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Apocalyptica
Didier Deroissart

Didier Deroissart

C’est dans le cadre du Brussels Summer Fetival que nous avons rencontré Antoine Chance, juste avant le concert qu’il a accordé au Magic Mirror. Nous sommes dans les loges, devant un petit rafraîchissement. Antoine, c’est le fils de Philippe Geluck, le célèbre dessinateur du ‘Chat’. Il a la même bouille. Même calvitie naissante, même sourire enjôleur, même répartie, même bonne humeur. Et puis le mot néerlandais ‘Geluk’ ne se traduit-il pas en français, par chance ? C’est un clone presque parfait. En 2013, il assurait l’ouverture au même endroit. Aujourd’hui, il est programmé en tête d’affiche. Quel parcours accompli depuis les Nuits du Soir, auquel il avait participé l’an dernier !

C'est drôle quand même. Il y a un an pile poil, je jouais ici en première partie des Innocents et aujourd'hui, je me retrouve en tête d'affiche. Depuis, il y a eu la sortie du single et de l’album.

Il t’a fallu 10 ans avant de sortir ton premier album. Un bail quand même ?

Effectivement. J'ai développé des projets, sans forcément attendre un certain résultat. Ensuite, j’ai voulu qu’ils soient bien ficelés. Et dix ans se sont écoulés. Mais le disque a du succès. En même temps, je me sens en phase avec ce que j'ai fait. Il aurait pu totalement se planter. Alors j’aurais vraiment été mal dans ma peau. Je pense que j’aurais eu du mal à encaisser le coup. Même si je ne me serais pas entièrement remis en question. Je ne vais plus patienter 10 ans avant de graver un nouvel album. « Fou » est vraiment le premier. Si j’en sors un par décennie, je ne vais pas en enregistrer beaucoup. Et si je meurs à 81 ans, j’en réaliserai donc huit.

Peux-tu nous parler de ton parcours musical, en quelques mots ?

J'ai commencé à jouer du piano classique à l'âge de six ans. A douze, j’ai opté pour la guitare. Et j’ai délaissé le piano, avant d’y revenir vers 18. C’est à cette époque, que je suis parti étudier la musique, en Angleterre, près de Brighton. Puis, je suis rentré en Belgique et je me suis posé des milliers de questions. Envisageant alors de commencer à écrire des chansons. Je me suis lancé. Il a fallu de temps. Et le résultat est là.

Tu me fais penser à un moteur diesel, il te faut du temps pour te mettre en route…

C’est exact, j’ai un petit côté diesel.

Te sens-tu soutenu par ton label ?

Ma firme de disques est très présente et croit à mon projet. Elle m’a habitué à un gros ‘taff’ et c'est super. On bosse comme des tarés. On a bénéficié d’énormément de promo. En fait, c’est la même équipe qui me suit depuis longtemps. Et on obtient des résultats.

« Fou » est produit par Renaud Létang. Une raison ?

Je suis signé chez Mercury en France. On s'est posé la question avec mon équipe là-bas. Qui serait le gars ou la personne idéale pour assurer la production ? On est vite arrivé sur son nom. On lui a passé un coup de fil, il est venu, on s'est rencontré et tout s'est très bien passé. C'était finalement assez simple. J’ai été très impressionné, car je pensais que dans ma carrière, je ne travaillerai jamais avec quelqu'un de cette envergure. Et capable de concrétiser autant de projets qui lui plaisent. Ce qui me rassurait quand même. Je souhaitais bosser sous la houlette d’un pro qui me dise ce qui allait et n'allait pas. Et finalement si j’ai travaillé tous les jours dans son studio, j'étais parfaitement à l'aise. Renaud Létang a réussi à mettre de l'ordre dans mes idées. Il a sollicité le concours de deux musiciens de studio ; en l’occurrence Ludovic Bruni et Vincent Taeger. Qui ont abattu un fameux boulot. Le son est bon, assez brut, dépouillé. Peut-être un peu trop. Il est vrai que parfois, j’aime bien en remettre une couche. Il faut cependant savoir dire 'Stop'. Mais quelquefois, on a dit 'Stop' un peu trop tôt. Mais bon, sans quoi c’est un disque pour lequel je reste en phase. Dont je suis fier. Cependant, à la fin des sessions, je me suis rendu compte qu’il n’avait pas de fil conducteur. Que c’était une sélection de titres réalisés par une équipe. Ce qui explique pourquoi, en bout de course, on a dû mettre de l’ordre entre les bonnes idées et les moins bonnes. Et finalement, on a seulement conservé les morceaux les plus simples.

Le concert que tu as accordé à la Rotonde était blindé de chez blindé. Satisfait ? Surpris ?

Oui, c'était impressionnant. J'ai vu les vidéos, par la suite, et elles m’ont quelque peu bouleversé. Sur scène j’étais également assez ému. J'avais dur à tenir ma voix. Un tiers de l’auditoire était constitué de membres de la famille et d’amis. Sympa, car ce sont les personnes qui m’ont toujours encouragé à poursuivre ma carrière. Perso, cette date est importante et restera gravée dans ma mémoire. La salle est superbe et on peut en tirer un son impeccable. Faut dire que derrière les manettes, il y avait un expert (NDR : il s’agit de Benoît, l’ingé son de Puggy ; il n’est pas loin d’Antoine…)  

Ton planning de concerts en Belgique est bien fourni. As-tu prévu de partir à l’étranger ?

J’ai appris que Montréal se profilait ; notamment dans le cadre des ‘coups de cœur francophones’. Les Québécois ont reçu mon album ; et apparemment, ils l’apprécient. En outre, je ne connais pas le Canada et j’ai envie de m’y rendre.

Coco Royal, c'est de l’histoire ancienne ?

Pour l’instant, ce n'est plus du tout à l’ordre du jour. C'était la concrétisation de mon premier projet. On a accompli un bout de chemin ensemble et nous avons expérimenté un tas de formules. Nous étions encore à la recherche de la meilleure. Mais j’ai aussi vécu de très bons moments. Oui, en effet, j’ai mis Coco Royal, entre parenthèses…

Qui t’accompagne en tournée ?

