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mercredi, 21 août 2019 21:10

Fear Inoculum

Pré-écoute exclusive du nouvel album de Tool, « Fear Inoculum »

C'est le disque que 'Tool-e' monde veut écouter... Au-delà du jeu de mot, c'est un fait incontournable : il y a 13 longues années que les fans l'attendent, le nouvel album de Tool. Et là, on y est presque : « Fear Inoculum » paraît le 30 août prochain ! Et cerise sur le gâteau, Musiczine a été invité à une pré-écoute exclusive pour la presse du nouvel opus, dans les bureaux de Sony Music à Bruxelles.

Autant le dire tout de suite : c'est du 100% Tool et c'est un très bon cru. Les fans seront aux anges et seuls quelques critiques grincheux regretteront le manque de renouvellement du combo américain sur ce cinquième long format. ‘Never change a winning team’, n'est-ce pas ?

Produit par Joe Barresi et masterisé par Bob Ludwig, « Fear Inoculum » recèle sept longs morceaux et s'étend au total sur 85 minutes sous sa version CD. Dans la version digitale complète, figurent deux instrumentaux supplémentaires.

Mais entrons dans le vif du sujet : la chronique de cette œuvre tant attendue. La plage titulaire, « Fear Inoculum », on la connait déjà. Elle est sortie il y a 15 jours et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle place d'emblée la barre très haut. Un son de cloche tibétaine marque l'entame de ce qui peut être considéré comme une cérémonie. Car, on le sait, une des singularités de Tool, c'est de réussir à créer une atmosphère chamanique, comme si on était au milieu d'un rituel tribal. Les sons de guitare sont doux et hypnotiques et la voix de Maynard James Keenan est cristalline. Elle semble émaner d'une dimension astrale. Fidèle à une architecture sonore bien huilée, Tool ne reste pas longtemps dans la douceur mais, au contraire, fait monter l'intensité jusqu'à la déflagration post-métal dominée par le jeu polyrythmique du batteur, Danny Carey. Après de multiples méandres très 'prog', la compo s’achève par une pulsion saccadée, telle une mitraillette, à l'unisson, parfaitement dans la tradition de ce groupe hors normes. Une belle réussite, ce morceau, qui, en passant, est le titre le plus long (plus de 10 minutes) à avoir été dans le 'Billboard Hot 100 singles'.

C'est Justin Chancellor, le bassiste, qui marque de son empreinte le début de la seconde plage, « Pneuma ». Son riff sur deux cordes, communique un son inimitable. Il est relayé par Adam Jones à la guitare dans une rythmique délicieusement syncopée. Il faut dire que Tool est spécialisé dans les mesures non-conventionnelles, principalement la 7/8. Dans cette compo, ce qui surprend, cependant, c'est le break glissé au beau milieu de la chanson : des tablas indiens et une basse carrément perchée confèrent au passage un caractère oriental très séduisant. Des volutes de synthés (eh oui !) viennent nous caresser les tympans avant qu'une progression en puissance ne cède le relais à un superbe solo de guitare. La machine à remonter le temps nous ramène ici aux meilleurs moments de la 'prog' des années '70, mais avec le son du XXIème siècle. Un pur bonheur !

A l'instar de « Descending », « Invincible » est un titre que les fans ont déjà pu découvrir en live, entre autres à Werchter. Il s'ouvre sur des arpèges de gratte qui forment comme un nœud gordien. La voix de Keenan est désarmante et pure. Elle plane dans les airs, tel un aigle royal. Mais cette plénitude est de courte durée : le thème guerrier de la piste réclame une déferlante de toms et de basses, laquelle mène au refrain. ‘Warrior Struggling...’, éructe ce diable de Keenan. Dans le désormais classique 'break' inséré à mi-parcours, on retrouve un synthé qui, cette fois, ose une mélodie très accrocheuse, sur laquelle Keenan vient déposer un chant trafiqué au vocoder. Audacieux et ensorcelant !

« Descending » nous plonge tout d'abord dans les vagues d'un océan. On espère alors un changement d'atmosphère et de style mais, malheureusement, la structure de la composition reste en grande partie semblable à celle des plages précédentes. On apprécie néanmoins la précision chirurgicale manifestée par les quatre musiciens pour construire les passages les plus progressifs, ciselant avec maestria une sorte de cubisme sonique, déstructuré, à la limite du déséquilibre mais toujours harmonieux, comme une suite de Fibonacci.

Pas de doute : « Culling Voices » constitue le meilleur morceau de l'opus. Il est, en tout cas, celui qui nous a le plus séduit, à la première écoute. C'est aussi la compo la plus mélodique, et la plus calme. Après une introduction aux synthés très planante, quasi floydienne, Adam Jones égrène de jolis arpèges en haut de son manche et la mélodie créée ici par Keenan est d'une indicible beauté. ‘Psychopathy, misleading me over and over’, murmure-t-il dans un souffle. Son chant semble défier les règles du système tonal occidental, mais sans jamais les transgresser. Lentement, la chanson se développe, comme un serpent qui se faufile dans notre cerveau. Un magnifique track, qui évoque les meilleurs moments de A Perfect Circle, le side-project de Keenan.

On ne s’attardera pas trop sur l'instrumental « Chocolate Chip Trip », une 'compo' du batteur qui se résume à des sons de cloches, un loop de synthé trafiqué, au-dessus duquel le musicien s'autorise un solo poussif et sans intérêt.

