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Didier Deroissart

Didier Deroissart

vendredi, 19 décembre 2014 00:00

Un concert d’anthologie…

Rebaptisé Nits pour la circonstance, The Nits fête ses 40 ans d’existence. Une carrière longue, passionnante et riche en émotions. Au cours des années 80 et 90, j’ai eu la chance d’assister à une vingtaine de leurs concerts. Quelquefois à l’AB. Souvent chauffée à blanc. Depuis le début du nouveau millénaire, le combo s’est montré plus discret, opérant quand même un retour fracassant, l’an dernier, dans une même salle comble. J’attendais donc impatiemment ce 19 décembre, pour enfin les revoir. L’AB est à nouveau sold out et le concert sera proposé en mode théâtre semi-flex-assis. L’auditoire est partagé entre aficionados, jeunes et quinquagénaires.

La naissance des Nits remonte à 1974. A ses débuts, le band pratique une forme de new wave, avant d’évoluer vers un style plus personnel, néanmoins largement influencé par les Beatles et les Kinks. Mélodique, entraînant et chargé d’humour, leur pop/rock se caractérise alors par des mélodies subtiles aux refrains contagieux. Ce qui n’empêche pas les compos de s’avérer complexes, atmosphériques ou encore expérimentales. Et surtout de devenir intemporelles. En fait, si le combo prend des risques, ils sont judicieux et calculés.

Au cours de ce spectacle, il va nous permettre de redécouvrir quelques perles irrésistibles. Un show au cours duquel Henk va s’attacher à présenter chaque chanson, en racontant une petite histoire, afin de tenir le public en haleine. Et c’est dans un climat de recueillement qu’il va célébrer sa messe aux hits qui vont s’égrener, pour le plus grand bonheur de nos oreilles…

Pas de supporting act. Le trio débarque, comme d’hab’, un grand sourire aux lèvres. Henk Hofsted, le ‘serial lover’ de ses dames se plante au centre de l’estrade. Il se consacre au chant, à la guitare et aux ivoires. Son piano est placé derrière lui. Robert Jan Stips s’installe à gauche. Il se charge des synthés. Et Rob Kloet, à droite, sur un petit podium. Il est préposé aux drums. Les musicos sont placés en ligne, histoire d’exprimer un partage des rôles au sein du line up. Des images vont défiler sur les trois écrans, placés derrière les artistes. Enfin, quoique discret, le light show va s’avérer particulièrement efficace, tout au long des 120 minutes (et même plus !) de concert...

« Radio Shoes » ouvre le set. C’est un extrait de « Giant Normal Dwarf », paru en 1990. Les interventions à la flûte de pan sont remplacées par celles du synthétiseur. Mais on sent déjà l’émotion qui vous envahit. Et pour cause, des tas souvenirs vous traversent l’esprit. L’auditoire connaît le refrain de « dAdAdA » et ne se prive pas de le reprendre en chœur. Les eighties ont alterné le pire et le meilleur. Nits en est une belle preuve. Issu d’« Omsk », publié en 1983, « Nescio » est ainsi une véritable perle. A cours de « Ting », Henk joue… du triangle. Mais deux claques nous attendent, deux hits ; en l’occurrence « The Train » et « Cars And Cars ». J'attendais impatiemment ces compos, tellement ‘beatlenesques’. L’instrumentation est d’une précision extrême. Le son cristallin. Les mots sont justes. Et le sens mélodique est irrésistible. Notons que pour confectionner la setlist, à trois reprises, Henk va solliciter la foule pour lui demander le choix entre deux chansons. Il semblerait d’ailleurs que ce concert serve de test pour concocter un répertoire en forme de ‘best of.’ De quoi tendre vers la perfection voire atteindre le max d’intensité émotionnelle. A l’issue de chaque chanson, les applaudissements sont nourris et durent parfois de longues minutes. Les artistes semblent prendre grand plaisir sur le podium ; et tout en savourant le succès récolté, ils remercient régulièrement l'assemblée conquise.

Gravée en 1984, « Adieu Sweet Bahnhof » est une œuvre que votre serviteur adore. Je l’écoute encore aujourd’hui. Le titre maître constitue dès lors la cerise sur le gâteau, un diamant à sortir précautionneusement de son écrin. Sans trop savoir pourquoi, j’ai envie de la siffloter ; sans doute, est-elle encore contagieuse...

« Think It Over » est également tiré du même elpee. A cet instant, je jubile. On arrive à la fin du concert. Après « Christine's World », « A Touch Of Heavy Moore », « Dapperstreet », il s’achève par “Port Of Amsterdam». Du grand art ! L’auditoire leur réserve une standing ovation bien méritée.  

Mais impossible de ne pas prolonger ce moment de bonheur. Les Nits reviennent pour « The Swimmer » et « The Dutch Mountains ». On est le cul par terre. Et un deuxième encore nous plonge dans une ambiance country/americana, à travers « J.O.S. Days ». Jamais deux sans trois, puisque ce concert d’anthologie va se conclure par « Aloha Drums » et ensuite une reprise étonnante du « Tomorrow Never Knows » des Fab Four.

Même s’ils sont issus du Vieux Continent, les Nits appartiennent à l’histoire du pop/rock. S’ils avaient été insulaires ou yankees, il seraient sans doute devenus aussi célèbres que U2 voire les Stones, mais en célébrant ce succès à échelle humaine. Rendez-vous en avril 2015, à Ath, pour un autre rendez-vous mémorable !

