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Après quelques concerts / projections improvisés en duo, au Caire et à Beyrouth, pour les rencontres d’Arles, le centre photographique de Lille ou la revue belge Halogénure, Dargent et Oberland s’associent aux francs-tireurs Elieh et Halal pour un manifeste…

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Hippo Campus sort la tête de l’eau…

Hippo Campus sortira son quatrième album « Flood », ce 20 septembre 2024. « Flood » constitue à la fois un disque et une renaissance. En effet, il a fallu cinq années au combo du Minnesota pour enregistrer 13 titres en seulement 10 jours à la frontière du…

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Charlotte Plaideau

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mardi, 17 juin 2008 03:00

Walk it off

Tapes’N Tapes était parvenu à extraire le pur plaisir du rock urgent mais toujours mélodique sur « The Loon ». Un condensé d’énergie tirée par des mélodies indélébiles, une impeccable batterie, la voix touchante de Josh Grier. Aisé, sans détour et résistant, pour un album qui ne s’effiloche pas d’écoute en écoute. Autant ne pas nier les attentes perchées à l’annonce de ce second album des Américains. « Walk it off » n’emprunte pourtant pas la formule de la jouissance immédiate. Le chemin est plus approximatif. Tortueux quand l’atmosphère lo-fi achemine des guitares trop saturées (« Ruse », « Headshock »), incongru quand le rythme ralentit pour s’éprendre d’une émotion presque romantique (« Conquest », « Say back something »). On n’est plus dans la course effrénée du ‘c’est à prendre où à laisser’ ; « Walk it off « prend des pauses, questionne, s’attarde sur des états d’âme, tâtonne, expérimente. Mais ce que l’album gagne en innovation, il le perd en détermination. « Blunt » grimpe en crescendo vers un psychédélisme aussi essayiste que douteux, tandis que les cinq derniers morceaux, largement dispensables, déforcent l’ensemble. Un simple E.P., concentrant le meilleur, aurait été salutaire pour rester sur l’efficacité et l’ardeur si conquérante du premier album. Mais sur sa longueur, « Walk it off » finit par perdre toute conviction. Reste l’imparable single « Hang them all », pour réminiscence du potentiel ensommeillé des Tapes’N Tapes.           

 

dimanche, 15 juin 2008 22:12

Une skateuse à l’opéra

Petit mètre 60, sweat capuche aux mille têtes de morts, coiffure surmodelée de diva, Shara Worden est l’incarnation du contraste. Tantôt maturité et naturel lui donnent l’aura d’une femme fatale, tantôt indécision et pudeur ravivent son air de moineau égaré. Les propos sont réservés, orientés, puis on saisit une accroche; un accordéon sur la pochette –non, je n’en joue pas ! C’est mon père !– et c’est l’occasion de tisser le fil de l’histoire familiale d’une sensibilité musicale ; les rêves de gamines, les vocalises à l’âge de 7 ans, la formation ‘classique’. Mais alors, les têtes de mort sur le sweat ? Là, les résistances tombent et la posture sage et posée s’effiloche aussi vite que jaillissent les réminiscences. Clins d’œil amusés et elle se raconte enfin ; une ambition d’opérette, une passion de skateuse puis une audition à la limite de l’échec car l’élève tardive –étourdie ou impertinente ?– entre en scène toujours munie de ses skates. Une sérieuse réprimande, un choix, un tournant décisif et, les skates au placard, c’est la musicienne qui triomphe. Tout sourire après ces incursions dans de doux-amers souvenirs et, enfin, Shara Worden rayonne autant que sa voix grave et troublante. Puis la vie reprend son cours. Jolie rencontre pour un joli album ; mille dents de requins et à peu près autant de frissons.

Certaines chansons du deuxième album ont été écrites avant la sortie du précédent, “Bring me the workhorse”. Pourquoi ne pas les avoir intégrées?