Heureusement, la dernière composition de l'album, « 7empest » remet les pendules à l'heure car c'est tout simplement une bombe. Direct, comme un coup de poing asséné dans le visage ou plus métaphoriquement, comme s’il frappait immédiatement en plein cœur. Les riffs sont saturés et la voix, hargneuse. ‘There's no other like you’ s’échappe comme un cri qui sort de la gorge de Keenan. Après la bagatelle de 3 solos de guitare (NDR : ce qui semble un peu excessif !), l’album se clôture de la plus belle façon, par un impeccable unisson de tous les instruments.

En un mot comme en cent, c'est un disque superbe. Il recèle ce qui fait la quintessence de Tool depuis sa création, en 1990. On pourrait le décrire comme un labyrinthe musical qui vous guide dans un voyage transcendantal vers des mondes invisibles. Une musique, complexe, tendue, sur le fil du rasoir, semblable à  une géométrie sacrée. A chaque moment, « Fear Inoculum » inocule une joie sourde et profonde. C'est l'instrument de l'élévation de notre conscience et ça tombe bien, ‘instrument’, en anglais, se traduit par... « Tool »...

Tracklist :

  1. Fear Inoculum
  2. Pneuma
  3. Invincible
  4. Descending
  5. Culling Voices
  6. Chocolate Chip Trip
  7. 7empest

 En bonus digital :

  •  Litanie contre la Peur
  •  Legion Inoculant
  •  Mockingbeat

 Merci à Sony Music Belgium

Mise à jour du 30 août 2019: l'album est sorti! Pour écouter, c'est ici

 

Alk-a-line, c'est l'association de deux 'electro-witches', comme elles aiment se qualifier elles-mêmes : Laurence Castelain, alias Sonic Witch (également dans Flesh & Fell) et Sandra Hagenaar, alias Toxic Witch (également dans Fifty Foot Combo). Basées à Bruxelles, les deux musiciennes proposent une musique énergique, comme un mélange alchimique entre l'électro et l'EBM (Electro-Body Music).

Alk-a-line vient d'annonceer « Species & Specimens », le 3ème album du duo, qui sortira en septembre 2019 sur Cheap Satanism Records! Musiczine a pu obtenir, en avant-première, un exemplaire de l'opus. Il offre 30 minutes de beats dopés à la caféine, truffés de claviers endiablés, de basses saturées, de chants surpuissants auxquels répond parfois l’étrange voix du thérémine. La tracklist alterne des inédits Homo Sapiens, Boom Boom Dance, Dogs, Black Queen, Human et des morceaux réarrangés, taillés sur mesure pour les invités des deux fées de l'ultra-son : Jacques Duvall, le célèbre parolier de Lio, Peter Slabbynck de Red Zebra, Bruce Ellison de Volt Selector et Ross Demon de Length of Time.

Le clip du single « Homo Sapiens », réalisé au Magasin4 à Bruxelles, vient juste d'être publié par le duo sur sa chaîne Youtube : on peut le découvrir ici

Alk-a-line :

Photo : couverture de l'album « Species & Specimens » avec, à l'arrière-plan, les musiciens en 'featuring' : de g. à dr. : Bruce Ellison, Jacques Duvall, Peter Slabbynck et Ross Demon.

Le décompte a commencé! C'est dans 6 petites semaines qu'aura lieu le W-Festival (W-Fest)! L’édition 2019 ne se déroulera plus à Amougies, mais à l’Expo de Waregem, pour une programmation qui se sera toujours focalisée sur la new-wave, la cold-wave, la darkwave, la synthpop et l’EBM. A l’affiche se produiront, notamment, le 15 août, The Blow Monkeys, Cassandra Complex, Echo & The Bunnymen et The Stranglers, le 16 août, Nik Kershaw, Tony Hadley, Siglo XX, Howard Jones et Allez Allez, le 17 août Lene Lovich Band, Human League, Killing Joke et Nitzer Ebb, et enfin, le 18 août, China Crisis, Jimmy Sommerville, Red Zebra et New Model Army.

Pour consulter la programmation complète et pour commander vos tickets: http://www.w-festival.com

jeudi, 23 mai 2019 16:37

Sandor la nuit, Virginie le jour...

Véritable révélation sur la scène pop synthétique francophone, la Suissesse Sandor aime cultiver l'ambiguïté. D'abord, son nom est emprunté à une comtesse hongroise du XIXème siècle qui a adopté le genre masculin ; une pionnière transgenre, en somme. Et le côté androgyne est bien sûr présent dans le personnage de la chanteuse valaisanne. Ainsi, dans le très explicite « Tu Disais », elle adopte tour à tour les points de vue narratifs masculins et féminins, avec un réalisme étonnant et des mots très crus. Autre ambiguïté : le mélange du sombre et du lumineux. Il y a quelque chose de la froideur 'new-wave' dans le premier opus de l'artiste valaisanne. Les synthés sont omniprésents et les arrangements font écho à Eurythmics, Rita Mitsuko, Niagara ou Mylène Farmer. Ce côté 'dark' constitue un exutoire pour cette institutrice de formation qui incarne Virginie le jour et Sandor, la nuit (NDR : pardon pour le jeu de mots).

Musiczine a rencontré la chanteuse lors d'une journée 'promo' organisée à Bruxelles. L'occasion de boire un thé maison sur la terrasse ensoleillée du Belga, en sa compagnie...

Comment définirais-tu ta musique ?

Perso, je n'aime pas définir le style de musique qui me correspond. Je laisse ce soin aux autres…

Tu accepterais le terme 'Pop synthétique' ?

