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Hippo Campus sort la tête de l’eau…

Hippo Campus sortira son quatrième album « Flood », ce 20 septembre 2024. « Flood » constitue à la fois un disque et une renaissance. En effet, il a fallu cinq années au combo du Minnesota pour enregistrer 13 titres en seulement 10 jours à la frontière du…

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Sebastien Leclercq

Sebastien Leclercq

mercredi, 01 juillet 2015 01:00

Open’er Festival 2015 : mercredi 1er juillet

Malgré une longue journée de voyage passée dans le bus, le train, l’avion puis encore le train et le bus, mon enthousiasme n’a jamais faibli à l’idée de pousser les portes de ce festival. Et même si l’affiche de ce jour est (trop) largement chargée de hip-hop (Asap Rocky, Drake), à mon goût. Car au bout de ce chemin de croix se dessine un large site vert, en bordure de mer baltique et d’un aérodrome. Idéal pour apprécier les concerts en toute quiétude.

La soirée de votre serviteur commence par Modest Mouse. Après des débuts prolifiques, le rythme de croisière du combo s’est fortement ralenti. L’avant-dernier elpee « We Were Dead Before the Ship Even Sank », avait ainsi été repoussé à 2007. Il avait cependant permis la collaboration de Johnny Marr, mais également de Heath Ledger, peu de temps avant sa mort, pour réaliser un clip vidéo. Après l’annulation d’une tournée européenne (NDR : la formation se produit rarement sur le Vieux Continent, privilégiant les States), il a fallu attendre sept longues années avant que le combo ne grave un nouvel LP. Il s’intitule « Strangers to Ourselves », et est paru il y a quelques mois. De quoi être curieux de voir ce qu’Isaac Brock et sa bande sont encore capables de produire sur les planches. Un backing group réunissant huit musicos. Lorsque les 3 grattes s’impliquent, le ton est alors naturellement et résolument électrique. Mais l’expression sonore est également susceptible de se ressourcer aux cuivres, au banjo ou au violon. La voix très caractéristique d’Isaac me rappelle tour à tour David Byrne, Alec Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah) ou encore Tim Beeler Darcy (Ought). Malheureusement, elle est quelque peu étouffée par le son médiocre dont souffre la grande scène. Et c’est bien dommage. En fin de parcours, « Float on » s’étend sur la plaine. Un tube parfois volontairement ignoré dans la set list par Modest Mouse. Car Isaac Brock a un sacré tempérament. Pas toujours très facile. Mais ce soir il est de bon poil et communique avec les premiers rangs (NDR : même s’il avoue ne pas bien les entendre). Et en rappel, le très dansant « The view » et le remuant « A different city » clôturent une prestation qui a tenu la route. En espérant un retour au premier plan pour ce combo yankee…
Set List : Bury Me With It / Tiny Cities Made of Ashes / Lampshades On Fire / Dashboard / Doin' the Cockroach / The Tortoise and the Tourist / This Devil's Workday / King Rat / The Ground Walks, With Time in a Box / Dramamine / Float On / Sugar Boats / The World at Large / Rappel : Coyotes / The View / A Different City

Un coucher de soleil d’un côté et la pleine lune de l’autre attendent le spectacle de Chet Faker. Sous la Tent stage, le son est excellent. Véritable showman, l’Australien va facilement parvenir à conquérir les yeux, les oreilles et surtout les cœurs des jolies Polonaises. Elles se sont agglutinées sous ce chapiteau. Par conséquent, il affiche complet, et c’est à l’extérieur et à une bonne centaine de mètres de l’estrade, qu’il faut suivre le set. Souvent seul au clavier, Chet Faker cumule les ballades et multiplie les pauses de dandy. Le drummer et le gratteur ne l’accompagnent qu’épisodiquement. Un peu trop fade à mon goût. Il est donc préférable d’aller voir ailleurs…

Il y a nettement moins de monde devant l’Alter stage pour accueillir Two Gallants. Un public plus mature qui agite la tête tout au long de « Reflections of the Marionette », dont le crescendo est toujours aussi décapant. Adam Stephensen à la guitare et Tyson Vogel (NDR : toujours aussi chevelu) sortent tout ce qu’ils ont dans le ventre. Manifestement, le duo a encore la pêche. Et va notamment le démontrer sur « Steady rollin’ » et « Halcyon days ».

Au loin, on entend quelques notes ‘soul’. Il est temps d’aller à la rencontre d’Alabama Shakes. Comme son patronyme le trahit, le band est originaire d’Athens, dans l'Etat du sud-est des Etats-Unis. Il s’était illustré par la confection de B.O. pour plusieurs longs-métrages dont ‘Dallas Buyers Club’ et ‘12 Years a Slave’. « Boys and Girls » était paru en 2012. Et son nouvel opus, « Sound and Color », en avril dernier. Britanny Howard a du coffre. Au propre comme au figuré. Sa voix impressionne et balise une musique qui oscille du jazz au folk, en passant par le rock et le blues, une expression sonore qui me fait parfois penser aux Black Keys. On a envie de taper du pied. Mais la fatigue accumulée commence à gagner votre serviteur qui n’a plus qu’une seule envie, regagner ses pénates…

(Organisation Open’er)

Depuis 4 ans, le célèbre festival barcelonais Primavera s’est doté d’une succursale à Porto. Et même si l’affiche est un peu moins riche que chez son rival historique, l’édition lusitanienne a plus d’un charme. A commencer par un accès facile à la ville, de nombreux vols charters, des transports en commun à profusion, et toujours une personne âgée prête à vous renseigner poliment.
Autre point fort : la configuration du site, au milieu d’un parc verdoyant, en bordure de mer. Et les terrains sont en pente. Ce qui permet de voir les concerts à distance.
En ce dernier jour du festival, le soleil radieux est (enfin) de la partie. Ce qui me pousse à me rendre à la plage, pour y entendre, d’un côté le bruit des vagues, et de l’autre, mais de loin, le soundcheck de Baxter Dury…

Au bout de quelques heures de farniente, je décide quand même d’assister à la fin du set de Baxter Dury. En fait, je l’avais déjà vu dans le cadre des PiaS Nites, pour un concert fort semblable. Et puis, mon retour sur le site est dicté par la présence de Thurston Moore qui joue dans le même timing, sur une plus petite scène (ATP). A une certaine époque, l’ex-leader de Sonic Youth affichait une attitude de shoegazer (NDR : pour les néophytes, il s’agit de musicos qui ont constamment les yeux rivés sur leurs chaussures ou leurs pédales de distorsion ; et par conséquent ils négligent de communiquer avec le public). A sein de son nouveau combo, il déborde d’énergie et de rage sur les planches. Ce qui fait plaisir à voir et à entendre. D’autant plus que son dernier opus, « The best day », figurait au sein de la plupart des tops 20 des collaborateurs de Musiczine, pour l’année 2014. Le set commence par le titre d’ouverture de l’elpee, « Speak to the Wild », un morceau tout simplement épatant (NDR : pour reprendre un terme cher à Marc Ysaye). Et les riffs de gratte illuminent « Detonation », alors que le soleil brille de mille feux. La foule commence enfin à s’emballer. En finale, « Ono soul » est une compo qu’on pourrait qualifier tout simplement de chef d’œuvre (NDR : Marc Ysaye, sors de mon corps !)