Yannic Dupont se consacre à la batterie. Quand on s’est produit aux Nuits du Soir, c’était Ziggy de Puggy qui s’y collait. Il a un même talent. Il est cependant plus petit et affiche un physique moins suédois. On d'abord bossé en duo. C'était cool. Au départ, il est percussionniste, mais c’est un multi-instrumentiste. Il est également excellent arrangeur. Et puis, il a vraiment de bonnes idées. Geoffrey est arrivé ensuite. Il joue aussi bien de la basse que de la guitare et possède un fameux vécu dans l’univers musical. J'aime beaucoup mon groupe. On forme une belle équipe. On bosse énormément, et on s’entend très bien. Et puis, il y a pas mal de concerts. C'est vraiment chouette aussi.

Souchon et Voulzy, des références pour toi ?

Plus Alain Souchon, mais j'écoute aussi Voulzy. C'est un peu plus sucré et kitsch. J'aime bien Renaud aussi. Renaud et Souchon abordent l’écriture d’une manière totalement différente. Souchon utilise une forme poétique quand il raconte une histoire. Dans le domaine, c’est vraiment le maître. On attribue toujours la mélodie à Voulzy. Voulzy se chargerait de la musique et Souchon des paroles ? Ce n'est pas vrai ! Souchon est un grand mélodiste et j’en suis un grand fan…

Tu es très attentif au sens mélodique. Une conséquence de tes influences ?

En tout cas, c'est ce qui me préoccupe le plus. Après, je ne promets rien. J'essaye d'écrire un peu plus de textes. Et puis, je veux tout contrôler. Pour que tout soit parfait. Je suis aidé pour les textes de mes chansons. Effectivement, je passe beaucoup de temps à travailler les mélodies. C’est ce qui me passionne, en fait. De nouvelles chansons sont en chantier…

Ton single « Fou » est diffusé sur toutes les ondes. Ton nom est sur toutes les lèvres. L'année 2014 sera celle d’Antoine Chance ?

Je n’en sais rien. Ou alors, tous les gens que je rencontre sont soit des amis ou des ennemis. On me dit souvent que je cartonne et qu’on m’entend partout. Effectivement, le disque marche plutôt bien. Mais en même temps, depuis 2010, j’espère chaque fois que ce sera la bonne année. Et finalement, nous sommes déjà en 2014…

« Fou d'Amour », s'adresse-t-il à ton épouse ? Es-tu fidèle ? Es-tu un grand sentimental ?

Je ne suis pas fidèle du tout. Ainsi, elle va apprendre aujourd'hui. Je ne voulais pas lui annoncer. Je plaisante bien sûr. Oui, je suis extrêmement fidèle. Je suis plutôt un sentimental, quelque part, un romantique.

C’est la lune qui t’a inspiré pour « La Nuit Interpelle » ?

Que veux-tu que je réponde à cette question ? La  lune est toujours une source d’inspiration. Mais je n’ai jamais écrit de chanson au sujet de la lune.

Sur la nuit, oui !

« La Nuit A Ses Défauts » est une belle chanson. Je ne signe pas les textes ; mais c’est une belle chanson.

« Sur l'Asphalte » raconte ton parcours, ton histoire…

Je ne suis pas non plus responsable des paroles. En fait, c’est assez amusant, pour cette compo, j’ai envoyé à Marcel Khange, le parolier, quelques indications personnelles. Et résultat, elle colle parfaitement à mon parcours. L’autre jour, j’ai écrit le texte d’une chanson, en m’imposant de ne pas parler de ce dont je te parle ; et j'en parle quand même. Parfois, on se laisse un peu embarquer. Lors d’une émission, dernièrement, j’ai entendu Gainsbourg déclarer que c'est le mot qui donne l'idée ou l'idée qui donne le mot. Pour lui, c'est le mot qui donne l'idée. C'est donc ainsi. Chacun a sa vision des choses. Je suis assez d'accord à ce sujet.

Cette compo me fait quelque part, penser à Coldplay…

La démo, au départ, évoquait un peu Agnès Obel. Coldplay ? Peut-être. J'aimais vraiment bien. Mais aujourd’hui, c'est devenu une grosse machine. Il y a un bout de temps d’ailleurs. Ce qui est sujet à la critique, évidemment. Chris Martin est un poète. Il a quelque chose dans la voix et dans son écriture qui me touche.

« Qui c'est » adresse-t-il un clin d’œil à Bowie ?

Oui. Bowie est une sacrée référence. L'idée est venue naturellement. L'histoire de la guitare, c'est celle du batteur en studio. Il ne joue pas de guitare. Elle est drôle cette chanson. Mais au fil du temps, on l’a remaniée. Au départ, elle était plus mélo, plus Coldplay. C'est devenu un truc un peu rigolo, où on a ajouté des ‘claps’, aussi.

As-tu prévu de sortir un second single ?

Oui et c'est « Parader En Enfer ». On s’est rendu compte qu’elle avait une certaine pêche, qu’on ne retrouve pas sur disque. On l'a donc retravaillé. Pour l’adapter à la scène.

Antoine, la toile et les réseaux sociaux, est-ce important pour toi ?

Oui, très important. Essentiel, même. Je ne suis pas accro à Facebook. Mais je me suis inscrit sur des tas de réseaux sociaux. Je dispose même, depuis peu, d’un compte Twitter, que je n'utilise presque jamais.

Espères-tu décrocher un prix aux Victoires de la Musique ?

Un paquet ! Je ne sais pas… A vrai dire, l'album n’est pas distribué en France. En Belgique, on peut toujours espérer un ‘Octave de La Musique'. Peut-être…

 

jeudi, 18 décembre 2014 00:00

Dance avec Furu…

C'est la toute première fois que votre serviteur assiste à un spectacle de ce type. Un film projeté lors d’un concert. Et cet événement se déroule à l'Ancienne Belgique. Pour la circonstance, elle a été transformée en salle de cinéma. En mode 'théâtre assis' de luxe, pour être plus précis. Et la date est sold out depuis longtemps. Une petite tartiflette et zou, on se place dans la file. Ouverture des portes à 19h30 et direction le troisième rang. La séance débute à 20h30 précises. Le film s'intitule : « Dance ! Dance ! Dance ! ».