Je m’explique. Au début, j’ai voulu distinguer les chansons enregistrées en compagnie du ‘String quartet arrangement’, parce qu’elles semblaient mieux coller ensemble; mais au fil du temps, j’ai commencé à embrasser une nouvelle approche du répertoire et à le trouver plus proche, plus homogène. Là j’ai pensé, c’est vrai, que les chansons « Pluto’s moon » and « Goodbye forever » auraient pu très bien figurer sur le premier album ; par contre « Inside a boy », « The ice and the storm » et « From the top of the moon » sont des nouveaux morceaux. Je les ai composés l’année dernière et ils sont vraiment liés à ce nouveau cd.

Veux-tu dire que tu étais vraiment dans un autre état d’esprit ?

Oui, je crois. Simplement, parce que je ne pouvais pas aller aussi loin qu’avant. Tu vois, sur le premier, la plupart des chansons, je les ai écrites surtout pour moi, au calme. A cette époque, je me contentais d’un concert par mois ; donc elles n’étaient pas spécifiquement destinées à meubler un an de tournée. Par contre, lors du deuxième, j’ai été plus réaliste ; et je me suis dit qu’elles allaient sans doute me servir pendant une année. Alors, qu’est-ce que j’ai envie de jouer ! Mais tu vois, je ne souhaite pas me taper « The diamond » tous les soirs ! A la limite, je n’ai pas trop l’intention de l’interpréter en public. Parce que c’est trop lourd et techniquement extrêmement difficile à reproduire. Et puis ça exige une grande dépense d’énergie.

Et quand as-tu commencé à chanter ?

En fait, je n’ai jamais cessé. J’ai commencé quand j’étais toute petite.

Tu as accompagné Sufjan Stevens, tout un temps ?

Nous avons accompli une tournée au Japon ensemble. C’est un musicien extraordinaire. Ce périple m’a donné l’inspiration pour me lancer dans le projet My Brightest Diamond.

Tu imagines une collaboration avec lui ?

Aucune idée, vraiment ! C’est comme essayer de capturer un papillon ! Sufjan est constamment occupé de zigzaguer. Il est impossible de prévoir sa trajectoire !

Le titre de l’elpee, si j’ai bien compris, les « 1 000 dents de requins » se réfèrent aux mille petits rayons de soleil qui te piquent doucement lorsque tu interagis avec quelqu’un ; ça représenterait donc la distance idéale à garder face aux proches pour être touché sans trop s’exposer… enfin, si j’ai bien compris ?

(rires) Ah ! Maintenant tu comprends combien il est dur pour moi d’expliquer le titre de cet album aux journalistes ! Oui, c’est vraiment l’idée que j’essaie de faire passer ; mais elle demeure très abstraite. Dans toute relation, tu rencontres des dysfonctionnements. Quand tu débranches les connections malsaines, il faut les remplacer par des bonnes connections ; autrement dit, changer sa façon d’aimer. Et j’ai l’impression que la vie c’est ça ; les connections malsaines, c’est l’insécurité, tes propres peurs, tes habitudes, tes façons de te protéger dont tu n’es pas conscient ; alors tu fonces dedans, et c’est en te blessant que ça devient conscient ; là, tu te dis, la prochaine fois que je verrai l’obstacle, je ne foncerai plus dedans ; et donc c’est ça l’équilibre à rechercher, à travers les mille dents de requins.

Sur le morceau « Black’n costaud » figurent des phrases en français. As-tu eu l’occasion de l’apprendre?

Un peu, j’ai pris des cours. Je le comprends mais le parle mal. En fait, ces paroles se résument simplement à quelques phrases issues d’un opéra de Ravel ; la seule ligne que j’ai vraiment changée c’est ‘marmalad’moi’.

Aimerais-tu travailler en compagnie d’artistes francophones ?

Malheureusement, je n’en connais pas beaucoup. J’aime beaucoup les romantiques des années 90. Debussy surtout. C’est toute mon éducation musicale !

Est-ce un choix de se tourner essentiellement vers une formation classique ?

