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vendredi, 03 juillet 2015 01:00

Couleur Café 2015 : vendredi 3 juillet

Couleur Café est un des événements incontournables du début de l'été. Suite aux modifications de dates apportées au RockWerchter, l’événement a dû être reporté au premier week-end de juillet. Ce qui n’est pas plus mal, car les examens des étudiants sont alors terminés. Et permet à ce festival familial, multiculturel et métissé, d’attirer davantage de monde. Avant d’arriver dans la capitale, les travaux et les bouchons sont légion. Je stationne près du Botanique et j’emprunte le métro pour atteindre le site. Passage obligé au guichet pour obtenir le précieux sésame et être contraint à l’inévitable fouille. C’est la douzième fois que votre serviteur participe à Couleur Café, dont il s’agit déjà de la vingt-sixième édition.

Direction Scène 'Univers' où Tarrus Riley achève son set. Il est né en 1979, dans le Bronx new-yorkais, mais a passé sa jeunesse en Jamaïque. Membre du mouvement Rastafari, c’est le fils de Jimmy Riley. Tarrus est venu défendre son dernier elpee, « Love Situation », paru en 2014. Cet album est décrit comme ‘un véritable hommage à l'aire du rocksteady’ et implique une volée de guests, dont U-Roy, Big Youth, Konshens et Mr Cheeks. Mais ce sont deux standards de son répertoire, « She's Royal » et « Good Girl Gone Bed », qui ont forgé sa notoriété. Sur les planches, il est soutenu par son compatriote, le saxophoniste Dean Graser (NDR : un vieux routard) ainsi que la belle Américano-jamaïquaine Alaine, au chant. Mais surtout par son backing group, le Blak Soil Band. Tarrus pratique un reggae contemporain. Pas question de revivalisme dans son expression sonore. C’est ce que j’ai pu remarquer lors des trois titres auxquels j’ai pu assister.

La température est caniculaire sous le chapiteau. Heureusement, les organisateurs ont installé des brumisateurs pour rafraîchir les festivaliers. Et cette initiative est particulièrement judicieuse.  

Un petit crochet par la grande scène pour applaudir Gentleman and The Evolution. Il s’agit du projet de Otto Tillman, un chanteur allemand qui propose du reggae/roots/dancehall. Pas courant ! Et pas mal du tout.

Néanmoins, mon objectif est de rejoindre la scène ‘Move’, où deux petits jeunes bien sympathiques vont fouler les planches. Deux rappeurs, âgés respectivement de 22 et 18 ans. Il y a déjà pas mal de monde devant l’estrade. Il est 19 heures et la chaleur est lourde. Manque plus que l’huile pour cuire les sardines. Heureusement, les brumisateurs exhalent un liquide plus rafraîchissant. Mais le set du duo va encore faire monter la température de quelques degrés. Comme lors des derniers Francos, ils vous foutre un joyeux bordel.

Ce sont deux frangins. Bigflo et Oli. Des Toulousains qui ont fréquenté le Conservatoire. L'un a appris à  jouer de la trompette et l'autre la batterie. Leur Ep, « Le Trac », était paru en 2014, suivi par un premier elpee, intitulé « La Cour Des Grands », en mai 2015. Un disque encensé par la critique. Et sur lequel figure un hit, « Monsieur Tout Le Monde », qui est parvenu à passer le cap des 2 millions de vues sur la toile. Et ce n’est qu’un début. Leur rap old school lorgne vers IAM. Bien torchés, leurs textes sont enrichis de rimes bien pointues.

Ce soir, ils sont quand même épaulés par deux collaborateurs. Un violoncelliste, qui s’installe à gauche, et un préposé aux platines placé sur une immense estrade. Les deux frères vont mettre le feu en balançant un rap d’excellente facture. Faut dire que les vannes pleuvent littéralement (NDR : vu la canicule !) Et elles sont percutantes…

Cap vers le 'Titan' pour le concert d'Arsenal. Le duo d'enfer John Rohan/Hendrik Willemyns a fêté dignement ses 15 années d'existence à l'Ancienne Belgique, en alignant 6 concerts sold out. Et ils sont partis sur la route des festivals. Le chanteur/guitariste John ainsi que le préposé aux machines et aux synthés constituent l’assise du band. La charismatique Léonie Gysel est derrière le micro, soutenue par Charlotte Adigéry aux choeurs. Le très efficace percussionniste David Donnat (Suarez) se plante à l'extrême gauche, et juste devant lui, le second gratteur, Bruno Fevery. La section rythmique est postée à l’extrême droite. Dirk Loots se charge des fûts, et devant lui, Mirko Banovic (Arno) à la basse.

Une toile tendue représentant une forêt sert de décor de fond de scène. Un décor simple et dépouillé. Le light show est également plus sobre que d'habitude. Lydmor est invitée à seconder John au chant pour un titre. Le set est plus classique, mais toujours aussi intense en émotion. Et puis, Arsenal en concert, c'est la danse, la fête à la musique et ça bouge dans tous les sens. Malgré la chaleur torride, John va faire monter la pression, bien épaulé par Léonie qui –et c’est une règle–se déhanche toujours aussi sensuellement. Pas question d'avoir les mains dans les poches. Elle en fait d’ailleurs la remarque à l’auditoire. Nous visitons les différents continents de notre planète. Depuis l'Afrique (les percus et les textes en dialecte local) à l’Amérique du Sud (le Brésil pour ses rythmes endiablés), en passant par l’Asie (Inde, Chine, Japon) et l’Europe (la Scandinavie). Un voyage que reflète les cinq elpees d’Arsenal : « Oyebo Soul », « Outsides », « Lotuk », « Lokemo » et « Furu ». Arsenal est avant tout un groupe de scène et il l'a encore démontré ce soir.

Le podium Univers accueille le leader des Fugees, Wyclef Jean. Son groupe a vendu près de 30 millions d'albums à travers le monde. Bénéficiant d’une section rythmique basse/batterie particulièrement solide, il aligne des tubes qui ont marqué les nineties dont le « Ready Or Not » des Fugees, mais également toute une série de covers ; et tout particulièrement le « Killing Me Softly » de Roberta Flack, le sublime « Guantanamera» de Pete Seeger, le « Knockin' On Heaven's Door » de Dylan ainsi que deux signées Bob Marley, « No Woman, No Cry » et « Redemption Song ». Sans oublier l’hommage à Michael Jackson, « I Want You Back ».

Il est cependant temps de mettre le cap sur le podium Move, afin de découvrir la phénomène israélienne, Ester Rada. On en dit tellement de bien, qu’il serait dommage de manquer sa prestation. Ses racines sont éthiopiennes. Sa musique pourrait être décrite comme de l’éthio/jazz teinté de soul, de funk et de R&B. Elle possède une voix sublime et modulable. Aussi bien vers les graves que les aigus. A l’instar de Mary J Blige, même si cette voix me fait penser tour à tour à Aretha Franklin, Lauryn Hill, Nneka, Ayo ou surtout Sharon Jones. Dès le début du set, on a compris que quelque chose va se passer. La foule se presse aux premiers rangs, et il doit y avoir au moins 3 000 personnes pour assister à ce concert. Au cours duquel Ester va nous proposer les morceaux de son premier elpee. Et il est éponyme. Elle est soutenue par son backing group : le bassiste Michael Guy, les guitariste Ben Haze, le claviériste Lior Romano et le drummer Dan Mayo. Sans oublier une section de cuivres réunissant le tromboniste Maayon Milo, le saxophoniste Gal Dahan et le trompettiste Inon Peretz. Et tout ce beau monde va se mettre au service de la voix d’Ester. Séduit, l’auditoire boit littéralement les paroles de la nouvelle diva. Outre la musique qui vous transporte dans une autre dimension, on n’entend pas une mouche voler, tellement l’assemblée est réceptive. Mon coup de cœur pour cette édition 2015 de Couleur Café, un peu comme l’an dernier je l’avais attribué à Laura Mvoula, et dans le passé à Ayo et Nneka.

