Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Massimo Urbinati

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mardi, 10 octobre 2006 03:00

Like you believe it

Allègrement passé inaperçu chez nous, le premier album de Downpilot a pourtant reçu un accueil plus que chaleureux Outre-Atlantique. Alors que le deuxième bambin du multi-instrumentiste Paul Hiraga nous tombe dans les mains, pas plus d’écho de la presse spécialisée, encéphalogramme définitivement plat. Le projet a pourtant de quoi plaire ou au pire, interpeller. En effet, Hiraga est soutenu à la production et à la batterie par Tucker Martine, principal artisan des disques de la délicate et essentielle Laura Veirs (qu’il accompagne même en tournée), possède un enviable timbre de voix et un sens imparable de la mélodie. Mais voilà, le problème de cette Americana, est sans doute qu’elle est trop « américaine » pour séduire en nos contrées. Là où, Laura Veirs cajole l’Humanité, Wilco tutoie les étoiles ; et lorsque Jesse Sykes parle aux âmes maudites, Downpilot semble se cantonner à son bercail. Reste quelques belles envolées, « Tiny California » que ne renierait pas Jeff Tweedy ou « Antwerp » (‘Antwerp is listening, its gray docks are glistening’), seule apparente exception à son tempérament casanier.

Œuvrant depuis douze ans pour le meilleur et souvent ... le meilleur, Southern Records s’est efforcé de promouvoir des artistes en marge. Le genre de bonshommes que les radios fuient comme la peste, allez savoir pourquoi (Todd sur Classic 21, ça le ferait, non ?). Fervents défenseurs d’une musique éclectique : Punk, Roots, Indie, Avant-Garde, tant que ça fait du bien par où ça passe, pourquoi se priver ? Le label s’offre le luxe d’une compilation non pas rétrospective mais plutôt de nouveau matos, histoire de prouver qu’elle brûle toujours du même feu. Le tout dans un digipack du plus bel effet. Alors, mangez vous dans la face : Darediablo, les enfants illégitimes de Booker T. et d’AC/DC (Apache Chicken), un Karate plus apaisé que jamais (« Water »), le slowcore envoûtant de Slow Loris (« Jimmy Chicken Island »), le post-rock cramé de Dianogah (« Good One Buck »), l’amour vache de Tornavalanche (« Man, I Love The Beatles ») ou encore les déflagrations soniques de Todd (« Butler’s Portion »). Say your prayers, Vermin !

Ps: Aucune souris ne fut blessée durant la rédaction de cette chronique.

mardi, 01 août 2006 03:00

BO Appelez-moi Kubrick

Film inédit sur les écrans belges, « Appelez-moi Kubrick » narre l’histoire vraie d’un olibrius qui, sans aucune ressemblance apparente, est parvenu à se faire passer pour le grand Stanley (peu de gens savaient à quoi ressemblait le cinéaste, plutôt reclus). La bande originale fait donc appel aux thèmes chers à Kubrick, « Also Sprach Zarathustra » de Richard Strauss, « Sarabande » d’Haendel ou le « Le Beau Danube Bleu » de Johann Strauss. Le « Twilight Time » du Glenn Miller Orchestra flatte toujours autant l’ouïe, rien à redire jusque là. Surgit alors une version de « L’Ode à la Joie » interprétée au Moog, qui doit même faire tressaillir de douleur le fantôme de Ludwig. Annoncés aussi, deux inédits de Bryan Adams, ce qui, pour sûr, vous font déjà tous sauter de joie. Mentionnons également une reprise du « Hello » de Lionel Ritchie. Franchement le monde a-t-il besoin de ça ? N’en jetez plus, la coupe est pleine. Un conseil ? Allez de préférence vous retaper l’intégrale de ses films. Le génie était, là, bel et bien au rendez-vous.