Au cours des dernières années, les grands festivals programment des vétérans à leur affiche. De manière à attirer des quadras voire des quinquagénaires. Einstürzende Neubauten a ainsi été invité. Et votre serviteur ne va pas s’en plaindre, lui qui se presse à l’Ancienne Belgique, tous les 5 ans, pour fêter leur anniversaire. Et bonne nouvelle, ce soir ils proposent une forme de ‘best of’ plutôt que de se focaliser sur « Lament », un concert que Musiczine avait d’ailleurs relaté (voir ici). Le band entame les hostilités par « The garden », un titre paru il y a près de 20 ans et qui figure sur l’LP « Ende Neu ». En ‘live’, il s’achève par des cris proférés par Blixa Bargeld. Un Blixa qui semble calme et serein (c’est déjà un bon signe). Le décor est planté. Tout au long de « Haus der Lüge » le multi-percussionniste N.U. Unruh se lance dans ses expérimentations industrielles. Et « Sabrina » de clore le spectacle tout en douceur ; moment choisi pour foncer vers le podium principal, Palco NOS.

Où se produit Damien Rice. L’Irlandais impressionne. Et pourtant, il est seul armé uniquement de sa guitare. Il domine parfaitement son sujet. Tant l’espace scénique que la plaine ! Le public est captivé par les longues ballades, qui servent régulièrement de bande originale pour films ou documentaires, comme « 9 crimes ». Et visionnaire, son titre de clôture, « The Blower’s daughter », est beau à pleurer, nous entraînant au cœur de contrées imaginaires. Le concert le plus émouvant de ce festival.

Ride, ce sont encore des ‘vieux de la vieille’. Après My Bloody Valentine et Slowdive, c’est au groupe d’Oxford qui a marqué le début des 90’s d’opérer son come-back en grande pompe. La prestation démarre en force par son hit « Leave Them All Behind », mais au fil du temps elle va perdre en intensité. Pour adopter un style épousé davantage au cours de la seconde moitiés des nineties. Le rôle d’Andy Bell (NDR : oui, oui, celui qui a milité au sein du dernier line up d’Oasis) y est alors prépondérant. En prenant le pouls de quelques inconditionnels, on apprend que le set accordé au Paradiso d’Amsterdam, quelques jours plus tôt, était bien plus percutant… 

Après la ‘déconnade’ de Mac Demarco, place à celle de Dan Deacon (NDR : pas difficile, vu son nom !), le natif de Baltimore. Il maîtrise à la perfection une electro bordélique, déjantée, bidouillée et balayée de cafouillages vocaux. « Sheathed Wings » en est l’illustration parfaite.

Toutefois je ne m’attarde pas trop longtemps dans cette atmosphère délirante, car il serait dommage de manquer le show d’une autre découverte de ce festival, Ought. Fin 2014, le quatuor s’était illustré à l’Ancienne Belgique de Bruxelles, lors d’un double concert partagé avec Vietcong (NDR : band qui se produisait d’ailleurs ici la veille). Sur la petite scène ATP, dont la programmation a définitivement surclassé toutes les autres ce samedi, le combo américain établi à Montréal va démontrer toute l’étendue de son talent. Une étoile filante au milieu de la nuit signée paradoxalement chez Constellation Record (NDR : label de référence fondé par Godspeed You! Black Emperor). Le titre de son elpee, « Ought : More Than Any Other Day », est tout à fait judicieux. Le ton et l’attitude résolument post-punk. Suffit de regarder le physique et d’écouter la voix du leader Tim Beeler, sorte de Mark E. Smith rajeuni, bien sûr. Mais tant le rythme que les grattes sont plus tranchantes, lorgnant davantage vers Fugazi voire Haymarket Riot. Tout en saupoudrant le tout d’une touche de pop contemporaine, à l’instar de Cage the Elephant. Un groupe à revoir le plus tôt possible et surtout à suivre de très près. Il est 3 heures du mat’, et l’heure du bilan de ce festival a sonné.

Et premier constat, la programmation était intéressante. 49 groupes ou artistes ont attiré 77 000 spectateurs sur trois jours. Ce qui demeure raisonnable par rapport aux autres grands festivals.

Et comme la comparaison avec le Primavera de Porto est inévitable, quels sont les plus et les moins par rapport au grand frère ?

Les plus : un prix plus démocratique, un site vert et en pente, une plus courte distance entre les scènes, des stands de nourriture variés.

Les moins : l’affiche moins dense (surtout le premier soir) et un public plutôt réservé ; ce qui a cependant permis d’écouter les concerts dans de bonnes conditions...

 

Depuis 4 ans, le célèbre festival barcelonais Primavera s’est doté d’une succursale à Porto. Et même si l’affiche est un peu moins riche que chez son rival historique, l’édition lusitanienne a plus d’un charme. A commencer par un accès facile à la ville, de nombreux vols charters, des transports en commun à profusion, et toujours une personne âgée prête à vous renseigner poliment.
Autre point fort : la configuration du site, au milieu d’un parc verdoyant, en bordure de mer. Et les terrains sont en pente. Ce qui permet de voir les concerts à distance.
Pour ce deuxième jour du festival, les 4 scènes sont ouvertes, et le nombre d’artistes à s’y produire est bien plus conséquent. Dès lors, les choix cornéliens se multiplient.