Tentative d’approche vers la scène principale où se produit le Wu-Tang Clan. Du line up originel –composé de 9 membres– il ne reste plus que GZA, Inspectah Deck et Ghostface Killah. Une grosse arnaque donc pour les fans. Mot d'ordre avant le concert : pas de photographe et personne en frontstage. Des petits caprices de stars, on en rencontre encore aujourd’hui. Simplement, faudrait alors qu’elles se montrent à la hauteur. Les infra-basses sont tellement pénibles et le son médiocre, que je préfère fuir le massacre. Ah oui, le collectif a enregistré un nouvel LP en évitant de se croiser dans les studios d'enregistrement. Faut dire que rien qu’en observant le gros aux bras tatoués qui harangue la foule, on n’a pas trop envie de les côtoyer…  

Je me rends donc au 'Palais Du Bien Manger' qui usurpe aujourd’hui son nom. Il fait chaud et peu de mets me tentent. En outre, au vu du contenu de l’assiette, les prix sont exorbitants. Je prends un risque et commande un plat argentin à 9€… La viande est à peine cuite (NDLR : du cheval ?) A quoi sert l'AFSCA ? A détruire les producteurs locaux au bénéfice de multinationales qui vous proposent des aliments pas cuits, ni frais et dont l’hygiène laisse scandaleusement à désirer. Dans ces conditions, je préfère manger des tartines… C’est mon coup de gueule !  

Direction la scène 'Univers' pour un petit dj set électro dispensé par Kavinsky. Malgré le copieux arrosage opéré sur le public, la chaleur est de plus en plus insupportable. Elle est même devenue tropicale, vous empêchant de respirer. Je préfère en rester là et rentre au bercail. 23 000 festivaliers pour le premier jour, c'est moins que les années précédentes. Faut dire que hormis Big Flo et Oli, Arsenal, Wyclef Jean, Tarrus Riley et surtout Ester Rada, l’affiche n’était guère alléchante. A demain !

(Organisation: Couleur Café)

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mercredi, 01 juillet 2015 01:00

Percussif et électrique…

« Corazon » constitue le trente-septième album de Carlos Santana. Il est sorti en 2014. La longue tournée qu'il a entamée est baptisée tout simplement 'The Corazon Tour'. Elle a débuté le 14 décembre 2014 au Mexique et passait ce 1er juillet par le Palais 12. Votre serviteur débarque vers 18h30. La salle est vide et il y fait frais. Ce qui ne sera plus le cas à 20 heures, quand elle sera bien remplie. Il ne doit alors rester tout au plus que 50 sièges de libres. C’est donc sold out. J’ignore sa capacité exacte. Mais il doit au moins y avoir 10 à 12 000 personnes. Si le public compte quelques plus jeunes, il réunit une grande majorité quinquas et même davantage.

La star de ce soir, c’est Carlos Alberto Santana Barragán. Il est le 20 juillet 1947 à Autlán de Navarro, au Mexique. Santana est seulement âgé de 18 ans lorsqu'il quitte son pays pour rejoindre ses parents à San Francisco. C'est là qu'il s'imprègne du blues. En 1966, il monte son propre groupe : le Santana Blues Band. Il est vite repéré et en 1969 il se produit au Festival de Woodstock. Il y fait découvrir au public son hit « Soul Sacrifice », qui sera immortalisé plus tard dans le film « Woodstock ». Après cet épisode, l'album « Santana » remporte un franc succès. En 1970, il grave ce qui est sûrement considéré comme le chef d'œuvre de sa carrière, « Abraxas ». C'est aussi à cette époque, qu'il devient le disciple du gourou indien Sri Chinmoy. Une doctrine qu’il adopte de 1972 à 1981. Et qui va inspirer sa musique. En 1973, sa musique vire au psychédélisme, une orientation qui se concrétiser notamment par la publication d’un elpee live, « Lotus ». En 1975, il grave « Amigos », dont il extrait le tube « Europa ». Au cours des années 80 et 90, il est en nette perte de vitesse. Un passage à vide qui va enfin cesser en 1999, lorsqu’il sort « Supernatural », couronné de 9 Grammy Awards. « Ultimate Santana » paraît en 2007, une compilation de ses plus grands tubes enrichie de quelques inédits écrits ou interprétés en compagnie d'invités de prestige : Shakira, Lil Wayne, Tina Turner et Chad Kroeger (Nickelback). En 2010, Santana compose l’hymne de la Coupe du Monde de Football, organisée alors en Afrique du Sud. Après plus de 47 ans de parcours, Santana continue à rassembler les foules. Il s’agit d’un des derniers dieux vivants de la guitare. Le magazine Rolling Stones le place à la quinzième place de son classement des meilleurs sixcordistes de tous les temps. Ses fans sont issus de la vieille ne séduit plus guère la génération actuelle.

Le décor est plutôt sobre sur les planches. Pas de light show grandiose ; juste ce qu'il faut pour se focaliser sur Carlos et son jeu de gratte. Trois estrades sont placées à l'arrière de la scène, endroit privilégié que vont occuper le drummer (José ‘Pepe’ Jimenz) et les deux autres percussionnistes (Paoli Mejias et Karl Perazzo). Et ce trio va faire un vrai malheur. Carlos chante très peu ou presque pas. Cependant, deux vocalistes (Andy Vargas et Tony Lindsay) le suppléent. Le line up est complété par un bassiste (Benny Rietveld) qui s’installe à droite et un second gratteur (Tommy Anthony) à l'extrême gauche, juste à côté du préposé aux claviers (David K Mathews). Circonstanciellement, la troupe est épaulée par un duo de cuivres (trompette et trombone).

Carlos monte sur les planches. Il est coiffé d’un chapeau. Armé, bien sûr, de sa guitare, il prend place au milieu. Des images de la voie lactée sont projetées sur un écran situé en arrière-plan, pendant le morceau d'introduction, « Power Of Peace Intro ». Les hostilités débutent cependant réellement par « Toussaint L'Overture », un extrait de « Santana III », LP sorti en 1971. Un bail ! Le piano hammond donne le ton alors que les trois percussionnistes s'en donnent à coeur joie. Carlos est déjà en démonstration sur son instru. Et le son Santana est parfaitement reconnaissable. S’il a composé pas mal de morceaux originaux, il s’autorise également des reprises, qu’il réarrange à la sauce Santana. A l’instar du « Love Makes The World Go 'Round » de Deon Jackson. Et la version est surprenante. Bien différente de ce qu’en avait faite Madonna. Sur disque, elle est particulièrement douce et balisée par l'orgue ainsi que les cuivres. Ici, pas de cuivres. Les percus mènent à nouveau la danse sur « Freedom In Your Mind ». Deux titres sont enchaînés, « Black Magic Woman » et « Gypsy Queen », deux plages extraites d'« Abraxas », le deuxième long playing du maître. Et un de ses meilleurs. Une autre cover, le « Black Magic Woman » de Peter Green (Fleetwood Mac). Un standard du blues au cours duquel Carlos se réserve un solo savoureux.

Encore une reprise, le « Oye Como Va » de Tito Puente, une piste issue d’« El Rey Bravo ». Ambiance latino assurée. Les rares parties chantées sont assurées dans la langue de Cervantès. Ce sont les percus et les soli de Carlos qui tirent leur épingle du jeu. Plus classique : « Maria Maria », tiré de l’opus « Supernatural ». Carlos abandonne sa guitare électrique un moment et opte pour une acoustique placée sur un pied. Carlos jongle alors entre ses deux grattes. On replonge dans le climat latino pour « Foo Foo » (« Shaman »). C’est même du cha-cha-cha ! Lors de la cover du « Corazón Espinado » de Maná, les soli sont exécutés par la section rythmique : le bassiste, le drummer et les percussionnistes. Et ils sont solides !

« Jin-Go-Lo-Ba » est un titre signé Babatunde Olatunji. Il figure sur l’elpee « Drums Of Passion ». Mais la version originale –parue également en 45tours à l’époque– était déjà incluse sur « Santana ». Les percus nous entraînent au cœur de l’Afrique et Carlos se paye un autre solo d’enfer. Une reprise de Michael Jackson : « A Place With No Name ». Une opportunité pour créer un petit dialogue entre la gratte et les deux chanteurs. Et la compo monte en puissance graduellement. Les cuivres prennent le pouvoir sur « Evil Ways / A Love Supreme » (« Medleys »). La fin est proche quand résonne les accords langoureux de « Europa (Earth's Cry, Heaven's Smile) » (« Amigos »). Debout depuis bien longtemps, l’auditoire salue la performance de Carlos qui le remercie à son tour. Impossible de rester cloué sur votre siège pendant deux heures, lors d’un concert de Santana. Et le set de s’achever par le « Tequila » des Champs et « Smooth », un extrait de « Supernatural ». Carlos va chercher une dame installée aux premiers rangs. Ravie, celle-ci aura le privilège de toucher la guitare du maître. Il invite également deux fillettes de l’assemblée. Egalement enchantées de monter sur l’estrade, elles vont assurer des choeurs de luxe. Et Carlos Santana de clamer qu’il s’agit de l’avenir. La foule salue la prestation du band par un tonnerre d'applaudissements…

Qui revient accorder en rappel « Woodstock Chant », le torride « Soul Sacrifice » et une dernière reprise, « Saideira ». Une bien belle soirée –percussive et électrique– vient de s’achever…

(Organisation Live Nation)

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samedi, 04 juillet 2015 14:00

La foi déplace les montagnes…

Formation parisienne, AqME a enregistré son dernier album, « Dévisager Dieu », début novembre 2014. Il s’agit du premier elpee dont les vocaux sont assurés par le nouveau chanteur, Vincent Peignart-Mancini ; un disque que le quatuor était venu défendre au Salon de Silly. C’est juste avant leur set que deux membres de la formation –soit Vincent, le dernier arrivé et Julien, le guitariste– ont accordé cette interview bien sympathique à Musiczine…

Vincent, ton arrivée a-t-elle permis de donner un nouveau souffle à l’aventure d’AqME ?