mardi, 23 mai 2006 03:00

Commercially Unfriendly

9 juin 1983. Le Parti Conservateur de Grande-Bretagne gagne les élections pour un deuxième mandat. On ne se rendra jamais assez compte de l’influence du Thatcherisme et de sa doctrine nauséabonde sur le mouvement musical underground. Une vague de groupes morts-nés déferle sur le royaume et se dresse contre la suffisance, l’inertie et le compromis. Véritable descente dans les tréfonds des poubelles de l’histoire, cette compilation déterre de bien beaux cadavres encore fumants. Refusant l’oubli par la grâce d’un doigt tendu bien haut. Surgissent The Membranes qui n’avaient rien à envier aux premiers Bauhaus, The Noseflutes, enfants illégitimes de Wire et des Buzzcocks. Punk, post-punk rachitique, guitares rongées jusqu’à l’os, tous ces groupes gardaient la flamme pendant que le monde entier se touchait en écoutant religieusement Spandau Ballet, Kajagoogoo ou Duran Duran. Qui a déjà entendu parler des Nightingales, des Shrubs, de Pigbros ou de Big Flame ? Une armée de zombies entourée et chapeautée par The Fall et les ahurissants The Ex ( notes de pochette : ‘Oui, nous savons qu’ils ne sont pas Anglais, mais aucune compilation underground ne peut se permettre de faire l’impasse sur The Ex. Des objections ?’). Mention spéciale à Dog Faced Hermans et sa chanteuse possédée et aux Inca Babies, les Cramps insulaires, dont le rédacteur désormais hanté recherche désespérément toutes traces. En guise d’orgasme, un Fuck America (Jackdaw With Crowbar) qui, nul besoin de trop y réfléchir, semble toujours d’actualité.

Ps : Ce disque est respectueusement dédié à la mémoire de John Peel, sans qui évidemment…

 

 

lundi, 04 décembre 2006 02:00

Do It Again / A Tribute To Pet Sounds

Aaah Pet Sounds, cette œuvre… mystique. Eternellement placée dans les trois premières places de tous les classements des meilleurs disques de tous les temps. Ce qui, bien sûr, est certainement faux. Mais un tel plébiscite ne naît pas du hasard et cet album marque les esprits comme le fer rouge marque la peau. C’est un ticket sans retour. Quarante ans plus tard, l’heure de l’hommage a une fois de plus sonné. Déjà, l’exercice de la reprise s’avère souvent périlleux. Le tribute, c’est carrément la chronique d’une mort annoncée. Mais celui-ci, sans pour autant afficher un sans faute, s’en sort assorti de quelques honneurs. Au rayon des bonnes surprises, citons le spleen de Centro-Matic (« Don’t talk (Put Your Head On My Shoulder) »), Dayna Kurtz et « Sloop John B. » (la préférée de votre serviteur sur l’album original) en version slide, Patrick Wolf (« I Just Wasn’t Made for These times ») parfait en crooner anémique et The Wedding Present qui offre un traitement lo-fi d’une sombre mélancolie à « Caroline, No ». Comment ne pas citer Daniel Johnston qui chante plus faux que jamais et massacre allègrement « God Only Knows » mais de façon si touchante que c’en devient tendrement jouissif. Mais les plus franches réussites du disque sont à mettre à l’actif de Micah P. Hinson qui confère à « I’m Waiting For The Day » un coté folk roots absolument transcendant et aux Oldham Brothers, qui ouvrent les hostilités par une superbe version dépouillée de « Wouldn’t It Be Nice » à peine enjouée. Il était, il faut le signaler, bien difficile d’embrayer après ces performances de choix. Bonnet d’âne donc pour Vic Chesnutt et son vocodeur à gerber (à vouloir éviter à tout prix l’exercice de style). Les autres se contentant d’être sages et de passer inaperçus. Mais comme développé plus haut, gageons que l’ensemble des participants était en possession du précieux sésame en aller-simple.

