Le grand rendez-vous musical de la région du Centre jouit d’une popularité toujours croissante.
A peine cinq années d’existence et déjà les plus grands artistes s’y collent !
Le festival est sold out ! Ce ne sont pas moins de 36 000 personnes qui sont attendues sur la plaine.
Première journée très éclectique à Ronquières. Il y règne une atmosphère familiale qui n’existe nulle part ailleurs. La pyramide des âges y est bien représentée ! Ce qui est plutôt sympa !
Le week-end sera chaud et ensoleillé ! Que demander de plus ?
Seul bémol, une signalétique un peu trop vague. Pas facile d’atteindre le site ! Les militaires examinent chacun des véhicules mitraillettes en main ! Pas de doute, la sécurité n’a pas été négligée ! Ce qui est anxiogène pour certains est sécurisant pour d’autres ! Question de perception !
On est tous venus pour s’amuser ! Pour nous y aider, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands afin de fêter dignement ce premier quinquennat !
Votre serviteur se présente pile poil pour le concert d’ouverture, c’est-à-dire celui d’Ulysse. Pour la circonstance, le singer s’était mis sur son… 31 !
Formé en 2013, ce tout jeune groupe réunit Arnaud Duynstee, Julien Gathy et Benoît Do Quang ; et il ne cesse de prendre du galon !
Une rencontre sur les bancs de l’école et une passion commune pour la musique débouchera sur une belle alchimie ! La référence à l'un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque est plutôt osée ! C’est déjà très marqueté !
Un seul Ep publié en 2014 : « U as in Ulysse ». Ce qui a permis au band d’ouvrir les portes (bien méritées, il faut le dire) de la notoriété !
Très prometteur, sa deuxième livrée, « Cashmere Guns » est découpée en cinq titres aux lignes mélodiques beaucoup plus structurées. Preuve que la formation a gagné en maturité !
L’electro/pop contemporaine est servie à toutes les sauces ! Ce qui démarque ces gamins de la masse, c’est la fougue de leur jeunesse et l’inventivité des sons : un mix de pop, rock, folk, coloré d’un soupçon de hip-hop ; un univers sonore hybride lancinant et alléchant contaminé par des refrains additifs !
Sûr qu’ils seront sifflotés dans de nombreuses salles de bain durant les prochains jours !
Ces néo-musiciens sont véritablement habités par leur musique ! Votre serviteur avait pu assister à leur prestation quelques jours plus tôt au Dour Music Festival. Le live proposé aujourd’hui communique autant de sensations, voire plus… Lorsque les poils se redressent, c’est toujours bon signe !
Un set de quarante minutes, c’est peu lorsque c’est bon ! Mais, on doit faire avec, malheureusement…
Direction bâbord maintenant pour accueillir Mustii.
Thomas Mustin, chef de file, s’est illustré en publiant « The Golden Age » et « Feed Me », deux titres matraqués sur les ondes radiophoniques, au cours des derniers mois.
Jeune artiste belge, acteur, auteur, compositeur et interprète, son univers musical baigne au cœur d’une pop électro enivrante. Un peu convenue, certes, mais bien ficelée ! C’est l’essentiel après tout !
La puissance de sa voix contraste avec son physique de jeune premier.
Dents blanchies, sourire ravageur et coiffure soignée (NDR : il aurait jouer le rôle de figurant au sein d’une vieille pub défraîchie pour un dentifrice), il arbore, en général, un vieux peignoir.
Pas de réelles surprises lors du live de ce soir ! Ni bonnes, ni mauvaises !
Le singer a tout de même assuré un concert digne de ce nom ! Non seulement, il possède un grain de voix très particulier, mais en plus, sa prestance scénique est hors du commun ! Les spectateurs en ont eu pour leur argent !
Très mature pour son jeune âge, il n’a cessé d’arpenter le podium, de long en large, au gré des compositions. De quoi provoquer l’essoufflement des spectateurs ! Parce que lui, le veinard, pétait la forme !
Point d’orgue, la reprise d’un standard de David Bowie, « Heroes ». Une réinterprétation osée, mais très juste, sacrément jolie et savamment dosée ! Une ode à la perfection !