Arsenal a déjà monté ce type de projet. D’abord lors de la sortie de l’elpee « Outsides ». Pour un documentaire paru en Dvd. Ensuite pour celle de « Lotuk ». Quant à « Paper Trails », série destinée à la chaîne de TV Canvas, indépendante de l'album « Lokemo », elle permettait à Hendrik de partir à la recherche des racines de ses romans préférés (« La ballade de l'impossible de Murakami »), au pays du Soleil levant. Hendrik, John et Mario Goossens (batteur de Triggerfinger) ont également collaboré à la réalisation d’une B.O., consacrée à une autre série, « De Poolreizigers », en 2007. Tourner un film est onéreux. Bien davantage qu’un documentaire. 13 personnes ont participé à la réalisation de « Dance ! Dance ! Dance ! ».

Le scénario est basé sur l'histoire de Natsuko, une jolie jeune femme, confrontée à une loi de 1948, tombée dans l'oubli, qui interdit de danser à Tokyo. Pendant sa quête, elle croise la route d'un DJ japonais, Furu, qui joue les derniers disques de sa carrière.

Le tournage du film s'est déroulé à Iwate, un petit village côtier au nord du Japon, et à Sendai, près de Fukushima. L'équipe a vécu un tsunami, entraînant des vagues de 10 mètres de haut, sur le premier lieu. Mais aussi un mini tremblement de terre, sur le second. Ces péripéties sont également relatées à travers les images…

Dj Furu habite au 26ème étage d'un immeuble de Tokyo. Et chaque soir, il revoit se noyer, devant sa fenêtre, la fille laissée à la campagne, morte à cause du tsunami. Elle flotte comme une sorte de créature marine et disparaît au lever du soleil. Durant toute la projection, cet ange blanc va nous poursuivre. Le mot japonais 'Furu' signifie 'tomber', mais aussi 'rejeter' et 'larguer'. Furu est hanté par les démons du passé et pousse le spectateur à se remettre en question. Au fait, chacun pourra interpréter le film à sa manière pendant les 70 minutes de projection/concert.

Les musiciens d’Arsenal sont fascinés par l’image depuis bien longtemps. Mais si ce film a été tourné au Japon, le concept est destiné de permettre au public d’entrer et de sortir du film sur la musique ; ainsi l’a conçu Hendrik Willemyns, bien avant le montage de « Dance! Dance! Dance! »

La réalité est telle qu'aujourd'hui le geste est joint à la parole. Après la première au Festival du Film de Gand (le 22/10/2014), Arsenal part en tournée pur présenter sa création hybride entre film et concert. Il ne faut surtout pas oublier qu' Hendrik a suivi une formation de monteur et d'ingénieur du son à l'école bruxelloise RITS. Le son est important pour Arsenal mais l'image également. Arsenal ne fouille pas dans le passé, il est perpétuellement tourné vers l'avenir. Chaque album est conceptuel et baigne dans une ambiance spécifique. Et world le plus souvent. En puisant notamment dans la culture brésilienne, indienne et japonaise en ce qui concerne « Furu ». Un concert du band est une grande fête à la musique au cours de laquelle il participe.

L’intro est mystérieuse. Il s’agit de « Temul (Lie Low) ». Le trio est placé juste derrière l’écran de projection. A droite, le chanteur/guitariste/bassiste John Rohan. Au centre, Hendrik Willemynsse. Il se consacre aux machines et synthés. A gauche, le gratteur Bruno Fevery. Ils sont coiffés d'une tête de dragon japonais. En arrière-plan, une toile représente les tours de la ville de Tokyo (un décor déjà utilisé lors des précédents spectacles). Pas de Lydmor, Léonie ni de Mirko, Arsenal est réduit à un trio. La projection du film peut commencer. Les dialogues sont en nippon et les sous-titres en anglais et néerlandais. Derrière l'écran, c'est du live, pas des bandes enregistrées. Des spots accentuent les ombres des performers derrière l'écran, sur lequel l’ange blanc (la jeune fille japonaise) tourne au centre.

Retour au film. Parfois déroutant, il baigne au sein d’une ambiance énigmatique. La séance est émaillée de compos issues des différents albums du groupe, mais également nouvelles. Résolument électro/dance (comme dans le titre), elles invitent le spectateur/mélomane à la réflexion, même quand le spectacle tourne à la dérision. Si on coupait le son pour uniquement laisser les images défiler, on n’entendrait pas une mouche voler. Le public reste bouche bée devant un tel chef-d'oeuvre. Et lorsque l’écran se relève, à la fin de la projection, il applaudit à tout rompre les trois prodiges… 

(Organisation : AB)

 

vendredi, 19 décembre 2014 00:00

Un concert d’anthologie…

Rebaptisé Nits pour la circonstance, The Nits fête ses 40 ans d’existence. Une carrière longue, passionnante et riche en émotions. Au cours des années 80 et 90, j’ai eu la chance d’assister à une vingtaine de leurs concerts. Quelquefois à l’AB. Souvent chauffée à blanc. Depuis le début du nouveau millénaire, le combo s’est montré plus discret, opérant quand même un retour fracassant, l’an dernier, dans une même salle comble. J’attendais donc impatiemment ce 19 décembre, pour enfin les revoir. L’AB est à nouveau sold out et le concert sera proposé en mode théâtre semi-flex-assis. L’auditoire est partagé entre aficionados, jeunes et quinquagénaires.