Vincent : Je pense, oui. La boucle est ainsi bouclée. Quand j’ai débarqué, c’était pour reprendre la route afin de défendre le précédent elpee, « Epithète, Dominion, Epitaphe », auquel je n’avais pas participé. Pour le dernier, on a pris le temps de soigner la composition, avant de tout mettre en boîte. Et nous sommes partis plaider sa cause, lors de cette nouvelle tournée.

Vincent, tu n'avais pas contribué à l'écriture du précédent elpee. Pourtant, sur les planches, tu y mettais tout ce que tu avais dans le ventre pour en interpréter les compos…

Vincent : Oui, au départ, la proposition était inhabituelle. Il est vrai que 20 millions de dollars ne se refusent pas. Ils m'ont offert 'Final Fantasy 7' dans la mallette. En fait, je l’ai considérée davantage comme un challenge. C’était quand même un superbe album et je suis content de me l’être réapproprié. Je n’ai donc pas à rougir d’avoir défendu un tel skud. Et puis, la tournée est passée si vite.
Julien : Vu le chèque qu’on lui a filé, il ne pouvait pas refuser.

Ce septième elpee constitue-t-il un défi ou un tournant dans votre carrière ?

Vincent : Non une étape de plus. Pas de défi, on fait ce qu’on aime. Sans contrainte. Il s’agit d’une nouvelle étape. Une de plus. Un album en plus. On ne se fait pas la course aux cds. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, c'est notre premier disque sous ce line up. On va en graver encore d’autres, t'inquiètes.
Julien : On ne se pose plus trop de questions. Nous n'avons pas de plan de carrière. Le groupe avance. Profitons de chaque instant présent. Tant que l'envie sera toujours présente dans le groupe, nous serons toujours d’attaque.
Vincent : On ne peut jamais affirmer ce que sera demain. Vivons donc le moment présent.

Pourquoi avoir choisi « Dévisager Dieu » comme titre de votre nouvel elpee ?

Vincent : La vie est faite de challenges. Aujourd’hui AqME est en pleine croissance et pas du tout fataliste. Et on cherchait des mots forts pour décrire cette situation. On estime que Dieu a une place importante dans la culture contemporaine. Que l'on soit croyant ou pas. Clairement, tout se recroise. Et le fait de le dévisager est assez important. C’est lui dire : ‘Oui, nous, on est là’.
Julien : C’est ce thème qu’on souhaitait adopter pour le disque. En racontant un peu ce qui s'est passé au sein du groupe et les aventures vécues par ses membres. On a traversé des moments difficiles. C'est un peu aussi une manière de dire qu’on n’abandonne pas le combat. Qu’on lève la tête et la maintient très haute.

« Enfant de Dieu », c’est un message mystique ?

Vincent : J’en reviens à ce que je racontais, il y a quelques minutes. La place de Dieu est importante dans la société. On peut avoir la foi en adoptant différents codes ou croire en plusieurs dieux. Croire en un seul Dieu. Croire en nous. Croire en quelqu’un d’autre. A quelqu’un qui te permette d’avancer. Nous sommes tous des enfants de Dieu, mais on ne sait plus qui est le prophète. A l'intérieur de chacun de nous, il y a un prophète. C'est un peu l'idée, d'où l'expression : le prophète disparu. Simplement ouvre les yeux et avance. Accroche-toi aux valeurs positives et tu pourras avancer dans la vie…

« Au-delà de l’ombre », « Un appel », « L’home et le sablier », « Pour le meilleur, le pire » et « Les Abysses » en sont des autres ?

Vincent : Notre religion, c'est : ‘Crois en toi’. On croit en nous. On rencontre du positif dans tout être humain qui nous entoure. Il faut s'en servir. Surtout ne pas l'épuiser. Simplement, s'en servir…
Julien : Et permettre également à ceux qui t'entourent de s’y ressourcer...

Finalement, lors du concert, je pensais voir débouler sur les planches, trois curés et une bonne soeur ?

Vincent : S'ils sont sympas, pourquoi pas. On n'est pas contre. On salue le Père David. Trente ans qu’on a plus accordé de concert dans l'Est et que l'on ne l'a plus vu. Mais les retrouvailles, c’est pour bientôt. D’ailleurs on lui dédicace personnellement le morceau « Blasphème ».

Tout baigne pour ce périple destiné à promotionner l’album ?

Vincent : La tournée se déroule en toute convivialité. Nous ne nous produisons pas dans de grandes salles, mais dans des clubs. Et l’accueil est excellent. Cette proximité permet un meilleur partage, d’être le plus proche possible du public.

Chouette pochette, mais étrange. Pourquoi cet homme à deux têtes ?

Vincent : Nous avons laissé carte blanche à Stéphane Casier de Yeaah Studio pour réaliser la pochette. Dans le cahier de charges on lui a simplement demandé de se référer à la dualité, la fraternité et la religion. Et puis, démerde-toi. Il a pondu cette illustration. Bingo !
Julien : On a approuvé le projet du premier coup et on n’a même pas dû lui demander de rectifier. C'était parfait. Il ne restait plus qu’à déposer le logo.

La fidélité à votre label, c’est aussi un acte de foi ?

Vincent : On est parfaitement soutenus par notre label. Nous étions en fin de contrat, après lui avoir réservé 6 albums. C’est à ce moment-là que je suis arrivé. J’ai pensé que je me pointais à un mauvais moment. Eh bien non, il n’a même pas fallu leur faire écouter les morceaux pour les convaincre. Ils souhaitaient que j’intègre le projet. Que me m’investisse dans la composition. Comme j’en voulais, pour eux, c’était une évidence. Et la décision est tombée tout de suite. On a eu des putains de conditions pour enregistrer en studio. Je n'en avais jamais connu de semblables. Et je ne les remercierai jamais assez pour les avoir vécues. Tout en espérant que ce ne soit pas la dernière fois. Ils ont tous bossé sur le projet, alors que l’industrie du disque traverse des moments difficiles. En fait, ils n’ont pas du tout envie de lâcher l’affaire…
Julien : J'aurais préféré boire des ‘Leffe’ que de niquer le job.

C'est vrai qu'actuellement, sortir un album est un fameux challenge ?

Vincent : C'est la raison pour laquelle on palpe la chance qu'on a. Et encore une fois, ce n'est pas donné à tout le monde.
Julien : C'est chouette de constater qu’il existe encore des gens qui ont la foi en des projets de longue haleine et qui ne veulent pas les abandonner. Qui vont de l'avant et qui surtout développent des idées. Qui s’investissent, quoi. Ce qui fait plaisir et met du baume au coeur et nous donne surtout l'envie de continuer. Non seulement le label nous soutient, mais aussi notre public. Il n’y a donc pas de raison de jeter l’éponge.
Vincent : Effectivement. Mais il faut rester honnête. AqME a un public fidèle. Mais, il ne remplit pas les ‘Zénith’ ou d’autre grandes salles. On ne doit plus y penser. Ni calculer. Mais si ce phénomène se reproduit, on pourra remercier nos aficionados. Car il ne sert à rien de faire de la musique et de ne pas la partager…

Vos textes sont écrits dans la langue de Molière, jamais eu envie de les exprimer dans celle de Shakespeare ?

