L’aventure de YMNK…

« Aventure », le nouveau single de YMNK fusionne l’extravagance du ‘stadium rock’ et le ‘banger’ techno pop. Sur une rythmique house, un thème de ‘guitar hero’ nous emmène explorer des univers électriques aux couleurs saturées. Avec ses sons de lasers…

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Danny Van Hemelen

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Début janvier. Temps frais, mais sympa, sur Amsterdam la terrible. Ambiance cotonneuse dans un hôtel de luxe de la cité de l'herbe. Les Faith No More sont là, cool, relax. Ils viennent présenter leur nouvel album, "King For A Day... Fool For A Lifetime" à une partie de la presse européenne. Conférence de presse pour tout le monde, d'abord. Discussion ‘privée’ ensuite avec Bill Gould, l'énergique bassiste, en ce qui nous concerne. Très carré, Bill Gould! On l'imaginait bien de cette trempe. Il fixe droit dans les yeux, appuie ses paroles d'une gestuelle nette et volontaire, s'exprime de façon condensée, focalisant un maximum d'impact dans chaque mot.

T'as écouté l'album?

Bien sûr que j'ai écouté l'album! Je me suis même jeté sur la cassette. Et je n'ai pas été déçu. D'autant que FNM a remis une grosse dose de guitare dans le jeu de quilles et que je les préfère comme ça. Varié, diversifié, amusant, perturbant, captivant, le nouveau Faith No More (NDR : comme les autres, d'ailleurs) et solide en plus. C'est une bombe, ce disque, c'est clair. Tiens, à propos de guitare, en quoi les problèmes de guitariste rencontrés par le groupe ont-ils influé sur l'identité de l'album?

Jim (Martin, le grand clown chevelu à lunettes, arrivé en 83 et débarqué onze années plus tard) a été crédité deux fois, pour avoir composé autant de chansons, en cinq albums ‘NDR : une réponse assénée un peu sèchement, par Bill). Pourquoi voudrais-tu que son départ soit tellement problématique à ce niveau? Nous, le groupe, avions envie d’en revenir à davantage à la guitare pour notre nouvel cd. C’était instinctif. Un point c'est tout. Peut-être, aussi, avions-nous encore ce son ‘live’ dans la tête, depuis notre longue tournée consécutive à la sortie d’"Angel Dust" ? Peut-être aussi, est-ce une réaction contre cet "Angel Dust", qui avait fait la part belle aux claviers ? Non, je crois qu'on voulait surtout retrouver le son de la scène. Quand on écoute "King For A Day", on retrouve vraiment celui du groupe en ‘live’. On avait envie, besoin de cette sonorité. C'est ce qui nous convient le mieux.

Guitaristes successifs

Jim Martin a été un certain temps remplacé par Trey Spruance, complice de Mike Patton au sein de Mister Bungle, avant que celui-ci ne disparaisse à son tour de la circulation et soit remplacé par un autre gratteur, Dean Menta. C'est quoi, cette histoire?

De la merde! Jim est un drôle de type avec qui il était devenu impossible de travailler. No way, plus moyen. On n'était plus sur la même longueur d'ondes. Jim était en marge. C'est moi, le bassiste du groupe, qui est responsable d'une grande partie des guitares sur "Angel Dust", parce que Jim n'en avait rien à cirer! Il fallait qu'il parte. C’était évident, même si on savait qu'on prenait un risque. Pas mal de gens appréciaient la présence de Jim parce qu'il incarnait une certaine identité heavy metal au sein du groupe. Il était le seul à avoir ce look, tu vois? On savait aussi que ce ne serait pas très simple de le remplacer. Dans le groupe, on s'est presque construit un langage à nous. On aurait dû apprendre à un autre type de parler notre langue ; pas simple! On a engagé Trey parce qu’on le connaissait déjà. Mike n'était pas très chaud pour qu'on le recrute ; mais on a fini par l'embaucher. Trey s’est montré tout de suite très gentil et son comportement nous a paru suspect... On sentait bien qu'il n'était pas très clair. Enfin, il bossait bien, c'était pas mal. On a enregistré l'album et on était satisfaits de son travail. Et puis un jour, il est arrivé et nous a dit qu'il n'avait plus envie de continuer. On n'a toujours pas compris ce qui s'est réellement passé. Mike avait raison de s'en méfier, en tout cas... On l'a remplacé par Dean Menta. On connaît Dean depuis un certain temps aussi. Il nous avait accompagnés lors de la tournée "Angel Dust" ; et il avait vachement envie de faire partie du groupe. On lui a demandé s'il voulait franchir le pas. Il nous a dit: ‘Je peux jouer tous les titres sans problème’. Dean est notre guitariste maintenant. Bien, on se méfie un peu, désormais (NDR : Bill affiche un sourire en coin un peu crispé), mais tout se passe bien. Dean a de bonnes idées, un comportement clair. Il se comporte naturellement et ça semble coller au groupe.

Trey a-t-il été impliqué dans l'écriture de l'album?

Peu, parce que 90% du travail avait été effectué avant qu'il ne débarque. Ce n'est pas un problème pour nous. On avait l'habitude de travailler sans l'aide d'un guitariste, ou presque.

Tu as dit tout à l'heure que vous aviez votre propre langage. Cela sous-entend clairement l'existence de certains automatismes entre vous, alors qu'une des principales particularités de Faith No More est de se remettre sans cesse en question. Comment gérez-vous ces paramètres ?

Nous avons besoin de motivation et nous sommes des gens très créatifs, il nous suffit de combiner les deux. Nous n'avons aucune envie de faire sans cesse la même chose et nous n'éprouvons pas beaucoup de mal à trouver des idées et à les exprimer.

Briser la ligne droite

Vous aimez prendre des risques. Pour le jeu, par insouciance ou par souci stratégique?

Parce que c'est notre manière d’avancer. On sait bien qu'on se complique la vie, mais on n'a pas envie de travailler autrement. On veut découvrir des choses, à commencer par des trucs sur nous-mêmes. Je connais bien mes limites, je sais qui je suis et le fait de tenter de dépasser ces limites est très grisant. On n'était pas obligé de tout changer après "The Real Thing", mais on l'a fait et "Angel Dust" a super-bien marché. Même si on s'est vachement posé des questions parce que cet album était vraiment très différent! A nouveau, on a brisé la ligne droite sur "King For A Day" ; mais les lignes droites, c'est pas notre truc, c'est pour le business...