Oui, bien sûr !

En y ajoutant un côté plus sombre, un peu 'new-wave', combiné à une tradition de la chanson française ? Dans l’esprit de Niagara, Eurythmics voire même Mylène Farmer ?

Effectivement. J'ai pas mal écouté de la chanson française au cours de mon enfance. Mes parents appréciaient Gainsbourg, Barbara, etc. Mon père s’intéressait plutôt au jazz et ma mère était plutôt branchée par la musique des années 'hippie', comme Melanie... Mais quand j'ai entendu Mylène Farmer, au début, j'ai été fascinée par les arrangements, surtout par les intros des morceaux, parce qu’elles étaient truffées de bruitages, de pleurs de bébés, de cris...

Vous partagez aussi un côté sensuel et même carrément sexuel...

Oui, ses textes étaient souvent provocants. J'aime ce côté direct, tout sauf réconfortant. Et c'est pourquoi je préfère les sonorités chaleureuses, dans le mastering, afin de contrebalancer les plus froides...

Le son de l'album est d'ailleurs très bon, ample et profond. Et les arrangements sont superbes.

Pour la plupart, ils sont signés par Jérémie Durciel.

Ils révèlent une richesse et une subtilité remarquables. Tu lui as dicté des consignes ?

Oui. C'est très facile de travailler avec lui parce que notre entente est parfaite. Je lui suggérais des ébauches et ensuite, il me renvoyait ses démos afin que j’exprime mon opinion. On a tenté de nombreuses versions avant d’obtenir le bon 'son'.

Tu as rencontré des problèmes pour « Tu Disais » ?

Oui. La chanson a été censurée sur les ondes radiophoniques, en Suisse. Quand elle a été diffusée la première fois, des plaintes ont été enregistrées. C'est étonnant parce qu'en fait, c'est simplement une chanson d'amour.

Ce sont les mots, très crus, qui choquent certaines personnes. Tu as envisagé de sortir une version édulcorée ?

On y a pensé mais finalement, j’ai abandonné l’idée. Ce serait dommage de dénaturer le propos. 30 ans plus tôt, des artistes comme Gainsbourg, Rita Mitsuko ou même Desproges jouissaient d’une totale liberté de ton. Aujourd'hui, on est soumis à davantage de contrôle. D'un côté, c'est judicieux, car le système permet de combattre les propos racistes ou homophobes mais d'un autre côté, on assiste à une radicalisation par rapport à la sexualité. Pourtant, on peut parler de sexe sans que le sujet soit obscène.

Ce côté explicite, un peu 'in your face' est familier au rap, surtout dans « Ange Gardien ».

Oui, surtout à cause du rythme. Le tempo est lent. Libé a baptisé « Tu Disais » de chanson 'rappeuse'.

Intéressant, tu incarnes parfois le rôle d'un homme dans tes chansons.

J'aime jouer sur cette ambivalence. Les chansons ont pour objectif de s’adresser à tout le monde. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai opté pour ce nom, Sandor. Il me permet d'exprimer mon profil masculin. 

As-tu l’impression de surfer sur cette vague de chanteuses francophones très féminines et un peu androgynes, impliquant, par exemple, Jeanne Added, Fishbach ou Clara Luciani ?

Oui. On relève de la même génération. On nous a inculqué les mêmes références au cours de notre enfance. Et on se laisse porter par elles sans avoir peur, sans complexes.

Tu connais bien la Belgique ?

Je me suis déjà produite dans le cadre des Nuits Botanique et ensuite, je suis revenue à la Rotonde et au Reflektor, à Liège, en compagnie de Juliette Armanet.

Tu retravailles tes morceaux pour le 'live' ?

Oui. Pour les rendre plus énergiques qu'en studio. Je me consacre à la guitare électrique pour que le son soit plus rock. On y intègre même des solos de guitares.

Y compris le son disto et tout ?

Bien sûr ! J'adore le rock des années '70 façon Led Zeppelin ou Deep Purple.

Et tu parles au public entre les morceaux ?

Au départ, cette démarche était difficile pour moi. Comme je suis d’un naturel très timide, j'ai écrit « Je ne sais pas parler », justement pour évoquer ce malaise. Quand je m’exprime entre les titres, j'ai l'impression de quitter le personnage de Sandor.

Il faudrait peut-être écrire des petites saynètes théâtrales, qui mettraient Sandor en scène.

Oui, ce serait une bonne idée. J’incarne déjà un personnage spécifique, grâce à un look androgyne et une coupe de cheveux particulière. Sandor constitue mon alter-ego intérieur qui se dévoile sur scène.

Là, ce n'est plus l'institutrice ! (rires)

Non ! Sur les planches, je lâche les chiens ! Et cette dualité dans la vie m’équilibre...

On attend impatiemment le prochain concert de Sandor en Belgique. Peut-être à la Rotonde du Botanique, en octobre. A confirmer ! En attendant, l'univers fascinant de la chanteuse sur son album éponyme est à découvrir ici 

The Bipolar, c'est ce duo articulé entre Bruxelles et Namur qui se compose de Patrice, maître des compositions, et de Pierre, dont les rêves battent au rythme des toms et des cymbales. On se souvient de leur premier single, le sublime « Angel Comes », paru en 2014.

Ils se décrivent comme « la bande-son d'un film à l’épopée paranoïaque, vers de nouveaux espaces aux reflets roses et noirs, où l’adolescence se rêve en silence, où les premiers émois adhèrent au toi, bercés par l’âpreté des sentiments, le souffle torride des amants. » Musicalement, ils évoluent dans une synth-indie-pop de qualité, rehaussée par des voix croonesques et des harmonies oniriques.