Vincent : Chez AqME, les textes ont toujours été rédigés en français. Au sein du groupe, je n’ai jamais eu à en débattre. Ils sont écrits dans notre langue maternelle et on continuera à les exprimer ainsi. Nous y somme fidèles. Et puis notre musique s’y prête bien.
Julien : Cette option a, dans le passé, souvent suscité des controverses. Mais, je précise, à l'extérieur du groupe, d'après ce que j'ai pu comprendre. Début du millénaire, la plupart des labels signaient les groupes qui chantaient exclusivement en français. Mais aujourd’hui, si tu chantes en français, on va te demander de chanter en anglais. Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile, vu le style de musique, de faire passer ce choix. Que le chant soit hurlé ou chanté. Tout est une question d'habitude. C’est un peu comme lorsqu’un ado boit habituellement de la bière et qu’il goûte du vin pour la première fois. Il estime que c’est dégueulasse. Et puis, au fil de l’âge, il finit par l’apprécier. L’exotisme ne branche pas les Français. Si notre démarche pouvait mieux s’exporter, la langue utilisée pourrait devenir une force. Ce qui prouve qu'il ne faut pas systématiquement chanter en français pour exister. Un exemple ? Rammstein. La formation s’est servie intelligemment de sa langue : l’allemand. Et ce n’est pas du tout évident à réaliser. Pourtant, elle a réussi brillamment ce challenge.
Vincent : En France, il n’existe pas vraiment de culture rock. Disons que l'influence américaine est plus facile à digérer que la française. Elle est plus généraliste. Le mélomane ne se pose pas de questions pour savoir si c’est bon ou pas. Nous, Français, on doit persévérer dans notre démarche.

Vincent, ta voix est à la fois puissante et mélodieuse et surtout tu parviens à t’en servir pour communiquer toutes tes émotions. En es-tu conscient ?

Vincent : Après avoir lu les chroniques sur les sites internet, je les ai montrées à mon épouse. Et elle m’a confié ceci : ‘Vincent, je ne te l'avais jamais dit, mais c'est vachement bien ce que tu as fait. Je n'aime pas le chant en français. Mais là, tu m'as fait découvrir quelque chose de cool. Dans chaque morceau, tu as mis un petit peu de toi. Tu as tellement mis tout ce que tu avais à donner qu'il y a une partie de toi qui est partie’. J’en ai eu de frissons. Putain, c’est complètement dingue. Et elle a ajouté : ‘Peut-être au tu ne le perçois pas. On dirait que tu ne réfléchis pas et que tu y vas ». C’est le plus beau compliment qu’on m’ait fait sur ma collaboration à l’album. Et il vient de ma femme. Maintenant, je crois un peu ce qu'on me raconte. Et les réactions me font plaisir. Mais ces sessions m’ont mis une grosse pression et ont exigé énormément de boulot.  

Un groupe de métal sans guitare, c'est un peu comme un chien sans queue ? Julien, qu’en penses-tu ?

Vincent : Didier te compare à une queue.
Julien : Merci Didier pour la comparaison. On va faire avec. Ben, je ne joue que de cet instrument. Comme tout le monde, je pianote. Je suis capable d’y exécuter 2 ou 3 notes. Je ne joue pas de la batterie. En fait, la guitare me possède depuis 20 ans et me suffit largement et amplement. Elle est tellement riche et te permet de faire tellement de choses différentes. Tu peux transformer le son de la guitare ou le conserver très pur. Tu peux en jouer en solo. Ou dans un groupe. Je n’ai pas envie d’en changer. Cet instrument me convient et je m’en contente. La guitare ne me lasse pas.
Vincent : C’est un instrument universel.

Charlotte, la bassiste, incarne la touche sexy au sein d’AqME. Une fille au milieu de mâles, c’est un plus ou un moins ?

Vincent : Hormis ses nichons et ses cheveux longs, elle se comporte comme un mec. C'est marrant, auparavant, je n'avais jamais joué avec une meuf. Sans quoi, je ne vois aucune différence. Une fille dans un groupe apporte un peu de douceur...
Julien : J’avais déjà bossé, dans le passé, en compagnie de filles au micro ou à la guitare. En fait, une nana au milieu de 'couillus', c'est toujours une personne en moins pour le chargement et le déchargement du matériel.

En 2005, votre drummer Etienne a apporté son concours à Indochine pour la chanson « Aujourd'hui, Je Pleure ». Comment est née cette collaboration ?

Julien : Etienne m'en a parlé. Donc je connais l’histoire. A l’époque, le magazine 'Rock Sound' réalisait souvent des 'blind tests'. Il en a fait passer un à Nicola ; et, dans cette épreuve, il y avait une de nos compos. Il ne nous connaissait pas ; mais le morceau a suscité sa curiosité. Il a contacté notre management et nous a proposé une collaboration. A cette époque, nous avions un titre que nous aimions pourtant bien, mais que nous n’étions pas parvenus à inclure sur « Polaroïds & Pornographie ». On lui a donc proposé. Et ce titre lui a plu. Si bien qu’on s’est retrouvé ensemble pour enregistrer cette chanson destinée à l’album « Alice And June ». Et Indochine nous a ensuite invité à participer à la tournée destinée à promouvoir ce disque…

Etienne le batteur vient de pénétrer dans la salle. Vincent et Julien m’avaient confié en aparté qu’il était important pour lui de manger bien à l'heure. Evidemment il prend un sandwich en main. Ce qui provoque un fou rire général.

Etienne, as-tu une ligne directrice dans ton drumming ?

Etienne : Dis donc, tu as préparé un texte ou quoi ? Ma ligne directrice ? Suivre simplement ce que le morceau exige. C'est lui qui dicte ma conduite. Il ne faut pas aller plus loin. Tout dépend du groove ou du break requis par la compo. C’est instinctif ! Et je ne me pose pas de question. C’est ma ligne directrice…

Etienne, on en parlait tout à l’heure, en 2005 AqME a apporté son concours à Indochine pour enregistrer une de vos chansons, « Aujourd'hui, Je Pleure ». Tu t’en souviens encore.

Etienne : C'était il y a longtemps… En fait, Indochine nous avait invités à nous produire pour certains concerts du X Festival, à l'époque. On a sympathisé. (NDR : il relate ensuite ce que Julien nous a raconté quelques minutes plus tôt). Une simple rencontre entre musiciens.

Etienne, tu es le plus ancien membre d’AqME. On te considère même comme sa force tranquille. Mais quel impact l’arrivée de Vincent a produit sur l’existence du groupe ?

Etienne : Il a apporté beaucoup de bien à l’équipe. Du sang neuf est une bouffée d'air frais. Et il nous permet d’ouvrir des portes. Il a aussi changé l'ambiance. Il est beaucoup plus positif que Thomas, notre ancien chanteur. Et il possède des capacités vocales exceptionnelles. Ce qui a permis de se renouveler tout en conservant notre propre style...

 

Pas de première partie pour ce concert de Mary J. Blige. Début des hostilités à 20h30 précises. Pas évident de dénicher un emplacement pour sa voiture, près de l'Ancienne Belgique, depuis la création du nouveau piétonnier… Mary J. Blige est incontestablement une diva du R'n'B américain. Et pour cause, sa voix au timbre soul, sableux, s’inscrit dans la lignée d’Aretha Franklin voire de Billie Holiday.

Née le 11 janvier 1971 dans le Bronx (New York, USA), Mary Jane Blige est la fille d'une infirmière et d'un musicien de jazz. Elle a vendu plus de 50 millions d'albums dans le monde, depuis ses débuts, en 1992 ; et surtout marqué l’histoire du hip hop féminin en écrivant des chansons engagées qui sont devenues des hits. A l’instar de « Family Affair », « My Love », « No More Drama » ou « Be With You ». Neuf fois récompensée aux Grammy Awards, ‘The Queen Of Hip-Hop Soul’ aurait pu raccrocher. Elle a préféré publier un douzième opus. Il s’intitule « The London Session ». Une œuvre dynamique, sensuelle, taillée pour le dancefloor pour laquelle elle a reçu le concours de nombreuses voix, dont celles de Disclosure, Eg White, Emeli Sandé, Jimmy Napes, Naughty Boy, Sam Romans et Sam Smith.      

La salle est inévitablement sold out. Chaque musico dispose de son estrade. Le drummer s’est installé à gauche. Juste à côté, un bassiste, également préposé aux synthés. Au centre, le guitariste et à l'extrême droite, un second claviériste. Sans oublier les trois choristes du même côté.

Après une petite ‘Intro’ très classique au cours de laquelle sont projetées des images sur une toile en fond de scène, Mary débarque. Coiffée d’un chapeau blanc, qu’elle changera rapidement en optant pour un autre de couleur noire, elle est tout de bordeaux vêtue. Le set s’ouvre par « Just Fine », un titre issu de « Growing Pains », un elpee paru en 2007. Mary nous signale qu’elle aime la musique. Elle invite le public à danser et à chanter avec elle. Les premiers rangs sont réceptifs et le reste de l’auditoire embraie. Une belle interactivité s’établit entre l’artiste et le public. Elle arpente le podium de long en large. Sa voix est haut perchée. Elle est manifestement en pleine forme. Un spectateur lui tend un cd. Elle lui touche tout simplement la main. Son backing group est une belle machine à funk. Pour « I'M The One », les paroles s'affichent sur l'écran, en arrière-plan. Les trois choristes conjuguent impeccablement leurs voix. Et elles sont puissantes. Coup d’œil dans le rétroviseur ensuite, grâce à « You Bring Me Joy » et « Be Happy », deux morceaux extraits du second long playing, « My Life », publié en 1994. Puis de « Love Is All We Need », tiré du troisième LP sorti en 1997, « Share My World ». La fusion parfaite entre la soul et le hip hop.