Il vous laisse tranquilles, le business?

Non, on lui botte plutôt les fesses! Les radios heavy ne veulent pas trop passer nos trucs s’ils ne sonnent pas heavy. On doit forcer le passage, tu vois? Idem pour les radios pop. On n'est pas un groupe heavy, ni un groupe pop, ni un groupe black. On est partout à la fois et le business n'aime pas ça. Il faut bosser comme des fous pour arriver à faire ce qu'on fait. Mais quand ça marche, c'est drôlement gratifiant.

Votre relation avec le public?

On a une relation avec le public, ce que beaucoup d'autres groupes n'ont pas! Le principe de base, généralement, c'est ‘nous sommes le groupe, vous êtes le public, on vous donne ce que vous voulez et vous alimentez notre tiroir-caisse’. Ce n'est pas notre crédo. J'ai l'impression que nous communiquons avec notre public, justement parce qu’il n’y a pas de règles entre nous. Les gens ne savent jamais à quoi s’attendre, ça les pousse à être plus ouverts, à faire preuve de sens critique aussi. La communication fonctionne donc dans les deux sens, il y a une réaction intelligente. Ce n’est pas facile à construire comme processus ; mais quand ça donne de bons résultats, le bénéfice qu'on en retire est plus grand, pour tout le monde.

Tu te reconnais, personnellement, dans tout ce qu'a réalisé Faith No More jusqu'ici?

Excepté l'un ou l'autre petit détail, oui. Et je reconnais que c'est une grande chance. On discute de tout entre nous et c'est notre force. C’est ça le langage Faith No More dont je parlais. Je suis parfois surpris. J'ai écrit "Take This Bottle" il y a un an et je jouais de temps à autres cette chanson chez moi; pour moi uniquement, parce que je pensais qu'elle ne convenait pas au groupe. Un jour, je l'ai fait entendre aux autres qui m'ont dit ‘C’est super, elle doit être sur l'album’. FNM, c'est vraiment ça.     

Vous n'avez pas de problèmes d'ego?

Nous sommes des fortes personnalités, nous avons tous un caractère, des ambitions, des aspirations personnelles mais nous nous respectons et nous utilisons nos capacités et nos énergies à défendre un but commun. Nous ne sommes pas toujours d'accord entre nous –et je trouve cela plus que normal– mais nous nous respectons et nous dialoguons. A partir de là, tout est ouvert.

J'ai demandé tout à l'heure à Mike de parler de ses textes et il m'a dit ‘Je ne suis pas la meilleure personne pour en parler puisque je les ai écrits’... On connaît ce type de comportement de sa part, mais cela reste toujours un peu étonnant, non?

Mike est un type instinctif qui livre quelque chose et puis s'en va. Il ne passe pas son temps à analyser ce qu'il fait et il n'en a d'ailleurs absolument pas envie. Il considère que le plus important réside dans ce qu'il fait et non pas dans le discours sur ce qu'il fait. Je peux comprendre son raisonnement. Je suis un peu comme ça, moi aussi. Nous comprenons ses textes, nous les interprétons.

La merde en blanc

Comment interprètes-tu, dès lors, un titre comme "Cuckoo For Caca"?

Amusant, pas vrai? Plusieurs des textes de Mike sur l'album concernent Trey. A notre relation avec lui. A son comportement (NDR : relisez le début de cette interview et écoutez, par la suite, "The Gentle Art Of Making Enemies", par exemple). Pour te donner la signification de "Cuckoo For Caca", rien de tel que d’avoir recours à une image : si tu peins de la merde en blanc, la merde deviendra donc blanche en surface, mais cela restera de la merde à l'intérieur.

Il y a des cuivres sur l'album, notamment dans "Star AD". Ce sont des vrais ou bien vous vous êtes amusés à échantillonner des sons?

Non, ce sont des vrais. J'aime bien sampler, je le fais facilement ; je peux donc t'en parler en connaissance de cause et je peux te dire qu'un sampling ne remplacera jamais tout à fait des sons originaux. Nous avions envie de cuivres qui claquent, de cuivres forts, intenses. Il n'y avait donc guère de meilleure solution que d'en mettre de véritables sur l'album.

Y a-t-il, pour toi, un lien entre les différentes chansons de "King For A Day"?

Assurément. Chacune de nos chansons est une image et un album forme un tout cohérent. Nos chansons sont plus que des mélodies. Il y a un gros impact visuel chez nous. J'aimerais d'ailleurs que nous travaillions un jour sur une musique de film. Nous sommes des gens parfaits pour ça. Je trouve aussi que nous devrions encore améliorer l'impact visuel de FNM. Je pense qu'il nous manque quelqu'un qui puisse bien nous comprendre et sortir de bonnes images, de bonnes photos, de bonnes peintures pour nos T-shirts ou nos couvertures de Cd. Celle de "Angel Dust" était très bien. Notre démarche nous pousse à dépasser le stade de l'écriture musicale simple. Nous voulons nous accorder plus d'espace, donner plus de sens au groupe...

C'est donc un processus que vous pouvez contrôler, forcer si besoin en est?

Oui, c'est clair. Il est nécessaire de se faire violence quelquefois. Tu ne te réveilles pas tous les jours avec 25 nouvelles idées en tête! Ces jours-là, il faut faire fonctionner la mécanique en donnant des décharges. C'est normal.

Vous portez une part de responsabilité dans l'avènement de la scène rock dite alternative...

Je n'aime pas les clichés. Mais je dois bien reconnaître qu'il en existe au sein de la scène alternative aussi. Là, encore une fois, c'est le business qui joue et à ce niveau-là, nous ne contrôlons pas tous les paramètres. En tant que musicien, tout ce que tu contrôles à 100%, c'est ta propre créativité et ce qu'elle te permet de faire. Le reste, c'est aléatoire. Mais c'est ainsi. Le public aussi, quelquefois, se fait peut-être une opinion de nous qui ne correspond pas exactement à notre point de vue. Pas trop grave, l'important c’est qu'il ressente déjà cette envie de comprendre.