Et le premier intervient entre la poétesse Patti Smith –qui a décidé de se concentrer sur son elpee « Horses », après avoir exécuté un ‘spoken word’ la veille– et les jeunes loups de Viet Cong. Et c’est finalement pour ces derniers que j’opte. Auteur d’un premier album éponyme flamboyant, le band canadien (NDR : non, non, ce combo n’est pas originaire d’Asie du Sud) avait déjà opéré un passage remarqué au Botanique et à l’AB Club. Et cet après-midi, il va confirmer tout le bien qu’on pensait de lui. Entre post-punk exaltant et noisy décapante, son expression sonore aurait pu naître d’une rencontre hypothétique entre Fugazi et IlikeTrains. Dommage que la foule soit si peu réceptive ; mais on doit s’y faire, le mélomane portugais n’a pas le même tempérament que l’espagnol. Ce qui permet néanmoins de profiter des spectacles dans d’excellentes conditions, et tout particulièrement d’écouter la musique sans qu’elle soit parasitée par des excités bruyants.

Quoique approchant les 60 balais (NDR : la naissance de la formation remonte au début des 70’s), les Replacements ont conservé un fameux potentiel énergétique. Comparable à celui de Viet Cong. Et le début de set confirme ces aptitudes, le combo balançant un punk yankee réminiscent des Ramones voire de Misfits. Comme s’il cherchait à nous en mettre plein la vue et les oreilles. Mais en milieu de parcours, l’enthousiasme retombe, un essoufflement qui se traduit par l’interprétation de ballades davantage folk, mais sans grand intérêt…

De quoi aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, et tout particulièrement chez Sun Kil Moon, responsable d’un superbe elpee, l’an dernier (NDR : intitulé « Benji », il figurait dans le Top 20 de votre serviteur). Et si sur disque, certains morceaux peuvent s’avérer déprimants voire soporifiques, sur les planches, la musique gagne en intensité et prend une autre dimension. Soutenu par deux drummers, installés en arrière-plan, Mark Kozelek démontre tout son talent. Excellent chanteur/compositeur, l’ex-Red House Painters est vraiment à l’aise au bord de l’estrade. Il se prend même parfois pour un crooner qui veut épater la galerie. Et il parvient à atteindre son but, car la foule applaudit chaleureusement le show. Aussi quand la formation termine son set par « This Is My First Day and I'm Indian and I Work at a Gas Station », quelques minutes plus tard la tente Pitchfork réverbère encore les sonorités de ce superbe titre…   

Nonobstant sa ligne de conduite indie, dont il ne s’est jamais écarté, Belle & Sebastian se produit devant un nombreux public. Sa pop sucrée/salée est subtilement teintée de folk. Les aficionados balancent les bras de gauche à droite ou claquent des doigts. Titres maîtres de leurs albums respectifs, les deux derniers morceaux, « The Boy with the Arab Strap » et « Sleep the Clock Around », caractérisé par son crescendo, incitent les jeunes filles à danser, au milieu de la foule.

Pour l’avoir croisé dans la journée lors d’une conférence de presse, je peux témoigner qu’Antony Hegarty, le frontmen des Johnsons, possède vraiment une voix et un physique particuliers. Il y a même un sacré paradoxe entre son gabarit impressionnant et son timbre frêle, androgyne. Un peu comme si les cordes vocales de Lou Reed, Bjork et Nina Simone étaient entrées au cœur d’une improbable fusion. Soutenu par un orchestre de haut vol, les compos oscillent entre la soul, le jazz et même parfois l’opéra, s’autorisant même l’un ou l’autre accès dans le psychédélisme. Il règne un calme religieux sur la plaine. Une partie du public s’allonge même sur la pelouse. La prestation est théâtrale (même si le leader –vêtu d’une robe– reste immobile devant son micro). De quoi achever la soirée en douceur, la tête dans les étoiles…

jeudi, 11 juin 2015 01:00

Ice-T in the Holland house …

Comme Body Count n’avait prévu aucune salle belge pour sa nouvelle tournée, les aficionados du plat pays ont dû traverser la frontière Nord (Eindhoven, Pays-Bas) ce jeudi, ou Sud, le vendredi (à Esch-sur-Alzette, au Grand-duché de Luxembourg), pour assister à son spectacle.
Finalement votre serviteur opte pour Eindhoven, mieux connu pour le stade de football du PSV, mais également pour son immense complexe Philips, véritable rempart de la cité. Après une petite visite touristique et la dégustation d’un plat au fromage sous le soleil, direction la salle Eiffenaar. Pas difficile à trouver ; suffit de suivre la marrée humaine, chevelue, tatouée ou/et motorisée qui partage la même destination… 
Un endroit à la configuration plutôt surprenante. En fait l’espace réservé aux concerts n’est qu’une partie de ce grand bâtiment, situé à deux pas de la gare. Différentes structures y coexistent, dont une discothèque. Il faut donc emprunter des escaliers plutôt raides, dans le style de l’Aéronef de Lille, avant de débarquer dans une pièce peuplée de gros bras, rendant les déplacements, notamment pour se rendre aux différents bars, assez difficiles. Faut dire que vu l’engouement suscité par ce spectacle, les 1 500 tickets se sont écoulés en quelques jours.

Powerstroke assure le supporting act. Une piètre caricature du band métal/hardcore yankee. Le combo pousse même le vice à s’exprimer dans un anglais américanisé, entre les titres, alors qu’il est belge, issu du Nord du pays même. Etonnant, il a déjà assuré la première partie pour Suicidal Tendencies et même réussi à figurer au line up du Graspop…

Après cette pénible ouverture, et malgré un peu de retard, Body Count s’apprête à monter sur le podium. Et le public de se réveiller d’un bloc. Les premiers musiciens débarquent masqués (ou la tête enserrée par un bandana), suivis par deux choristes. Les accords de « Body Count’s in the house » viennent à peine de retentir qu’Ice-T déboule le bras tendu, sur l’estrade. Ce qui déclenche déjà les premiers pogos. « Masters of Revenge », « Bowels of the Devil » et « Manslaughter » (NDR : le tire maître d’un elpee paru en 2014) s’enchaînent, tambour battant. Guère avare de communication entre les titres, Ice-T demande notamment aux filles de se mélanger un peu plus aux trop nombreux mecs agglutinés aux premiers rangs. Il nous présente aussi l’un des deux choristes, qui n’est autre que son fils. Et qui l’accompagnera au chant sur le très controversé « Cop killer ». Sa famille est également sur place ; notamment Coco Austin son épouse, plantureuse et star de télé-réalité. Elle se trémousse sur le côté de la scène. Ernie C. (NDR : c’est le dernier membre du backing group originel ; les trois autres sont décédés dans des conditions particulières, la plus spectaculaire frappant le bassiste Mooseman, tué lors d’une fusillade à Los Angeles) impressionne tant par son physique qu’à la gratte. Et tout particulièrement tout au long de « Talk shit, get shot ».