En vérité, je préfère ; car dans le style classique, tu vas plutôt composer ta musique en fonction de l’écriture, alors qu’en rock tu vas peut-être penser les paroles en fonction d’un rythme déjà établi. Personnellement, j’ai plutôt l’envie de conserver une liberté de choix dans l’écriture. Donc j’attache une valeur plus importante au songwriting. C’est la raison pour laquelle j’adopte le profil de type classique. Le rythme y est secondaire, alors qu’il est primordial dans le rock.

Y a-t-il des artistes que tu admires en compagnie desquels tu rêverais de tourner ?

Mais ça serait une véritable torture ! Je fondrais littéralement. J’avoue, ce serait clairement Nina Simone. Je l’aime énormément. Mais vraiment, je me décomposerais sur scène. Et puis j’aurais aimé voir Tom Waits, Peter Gabriel, Sonic Youth… Edith Piaf… Ils sont tous magnifiques.

L’accordéon sur la pochette… C’est bien toi, et pourtant tu n’en joues pas ?

Non, bien vu ! Je n’en joue pas. C’est mon père! Et c’est un symbole fort de ma famille, qui m’a baigné dans la musique. Et puis j’estime que l’accordéon est un pont entre la musique moderne et traditionnelle.

Et l’échelle sur la pochette ?

En fait, j’ai pompé l’idée chez un peintre allemand qui peint toujours des échelles ; c’est un symbole sur lequel il travaille beaucoup. Elle représente le pont entre la terre et le ciel. J’aimais bien cette idée.

« Bring me the workhorse » a été entièrement remixé dans un second album. Projettes-tu de recommencer une semblable expérience pour « A thousand shark’ teeth »?

C’est déjà prévu ! Il y aura plusieurs remixes, mais pas réunis sur un seul disque. Pour la circonstance, le concept impliquera trois artistes différents qui remixeront et produiront 3 EP’s.

Tu aimes aussi les sons électroniques alors, malgré ta formation de classique ?

J’aime tout !

Te sens-tu prêt à enregistrer un album électro ?

Pourquoi pas ! Maintenant, je ne suis pas une experte en matière de technique ; mais il est vrai que j’utilise les programmes informatiques pour enregistrer tout moi-même ; donc je pourrais apprendre vite ; je crois. Un jour, qui sait ! Et il est vrai qu’à une certaine époque j’écoutais un large spectre de styles musicaux. Même du punk ! Au collège, je sortais avec mes amis punks et j’étais skateuse. En réalité, j’ai un peu le vertige quand je regarde mon passé. Je me demande vraiment ‘mais qui suis-je au fond ?’ Et je crois que dans ma vie j’ai essayé de me chercher. A travers différentes façons d’être. J’étais une adolescente tourmentée à l’époque et le monde du skate me permettait un peu de sortir ma colère. Mais alors, le contraste, c’est que je me consacrais à l’opéra en même temps. Et j’ai même presque perdu un emploi à cause de mon comportement. Lors d’une audience, à la pause, avec trois collègues, on se rendait sur le parking où il y avait une rampe de skate. Et un jour, j’ai presque raté une épreuve, car j’étais occupée à faire du skate ! Par la suite, je n’ai plus travaillé au sein de cette boîte. Par mesure de prudence, ils voulaient me confisquer mes skates ! C’est vrai que mon attitude n’était pas très professionnelle ; j’ai presque raté mon entrée… J’étais tellement en retard que je suis arrivée sur scène chaussée de mes skates !

Pratiques-tu toujours du skate ?

Non… rires… Ca ne collait pas trop à l’opéra… J’ai fait mon choix !

Album : A thousand shark’s teeth; sortie le 17 juin 2008

 

jeudi, 05 juin 2008 03:00

En perte d’efficacité…

La Rotonde se remplit difficilement. Tokyo Police Club avait pourtant séduit par son premier EP, assurant admirablement la succession des Strokes de leurs débuts. « A lesson in crime », en condensé de guitares explosives mais mélodiques, annonçait un avenir radieux pour les quatre Canadiens.