Article paru dans le n°35 d’avril 95 du magazine Mofo

 

dimanche, 30 juin 1996 02:00

Presque parfaits

Fondé en 1993, ce trio est devenu célèbre suite à la publication du single « Scooby Snacks », une chanson incluant des samples de dialogues, extraits des films ‘Pulp Fiction’ et ‘Reservoir Dogs’ de Quentin Tarantino. Et paru il y a quelques mois, leur premier opus, ‘Come Find Yourself’, constitue un des meilleurs disques de hip-hop crossover rencontré depuis un bail! Le trio est aussi invité au prochain T/W (le vendredi à Torhout et le samedi à Werchter). L'interview était donc presque obligatoire.

C’est Steve, le batteur, qui nous a servi d'interlocuteur. Même s'il est le dernier venu du trio, son rôle ne se limite pas à la batterie: comme Fast, il s'occupe aussi de la programmation des machines. Ce Fast, lui, c'est l'homme à tout faire ou presque, il cumule les rôles de bassiste, claviériste, harmoniciste et même de trompettiste! Mais c'est Huey, le 3e homme, qui est sans doute le plus important: il est guitariste et parolier. Ses racines sont clairement puisées dans le blues-rock et c'est peut-être la raison pour laquelle les Fun Lovin'Criminals pratiquent un savant mélange de la technologie des années 90 et d’éléments qu'on trouve à l'origine du blues, du jazz et du rock'n'roll. Un peu à la façon de Beck ou des Beastie Boys...

"Nous sommes compositeurs tous les trois, dit Steve, mais il y a de grandes différences entre nous, parce que nos centres d'intérêt et nos influences sont fondamentalement disparates, même si on se retrouve sur bien des terrains."

Le terrain de prédilection des FLC, c'est la scène. "Même si nous utilisons des machines très performantes, explique Steve, nous restons prioritairement un groupe live ! Il y a tant de gens qui savent tout faire en studio, mais peu sont capables de se produire en ‘live’, en tant que formation. En fait, 80% de chaque chanson est d'abord conçue sur sampler, avant que nous décortiquions l'ensemble et que nous y ajoutions de ‘vrais’ instruments. Nous avons toujours procédé de la sorte. C'est sans doute l'héritage de nos débuts accomplis au Limelight de New York : on débarquait avec nos bandes sous le bras, mais on jouait dessus en direct, à l’aide de nos instruments. Je crois que c'est la bonne méthode."

Huey, Fast et Steve se sont réunis en 93 sous la bannière d'un nuage de fumée et d'un goût commun pour le bizarre. Ils viennent d'une petite ville située à 3h de voiture de New York. "On s'est retrouvés ensemble à New York après avoir tâté de tous les genres, au sein de différents groupes. Perso, j'ai joué dans des groupes de rock assez classiques, mais j'ai aussi tâté du funk et même de la techno! Ce n'est pas nécessairement un mal ; ça nous a en tout cas donné le goût de l'éclectisme. On mélange tout, parce que ça nous fait poiler. Bien sûr, les journalistes nous attribuent plutôt l'étiquette hip-hop, ce que je comprends parfaitement, mais c'est un peu schématique. On sonne rap, mais pas rien que ça. Il y a d'ailleurs beaucoup de vocaux ‘live’ sur notre Cd."

Comme par exemple, sur cette reprise de ‘We have ail the time in the world’, le thème d'un James Bond (‘Her Majesty's Secret Service’), composé par John Barry, mais interprété initialement par Louis Armstrong.

Autoproduit

Le premier album des FLC (1) est autoproduit. C'est plutôt rare pour un groupe débutant, non? "Oui, c'est marrant. Pendant des semaines, on a bossé chez moi, dans le studio que je me suis construit. On a réalisé des démos qu'on a envoyées à gauche et à droite. EMI a accroché tout de suite. On est donc allés les voir pour discuter le coup. Immédiatement, ils nous ont dit qu'ils voulaient qu'on enregistre et produise l'album nous-mêmes. Franchement, on était sur le cul quand on a entendu cette proposition. On a fini par accepter à la condition de pouvoir disposer d'un ingénieur du son hors-pair. On adorait le boulot que Bob Power avait accompli pour A Tribe Called Quest et De La Soul ; c'est donc tout naturellement vers lui que nous nous sommes tournés. Le plus drôle, c'est que le gaillard, lui aussi, tenait absolument à ce que nous produisions nous-mêmes l'album. A croire qu'ils s'étaient tous donné le mot! Le type dont nous adorions le boulot nous disait: ‘Eh les gars, vous n'avez pas besoin de moi, faites-le vous-mêmes, vous pouvez y arriver’. C'est donc contraints et forcés qu'on s'est tapé tout le turbin ; mais on ne le regrette pas."

Courtes et directes

On ne peut pas reprocher au trio de tourner autour du pot. Les chansons sont courtes et directes. "Ben heu, c'est vrai... Les trucs longs, on n'aime pas trop, ça nous emmerde. Moi, après 4 minutes, je cale. Il faut que ça bouge, je ne sais pas quel plaisir on peut prendre à faire traîner les choses en longueur. Notre façon de fonctionner, c'est plutôt de bosser ensemble, de pondre de bonnes mélodies, de bien les asseoir, d'en tirer un maximum et puis de passer à la chanson suivante."

Les textes –qui sont l'œuvre quasi exclusive de Huey– sont habituellement un élément primordial du hip-hop. Est-ce aussi le cas chez les FLC? "Nous n'avons pas de message particulier à délivrer, pas de prêchi-prêcha. Les textes de Huey sont simples, ce n'est pas un grand philosophe, il se borne à raconter ce qu'il ressent devant les situations qu'il vit. J'ai juste remarqué qu'il a tendance à être plutôt optimiste que pessimiste. Il n'aime pas trop déballer la merde, il préfère, même quand il parle de choses assez noires, voir le bon côté, trouver la porte de sortie, avoir la réaction qui s'impose."