Lors du rappel Ice-T se fend d’un discours contre le racisme. Curieusement, l’auditoire accueille tièdement ses propos. Y aurait-t-il d’anciens disciples de Pim Fortuyn dans la salle ? Heureusement, les premiers rangs s’agitent à nouveau sur le tube « Born Dead », puis de la cover de Biohazard, « Institutionalized ». « Momma's Gotta Die Tonight » clôt le set en douceur, et les paroles ‘My mother taught me good things, taught me bad things’ transforment un gros dur en leader au cœur tendre. Si tendre, qu’il prend la peine de serrer des tas de mains, par poignées, avant de saluer longuement la foule. Il est vrai que cette tournée, il ne l’a pas organisée pour se faire du blé ; lui qui empoche de gros cachets en tournant dans la série TV à succès, ‘New-York unité spéciale’. Bref, un retour réussi pour le natif du New Jersey et sa troupe…

(Organisation : Eeffenaar)

 

 

 

Depuis 4 ans, le célèbre festival barcelonais Primavera s’est doté d’une succursale à Porto. Et même si l’affiche est un peu moins riche que chez son rival historique, l’édition lusitanienne a plus d’un charme. A commencer par un accès facile à la ville, de nombreux vols charters, des transports en commun à profusion, et toujours une personne âgée prête à vous renseigner poliment.
Autre point fort : la configuration du site, au milieu d’un parc verdoyant, en bordure de mer. Et les terrains sont en pente. Ce qui permet de voir les concerts à distance. Ce jeudi, il fait un peu frisquet, et l’ambiance est plutôt calme. Deux scènes sur les quatre sont d’ailleurs fermées.

Ce qui ne va pas empêcher l’auditoire de prendre sa première grosse claque du festival. Grâce à Mac Demarco. Son attitude totalement déjantée évoque instantanément Pavement voire les plus contemporains DIIV. Le Canadien (NDR : il est trahi par son accent) est multi-instrumentiste ; et puis il va enchaîner les variations de thèmes, passant d’un rock/garage couillu à de la franche ‘déconnade’, au cours dernier quart d’heure. Quart d’heure pendant lequel il va même s’autoriser un flirt avec une ‘variétoche’ à la Mike Brant. A prendre au énième degré, bien sûr. Guère avare de commentaires entre les titres, il déclare notamment : ‘I’m very sick with a lot of flu, so thank you for your support’. Mais là aussi les contrastes s’enchaînent, car d’un côté oui, il semble souffrant et tout fiévreux, mais il enfile également les bières nationales (NDR : de la ‘Super Bock’) tout au long de son set. Il termine même sa prestation par un long slam dans la foule, avant de montrer ses fesses en guise d’au revoir. Et ce n’est pas tout, car non seulement il change une corde de gratte pendant un titre, mais il démonte lui-même son matos après son show (NDR : il est sans doute le seul artiste se produisant au Primavera, à ne pas avoir de liner). Bref, une prestation qui surprend, mais sans jamais agacer, et qui surtout semble bien maîtrisée.

Autre scène, autre style, FKA Twigs verse dans R&B et le trip-hop, façon Tricky. Parfaite, la voix de Tahliah Debrett Barnett me fait penser à celle de Hannah Reid (London Grammar). Elle met facilement le public dans sa poche. Il est vrai que cette jolie métisse (qui a d’ailleurs conquis Robert Pattinson) exécute des déhanchements lascifs qui valent le coup d’œil. Cependant, mon estomac vibre plus que mes oreilles, et l’envie de goûter au plat typique (NDR : la célèbre Francesinha) est plus fort que tout.

Le volet ‘découvertes’ s’interrompt brièvement pour laisser la place à Interpol, un groupe qui tourne dans la plupart des grands festivals. J’ai déjà eu l’occasion de le voir à de nombreuses reprises, et depuis le départ du bassiste originel, il souffle le chaud et le froid en ‘live’. Néanmoins, le chouette set accordé à l’Olympia de Paris, en janvier dernier, me pousse à revoir le band. Qui commence en force par un « Say hello to the angels » bien en rythme. Le combo embraie par « Anywhere », « Hands away » et « Evil ». Et la prestation de s’achever par « Slow hands » et « PDA ». Le rappel ne semble pas gagné. Finalement, Interpol revient jouer trois titres, dont « All the rage back home », en clôture. N’empêche, le choix était judicieux d’assister au concert d’une des rares têtes d’affiche de ce festival.

Pour terminer la soirée, The Juan MacLean a fait forte impression. Réunissant la charmante Nancy Whang et John MacLean, le duo électro se produit sous une configuration live. Stimulés par un drummer inspiré, les tubes se propagent jusqu’au bout de la plaine, comme un vent de fraîcheur qui tombe sur la nuit… encore qu’au fil du temps, il fait de plus en plus froid, et les beats ‘dansants’ ne parviennent plus à me réchauffer. Aussi, comme une bonne partie du public, je décide donc d’aller me reposer quelques heures…

 

samedi, 04 avril 2015 01:00

Pias Nites 2015 : samedi 4 avril

Le célèbre label belge, éditeur et distributeur depuis 33 ans, prend ses quartiers dans le Palais 12 ce samedi 4 avril, l’espace d’une seule soirée. Un vent de changement a donc soufflé sur cette 6ème édition des PiaS Nites, car non seulement les éditions précédentes s’étalaient sur deux jours, mais elles se déroulaient à Tour et Taxis. Un déménagement qui ne m’a pas permis de rejoindre la fête à Pompon, organisé le même soir… Le Palais 12 est un endroit plutôt impersonnel. Il est surtout destiné à accueillir des événements qui attirent du peuple, mais n’est guère propice à l’atmosphère conviviale.

Victime des perturbations qui ont affecté le réseau du métro, je manque la prestation de BRNS, quatuor bruxellois dont le succès est croissant. Leur présence au prestigieux SXSW texan, quelques semaines auparavant, en est la plus belle démonstration.

