Surprise en pénétrant au sein de Forest National, la salle a été rénovée. Les vieux fauteuils de couleur orange ont été remplacés par des flambants neufs. C'est la sixième fois que j’assiste à un spectacle de Mika ; et chaque fois, il est différent. Ce phénomène nous communique de bonnes vibrations dans les oreilles et nous laisse des étoiles plein les yeux. Pas de paillettes ni de confettis, cependant ce soir. Si tu souffres de rhumatismes, le kiné Mika te remettra sur pied. Si tu es cardiaque, il soignera ton cœur. Bref, un show de Mika vous permet d’oublier les tracas de l’existence, pendant 120 minutes. Rien que de l’émotion, du rire et surtout du bonheur…
Sur la gauche du podium on remarque la présence d’une caravane vintage. C'est une invitation au voyage dans l’univers de Mika. Mais tout d’abord, place au supporting act, Citizens. Un quintet londonien réunissant Tom Burke, Lawrence Diamond, Mike Evans, Martyn Richmond et Thom Rhoades. Fondé en 2012, le groupe a été repéré par Alex Kapranos, le leader charismatique de Franz Ferdinand. Il tombe sous le charme de leur musique et décide de produire leur album, « Here We Are », qui paraît en mai de la même année.
Tom, le chanteur, s’exprime parfaitement dans la langue de Molière. Derrière lui, deux toms basse sont posés aux pieds d'un guitariste et d’un bassiste. Le drummer s’est planté à l'extrême droite, de biais. A gauche un claviériste/guitariste est coincé près du timon de la caravane.
La formation est venue défendre son dernier elpee, « European Soul », paru en avril 2015 (NDR : lors des sessions d’enregistrement, Laurent D'Herbecourt, responsable de la mise en forme du dernier opus de Phoenix, était derrière les manettes).
Citizens assure donc la première partie de la tournée européenne de Mika, baptisée ‘European Heaven Tour 2015’.
Le set s’ouvre par un morceau dynamisé par un flot de percus. Les accords de grattes sont léchés. Les arrangements ‘beatlenesques’. Et le tout est épicé d’un zeste d’électro. La voix de Tom est perçante, mais harmonieuse elle colle parfaitement aux mélodies soignées et accrocheuses. Burke est également très proche du public. Un futur grand entertainer ! Quant à la musique, outre les références aux Fab Four susvisées, elle se veut dansante, à l’instar de Franz Ferdinand voire des Arctic Monkeys. Un groupe à suivre de très près…
(Set list : It was Idiots, Lighten Up Reptile, Brick Wall, Are You Ready, Caroline, True Romance)
Forest National est sold out pour accueillir Mika. C’est la seconde fois qu’il s’y produit. Mais il s’agit de sa première grande salle en Europe pour ce nouveau périple. Le public est impatient de participer à la fête. Et ce dernier va rappeler cette invitation, à plusieurs reprises.
Dès l’entame, il marque des points : 'Plus Loin que la lune. Plus loin que le ciel. Plus loin que l'arc-en-ciel', les paroles de la petite intro sont percutantes. Et elle se poursuit par un melting pot constitué d’extraits du répertoire de Judy Garland (« Somewhere over the rainbow » a été popularisé par cette chanteuse, un titre signé Harold Arlen/E.Y. Harbug, dans les années 30), de Prince (« Purple rain »), de Luis Mariano, d’Aznavour et de Juliette Gréco. Une ouverture qui frappe déjà les esprits. Les lumières des Smartphones brillent de mille éclats. La salle ressemble à la voie lactée. Magique ! Et la setlist (NDR : 21 titres quand même) d’embrayer par le morceau maître du dernier LP, « Heaven », moment au cours duquel des leds de teinte rouge/orange descendent du plafond.