(Organisation : Ancienne Belgique)

samedi, 20 décembre 2014 20:07

Europa

Aka William Johnson, Holly Johnson est né à Liverpool, le 9 février 1960. Chanteur et compositeur britannique, il est surtout connu pour avoir drivé Big In Japan et Frankie Goes To Hollywood. Issu de la mouvance punk rock/new wave, il joue d'abord de la basse au sein du premier. Et publie deux singles en solitaire. En 1982, il passe chez le second comme chanteur et parolier. L’année suivant FGTH grave son premier single : « Relax ». Les lyrics, la pochette et la vidéo soulèvent l’indignation. Et la censure de la BBC. Ce qui va contribuer à la notoriété du combo. C’est à cette occasion qu'Holly Johnson et Paul Rutherford, un autre membre du groupe, révèlent leur homosexualité. FGTW va aligner toute une série de tubes : « Two Tribes », « The Power Of Love », « Welcome To The Pleasuredome », « Rage Hard », jusqu'en 1987. Après une tournée européenne, le band se sépare. A l’instar des autres membres de la formation, Holly Johnson se lance dans une carrière solo. Il décroche une nouvelle fois un numéro 1 en Angleterre, grâce au titre « Blast ».

En 1991, Holly Johnson apprend qu'il est séropositif. Il se retire du monde musical et rend public le diagnostic, deux ans plus tard. Depuis, il se consacre essentiellement à la peinture. Il expose ses œuvres même. Mais en 1994, il publie une autobiographie encensée par la critique. Après plus de 15 ans d’absence, il est de retour sur son propre label Pleasuredome, pour ce nouvel opus, un disque produit par Mark Ralph (Hot Chip, Franz Ferdinand).

« Follow Your Heart » ouvre l’elpee. C’est le single qui préludait sa sortie. Les eighties sont de retour ! Pas mal ! Mais pas percutant, non plus. Il y manque la magie. Une plage inoffensive parsemée de quelques sonorités électroniques. « In And Out Of Love », « Heaven's Eyes », « So Much It Hurts » passent correctement la rampe. Empreint de tendresse, « Dancing With No Fear » est une invitation à rejoindre le dancefloor. « Europa » et « Glorious » constituent certainement les meilleures plages du long playing, mais elles nécessitent plusieurs écoutes avant d’être appréciées à leur juste valeur. « Hold On Tight », « Lonesome Town », « You're In My Dreams Tonight » et « The Sun Will Shine Again» repassent les plats. Bref, j’espérais un come-back flamboyant. Espoirs déçus. La version de luxe recèle deux bonus tracks, « Europa » (Original Version) et « So Much It Hurts » (Piano Version). Une déception !

 

dimanche, 14 décembre 2014 00:00

Un des meilleurs concerts de l’année…

Ce 14 décembre, la Rotonde accueille un groupe qui nous vient du Pays du Matin Calme. De la Corée du Sud, si vous préférez. Un événement, car les Européens connaissent très mal la scène asiatique, sauf peut-être japonaise. En outre, cette République exporte très peu ses artistes. La salle est à moitié vide. Ou pleine si vous préférez. Et pourtant, Jambinai va nous accorder un remarquable concert. Et jamais je n’imaginais que j’allais assister l’un des meilleurs de cette cuvée 2014… 

Le line up de Jambinai réunit deux filles qui se consacrent à des instruments traditionnels coréens et asiatiques ainsi qu’un guitariste (NDR : talentueux, je vous le précise) ; un trio rejoint après les trois premiers morceaux par Myounghoon Ryu, le drummer, et Dokyo 13, dont la basse compte 5 cordes. Les bios annoncent un des groupes les plus novateurs de la scène sud-coréenne, parce qu’il est parvenu à créer une nouvelle forme de musique mêlant, sans tomber dans la dissonance, tradition et modernité. Soit un subtil cocktail de heavy post rock, de folk, d’électro et de tradition indigène. A ce jour, la formation n’a gravé qu’un seul elpee, « Différance » ; et la sortie d’un nouvel Ep est prévue pour 2015.

Tous les musicos sont assis, et derrière son imposant geomungo (une sorte de cithare coréenne), Eun Young Sim l’est en mode jogi. Elle pince ou frotte ses cordes à l’aide de bâtons en bambou de longueurs différentes. Elle s’installe à droite sur une petite estrade. Elle joue également du xylophone. Celle de gauche, Bomi Kim, se réserve le haegeum, un vieil instrument à cordes frottées semblable au ehru chinois. Il a été imaginé, il y a environ mille ans environ. Il est formé d'une caisse de résonance en bambou ou en bois, tendue par une peau de serpent à une extrémité de la tige, et les deux cordes sont frottées par un archet à crin de queue de cheval. Grâce à son timbre mélodieux, le haegeum sert non seulement à accompagner la musique vocale et instrumentale, mais aussi à se produire en solo à partir du XXe siècle. Depuis cette époque, l'art d'interprétation soliste de l'haegeum s'est développé rapidement, les techniques d'interprétation et la composition musicale se sont enrichies tout comme la construction de l'instrument s'est améliorée. Le point central est certainement le guitariste Ilwoo Lee qui joue également du piri (flûte en bambou), du taepyongso (petite trompette coréenne) et se sert d’une loop machine. Ilwoo est le seul artiste à s’exprimer dans la langue de Voltaire. Il nous confesse avoir entamé sa tournée en mai dernier, au club de l'AB, et la terminer devant nous. Très souvent, lors de l’ultime date d’une tournée, les artistes se lâchent et donnent tout au public présent. Ce sera bien le cas ce soir.