On sait que les FLC sont les favoris de Quentin Tarantino qui les a d'ailleurs laissés faire joujou avec les dialogues de Pulp Fiction sur ‘Scooby Snacks’, un titre qui commence tout doucement à monopoliser les ondes radios. Pour ses samplings, le trio new-yorkais est assez imprévisible, ainsi c'est le riff du ‘Free Bird’ des Lynyrd Skynyrd qu'on retrouve sur ‘Bombin the Ln!’. "Pour les samplings, on cherche évidemment les trucs qu'on aime dans notre discothèque. On a choisi Lynyrd Skynyrd, mais on aurait pu reprendre A Tribe Called Quest qui fait partie aussi de nos favoris. Pendant tout un temps, on vivait dans un petite appart’ et on n'avait pas de blé. On n'achetait pas de Cd et on écoutait invariablement un disque d'A Tribe Called Quest! Mais bon, ils sont très proches de nous, de toute façon. "

Article paru dans le n° 44 de juin 1996 du magazine Mofo

mardi, 31 mai 1994 02:00

Pas un cirque !

Soundgarden a le vent en poupe. Et plutôt deux fois qu’une. Aux States, le groupe devient même carrément énorme. Phénomène confirmé par le gros père Tad Doyle (de Tad), tout heureux d’apprendre, le jour de leur concert belge, que Tad assurerait près de deux mois de tournée d’été US pour la bande à Chris Cornell. « Chez nous, Soundgarden est très populaire », confesse le leader de Tad et ajoute : « Leur cote augmente sans cesse et leur dernier cd, ‘Superunknown’, marche très fort. Tourner avec eux signifie jouer chaque soir devant six à dix mille personnes. C’est géant ! »

En Europe, Soundgarden n’a pas encore atteint le même niveau de popularité, mais on sent bien que la mayonnaise est en train de prendre. Les médias rock européens ont été quasi unanimes à louer les qualités de ‘Superunknown’ et la tournée du groupe sur le Vieux Continent se passe plutôt bien, elle aussi. Le ‘Brielpoort’ de Deinze était, en tout cas bourré comme un œuf, l’autre soir, pour accueillir les quatre de Seattle en qui certains voient le futur du rock, en compagnie des Alice In Chains et autres Pearl Jam.

« Il y a tout dans Soundgarden » explique un fan, barbichette en avant, tee-shirt ‘Louder than love’ usé jusqu’à l’étiquette et jeans-gruyère délavé et d’une extrême pâleur. Il justifie d’ailleurs cet enthousiasme par une déclaration plus que flatteuse : « Il y a la puissance des guitares, un son fort et une force intérieure indéfinissable. Moi, je trouve que c'est le meilleur groupe de rock du moment ». Et ‘Flip’ –c'est son surnom– de s'en retourner admirer un show d'une intensité inouïe mais aussi d'une belle simplicité, d'un grand dépouillement, au sein duquel le jeu des musiciens semble se suffire à lui-même.

Soundgarden paraît en effet être un groupe intègre qui n’apprécie que fort peu, les règles du business. Attitude qu’on retrouve dans leur musique. Quelques heures avant le concert, Kim Thayil, ‘lead guitarist’ de Soundgarden, corroborait ce point de vue…

Presque logiquement

KT : nos concerts ne ressemblent pas à un spectacle de cirque ; nous n'avons pas besoin de ces artifices. Nous communiquons avec notre public à notre manière: franchement, directement, je dirais presque logiquement.

« Superunknown » marche très fort aux States. Et la presse européenne lui a réservé d’excellentes critiques. Confiant pour la suite des événements ?

KT : je ne sais pas encore tout à fait comment les Européens réagiront par rapport à « Superunknown ». Mais je suis très curieux de voir comment le public va l’assimiler, à long terme. Je suis persuadé que ce disque aura un rayonnement de longue durée. Ce n’est pas le genre de truc qu’on écoute et sur lequel on danse, on s’agite, on se défoule et puis basta. C’est plutôt un album dont on s’imprègne et à propos duquel on réagit sans doute plus ‘mentalement’. Il y a beaucoup à découvrir sur ce disque. Nous évoluons sans cesse, et c’est cette évolution qu’on a voulu mettre d’abord en exergue sur « Superunknown ».

Estimes-tu cet elpee tellement différent de « Louder than love » ou de « Badmotorfinger » (NDR : les deux précédents opus parus respectivement chez Polydor en 89 et 91 ?) ?

KT : « Superunknown » ne rompt rien, ne casse rien, mais il va beaucoup plus loin. Il a, à mon sens, plus de profondeur, plus de liberté, dans pas mal de domaines. Les textes de Chris, par exemple, sont les meilleurs qu’il n’ait jamais écrits. Ils sont plus précis, plus intenses. Chris s’exprime aujourd’hui bien mieux qu’il ne le faisait, il y a quatre ou cinq ans. Et musicalement, le groupe a suivi le même tracé.

Marginaux, OK, si tu assimiles le rock à Garth Brooks…

Tu dis que ce disque est plus ‘libre’. Est-ce parce que vous avez accompli des expériences que vous n’auriez pas tentées auparavant ?

KT : En partie. Nous avons, de fait, laissé courir certaines idées que nous n’aurions peut-être pas osé développer dans le passé. Ce qui nous a encore permis d’élargir notre rayon d’action. Tu vois, nous fonctionnons toujours, à la base, de la même manière ; à savoir que nous ne retenons une chanson que si elle nous plaît vraiment. Tout le monde, dans le groupe, compose des chansons et tout le monde a le droit de s’exprimer. Par ce biais, le groupe, dans son intégralité, a fait un pas en avant. Je ne sais pas au juste pourquoi. C’est ainsi.

Les expériences ‘solo’ des différents musiciens du groupe auraient-elles favorisé cette évolution ? Ben Shepherd (bassiste) et Matt Cameron (batteur) se sont bien amusés au sein du projet Hater. Chris a écrit un truc pour la B.O. de ‘Singles’. Il y a eu aussi, avant ça, le projet Temple of The Dog, au sein duquel Chris et Matt étaient accompagnés de Stone Gossard, Eddie Vedder et Jeff Ament (de Pearl Jam). Ces événements, ont-ils, en définitive, servi la cause de Soundgarden ?

KT : Je remarque en tout cas que la musique du groupe est de plus en plus riche. Pas que nous ayons pris une décision consciente de prendre telle ou telle décision. Nous posons des choix en parfaite harmonie, tout naturellement. Bien sûr, ils sont toujours précédés d’une réflexion ; c’est tout de même normal. Mais Soundgarden a toujours fonctionné de façon très émotionnelle, à l’instinct. Et cela continue ainsi.