« Real Love » et « Love No Limit » remontent encore plus loin, puisque ces deux plages figurent sur son premier opus, « What's The 411? », un disque paru en 1992. A cette époque la soul n’est plus trop en odeur de sainteté et le hip hop macère encore dans la zone crépusculaire de l’underground. Mary s’était alors entourée de Grand Puba, Busta Rythmes et Biggie pour concocter cet album qui deviendra triple disque de platine ; c’est ainsi qu’elle s’est vue décerner ce titre de ‘Queen of Hip Hop Soul’. « Enough Cryin' » est une petite douceur glissée subrepticement dans la set list. Mary déambule sur l’estrade en frappant dans les mains des spectateurs aux premiers rangs…

Le spectre de Donna Summer plane tout au long du disco/funk « My Loving ». Des beats effilés découpent le « F For You », un morceau co-écrit par Naughty Boy et Jimmy Napes. Le refrain est pop, ravageur. Les racines house circa 90’s. Délicieux ! La voix de Mary se fait douce, claire et puissante à la fois sur « Therapy », un titre co-écrit par Sam Smith et issu de « The London Sessions », un elpee gravé en 2001. Un grand moment de soul abordé dans l’esprit d’Etta James. Une soul empreinte de tendresse et de passion qui envahit « Doubt », également tirée de ce long playing, une compo balayée par des accords de piano ravageurs. Et toujours issu de la même plaque, « No More Drama » permet à la diva de pousser sa voix dans les aigus, jusque dans ses derniers retranchements, pour le bonheur d'un public divinement conquis. Mary verse quelques larmes et remercie l'assemblée. Et le show de s’achever par une superbe cover du « One » de U2, moment choisi par le guitariste pour se mettre dans la peau de The Edge. Et d’y parvenir !

Lors du rappel, Mary J. Blige présente ses musiciens qui en profitent pour s’autoriser chacun un petit solo. Et le set s’achève par « Family Affair », extrait de l'album « No More Drama ». Inutile d’ajouter que le public, ce soir, a vécu un concert exceptionnel, concert qu’il a transformé en véritable fête de la musique.

(Organisation : Greenhouse Talent)

Karavan est un collectif réunissant 8 chanteurs : Nicole Bongo - Letuppe, Marie-Ange Tchaï Teuwen, Fredy Massamba, Myriam Gilson, Djubebe Kalume, Epolo Mabita, Mister Mo et Soul T. Une découverte faite à l'Ancienne Belgique, en première partie de Sinead O'Connor. Le répertoire de ce groupe afro-bruxellois est essentiellement composé de reprises d’Arno. Interprétées a cappella. Nicole et Marie-Ange se sont fait les porte-parole du team, un entretien qui s’est déroulé dans les loges de l'Ancienne Belgique, juste après la ‘release party’ consacrée à la sortie de leur premier album, « Arnoquins »…

Que signifie « Arnoquins » ?

Nicole : C’est un projet qui a été réalisé par 8 chanteurs/musiciens. Nous appartenons à un collectif baptisé ‘Les Anges Compagnie’ qui existe depuis une bonne quinzaine d'années. Arno nous a sollicités pour exécuter des choeurs sur différents projets, émissions télés et aussi lors des festivals. Mais avant tout pour son dernier album, « Future Vintage ». Puis on est tombé sous le charme du personnage et de son répertoire. Et on en a conclu qu’il aurait pu être intéressant d’adapter des chansons d'Arno a capella, à la sauce Karavan. Nous sommes tous d'origine africaine. Nous adorons Bruxelles. Il y a plus d'une dizaine d'années que nous y vivons. Nous sommes devenus des Afro-bruxellois. Certains affirment que les Africains n'apportent aucune valeur ajoutée à la Belgique. Et bien, musicalement, on démontre le contraire. On a ajouté notre petite touche afropéenne au répertoire d'Arno. Ce qui s’est soldé par la confection d’« Arnoquins ».

Sur la scène pop/rock belge, Arno est considéré comme un extra-terrestre, un artiste un peu déjanté. Vous confirmez ?

Nicole : Tout à fait ; et c'est ce qui nous plait. Il faut dire que nous sommes de la même famille. A cause d’un cousin très lointain dont nous sommes à la recherche depuis longtemps. Un albinos… Et nous sommes également issus d’une famille bien déjantée. Lui, il a continué dans son 'albinoserie' et nous dans notre 'noiraterie'. Et nous nous sommes retrouvés à Bruxelles pour élaborer ce projet qu'il soutient, tout comme l'Ancienne Belgique…

Il y a d’autres structures qui vous épaulent ?

Nicole : Oui. La maison de la Culture de Saint-Gilles. Le café concert ‘Le Bravo’. Ce n'est pas très loin d'ici, nous y sommes allés travailler quelquefois. Egalement la ‘Maison Des Cultures’ de Molenbeek. Beaucoup de gens ont été sympas avec nous. Ce qui a permis au projet de libérer de bonnes énergies. C'est un peu magique. On a l’impression d’être sur un coussin d’air qui nous guide vers les personnes adéquates et les endroits propices. Je ne vais pas tomber dans le mystique et compagnie. Je crois qu’on attire ce qu’on projette. Il n'y a pas de mystère. On met tout son cœur et on s'éclate. C’est alors que les bonnes énergies naissent et que les bonnes rencontres se concrétisent...

Pas facile de concilier vos goûts musicaux, quand on est aussi nombreux au sein d’un groupe ?

Marie-Ange : C’est ce qui est intéressant. Nous sommes un peu des univers différents. Il y a 8 personnes, mais le line up a changé au cours de la dernière année. On se connaît cependant depuis assez longtemps. Nous avons également d’autres projets. Nous avons enregistré un disque a capella, il y a 15 ans. Il était plus classique et plus pointu dans son approche vocale ; notamment dans les harmonies et les polyphonies. Nous nous rendions dans les centres culturels en Allemagne. Le concept était très sérieux. Nous voulions aborder une formule plus légère. Il fallait donc réunir des personnes à la sensibilité plus urbaine. Parce que « Arnoquins », c'est aussi une façon de voir Arno dans les yeux des citadins. C'est à Bruxelles que l'on s'est rencontré. C'est Bruxelles qu’on raconte. Tout comme Arno. Il fallait impliquer des artistes plus proches du hip hop. Les influences des membres du groupe sont différentes. Fredy Massamba milite dans l'afro soul. Mais chacun apporte sa propre touche : old school ou new school. Myriam est ainsi la chanteuse classique du groupe. Nous sommes une petite brochette d'extra-terrestres.

Qu’est-ce que le collectif ‘Les Anges' ?

Marie-Ange : Un collectif qui a gravé un album en l’an 2000.
Nicole : C'est par respect pour son fondateur qu’on en parle ; mais pour Karavan, c’est du passé…

Votre répertoire est constitué de versions a capella de chansons signées Arno. Vous en interprétez d’autres ?

Nicole : Nos premières expérimentations figurent sur ce disque paru au début du millénaire. Il s’agit de chants traditionnels slaves ‘gospellisés’ et africanisés. C'est cet album qui a incité Arno à nous rencontrer. Des blacks qui chantent du russe et du roumain en gospel, il estimait que c’était original. Il était intéressé ; et à l’issue de notre rencontre, il nous a invités à apporter notre collaboration au projet. C'est le point de départ. Le premier volet a été réalisé en Europe de l'Est, le deuxième à Bruxelles, en compagnie d’Arno. Peut-être que pour le troisième, on s’attaquera au répertoire de Joe Dassin. L’an prochain ? On n’en sait rien…

Lorsque vous avez assuré le supporting act pour Sinead O'Conor, la setlist n’était pas intégralement composée de reprises d'Arno…

Nicole : Sur l’album, deux titres ne sont pas issus de la plume d’Arno, « Bruxelles » et « Karavan ».

Y a-t-il, dans le répertoire d’Arno, une compo qui a une signification particulière pour Karavan ?

