Lorsqu’on évoque Sinéad O'Connor on pense inévitablement à son tube paru en 1990, « Nothing Compares 2 U », une reprise d’une chanson signée Prince. Mais on pense aussi à ses attitudes. Crâne rasé, rebelle, polémiste et provocatrice, elle n’a jamais laissé indifférent. Elle n’en était d’ailleurs pas à un scandale près. En 1992, elle avait déchiré, à la télévision américaine, une image du pape Jean Paul II, stigmatisant l'Eglise catholique pour ne pas avoir protégé les enfants victimes de pédophilie. Elle s’était fâchée avec les musiciens de U2, alors que c’est The Edge qui lui avait permis de faire décoller sa carrière, leur reprochant de ne pas avoir soutenu l’IRA. Aux Etats-Unis, elle avait refusé de monter sur les planches, après la diffusion de l’hymne national, soulevant l’indignation de la presse et de… Frank Sinatra… Elle avait de nouveau attiré les foudres du clergé, en 1999, quand une église irlandaise dissidente l’avait ordonnée, ‘prêtresse’…
Sinéad a traversé une enfance difficile après la séparation de ses parents à l'âge de huit ans. La chanteuse a affirmé très tôt que sa belle-mère, avec laquelle elle vivait après la séparation, la maltraitait physiquement. À 15 ans, elle a séjourné dans une maison de correction, à la suite de vols à l’étalage, puis dans un internat, dont elle s’était échappée.
Dépressive, diagnostiquée bipolaire, en 2003, elle avait tenté, à plusieurs reprises, de mettre fin à ses jours et partageait sa détresse sur les réseaux sociaux. Le 14 janvier 2022, son fils Shane, dont elle avait perdu la garde, s’était suicidé, après avoir fugué d'un hôpital où il était suivi pour tendances suicidaires. Elle ne s’en est jamais remise. Elle avait eu quatre enfants, avec lesquels elle avait des relations difficiles.
Après s'être installée un moment en Jamaïque et adhéré aux croyances rastafari, en 2018 elle s’était convertie à l’Islam, changeant son nom en Sudada’ Davitt ou Shuhada' Sadaqat.
Née à Glengeary, en Irlande, au mois de décembre 1966, elle a gravé dix albums, dont le deuxième, « I do not want what I haven’t got », s’est vendu à plus de sept millions d’exemplaires.
Depuis la sortie de son dernier elpee, « I'm Not Bossy, I'm the Boss », en 2014, on n’entendait plus guère parler d’elle, hormis l’étalement de ses états d’âme, via les réseaux sociaux.
Elle avait même annulé une série de concerts l’an dernier, en raison de son ‘deuil’, déclarant par ailleurs arrêter sa carrière…
Dans ses mémoires, ‘Rememberings’, parues en 2021, elle se qualifiait de ‘chanteuse engagée’ affirmant n'avoir aucun désir de célébrité…
C’était quand même une fameuse voix, particulière, puissante mais sinusoïdale, libérant une fameuse dose d’émotion. Une voix reconnaissable entre mille…
RIP