Un quart de siècle que Rozz est actif sur le circuit métallique. Un groupe valenciennois dont Marcel Ximenez est le dernier membre fondateur à encore y militer. C’est également lui le fondateur du Rozz Festival, qui fêtait en 2015, sa deuxième édition. Cet événement se déroule à Raismes, dans le Nord de la France, une commune réputée pour son secteur pavé choisi pour la course cycliste, Paris-Roubaix. C’est également dans ce patelin que le notoire Raismes Feest, est programmé mi-septembre. Ce dernier en sera d’ailleurs à sa 17ème édition en 2015. La première mouture du Rozz était chargée de promesses. Le ticket d’entrée est plus que démocratique (7€). Et l’affiche est partagée entre artistes à découvrir et confirmés de la scène métallique, principalement hexagonale.
La salle des Fêtes est superbe. Le podium est cependant un peu étroit, ce qui va forcer les musicos à se produire en ligne. Seule la batterie occupe un espace conséquent sur une estrade, à l’arrière-plan. Et bonne nouvelle, le son est parfait.
Régional de l’étape, Time Killers ouvre les hostilités. Egalement valenciennois, le line up réunit plusieurs ex-membres de Rozz. Dont le chanteur charismatique Olivier Bourgeois. Capable de pousser sa voix, pourtant mélodieuse, dans ses derniers retranchements. Mais également le lead guitariste Christophe Sprimont, le drummer Jérémy Jacquart et le bassiste Yann Monnory. Seul Cyril Joly, le second gratteur, n’a jamais participé à cette aventure. Tout de cuir vêtu –y compris son t-shirt, sur lequel sont imprimées une croix et des têtes de mort– Olivier a le crâne enserré dans un bandana. Des dessins de têtes de mort qu’on retrouve sur les foulards noirs qui entourent son pied de micro. A la manière d’un certain Steven Tyler, leader du célèbre groupe américain Aerosmith. Ses bras sont généreusement tatoués. La section rythmique est efficace. Jérémy libère une belle énergie en martelant ses fûts. Les textes sont interprétés dans la langue de Voltaire. Vu les compos proposées lors du set, le nouvel opus devrait faire un tabac ; un disque pour lequel le quintet bosse d'arrache-pied. Olivier et Tyler occupent un max d’espace. Christophe et Yann s’autorisent régulièrement des duels avec les drums de Jérémy. Des duels, ma foi, fort sympathiques. Grand échalas, Cyril reste planté sur la gauche ; il se concentre et s’applique sur ses riffs de gratte. Christophe vient également régulièrement le titiller de sa six cordes.
Les influences du combo oscillent de Maiden à Metallica, en passant par Dio et Black Sabbath. Le Grand Serpent Blanc n'est pas loin non plus. Bref, Time Killers pratique un hard rock mélodique de toute bonne facture ; et de leur set list, j’épinglerai surtout « Magie Noire », « Champ De Batailles », « Into The Fire », chanté en anglais, et leur cheval de bataille, « Time Killers », qui a donné le nom au combo. Dont on devrait entendre parler bientôt. Et en bien. Et pas seulement pour leur prochain elpee.