La naissance des Nits remonte à 1974. A ses débuts, le band pratique une forme de new wave, avant d’évoluer vers un style plus personnel, néanmoins largement influencé par les Beatles et les Kinks. Mélodique, entraînant et chargé d’humour, leur pop/rock se caractérise alors par des mélodies subtiles aux refrains contagieux. Ce qui n’empêche pas les compos de s’avérer complexes, atmosphériques ou encore expérimentales. Et surtout de devenir intemporelles. En fait, si le combo prend des risques, ils sont judicieux et calculés.

Au cours de ce spectacle, il va nous permettre de redécouvrir quelques perles irrésistibles. Un show au cours duquel Henk va s’attacher à présenter chaque chanson, en racontant une petite histoire, afin de tenir le public en haleine. Et c’est dans un climat de recueillement qu’il va célébrer sa messe aux hits qui vont s’égrener, pour le plus grand bonheur de nos oreilles…

Pas de supporting act. Le trio débarque, comme d’hab’, un grand sourire aux lèvres. Henk Hofsted, le ‘serial lover’ de ses dames se plante au centre de l’estrade. Il se consacre au chant, à la guitare et aux ivoires. Son piano est placé derrière lui. Robert Jan Stips s’installe à gauche. Il se charge des synthés. Et Rob Kloet, à droite, sur un petit podium. Il est préposé aux drums. Les musicos sont placés en ligne, histoire d’exprimer un partage des rôles au sein du line up. Des images vont défiler sur les trois écrans, placés derrière les artistes. Enfin, quoique discret, le light show va s’avérer particulièrement efficace, tout au long des 120 minutes (et même plus !) de concert...

« Radio Shoes » ouvre le set. C’est un extrait de « Giant Normal Dwarf », paru en 1990. Les interventions à la flûte de pan sont remplacées par celles du synthétiseur. Mais on sent déjà l’émotion qui vous envahit. Et pour cause, des tas souvenirs vous traversent l’esprit. L’auditoire connaît le refrain de « dAdAdA » et ne se prive pas de le reprendre en chœur. Les eighties ont alterné le pire et le meilleur. Nits en est une belle preuve. Issu d’« Omsk », publié en 1983, « Nescio » est ainsi une véritable perle. A cours de « Ting », Henk joue… du triangle. Mais deux claques nous attendent, deux hits ; en l’occurrence « The Train » et « Cars And Cars ». J'attendais impatiemment ces compos, tellement ‘beatlenesques’. L’instrumentation est d’une précision extrême. Le son cristallin. Les mots sont justes. Et le sens mélodique est irrésistible. Notons que pour confectionner la setlist, à trois reprises, Henk va solliciter la foule pour lui demander le choix entre deux chansons. Il semblerait d’ailleurs que ce concert serve de test pour concocter un répertoire en forme de ‘best of.’ De quoi tendre vers la perfection voire atteindre le max d’intensité émotionnelle. A l’issue de chaque chanson, les applaudissements sont nourris et durent parfois de longues minutes. Les artistes semblent prendre grand plaisir sur le podium ; et tout en savourant le succès récolté, ils remercient régulièrement l'assemblée conquise.

Gravée en 1984, « Adieu Sweet Bahnhof » est une œuvre que votre serviteur adore. Je l’écoute encore aujourd’hui. Le titre maître constitue dès lors la cerise sur le gâteau, un diamant à sortir précautionneusement de son écrin. Sans trop savoir pourquoi, j’ai envie de la siffloter ; sans doute, est-elle encore contagieuse...

« Think It Over » est également tiré du même elpee. A cet instant, je jubile. On arrive à la fin du concert. Après « Christine's World », « A Touch Of Heavy Moore », « Dapperstreet », il s’achève par “Port Of Amsterdam». Du grand art ! L’auditoire leur réserve une standing ovation bien méritée.  

Mais impossible de ne pas prolonger ce moment de bonheur. Les Nits reviennent pour « The Swimmer » et « The Dutch Mountains ». On est le cul par terre. Et un deuxième encore nous plonge dans une ambiance country/americana, à travers « J.O.S. Days ». Jamais deux sans trois, puisque ce concert d’anthologie va se conclure par « Aloha Drums » et ensuite une reprise étonnante du « Tomorrow Never Knows » des Fab Four.

Même s’ils sont issus du Vieux Continent, les Nits appartiennent à l’histoire du pop/rock. S’ils avaient été insulaires ou yankees, il seraient sans doute devenus aussi célèbres que U2 voire les Stones, mais en célébrant ce succès à échelle humaine. Rendez-vous en avril 2015, à Ath, pour un autre rendez-vous mémorable !

(Organisation : Ancienne Belgique)

samedi, 20 décembre 2014 20:07

Europa

Aka William Johnson, Holly Johnson est né à Liverpool, le 9 février 1960. Chanteur et compositeur britannique, il est surtout connu pour avoir drivé Big In Japan et Frankie Goes To Hollywood. Issu de la mouvance punk rock/new wave, il joue d'abord de la basse au sein du premier. Et publie deux singles en solitaire. En 1982, il passe chez le second comme chanteur et parolier. L’année suivant FGTH grave son premier single : « Relax ». Les lyrics, la pochette et la vidéo soulèvent l’indignation. Et la censure de la BBC. Ce qui va contribuer à la notoriété du combo. C’est à cette occasion qu'Holly Johnson et Paul Rutherford, un autre membre du groupe, révèlent leur homosexualité. FGTW va aligner toute une série de tubes : « Two Tribes », « The Power Of Love », « Welcome To The Pleasuredome », « Rage Hard », jusqu'en 1987. Après une tournée européenne, le band se sépare. A l’instar des autres membres de la formation, Holly Johnson se lance dans une carrière solo. Il décroche une nouvelle fois un numéro 1 en Angleterre, grâce au titre « Blast ».

En 1991, Holly Johnson apprend qu'il est séropositif. Il se retire du monde musical et rend public le diagnostic, deux ans plus tard. Depuis, il se consacre essentiellement à la peinture. Il expose ses œuvres même. Mais en 1994, il publie une autobiographie encensée par la critique. Après plus de 15 ans d’absence, il est de retour sur son propre label Pleasuredome, pour ce nouvel opus, un disque produit par Mark Ralph (Hot Chip, Franz Ferdinand).