D’observer la salle aussi aérée soulève quelque scepticisme ; et la première partie, The Moebius Band, est accueilli avec la plus grande réserve. Pourtant le trio new-yorkais déjanté fait tout son possible pour égayer l’atmosphère. Les compositions partent dans tous les sens, dégagées de tout conformisme, au risque de sacrifier la cohérence et la structure. Batterie, basse et guitare sont soutenues pas des machines, dans une formule électropop qui, malheureusement, ne couve plus beaucoup de mystères. La performance s’écoulera finalement sans heurts, comme sans véritable accroche malgré le bon esprit et la qualité de l’instrumentation. Il manque l’assaisonnement pour s’émoustiller. Pas de rappel ; les applaudissements s’éteignent rapidement et le ton hagard s’installe, qui ne quittera plus la soirée. Les Nuits du Botanique ont-elles épuisé tous les mélomanes ?

L’énergie de Tokyo Police Club fera à peine sourciller. Les guitares s’affolent toujours autant sur les premiers morceaux, tirés de leur dernier « Elephant Shell ». Mais l’urgence n’est plus fondue dans les mélodies croustillantes qu’on leur connaissait. Les visages s’animent surtout lors de l’interprétation de morceaux plus anciens, comme « Nature of the experiment » ou « If it works » ; mais davantage d’efforts sont nécessaires pour adhérer aux nouvelles créations. Seul le single "Your English Is Good" ranime spontanément l’effervescence du public. Pour le reste,  la formule, toujours aussi brute et en puissance, a malheureusement perdu en efficacité. Les rythmes s’effilochent, la mélodie est moins perceptible, le son moins franc, le tout moins échevelé. Pourtant, la mise à l’honneur du synthé ajoute une consistance bienvenue et on ne devrait que se réjouir de voir ainsi s’émietter la parenté avec les Strokes. Malheureusement, ce qu’« Elephant Shell » gagne en singularité, semble fondre dans une power pop encore en cheminement et sans grande conviction.

L’indécision du public signe l’absence de rappel. Légère déception pour ce (très) jeune quatuor sur qui la presse et le buzz avaient peut-être simplement misé trop d’attentes.

Organisation Botanique

mardi, 13 mai 2008 03:00

Promise lands

On la cherchera sans la trouver, cette ligne mélodique, cette énergie, cette surprise. « Promise lands », loin de tenir ses promesses, se confond en excuses. Désolé pour ce pop-rock indécis, ce ton monocorde et mièvre, cette voix étouffée et malheureuse, cet inlassable rythme propice au torticolis. Tout au plus y trouvera-t-on la bande son d’un Beverly Hills axé sur les amours déchus de Brandon ou Brenda. Outre réservé à cette singulière destinée, on cherche désespérément une saillie sur cette roche lisse et uniformément grise. C’est la chute libre. Interruption parachute pour « Dead sea », où la mer morte capture une épaisseur de nostalgie, captive presque, en s’élevant sur un ton post rock dont s’accommodent bien mieux les guitares lancinantes de Lowgold. Un court instant, l’album ouvre une brèche et fait miroiter ; voilà comment il pourrait évoluer s’il s’engouffrait tête baissée au cœur de cette formule post-rock doublée d’un tempérament plus téméraire. Malheureusement, trois minutes s’écoulent et le mirage s’estompe devant l’insipide. L’absence de repères mélodiques reprend le dessus sans s’en inquiéter outre mesure. La terre promise façon Lowgold est décidément une bien morne plaine.