Place ensuite aux Français de Hyphen Hyphen. Propulsés par le single « Just Need Your Love », Santa (chant/guitare/synthé), Line (basse/chant), Puss (guitare) et Zak (batterie) font de l’electro pop leur musique de chambrée.
Ce genre passe-partout s’inscrit, semble t-il, de plus en plus dans les mœurs culturelles d’une tranche de la population !
Le combo libère un groove à l’énergie brute de décoffrage ! Les compos puent l’oestrogène et la testostérone ! Bref, elles décoiffent ! De quoi, colorer la fête dans la bonne humeur !
Impossible de rester insensible aux soubresauts hystériques, à l’accoutrement et à l’étrange peinture fluo flanquée sur le faciès de celle qui tient la barre du navire !
Sans oublier ses chorégraphies de dingue ! Elle virevolte, saute et danse sans arrêt ! Et elle ne peut s’empêcher d’afficher sa joie d’être sur scène afin de nous faire partager son talent ! En même temps, son public n’est pas là pour s’emmerder ! Alors, autant mettre le paquet, quitte à grossir les traits !
Autre scène, autre ambiance. Sharko entame sa prestation à 15 heures 50. Plus difficile d’accès pour les non-initiés, la musique de David Bartholomé & Co est davantage rock. Et certains la qualifient même de pop surréaliste !
Enfin, de vrais instruments ! Exit boîte à rythmes et loops divers ! Ce qui fait un bien fou !
Le line up du combo a peu évolué depuis ses débuts. L’imparable Teuk Henri est toujours bien présent, aux guitares, et Olivier Cox a remplacé Charly De Croix à la batterie.
Sueur sur le front et odeur fétide sous les bras, Sharko est responsable d’un son crasseux, définissable entre mille. Il revient donc en force après un trop long hiatus de sept ans afin de présenter aux aficionados un nouvel opus ! Peut-être même celui de la renaissance ! Ou de la rédemption, c’est selon !
Bruts et puissants, les premiers riffs de guitare laissent entrevoir un concert de qualité !
David Bartholomé, auteur-compositeur-interprète et leader de la formation, se consacre à la basse ! Le quadra est moins excentrique que dans le passé ! Aurait-il chopé la sagesse ! Ses cheveux poivre et sel trahissent la (crise de la) quarantaine bien sonnée !
Autant le dire, « You Don’t Have To Worry », mixé dans le studio du New-yorkais Mark Plati (David Bowie, Alain Bashung…), frise la perfection ! Il renvoie les fans insulaires au feu sacré qui habitait le groupe à ses débuts !
Le trio balance des morceaux ravageurs et intenses ! Poisseux parfois aussi, il faut l’avouer ! La voix éraillée de l’Arlonais sublime chacune des compos !
Le dernier format est évidemment jeté en peinture au parterre ! Mais pas que !
Le concert navigue entre l’ombre et la lumière ! Une dose de doutes existentiels et un blues chronique. Intemporels, à l’image d’« I went Down ».
Assagi donc, mais tourmenté et à fleur de peau, la tête pensante a prouvé une fois de plus qu’il reste un des piliers du rock au sein du paysage musical belge.
Souvent imité, mais jamais égalé !
Le set s’achève par « Sweet protection », un titre qui aborde le thème de celle dont on a besoin. En filigrane évidemment, on y décèle les inquiétudes a peine dissipées, provoquées par la vague d’attentats que la Belgique a traversé.
Virage à 90° à droite pour le concert de Jain. A 24 ans seulement, la petite Jeanne à l’état civil s’impose comme l’icône pop de l’année !
Elle est venue présenter son nouveau-né. Baptisé « Zanaka » il signifie ‘enfant’ en malgache.
Seule sur les planches, elle est entourée de machines étranges, dont une boîte à rythmes. Elle se consacre au chant aussi. Pendant une heure, elle va arroser les spectateurs d’ondes positives…
Elle réalise des loopings à volonté et se sert d’une boîte à rythmes (NDR : période post Kraftwerk). La demoiselle parvient à s’inventer un monde aux allures de carnets de voyages qu’elle a réalisés durant une bonne partie de sa vie.
Fille d’expatriés, elle a parcouru le monde pour suivre les impératifs professionnels de son père.