« Follow Your Heart » ouvre l’elpee. C’est le single qui préludait sa sortie. Les eighties sont de retour ! Pas mal ! Mais pas percutant, non plus. Il y manque la magie. Une plage inoffensive parsemée de quelques sonorités électroniques. « In And Out Of Love », « Heaven's Eyes », « So Much It Hurts » passent correctement la rampe. Empreint de tendresse, « Dancing With No Fear » est une invitation à rejoindre le dancefloor. « Europa » et « Glorious » constituent certainement les meilleures plages du long playing, mais elles nécessitent plusieurs écoutes avant d’être appréciées à leur juste valeur. « Hold On Tight », « Lonesome Town », « You're In My Dreams Tonight » et « The Sun Will Shine Again» repassent les plats. Bref, j’espérais un come-back flamboyant. Espoirs déçus. La version de luxe recèle deux bonus tracks, « Europa » (Original Version) et « So Much It Hurts » (Piano Version). Une déception !

 

dimanche, 14 décembre 2014 00:00

Un des meilleurs concerts de l’année…

Ce 14 décembre, la Rotonde accueille un groupe qui nous vient du Pays du Matin Calme. De la Corée du Sud, si vous préférez. Un événement, car les Européens connaissent très mal la scène asiatique, sauf peut-être japonaise. En outre, cette République exporte très peu ses artistes. La salle est à moitié vide. Ou pleine si vous préférez. Et pourtant, Jambinai va nous accorder un remarquable concert. Et jamais je n’imaginais que j’allais assister l’un des meilleurs de cette cuvée 2014… 

Le line up de Jambinai réunit deux filles qui se consacrent à des instruments traditionnels coréens et asiatiques ainsi qu’un guitariste (NDR : talentueux, je vous le précise) ; un trio rejoint après les trois premiers morceaux par Myounghoon Ryu, le drummer, et Dokyo 13, dont la basse compte 5 cordes. Les bios annoncent un des groupes les plus novateurs de la scène sud-coréenne, parce qu’il est parvenu à créer une nouvelle forme de musique mêlant, sans tomber dans la dissonance, tradition et modernité. Soit un subtil cocktail de heavy post rock, de folk, d’électro et de tradition indigène. A ce jour, la formation n’a gravé qu’un seul elpee, « Différance » ; et la sortie d’un nouvel Ep est prévue pour 2015.

Tous les musicos sont assis, et derrière son imposant geomungo (une sorte de cithare coréenne), Eun Young Sim l’est en mode jogi. Elle pince ou frotte ses cordes à l’aide de bâtons en bambou de longueurs différentes. Elle s’installe à droite sur une petite estrade. Elle joue également du xylophone. Celle de gauche, Bomi Kim, se réserve le haegeum, un vieil instrument à cordes frottées semblable au ehru chinois. Il a été imaginé, il y a environ mille ans environ. Il est formé d'une caisse de résonance en bambou ou en bois, tendue par une peau de serpent à une extrémité de la tige, et les deux cordes sont frottées par un archet à crin de queue de cheval. Grâce à son timbre mélodieux, le haegeum sert non seulement à accompagner la musique vocale et instrumentale, mais aussi à se produire en solo à partir du XXe siècle. Depuis cette époque, l'art d'interprétation soliste de l'haegeum s'est développé rapidement, les techniques d'interprétation et la composition musicale se sont enrichies tout comme la construction de l'instrument s'est améliorée. Le point central est certainement le guitariste Ilwoo Lee qui joue également du piri (flûte en bambou), du taepyongso (petite trompette coréenne) et se sert d’une loop machine. Ilwoo est le seul artiste à s’exprimer dans la langue de Voltaire. Il nous confesse avoir entamé sa tournée en mai dernier, au club de l'AB, et la terminer devant nous. Très souvent, lors de l’ultime date d’une tournée, les artistes se lâchent et donnent tout au public présent. Ce sera bien le cas ce soir.

Les trois premières chansons sont assez déroutantes. Ambient, même. Et elles vous nous plonger, pendant un bon quart d’heure, dans le monde de l’Orient. Les riffs de guitare languissants et les sonorités étranges dispensées par les instruments de Bomi Kim et Eun Young Sim accentuent cette impression. Un morceau de plus, et on tombait dans les bras de Morphée. Or, c’est à partir de ce moment que le groupe va totalement changer de cap, pour embrasser une forme bien plus énergique, voire métallique. Soit lorsque la section rythmique fait son apparition. Une bonne demi-heure au cours de laquelle je me suis demandé si je n’assistais pas à un concert de Nirvana ou de Metz. Tout le monde reste cependant en position assise ; ce qui n’empêche pas le climat de se charger d’intensité. Eun s'emballe sur son instrument, l’empoigne à bras le corps et le triture alors que Bomi en extrait des tonalités mélancoliques et lancinantes, semblables à des violons. Les parties vocales sont assez rares, et ne sont que féminines. Des interventions atmosphériques abordées dans l’esprit d’un Sigur Rós.

Puis la section rythmique vide les lieux, sur la pointe des pieds. Laissant Jambinai en revenir à une formule plus paisible, mais toujours aussi fascinante. Pendant 30 bonnes minutes. Bref, finalement, j’ai vécu un des meilleurs concerts de l’année. En mai dernier, le set du trio nippon ZZZ's m’avait impressionné. Signe que cette scène asiatique est en plein ‘boom’…

(Organisation Botanique)

vendredi, 12 décembre 2014 00:00

Le nouveau Messie du métal est arrivé…

Formation parisienne, AqME a enregistré son dernier album, début novembre dernier. Il s’intitule « Dévisager Dieu ». Il s’agit du premier elpee dont les vocaux sont assurés par le nouveau chanteur, Vincent Peignart-Mancini ; un disque que le quatuor est venu défendre au Salon de Silly. Particularité chez ce groupe de métal, à l’une ou l’autre exception près, tous les textes sont écrits dans la langue de Molière. Mais avant la tête d’affiche, deux ‘supporting acts’ ont été prévus. Un Tournaisien (Mingawash) et un Lillois (Unswabbed).