 

De l’émotion au bruit, il n’y a qu’un pas. A égale distance des deux, il y a Xiu Xiu, qui frôle inlassablement le trop plaintif et le trop bruyant, sans pourtant jamais franchir le point de non retour. Étrange expérience sonore que cette pop déstructurée acheminant sans transition une triste mélancolie en explosions noise et new wave. Et dans cette atmosphère successivement légère puis plombée, prévisible puis tâtonnante, on ne sait pas toujours sur quel pied danser. La froideur inébranlable des musiciens (pas un regard, pas un mot) ne nous donne pas plus d’indication. La voie salutaire, pour les quatre Anglais, réside alors dans leurs percussions franches et directives (une batterie tantôt classique, tantôt électronique). Car tant que l’énergie et la rythmique parviennent à ne pas s’égarer dans ces méandres emocore douteux, l’ensemble reste aussi surprenant qu’envoûtant.

Retour à un univers plus homogène et moins torturé : celui de Why. Cette fois, le déluge n’est pas sonore mais bavard. Un flot zélé de tirades rappeuses, accompagné de guitare bien lunée, de batterie allégée et de tambourin; on est bien loin de l’abstract hip-hop de Clouddead (l’autre projet du chanteur) ; ça tangue, ça scande, surtout sur les morceaux d’Alopecia, leur troisième album ; on se laisse rapidement gagner par l’alliage fluide de hip-hop et électro qui, sous couvert d’une nonchalante légèreté, est loin d’être superficiel.

Dans la BD Buffalo Bill, Archie Bronson Outfit n’est autre qu’un gang de brutes du Far West. Ça donne le ton. Repérés dans un pub à Londres par leur label Domino, ça donne  l’ampleur. Quatre barbus, deux saxophones, un batteur fou furieux. Le bruit déferle. Brut et brutal. Des voix s’élèvent dans la salle ‘le son est pourri !’ ; c’est, sans conteste, le grand regret de ce concert, même si on pouvait se douter qu’un son frisant déjà le saturé, en studio, s’accommoderait mal du chapiteau monté pour l’occasion. Dommage pour l’inlassable crépitement en bruit de fond. On l’oublie parfois, quand l’urgence dévastatrice des deux grattes prend le dessus. On l’exècre souvent, quand il devient responsable d’un piètre confort d’écoute. En l’occurrence, lorsqu’une guitare se noie dans l’autre et vice versa ou quand la voix, pourtant si singulière de Sam Windett, se décolore. Au final, on ne peut que voter l’indulgence puisque le cœur y est autant que le bruit. « Dart for my sweetheart » est toujours aussi puissant et démantèle les dernières résistances. C’est crade mais efficace et sans répit. L’effet est dévastateur et la tornade laisse nos esprits bourdonnants et embrumés. A refaire, vite, dans un contexte sonore plus digeste.

Après le son uniformément saturé des Archie Bronson Outfit, la voix féminine de Black Mountain frise l’apparition maritale. Le contraste est tel que ce premier morceau s’élève dans la fascination. Un instant on croirait entendre Alison Goldfrapp ; le nouvel album (« In the future ») semble emprunter des chemins inattendus où l’électronique prend parfois le dessus sur l’électrique. Étrange surprise pour ceux qui, de coutume, ressuscitent si bien l’univers des Led Zep. Dès le second morceau, on retrouve avec bonheur la tessiture tremblante de Stephen Mc Bean (rappelant sérieusement Eddie Vedder) ; le Canadien est toujours aussi échevelé, toujours aussi sobre et en retrait. Coincé en dehors des faisceaux de lumière, son chant n’a rien perdu en émotion et en gravité. Enchaînant alors quelques morceaux au blues-rock psychédélique, on replonge instantanément dans la fusion ingénieuse du premier album. Les guitares saturées y côtoient sans complexes les plages d’orgue épurées, pour un univers décalé, irrésistiblement 70’s. Un seul regret : on aurait donné beaucoup pour un morceau de ses projets parallèles Lightning Dust et Pink Mountain Tops (surtout la terrible reprise d’« Atmosphere » des Joy Division). Mais on conçoit parfaitement que Black Mountain, à lui seul, valait déjà largement le détour.