Ses influences sont donc imprégnées de toutes ces cultures musicales ! Les percussions guerrières qui font rage sont au centre de sa musique ! Le style tangue entre hip hop, electro, reggae-dub ou encore funk tribal.
Son set est tout simplement explosif, torturé et déjanté ! Soixante minutes de pur bonheur !
Véhiculant des textes dans la langue de Shakespeare, sa voix douce et chaleureuse envoûte l’auditoire.
Sportive, elle ne cesse de courir de long en large ! Sûr que son podomètre doit afficher quelques chiffres au compteur !
Le parterre de fans le lui rend bien ! Il sautille, frappe des mains et applaudit à tue-tête. Faut dire que l’aura dont elle bénéficie est naturelle et sympathique ! Teinté d’un soupçon d’espièglerie quand même !
En guise d’au revoir, la belle descend de l’estrade et invite quelques personnes installées devant le podium à donner de la voix dans un drôle de micro ! Il s’ensuit alors des boucles de gimmicks qui accompagnent le pétillant « Come » sur fond de folie. Un régal !
Broken Back est un combo issu de Saint-Malo.
L’histoire de Jérôme Fagnet est peu banale. Un déplacement de vertèbre l’a immobilisé pendant quelque temps. Et c’est durant sa convalescence forcée que le gaillard s’est mis à composer.
Ses vidéos postées sur le net ont créé un véritable buzz ; ce qui lui a permis d’ouvrir les portes d’une gloire aussi surprenante que soudaine.
Accompagné simplement d’un drummer (NDR : parfaitement à l’aise, il faut le souligner !), son style mêle électro, folk et deep.
Folk à cause de sa voix et de l’interprétation. Mais aussi de la structure et de l’écriture des compo. L’électro, davantage dans le soin apporté à la production.
Ses influences sont nombreuses et variées ! De Cat Stevens à Buena Vista Social Club en passant par Supertramp, Lumineers, Ben Howard et Hozier.
La sphère est planante et nostalgique à la fois ! La toile captive l’auditoire ! Tout est ouaté et présenté en douceur, libérant de l’énergie à dose homéopathique.
Les compositions sont habillées par une voix chaude, profonde, puissante et mélodieuse à souhait. Variées, elles ont ce relief nécessaire tout en véhiculant une émotion forte !
Une belle surprise !
Votre serviteur n’assistera pas à la prestation de Lilly Wood and The Prick. L’interview de Sharko est en effet prévue en backstage. C’est la loi du métier ! On fait ce qu’on peut et pas ce qu’on veut !
Les stands ‘food’ se situent sur la gauche, côté bâbord. L’appel du ventre est de plus en plus lancinant. Il faut donc faire la file pendant près de quarante minutes si on veut éviter l’hypoglycémie !
Même si le stand de la Croix-Rouge se situe à une encablure, il vaut mieux ne pas prendre de risques !
Un choix cornélien s’impose maintenant ! Soit s’avancer vers Milky Chance et prendre le concert au vol (il ne reste de toute façon que quelques minutes), soit rester sur place et attendre patiemment que Puggy montre le bout de son nez.
Après réflexion, si de l’autre côté du Rhin, les deux garçons déchaînent les passions, il n’en sera pas de même en ce qui me concerne !
Doucement, le soleil se retire sur la pointe des pieds, lassé de devoir caresser la peau des festivaliers. Qu’à cela ne tienne, sa cousine lointaine, la lune, commence à endosser son rôle et nous gratifie d’une luminosité légère !
L’ambiance feutrée est parfaitement propice aux compositions qui vont suivre ! Ca tombe bien, la plaine est noire de monde. Faut dire que le groupe jouit d’une belle notoriété depuis quelques années ! Même hors de nos frontières !
Après trois albums et plus de 500 dates à travers le monde, le plus cosmopolitique des groupes belges vient juste de publier son dernier elpee, enregistré entre Londres et Bruxelles ! Le quatrième. Et il s’intitule « Colours » !
En une petite dizaine d’années (NDR : la formation est née en 2005), le trio est parvenu à imposer son style pop british en gravant des titres convenus, plutôt taillés bande FM.
Le public est familial et s’y retrouve plutôt bien ! Peut-être pas très exigeant du reste !