Marie-Ange : « You Gotta Move », un vieux morceau de blues issu des années 50 qu’il reprend en ‘live’.
Nicole : Cette plage remonte aux sources. Aux origines de l'esclavage. Les champs de coton aux Etats-Unis. C’est une chanson qui nous parle. Elle ouvre notre spectacle. On voyage en Karavan et puis on se gare à Bruxelles. Et le show peut commencer…

Pour réaliser un voyage entre différentes cultures. Sur une base d'Arno?

Marie-Ange : Déjà Arno, à la base, c'est un être hybride.
Nicole : Si on me dit qu'Arno est un nègre blanc, je le crois. C'est un albinos qui nous vient de l'espace.

La pochette est plutôt réussie. Qui s’en est chargée ?

Marie-Ange : Lara Herbinia, une photographe talentueuse. Encore une belle rencontre. Comme la nôtre. De voir qu’on s’intéresse à nous et à notre projet te file du peps. Et nous permet d’être davantage bookés. Une dame est venue nous voir et nous a promis qu’elle allait essayer de nous dénicher des dates. Pour la pochette on est parti du personnage 'Arlequins'. Il est intemporel. Un saltimbanque dont on ne sait pas trop bien s’il est riche ou pauvre, gentil ou méchant. Ses vêtements son couverts de losanges. Entre Arlequins et Arnoquins, le rapport était facile. Mais pour l’illustration, Lara a dû effectuer des recherches sur ces losanges. On lui a quand même refilé quelques idées. Mais la gestation a nécessité quelques mois, quand même…

Lara vient justement de débarquer…

Lara Herbinia : Lors de notre première rencontre, votre idée était bien claire, ce qui était pratique. Vous souhaitiez une galerie de portraits dont les gens portent des masques. Et vous m’avez précisé qu’il ne fallait pas qu’on vous reconnaisse, afin d’être interchangeables. Et évoquer votre belgitude tout en se référant quelque part à Arno…

(Photo Lara Herbinia)

dimanche, 21 juin 2015 01:00

Bis repetita placent…

Orquesta Buena Vista Social Club est de retour –pour la toute dernière fois ?– à l'Ancienne Belgique, dans le cadre de son 'Adios Tour'. Un périple qui était déjà passé par la même salle, et pour deux dates, en octobre 2014. Si vous voulez encore assister à ce spectacle, vous devrez vous rendre à l’étranger. Ce soir, nous allons donc encore vibrer aux sonorités cubaines de la guajira, du danzon, du bolero, du cha-cha-cha et de la rumba. La nouvelle mise en scène devrait permettre au répertoire, pourtant classique, de prendre une nouvelle dimension. Annoncé avant le concert, sur écran : la présentation du dernier album « Last And Found », qui sera signé par les artistes… En fait, seuls trois d’entre eux, et les plus jeunes, viendront remplir leurs obligations…

Le Buena Vista Social Club est à l'origine, une mythique boîte de nuit située dans la banlieue de La Havane, à Cuba. A l'issue de la révolution cubaine de 1959, ce night club a disparu. Cinquante ans après sa fermeture, le nom a été récupéré pour baptiser un projet musical imaginé par Nick Gold de la maison de disques World Circuit et le guitariste américain Ry Cooder. L'idée de ce projet était de réunir dans un même enregistrement des musiciens cubains ‘campesinos' (soneros légendaires des années 1930, 40 et 50) et d'Afrique de l'Ouest. Retenus à l'aéroport de Paris, les Africains n'avaient pu rejoindre Cuba. Finalement les sessions se dérouleront sans eux. Intitulé « Buena Vista Social Club », il va rencontrer un tel succès que le groupe sera invité à se produire sur scène. D'abord à Amsterdam, en 1998 ; puis pour une série de concerts au Carnegie Hall de New York. Le cinéaste Wim Wenders sera même sollicité pour filmer ces événements. Il va en réaliser un documentaire, en ajoutant des interviews accordées par plusieurs musiciens, à La Havane. Et le film va même porter le même titre, 'Buena Vista Social Club'.

La salle est bien sûr sold out. Pour ce show, votre serviteur a déserté le balcon pour s’installer face au podium. Hétéroclite, l’auditoire réunit une large tranche d’âges.

Pour cet ‘Adios Tour', l’orchestre a entraîné dans le périple, plusieurs musiciens qui avaient participé à la confection de l'opus ainsi qu'au film, il y a plus de 15 ans. Et tout particulièrement Eliades Ochoa, le guitariste au chapeau de cow-boy, le trompettiste Guajiro Mirabal et le virtuose du laud, Barbarito Torres. Ils sont soutenus, ce soir, par de nombreux musicos qui les ont rejoints au cours de l'aventure, dont le vétéran Papi Oviedo, particulièrement dynamique à la guitare 'tres', le jeune pianiste, virtuose, Rolando Luna. Une fameuse section rythmique composée du contrebassiste Pedro Pablo et des percussionnistes Andres Coyao (congas), Filiberto Sánchez (timbales) et Alberto 'La Noche' (bongos). Sans oublier, le trio de trompettiste drivé par Luis Allemany et le célèbre chanteur de 'son', Carlos Calunga. Le chef d'orchestre, Jesús 'Aguaje' se consacre également au chant. Il y est secondé, par la très belle Idania Valdés.

A 20h32, les lumières s'éteignent. Rolando Luna se dirige vers son piano à queue, situé totalement à gauche, près de la sortie des loges. Il est seul et rend hommage au premier artiste décédé soit Ruben Gonzales, décédé en 2003. Il interprète « Como Siento Yo ». Des images de Ruben défilent sur un écran en arrière-scène. C'est poignant. La chanson terminée, tous les musiciens vont se placer derrière leurs instruments. On devine, assise derrière le rideau, la pétillante Omara Portuando dont on attend impatiemment sa montée sur l’estrade, pour y mettre le feu. 85 printemps, quelques rides, un visage d'ange et une voix de diva. C'est la dernière icône vivante de la 'Musica Cubana'.

Le chanteur/tromboniste Aguaje Ramos s’improvise chef d'orchestre. Sympa, il m’adresse un clin d’œil. La formation s’attaque alors à « Bodas De Oro ». Les cuivres et le trombone mènent la danse. Une vidéo présentant le contrebassiste Israel ‘Cachao' López, disparu en 2008, est projetée. Et c'est évidemment Pedro Pablo qui donne le ton, tout au long de « Tumbao », alors qu'en arrière-plan, ce sont les images de Cachao qui défilent sur la toile. Israel aborde ensuite le magnifique classique « Trombon Majadero », au trombone. Il est accompagné au piano par Rolando Luna. Le public connaît le refrain et le reprend en choeur. Un troisième hommage est rendu à Ibrahim Ferrer qui s'est éteint en 2005. Votre serviteur avait eu la chance d'assister à un concert de ce personnage, physiquement frêle, mais grand par son talent de vocaliste, un an avant sa disparition. Je regarde donc attentivement les images qui défilent sur l'écran et j'écoute attentivement « Bruca Manigua ». Ce morceau est superbement interprété par l’ensemble de la troupe. « Black Chiken » est un titre bien balisé par les cordes et les trois percussionnistes, installés sur une estrade en arrière-scène. Eliades débarque sur le podium pour « Estoy Como Nunca ». Son style à la gratte est particulier. Il la tient très haut, le menton appuyé dessus. Epaulé par Carlos et la très belle Idania, il chante « El Carratero », « Pedacito De Papel » et enfin « Macusa ». Puis il tire sa révérence.  

De nouvelles images rendent un quatrième hommage à un membre disparu, lors de l'interprétation de « Marieta ». Celles de Manuel Galbán, qui nous a quittés en 2011. On assiste alors à l’arrivée triomphante d’Omara. Elle interprète « Lagrimas Negras », « 20 Anos », « No Me Llores » et « Quizas Quizas ». Omara et Rolando Luna sont très complices. La voix d'Omara vous prend littéralement aux tripes. La diva s'éclipse alors sous un tonnerre d'applaudissements.

Eliades la remplace pour rendre hommage (le cinquième) à Compay Secundo, un remarquable guitariste décédé en 2003. Lui et Ibrahim formaient un duo infernal. Les images nous feraient presque croire que Compay est présent parmi nous. Eliades nous charme de ses cordes.

Un sixième et dernier hommage est rendu à Pio Leiva, la voix de Buena Vista Social Club. Il a rejoint l'autre monde en 2006. Idania et Carlos vont saluer divinement sa mémoire, à travers « El Cuarto De Tula ». Le concert est fini. Mais ce n'est pas la fin.