Les trois premières chansons sont assez déroutantes. Ambient, même. Et elles vous nous plonger, pendant un bon quart d’heure, dans le monde de l’Orient. Les riffs de guitare languissants et les sonorités étranges dispensées par les instruments de Bomi Kim et Eun Young Sim accentuent cette impression. Un morceau de plus, et on tombait dans les bras de Morphée. Or, c’est à partir de ce moment que le groupe va totalement changer de cap, pour embrasser une forme bien plus énergique, voire métallique. Soit lorsque la section rythmique fait son apparition. Une bonne demi-heure au cours de laquelle je me suis demandé si je n’assistais pas à un concert de Nirvana ou de Metz. Tout le monde reste cependant en position assise ; ce qui n’empêche pas le climat de se charger d’intensité. Eun s'emballe sur son instrument, l’empoigne à bras le corps et le triture alors que Bomi en extrait des tonalités mélancoliques et lancinantes, semblables à des violons. Les parties vocales sont assez rares, et ne sont que féminines. Des interventions atmosphériques abordées dans l’esprit d’un Sigur Rós.

Puis la section rythmique vide les lieux, sur la pointe des pieds. Laissant Jambinai en revenir à une formule plus paisible, mais toujours aussi fascinante. Pendant 30 bonnes minutes. Bref, finalement, j’ai vécu un des meilleurs concerts de l’année. En mai dernier, le set du trio nippon ZZZ's m’avait impressionné. Signe que cette scène asiatique est en plein ‘boom’…

(Organisation Botanique)

vendredi, 12 décembre 2014 00:00

Le nouveau Messie du métal est arrivé…

Formation parisienne, AqME a enregistré son dernier album, début novembre dernier. Il s’intitule « Dévisager Dieu ». Il s’agit du premier elpee dont les vocaux sont assurés par le nouveau chanteur, Vincent Peignart-Mancini ; un disque que le quatuor est venu défendre au Salon de Silly. Particularité chez ce groupe de métal, à l’une ou l’autre exception près, tous les textes sont écrits dans la langue de Molière. Mais avant la tête d’affiche, deux ‘supporting acts’ ont été prévus. Un Tournaisien (Mingawash) et un Lillois (Unswabbed).

Issu de la Cité des 5 Clochers, Mingawash est né en 2012. Un sextuor réunissant Martin et Clément au chant, le bassiste Denis, les guitaristes Quentin et Max ainsi que le drummer Théo. Sans oublier Xing Hui, le panda qui s'est évadé de Pairi Daiza, venu foutre le souk aussi bien sur les planches que dans la fosse. L'un des deux chanteurs se prend pour Angus Young. Il a enfilé des culottes courtes, porte une cravate et trimbale une mallette de pc portable. A plusieurs reprises, le combo demande à l’auditoire, un peu mou du genou, de s’approcher du podium. Invitation qu’il exécute timidement.

Les lyrics sont exprimés dans la langue de Voltaire et ne manquent pas d’humour. A prendre au second degré, bien sûr. La bonne humeur est de rigueur. Les musicos déménagent littéralement sur l’estrade. Dans le public s’amorcent quelques petits ‘round circles’. Le panda se décarcasse tellement pour mettre l’ambiance, qu’il en attrape des bouffées de chaleur et se retrouve en slip… Carrée, l’expression sonore oscille du hardcore au metalcore et peut s’appuyer sur une section rythmique particulièrement solide. De la setlist, j’épinglerai « Choco-Jeanne », « Fish Boy », « Polygame », « Infection Cérébrale », « Chope Ton Biker » et en apothéose, « Mingawash », titre qui a donné le patronyme au groupe. Bref, une chouette découverte qu’il faudrait suivre du coin de l’œil… Et le public d’affluer dans l’auditoire, au fil du set…

Changement de matos et place à Unswabbed. Il s’était déjà produit en mai dernier au Salon, en première partie du second projet de Vincent, le chanteur d’AqMR, The Butcher's Rodéo. Le combo est venu présenter son nouvel Ep « Tales From The Nightmares vol.1 » paru ce 31 mai. Séb, Bruno, Mathias, Filz et Charles se sont rencontrés en 1995. A l'époque, ils n'avaient pas 20 ans. Bien qu'issus d'horizons musicaux différents, ils décident de monter Unswabbed. Premier objectif : se faire plaisir ! Filz abandonne néanmoins l'aventure, réduisant le line-up à un quatuor. Qui compte plus de deux cents dates de concerts à son tableau de chasse. Leur participation dans la catégorie 'Découverte Rock/Métal', lors de l'édition 2011 du Printemps de Bourges, suscite l'intérêt de Canal +. Aussi dans le cadre de l'émission 'Un Monde de Brutes', la chaîne les suit pendant cinq jours. Leur répertoire est partagé entre titres interprétés dans la langue de Molière (une majorité) et celle de Shakespeare (quelques-uns). Leurs textes sont engagés. Les mélodies accrocheuses et les riffs incisifs. Sur le podium, le chanteur grimpe sur tout ce qui est susceptible d’être escaladé. Le chant est puissant et assez mélodieux. Les riffs de gratte sont incisifs et le drummer tape sur ses fûts comme un vrai malade. Bref, la foule commence à remuer et les ‘round circles’ se multiplient alors que le crowdsurfing s’intensifie…

Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs, accueillez le nouveau Messie du métal, j'ai nommé Vincent Peignart-Mancini. Il s'agit du nouveau chanteur du groupe parisien AqMe. Il a débarqué en 2012. Pourtant, peu de formations résistent au départ de leur vocaliste. Maintenant, n'imaginez pas que leur musique s'écoute religieusement. Comme une messe célébrée par trois curés et une bonne soeur. Depuis l'arrivée de Vincent, le combo a retrouvé une nouvelle vigueur et est prêt à affronter l'adversité. La pochette est illustrée par un gaillard à deux têtes dont le coeur est bien au milieu et les veines lui traversent le corps. Déroutant ; mais surtout biologique ou alors mystique. Le drummer et dernier membre fondateur Etienne Sarthou (NDR : la naissance d'AqME remonte à 1999), la bassiste Charlotte Poiget (depuis 2000) et le guitariste Julien Hekking (il a rejoint le combo en 2009) complètent l'équipe. « Dévisager Dieu » constitue leur 7ème album et le premier d'une longue lignée, un disque qui a été mixé une nouvelle fois par un vieux complice, Magnus Lindberg.

AqME est en forme. Il a même une pêche d’enfer. Et pourtant, c’est la force tranquille du band, Etienne, le seul rescapé du line up, qui donne le ton. Sa frappe métronomique mais percutante est en quelque sorte fédératrice. La voix de Vincent est puissante, parfois à la limite de la rupture, mais constamment mélodieuse, sauf bien sûr lorsqu’elle se mue en hurlement. Charlotte a beaucoup de charme. Elle est même très sexy. De ses doigts cajoleurs, elle palpe ses quatre cordes.  

En toile de fond, deux tapisseries représentant le logo de la pochette du nouvel opus Le concert s’ouvre par une petite intro qui permet aux trois métallos mystiques de prendre place sur scène. Vincent attaque « Avant le jour », le single qui a précédé la sortie de « Dévisager Dieu ». Le guitariste et le bassiste sont bien en ligne. « Lourd Sacrifice » est une ancienne compo, sur laquelle le hurlement de Vincent est digne de son prédécesseur. Il donne même une nouvelle dimension aux anciens titres. Il affiche une attitude rock’n’roll tout au long de « Au-delà De L'Ombre », issu du dernier elpee. Manifestement, c’est un excellent showman et il monopolise tous les regards. Il parvient à faire monter la pression dans une fosse qui commence à jumper. Les riffs de Julien sont incisifs, meurtriers même. Et il nous le démontre tout au long de « Culte De Rien », tiré de « En l'Honneur de Jupiter » (2009) et « Rouge/Noir », du premier long playing, « Sombres Efforts » (2002). « Ce Que Nous Sommes » et « Enfant De Dieu » sont deux morceaux à la fois musclés et savoureux. Et le concert de s’achever par une petite bombe sonore, « Luxe Assassin », tiré d’« Épithète, Dominion, Epitaphe » (2012).

En rappel, on aura droit à  « Pornographie » et « Superstar ». Une belle soirée trempée dans le métal ! AqMe se produira au Durbuy Rock Festival, l’an prochain. A vos agendas...

(Organisation : Le Salon de Silly - François Meertens)

mardi, 09 décembre 2014 00:00

Il n’y manquait que des musiciens…

Les voix soul de Boyz II Men sont au programme ce mardi 9 décembre, à l’AB. En arrivant vers 18 heures, la file est déjà bien longue. Pas de tartiflette ce soir, je suis le mouvement. La soirée n'est apparemment pas sold out. Ce soir, l’auditoire, multiethnique, va parfaitement refléter la population de Bruxelles, ville multiculturelle par excellence. Un public qui va vibrer face à ce trio d’exception…

L’ouverture des portes accuse un gros quart d’heure de retard. Après avoir récupéré mon sésame, je fonce vers le balcon afin de me procurer une place assise la plus confortable possible. Ce sera au troisième rang, au milieu de la rangée. Idéal pour ne rien rater du spectacle. Devant moi, il y a quelques jeunes filles qui incarnent parfaitement le métissage qui fait la fierté de la capitale européenne. En outre, tout en demeurant assises, elles vont communiquer leur bonne humeur et leur joie de vivre, tout au long de la soirée, à l’ensemble du public de l’étage.  

Lorsqu’un Dj se produit en première partie d'un concert, on a souvent droit à un enchaînement de morceaux destiné à faire passer le temps. Et quand il faut s’en farcir 75 minutes, on est littéralement assommé. J'appréhendais donc ce scénario. Or, Dj Da Vinci va épater toute la galerie. De son véritable nom Robert Hoogduin, ce Batave mixe depuis 1984. Et il le fait divinement. Il crée une interaction avec le public et parvient à chauffer l’ambiance doucement, graduellement, mais efficacement. A tel point qu’il va transformer la fosse en immense dancefoor. Sa programmation nous réserve des titres de Alt J, Beyonce, Rihanna, Ken West, 50 Cent, et même, pour passer à la vitesse supérieure, de Michael Jackson. Bref, Da Vinci a parfaitement joué son rôle d’entertainer pour Boyz II Man. Une vraie bête derrière ses manettes…

Le public est impatient de voir monter Boyz II Men sur l’estrade. Perso, c’est la première fois que j’assiste à ce type de spectacle.