Xiu Xiu + Why + Archie Bronson Outfit + Black Mountain

Organisation Botanique

 

mardi, 06 mai 2008 21:48

Glorytellers

Glorytellers conte de jolies histoires posées sur des arpèges passionnés et des mélodies délicates. Une évolution surprenante pour qui s’est consacré pendant douze ans à fusionner le jazz et le post-rock. A des foulées de ses projets précédents (Karaté et Secrets), Geoff Farina délaisse ici les sons saturés pour une orchestration réduite à sa plus délicate expression. Sans regrets, puisque les ballades sont enchaînées sans heurts, comme peut le faire un écoulement de jours et de semaines au toucher peau de pêche. De l’une à l’autre, le sourire ne s’effiloche pas ; on frissonne de cette pop-folk acoustique et épurée, puisant tantôt chez Nick Drake, tantôt chez Belle et Sébastien. Parfois, le morceau est acheminé aux confins de l’improvisation type free jazz, rappelant le passé du songwriter. Mais le plus souvent, la sécurité l’emporte sur la surprise. S’en plaindront peut-être les zappeurs consommateurs qui voudraient voir exploser la dentelle par pure volonté d’expérimentation ou d’imprévisible. Pour les autres, Glorytellers séduit, non par la surprise ou le cataclysme mais par la chaleur d’une voix de velours et d’une guitare frissonnante d’émotion. L’album est soutenu par quelques envolées solos déchirantes de beauté ; des interludes qui sonnent comme autant d’actes de dévotion, tant l’instrument est mis à l’honneur par la virtuosité du musicien. En filigrane, ce premier album de Glorytellers déroule doucement le fil de la vie à travers ses petits plaisirs et ses mélancolies; mais toujours la nonchalance achève de dédramatiser, la guitare gracieuse, d’enivrer. Aucun reproche à cette narration toute en courbes, si ce n’est que sa douce simplicité ne s’apprivoise pas avec autant d’aisance au quotidien.

 

mardi, 29 avril 2008 20:38

Good Arrows

Tunng est un collectif à géométrie variable qui ravive le fantasme de la pure création musicale où chacun laisse libre cours à son inspiration ; et ce « Good Arrows » évolue au gré d’un ‘on-ne-sait quoi’ pourtant terriblement harmonieux. La ligne mélodique se trouve, se perd. Une voix féminine disparaît puis refait surface. Un cuivre surgit et s’évanouit aussitôt. La mélodie revient de nulle part avant de s’éclipser, à nouveau, dans un silence plus ou moins long…

Aucun morceau ne cherche à dissimuler son humeur versatile tout en restant profondément bienveillant. Et si la réalité de la production a certainement été bien plus règlementée, le génie de Tunng est d’avoir rendu cet ajustement si fluide et nonchalant qu’on se laisse porter par la surprise, dupe et à la merci de cet enchaînement de style toujours renouvelé. Un imaginaire kaléidoscopique où les sensibilités s’épanchent à travers autant de vocalises délicatement juxtaposées. Ainsi ébauché, l’ensemble se teinte d’une émotion sise à mi-chemin entre le folk et l’électronica. Les guitares acoustiques côtoient les manipulations numériques, un xylophone mélodieux est rompu et promptement acheminé en sons synthétiques saturés type Earlies, des handclaps à la Wolf Parade s’inclinent devant des bruits de verre brisé et autres sonorités improvisées qui maintiennent toujours en haleine et éveillent à souhait les imaginations débordantes. De quoi s’agit-il cette fois ? D’épingles dans un pot de confiture ? De flûte de pan à distorsion ? En tout cas, un carillon, une sirène, des rires surgis de nulle part. Mais toujours, ces incursions sont livrées à point, de sorte que l’incongru se fond dans la chaleur des voix et des instrumentations.

Une petite merveille en forme de boîte de Pandore. Jamais chaos n’avait été aussi accueillant. Comment ne pas se laisser séduire lorsque l’imprévisible s’éprend de douceur?