Je débarque donc juste avant le set de Baxter Dury. Chaque fois que je le vois, je ne peux m’empêcher de penser à son père, Ian. Un paternel que j’avais découvert à la TV. Et tout particulièrement dans le show ‘I want to be straight’, au cours duquel il faisait le clown. Car le fils affiche une même attitude so british, à la fois décalée et déjantée. A l’instar des poupées gonflables réparties de chaque côté de la scène. Comme lors d’une sélection d’un bon vieux juke-box, les singles s’enchaînent : « Isabel », « It’s a pleasure », « Palm trees », entrecoupés par « Trellic » et « Picnic On The Edge ». Barbe négligée et chemise débraillée, on dirait qu’il vient de se lever, le lendemain d’une cuite. Une apparence qui contraste avec celle de ses musiciens. Ce qui ne l’empêche pas d’assurer au chant, de son timbre si particulier. Ses interventions entre les titres frisent parfois le ridicule ; mais le public lui pardonne ses frasques. ‘I’m sorry, I drunk too much cognac’ avoue-t-il en fin de set. Et pas seulement, car tout au long de son concert, il a pas mal picolé. Du vin, de l’alcool et même de bière. Belge, of course ! Son bassiste et guitariste sont posés mais efficaces. Son drummer s’investit totalement. Dommage que la voix de sa claviériste soit parfois irritante. Néanmoins, c’est certainement le meilleur concert de la soirée, en ce qui me concerne.

Suite à la publication de son premier elpee, « Entity », Oscar And The Wolf a connu un début de carrière fulgurant. Ce qui lui permet de se produire aujourd’hui dans la plupart des grandes salles et festivals, que ce soit en Belgique ou à l’étranger. Il y a d’ailleurs la toute grande foule pour assister à cette prestation. J’ai même l’impression que parmi les 30 000 spectateurs présents ce soir, une grande majorité s’est déplacée pour eux. Et essentiellement le public féminin qui agite de petits écriteaux et pousse même des cris, lorsque le chanteur monte sur l’estrade (NDR : Patrick Bruel, sort de ce corps !) Tout de blanc vêtu, il se dandine un peu à la manière de Prince voire de Madonna. C’est ce que soutient une de mes voisines dont le regard émerveillé en dit long. Le show est impeccablement rôdé. Le timing respecté. Pas de rappel. Malgré leur jeune âge, les musicos manifestent une parfaite maîtrise. C’est quand même la tête d’affiche. Leur tube « Strange entity » est savamment glissé au milieu de la set list, au sein de laquelle j’épinglerai quand même les envoûtants « Moonshine » et « Princes ». Les beats électro et r’n’b prennent souvent le dessus sur la basse et la guitare ; ces deux gratteurs sont d’ailleurs installés, très en retrait du podium. Des palmiers sont disposés sur les planches. Le light show est tamisé. De quoi accentuer cette impression de fréquenter un bar lounge branché, la nuit tombante, au bord d’une plage paradisiaque...

La soirée n’est pas terminée, car des Dj sets vont permettre aux clubbers de danser sur les beats électro, jusque 5h30 du matin. Oaktree & Avondlicht vient de céder le relais à Pelican Fly, sur la seconde scène, alors que Claptone (il est toujours masqué), Modeselektor, Raving George et N’to, vont embrayer sur la principale.

(Organisation PiaS)

 

samedi, 05 juillet 2014 01:00

Open’er Festival 2014 : samedi 5 juillet

Difficile de se remettre en route pour ce quatrième soir d’affilée. Comme de nombreux Belges présents sur place, j’accuse le coup suite à la défaite de nos Diables en coupe du monde, dans un match bien tristounet. Du coup, ma soirée débute plus tard que prévue, mais la consolation viendra là où je ne l’attendais pas (ou plus).

Et quand j’écrivais, il y a quelques jours, que les groupes chevronnés ont toujours la cote en Pologne, Faith No More corrobore ce point de vue. Bien que la formation californienne n’ait plus rien publié depuis 1997, elle est programmée, ce soir, sur la grande scène. Un podium dont l’avant est truffé de pots à fleurs. Des fleurs dont on ne distingue pas trop si le caractère est funéraire ou marital. Et les musicos accentuent cette intrigue en déboulant sur l’estrade dans une tenue vestimentaire de couleur blanche, que n’auraient pas reniée les adeptes de Hare Krishna. Le set s’ouvre par le titre maître de l’album « Real Thing », une œuvre parue il y a 25 ans déjà (NDR : ce qui ne nous rajeunit pas). Les 8 minutes d’intro de ce morceau tribal me paraissent néanmoins interminables. A cet instant, je crains de revivre un concert aussi plat que celui accordé dans le cadre du festival de Dour, en 2010. Heureusement, la suite va se révéler bien plus excitante. Des sirènes retentissent pour annoncer « From out of nowhere ». Le refrain du tube « Epic » est repris en chœur par les spectateurs des premiers rangs. Les musiciens débordent d’énergie ; mais à l’instar de Mike Bordin, derrières les fûts, elle est bien maîtrisée. Et la voix de Mike Patton n’a rien perdu de sa superbe. Même si le personnage fait toujours un peu peur. Ne jamais prendre l’ascenseur en sa seule compagnie. Il pourrait tomber en panne…

Autant je m’interroge sur le choix de la grande scène pour Faith No More, autant Warpaint méritait sans doute mieux que la ‘Tent stage’. Pourtant, ici aussi je restais sur une prestation en demi-teinte exécutée quelques semaines plus tôt, au Primavera. Mais ce soir, les Californiennes (NDR : c’est la soirée ouest américaine) ne vont plus se contenter de faire de la figuration. Et quand Theresa Wayman chante, on pourrait entendre les mouches voler (NDR : et tout particulièrement tout au long de « Love is to die » et « No way out »). Pas étonnant que James Blake ait craqué pour cette belle muse. Et le light show est tout aussi voluptueux. L’image de la pochette du dernier elpee est projetée en 3D sur le fond de la scène.  « Elephant » en version maxi, clôture un set bien plus agréable que prévu. Le quatuor féminin reviendra fin novembre à l’Aéronef de Lille ainsi qu’au Cirque Royal de Bruxelles.

Le reste de la soirée est essentiellement destiné aux midinettes. Place donc à Bastille, la nouvelle coqueluche londonienne. Leur album « Bad blood » (NDR : le titre maître est joué en ouverture) caracole au sommet des charts insulaires. La voix du leader, Dan Smith, constitue une chorale à elle seule. Devant un parterre réunissant principalement des jeunes demoiselles conquises à leur cause, le band se contente de restituer les plages de leur long playing. Un disque qui recèle une pléiade de tubes comme « Things We Lost In The Fire », « Flaws » ou encore « Pompeii », interprété en final. Et pour retenir toutes ces jeunes filles (NDR : euh pardon son public) jusque la fin de son concert, le combo va leur réserver un mash-up de « The Rhythm of the Night » (de Corona) et « Rhythm Is a Dancer » (Snap!), particulièrement dansant. Mais bon, dans l’ensemble, la pop de Bastille est on ne peut plus banale…