A l’origine, les Boyz II Men impliquaient 5 membres ; mais le line up s’est rapidement réduit à un trio, un noyau dur réunissant Nate Morris, Wanya Morris et Shawn Stockman. Leurs 10 premiers elpees se sont écoulés à plus de 60 millions d’exemplaires. Ils sont ainsi devenus le groupe de R&B le plus populaire de leur époque. En 2007, ils ont décidé d’adapter des standards du catalogue Motown. Un projet qui a surpris pas mal de monde –y compris le groupe– mais qui s’est soldé par un nouveau succès. Dans la foulée, il publie « Love » en 2009, « Twenty » en 2011 et « Collide » en 2014 (NDR : c’est leur quinzième LP), un disque qu’il va présenter en troisième partie du spectacle. C'est la troisième fois que le trio se produit à l’AB. Il s’y était déjà illustré en 2010 et 2012, au sein d’une salle sold out…  

Le décor est dépouillé. Un écran a été placé en arrière-plan pour recueillir les projections de vidéos. Une petite estrade sert uniquement de table pour déposer les rafraîchissements des artistes. Trois tabourets ont été installés sur les planches. On remarque également la présence d’une guitare, côté gauche, et d’une basse, côté droit, placés contre l'estrade. Pas d'autres instruments ni d’amplis. La musique est préenregistrée sur bande. C'est un peu dommage ! Mais c’est la volonté des artistes, et il faut la respecter. Tout est mis en place pour mettre en exergue leurs voix. Quant au light show, il va évidemment se focaliser sur les artistes.  

En guise d’intro, l’historique de la carrière du band défile sur l’écran. Les trois vocalistes débarquent sous un tonnerre d’applaudissements ; acclamations qui vont se répéter tout au long du show. Les portables et les appareils photos crépitent dans la fosse. L’effet est plutôt surprenant quand on se trouve au balcon. Le set s’ouvre par l’énergique et plutôt dansant « Believe / Muzak ». L’expression sonore baigne dans le funk et le r&b. Un départ à l’américaine, digne de LMFAO. Issu de « II », « On Bended Knee » est interprété à trois voix. Les fantômes de Marvin Gaye, des Temptations, de Stevie Wonder et de Mickael Jackson rôdent…

Les tubes, tels que « End Of The Road », « I'll Make Love To You » et « Can't Let Her Go » sont repris en choeur par la foule. Les artistes confessent adorer le mouvement old school de la Motown, mais admettent qu’ils appartiennent à la nouvelle école. Ils vont nous le démontrer à travers de nouvelles compos. Les images défilent. Dont certaines destinées aux applications à télécharger sur son I Phone, afin d’y disposer constamment de leur musique. Explications à la clé. Parmi les covers, j’épinglerai « Money (That's What I Want) » de Barrett Strong, « It's The Same Old Song/Reach Out I'll Be There » des Four Tops, « Amazed » de Lonestar et « Open Arms » de Journey. Du nouveau long playing, « Collide », on aura droit à quelques plages paisibles, mais chargées de swing. De quoi mettre du baume à l'âme et au coeur.

Lors du rappel, deux des artistes empoignent enfin la basse et la guitare pour attaquer le « Never Mind » de Nirvana. Et la version est particulièrement électrique. Ces instruments ne servaient pas seulement de décoration.

Bref, si j’ai assisté à un superbe concert, dans une ambiance du tonnerre, et savouré les voix remarquables de Boyz II Men, j’ai quand même regretté la quasi-absence de musiciens. Lors de leur retour, c’est un souhait que je formule. Certain que le spectacle y sera encore plus remarquable…

(Organisation : Greenhouse Talent)  

 

vendredi, 12 décembre 2014 17:56

Zoologic (Ep)

Panda Royal est un duo féminin franco-belge né fin 2011. Groovy, le plus souvent allègre voire même humoristique, sa musique oscille entre electro, funk, hip-hop, pop, swing et deep house. Leurs compos sont donc parsemées de références et adressent de multiples coups d’œil aux artistes qui l’inspirent.

Découpé en 6 pistes, « Zoologic » a été co-arrangé par Dj Mellow, mixé par Jean Vanesse au Green House Studio et masterisé à Paris par Benjamin Joubert.

« Woogie Shake » ouvre l’elpee. Un titre qui baigne dans une forme d’électro feutrée. Plus pop, « Lighthouse » est une piste fraîche, entraînante et surtout dansante. Caractérisée par ses vocaux sucrés, elle évoque quelque peu la 'French Touch'. « Princesse et Panda », nos deux gentilles Hao Hao ne se nourrissent pas de jeunes pousses de bambou, mais préfèrent consommer de bons beats electro. « Blame It On Obama » adresse inévitablement un petit clin d'oeil aux States et à son célèbre président. Sans pour autant se prendre au sérieux. Un titre destiné au dancefloor ; à l’instar de « Caramba », tendre avant d’élever le tempo.

« Funky Mood » est une plage moins immédiate ; elle nécessite même plusieurs écoutes avant d’être estimée à sa juste valeur. Cet Ep s’apprécie d’ailleurs de plus en plus, au fil des écoutes. Un duo a voir en ‘live’, j’en suis persuadé.  