Si votre musique échappe aux normes, aux clichés, c’est peut-être que votre instinct, comme tu dis, vous y pousse. Vous sentez-vous dans la peau de marginaux ?

KT : Quelle question ! Est-on encore marginal aujourd’hui parce qu’on joue de la musique rock ? Je te dirai que si tu associes Garth Brooks ou MC Hammer au même contexte que nous, alors nous sommes certainement marginaux. De toute manière, est-ce important ? Ce qui compte, c’est de faire ce dont a envie. Nous devons certainement indisposer notre label parce que ses patrons ne parviennent pas à déterminer combien de nouveaux disques on va vendre ! Ils ne savent pas non plus ce qu’on va faire pour le prochain album. D’un point de vue commercial, ils détestent cette situation. Mais on n’est pas là pour faire du chiffre. Cela n’a jamais été notre ambition.

Soundgarden correspond-t-il à la vision que tu avais du groupe lorsque vous avez commencé à enregistrer, il y a 6 ans ?

KT : Pas tout à fait ; et c’est tant mieux. Et j’espère bien que dans six ans elle sera différente. En mieux, bien sûr…

(Article paru dans le n° 23 de mai 94 du magazine Mofo.)

mercredi, 31 mars 1993 02:00

Une sorte de revanche !

C’est quand même con, parfois, la musique et la façon dont ça marche. Tiens, on n’est pas certain qu’on aurait fait un tel cas des Screaming Trees si, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Seattle n’était devenu la Mecque des rockers patentés en quête de Nirvana (NDR : oui, oui, d’accord, le jeu de mots est bête et facile). Pire encore : il aurait été dommage et injuste! Comme quoi, les Trees méritent bien qu’on s’attarde un peu sur leur sort. Surtout qu’elle n’est pas loin, l’époque où leurs albums se vendaient chichement. Gary Lee Conner, le guitariste de la formation, le reconnaît…

- C'est exact, nous avons connu des moments difficiles. Le groupe a même failli splitter avant d'enregistrer « Sweet Oblivion ». Nous avons, à cette époque, rencontré d'énormes problèmes. Notre batteur est parti et nous avions l'impression de ne plus avancer dans le bon sens. Nous n’étions pas vraiment loin de la rupture ! Nous avons alors modifié notre façon de faire. Auparavant, nous étions du genre à foncer tête baissée pour enregistrer : ‘on écrit, on met en place, on enregistre et c'est dans la boîte’. Eh bien, on a changé ! Pour « Sweet Oblivion », on s'est rendu compte qu'on pouvait aller plus loin en bossant plus posément, plus précisément. Sans perdre l'énergie, la spontanéité qu'on a toujours souhaité garder. Depuis, tout va bien! Fini, le temps où on pensait bien avoir dit tout ce qu'on avait à dire, où on avait même du mal à imaginer de bosser encore ensemble... Cette période est derrière nous et on se sent bien. C'est d'autant plus chouette que la réussite commerciale de « Sweet Oblivion » n’est probablement pas le facteur déterminant de cette évolution. On a relancé la mécanique, redynamisé le groupe, et nos perspectives d'avenir me semblent bonnes.

« Sweet Oblivion » est-il meilleur ou simplement différent des albums précédents?

- C'est toujours une question-piège. Moi, je l'aime bien mais peut-être que dans six mois je ne pourrai plus l'écouter. Par exemple, de cet album, je n'aime pas particulièrement « Nearly Lost You ». Et pourtant pas mal de gens ont craqué sur cette chanson (NDR : ce titre est paru sur la B.O. de « Singles » et a fait un joli petit tabac dans les charts US). Non, ce que j'adore surtout dans ce cd, c'est qu'il soit réellement le fruit d'un travail de groupe. Nous avons tous participé à la composition et le résultat a été géant, vu les événements dont je viens de parler. Une sorte de revanche.

C'est assez amusant, la façon dont vous vous exprimez par l'image. Les pochettes de disques, par exemple. Tout est très fouillé et on y décèle des tas de symboles et d'objets bizarres. Alors que musicalement, justement, vous donnez plutôt dans le ‘vite fait bien fait’...

 

Mwouais. C'était peut-être un moyen de rétablir un certain équilibre! (il se marre)... Disons qu'on a toujours cherché à ne pas présenter de pochette de disques débile, mettant nos tronches en avant et tout le tremblement. On n'a pas vraiment des faciès de jeunes premiers et les pochettes à la Poison n'étaient donc pas pour nous. Nous avons toujours invité l'auditeur à aller plus loin. Des illustrations un peu complexes, c'est un bon moyen d'y parvenir. Je signalerai aussi qu'enregistrer rapidement ne signifie pas qu'on se contente d’une musique creuse, vide de sens.

Vous êtes associés à cette vague ‘Made in Seattle’ et vous tournez actuellement en compagnie d’Alice ln Chains. Cette assimilation géographico-musicale est-elle un avantage ?

Certainement sur le plan de la popularité, ne nions pas l'évidence. Néanmoins, il faut que nous ne devenions pas prisonniers d'une telle situation! Il se passe des choses superbes à et autour de Seattle parmi des groupes que tout le monde connaît mais il ne faut pas que ce climat  devienne un cauchemar pour les artistes. Si ceux-ci perdent le sens de leurs idées, tout s'écroulerait en deux secondes...

(Article paru dans le n° 11 du mois de mars 1993 du Magazine Mofo)

 

 

Ils figurent, à l’instar de Léopold Il, le capitaine Haddock et Leonard de Vinci, parmi les barbus les plus célèbres de la planète. A tel point même que les barbes respectives de Dusty Hill et de Billy F. Gibbons sont devenues quelque chose comme des griffes, des images de marque, à la façon du cheval cabré de Ferrari ou de l'étoile de Mercedes Benz. Ces barbes, elles symbolisent peut-être, en fait, toute l'intelligence de ce trio (NDR : n'oublions tout de même pas que malgré son nom, Frank Beard n’est que moustachu) ; car conscient de l’impact grandissant de l’image, le combo s’est mis en tête, au début des années 80, de se servir de l’énorme impact planétaire provoqué par MTV…