Le batteur a été remplacé au pied levé ! Le claviériste a le bras dans le plâtre ! Sale temps pour les gars !
Les titres s’enchaînent à une cadence vertigineuse ! Comme si de rien n’était ! Une certitude, les musicos assurent ! Coûte que coûte ! S’agit pas de prendre une claque !
Le combo s’inscrit dans une zone de confort au sein de laquelle il s’encroûte (l’air de rien) en balançant des sonorités pop/rock dansantes trop carrées !
Les gars sont venus interpréter les chansons de leur dernier opus. Ce qui a fait le succès du band n’est pas en reste comme "When You Know" ou encore "Last Day On Earth (Something Small)".
C’est lisse à souhait ! L’ensemble est cousu de fil blanc ! Comme s’il s’agissait d’un play-back ! Aucune surprise ! Toute spontanéité a disparu ! L’ennui est proche…
Presque obligées, quelques jolies ballades viennent bercer les conduits auditifs des aficionados grâce à des nappes qui leur confèrent une configuration atmosphérique comme le joli « How I needed you » sur lequel la voix androgyne du singer vient se poser en douceur pour faire mouche !
Quelques baisers amoureux s’échangent ! La musique adoucit les mœurs !
Etendard de la scène belge, le groupe qui interprète exclusivement ses titres en anglais s’inscrit donc dans un environnement maîtrisé. Trop peut-être…
Les applaudissements sont nourris. A tort ou à raison ! Sans doute la rançon de la gloire !
Beaucoup de monde attend impatiemment l’acronyme AaRON (Artificial Animals Riding on Neverland).
Faut dire que le duo français réunissant Simon Buret et Olivier Coursier a été révélé par le film ‘Je vais bien, ne t'en fais pas’ de Philippe Lioret, dont la chanson « U-Turn (Lili) » a été reprise comme thème principal de la bande originale.
Haro sur celui qui prétend n’avoir jamais entendu cet hymne à l’amour quasi-international !
L’environnement est à l’image de la carrière du duo ! Alors que certains titres déclenchent peu d’éclats et plongent le mélomane dans une frénésie poétique et tamisée, d’autres sont plus électroniques et dansants, proches de la new wave des années 80.
On passe donc d’un élan pop à une saillie synthétique sans vergogne ! Un partage entre spleen et une envie de trémousser son popotin jusqu’à n’en plus finir. Ce qui confère à l’ensemble soit un fond nostalgique où la mélancolie l’emporte sur le reste et fait appel aux déchirures, soit un appel irrémédiable au dancefloor.
D’une manière générale, tant dans le son que le visuel, ce live reste très sombre et éthéré ! L’intrigue et l’énigme n’ont pas leur place. Le light show épuré et ses lumières chaudes renforcent cette impression !
Un anniversaire ! Le premier du festival ! Les organisateurs ont décidé d’offrir à la foule une surprise ! Elle est de taille puisqu’un mapping video tout droit dirigé vers la tour du plan incliné de Ronquières est projeté !
Pour les incultes, il s’agit d’une technique qui permet de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer des images de grande taille sur des structures en relief, tels des monuments ou de recréer des univers à 360°.
Grâce à l'utilisation de logiciels spécifiques, des jeux d’illusion optique ont tantôt rendu confus la perception de cette grande tour de béton ou tantôt induit en erreur insidieusement le spectateur à partir de la déconstruction illusoire de ce qui était statique.
Durant un quart d’heure, de drôles de lutins et autres créatures célestes ont provoqué une frayeur (bien réelle cette fois) en jouant avec les reliefs, transformant ce qui est vrai par des illusions et des images aux possibilités infinies.
Tout simplement époustouflant !
Il est près de 23 heures 30 lorsque les premiers décibels dispensés par la musique de Selah Sue grondent. L’accent flamand de la belle est distinct !
Malheureusement, votre serviteur a bien bourlingué durant cette édition. La fatigue le ronge depuis un moment déjà. Il a de la route pour rentrer au bercail, et s’il veut être en forme demain, il n’a d’autre choix que de tourner les talons… pour regagner son véhicule !
Une bien belle journée placée sous le signe de l’éclectisme, de la découverte et la bonne humeur !
Que nous réserve ce dimanche ?
(Organisation : Ronquières Festival)
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