Issu de la Cité des 5 Clochers, Mingawash est né en 2012. Un sextuor réunissant Martin et Clément au chant, le bassiste Denis, les guitaristes Quentin et Max ainsi que le drummer Théo. Sans oublier Xing Hui, le panda qui s'est évadé de Pairi Daiza, venu foutre le souk aussi bien sur les planches que dans la fosse. L'un des deux chanteurs se prend pour Angus Young. Il a enfilé des culottes courtes, porte une cravate et trimbale une mallette de pc portable. A plusieurs reprises, le combo demande à l’auditoire, un peu mou du genou, de s’approcher du podium. Invitation qu’il exécute timidement.

Les lyrics sont exprimés dans la langue de Voltaire et ne manquent pas d’humour. A prendre au second degré, bien sûr. La bonne humeur est de rigueur. Les musicos déménagent littéralement sur l’estrade. Dans le public s’amorcent quelques petits ‘round circles’. Le panda se décarcasse tellement pour mettre l’ambiance, qu’il en attrape des bouffées de chaleur et se retrouve en slip… Carrée, l’expression sonore oscille du hardcore au metalcore et peut s’appuyer sur une section rythmique particulièrement solide. De la setlist, j’épinglerai « Choco-Jeanne », « Fish Boy », « Polygame », « Infection Cérébrale », « Chope Ton Biker » et en apothéose, « Mingawash », titre qui a donné le patronyme au groupe. Bref, une chouette découverte qu’il faudrait suivre du coin de l’œil… Et le public d’affluer dans l’auditoire, au fil du set…

Changement de matos et place à Unswabbed. Il s’était déjà produit en mai dernier au Salon, en première partie du second projet de Vincent, le chanteur d’AqMR, The Butcher's Rodéo. Le combo est venu présenter son nouvel Ep « Tales From The Nightmares vol.1 » paru ce 31 mai. Séb, Bruno, Mathias, Filz et Charles se sont rencontrés en 1995. A l'époque, ils n'avaient pas 20 ans. Bien qu'issus d'horizons musicaux différents, ils décident de monter Unswabbed. Premier objectif : se faire plaisir ! Filz abandonne néanmoins l'aventure, réduisant le line-up à un quatuor. Qui compte plus de deux cents dates de concerts à son tableau de chasse. Leur participation dans la catégorie 'Découverte Rock/Métal', lors de l'édition 2011 du Printemps de Bourges, suscite l'intérêt de Canal +. Aussi dans le cadre de l'émission 'Un Monde de Brutes', la chaîne les suit pendant cinq jours. Leur répertoire est partagé entre titres interprétés dans la langue de Molière (une majorité) et celle de Shakespeare (quelques-uns). Leurs textes sont engagés. Les mélodies accrocheuses et les riffs incisifs. Sur le podium, le chanteur grimpe sur tout ce qui est susceptible d’être escaladé. Le chant est puissant et assez mélodieux. Les riffs de gratte sont incisifs et le drummer tape sur ses fûts comme un vrai malade. Bref, la foule commence à remuer et les ‘round circles’ se multiplient alors que le crowdsurfing s’intensifie…

Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs, accueillez le nouveau Messie du métal, j'ai nommé Vincent Peignart-Mancini. Il s'agit du nouveau chanteur du groupe parisien AqMe. Il a débarqué en 2012. Pourtant, peu de formations résistent au départ de leur vocaliste. Maintenant, n'imaginez pas que leur musique s'écoute religieusement. Comme une messe célébrée par trois curés et une bonne soeur. Depuis l'arrivée de Vincent, le combo a retrouvé une nouvelle vigueur et est prêt à affronter l'adversité. La pochette est illustrée par un gaillard à deux têtes dont le coeur est bien au milieu et les veines lui traversent le corps. Déroutant ; mais surtout biologique ou alors mystique. Le drummer et dernier membre fondateur Etienne Sarthou (NDR : la naissance d'AqME remonte à 1999), la bassiste Charlotte Poiget (depuis 2000) et le guitariste Julien Hekking (il a rejoint le combo en 2009) complètent l'équipe. « Dévisager Dieu » constitue leur 7ème album et le premier d'une longue lignée, un disque qui a été mixé une nouvelle fois par un vieux complice, Magnus Lindberg.

AqME est en forme. Il a même une pêche d’enfer. Et pourtant, c’est la force tranquille du band, Etienne, le seul rescapé du line up, qui donne le ton. Sa frappe métronomique mais percutante est en quelque sorte fédératrice. La voix de Vincent est puissante, parfois à la limite de la rupture, mais constamment mélodieuse, sauf bien sûr lorsqu’elle se mue en hurlement. Charlotte a beaucoup de charme. Elle est même très sexy. De ses doigts cajoleurs, elle palpe ses quatre cordes.  

En toile de fond, deux tapisseries représentant le logo de la pochette du nouvel opus Le concert s’ouvre par une petite intro qui permet aux trois métallos mystiques de prendre place sur scène. Vincent attaque « Avant le jour », le single qui a précédé la sortie de « Dévisager Dieu ». Le guitariste et le bassiste sont bien en ligne. « Lourd Sacrifice » est une ancienne compo, sur laquelle le hurlement de Vincent est digne de son prédécesseur. Il donne même une nouvelle dimension aux anciens titres. Il affiche une attitude rock’n’roll tout au long de « Au-delà De L'Ombre », issu du dernier elpee. Manifestement, c’est un excellent showman et il monopolise tous les regards. Il parvient à faire monter la pression dans une fosse qui commence à jumper. Les riffs de Julien sont incisifs, meurtriers même. Et il nous le démontre tout au long de « Culte De Rien », tiré de « En l'Honneur de Jupiter » (2009) et « Rouge/Noir », du premier long playing, « Sombres Efforts » (2002). « Ce Que Nous Sommes » et « Enfant De Dieu » sont deux morceaux à la fois musclés et savoureux. Et le concert de s’achever par une petite bombe sonore, « Luxe Assassin », tiré d’« Épithète, Dominion, Epitaphe » (2012).