Et ce n’est pas Phoenix, programmé en finale du festival sur la grande scène qui va relever le niveau. Le groupe français ne prend d’ailleurs aucun risque et entame son set par le tube « Entertainement ». Le son est impeccable. Les musiciens maîtrisent parfaitement leur sujet et remuent bien sur les planches. Le leader Thomas Mars se dandine, glisse quelques mots flatteurs à l’auditoire, en français ou en anglais. Il l’invite à frapper dans les mains. Manifestement, il est en mode séduction. Les morceaux s’enchaînent. La seule étincelle rock’n’rollesque nous vient quand même de Thomas, lorsqu’il se lance dans la foule pour s’y déplacer en crowdsurfing. Sans quoi, il faut avouer que la musique de Phoenix s’adresse surtout aux ados bien sages. Encore que lorsqu’on connaît mieux le répertoire du combo, on peut regretter qu’il n’ait pas eu l’audace de tenter des arrangements plus aventureux, de proposer des versions plus vivantes, plus sauvages de ses compos…

Il se fait tard, et cette pop aseptisée commence à me gonfler. Et puis, moralement, la défaite de nos Diables me reste toujours sur l’estomac. Bref, vu le contexte, je préfère ne pas poursuivre mes prospections et en rester là pour ne retenir que la quintessence de ce festival. Un festival qui vu ses spécificités et son cadre spacieux, mérite quand même le détour…

(Organisation Open’er)

vendredi, 04 juillet 2014 01:00

Open’er Festival 2014 : vendredi 4 juillet

Alors que la pluie arrose plus que généreusement la Belgique (et notamment Werchter), le soleil baigne à nouveau le Nord de la Pologne. Les tenues sont plus légères, et les surprises nombreuses, en cette belle soirée.

Et elle commence plutôt bien, par les Wild Beasts. J’avais déjà eu l’occasion d’assister à leur set, au Sziget, en 2012. Leur dernier album, « Present tense », sorti cette année, marque un véritable tournant au sein de leur discographie. Il fait suite aux sublimes « Smother » et « Two dancers ». Et en ‘live’, le rôle prépondérant des claviers va confirmer le virage électro. A charge pour la basse et les guitares de donner davantage de relief aux compos. La voix de Hayden Thorpe est reconnaissable entre mille. Bien maîtrisée, elle exerce même une certaine fascination sur le public. Celle de Tom Fleming est plus grave et évolue davantage dans le registre baryton. Et finalement, les deux organes se conjuguent parfaitement, permettant ainsi plus facilement à la setlist de glisser des compos les plus introverties aux plus électriques. A l’instar du final, au cours duquel le tube « Wanderlust » a glissé sans temps mort vers « All the king’s men ». Une belle claque !

Jack White est considéré par le magazine Rolling Stone comme un des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps. Il est classé à la 70ème place, devant John Frusciante et Robert Johnson. Mais en ‘live’, on ne sait jamais sous quel angle, il va attaquer son répertoire. La set list alterne titres de son dernier opus « Lazaretto » et morceaux des White Stripes. On a quand même droit à une compo des Raconteurs, « Steady as she goes ». Bref, une prise de risque minimale ! D’autant qu’en finale, il nous balance le plus que notoire « Seven nation army ». Réaction, la foule bondit sur toute la plaine. Maintenant, il faut reconnaître que les morceaux de John Anthony Gillis (NDR : c’est son véritable nom) passent bien mieux la rampe lorsqu’ils sont interprétés par un band complet, que sous la forme d’un duo avec Meg White à la batterie. Enfin, pour ce concert, il était difficile de s’approcher à moins de 100 mètres du podium. Le light show constitué d’une majorité de teintes bleues, ne m’a pas permis d’y voir plus clair. Bref, c’était un méga show aperçu du bout de l’horizon. Des conditions qui permettent rarement d’apprécier l’artiste et ses nombreux musiciens à leur juste valeur…

Le show de Banks sous la ‘Tent stage’ devrait se dérouler dans une ambiance un peu plus intimiste. Alors qu’elle n’a même pas encore gravé son premier elpee (NDR : il est attendu pour septembre 2014), Jillian Banks fait déjà le buzz. Elle est programmée dans les plus grands festivals, comme le Coachella ou le Roskilde. Décrochant même au passage le titre d’‘Artist To Watch’ par Fox Weekly. Ce soir, elle va limiter sa set list à 10 titres. Plutôt jolie, Jillian affiche un petit côté fashion qui évoque Lanna Del Rey. Elle est même capable de semblables envolées vocales ; mais lorsque son timbre se charge de douceur, c’est plutôt à Lykke Li que je pense. Une chose est sûre, elle a des planches, car elle est parvenue à mettre son public en poche. Reste à savoir si on est en présence d’un feu de paille ou du début d’une grande carrière…

Et pas de changement radical d’ambiance, puisque la soirée s’achève par Lykke Li. La Suédoise soigne également son image et son jeu de scène. Caractérisé par ses lumières tamisées, le light show est plutôt sombre. Pour y distinguer quelque chose, il est préférable de s’installer aux premiers rangs. Et puis, marre de voir tous ces jeunes qui pensent immortaliser l’événement à l’aide de leur GSM. On se croirait sur la place Place Tian'anmen, quand les militants communistes brandissaient leur petit livre rouge en pleine période maoïste. Manifestement, Lykke a une belle voix. Emouvante aussi. Mais elle bénéficie également de backing vocaux impressionnants. Illuminant même un titre comme « No rest for the wicked ». Dommage cette set list qui n’incluait qu’une seule plage du premier elpee, « Youth novels » (« Little bit »). Parce que la majorité des morceaux issus du dernier opus sont plus que soporifiques (« Never Gonna Love Again »). Bref, encore un show très pro et formaté programmé sur cette ‘Main stage’. Finalement, les bonnes surprises, on les rencontre sur les petites scènes annexes.