ZZ Top a donc, alors, déclenché le mouvement, l'incroyable mouvement qui va l'emporter au sommet. Le duo de vieux guerriers (c'était déjà le cas à l'époque) et le batteur imberbe devenaient des monstres de popularité. "Antenna" –le titre de leur tout nouveau Cd– c'est un peu cette histoire. Une histoire qui traite d'une bande de joyeux rockers mangeurs de blues devenus célèbres en un rien de temps. Dusty Hill, le bassiste de Harley Davidson, s’est plié de bonne grâce à notre interview…

- Pour une fois, notre nouvel album est sorti en diffusion mondiale le même jour. Tant à Bruxelles, Buenos Aires ou encore Sidney. Un peu comme une antenne radio hyperpuissante qui diffuserait ses ondes sur toute la planète à la même seconde. Le phénomène de la radio nous a toujours captivés autant qu'il nous a d'ailleurs servis. C’est aussi la radio qui nous a appris, à Frank, Billy et moi-même combien nous pouvions être proches l'un de l'autre. Lorsque nous étions gosses, nous écoutions, sans le savoir bien sûr, la même radio mexicaine. Elle proposait des émissions très particulières et surtout des chansons que les autres stations ne diffusaient pas. Je me souviens encore de ces programmes blues que j'écoutais religieusement en pleine nuit. A l'époque, c'était mon paradis. Plus tard, j'ai découvert que c'était aussi celui des autres.

"Antenna" semble être un Cd un peu moins exubérant qu'"Eliminator". C'est un disque très mûr, très sûr, très posé. On a l'impression que depuis "Eliminator", vous pensez plus votre musique...

- C’est une fausse impression. Nous veillons justement à ne pas trop analyser le produit de notre création. Analyser son travail est utile, à partir du moment où on est capable de garder une certaine distance et de conserver sa personnalité. Notre musique doit continuer à véhiculer du plaisir, du fun, de la chaleur. Tu me dis qu"'Antenna" est un album mûr. OK, mais il est aussi un album naturel et direct. Nous avons utilisé moins la technologie pour ce cd que pour "Afterburner", par exemple. Nous voulions créer quelque chose de très frais, de très spontané. Néanmoins, nous avons beaucoup préparé, beaucoup lustré les chansons de l'album. Nous avons laissé, repris, relaissé, re-repris certaines chansons un bon nombre de fois. Tout simplement parce que nous estimions qu'il fallait qu'il en soit ainsi. Peut-être finalement, avons-nous mélangé spontanéité et réflexion?

Comment définirais-tu "Antenna"?

- Comme un disque de pur rock & roll très influencé par la musique blues. Mais c'est toujours l'aspect rock qui prime. "Antenna" est un Cd très guitare, très net.

Tu crois qu'il contient l'un ou l'autre gros hit?

- Impossible à dire ! Je ne suis jamais parvenu à prévoir ce type de phénomène. A l'époque où "Eliminator" est sorti, j'estimais seulement que "Legs" était un titre qui devait bien passer en radio. J'étais loin de me douter du tabac qu'il ferait et quelques autres chansons dans la foulée. Sérieusement, nous sommes incapables de nous installer confortablement et d'écrire avec certitude un hit single. Dès lors, pourquoi se compliquer la vie ?

Trois bonnes années entre chaque album, c'est devenu votre rythme depuis "Eliminator", vous avez vraiment besoin d'autant de temps pour enregistrer un long playing ?

- Tu rigoles? On n'arrête pas un jour ou presque. Bon, c'est vrai qu'on est lents, mais le truc c'est qu'on a toujours le chic de se lancer dans des tournées gigantesques. Nous avons accordé près de 240 concerts depuis la sortie de "Recycler". OK, on adore ça, on ne vit que pour ça. On prend un pied du tonnerre. Pour te dire: on ne se lance jamais dans une tournée parce qu'on a sorti un album, on sort un album pour pouvoir partir en tournée. C'est vraiment ça l'essence de notre vie.

Vingt-cinq années de carrière n'ont donc pas fait de vous des robots du business...

- Ha, ha ! Sûrement pas. On est restés les mêmes musicos amateurs. Comme il y a vingt ans. Sauf qu'on est un peu plus à l'aise financièrement.

ZZ Top était-il, à ton avis, tellement différent avant "Eliminator"?

- Pas du tout. On a accompli une très longue tournée en 76 et je me souviens m'être fait la remarque récemment : à l'époque, on était déjà prêts à connaître tout ce que nous avons vécu depuis "Eliminator". L'habillage de notre rock a quelque peu évolué mais c'est surtout l'aspect ‘image’, le côté visuel qui est devenu crucial. Mais nous sommes loin d'être le seul groupe qui ait connu cette évolution.

Au niveau visuel, vous avez élaboré quelque chose de spécial pour "Antenna"?

- Evidemment. Mais je ne peux pas en parler. Vous verrez bien.

Quelle serait ta définition du bon concert?

- Un concert où le public entrerait dans la salle, le sourire aux lèvres et l'envie de s'amuser ; et la quitterait avec le même sourire et le sentiment de s'être bien amusé. C’est pas plus compliqué que ça. On n'est pas là pour faire la morale ou éduquer les gens. Nous sommes des entertainers, des guignols, des mecs qui traversent des villes pour y mettre de l'ambiance.

Vous avez dû jouer "La Grange" et "Tush" des milliers de fois. Vous parvenez encore à les interpréter  sans vous ennuyer?

- Mais bien sûr. On le fait pour le public qui nous demande invariablement ces chansons. Et aussi pour nous puisqu'elles font partie intégrante de notre existence. Ces titres sont pour moi comme des chapitres de ma vie ; ils vivent en moi comme des organes.

Comment perçois-tu vos relations avec le succès, la réussite commerciale. Comment gérez-vous cette situation ?

- Nous ne sommes pas des flambeurs. On n'a jamais déconnecté. On a de la pression sur les épaules chaque fois qu'on pose nos fesses en studio mais c'est normal. Le musicien prétendant ne pas ressentir cette pression doit être un type qui n'a pas le sens des responsabilités. Parce que bon, à chaque fois, tu remets tout de même certains acquis en cause. Tu ne sais jamais vraiment comment les événements vont se dérouler.

Vous jouez très rarement en compagnie d'autres musiciens ; pourquoi?