En rappel, on aura droit à  « Pornographie » et « Superstar ». Une belle soirée trempée dans le métal ! AqMe se produira au Durbuy Rock Festival, l’an prochain. A vos agendas...

(Organisation : Le Salon de Silly - François Meertens)

mardi, 09 décembre 2014 00:00

Il n’y manquait que des musiciens…

Les voix soul de Boyz II Men sont au programme ce mardi 9 décembre, à l’AB. En arrivant vers 18 heures, la file est déjà bien longue. Pas de tartiflette ce soir, je suis le mouvement. La soirée n'est apparemment pas sold out. Ce soir, l’auditoire, multiethnique, va parfaitement refléter la population de Bruxelles, ville multiculturelle par excellence. Un public qui va vibrer face à ce trio d’exception…

L’ouverture des portes accuse un gros quart d’heure de retard. Après avoir récupéré mon sésame, je fonce vers le balcon afin de me procurer une place assise la plus confortable possible. Ce sera au troisième rang, au milieu de la rangée. Idéal pour ne rien rater du spectacle. Devant moi, il y a quelques jeunes filles qui incarnent parfaitement le métissage qui fait la fierté de la capitale européenne. En outre, tout en demeurant assises, elles vont communiquer leur bonne humeur et leur joie de vivre, tout au long de la soirée, à l’ensemble du public de l’étage.  

Lorsqu’un Dj se produit en première partie d'un concert, on a souvent droit à un enchaînement de morceaux destiné à faire passer le temps. Et quand il faut s’en farcir 75 minutes, on est littéralement assommé. J'appréhendais donc ce scénario. Or, Dj Da Vinci va épater toute la galerie. De son véritable nom Robert Hoogduin, ce Batave mixe depuis 1984. Et il le fait divinement. Il crée une interaction avec le public et parvient à chauffer l’ambiance doucement, graduellement, mais efficacement. A tel point qu’il va transformer la fosse en immense dancefoor. Sa programmation nous réserve des titres de Alt J, Beyonce, Rihanna, Ken West, 50 Cent, et même, pour passer à la vitesse supérieure, de Michael Jackson. Bref, Da Vinci a parfaitement joué son rôle d’entertainer pour Boyz II Man. Une vraie bête derrière ses manettes…

Le public est impatient de voir monter Boyz II Men sur l’estrade. Perso, c’est la première fois que j’assiste à ce type de spectacle.

A l’origine, les Boyz II Men impliquaient 5 membres ; mais le line up s’est rapidement réduit à un trio, un noyau dur réunissant Nate Morris, Wanya Morris et Shawn Stockman. Leurs 10 premiers elpees se sont écoulés à plus de 60 millions d’exemplaires. Ils sont ainsi devenus le groupe de R&B le plus populaire de leur époque. En 2007, ils ont décidé d’adapter des standards du catalogue Motown. Un projet qui a surpris pas mal de monde –y compris le groupe– mais qui s’est soldé par un nouveau succès. Dans la foulée, il publie « Love » en 2009, « Twenty » en 2011 et « Collide » en 2014 (NDR : c’est leur quinzième LP), un disque qu’il va présenter en troisième partie du spectacle. C'est la troisième fois que le trio se produit à l’AB. Il s’y était déjà illustré en 2010 et 2012, au sein d’une salle sold out…  

Le décor est dépouillé. Un écran a été placé en arrière-plan pour recueillir les projections de vidéos. Une petite estrade sert uniquement de table pour déposer les rafraîchissements des artistes. Trois tabourets ont été installés sur les planches. On remarque également la présence d’une guitare, côté gauche, et d’une basse, côté droit, placés contre l'estrade. Pas d'autres instruments ni d’amplis. La musique est préenregistrée sur bande. C'est un peu dommage ! Mais c’est la volonté des artistes, et il faut la respecter. Tout est mis en place pour mettre en exergue leurs voix. Quant au light show, il va évidemment se focaliser sur les artistes.  

En guise d’intro, l’historique de la carrière du band défile sur l’écran. Les trois vocalistes débarquent sous un tonnerre d’applaudissements ; acclamations qui vont se répéter tout au long du show. Les portables et les appareils photos crépitent dans la fosse. L’effet est plutôt surprenant quand on se trouve au balcon. Le set s’ouvre par l’énergique et plutôt dansant « Believe / Muzak ». L’expression sonore baigne dans le funk et le r&b. Un départ à l’américaine, digne de LMFAO. Issu de « II », « On Bended Knee » est interprété à trois voix. Les fantômes de Marvin Gaye, des Temptations, de Stevie Wonder et de Mickael Jackson rôdent…

Les tubes, tels que « End Of The Road », « I'll Make Love To You » et « Can't Let Her Go » sont repris en choeur par la foule. Les artistes confessent adorer le mouvement old school de la Motown, mais admettent qu’ils appartiennent à la nouvelle école. Ils vont nous le démontrer à travers de nouvelles compos. Les images défilent. Dont certaines destinées aux applications à télécharger sur son I Phone, afin d’y disposer constamment de leur musique. Explications à la clé. Parmi les covers, j’épinglerai « Money (That's What I Want) » de Barrett Strong, « It's The Same Old Song/Reach Out I'll Be There » des Four Tops, « Amazed » de Lonestar et « Open Arms » de Journey. Du nouveau long playing, « Collide », on aura droit à quelques plages paisibles, mais chargées de swing. De quoi mettre du baume à l'âme et au coeur.

Lors du rappel, deux des artistes empoignent enfin la basse et la guitare pour attaquer le « Never Mind » de Nirvana. Et la version est particulièrement électrique. Ces instruments ne servaient pas seulement de décoration.