L’Ep sort en vinyle et en digipack.

Depuis le 20/10/2014, la version digitale est disponible

vendredi, 12 décembre 2014 17:53

Memories

Michael est né au Danemark en 1981. Il est guitariste de formation. Il a commencé à en jouer vers 15 ans. Préalablement à carrière solo, il avait milité chez High Octane. Il en était d’ailleurs le leader. Avant de graver « Memories », il avait publié un Ep 4 titres.

Son backing group réunit l’ex-Yngwie Malmsteen Göran Edman au chant, Christoffer Hoaas à la basse et Mads Grunnet aux drums. L'album a été enregistré et mixé par Christian Bonde et Michael Jessen au CB Studios (NDR : c’est au Danemark).

« Broken Heart » ouvre la plaque. La voix est mélodieuse et la section rythmique est un remarquable tremplin pour les riffs de gratte à la fois élaborés et précis. « My Own Funeral » est un titre irrésistible. A cause du remarquable solo de guitare. Serions-nous en présence d’un futur guitar hero ? Une chose est sûre, il a une excellente technique sur son manche. Et il va de nouveau le démontrer sur « The Rose » et « Freefall ».

Comme tout bon Scandinave qui se respecte, Michael a de nombreuses relations dans le monde de la musique. Et même de grosses pointures. A l’instar de John Norum. Le gratteur de Europe se réserve le solo sur « Blackwater », une plage qui baigne inévitablement dans le rock mélodique. D’autant que Michael y pose parfaitement sa voix. Morten Dybro siège derrière le piano sur « Prisoner », une invitation à rejoindre le dancefloor. Mais en douceur...

Plus lourd, « Runaway » est dispensable. C’est sans doute le seul point faible de l’opus. Plus nerveux, « Dreams Die Hard » est stimulé par une batterie plus qu'efficace. Et vu son titre, « Lost In L.A. » lorgne inévitablement vers les States. Une chouette découverte...

vendredi, 12 décembre 2014 17:52

Siren Charms

Réunissant le chanteur Anders Fridén (chant), les guitaristes Björn Gelotte et Niclas Engelin ainsi que le bassiste Peter Iwers et le drummer Daniel Svensson, In Flames est né en 1990, à Gothenburg, en Suède. Depuis sa formation, il a publié onze elpees : « Lunar Strain » (1994), « The Jester Race » (1995), « Whoracle » (1997), « Colony » (1999), « Clayman » (2000), « Reroute To Remain » (2002), « Soundtrack To Your Escape » (2004), « Come Clarity » (2006), « A Sense Of Purpose » (2008) « Sounds Of A Playground Fading » (2011) et « Siren Charms » en septembre dernier. Il est également responsable de trois Eps : « Subterranean » (1995), « Black-Ash Inheritance » (1997) et Trigger (2003), ainsi que d’un DVD live « The Tokyo Showdown » ( 2001).

In Flames pratique un death metal particulièrement mélodique. En fait, les Nordiques ont une approche très personnelle du métal, privilégiant avant tout la qualité et l’accessibilité des compos.

Découpé en 11 plages « Siren Charms » se caractérise d’abord par ses refrains immédiats. La voix est harmonieuse ; les hurlements semblent appartenir au passé. Tout est pensé pour séduire le mélomane du genre. Les compos sont parfaitement calibrées afin d’atteindre une efficacité optimale. Même l’artwork de la pochette a été étudié pour accentuer ce pouvoir de séduction.

Quoique particulièrement énergiques, « In Plain View » et « Everything's Gone » sont sculptés dans des riffs de guitares bien dosés. Pas de risque d’agression. Excellents, « Paralyzed », « With Eyes Wide Open » et « Dead Eyes » sont encore plus accessibles. Parfois les guitares sonnent comme des claviers. Le drummer fédère le tout et appuie judicieusement le timbre clair et délicat du chanteur. Et si « Through Oblivion », « Rusted Nail » et « Siren Charms » sont des titres carrément commerciaux, « Monsters In The Ballroom » et « Filtered Truth » rivalisent d’insipidité. Plus consistant, « When The World Explodes » opère un retour judicieux dans le passé. A conseiller aux amateurs du style…

samedi, 06 décembre 2014 00:00

Public apathique pour trio sympathique…

Pour le concert de Triggerfinger, Forest National recense 6 000 personnes. Un belle prouesse quand on sait que la capacité totale de cette salle est de + ou – 8 400 spectateurs. Le nombre d’artistes ou de groupes belges capables de la remplir n’est pas légion (dEUS, Machiavel, Vaya Con Dios, Puggy, etc.) ; mais en général, ils jouissent déjà d’une belle notoriété ou sont à l’aube de la reconnaissance internationale. Et ce soir, c’est blindé de chez blindé pour assister au set du trio anversois, éminemment sympathique. En supporting act, on retrouve la formation canadienne Big Sugar, qui avait déjà joué ce rôle, lors du show accordé à l'Ancienne Belgique, en mai 2014.