Aujourd'hui, après avoir sorti un EP, le duo prépare un premier long format de quatorze titres et plusieurs nouveaux clips vidéo. Et, cerise sur le gâteau, il présentera ses nouvelles chansons au cours d'une Release Party à la Rotonde du Botanique le 14 septembre prochain.

Pour écouter:

Pour les soutenir, rendez-vous sur Kiss Kiss Bank Bank.

The Bipolar sur Facebook - Leur site web : https://www.thebipolar.be.

samedi, 24 novembre 2018 11:50

La galaxie Kim Wilde…

Avant son concert accordé à la Roma d’Anvers, Kim Wilde a eu la gentillesse de réserver une interview à Musiczine. Icône de la new-wave, elle a marqué de son empreinte une période s’étalant de 81 à 86, grâce à sa synthpop hyper-mélodique, style qui influence encore aujourd'hui les jeunes groupes de la scène 'Wave'. Bien sûr, quand on parle d’elle, on pense immédiatement à son hit monumental, publié en 1981, ‘Kids in America’. De son véritable nom Kim Smith, elle est née en Angleterre en 1960. C’est la fille de Marty Wilde, un chanteur qui a rencontré un certain succès à la fin des années 50. Il a écrit les paroles de la plupart des hits de Kim. Le frère de Kim, Ricky, a joué et joue encore un rôle capital dans la carrière de sa sœur car il cumule les rôles de compositeur, arrangeur et producteur, depuis le début. Et pour confirmer qu’il s’agit bien d’une histoire de famille, Scarlet, la fille de Ricky, assure les backing vocaux, et compose également.

Le dernier elpee de la belle Kim, « Here Come The Aliens », est paru l’an dernier. Moins synthpop, il est davantage orienté power-pop, grâce aux guitares. Il marque en quelque sorte le come-back de la chanteuse, qui se produit aujourd'hui de nouveau à guichets fermés un peu partout en Europe.

Pendant notre conversation, Kim raconte que son frère, Ricky, avait quitté l'école et son père, Marty, ne voulait pas qu'il tourne mal. Ricky était un fan de new-wave. Notamment de Gary Numan et OMD. Ricky s’est d’ailleurs inspiré d’une ligne mélodique de ‘Messages’ d’Orchestral Manœuvres In The Dark, pour élaborer la structure de ‘Kids in America’. Il avait pu réserver un studio et a joué de tous les instruments lui-même, sauf la batterie. Et il a utilisé un synthétiseur WASP, un petit synthé analogique. Ils le possèdent toujours mais malheureusement, il ne fonctionne plus. Kim demande si, à tout hasard, on connaîtrait un technicien capable de le réparer ; et DA*, qui accompagne votre serviteur lors de l’interview, répond par l’affirmative... C'est à l’aide de ce synthé que la séquence pulsée dans l’intro du titre a été réalisée...

C’est d’ailleurs Ricky qui signe la musique et son père Marty, les paroles de cette chanson. Le paternel était un des premiers compositeurs de chansons pop de sa génération. Au départ, comme pas mal de ses contemporains, son répertoire était constitué de reprises, réalisant notamment une excellente version de ‘Why Must I Be a Teenager in Love’ ; puis il a commencé à écrire son propre répertoire. ‘Bad Boy’ est ainsi devenu un hit, en 1959. Il a continué à écrire dans les années 60 et 70 et en 80, il était prêt à poursuivre cette activité pour laisser libre cours à son imagination.

Au départ, il faut savoir que c’est Ricky qui se destinait à une carrière musicale. En 1972, alors qu’il n’a que 11 ans, son père lui offre de sortir un 45trs. Intitulé ‘I'm an Astronaut’, ce morceau a d'ailleurs été repris par Snow Patrol en 2006. « Ce qui est dingue », dit Kim en souriant. Et quand la chanson ‘Kids in America’ est née, Ricky était très heureux que Kim assume le rôle de chanteuse principale. L'inspiration de Ricky pour cette chanson est intéressante. Leur enfance avait baigné dans le glam rock et notamment celui de T-Rex, mais aussi la pop, dont celle d’ABBA, le rock et aussi le punk, les Sex Pistols en tête. Finalement, ils aiment un peu de tout, ce qui explique sans doute pourquoi leur musique est le fruit d’un crossover entre différents genres, mais aussi l'histoire de toute leur vie car, dit-elle. ‘Here Come The Aliens’, son dernier elpee, constitue un peu l'aboutissement de cette recherche permanente. Ils y ont réussi à concentrer la quintessence de ce qu'ils cherchent. Et donc comme vocaliste, compositrice et performeuse, elle a atteint son objectif, à l’âge de 60 ans. « Ça valait la peine de faire tout ce voyage », ajoute-t-elle.