 

 

Cette compilation démontre de belle façon ce qui s’est passé lorsque la jeunesse hispanique de Harlem se prit les glorieuses années soixante en pleine poire. Un choc dont les étincelles crachèrent de fantastiques couleurs vives. En effet, pour cette jeune et fougueuse génération, le mambo et cha-cha-cha des parents sonnaient carrément ringards. Leur truc, c’était plutôt les fringues psychédéliques, les fêtes dégénérées, la culture branchée et le rythm and blues farouche de leurs frangins blacks. Le résultat fut sidérant. Sur une brève période, de 1966 à 1970, une multitude de francs tireurs firent joyeusement copuler leurs racines ‘latin soul’ avec les influences afro-américaines de leurs voisins de palier pour une descendance explosive. Jimmy Sabater, Charlie Palmieri, Tito Puente et consorts balancent la purée et déchaînent les éléments. Pluie de percussions, bourrasques de cuivres pour un ouragan de fièvre et de ferveur. Piochée dans les labels de l’écurie Fania (Tico, Cotique, Allegre et Fania), cette armada de tubes tout aussi vibrants les uns que les autres évoque une époque où le tout New York transpirait sur les pistes au son du Boogaloo !

mardi, 23 mai 2006 03:00

Garden Ruin

A quoi peut s’attendre le fan de Calexico ? Des débuts lo-fi de Smog à la sombre puissance dramatique de The Black Light, de la folie mariachi de Hot Rail à Feast of Wire empreint de l’ombre de Gil Evans, le groupe de Tucson n’a cessé de se réinventer. Certes, tous provenaient du même bassin, mélange de Fado portugais, de jazz fifties, de surf et twang rock, de musique tzigane et des B.O. homériques d’Ennio Morricone mais il semble qu’ils aient cette fois vidé l’eau du bain. Tourner avec des groupes comme Wilco ou Iron & Wine a probablement été décisif dans le processus d’écriture. Mais sans crier au scandale, il faut avouer d’emblée que ce petit dernier peine à séduire. Ce qui frappe aussitôt, ce sont ces accents pop-rock auxquels le groupe ne nous avait pas habitués. « Cruel », « Bisbee Blue » ou « Lucky Dime » sont de jolies petites bluettes bien propres sur elles qui auraient gagné à être un peu plus poussiéreuses. Honorablement contrebalancées par la profondeur ténébreuse de « Yours and Mine » et surtout la bouleversante « Smash » qui se fond en valse épique, chair de poule assurée. Burns et Convertino n’ont rien perdu de leur patine lorsqu’il s’agit de se cramer la peau et il serait audacieux de se frotter à « Roka (Danza de la muerte) » (rehaussée de la présence de Amparo Sanchez), sans un bon indice de protection. Par la grâce de « Deep down », ils avouent s’être inspirés d’Arcade Fire et opèrent une salutaire hausse de ton avant « Nom de Plume », texte en français mais complainte sans relief. C’est au moment où l’on s’attendait à quitter le disque sur la pointe des pieds que le duo vous empoigne et vous scotche au mur. « All System Red », incroyable crescendo toutes guitares dehors, permet de repartir le cœur au chaud et l’esprit confiant. Si le jardin est en ruines, la maison tient encore debout.

 

mardi, 22 août 2006 03:00

Let´s Get Out Of This Country

Ecossais, mélodieux, doux et racé. La filiation avec Belle and Sebastian est inéluctable. Un certain Stuart Murdoch aurait même signé la pochette du précédent disque. Mais à l'égard de ce troisième effort, Camera Obscura sort de l’imposante ombre de ses augustes maîtres et se forge peu à peu une identité propre. Tracyanne Campbell, reine mère du projet, écrit d’intimes et tendres ballades dont les moindres inflexions lyriques, flots de cordes ou harmonies vocales sont propices à vous briser le cœur. Le disque débute d’ailleurs par « Lloyd, I’m Ready To Be Heartbroken » hommage et réponse tardifs au « Are You Ready To Be Heartbroken » de Lloyd Cole and The Commotions. Qu’elle chante d’une voix mielleuse et directe est un imparable atout pour propulser les déchirantes « Country Mile » et « Dory Previn » dans une dimension parallèle ou le spleen constituerait le dessein ultime de toute âme. Loin de s’engoncer dans des poncifs asthéniques, la troupe s’adonne également à une pop de haute volée, jamais racoleuse. Le jeu fin et retenu du groupe et la production de Jari Haapalainen ( Ed Harcourt, The Concretes mais aussi The (International) Noise Conspiracy) contribuent à enrober ces parfaites friandises que sont « Tears for Affairs », « If Looks Could Kill » ou l’appel « I Need All The Friends I Can Get ». Ca tombe bien, je suis disponible en ce moment...