Omara, la grande diva, est de retour. Tout comme l’an dernier, mon coeur frétille comme un gardon, avant même qu'elle ne se mette à chanter. « Dos Gardienas » et « Candela » constituent assurément les cerises sur le gâteau des 120 minutes de concert. En finale, on retiendra encore les exercices de style de Guajiro Mirabal et les pirouettes de Barbarito Torres, qui va même jouer de son laud, dans le dos. Le second set accordé par l’Orquesta Buena Vista Social Club sous les yeux de votre serviteur, en quelques mois, était semblable au premier. La setlist était légèrement différente. Mais le spectacle était tout aussi fabuleux.

Il était organisé dans le cadre des Vw Spring Sessions 2015. Le dernier show de cette série se déroulera le 5 juillet 2015 au Bozar de Bruxelles, et il mettra en scène Chick Corea et Herbie Hancock. A vos agendas!

(Organisation : AB + Jazztronaut  et Vw Spring Sessions )

Le Cirque Royal accueille, ce mardi 22 juin, Melody Gardot. D’origine polonaise, elle est née en 1985, à Philadelphie (Pennsylvanie, Etats-Unis). Elle s’intéresse très tôt à la musique et au chant et devient même fan de Duke Ellington, des Mamas & The Papas et de Radiohead. Elle écume les clubs de la région de Philadelphie, alors qu'elle n'a que 16 ans. Un accident dramatique a cependant failli lui coûter la vie, en 2003. Alors qu'elle se balade à vélo, une voiture la percute violemment et la laisse pour morte. Alors étudiante en stylisme, elle échappe à la mort de justesse, mais cet accident lui provoque des séquelles importantes tant au niveau du cerveau qu’à la colonne vertébrale. Et elle commence à souffrir également de douleurs musculaires, de problèmes moteurs ainsi que d’une extrême sensibilité à la lumière et au bruit. Ses médecins lui conseillent, entre autres, la musicothérapie. Melody Gardot s'essaie alors à l'écriture et à la composition, de sa chambre d'hôpital où elle reste de longs mois. Les résultats sont vite probants. Elle recouvre la mémoire qui lui faisait défaut, et ce qu'elle écrit et compose impressionne de plus en plus son entourage. Le défi est relevé.

En 2005, elle grave « Some Lessons-The Bedroom Sessions », un Ep (6 titres) qui concrétisera ce rêve, rendu possible par la volonté de s'en sortir par la musique. Entre jazz, folk et pop, Melody Gardot laisse entrevoir un talent évident. Fin 2006, son premier elpee, « Worrisome Heart », paraît aux Etats-Unis, chez Verve. Il est publié en Europe en 2008. Salué par la critique musicale, il devient un vrai succès commercial aux States. Coproduit par Melody et Glenn Barratt, il épate par sa maturité.

Vu son statut, Melody Gardot a tout intérêt à défendre son projet sur les planches. Pour surmonter les difficultés, elle chante assise, chaussée d’une paire de lunettes fumées afin de protéger ses yeux. Après avoir accompli une tournée dans son pays, entre 2007 et 2008, elle livre son second opus, « My One And Only Thrill », en avril 2009. L’LP recèle le hit « Baby I'm A Fool ». La critique tant des médias que du public est unanime et se traduit par un succès, voire un triomphe. Son troisième long playing, « The Absence », est sorti en mai 2015. Les chansons s’inspirent de ses derniers voyages, depuis le Sahara au Maroc jusqu’aux bars à tango de Buenos Aires.

Le supporting act est assuré par l'Anversois Kris Dane. Seul sur scène, la dégaine de cow-boy, cet ex-dEUS excelle à la guitare. Et il chante d’une voix très blues. Au début de son set, les bavardages de la foule couvrent sa prestation ; mais peu à peu, l’auditoire va se calmer et tendre l’oreille à la prestation d’un artiste qui pourrait bientôt devenir un immense talent…

Le Cirque Royal est sold out. Comme la plupart des concerts qu’elle accorde aujourd’hui. Melody Gardot va largement puiser, pour sa setlist, dans son dernier long playing. Elle n'a jamais renié ses racines jazz et blues. Quelque part entre celle de Norah Jones et de Beth Hart, sa voix est grave et envoûtante. Elle parvient à toucher son public au cœur et à l'âme. Coiffée d’un chapeau et chaussée de grosses lunettes sombres, elle monte sur l’estrade. Elle est tout de noir vêtue. Un bassiste et un contrebassiste s’installent juste devant le batteur. Melody se charge des grattes électro-acoustiques, électriques, du piano et du chant.

Elle est parfaitement soutenue par un trio de cuivres (2 saxophonistes et un trompettiste), lors des deux premiers morceaux « Cheetos And Blow » et « 12/8 Interlude ». La voix de Melody est empreinte d’une grande douceur. Melody introduit chacune de ses chansons d’un commentaire, tantôt dans la langue de Voltaire, tantôt dans celle de Shakespeare. Son timbre vocal devient plus soul, rocailleux, bluesy, pour « Same To You », un premier extrait de « Currency Of Man ». L’ombre de Beth Hart plane. La gratte électrique sonne comme une pedal steel. Melody signale que c'est la première fois qu'elle en joue. J'en doute fort. Primaire, son toucher me fait penser à celui de John Lee Hooker. Des cordes qui se chargent des embruns du Delta tout au long de « Bad News ». D’une durée d’un bon quart d’heure, « March For Mingus » baigne au sein d’un climat jazzyfiant. Enfin surtout au début. Balisé par les cuivres, ce morceau est truffé d’expérimentations. Mais surtout, il rend hommage au contrebassiste Charles Mingus. Les saxophones mènent la danse en observant le « Morning Sun ».

Le timbre de Melody semble hanté par Whitney Houston, sur « Don't Misunderstand ». « Don't Talk ». C’est sûr, il ne faut surtout pas parler et écouter religieusement, la voix très blues de la diva. Une voix qui redevient tendre lors de deux belles chansons d'amour, « Our love Is Easy » et « Baby I'm A Fool », deux plages issues du deuxième elpee, « My One and Only Thrill ».

« Prearcherman » nous entraîne sur les pistes qui traversent les grandes plaines du Far West. Une compo sculptée dans l’americana ou la country, si vous préférez, un titre aux accents empruntés à Lynyrd Skynyrd. Et le set de s’achever par « Who Will Comfort Me ». Une seule chanson en rappel, « It Gonna Come ». Melody est une artiste particulièrement talentueuse. C’est sûr. Et j’imagine même que le kid de Minneapolis pourrait lui proposer un duo en mode funky. Elle se produira à Floreffe, dans le cadre du festival Esperanza, le 1er août.

(Organisation Live Nation)

samedi, 20 juin 2015 01:00

Des frères de son…

Le concert de Voulzy et Souchon était sold out depuis un bon moment. Il a fallu attendre plus de 40 ans avant de voir les deux complices se produire ensemble, sur une même scène. Laurent a 66 balais et Alain en compte 71 ; et pourtant, pour des artistes proches de la retraite, ils sont encore bien alertes. La musique conserve. Aznavour a déjà fêté ses 92 ans. Juliette Greco, ses 88 printemps. Et Henri Salvador a tiré définitivement sa révérence à un peu plus de 90 piges. Laurent et Alain sont avant tous des potes, pas des frères de sang, mais des frères de son. Ils sont si complices, si proches. En règle générale, le premier est responsable des paroles ; et le second, de la musique. Depuis quatre décennies, ils alignent les hits intemporels qui parlent de la mer, des îles, de l'amour et des filles.

Le rideau est tiré. Vers 20h10, le spectacle peut commencer. D'abord par une présentation des artistes à travers une projection de photos rétrospectives…

Laurent débarque par la gauche et Alain par la droite, en écartant légèrement le rideau. Ils commencent en duo par « J'ai Dix Ans ». Ce qui ne nous rajeunit pas. Une compo signée Alain, au cours de laquelle Laurent se consacre à la guitare électrique. Le rideau s'ouvre enfin complètement et laisse apparaître le backing group. Les musicos sont vêtus de costards cravates de couleur noire sur chemises blanches. Laurent change de gratte. Il opte pour une semi-acoustique. Il attaque « Bubble Star », une plage issue de sa plume ; Alain se charge des backing vocaux. Un titre tapissé par le piano hammond. Et le set d’embrayer par « Jamais Content », un morceau dévolu à d'Alain. Manifestement, un départ empreint de nostalgie…

Place ensuite à un extrait de leur dernier opus, « Alain Souchon et Laurent Voulzy », paru l’an dernier, « Il Roule (Les Fleurs Du Bal) ». Les deux compères chantent en duo. Et embraient par « Caché Derrière », « Et Si En Plus Y A Personne » et « Oiseau Malin ». On assiste alors à la projection d'un tableau peint à la fin du XIXème siècle représentant une baie qui a conservé le même aspect, malgré le temps qui s’est écoulé depuis. Le tandem explique alors ce qui les a poussés à écrire cette chanson intitulée « Baie Des Fourmis ». Alain prend le relais pour la sienne baptisée « C'Est Déjà ça ». Pas vraiment une de mes préférées. « Poulailler Song », c’est le moment choisi par Alain pour faire le pitre. Il sautille en imitant une poule. C’est touchant et marrant à la fois. Le rideau se referme et la paire s’approche du bord de l’estrade pour aligner, paisiblement et en duo vocal, simplement soutenus par la gratte de Laurent, « Fille d'Avril », « Le Rêve du Pêcheur », « Somerset », « Bidon » et « Allo Maman Bobo ». Le backing group est de retour pour « La Ballade de Jim ». Un peu mollasson jusqu’alors, surtout dans la fosse, le public se réveille soudainement. Les spectateurs quittent leurs sièges et se précipitent vers le podium. Curieux, le personnel de la sécurité ne bronche pas. A partir de cet instant, l’auditoire va commencer à s’animer. Une nouvelle compo : « Souffrir de se souvenir ». Elle est testée au piano. La voix de Laurent est envoûtante. Mais quand les premiers accords de « Cœur grenadine » résonnent, la formation reçoit une véritable ovation.