(Organisation Open’er)

jeudi, 03 juillet 2014 01:00

Open’er Festival 2014 : jeudi 3 juillet

Sommes-nous bien en juillet 2014 ? Vu les têtes d’affiche –Pearl Jam, Afghan Whigs, etc.– je suis en droit de me poser la question. Maintenant, il est vrai qu’en général, les grands festivals peinent à en dénicher de nouvelles accroches ou à les renouveler. Ce qui explique pourquoi les organisateurs engagent des big bands qui ont marqué les décennies précédentes, afin d’attirer la foule. Mais il n’y a pas que les artistes qui ont pris de l’âge. Les transports en commun, aussi. Tout comme en Belgique, les retards de train sont légion. Aussi, au lieu de 30 minutes de déplacement prévu par l’horaire, je me tape 1h30 de trajet avant de débarquer sur le site… 

Raison pour laquelle je n’assiste qu’à la fin du set de MGMT. Après avoir entamé sa carrière en boulet de canon, la formation étasunienne (NDR : elle est issue du Connecticut) semble éprouver d’énormes difficultés à retrouver son second souffle. Ce qui explique pourquoi elle est programmée si tôt en journée. Les compos sont pourtant variées et la voix d’Andrew Vanwyngarden se révèle tantôt lancinante, tantôt ‘crooneuse’, comme sur le long « Siberian Breaks », mais demeure toujours aussi savoureuse. Bien sûr, le tube « Kids » parvient à faire danser la foule ; d’ailleurs les jolies Polonaises (NDR : oui, oui, vous pouvez me croire…) grimpent sur les épaules de leurs copains. Et elles sont toutes ravies d’être filmées et de passer sur écran géant. Le concert s’achève en douceur par Alien days » et « Congratulations ». Un reproche ? Les sonorités de basse sont beaucoup trop puissantes. Un regret ? Que le spectacle ne se soit pas déroulé au moment du crépuscule, de manière à bien mettre en exergue un light show, qu’on pourrait qualifier de kaléidoscopique ou psychédélique, selon. Bref, un combo à revoir dans de meilleures conditions ; même s’il devait être sevré de jolies Polonaises…

Changement d’atmosphère sous la ‘Tent stage’ (NDR : à la manière de Louis Jouvet dans ‘Hôtel du Nord’, on verrait bien Greg Dulli nous lâcher ‘Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?’) Afghan Whigs fait son come-back. Le concert qu’il avait accordé au Cirque royal, en juin 2012, ne m’avait pas particulièrement emballé. Mais ce soir, il débarque pour défendre un nouvel opus intitulé « Do to the beast », un disque paru en avril 2014. Et la setlist fait d’ailleurs la part belle à ce dernier elpee. « Parked outisde » et « Matamoros » ouvrent le show. « On the corner » nous rappelle l’aventure de Greg Dulli chez les Twilight Singers. Les fans les plus anciens vibrent en écoutant « Gentlemen », « My enemy » ou le très remuant « Miles Iz Ded », combiné en fin de parcours à un plus paisible « Into the floor », qui achève la prestation…

Je décide de zapper d’un concert à l’autre, ensuite. (NDR : de son vrai nom Karen Marie Ørsted) chauffe l’‘Here and now stage’ (NDR : c’est en plein air !) en deux temps trois mouvements. Pas de pause. Pas de sous-vêtements, non plus. Fin mars, La Danoise avait fait un tabac au Botanique. Entre hip-hop mainstream et rock indie, elle assure. Et en extrapolant, on pourrait définir son style comme un mix entre CocoRrosie et sa voisine Lykke Li. Elle conclut par le très paradoxal « Don’t wanna dance », au cours duquel elle est acclamée par un public chaud boulette. De quoi faire oublier quelques moments plus faibles, comme une reprise des Spice Girls ou ces titres inutilement gorgés de beats électros répétitifs…

Finalement, j’aurai peut-être dû aller voir et surtout écouter le concert de Jagwar Ma. Il est beaucoup plus raffiné. Le spectacle se déroule sous le chapiteau de l’Alter stage. L’auditoire est enthousiaste. Les jolies Polonaises (NDR : c’est comme les indiens de Carlos, il y en a partout, finalement) se déhanchent. Le plancher vibre sous le déferlement de beats et de riffs dispensés par le band aussie. Mais comme je débarque en fin de parcours, je vous renvoie au compte-rendu rédigé par mon collègue Redouane (voir ici) pour mieux vous faire une idée du show. Un groupe à suivre, c’est une certitude. Et qui risque de mettre le feu aux festivals auxquels il participera cet été ; comme celui de Dour, où il se produira ce samedi…

La tête d’affiche de cette journée est incontestablement Pearl Jam. Raison pour laquelle bien avant le début des hostilités, les spectateurs sont déjà agglutinés près du podium de la ‘Main stage’. Après son dernier passage à l’Open’er, en 2010, l’auditoire rêve d’un remake. Et il ne va pas être déçu. Eddie Vedder est vêtu d’un vieux jeans et d’un t-shirt à l’effigie ‘peace & love’. Grungy ! Bouteille de vin à la main (NDR : et en réserve), il déboule sur l’estrade un grand sourire aux lèvres. Et dès « Go » et « Corduroy », les pogos (pourtant rares jusqu’alors) se déclenchent. Des tubes comme « Even flow » ou « Jeremy » semblent ne pas avoir pris une ride. Et les nouvelles compos issues du dernier LP « Lightnining Bolt » s’intègrent plutôt bien à l’ensemble. Eddie interprète la cover du « Public Image Limited » de P.I.L. à la manière de John Lydon. Epatant ! Et juste avant le rappel « Rearview mirror » nous en met plein les oreilles. Un ‘encore’ particulièrement généreux, puisque in fine, la prestation va dépasser les 2 heures. « Better man » est repris en chœur par les fans massés aux premiers rangs. Et l’énorme « Alive » constitue manifestement le clou de la soirée. Avant qu’Andrew Vanwyngarden ne vienne se joindre aux chœurs. Eddie s’empresse de vider son stock de vin, et le partage avec ses comparses ou quelques spectateurs, qui entrent alors quasiment en transe. Sympa ! Et la reprise du « Baba O’Riley » des Who résume finalement bien l’esprit du band. Cette chanson commence par les mots ‘I don't need to fight to prove I'm right’. A cet instant, il se confirme qu’il n’a pas besoin de forcer son talent pour s’imposer. Malgré un décor sobre (NDR : autre retour à une forme de simplicité vécue au cours des 90’s), un son et un jeu de scène sans artifice, le concert a été remarquable. La maîtrise des musicos et leur sens de l’harmonie sont intacts. Ce qui explique aussi pourquoi, Pearl Jam nous a permis de vivre un des moments forts de ce festival.

(Organisation Open’er)

mercredi, 02 juillet 2014 01:00

Open’er Festival 2014 : mercredi 2 juillet

Pourquoi se farcir 1 300 km pour assister à un festival qui se déroule au Nord de la Pologne, quand on peut voir les mêmes artistes à Werchter, en Belgique ? Tentatives de réponses ci-dessous.