Formation espagnole, Crownless a déclaré forfait et est remplacée au pied levé par Malemort. Un quintet issu de Cergy-Pontoise. Malemort est actif depuis 2010. Xavier, le frontman, a une voix aussi vitaminée que celle de Vincent, le chanteur charismatique d'Aqme. Et il chante également dans la langue de Molière. La formation déclare pratiquer du métal libre. Soit un métal mélodique susceptible de virer au punk/rock, au hard classique ou encore au rockabilly. Le combo a publié un premier elpee en 2012. Intitulé « French Romances », il a été autoproduit. Depuis sa fondation, le combo a vécu quelques changements de line up. Ce qui n’empêche pas les musicos d’être particulièrement soudés sur les planches, et de prendre leur pied. D’emblée le vocaliste communique sa bonne humeur à la foule. Il arpente le podium de long en large et tente l’une ou l’autre incursion timide, dans la fosse. Leur musique est authentique, sauvage et positive. Le public est attentif et semble apprécier. Aurélien Ouzoulias, le drummer, à la niaque. Les meilleurs titres proposé ce soir ? « Croix De Bois, Croix De fer », « Insoumission » et « L'Enfant Machette ». Un groupe à suivre de très près…
The Scarsystem est un cover-band de Rage Against The Machine et System Of A Down. SOAD se produira ce 16 avril à Forest National. Votre serviteur sera sur place pour vous relater le show. The Scarsystem, c’est encore un band issu de Valenciennes. Créé en 2011, il implique deux gratteurs, un bassiste, un drummer et un chanteur. Jérémy, le vocaliste, et Alex, le bassiste, sont frères. Ce dernier et Fabien, le batteur, militent également chez Inayah, programmé en fin de soirée. Un drapeau américain et un russe sont installés de part et d'autre de l'estrade sur laquelle s’est installé le préposé aux drums. « Bulls On Parade », la première reprise de RATM, nous plonge immédiatement dans le bain. Et elle est très respectueuse de l’originale. Le décor est planté. Les musicos bondissent sur les planches. Il ne manque plus que les membres du band se mettent à brandir les drapeaux. Difficile quand même pour Jérémy, qui se tient les attributs avec conviction, de peur de les perdre…
Coup d’accélérateur et emballement des guitares sur « Suite Pee », un compo caractérisée par le chant tellement proche de celui de Serj Tankian. Leur version du « War » de System est encore plus nerveuse et speedée. Les covers sont presque parfaites. Et le set de s’achever par celle, plus que furieuse, du « Killing In The Name » de RATM. Une belle mise en bouche avant le concert de System Of A Down de ce jeudi.
Le public est en nombre pour accueillir Drakkar. Montois, ce groupe existe depuis 32 ans. Il s’est donc formé en 1983. Au début de sa carrière, il était adulé par les fans de Speed Métal. A l’époque, on n'hésitait d’ailleurs pas à comparer Drakkar aux meilleurs du style, en Allemagne. Mausoleum Records leur propose alors un deal.
« X-Ratted », leur premier elpee, est paru en 1988. Il avait été produit par Rudy Lenners (ex-drummer de Scorpions). Il vient d’être réédité en 2013 sur le label belge Ulimahte, enrichi de 2 nouvelles plages. C’est également au cours de cette année que le chanteur originel a opéré son retour. En 2014, Drakkar a publié son dernier opus, baptisé « Once Upon A Time... In Hell! ». Dans la foulée, il est parti en tournée européenne. Périple qui les entraînera prochainement aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre. Leny, le chanteur, m’a confié que le combo aura dépassé la barre des 90 shows, fin 2015.
La présence de trois guitaristes au sein du line up est quand même très caractéristique. S’y collent, Richard Tiborcz (ex-Resistance), Thierry Delcane et Pat Thayse. Jonas, le drummer, a été remplacé au pied levé par son fiston. Et il est aussi doué que son paternel. Tytus, le bassiste, possède un physique proche de celui de Monsieur Paul (Triggerfinger). Hormis la barbe. La qualité technique est présente. Les gars ont de la bouteille et leur rock est mélodique. Des références ? Queensrÿche, Metallica, Slayer et Overkill. J’avais déjà eu l’opportunité de voir Jonas marteler ses fûts. Une frappe imparable, qu’on retrouve également chez le fiston, mais sous une forme peut-être un peu plus contemporaine, glaciale et mécanique. La ligne de basse tracée par Tytus est corrosive. Normal, car il a autrefois sévi au sein de groupes de hardcore (No Brain, T.C.M.F.H.) Bref, la section rythmique est à la fois frénétique et bien burnée. Fab 'Leny' Vanbellinghen a une corpulence plus qu’imposante. Mais pour mouiller sa chemise de cette manière, il doit manger des amphétamines au petit déjeuner. Il arpente les planches de long en large. Il se donne littéralement à fond et passe autant de temps sur le podium que dans la fosse. Les spectateurs semblent apprécier. Sa voix est haut perchée, harmonieuse, passionnée, mais dans l’esprit des 80’s. Et lorsqu’elle est soutenue par des backing vocaux, la musique lorgne davantage vers le hardcore que le Speed Metal.