mardi, 14 novembre 2006 02:00

Jarvis

Ma mère voici le temps venu d’aller prier pour notre salut, Jarvis est revenu. Bien sûr, certains pinailleurs nous dirons qu’il n’est jamais vraiment parti. Qu’entre l’épisode Relaxed Muscle, des chansons pour Harry Potter ou des textes pour la muse Charlotte, il n’a pas perdu son temps. Billevesées que tout cela ! Rien à secouer ! Le dandy maudit, le poète élégant, voilà celui que nous réclamions à corps et à cris, qui manquait tant à nos petites vies. Et le voici débouler, à nouveau soutenu par l’admirable Richard Hawley et le collaborateur de longue date Steve MacKey. Nouvel album sous le bras comme un présent sous la cheminée. Une plaque remplie jusqu’à la lie de mélodies renversantes, d’hymnes homériques et de tubes à la pelle. Pas forcément au sens radiophonique du terme mais plutôt d’instants à garder au creux des reins comme un amour caché. Qu’ils se fassent acerbes (« I Will Kill Again ») ou tendres (« Baby’s Coming Back to Me », déjà offerte à Nancy Sinatra tout comme « Don't Let Him Waste Your Time » d'ailleurs), Cocker et sa plume touchent au plus profond des âmes. Trop rarement souligné, notre homme est également un immense interprète et chante à présent mieux que jamais. Sérieusement, tout touche ici à la perfection, du crescendo tout en cordes de « Big Julie » à la merveille power pop « Fat Children ». Si l’on tente de reprendre son souffle et d’analyser froidement la chose, rien n’y fait. « Jarvis » est bel et bien l’album solo de l’année. Et on pèse nos mots.

 

mardi, 28 novembre 2006 02:00

Meek Warrior

Revoici débarquer nos hurluberlus d’Akron / Family, et pas forcément où nous les avions laissés. A chaque nouvelle sortie, on sent le collectif fouiller, explorer et expérimenter un peu plus. Nous avons affaire ici à un folk chamanique doté d’une nette tendance à l’improvisation. Dès les dix minutes d’un « Blessing Force » d’ouverture royal, rien ne va plus. Les étiquettes volent et se fracassent sur la solide couche d’audace de ces authentiques cinglés. Un riff rageur qui se transforme en gospel de foire avant de muter en un merveilleux charabia free tout droit sortit de la cuisse d’Albert Ayler. Pas surprenant lorsque l’on sait que l’album a été enregistré avec l’apport de Hamid Drake, incroyable batteur ayant côtoyé les plus grands, de Don Cherry à Pharoah Sanders. Rayon collaborations, la famille a bénéficié de l’aide des musiciens de Do Make Say Think et de Broken Social Scene, ce qui donne indéniablement de l’ampleur à leur mixture sonore. Autre morceau de bravoure, « The Rider », splendide comptine traversée d’éclairs de fureur glaciale. « Meek Warrior » ou « No Space in this Realm » sont emplis d’une ferveur toute religieuse mais pas forcément dans le sens christique du terme. La réponse se trouve probablement dans le titre « Lightning Bolt of Compassion », chanté dans une langue qui nous est étrangère. Vivez l’expérience, traversez les âges. Ecoutez les murmurer ‘We’re gone, gone, gone beyond. Gone completely beyond’... et vous aurez tout compris.

 

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