A la question de savoir si, à l'époque, elle se sentait appartenir à la vague new-wave, Kim reconnaît que des groupes comme Heaven 17, ABC ou The Human League ont eu une influence importante, mais également Gary Numan, considéré comme le parrain de toute cette vague, et Kraftwerk bien sûr, qui a également bercé sa jeunesse…

Son elpee ‘Here Come The Aliens’ est paru il y a un peu plus d’un an. Il recèle au moins 3 ou 4 hits potentiels. Kim Wilde explique la genèse de l'album « Au départ on disposait de chansons composées par Ricky et sa fille, Scarlet, qui ne m’étaient pas nécessairement destinées. Ensuite je suis allée en Suède où j’ai reçu le concours de Fredrik Thomander et Anders Wilkström (NDR : ils militent au sein du projet Epicenter) pour composer ‘Candy Crush’. Ensuite, Ricky et moi avons écrit la plage titulaire et ‘1969’ ». En général, Kim se charge des mélodies, la 'top line' et écrit les paroles. Par exemple, ‘1969’ était, dit-elle, très stimulante à composer. La base musicale était particulièrement glam-rock, avec un refrain en forme d’hymne pop. Pour elle, c'est la meilleure chanson de l'album.

Votre serviteur s’intéresse beaucoup au nouveau paradigme de la conscience tel qu'on l'observe dans la physique post-quantique, le chamanisme ou les phénomènes paranormaux comme les OVNIs, la télépathie ou les NDE. Une occasion unique de soulever la question auprès de Kim, puisqu’elle a vécu l’expérience d'observation d'un OVNI en 2009 depuis le jardin de sa maison, dans le Hertfordshire, au nord de Londres. Cet événement a eu un impact sur sa carrière, son inspiration et son évolution en tant qu'être humain.

En 1969, alors qu’elle avait 8 ans, elle et toute sa famille ont regardé le premier homme marcher sur la lune à la télévision. Elle a été frappée par cet événement et son père a toujours été obnubilé par le sujet. Il les a emmenés voir le film ‘2001, Odyssée de l'espace’ dans un cinéma imax et donc elle a toujours eu cette connexion avec l'espace. Mais aussi, la lune. Elle a beaucoup écrit sur cet astre.

Donc, elle n’a pas vraiment été surprise quand elle a observé les lumières d'un OVNI. « C'était juste impossible à décrire. Une vision magnifique. » Mais ce qui est intéressant c'est que la première chose qu'ils ont entendue et vue c'était des hélicoptères. Mais ceux-ci étaient clairement brouillés, parce qu'ils ont disparu alors que les lumières ont persisté et ce pour une période assez longue.

Kim estime qu’il s’agissait d’un vaisseau-mère parce que deux autres lueurs, plus petites, suivaient. La grande lumière restait statique et puis, tout-à-coup elle est passée de 11h à 2h très rapidement. Ces appareils étaient peut-être basés sur terre, peut-être dans la zone 51 ou sous les océans, mais en tout cas ce qu’elle a vu ne provenait pas de notre planète.

Cette expérience a changé la vie de Kim Wilde. Et c’est très important. Mais il a fallu du temps avant qu'elle ne comprenne l'impact de la vision.

Elle avait déjà commencé à se rapprocher de la nature, en installant un potager dans sa propriété, mais la vision de l'OVNI a probablement eu une autre conséquence qui lui a permis d’élever son niveau de conscience, son taux vibratoire, pour lui faire comprendre l'importance de la nature. Enfin, c’est une théorie personnelle…

Kim confirme cette interprétation et que cette expérience a eu une incidence positive sur sa vie. Elle ajoute que ce n'était pas une hallucination car toute la population du village a vu les OVNIs ; d’ailleurs, justifie-t-elle, l'événement a fait la une des journaux locaux.

Ainsi, quand on écoute certaines paroles des chansons de Kim, on détecte des sujets liés à la conscience comme dans ‘Rosetta’, par exemple. C'est en effet ce qu'elle ressent. Elle ajoute que sa vie est magnifique pour l'instant. Elle a une nouvelle perspective de l’existence et une autre destination, un nouveau focus. Sans vraiment comprendre de quoi il s'agit mais c'est ce qui l’excite. Quand on compose la musique on peut contrôler mais quand on touche à la conscience et à l'esprit, il faut être guidé par quelque chose ou quelqu’un. Donc, elle se laisse porter et dans la foulée, élève complètement son expérience de vie. Et c'est pourquoi pour Kim vieillir est fantastique : c'est une odyssée, une aventure. Au lieu de se plaindre sur ses 50 balais, bientôt 60, elle s’exclame : « OK, faites venir la suite ! Je veux voir quelle est la destination et profiter au maximum tant que je suis ici. »

Un grand merci aux responsables de la salle Roma à Anvers, à Sean chez mixdown management, Musiczine et DA* (Luminance).

Pour écouter la version audio de l'interview, rendez-vous sur la page mixcloud de l'émission de radio WAVES ici

Photo : David-Alexandre Parquier

 

 

Cela fait 15 ans déjà que l'asbl Les Octaves de la Musique décerne des prix aux musiciens de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui se sont illustrés par leur créativité. C'est un jury d'un millier de professionnels qui effectue la sélection.

La spécificité des Octaves, c'est clairement la diversité, le mélange des genres : pop/rock, classique, musiques urbaines et chanson française. La liste des lauréats et des gagnants 2019 a été dévoilée lors d'une conférence de presse tenue au sein de l'hôtel de ville de Bruxelles en présence de Jean-Jacques Deleeuw, Président des Octaves, Tony de Vuyst, Directeur général de PointCulture et Delphine Houba, échevine de la Culture de la Ville de Bruxelles.