 

Big Sugar est un combo qui a déjà connu deux vies. La première entre 1991 et 2004. La seconde depuis avril 2010, soit depuis leur reformation. Le line up réunit Kelly 'Mr Chill' Hoppe au saxophone, à l'harmonica et aux claviers, Garry Loweest à la basse, Gordie Johnson au micro et à la six ou la douze cordes et enfin le drummer St ainsi que le claviériste DJ Friendlyness. Big Sugar est une véritable institution au pays de l’érable. Dans l’univers du blues et du roots, il est considéré comme un des plus créatifs ayant sévi au cours des 90’s. Il est né de la rencontre improbable entre un guitariste de hard-rock, un bassiste jamaïquain et un batteur punk.

Leur musique est plutôt originale et métissée. Une forme de blues aux réminiscences reggae et ragga. Le chanteur a une bonne voix et se révèle excellent gratteur. Les musicos bougent pas mal sur les planches. Le band s’était produit le 1er mai dans le cadre du Roots & Roses de Lessines ; et honnêtement, il ne m’avait pas particulièrement marqué. Bref, si le son manque quand même de pêche, il faut reconnaître que le show est dynamique et bien rôdé. En outre, les musicos manifestent une belle interactivité avec le public…

Véritable institution en Flandre, Triggerfinger jouit aujourd’hui d’une notoriété internationale, qu’il a acquise au fil du temps. Surtout comme groupe ‘live’. A tel point, qu’au cours des dernières années, le combo a été programmé au sein des plus grands festivals européens : Werchter, Vieilles Charrues, Rock Am Ring, Dour, Pukkelpop, Pinkpop, Sziget, Lowlands, Main Square, etc. Il a même assuré le supporting act des Stones à Hyde Park, l’an dernier. Eponyme, son premier opus est paru en 2004. Suivi par l’album ‘live’ « Fathers Up » en 2007, « What Grabs Ya » en 2008, « All this Dancin' Around » en 2010 (NDR : il a récolté un succès phénoménal qui s’est traduit notamment par un disque de platine en Belgique) et le dernier, « By Absence Of The Sun », cette année. Un enregistrement qui a été postposé, suite au succès imprévisible de leur cover du « I Follow Rivers » de Lykke Li, immortalisé lors d’une session radio pour la chaîne hollandaise 3FM. Un tube aussi énorme qu’inattendu qui les a renvoyés sur les routes, pour un nouveau périple de 6 mois, aux quatre coins du Vieux Continent. Une reprise qui figure sur le nouvel LP ‘live’ « Faders Up 2 ». Mais si vous souhaitez en savoir davantage sur l’épisode qui a marqué les sessions de leur dernier long playing, réalisé aux States, je vous renvoie à l’interview que le trio avait accordée à Musiczine au printemps dernier (voir ici)

A l’instar de la pochette du dernier LP, le chanteur/guitariste Ruben Block, le bassiste Paul Van Bruystegem, aka Monsieur Paul, et le drummer Mario Goossens ont revêtu leurs costards. Sexy, zébré mauve et rose pour Ruben, bleu foncé aux rayures verticales bleu ciel et blanches pour la veste chez Mario et comme d’hab’, blanc pour Mr Paul. Le rideau gris habituel est tiré en fond de scène. Et le set va bénéficier d’un solide light show. Avant que le combo ne monte sur l’estrade, une intro ténébreuse est crachée par les haut-parleurs. Et le spectacle de commencer par « Black Panic », un premier extrait du petit dernier, « By Absence Of The Sun ». Ruben triture sa gratte. Mario est déjà en super forme et invite la foule à se remuer en frappant dans les mains. Il se lève régulièrement de son siège pour haranguer la foule. Les 120 minutes de concert ont démarré à du 100 à l’heure ! D’autant que Mario martèle ses fûts toujours aussi frénétiquement. Comme sur le titre suivant, « And There She Was Lying in Wait ». Faut dire aussi que la section rythmique est particulièrement solide et balise les compos à la perfection. Car le showman, c’est avant tout Ruben. Il arpente l’estrade de long en large. Petit problème quand même, récurrent à Forest National, la voix de Block est trop en retrait. « By Absence Of The Sun » déclenche un véritable délire dans l’auditoire. Mario marque la cadence à l’aide de ses sticks pendant que les spectateurs frappent des mains. Enfin, l’ambiance commence timidement à décoller. Et « There Isn't Time » prolonge cet engouement. On My Knees » est un extrait du premier album, gravé en 2004. L’éponyme ! Une compo qui leur a permis de faire leurs premiers pas. Il fait de plus en plus chaud. Sur le podium. Les trois musicos se livrent et donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre. Ruben tombe la cravate ainsi que la veste. Normal, il assure le show. Mario se charge plutôt de relancer (NDR : réveiller ?) la foule, quelque peu mollassonne et l’incite à applaudir le barbu. Après « Perfect Match », la voix légèrement vocodée de Block amorce « My Baby's Got a Gun » (NDR : tiré d’« All This Dancin' Around »), un titre qu’il va charge d’intensité à l’aide de sa guitare, par paliers, avant d’atteindre une saturation ultime. C’est évidemment lors d’« All This Dancin' Around » que Mario va nous accorder un solo d’enfer sur ses fûts, moment choisi par ses deux comparses pour l’éclairer à l’aide de deux énormes spots ; et pendant les 20 bonnes minutes de son exercice de style !