- Bah, il faut qu'on en ait vraiment envie. On l'a fait avec Clapton. Trois concerts. En Angleterre. En faveur du mouvement SHARP (NDR : le ‘Self Help Addiction Recovery Program’) ; mais cela reste une exception. On était en studio quand Eric nous a appelés. Il nous a expliqué le projet et on a dit: ‘OK’. C’est tout !

Jamais, non plus, eu l’envie d'une escapade en solo?

- Pour quoi faire? Je me sens, pour ma part, à 100%, comblé par ZZ Top, alors pourquoi chercher ailleurs? J'exprime tout ce que j'ai envie d'exprimer au sein du groupe. Rien n'est plus important pour un musicien.

Tu peux décrire ta maison?

- J'en ai plusieurs. Je vais t'en décrire deux de manière à illustrer un aspect important de ma personnalité. Je possède une maison, en ville, qui est bourrée de technologie. Une maison très très moderne avec toutes les nouveautés en appareillages électroniques et gadgets divers. J'en ai aussi une autre en pleine campagne, à une heure de route de là. Une maison presque vide, au bord d'une baie très calme et douce, en bordure d'une route peu fréquentée et proche des terres où je peux faire galoper mes chevaux. Je m’y rends pour faire vrombir ma Harley, loin du trafic et des flics. Lorsque je suis en ville, je travaille. Mais je suis incapable de bosser à la campagne. Ces deux maisons sont très complémentaires. Je pense que la vie, en général, est comme cela pour beaucoup d'entre nous et chacun l'exprime, le matérialise à sa façon.

Tu t'occupes beaucoup de ta barbe?

- Non. Je la coupe juste assez pour éviter qu'elle gonfle trop (il se tâte les joues !) et qu'elle m'empêche de jouer de la guitare. Je n'ai pas de très longs bras !

Tu prends des précautions?

- Je ne demande jamais à personne d'allumer la clope qui me pend au bec. J'ai toujours peur qu’un inconscient foute le feu à ma barbe !

Tu as une basse fétiche?

- Ouais, une Telecaster qui date de 68, par là. Une merveille de basse géniale. Je dois en avoir 40 ou 50 ; mais c'est celle-là que j'aime !

Avant d'engloutir un bon cognac, Dusty nous dira encore que ZZ Top viendra jouer en Belgique en juillet. Il ne sait pas encore ni ou ni comment mais ce sera en juillet.

Article paru dans le n° 20 du magazine Mofo de février 1994

dimanche, 30 juin 1996 03:00

Pas un long fleuve tranquille

ll émane de Greg Dulli, le leader d'Afghan Whigs, un impressionnant charisme. Rien à ajouter, le gaillard en impose. Il a de l’âme, de la soul... Surtout quand il est en grande forme, comme c'était le cas, il y a quelques semaines lors du concert de son groupe au Botanique. Greg –qui se présente comme un ‘accident né d'une femme de 18 ans et d'un homme à peine plus âgé’– était heureux ce soir-là. Le concert bruxellois était le dernier de la série européenne, et le chanteur allait pouvoir rentrer chez lui à Cincinnati (Ohio), avant de revenir ici, notamment pour le festival de T/W.

Paranoïa

‘Black Love’, le dernier album en date, est le sixième d'un groupe qui a mis longtemps à décoller, mais qui voit ses œuvres de jeunesse rééditées aujourd'hui. Pour ‘Black Love’, dont le titre est emprunté à une marque d'encens américain, Dulli s'est une nouvelle fois replié sur lui-même : par besoin, mais aussi sans doute un peu par obligation. "Peux pas faire autrement, dit-il. L'époque où j'ai composé les chansons de l'album est parmi les plus noires de mon existence. Je sortais d'un moment difficile, d'une période trouble. Je venais de rompre avec une copine que j'avais aimée énormément. Je suis un fataliste, mais aussi un romantique... Même si je me dis que l'amour est précaire, surtout quand on veut entretenir la passion, j'avais quand même tendance, après coup, à sombrer dans une déprime difficile à assumer!" Et puis, selon ses propres dires, Greg a souffert de ‘paranoïa’ à la suite d'une attaque en justice qu'il n'attendait pas. Une demoiselle qui avait été blessée –par un verre de bière– lors d'un concert du groupe il y a 5 ans au Texas, a tenté de faire cracher les Afghan Whigs, une fois qu'ils sont devenus célèbres. "Je ne sortais pratiquement plus de la maison, je m'y terrais, j'étais comme blessé dans ma chair. Le fait de pouvoir écrire de nouvelles chansons m'a permis de me libérer, d'expulser ces sentiments négatifs qui me démangeaient. J’étais mal dans ma peau, mais d'un autre côté, ces épreuves m’ont servi. Ce n'est pas pour rien si les chansons de ‘Black Love’ sont aussi intenses, aussi fortes, aussi poignantes. Elles sont à l'image des émotions que je ressentais à ce moment. "

Clarinettes et violoncelles

Il n'arrive donc pas à composer quand il est bien dans sa peau. Greg : « Je n'écris en tout cas jamais quand je traverse un vrai moment de bonheur. D'ailleurs, il ne sortirait probablement que des idioties. Mais quoi qu'on en pense et même si ça ne se voit pas, je suis capable de ressentir le bonheur et la joie, à très forte dose qui plus est... " S'il a fait son examen de passage, Greg a quand même réussi à concocter des chansons qui sonnent étonnamment spontanées et basiques dans un tel contexte. "C'est vrai qu'il reste au final des éléments très purs, très épidermiques qui existaient à la base de mes chansons. Mais nous avons aussi intégré des nouveautés qui amènent le disque dans de nouvelles directions. Je pense aux parties de clarinettes ou aux violoncelles de ‘Night By Candlelight’. Il y a aussi des percussions qui me semblent atypiques pour nous... ‘Black Love’ est un album tout en contrastes, ce qui m'est sans doute imputable à 100%. Je n'ai pas une vie qui est un long fleuve tranquille... Mais en tant que musicien, j'y trouve certainement une source d'inspiration."

