Si le grand classique « Anyone Can Play Guitar » de Radiohead devait atterrir dans les bacs aujourd’hui, ses géniteurs l’auraient probablement intitulé « Anyone Can Play Electro ». Imaginez vos deux petits frangins, cloîtrés dans leur chambre, la bouche collée à un micro cheap et les doigts scotchés sur un synthé arraché aux puces deux heures plus tôt pour 5 euros 95 seulement. Un prix défiant toute concurrence s’expliquant par l’étrange absence de certaines touches. Mais les deux garnements n’en ont rien à foutre, ils s’amusent comme des bêtes à composer les morceaux les plus débiles que l’humanité ait eu à endurer. Dans le salon, votre petite famille s’impatiente. ‘C’est quoi ce bordel ?’, hurle maman. ‘Ils commencent à faire chier, ces deux petits cons !’, s’époumone papa. ‘Je vais leur couper les bras et leur faire bouffer leur synthé de merde’, s’énerve la grande sœur. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que le duo infernal décide d’inviter ses potes pour faire encore plus de bruit. Ayant de la suite dans les idées, les trublions décident de graver sur disque leurs morceaux ‘self-made’ préférés, pour la postérité et le grand bonheur de leurs proches. Afin de s’y retrouver dans leur ouvrage dantesque, ils auront même pensé à classer les 29 créations originales et collaborations par ordre alphabétique ainsi que de subtilement intituler l’ensemble « Alphabetically Arranged ».
Quelques semaines plus tard, en se promenant sur la toile, maman, papa et grande sœur tombent sur quelques morceaux electros leur semblant étrangement familiers mais dont l’origine leur paraît un peu floue. Et malgré eux, parents et enfant se mettent à taper du pied, à balancer la tête et à sautiller dans tous les sens, faisant dangereusement valser tous les meubles du salon. Le tout, sous l’œil amusé des deux garnements, tapis dans l’obscurité et se régalant à l’avance de la manière dont ils nargueront sournoisement le trio qui, jusque à cet instant, voulait impérativement les réduire au silence.