« Is It » achève le set, un excellent boogie issu du premier elpee. Les membres de Big Sugar et du trio sont devenus très proches. Aussi, plusieurs d’entre eux les rejoignent sur le podium. Pour rappel, on aura droit à « Off the Rack », une version singulière du « I Follow Rivers » de Lykke Li (NDR : surtout l’intro) et à « Cherry ». Bref, si Triggerfinger s’est montré à la hauteur de sa prestation, il faut avouer que le public a quand même manqué de réactivité. La faute à une qualité de son insuffisante ? Sans doute. Mais pour le régler à la perfection, dans une telle salle, il faudrait bien une baguette magique. Ou alors disposer d’un matos hyper pro comme Neil Young, par exemple…

(Organisation : Live Nation)

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jeudi, 04 décembre 2014 00:00

Une bonne dose d’électricité en plus…

Votre serviteur se rend pour la deuxième fois, cette semaine, à l’Aéronef de Lille. A l’affiche,  Angus et Julia Stone. Le concert est sold out, et le mot est faible. Il sera quasi-impossible de se faufiler au cœur de l’auditoire. Et pour cause, les spectateurs sont entassés comme dans une boîte à sardines. Il reviendra à The Staves, un trio réunissant trois sœurs, d’assurer le support acting act…

Les trois frangines nous viennent de Watford (NDR : c’est dans le comté de Hertfordshire, en Grande-Bretagne). En fonction des compos, Emily, Jessica et Camilla Staveley-Taylor se réservent les grattes acoustiques ou le ukulélé. Mais participent toutes aux vocaux. Conjuguées, leurs harmonies sont d’ailleurs superbes. On comprend mieux pourquoi Tom Jones les avait plébiscitées en son temps. Elles s’expriment quelque peu dans la langue de Molière, entre les chansons. Mais adoptent une attitude plutôt statique. De leur setlist, je retiendrai deux perles, « If I Was » et « Mexico ». Leur musique trempe dans le folk/rock, même si les puristes y détecteront sans doute de la country et de l’americana. Bref, un concert plutôt sympa, mais pas vraiment transcendant. Ce qui n’a pas empêché le public d’applaudir généreusement la prestation de The Staves

Après avoir gravé « A Book Like This » en 2008 et « Down the Way » en 2010, le couple a publié un troisième long playing, ce 29 juillet 2014. Et il est éponyme. Les deux premiers opus se sont bien vendus et tout un chacun sait pertinemment que le troisième essai est souvent un cap difficile à franchir. Il est même parfois vital pour la survie d’un groupe ou d’un artiste. Ce dernier LP est moins cérébral, plus nerveux et surtout plus électrique.

Votre serviteur a déjà eu le loisir d’assister aux sets d’Angus, de Julia ou ensemble. Des musiciens que j’apprécie énormément. Et Julia, tout particulièrement, même si le couple est à la fois complice et complémentaire. Le concert va durer 60 minutes. Préposé aux cordes, le duo est soutenu par un bassiste, un claviériste, un drummer et un guitariste. Ce qui porte le nombre de gratteurs à trois. En arrière-scène, de petites leds scintillent sur une toile, comme pour représenter la voie lactée.

Le set d’Angus & Julia Stone s’ouvre par « A heartbreak », la plage d’entrée du nouvel opus. Le son est puissant. Agressif, privilégiant les teintes bleues et rouges, le light show se focalise sur les artistes, mais par groupe de deux (NDR : pas un cadeau pour les photographes !) Angus est coiffé d’un bonnet à pompon flashy. Toujours aussi jolie, la longue chevelure en tresses, Julia est vêtue d’une petite jupe noire sexy (NDR : trente balais de moins, et je la raccompagne aux Antipodes). Malgré l’avalanche de sonorités de cordes, « Main street » est un morceau plus paisible, plus doux, caressé par la voix sensuelle de Julia. Une voix susceptible de vous faire fondre comme un glaçon sous les rayons du soleil. Et puis son sourire me fait craquer. On ferme les yeux et on atteint déjà le Taj Mahal musical. Tout comme lors de « For you », un titre fluidifié par un filet de piano et ciselé dans les cordes de guitares d’une grande limpidité. Le timbre de Julia se fait plus rocailleux sur « Crash And Burn », une compo découpée par des riffs de gratte sauvages, dans un climat proche de Neil Young.

« Private Lawns » met le cap vers Kingston. Julia soutient la rythmique à l’aide de son banjo ; mais empoigne ensuite un cornet à piston, tout en continuant à se servir de son instrument à cordes. Place ensuite au hit « Big Jet Plane ». J’adore. Et toujours ce chant qui vous flanque des frissons partout. La cover du « You'Re The One That I Want » de John Travolta et d'Olivia Newton-John est particulièrement réussie. Elle est même originale. Serein, « Grizzly Bear » est un autre extrait du dernier elpee, un morceau qui projette dans votre inconscient des images du désert australien. Toujours tiré du même opus, « Wherever You Are » est une ballade savoureuse, à consommer en hiver, près d'un bon feu de bois. Les harmonies vocales dispensées par Angus et Julia sont stupéfiantes. Lors du rappel, le couple va nous réserver des versions acoustiques de « And The Boys » et « Santa Monica Dreams ». En duo. La setlist était totalement différente de celle proposée lors de leur show accordé, au Cirque Royal. Et de toute bonne facture, ce concert a surtout mis en exergue la différence entre les anciens titres du groupe, toujours sculptés dans le folk rock, et les nouvelles chansons, bien plus électriques…

Organisation : Vérone Productions

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