Mika est coiffé d’un chapeau et vêtu d’un imperméable de couleur noire. Il s’installe devant la caravane, sur laquelle se sont focalisées des lumières blanches. Il attaque seul au chant, « No Place In Heaven », en s’accompagnent uniquement de quelques accords de piano. L’auditoire acclame cet exercice de style presque a cappella. Mika le salue, ôte son couvre-chef et jette son ciré. Il est alors tout de blanc vêtu. L'avant de la caravane se déploie et laisse apparaître un harmonium. Au dessus de celle-ci s’illumine (NDR : encore des leds !) le mot 'Paradise'. Mika s'accroupit et mime devant l'instrument. Il se retourne plusieurs fois vers la foule et grimace. Fou rire général. L'harmonium s'emballe. L’artiste fait à nouveau face à l’audience pour saluer le public en 5 langues et présenter « Big Girl (You Are Beautiful) ». Le tracklisting fait la part belle au premier long playing, « Life In Cartoon Motion », une machine à hits qui lui a permis d’acquérir une notoriété certaine, en Belgique. D’une durée de 6 minutes, cette compo est à la fois festive tout en exerçant son charme. Parfois, cependant, elle suscite une forme de délire, dans la fosse. Mika s'arrête 120 secondes, interpelle les spectateurs, leur demande de devenir féroce, de fermer les yeux et de penser aux gladiateurs. Le refrain est alors repris en chœur par l’ensemble de l’auditoire qui ne fait plus qu’un avec lui.
A partir de « Good Wife », il est soutenu par le quintet. Le même que dans le cadre des Lokerse Feesten, fin juillet dernier. En retrait, on remarque –à nouveau– la présence d’une charmante percussionniste. Sans quoi le line up implique trois claviéristes, dont deux doublent aux guitares et un à la basse. Sans oublier le gratteur soliste (également préposé aux cuivres). Le déhanchement de Mika est ravageur. Les bras se lèvent. La fosse est brûlante. Y a-t-il des pompiers dans la salle ? Les spectateurs dans les gradins semblent apathiques. C’est là que votre serviteur est installé. Il aurait préféré l'ambiance de la fosse, plus chaleureuse et instinctive.
Le début de « Grace Kelly » est exécuté au ralenti. Mika signale qu'il a un peu grandi et va tout décélérer. Mika éclate de rire et joint le geste à la parole. Il ajoute que la durée du concert sera de 4 heures. On baigne encore et toujours dans le délire…
Il avoue ses 32 balais. Qu’il a vieilli, mais bonifie comme un Pétrus. Il sent qu’il prend de l’âge et proclame : 'Pour annuler les années. Une seule solution : la danse’. Les plages du premier elpee défilent (« Billy Brown » « Lollipop » « Love Today », sans oublier « Relax, Take It Easy », « Grace Kelly » et « Happy Ending »). De quoi maintenir l’auditoire au sein d’un climat de folie et d'effervescence. Des percussions ibériques agitent « Boum, Boum, Boum ». Mika est dos au public et se déhanche. Il interprète cette belle chanson d’amour dans la langue de Voltaire. Moment choisi pour faire vibrer les cœurs. Au cours de ses 120 minutes de prestation, il va d’ailleurs en chanter d’autre en français ; « L'Amour Fait Ce Qu'Il Veut », « Staring At The Sun (Tant Que J'ai Le Soleil) », « Elle Me Dit » et « J'ai Pas Envie ».
Sur l’estrade, le décor est magnifique. Lors du premier volet, la caravane avait déployé ses ailes pour dévoiler un cadre de rêve. Lors du second, il est illuminé par une boule à facettes ; mais surtout révèle une toile dessinée par Mika et l'Anversois Job Smeets. Un travail qui leur a pris 5 semaines. En fin de parcours, Job est d’ailleurs invité à monter sur les planches pour participer à l’interprétation de « Love Today ». Humble, cet artiste pose une fesse sur un siège minuscule, à côté de Mika. Ce dernier se consacre alors aux claviers et lui au tambourin basque à cymbalettes. Avant que le morceau ne s’emballe.
Tout au long du spectacle on sent qu’une grande complicité existe entre Mika et ses musicos. Mika mouille sa chaise, tout en préservant une élégance bien insulaire. Il manifeste énormément de respect pour son auditoire. En visionnant la vidéo du concert de Mika au Zénith de Lille, accordé deux jours plus tôt, il appert que celui de Forest était tout spécialement taillé pour le public belge.
« Love Today » termine le show. Mais ce n'est pas fini. En rappel on aura encore droit à « Last Party ». La troupe s’est livrée à fond pendant deux heures. Et la foule lui a bien rendu. Mika remercie ardemment le public belge. Il précise même que la Belgique est une terre d'accueil pour lui. Et j’ai envie de lui répondre : ‘Et toi, l'artiste, du pain béni pour le rêve’.
(Organisation : Live Nation)
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