Voici les gagnants des Octaves 2019 :

Chanson française : Kùzylarsen pour « Le long de ta douceur »
Pop/Rock : Sonnfjord pour « City Lights »
Musiques urbaines : L’Or du Commun pour « Sapiens »
Musiques électroniques : Zoë Mc Pherson pour « String Figures »
Jazz : Antoine Pierre URBEX pour « Sketches of Nowhere »
Musiques du monde : Baloji pour « 137 Avenue Kaniama »
Musique classique : Florian Noack
Musique contemporaine : Benoît Mernier
Album de l’année : « Bodie » de Veence Hanao & Le Motel
Artiste de l’année : Typh Barrow
Spectacle/Concert de l’année : Baloji
Octave de la Fédération des Jeunesses Musicales Wallonie-Bruxelles : « Petit Charlot » de Claire Goldfarb & Jean Jadin
Octave PointCulture : Ammar 808
Octave Zinneke : The Klets
Octave de la Ministre de la Culture : Barroco Tout
Octave Fun Radio : HIDDN

L'Octave d'honneur est décerné au contre-bassiste Jean-Louis Rassinfosse. Présent lors de la conférence de presse, le célèbre musicien belge a gratifié le public d'une superbe improvisation, oscillant entre jazz, classique et rock (avec un clin d'oeil à « Smoke On The Water »).

La soirée des Octaves, qui met chaque année à l’honneur les lauréats, aura lieu le 3 juin à La Madeleine à Bruxelles. Pour avoir assisté aux éditions précédentes, nous ne pouvons que recommander cette soirée d'exception. En effet, il ne sera pas question d'une rébarbative remise de prix mais bien d'un spectacle musical complet, au cours duquel les musiciens primés présenteront des duos inédits.

Nous avons pu glaner quelques infos confidentielles sur ces collaborations. Ainsi, L'Or du Commun proposera deux créations : une avec The Klets et l'autre avec Antoine Pierre Urbex. HIDDN, de son côté, apparaîtra aux côtés de l'ensemble Barroco Tout et on attend avec impatience la prestation commune de Zoë Mc Pherson et Benoît Mernier. Et c'est Jean-Louis Rassinfosse qui assurera le 'fil rouge' musical de la soirée.

L'accès est gratuit mais il faut réserver en envoyant un email à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

 

Vous connaissez la Loi de Murphy ? En voici un bel exemple ! Imaginez que vous êtes intéressé(e) par deux groupes ou artistes lors d'un festival et, malencontreusement, ils se produisent au même moment, sur deux scènes différentes. Le dilemme de ce soir, aux Nuits Botanique, c'est donc le choix entre Weyes Blood, dans la Rotonde, et Kompromat, sous le chapiteau. Choix cornélien, s'il en est, qui sera résolu à la manière de Salomon, en accordant une moitié du temps à chacune des prestations.

En toute logique, ce diptyque musical est entamé par Weyes Blood, car la pop orchestrale de l'Américaine constitue une idéale mise en bouche avant de passer à l'explosion électro de Kompromat. Natalie Mering, qui a choisi son nom de scène en référence au roman ‘Wise Blood’ de Flannery O'Connor, est un véritable OVNI sur la scène musicale. Dans une démarche 'rétro-futuriste', elle conçoit une musique vintage que l'on croirait issue des années soixante, voire même plus tôt encore. On pense aux Beach Boys, dont elle reprend d'ailleurs le « God Only Knows » en concert, mais aussi à Joan Baez, Procol Harum, Jennifer Warnes, sans oublier le Jazz et Gershwin ! Ce cocktail suranné débouche, étonnamment, sur une 'dream-pop' moderne, fraîche et hypnotique, bercée par la voix voluptueuse de la jeune Américaine.

Ce soir, sur les planches, Natalie est vêtue d'un superbe costume deux pièces blanc, sur lequel ondule sa sublime chevelure noire. C'est que la chanteuse possède la beauté et l'élégance, outre son talent ; de quoi fasciner le public de la Rotonde. Soutenue par un groupe complet, elle se plante derrière son clavier Nord et, tout au long de la première partie de son set, interprète à la perfection une majorité de compositions tirées de son nouvel album, le 4ème, « Titanic Rising », dont « A Lot's Gonna Change » et son dernier single, « Everyday ». Les versions 'live' sont très proches de celles gravées en studio, ce qui est remarquable vu toute la richesse des arrangements originaux. Au début de « Picture Me Better », on ne peut s'empêcher de comparer les premières notes et les harmonies au « Don't Make Me Over » de Dionne Warwick, un titre repris en français par les Surfs. Tout au long de cette compo, le timbre cristallin et les harmonies stellaires emportent l’auditoire. Pas de doute : le spectacle est très réussi à tous point de vue mais il manque peut-être une petite touche de folie, de mystère pour enflammer complètement les cœurs.

C'est le moment choisi pour quitter l'ambiance intime de la Rotonde et rejoindre le Chapiteau pour le set de Kompromat. Ce duo constitue le nouveau projet de Vitalic et Rebekka Warrior, alias Julia Lanoë, de Sexy Sushi. « Kompromat », en russe, signifie ‘dossiers compromettants’, principalement en référence à une personne publique. Renforçant encore le côté international, les paroles des chansons du duo sont interprétées en... allemand. Un choix étonnant quand on sait que R. Warrior ne parle pas la langue de Goethe !

Qu'à cela ne tienne, le premier album de cette paire, « Traum und Existenz », est un missile ! Il réussit le mariage entre un style électro-clash façon The Hacker & Miss Kittin' et un synth-punk racé, élaboré avec maîtrise par Pascal Arbez-Nicolas.

