Tout est dit en moins d’une minute.
En une langoureuse introduction qui s’envole vers les altitudes d’un folk dépouillé où chaque note se fait caressante, « Toucan » nous emmène immédiatement à l’essentiel et en annonce d’emblée le programme.
C’est beau, chante Julii Sharp aux premières mesures du morceau d’ouverture. Et en effet. C’est simple, c’est beau, c’est évident. Et on se surprend à penser que rien ne doit être autrement qu’en cet instant de grâce suspendue, où tant de choses sont exprimées avec si peu de moyens.
Celle qui a fait ses premières gammes en vociférant sur Alanis Morissette ou Francis Cabrel confesse une épiphanie artistique à l’écoute de Marie Laforêt. Sa capacité à associer la langue française aux sonorités folk, sans sacrifier l’une à l’autre, a ouvert pour la jeune chanteuse d’alors, les portes d’une nouvelle façon d’aborder la musique. Et mystérieusement, si en écoutant cet Ep, on songe plusieurs fois à Hope Sandoval et ses atmosphères rêveuses et hypnotiques, le miracle se produit surtout quand Julii chante en français : elle sait alors nous prendre par la main et nous guider vers des territoires inexplorés où l’on se sent pourtant immédiatement en terrain connu.
Sur ces nappes de pureté pop en apesanteur, l’auditeur.ice comblé.e n’a qu’à se laisser bercer, se perdre sans penser plus loin.
Tout est dit en moins d’une minute. Puisse-t-elle durer une éternité́.
Regardez et écoutez le clip « Toucan » là