L’avion Bruxelles-Gdansk transporte une majorité des festivaliers. Il y a même une Louvaniste qui a grandi au rythme de notre festival national, mais elle souhaite changer d’air. Convaincue, tout comme votre serviteur, pour y avoir déjà participé, l’an dernier, que celui proposé en bord de mer Baltique, se distingue par bien des spécificités.

La route est pourtant longue pour arriver aux portes du site de Gdynia. Un site implanté sur un aérodrome qui confère un espace gigantesque. Et un sentiment d’évasion, de propreté et de liberté à la fois. Vu son étendue, il n’y a ici pas vraiment de mouvement de foule, ni de bruit constant. Ni même de brassages de mauvaises odeurs. Le point négatif, ce sont les deux kilomètres qui séparent les deux scènes. Raison pour laquelle, les festivaliers les plus insatiables (NDR : ceux qui veulent voir un maximum de groupes) n’hésitent pas à courir entre les podiums. Heureusement, le terrain est bien entretenu, et ressemble plus à un terrain de football foulé en division supérieure qu’à un champ de patates, en Belgique.

Autre règle susceptible de déstabiliser : la discipline. On croise de très nombreux vigiles aux quatre coins du secteur et on est soumis à une fouille minutieuse dès l’entrée. Avec une tolérance zéro pour les drogues, y compris douces (NDLR : même votre paquet de cigarettes est inspecté de fond en comble). Néanmoins, vous ne verrez ici personne urinant où bon lui semble, allumant des feux intempestifs ou poussant des cris de barbare (style ‘Boeeeren’). Une (trop ?) grande quiétude qui permet d’apprécier les concerts sans être continuellement interrompu par des fêtards ou des parasites. 

Interpol se produit en fin d’après-midi. Toujours aussi peu loquace, Paul Banks parvient à glisser au micro, juste avant de commencer le set du band, un ‘we can enjoy the sunset’. « Say hello to the angels » ouvre logiquement le concert. « Evil » embraie et réveille la foule. Suivi de « C’mere », une nouvelle compo fort intéressante. Elle figurera sur le prochain elpee, « My Desire ». Un titre qui s’achève par des riffs dispensés en crescendo. De quoi briser un peu la monotonie d’un répertoire qui aligne une majorité de compos sculptées dans le post punk ou balisées par une ligne de basse new wave. Malheureusement, le second inédit, « Anywhere », nous replonge dans ce climat monocorde. En outre, son refrain est répétitif et pompeux. Il faut attendre la fin du show pour que le public (et moi-même je l’avoue) s’emballe à nouveau à l’écoute de « PDA » et « Slow hands ».

Vu la critique favorable dont bénéficie le dernier opus de Metronomy, « These songs go places Metronomy never have before, and they do so spectacularly », il était presque obligatoire de vérifier le bien fondé de cette opinion. Hum, non, je ne vois pas pourquoi cette formation bénéficie d’un tel engouement. Les fans d’electro britpop ont bien sûr le loisir de taper dans les mains ou de balancer les bras de gauche à droite (NDR : ou de droite à gauche, selon). Mais laissons ce plaisir aux ados insulaires et aux hipsters qui glorifient leurs remixes. Bien sûr, le band tente parfois de s’éloigner de son électro kitsch pour embrasser un profil rock plus chaleureux. Mais ces bonnes intentions sont de trop courte durée, et invariablement le style retombe dans une forme mainstream acidulée, peut-être second degré, mais finalement irritante.

Bref, mieux vaut retourner sur la main stage, pour savourer du rock, du vrai, du tatoué ! Certes, les Black Keys nous en mettent moins la vue, sur une scène qui semble même deux fois trop grande pour eux, mais bien plein les oreilles. Dès les premiers accords, Dan Auerbach met tout le monde d’accord (y compris votre serviteur) en balançant ses riffs incisifs sur « Dead and gone ». Il me fait d’ailleurs penser à un autre prodige de la gratte, Jack White. Coïncidence, l’ex-leader des White Stripes est aussi à l’affiche de cette édition. Oscillant d’un folk US à un rock plus psychédélique, le set connaît cependant des hauts et des bas. Il faut même attendre la deuxième partie, et le long rappel, pour que le groupe retrouve tout son éclat. « Fever », le tube incontournable « Lonely Boy » ou encore « Little Black Submarine » remettent les pendules à l’heure. Et plus intéressant encore « I got mine » se révèle particulièrement audacieux. Un titre issu de leur cinquième LP, « I Got Mine », sorti en 2008. Soit avant « Brothers », et bien entendu « El Camino », deux opus peuplés de tubes en puissance, et à la sensibilité mélodique plus pop. Ce qui leur a permis de faire la tête d’affiche des plus grands festivals. Car, qu’on le veuille ou non les Black Keys sont devenus une machine bien trop huilée. Il semble loin le son garage, un peu crade, qui me mettait dans un état proche de l’Ohio.

Changement de podium et changement de style, pour accueillir trois sœurs dans le vent : les frangines Haim (prononcez Hy-im). C’est qu’elles ont également enchaîné de gros festivals, comme Glastonbury ou le Primavera, juste avant d’atterrir en Pologne. Recueillant les faveurs de nombreux médias, comme artistes à découvrir absolument. Vu le type de public captivé, j’ai d’abord été tenté d’écrire qu’il s’agissait d’un groupe de jeunes filles jouant pour des jeunes filles. Mais passé cette première impression, il faut avouer que les trois artistes féminines se débrouillent plutôt bien en front de scène, éclipsant par conséquent leur propre drummer. Un mâle ! En affichant une aisance presque désinvolte, les Californiennes alignent leurs tubes, cassant cette image pop juvénile qui leur colle à la peau. Elles s’excitent sur leurs grattes et n’hésitent pas à changer de registre, en affichant une belle maîtrise. Ce qui m’autorise à penser qu’elles ont un bel avenir devant elles, même si leur soft rock n’est pas vraiment ma tasse de thé.

Je clôture cette journée par un autre band californien, Foster The People. Il est venu défendre son deuxième opus, fraîchement sorti, « Supermodel ». Le premier elpee, « Torches » regorgeait de hits, un disque qui leur avait permis de décrocher quelques ‘Grammy awards’. Cependant, quand on a gravé un tel disque, difficile de faire mieux. Et on va rapidement s’en rendre compte. Le light show est impeccable. Sur l’estrade, le combo déborde d’énergie. Mais la voix de Mark Foster est un peu trop fluette à mon goût, à tel point que parfois elle devient aussi irritante que celle de Mika. La journée a déjà été bien longue, et je préfère prendre un peu de repos (mérité), sans attendre le final dansant de leur set, « Pumped Up kicks »…

 

 

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