 

mercredi, 23 avril 2008 23:54

I was a swallow

« I was a swallow », le  4ème full album du couple de Chicago, s’ébauche sur un premier morceau mitigé, où la voix de Christa Meyer -sur le fil du rasoir- n’augure pas l’enchantement ; puis petit à petit, cette voix prend mystérieusement de l’assurance pour rejoindre le timbre grave et profond de Joan Baez. Un piano en mode mineur, un clin d’œil cabaret, des mélodies épurées, et l’album prend soudainement des ailes. On commence à se complaire dans cette atmosphère feutrée, à la fois sombre et glamour sans être surjouée. Des touches de sensualité mêlées de décadence qui évoquent l’univers des Dresden Dolls ; une pesanteur qui s’attarde volontiers sur chaque instant avant de céder à des airs tango plus légers. Puerto Muerto, délaissant les tentatives punk-folk incertaines de ses précédents albums, entrouvre un style intimiste et doucement hanté. Esthétique et imagé, on peut fermer les yeux et voir la fumée bleutée, le maquillage sensuel de la diva, les regards embrumés et captivés ; résolument nocturne, « I was a swallow » captive par la justesse d’interprétation de cet univers doux-amer.

 

mardi, 15 avril 2008 22:02

Seventh tree

Alléluia. La quiétude est de retour. Par cette atmosphère douce et éthérée, Alison Goldfrapp et Will Gregory retournent vers les débuts glorieux de « Felt Mountain ». Leur  nouvel album signe une tendance au folk envoûtant et psychédélique, à des années lumière des formes électroclash glamour de « Black Cherry » et des beats dancefloor de « Supernature ». Ces deux albums qui avaient laissé perplexes et séparé définitivement les amateurs de Goldfrapp entre un avant et un après irréductibles, sont ici balayés d’une voix adoucie et d’une instrumentation épurée. La gravité de Cat Power sans la dramatisation, l’harmonie des vocalises de Meg Baird sans la lente récurrence. Frissonnant et intense, parfois hanté, « Seventh tree » se peuple d’envolées cinématiques d’inspiration Ennio Morricone (« Clowns »), d’apogées trip-hop puisée dans les meilleurs moments de Massive Attack (« Little Bird »), voire de pop souriante presque candide (« Happiness » et « Caravan girl »). Un joli assemblage de perles aux humeurs dégradées, successivement éclaircies puis assombries. « Eat yourself », onirique et apaisé, fait tomber toutes les résistances. Non, la créativité de Goldfrapp ne naît pas seulement d’une émotion torturée ou d’un beat radiophonique irrésistible. « Seventh tree » fait la part belle à la simplicité de vocalises doucereuses couchées sur un lit mélodique haut perché, sans perdre le glamour peut-être désormais l’unique invariant de la discographie de Goldfrapp.

mardi, 08 avril 2008 20:56

Grand National

« Grand National », dans la lignée des précédents albums, respire toujours le soleil et la mer australs. La voix de Jon Butler est chaleureuse, les arrangements folks et allégés, le ton souriant. L’album ne s’effiloche pas dans la dentelle ni dans de superflues sinuosités. Il s’inscrit sans ciller dans les chemins défrichés par Ben Harper et Jack Jonson, surtout dans son très pop « Better than », single et titre d’ouverture de « Grand National ». Mais comment lui reprocher de n’avoir choisi cachet plus irréductible, lorsque la formule se révèle fraîche et radieuse ? Les mélodies évoluent avec aisance et nonchalance, acheminant l’enivrement tout au long du reggae chaloupé de « Good excuse », les riffs blues de « Daniella », les guitares slide de « Funky tonight » et le groove irrésistible de « Used to get high ». On ne peut que se laisser gagner par l’addiction d’un message battant la mesure avec autant de franchise. Dommage pour le rock suranné de « Devil Running » et « Fire in the sky », ainsi que les ballades dispensables « Caroline », « Losing you » et « Nowhere man ». Pour le reste, Grand National installe un décor funky que ne refusera aucun matin ensoleillé.

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