax, elle interagit régulièrement mais timidement et pudiquement avec le public. Lorsqu’elle susurre ses mots, on doit tendre l’oreille. Mais lorsqu’elle chante, sa voix prend une autre dimension.
Quand elle entame « Blades », des applaudissements enthousiastes se répandent dans la salle. Manifestement, elle bénéficie d’un a priori favorable de la part de l’auditoire. Certaines compos véhiculent des accents légèrement psychédéliques ou funky, ce qui s'avère être l'une de ses forces sur les planches. Les musicos affichent une parfaite cohésion. Le guitariste et le bassiste troquent régulièrement leurs instruments. Mais parfois, l’instrumentation menace de noyer le chant, même si ce déséquilibre correspond également à l’atmosphère du concert. Pendant « Caroline », on a l'impression de flotter à quelques centimètres au-dessus du sol, mais « Impurities » nous remet les pieds sur terre, avant que des sonorités électroniques, qui semblent venir d'un autre univers, émergent, mais sans perdre la douceur et la familiarité que l'on associe à la chanteuse. Elle parvient à parfaitement coordonner les titres de ses deux elpees. Pendant « Eugene », les premiers rangs chantent à pleins poumons, tandis que le reste du public paraît enchanté par la jeune artiste de vingt-trois ans. Elle se sent à l’aise au milieu de son auditoire ; enfin c’est l’impression qu’elle donne. « Pegasus » est interprété sans Phoebe Bridgers. Arlo ne cache pas que la santé mentale est un thème important pour celle-ci lors de ses concerts. Dans ses chansons, elle raconte également son quotidien d'adolescente, la solitude, ses relations et sa quête d'identité. « Black Dog » et « Hope » offrent des câlins serrés lors des jours difficiles et apportent un peu de soutien à ceux qui en ont besoin. En fin de parcours, dans la fosse, le public commence à esquisser l’un ou l’autre pas de danse. « Devotion » révèle une facette légèrement différente d’Arlo, alors que se distinguant par son outro intéressante, « Softly », qui clôt la prestation, récolte un franc succès. Mais finalement la foule semble déçue… que le concert n’ait pas eu un prolongement plus conséquent. Faut dire que pour nous entraîner dans son univers onirique insulaire, fruit d’un cocktail de pop, de soul et de r&b qui impressionne par son élégance et sa maturité, Arlo Parks a enchaîné 17 titres en seulement 75 minutes…
Setlist : « Bruiseless », « Weightless », « Blades », « Caroline », « Impurities », « I’m Sorry », « Eugene », « Dog Rose », « Pegasus », « Hurt », « Too Good », « Black Dog », « Purple Phase », « Hope », « Sophie », « Devotion ».
Rappel : « Softly »
(Organisation : Live Nation)