Quand on connaît les extravagances scéniques de Sexy Sushi, il est naturel d’être curieux de voir ce duo opérer en 'live' ! Après quelques minutes et « Niemand », son premier hit, force est de constater que le show est, disons-le, classique dans un style typiquement Vitalic. Le musicien trône derrière une énorme table, sur laquelle sont disposés son matériel informatique et ses synthés analogiques. Le light-show est impressionnant, articulé autour de lasers placés sur les côtés et d'un gigantesque néon représentant le nom du groupe. Le son est à la hauteur des attentes, énorme. Inquiétante, de par sa coupe militaire et ses habits noirs, R. Warrior chante à la perfection, avec cette hargne typique de l'électro-clash. Pendant « De Mon Âme à Ton Âme », l'actrice française Adèle Haenel, présente sur l'original studio, rejoint le tandem sur les planches pour ce titre aérien et émouvant, qui apparaît dans le set comme une douce parenthèse.

On revient bien vite aux rythmes effrénés grâce à « Auf Immer und Ewig » et « Herztod ». A ce moment, on identifie clairement l'influence de l'EBM belge de Front 242, une influence revendiquée par Pascal Arbez-Nicolas dans ses interviews récents. Pour les fans de ce type de musique, comme votre serviteur, c'est véritablement une aubaine qu'un artiste de la renommée de Vitalic se lance dans un projet clairement orienté du côté 'dark' de la 'wave' !

Bref, on a assisté à un excellent concert ! On espère juste qu'au fil des représentations, R. Warrior s'enhardira quelque peu et qu'elle fera éclater le carcan 'live', un peu convenu pour l'instant, de ce projet hautement prometteur...

En point d'orgue de la soirée, le Français Romain Delahaye, alias Molecule, a déroulé son électro torride sous un chapiteau rendu... glacial par une météo décidément bien déréglée en ce début de mois de mai. Le musicien devait s'y sentir à l'aise, lui qui a élaboré son dernier album, « -22,7° » au... Groenland. Quand on est givré...

Weyes Blood + Kompromat + Molecule

(Organisation Botanique)

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L'éclectisme qui régit les Nuits Botanique n'est plus à démontrer. Ce soir, il va de nouveau se vérifier, à travers une programmation qui opère un grand écart musical entre un pianiste d'inspiration classique et la nouvelle égérie de l'électro-pop française.

Lubomyr Melnyck nous a fixé rendez-vous dès 20 heure au Grand Salon. Ce pianiste et compositeur canadien d'origine ukrainienne est de retour deux ans après avoir accordé un concert au Cirque Royal, en première partie de Terry Riley. Affichant plus de 70 printemps, il est mondialement connu pour sa technique du jeu ininterrompu. Dans son travail, on peut entendre les influences de Ravi Shankar et d'autres musiciens indiens, tandis que les textures répétitives évoquent souvent Steve Reich et Philip Glass.

Ce soir, il joue à guichets fermés dans le Grand Salon. Arborant un look de patriarche slave, le magicien du piano apparaît seul sous les projecteurs et remercie le public de sa présence. Tout au long du concert, il multipliera les interventions au micro, expliquant les différents aspects de sa technique et présentant le contexte et la signification de chacune de ses compositions.

Dès les deux premières pièces, « Illirion » et « Butterfly », on est frappé par l'incroyable dextérité du musicien. Sa technique consiste à construire un flot ininterrompu de notes en glissant très rapidement sur les ivoires. C'est comme une vague irrésolue qui se déroule en va-et-vient sur toute la longueur du clavier. Au milieu de ces triples ou quadruples croches, Melnyk martèle plus fortement certainement touches, révélant ainsi la mélodie dominante. 

En outre, le Canadien est un maître de l'improvisation, ce qui lui permet d'inventer littéralement de nouvelles compositions tout en jouant. Notons, au passage, qu'il a établi deux records mondiaux, en 1985 à la Sigtuna Stiftelsen, en Suède. Au cours d'un concert enregistré, il a joué avec chaque main jusqu'à 19,5 notes par seconde tout en maintenant une moyenne entre 13 et 14 notes pendant une heure complète. Eddie Van Halen peut aller se rhabiller... 

Modeste, l'artiste rappellera d'ailleurs pendant le concert que sa technique est unique et impossible à reproduire pour les autres pianistes, fussent-ils virtuoses.

Après une courte pièce intitulée « Rondo Gaze », composée, dit-il, pour s'amuser, le Maître s'attaque ensuite à un des piliers de la setlist : « Love song of Bonnie and Clyde », une composition pour deux pianos et un synthétiseur (NDR : un Korg pour être précis). Accompagné par une bande enregistrée, il se lance à nouveau dans une sarabande de notes virevoltantes, au sein desquelles on distingue une mélodie toute simple, évoquant les canons de Pachelbel ou certaines partitions de Vangelis.

Enfin, pour clôturer son concert, Melnyk nous offre « The End of the World », un tour de force de plus de 20 minutes mettant en scène une sombre apocalypse en accords mineurs, suivie d'un motif répétitif qui, tel un mantra, convoque un nouvel espoir et fait apparaître, sous la forme d'accords majeurs, une lumière qui s'entrouvre sur l'éternité...

Les applaudissements du public sont encore nourris lorsque nous mettons le cap sur le Chapiteau, où Jeanne Added entame le cinquième titre de sa setlist. Et non des moindres, puisqu’il s'agit d'un des hits de son nouvel opus, « Mutate ».