Bref, si j’ai assisté à un superbe concert, dans une ambiance du tonnerre, et savouré les voix remarquables de Boyz II Men, j’ai quand même regretté la quasi-absence de musiciens. Lors de leur retour, c’est un souhait que je formule. Certain que le spectacle y sera encore plus remarquable…

(Organisation : Greenhouse Talent)  

 

vendredi, 12 décembre 2014 17:56

Zoologic (Ep)

Panda Royal est un duo féminin franco-belge né fin 2011. Groovy, le plus souvent allègre voire même humoristique, sa musique oscille entre electro, funk, hip-hop, pop, swing et deep house. Leurs compos sont donc parsemées de références et adressent de multiples coups d’œil aux artistes qui l’inspirent.

Découpé en 6 pistes, « Zoologic » a été co-arrangé par Dj Mellow, mixé par Jean Vanesse au Green House Studio et masterisé à Paris par Benjamin Joubert.

« Woogie Shake » ouvre l’elpee. Un titre qui baigne dans une forme d’électro feutrée. Plus pop, « Lighthouse » est une piste fraîche, entraînante et surtout dansante. Caractérisée par ses vocaux sucrés, elle évoque quelque peu la 'French Touch'. « Princesse et Panda », nos deux gentilles Hao Hao ne se nourrissent pas de jeunes pousses de bambou, mais préfèrent consommer de bons beats electro. « Blame It On Obama » adresse inévitablement un petit clin d'oeil aux States et à son célèbre président. Sans pour autant se prendre au sérieux. Un titre destiné au dancefloor ; à l’instar de « Caramba », tendre avant d’élever le tempo.

« Funky Mood » est une plage moins immédiate ; elle nécessite même plusieurs écoutes avant d’être estimée à sa juste valeur. Cet Ep s’apprécie d’ailleurs de plus en plus, au fil des écoutes. Un duo a voir en ‘live’, j’en suis persuadé.  

L’Ep sort en vinyle et en digipack.

Depuis le 20/10/2014, la version digitale est disponible

vendredi, 12 décembre 2014 17:53

Memories

Michael est né au Danemark en 1981. Il est guitariste de formation. Il a commencé à en jouer vers 15 ans. Préalablement à carrière solo, il avait milité chez High Octane. Il en était d’ailleurs le leader. Avant de graver « Memories », il avait publié un Ep 4 titres.

Son backing group réunit l’ex-Yngwie Malmsteen Göran Edman au chant, Christoffer Hoaas à la basse et Mads Grunnet aux drums. L'album a été enregistré et mixé par Christian Bonde et Michael Jessen au CB Studios (NDR : c’est au Danemark).

« Broken Heart » ouvre la plaque. La voix est mélodieuse et la section rythmique est un remarquable tremplin pour les riffs de gratte à la fois élaborés et précis. « My Own Funeral » est un titre irrésistible. A cause du remarquable solo de guitare. Serions-nous en présence d’un futur guitar hero ? Une chose est sûre, il a une excellente technique sur son manche. Et il va de nouveau le démontrer sur « The Rose » et « Freefall ».

Comme tout bon Scandinave qui se respecte, Michael a de nombreuses relations dans le monde de la musique. Et même de grosses pointures. A l’instar de John Norum. Le gratteur de Europe se réserve le solo sur « Blackwater », une plage qui baigne inévitablement dans le rock mélodique. D’autant que Michael y pose parfaitement sa voix. Morten Dybro siège derrière le piano sur « Prisoner », une invitation à rejoindre le dancefloor. Mais en douceur...

Plus lourd, « Runaway » est dispensable. C’est sans doute le seul point faible de l’opus. Plus nerveux, « Dreams Die Hard » est stimulé par une batterie plus qu'efficace. Et vu son titre, « Lost In L.A. » lorgne inévitablement vers les States. Une chouette découverte...

vendredi, 12 décembre 2014 17:52

Siren Charms

Réunissant le chanteur Anders Fridén (chant), les guitaristes Björn Gelotte et Niclas Engelin ainsi que le bassiste Peter Iwers et le drummer Daniel Svensson, In Flames est né en 1990, à Gothenburg, en Suède. Depuis sa formation, il a publié onze elpees : « Lunar Strain » (1994), « The Jester Race » (1995), « Whoracle » (1997), « Colony » (1999), « Clayman » (2000), « Reroute To Remain » (2002), « Soundtrack To Your Escape » (2004), « Come Clarity » (2006), « A Sense Of Purpose » (2008) « Sounds Of A Playground Fading » (2011) et « Siren Charms » en septembre dernier. Il est également responsable de trois Eps : « Subterranean » (1995), « Black-Ash Inheritance » (1997) et Trigger (2003), ainsi que d’un DVD live « The Tokyo Showdown » ( 2001).

In Flames pratique un death metal particulièrement mélodique. En fait, les Nordiques ont une approche très personnelle du métal, privilégiant avant tout la qualité et l’accessibilité des compos.

Découpé en 11 plages « Siren Charms » se caractérise d’abord par ses refrains immédiats. La voix est harmonieuse ; les hurlements semblent appartenir au passé. Tout est pensé pour séduire le mélomane du genre. Les compos sont parfaitement calibrées afin d’atteindre une efficacité optimale. Même l’artwork de la pochette a été étudié pour accentuer ce pouvoir de séduction.

Quoique particulièrement énergiques, « In Plain View » et « Everything's Gone » sont sculptés dans des riffs de guitares bien dosés. Pas de risque d’agression. Excellents, « Paralyzed », « With Eyes Wide Open » et « Dead Eyes » sont encore plus accessibles. Parfois les guitares sonnent comme des claviers. Le drummer fédère le tout et appuie judicieusement le timbre clair et délicat du chanteur. Et si « Through Oblivion », « Rusted Nail » et « Siren Charms » sont des titres carrément commerciaux, « Monsters In The Ballroom » et « Filtered Truth » rivalisent d’insipidité. Plus consistant, « When The World Explodes » opère un retour judicieux dans le passé. A conseiller aux amateurs du style…