Article paru dans le n° 44 du magazine MOFO de juin 1996.

mardi, 16 mai 2006 03:00

Trouble Amarente

Warner a bien raison de (re)sortir en Belgique l’excellent cd – originellement livré en 2004 - de ce combo français franchement épatant. Mypollux (tournicoti tournicota, le ‘manège enchanté’ aurait il marqué les esprits de ces quatre metal-rockers qui se définissent comme ‘pop core’ ?), possède une sérieuse qualité, remarquable pour un groupe qui livre son premier album : une très forte personnalité ! Là où beaucoup vivent ou survivent grâce au mimétisme, ce combo a choisi de révéler clairement, dès le départ, toute l’étendue de son horizon musical et d’expression… Chapeau !

Musicalement, Mypollux est très large d’esprit : les riffs plombés de l’album et ses compos les plus percutantes l’amèneront à être assimilé à la vague neo-metal française (Watcha, Aqme, Pleymo and co…), ses expérimentations plus diversifiées le rendront plus difficilement classable et, donc, plus intéressant ! Mais ce groupe a surtout un grand avantage : le chant assez incroyable de sa vocaliste Lussi. Une voix qui sort carrément du lot. Son timbre est terriblement puissant. Superbe. Son registre vocal très étendu. Modulable. Une voix qui évoque une sorte de ‘croisement’ entre Linda Perry (vous vous souvenez, la chanteuse des Four Non Blondes avant qu’elle ne devienne une productrice de renom) et Muriel Moreno, l’ex-moitié de Niagara. Sur des plages comme le groovy « Nuit Blanche », le renversant « Chanson pour Mars-Aile » ou le lourd et oppressant « Si je m’endors », sa performance est vraiment remarquable.

Au niveau des textes Mypollux ne passe pas pour autant inaperçu ! Les thèmes de la mort et de la peur reviennent régulièrement dans des paroles évoquant un climat général très troublé. Et les titres des morceaux du disque ne font que rajouter à l’intrigue… « Eclipse de sommeil », « Madame est tranquille », « Toc Toc », « Trois petits points… », tout cela flaire le bizarre… Alors, un brin torturés les accros à Pollux, Zébulon et Margote ? Bien possible, il faudra qu’on leur demande… Comme il faudra aussi qu’ils expliquent quel est ce ‘langage’ utilisé pour le titre « Leïloqö » ! Ou ils ont inventé un idiome, à l’instar de Urban Trad, ou c’est un patois zarbi sorti d’on ne sait où et qu’on ne connaît pas. Ou alors l’écoute de « Trouble Amarante » m’a mis la tête tellement à l’envers que j’ai perdu le fil… Possible. Mais si c’est ça, j’en redemande !

mardi, 30 mai 2006 03:00

Kill Your Management : Volume Five

Ce cinquième volume compilateur, proposé par le label anglais Psychophonic, met en exergue une petite vingtaine de combos metal anglais non signés par une boîte de disques. Dans le lot, quelques uns émergent assez facilement, comme Razorwire, qui allie joliment metal façon trash-core à la Downset et touches plus alternatives à la Fudge Tunnel. Tears Of Aske est assez sympa, également, dans un registre Nu Metal solide. Headhunglow se démarque, également, à travers une approche musicale délibérément axée sur le death cinglant façon Obituary and co. Rien de très original, mais l’efficacité y est ! Pointons encore Roachville, un combo metal sec et net aux riffs assez percutants. Pour le reste, on peut oublier aussi sec les autres groupes qui sont, donc, non signés et peuvent le rester

vendredi, 24 mars 2006 02:00

Resurrection

Originaire de Manchester, ce trio a le mérite de s’être déjà attiré l’intérêt de nombreux médias et de maisons de disques (il vient d’être signé par Sonic Wave et sortira, dans quelques mois, un premier cd distribué par SonyBmg) via cette démo trois titres. Débrouillard, il est aussi parvenu à se hisser sur la même scène que Raging Speedhorn et Entombed lors du dernier Damnation Festival. Allerjen, c’est du costaud, donc ; et son metal très teinté hardcore l’est également, c’est une évidence. Les gros riffs côtoient allègrement les rythmiques endiablées, propulsées par Paul Tarbuck, le nouveau Mister T des batteurs. Les trois titres de cette démo n’ont rien de révolutionnaire mais, en tout cas, carburent au méga-super et révèlent un groupe à suivre de près. Attendons le full album pour confirmer…

mardi, 23 mai 2006 03:00

Rubicon

Y’a pas à dire : Ancient Rites a voulu frapper un grand coup ! Près de cinq années après avoir commis « Dim Carcosa », il nous livre un nouveau cd (« Rubicon ») sur un nouveau label tout en saluant le retour de quatre anciens membres du groupe. Le line up réunit donc pas moins de sept musiciens, dont trois guitaristes ! Pour expliquer ce renforcement des troupes, Gunther Theys, le leader et fondateur de la formation (NDR : née en 1988 !), explique que cette formule devrait permettre au band de faire face, sur scène surtout, à la complexité sans cesse croissante de leur black metal ; mais elle est aussi destinée à le libérer de la basse, qu’il se réservait jusqu’alors, pour pouvoir se consacrer uniquement au chant et au contact avec le public. Faut pas vous faire un dessin : quoi qu’il en soit : la résultante est taillée pour faire du bruit et « Rubicon » est donc tout sauf un cd insipide et transparent…

Pour son cinquième opus studio, en effet, Ancient Rites a placé la barre assez haute dans un registre black metal non dénué de qualités mélodiques. Le groupe n’a, en effet, pas hésité à sortir des sentiers battus du black saignant, speedé et au chant guttural pour se laisser aller, aussi, à quelques approches sensiblement plus nuancées. Ainsi, la plage d’entrée du cd, « Crusade », est imposante et agréable ; « Thermopylae » bénéficie d’une intro très symphonique, ‘wagnérienne’, et quelques plages, telles « Ypres » ou « Cheruscan » sont enrichies de décorations vocales féminines. Toutefois, le groupe flamand reste un chantre du black metal solide et véritable. « Rubicon » ne faillit donc pas à la tradition solide de ce combo dont l’inspiration a ici été guidée par la célèbre traversée de ce fleuve (le Rubicon, donc) par Jules César, le 11 janvier de l'an 49 avant JC, en signe de défiance vis-à-vis du sénat romain.

Les fans d’Ancient Rites vont donc puiser ici largement de quoi satisfaire leurs besoins en black metal de qualité. Et ils pourront, aussi, profiter du passage du groupe sur scène au prochain Graspop festival…

 

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