Jeanne Added est une musicienne surdouée. Après avoir accompli de brillantes études musicales, elle a entamé une carrière solo orientée, dans un premier temps, sur une ligne plus rock, ponctuée de touches new-wave. Sur son deuxième album, « Radiate », publié il y a quelques semaines, elle a pris un virage à 180°, en empruntant la voie de l'électro-pop, dans un style qui oscille entre l’univers de Ladytron, Goldfrapp et Florence and The Machine. Sur les planches, elle affiche un look assez ambigu, subtilement 'tomboy', qui évoque bien sûr Chris(tine and the Queen), un look qui lui permet d'incarner une icône LGBT, une communauté présente en masse devant le podium...

‘C'est ici que j'ai enregistré mon nouvel album’, précise la chanteuse. ’A Molenbeek !’ (NDR : prononcez ‘Molenbèk’). » Très à l'aise sur les planches, la Française n'hésite pas à papoter entre les morceaux et à chaque fois que la musique devient plus remuante, elle esquisse agilement quelques pas de danse que ne renierait pas la Reine Chris ; encore elle. Les arrangements sont 100% électro, interprétés par deux claviéristes du beau sexe et un batteur.

Dans « Falling hearts » et « Back To Summer », la chanteuse s'amuse clairement avec les rythmiques et les progressions électro, voire même disco-funky. Ces dernières provoquent de belles réactions du public, dans un Chapiteau rempli aux trois-quarts. Par moments, on pense aussi à Austra, le groupe canadien de Katie Stalmanis.

Après le très calme « Look at them », « A war is coming » installe une ambiance menaçante, presque apocalyptique mais qui ne s’éternise pas, car « Lydia » vient à nouveau stimuler les gambettes grâce à des rythmes syncopés et à la superbe envolée de sirènes synthétiques.

Le concert se clôture par « Before the Sun » dont le final est hymnique. Au cours du rappel, Jeanne propose tout d'abord une jolie séquence seule-en-scène à l'entame de « Song 1 2 » et conclut par un « Suddenly » ponctué par les ‘oh oh oh’ repris en chœur par le public. Pas de doute, en ‘live’, Jeanne propose une réelle valeur ajoutée... A real ‘Added’ value...

Lubomyr Melnick + Jeanne Added

(Organisation : Botanique)

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Ce soir, à la Rotonde, dans le cadre des Nuits Botanique, deux artistes plutôt atypiques, si pas carrément décalés ont été programmés.

Dès 20 heures, Mathilde Fernandez grimpe sur les planches. Cette jeune Niçoise, aujourd’hui partagée entre Bruxelles et Paris, est un véritable OVNI dans le paysage musical. Dès les deux premières chansons, « Amérique » et « Egérie », on est plongé dans son univers singulier. Imaginez un mix entre la folie et la démesure de Catherine Ringer, le lyrisme de Kate Bush ainsi que la synth-pop aux accents gothiques de Mylène Farmer et vous obtiendrez une solution personnifiée par Mathilde Fernandez. Adoubée par la presse 'indé' et encensée, entre autres, par Christophe, cette artiste touche-à-tout, issue du milieu des arts visuels, échappe à toute catégorisation. Seule sur scène et vêtue d'une large jupe à carreaux colorés, elle fascine et provoque l'enthousiasme des fans venus nombreux en ce début de soirée.

Dans la setlist, elle a bien entendu inclus les titres de son deuxième Ep, « Hyperstition », paru il y a quelques semaines. « Oubliette » en constitue le morceau-phare et on se délecte à nouveau des envolées lyriques quasi-mystiques de Mathilde, exécutées avec une maîtrise irréprochable. Dans « Mon Dieu » et « Pressentiment Prémonitions », peut-être ses deux plus belles compos, la chanteuse se lance dans une danse empreinte d'une grande sensualité et, pour clôturer ce set endiablé, elle nous offre un inédit : « Temple Sourire ». Avant de quitter l’estrade, elle remercie le public et présente le spectacle suivant en précisant qu'elle ‘jalouse leur accent...’

Le principe d'un festival est d’aller à la découverte d’artistes ou de formations au hasard de la programmation élaborée par les organisateurs. Assister au show d’Hubert Lenoir, un illustre inconnu, revêtait donc pour nous un intérêt particulier. Très précoce, ce jeune chanteur québécois a formé son premier groupe à l’âge de 17 ans : The Seasons. Son premier LP, « Pulp », à l’origine d’une reconnaissance critique, lui a permis de partir en tournée un peu partout dans le monde. Intitulé « Darlène », son nouvel essai est un album concept, accompagné d’un roman du même nom, écrit par Noémie D. Leclerc, sa meilleure amie. Dans cet opus, Lenoir y marie les influences r&b, jazz, glam et psyché rock afin de réaliser une œuvre pop, éclectique, imprévisible et audacieuse.

Le résultat en live ? Un opéra post-moderne et une performance explosive et carrément punk. Soutenu par un groupe au complet, Hubert campe une créature hybride, un peu comme si Brian Molko avait mangé Eminem, Rita Mitsuko et Johnny Rotten. Complètement survolté, il passe en revue, au cours de sa prestation, tous les comportements outrageants du rock : stage diving, crachats, gestes obscènes et strip-tease (presque complet). Fidèle à son personnage ambigu, il échange des baisers appuyés à son guitariste et à sa choriste. Le public, en majorité québécois, réserve un triomphe au musicien et quand le groupe se retire, Lenoir refuse de quitter les planches afin d’accorder à son public un dernier titre a capella. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que ce soir, Hubert Lenoir a retourné la Rotonde...

Hubert Lenoir – Mathilde Fernandez

(Organisation : Botanique)

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