Pour nous rappeler que le set est ‘live’, « Le Bagad de Lann Bihoué » et « Jeanne » souffrent de quelques petits problèmes techniques. Très belle chanson signée Laurent, « Amélie Colbert » évoque la métropole ; mais elle sent également bon le soleil et les embruns. A l’instar de « Le Soleil Donne » et « Le Pouvoir Des Fleurs », au cours desquelles sa voix est douce est belle. A cet instant on boit littéralement les paroles. Un vrai bonheur ! Le public est débout depuis belle lurette et ne veut pas manquer une goutte du spectacle. 120 minutes se sont écoulées quand « Derrière les mots » clôt le show. Une dernière piste issue du nouvel opus. Laurent a empoigné sa guitare de couleur bleue. Il utilise sa voix –alors empreinte d’une grande tendresse– comme un instrument. L’auditoire leur adresse alors deux minutes d’ovation.

Les artistes quittent la scène, pour y revenir presque aussitôt. Et le rappel sera d'enfer.

Laurent est toujours armé de sa six cordes. Il signale qu’il va nous faire découvrir une chanson dont il a écrit les paroles : « Foule Sentimentale ». Alain lui réplique que c'est son boulot d'écrire les paroles. Fou rire général ! Toute la salle est debout pour participer à l’inévitable « Rock Collection », avant de vivre un final de haut vol à travers « Belle Ile En Mer, Marie Galante ».

C'est la première fois que votre serviteur assiste à un set de ces deux monstres sacrés de la chanson française. Et je dois avouer que leur prestation m’a véritablement enchanté. D’abord parce que ma jeunesse a été bercée par leur répertoire. Et puis, parce que le concert était à la fois classieux et réglé comme du papier à musique. A cet égard, il faut reconnaître que l'ingé-son a littéralement fait des miracles. Et vu la configuration de la salle, le challenge n’était pas gagné d’avance. 

Alain Souchon et Laurent Voulzy seront de retour ce 13/11/2015 au Country Hall de Liège et le lendemain, soit le 14/11/2015, au Palais 12 de Bruxelles.

(Photo : Denis Tribhou)

Organisation : A. A. Productions en accord avec Backline/VMA et Lling Mucic

« Summer Legend », c’est le titre de la nouvelle vidéo de Kid Noize et Mademoiselle Luna, un clip coloré, festif et qui sent bon le sable chaud.

Kid Noize se produira dans le cadre des Francofolies de Spa le 18 juillet 2015. Il y présentera son nouveau single ainsi qu'en exclusivité des extraits de son premier futur album

Pour la vidéo, c'est ici 

 

Soirée hip hop classieuse ce soir à l'Ancienne Belgique. En débarquant à 18h30, votre serviteur doit suivre une file déjà bien longue avant de retirer son sésame. A l’affiche, Big Sean, le pote de Kayne West. Et en supporting act, Caballero.

Caballero signifie Chevalier dans la langue de Cervantès. Il s’agit d’un lyriciste bruxellois, originaire de Barcelone. Il a notamment milité au sein du groupe Les Corbeaux et du collectif Black Syndicat. Intitulé « Laisse Moi Faire », son premier long playing paraît en juin 2011. Ce qui lui permet de démontrer son intérêt et son talent pour les différents procédés d'écriture. Quelques mois plus tard il tourne le clip « Freestyle De La Cigarette Fumante ». Libre, son style lui ouvre les portes à diverses collaborations tant en Belgique, en Suisse qu’en France. C'est lors de ces échanges qu'il croise la route de Lomepal. Ils décident, vu leurs références et intérêts communs, de réaliser un projet commun sous la houlette de Hologram Lo'. En 2013, il grave « Laisse-nous faire Vol. 1. »

MC, notre cavalier est invité à mettre le feu pour préparer le set d'un futur monstre sacré de la scène hip hop américaine, Big Sean. Il est soutenu par deux autres Mc's et un préposé au turntablism. Caballero est doué pour les mots et son phrasé est pointu. A force de répéter ‘Bruxelles, vous êtes chaud’ ou ‘Et alors, l'A.B., on est chaud’, la température finit par grimper de quelques degrés. Les bras se lèvent. Le brouhaha causé par les bavardages dans l’auditoire –plutôt amorphe en début de set– s’estompe, et les applaudissements commencent à fuser d’un peu partout. Les 3 Mc's font le show sur les planches et haranguent les premiers rangs. Et finalement les entertainers vont parvenir à mettre le souk. Contrat rempli pour Caballero !

Petite anecdote : dans l’univers du Rap/Hip-hop/Slam, les artistes tiennent le micro d’une main. La gauche ou la droite, peu importe. Mais la libre sert à manipuler une serviette ou à vérifier –toutes les 20 secondes, si possible– si leurs valseuses sont toujours bien accrochées. Je confirme !

Épaulé par Kanye West, Big Sean, de son véritable nom Sean Michael Leonard Anderson, a récemment sorti un excellent troisième opus sur le label de Yeezy, G.O.O.D. Music (John Legend, Q-Tip, Pusha T), « Dark Sky Paradise ». Un disque qui faisait suite à « Finally Famous » paru en 2011 et « Hall Of Fame », en 2013. C’est son meilleur album paru à ce jour. Le plus mature et le plus intense également. En publiant un tel disque,  Big Sean a le droit de revendiquer une place aux côtés de Kendrick Lamar et de Drake. Il ne peut pas, non plus, avoir tous les malheurs. D’après la presse people, sa compagne, Ariana Grande, l’aurait lâché,en avril dernier…

Avant le début du spectacle on a un bel aperçu du light show qui va inonder le podium, pendant les 75 minutes du set de Big Sean. Et déjà il impressionne. Multicolore, il inclut des lasers et des stroboscopes. Une estrade relativement haute a été montée à l’arrière de la scène. Elle est destinée aux trois musicos qui vont épauler Big Sean : un drummer sur la gauche, un préposé au turntablism au centre et un dernier entouré de claviers à droite. Des lumières bleues préludent l'arrivée de Big Sean. Il est habillé tout de blanc. Il attaque « Paradise » et « All Your Fault », en se tenant debout sur une autre petite estrade qui surplombe ses trois collaborateurs. Mais par la suite, il va surtout arpenter les planches de long en large. Il adresse un clin d’œil à son ami Kanye West –qui l'a découvert– en reprenant son « Mercy ». Un peu plus tard, il adaptera également son « Clique ». Il entre directement en communication avec les premiers rangs. Tout acquis à sa cause, le public ne se fait pas prier. Et une belle interactivité s’établit entre le frontman et l’auditoire. Son jeu de scène me fait penser à celui de Sean Paul.

La fosse est blindée. Pas le balcon où la moitié des sièges est vide alors que les trois-quarts étaient réservés.

Le type qui se charge des scratches vient assurer les backing vocals, en avant-scène, lors de plusieurs compos. On aura aussi droit à une version particulièrement dansante du « Dance (A$$) » de Nicki Minaj. Coécrit en compagnie de Kayne West, « One Man Can Change the World » constitue le sommet du concert. Il provoque un long moment de recueillement dans le public. Une chanson douce et paisible que Big Sean dédie à sa grand-mère. Big Sean extrait un briquet de sa poche un briquet et l’allume. La foule l’imite. A cet instant, la communion est totale. Une communion vécue par un public multiculturel et multiracial, à Bruxelles…

(Organisation: Ancienne Belgique)

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