Après une intro emphatique, le set s’ouvre par le titre maître de « Once Upon A Time... In Hell! », une compo infernale, dévastatrice, mais mélodieuse balisée par la rythmique. Du power/speed métal bien musclé. Pour le Massacre de la Saint -Barthélemy (« St-Bartholemew's Night »), le carnage s’opère à la scie circulaire plutôt qu’à la tronçonneuse. Après avoir proposé deux nouveaux titres (« Lost » et « Angels Of Stone »), le band nous réserve deux plus anciens (l’épique « Rise And Fight » et « Lords Of The North »), deux morcaux ‘old school’ réminiscents de Manowar. Curieux de voir le vocaliste au milieu des trois sixcordistes qui grattent frénétiquement leur instrument. « Yerushalayim AD 1096 » baigne plutôt dans une atmosphère très Maiden. Et le set de s’achever par les speedés « Scream It Loud » et « A Destiny ». Drakkar a littéralement mis le feu au festival. Fin de cette année, il devrait enregistrer un nouvel opus. Cinq titres sont d’ailleurs déjà prêts à être mis en boîte.
C’est en 1984 que Rozz voit le jour. A Valenciennes, of course. Jean Pierre Mauro (chanteur) et Marcel Ximenes (guitariste) quittent leur précédent groupe pour vivre de nouvelles aventures. Ils sont rapidement rejoints par un drummer, un second gratteur et un drummer. Le combo publie un premier elpee, « Une Autre Vie », deux ans plus tard. Il assure le supporting act pour Vulcain, Blue Oyster Cult, Tokyo Blade et Acid. Les deux compères décident de mettre un terme à leur aventure en 1987. Ce sera provisoire, puisque le band se reforme en 2008. Il publie un 5 titres en « 2009 », qui leur permet très vite de retrouver le haut du pavé. Il faudra attendre 2012 pour voir paraître leur elpee suivant, « D'Un Siècle A L'Autre ». Et après un changement de line up, il est suivi par « Tranches De Vie », en 2013. Marcel a donc rajeuni les cadres. Remodelé, son Rooz vient d’accomplir une tournée en Chine, se produisant devant plus de 30 000 spectateurs. Et le combo est prêt à parcourir les routes de Navarre, d'Espagne et d'Asie. Enfin, un nouvel opus est en préparation.
Marcel se réserve la guitare et le micro. Il est parfaitement épaulé par un second gratteur, un bassiste et un drummer. Marcel sert de colonne vertébrale à l’ensemble. Il en impose sur sa six cordes, mais il est assez statique sur les planches. A contrario des jeunots, qui déménagent régulièrement. Les deux autres préposés aux manches se défient l’un l’autre, soit à gauche ou à droite du podium. Le tempo imprimé par la section rythmique vous envoûte insidieusement. Les anciennes perles défilent : « Rien », caractérisé par son solo de gratte hédoniste, « Wendigo », « Fan » et puis surtout « Les Légions Du Démon » ainsi que « KKK », deux véritables brûlots. Ce dernier dénonce le racisme pratiqué par le Ku Klux Klan. Les textes sont évidemment interprétés dans l’idiome de Molière. Rozz attire aussi bien des vétérans que des jeunes. Certains viennent même les applaudir en famille. Pas de nouvelles compos lors de ce concert. Il est déjà 23h00 et votre serviteur décide de quitter les lieux. Je fais l'impasse sur Inayah et SKOR. Votre serviteur a encore de la route à faire et la fatigue commence à le gagner. Rendez-vous l’an prochain, pour la troisième édition de ce festival.
(Organisation : Rozz)